Mardi 11 juillet 2023, SMART BOURSE reçoit Julien-Pierre Nouen (Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée, Lazard Frères Gestion) , Jean-Jacques Friedman (Directeur des investissements, Vega IM) et Delphine Di Pizio-Tiger (Responsable monde Asset Management, Indosuez Wealth Management)
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00:00 (Générique)
00:09 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Delphine DiPizioti, j'ai avec nous, responsable monde de la gestion d'actifs d'Indos US Wealth Management.
00:18 Bonsoir Delphine.
00:19 Bonsoir Grégoire.
00:19 Merci d'être avec nous. Merci à Julien Pierre Nouan de nous accompagner également.
00:22 Bonsoir Julien Pierre.
00:23 Bonsoir Grégoire.
00:24 Vous êtes directeur des études économiques et de la gestion diversifiée de Lazard,
00:27 frère gestion et Jean-Jacques Friedman à nos côtés également.
00:30 Bonsoir Jean-Jacques.
00:31 Ravi de vous retrouver.
00:32 Vous êtes directeur des investissements de Vega IM.
00:35 Demain sera donc un jour marqué par la publication du rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis
00:40 pour le mois de juin qui viendra compléter la photographie de l'économie américaine
00:45 pour la fin du deuxième trimestre, pour le mois de juin.
00:49 Delphine, si on apporte quelques chiffres pour essayer d'imager cette photo instantanée macro.
00:55 Je retiens qu'on a 3,6% de taux de chômage.
00:58 Ça a été confirmé par le rapport mensuel sur l'emploi en fin de semaine dernière.
01:02 On a suffisamment d'indicateurs pour avoir une estimation assez fiable quand même du
01:06 rythme de croissance qu'on a sur l'économie américaine au deuxième trimestre.
01:10 L'indicateur instantané de la fête d'Atlanta nous donne 2,3% de croissance trimestrielle
01:15 annualisée à fin juin au T2 aux Etats-Unis.
01:19 Et pour l'inflation, le chiffre sera sans doute autour de 3%.
01:24 C'est ce qu'attend le consensus des économistes.
01:28 Je me dis quand même, un an après le pic d'inflation, le choc de taux de 500 points
01:33 de base, c'est quand même une photographie qui n'est pas si mauvaise.
01:36 C'est vrai.
01:39 Non mais c'est vrai.
01:40 Ça reste une photo instantanée.
01:43 Mais quand même, c'est pas mal.
01:46 Un an après le pic d'inflation.
01:48 Ce qu'il faut voir, c'est qu'est-ce qu'on attendait.
01:50 On regarde toujours le passé et on essaye de prévoir en fonction de ce qu'on connaît
01:55 dans le passé.
01:56 Là, quand même, est-ce qu'on est en train d'ajuster ? Parce que finalement, les économistes
02:00 sont toujours en train d'ajuster.
02:01 C'est qu'on s'est dit que l'impact de la remontée des taux serait assez rapide.
02:06 Au bout de six mois, on aurait déjà les impacts.
02:08 Très rapidement, quand même, les banques centrales ont communiqué en disant probablement
02:11 ça sera plutôt 18 mois, enfin un an, 18 mois, voire deux ans avant d'avoir cet impact
02:15 de taux.
02:16 Pourquoi on aura plus tard cet impact de taux ? Et c'est notre vue depuis le début
02:19 de l'année.
02:20 On était plutôt sur un "no landing" sur l'année 2023.
02:23 On était vraiment en décalage avec les prévisions macro-économiques.
02:25 Pourquoi ? Parce qu'il faut quand même se souvenir qu'en 2020, les Etats-Unis ont
02:30 quand même mis 26% du PIB sur la table pour relancer l'économie.
02:35 26% du PIB ! Heureusement qu'on n'a pas les faits tout de suite, parce que ça serait
02:41 quand même catastrophique.
02:42 On pourrait vraiment se poser des questions et la crise qui nous attendrait serait vraiment
02:45 très importante.
02:46 Donc heureusement que le consommateur, avec cette relance fiscale quand même extraordinaire...
02:49 - Furent-je à une injection de 26% du PIB, ça peut prendre un peu plus de temps que
02:52 6 mois, quoi !
02:53 - Exactement ! Alors c'est un peu moins pour l'Europe, c'est la moitié-mois en moyenne.
02:57 Mais malgré tout, ça a été une relance extraordinaire, parce qu'on est quand même
03:02 passé à côté de quelque chose qui était une crise potentiellement assez énorme.
03:05 Donc on a relancé, les effets probablement se seront visibles l'année prochaine, voire
03:10 en 2025.
03:11 Donc, ok, c'est vrai que c'est en train de baisser.
03:15 Mais de notre vue, ça n'a pas bougé depuis le début de l'année, c'est une racine carrée
03:20 pour la trajectoire de l'inflation.
03:21 C'est-à-dire que probablement on a plein de choses qui font que l'inflation décroît
03:27 dans sa trajectoire et probablement atteindra la targée des banques centrales assez rapidement,
03:32 les 2%.
03:33 Maintenant, probablement qu'elle ne va pas se stabiliser sur les 2%.
03:37 Probablement qu'elle va remonter et qu'à plus long terme, et c'est là que probablement
03:41 on se trompe, c'est qu'elle ne va pas rester à 2%, 2,5%.
03:44 On se trompe.
03:45 Oui, le risque, c'est qu'effectivement, ce soit juste une touche à 2% pour ensuite
03:52 retrouver un niveau normalisé, alors qu'on connaîtra par la suite, mais qui ne sera pas
03:56 celui de 2%.
03:57 Et le vrai risque, et alors pour plusieurs raisons, ça a baissé plein de mains.
04:01 On a les effets de base, on a la normalisation côté offre et puis une demande qui se normalise
04:07 aussi de son côté.
04:08 Donc les effets de post-Covid et de réouverture des marchés, et finalement c'est très récent
04:14 pour la partie Chine, c'était cette année, donc en début d'année.
04:17 Donc tout ça fait que c'est, je dirais, on pourra dire par la suite que c'était prévu.
04:24 Après, ce qui interpelle aujourd'hui quand même sur l'inflation, c'est ce terme, enfin
04:29 je ne sais pas si vous l'avez plutôt lu, mais de gridflation.
04:31 Bien sûr.
04:32 Gridflation, qui est arrivé à la mode, enfin qui est apparu en 2021 aux Etats-Unis, et
04:40 c'était de dire que finalement, cette inflation, elle est quand même, malgré tout, alors
04:44 évidemment il y a le choc énergétique, évidemment.
04:47 Donc c'est l'idée de l'inflation par les profits, c'est ça, la viabilité des entreprises
04:51 qui les pousse à tirer les profits à la hausse.
04:53 C'est que l'inflation, elle est alimentée par les profits exceptionnels des entreprises.
05:00 Il y a l'EFMI qui a sorti une étude là-dessus en disant que finalement, les profits des
05:04 entreprises, qui étaient des profits exceptionnels, c'est pour ça qu'on en parlait tout à
05:07 l'heure des résultats d'entreprises, à la fin de la semaine ça va être assez intéressant,
05:11 parce que les résultats étaient toujours bons, et ont quand même été globalement
05:13 plutôt meilleurs qu'attendus, un peu comme d'habitude.
05:17 Mais tout ça pour dire que ces profits, et bien d'après l'EFMI, ils ont quand même
05:22 alimenté la moitié de la hausse de l'inflation sur les deux dernières années en zone euro.
05:25 C'est ce que montre le rapport de l'EFMI.
05:27 C'est quand même quelque chose.
05:28 Alors voilà, est-ce que maintenant la situation, elle est en train de se normaliser, les profits
05:34 ne vont pas rester aussi élevés tout le temps, les arbres ne vont quand même pas jusqu'au
05:39 ciel, là aussi il va y avoir une normalisation ?
05:41 On voit qu'il y a de moins en moins d'entreprises qui indiquent dans les enquêtes qu'elles
05:47 vont continuer de monter les prix.
05:49 Le stock d'entreprises qui indique qu'elles vont continuer de monter les prix est en
05:53 train de se réduire à vitesse grand V quand même.
05:55 Heureusement, parce que le prix des arbres, il contribue négativement à l'inflation.
05:58 Et puis aujourd'hui aussi, ce qu'on voit, ce qui est assez intéressant, c'est la convergence
06:04 de l'inflation européenne avec l'inflation américaine.
06:06 Parce qu'au démarrage, l'inflation américaine était beaucoup nourrie sur une surchauffe
06:10 de l'économie grâce à la réouverture, les fameuses 26% du PIB.
06:13 Alors qu'en zone euro, ce n'était pas du tout le cas.
06:15 Encore une fois, je me réfère à une étude de l'EFMI, c'est 80% pour les Etats-Unis,
06:20 c'est 6% pour l'Europe.
06:21 L'Europe a été vraiment impactée sur cette crise énergétique.
06:24 Aujourd'hui, ce qu'on voit, c'est que l'inflation, c'est moins, alors ce n'est
06:27 plus du tout l'énergie puisque ça contribue négativement, c'est moins la partie alimentation.
06:31 Et c'est aujourd'hui plus les services et services locaux.
06:34 Et donc là, il y a une convergence aussi de cette alimentation de l'inflation aux
06:38 Etats-Unis ou en Europe qui va sur une normalisation aussi de l'inflation.
06:43 Donc globalement, oui, c'est normal.
06:46 Cette photo de l'économie US, je ne choque pas.
06:49 Maintenant, il va falloir, est-ce que réellement on va suivre notre stratégie, enfin trajectoire
06:54 en racine carrée ou pas ? Ce qui est aussi hyper crucial, c'est qu'est-ce qu'on
06:59 attend ? Quand on a regardé l'enquête qui a été faite auprès des consommateurs
07:02 américains par la fête de New York, sur les prévisions des consommateurs sur l'inflation
07:08 l'année prochaine, ils prévoient une légère baisse.
07:10 Ils voient 3,8% d'inflation.
07:11 Dans deux ans, ils voient 3%.
07:13 Le problème, c'est quoi ? Qu'est-ce qui va se passer si on n'est finalement pas
07:17 à 3% mais à plus ?
07:20 Et ça, ça valide la stratégie "higher for longer" de la réserve fédérale américaine.
07:26 C'est-à-dire que même si l'inflation marque un point bas ou revient autour de la
07:31 cible, il faudra être suffisamment courageux pour ne pas relâcher les efforts.
07:36 Oui, et puis de toute façon, ils ont tout intérêt aussi à driver les anticipations
07:43 de marché.
07:44 Ils n'ont pas du tout intérêt à dire qu'ils vont arrêter de remonter les taux.
07:47 C'est très performatif.
07:48 Si vous dites que vous arrêtez, le marché, lui, l'anticipe, le prend pour acquis.
07:54 D'où la fermeté du discours qu'on peut retrouver encore chez certains banquiers
07:58 centraux aujourd'hui.
07:59 Je reviens à ma petite photo finish de l'économie américaine fin juin.
08:02 Est-ce qu'on attend de ce chiffre d'inflation demain ? On va avoir un chiffre à 3% autour
08:08 pour l'inflation globale, divisé par 3 en un an.
08:11 Pour l'inflation globale, mais c'est vrai que les banquiers centraux savent bien qu'il
08:15 y a des gros effets de base sur l'énergie.
08:17 Ce qu'il faut regarder, c'est l'inflation hors alimentation énergie qui est plus représentative
08:22 des temps en temps.
08:23 C'est celle-ci, suivant qu'on prenne le déflateur de la consommation ou le CPI qu'on a demain.
08:28 On est à 4,5/5 et ça ralentit très lentement.
08:32 Ce qui est intéressant, c'est de regarder la décomposition que nous propose la Fed.
08:36 C'est-à-dire regarder d'un côté les biens.
08:37 Là, il y a eu un peu de volatilité par rapport aux prix des voitures d'occasion, avec sans
08:46 doute un léger mieux.
08:47 Mais globalement, c'est vrai que quand on regarde les enquêtes sur les chaînes d'approvisionnement,
08:52 on sent que l'inflation des biens a effectivement été transitoire.
08:55 Le logement a l'air d'être en train de se retourner.
08:58 Mais là encore, je pense qu'il faut être prudent parce qu'on voit les prix de l'immobilier
09:00 partir à la hausse.
09:01 Et la vraie question pour la Fed, c'est l'inflation des services parce que c'est
09:07 celle qui est driveée par le coût du travail.
09:09 Et on en vient, alors là aussi on a eu des chiffres un peu meilleurs sur les derniers
09:14 mois, mais on reste dans la tendance des deux dernières années.
09:18 On n'a pas encore suffisamment ralenti pour assurer la Banque centrale.
09:22 Et plus globalement, le higher for longer, c'est aussi le fruit de l'expérience des
09:26 années 70.
09:27 On en avait déjà parlé.
09:28 Les banques centrales savent que si elles assouplissent trop tôt, le risque c'est d'avoir
09:33 une sorte d'effet palier.
09:34 C'est-à-dire que l'inflation ralentit mais se stabilise à un niveau plus élevé
09:38 qu'auparavant.
09:39 Et donc on en revient à cette question finalement des salaires et donc du marché du travail
09:44 et donc de l'activité économique.
09:46 Et c'est vrai que pour l'instant, on a une activité qui a plutôt bien résisté,
09:50 mais on voit quand même des signes de ralentissement.
09:53 Des indicateurs, alors effectivement il y a l'estimation de la Fed d'Atlanta à 2%
09:58 pour le deuxième trimestre.
10:00 Mais si vous prenez par exemple quelque chose comme le nombre d'heures agrégées qu'on
10:04 a dans le rapport sur l'emploi, au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre,
10:10 on est à 0, 0 moins.
10:12 Et ça, généralement, c'est cohérent avec des PIB bien en dessous de 2%.
10:16 Le nombre d'heures travaillées ne progresse plus.
10:19 Voilà.
10:20 Vous regardez le profil de la consommation depuis le début de l'année.
10:23 On avait eu un mois de janvier exceptionnel parce que tous les paiements indexés avaient
10:26 été réajustés.
10:28 Février, 0 moins.
10:31 Mars, 0 moins.
10:33 Avril, on était à +0,5 sur la première estimation.
10:36 On est à +0,2.
10:37 Mais, 0 moins.
10:38 Donc, on va voir les ventes au détail pour le mois de juin.
10:41 Sachant que sur cette période, le consommateur a bénéficié encore de cette sur-épargne
10:46 à une insure et de fait bénéfique au niveau des prix de l'énergie.
10:49 Donc voilà, on sent que ce resserrement monétaire produit petit à petit ses effets.
10:54 On ne va pas oublier qu'on dit, les banquiers centraux disent souvent 12-18 mois pour les
10:58 effets.
10:59 Il y a 12 mois, on était en dessous de 2% aux US.
11:02 Il y a 12 mois, on était en taux négatif en Europe.
11:04 Donc, le gros des effets du resserrement monétaire, il sera sans doute plutôt sur la deuxième
11:09 partie de l'année.
11:10 Autrement dit, ça veut dire que le pic des taux réels positifs aux Etats-Unis, sous
11:16 certaines mesures, on a déjà des taux réels positifs aux Etats-Unis, mais le pic est encore
11:21 à venir.
11:22 Potentiellement, oui.
11:23 Et le resserrement sur l'économie, on le voit dans les données de crédit, ça ralentit
11:28 et on sait ce qui compte pour l'impact du crédit sur la croissance.
11:35 Ce n'est pas la croissance du crédit, c'est la variation de la croissance du crédit.
11:38 Et on est en très nette décélération aux Etats-Unis, en Europe.
11:43 Donc, pour nous, on reste quand même très prudent sur la trajectoire économique des
11:48 mois à venir.
11:49 Certains opposent, face à cette question de l'impulsion de crédit, comme vous dites,
11:53 opposent le fait que le bilan des ménages est encore très solide, avec encore un peu
11:57 de stock d'épargne excessive.
11:59 BOFA nous dit qu'il faut peut-être encore 9-10 mois pour solder l'excès d'épargne,
12:03 si vraiment c'est encore de l'épargne excessive stockée par les Américains, au
12:06 rythme de consommation historique.
12:08 Il y a peut-être encore des mois de consommation devant nous, en tout cas de maintien du consommateur.
12:13 Et puis les entreprises aussi sont cash rich avec des bilans et beaucoup d'entreprises
12:17 n'ont pas forcément besoin de refinancement énorme aujourd'hui.
12:20 L'appel au crédit n'est pas forcément nécessaire pour un certain nombre d'agents
12:24 économiques aujourd'hui.
12:25 Oui, effectivement.
12:26 Mais voilà, sur cette question d'épargne excédentaire, je pense qu'il faut être
12:29 prudent parce qu'on compare souvent ce qu'on a épargné par rapport à la tendance.
12:34 On ne sait pas, il y en a une partie qui a été potentiellement investie.
12:37 Il ne faut pas oublier que l'investissement immobilier, ça rentre dans l'épargne.
12:41 Donc ça, ce n'est pas de l'argent qu'on peut retirer pour consommer.
12:44 Non, ce n'est pas l'équide, oui.
12:45 Et il faut aussi voir sa répartition au sein de la population.
12:48 Si Bill Gates est encore de l'épargne excédentaire, ça n'aidera pas le consommateur américain
12:54 moyen.
12:55 Oui, il y a une question de dispersion de l'épargne et on sait qu'elle est captée
12:59 quand même plutôt par les catégories les plus aisées.
13:02 Oui, votre vue un peu macro sur la situation.
13:07 Est-ce que quand même la résilience macro de l'économie américaine que tout le monde
13:10 constate, est-ce que c'est une source d'espoir pour la suite ? Ou est-ce qu'on arrive au
13:14 moment où une résilience trop persistante, ça veut dire une fête d'autant plus agressive
13:19 avec la morsure des taux réels qui est encore peut-être devant nous ?
13:23 Si on reprend quelques mois en arrière, sur l'inflation, le fait de passer à 9, à 4,
13:30 il ne fallait pas être un grand clair pour l'anticiper.
13:31 Ça c'était vraiment anticipable.
13:32 Le point c'est que, étant donné l'effet de base sur les matières premières, on a
13:37 été plus bas qu'attendu sur le gaz, sur le pétrole et donc on va descendre plus.
13:41 Mais ça c'était vraiment en anticipation.
13:42 Et sur la croissance, alors beaucoup d'économistes voyaient une récession, on pouvait au moins
13:48 s'interroger par rapport justement à cette épargne.
13:49 On ne savait pas ce qui allait se passer mais au moins il y avait un doute là-dessus.
13:52 Je dirais que ça a été mieux qu'attendu quand même sur l'aspect résilience.
13:56 Mais par contre sur l'inflation, la tendance était là.
13:58 Je suis d'accord vraiment avec l'idée de Racine Thierry.
14:00 C'est-à-dire qu'on va justement aller à court terme un peu en deçà par rapport
14:05 à l'effet de base, par rapport à tout ce qui est hausse des prix, en réalité qui
14:09 n'est pas inflation, mais par rapport à tout ce qui est hausse des prix.
14:11 Il va y avoir aussi la décélération du loyer parce que c'est vrai que ça redémarre
14:14 au niveau de l'immobilier mais ça redémarre sur des prix plus bas.
14:16 Donc l'effet retard sur les loyers devrait quand même s'effectuer.
14:19 Les transactions ont lieu sur un prix de l'immobilier plus bas même si ça redémarre.
14:24 Il peut y avoir aussi sur la psychologie plus de liens avec la Chine et donc se dire qu'il
14:31 peut y avoir un peu plus d'importations et ça peut être dans le bon sens.
14:34 Mais par contre ensuite, la vraie inflation qui est l'effet à la fois des chaînes
14:39 de valeur, aujourd'hui c'est plus compliqué, on ne va pas se sourcer uniquement vers la
14:42 Chine.
14:43 Il va y avoir aussi l'effet d'un marché du travail totalement différent et donc
14:48 ça montre bien qu'on va normalement avoir une remontée de l'inflation.
14:52 Donc je pense que la Fed sans doute elle va profiter peut-être d'un moment donné,
14:56 on va flirter avec son fameux objectif de 2% pour peut-être ouvrir la porte à se dire
15:02 que le travail a été fait mais que maintenant il y a peut-être une fourchette de 2 à 3%
15:06 par exemple en point cible de l'inflation.
15:08 Ce schéma là racine carré ça plaide pour l'idée d'une refonte ou en tout cas d'une
15:14 adaptation de l'objectif d'inflation d'une banque centrale comme la Fed ?
15:18 Oui c'est vrai, ça serait le bon moment pour le faire parce que…
15:20 C'est hors de question officiellement.
15:21 C'est un objectif.
15:22 Officiellement c'est hors de question.
15:23 Oui, mais si on en parle c'est que sans doute ça est dans l'air du temps quand
15:26 même.
15:27 En tout cas, nous aussi on a ce même sentiment là, ce qui veut dire qu'il faut profiter
15:30 à un moment donné quand on approchera des 2% pour sans doute être…
15:33 Remettre de l'inflation dans les portefeuilles ?
15:35 Exactement, voilà.
15:36 C'est un peu l'idée justement parce que en plus c'est le moment…
15:39 Tout ça fait que nous s'il n'y avait pas eu ce discours aussi ferme de la Fed,
15:43 on n'aurait même pas cru qu'il y avait une dernière hausse des taux puisque ce chiffre
15:46 d'inflation survenant avant, on avait le scénario comme quoi bon ben il n'y aura
15:50 peut-être même pas besoin mais par contre qu'il y allait y avoir durablement pendant
15:53 2-3 trimestres vraiment une stabilisation des taux justement pour avoir un discours
15:58 au moment où justement cette inflation va remonter.
16:01 Mais ce n'est peut-être pas la dernière.
16:03 Ben ça serait surprenant parce que je trouve qu'au moment où justement la question se
16:07 posera dans 2 ou 3 mois, c'est le moment où on risque d'avoir les meilleurs…
16:11 Alors c'est quand même…
16:12 Les meilleurs chiffres, oui, l'inflation la plus basse quoi.
16:13 L'inflation la plus basse et de reprendre 6 mois après…
16:16 Ben c'est ce qu'on a vu chez des banques centrales certes secondaires avec des spécificités
16:21 locales, australiennes, canadiennes ou autres mais on a vu que pour certaines banques centrales
16:26 c'était la pause, c'était une pause temporaire pour le coup.
16:29 C'est vrai, je suis d'accord, les économistes aiment bien en réalité le chiffre cœur
16:33 de l'inflation mais l'effet psychologique, on résonne tous par rapport au chiffre réel
16:38 de l'inflation et donc ce chiffre réel de l'inflation baissant, global, il y a sans
16:42 doute moins de négociations salariales nécessaires, il y a sans doute un appétit de fixer les
16:47 prix par les entreprises un peu moins fort aussi donc ça sera plus difficile.
16:51 Mais sur l'aspect croissance, je trouve aussi que là, vous parliez tout à l'heure
16:56 du fait qu'il y a encore un potentiel d'épargne qui peut durer 6 mois mais la situation est
17:01 différente où là les ménages ont dû puiser dans leur bas de laine parce que face à une
17:06 inflation à 9, ils avaient une augmentation de salaire par exemple à 5 mais aujourd'hui
17:09 la situation est inverse parce que les effets de second tour fonctionnent et l'inflation
17:12 est plus basse.
17:13 On va avoir des salaires réels positifs.
17:14 Et voilà, et se passe le relais.
17:16 Plus besoin de taper dans l'épargne.
17:17 Et bien oui, tout à fait.
17:18 Ça va soutenir la demande sur la deuxième partie de l'année.
17:20 Ça va soutenir la demande sur la deuxième partie de l'année et quand on regarde sur
17:23 l'industrie, alors les chiffres en ce moment sont mauvais mais quand on regarde la déposition,
17:27 on voit qu'il y a beaucoup de déstockage dans beaucoup de zones géographiques donc
17:30 à un moment donné, c'est toujours compliqué mais si on prend l'exemple par exemple des
17:33 plans de relance et du moment du Covid ou de la Covid où les consommateurs pouvaient
17:40 consommer, et bien ils ont acheté des PCI à 3 ou 4 ans.
17:43 Ça veut dire que le moment où on va avoir fonctionné, c'est 3 ou 4 ans après.
17:47 C'est maintenant donc sur l'aspect déstockage, on est peut-être aussi dans un moment un peu
17:51 limite donc sur la croissance, je ne suis pas forcément négatif.
17:54 C'est ça, ça fait 2, 3, 4 mois.
17:57 Alors c'est difficile d'anticiper, on n'anticipe jamais une récession grave mais tout ça
18:01 semble vraiment une récession, des chiffres autour de zéro pendant 2 ou 3 trimestres
18:05 et pendant ce temps-là, finalement le marché se reconstitue donc.
18:08 On a le sentiment d'une croissance qui ne devrait pas tomber en récession forte du
18:14 tout.
18:15 Justin, les mémoires annuelles qui ont été sur ce point-là de l'inflation, ce qu'on
18:19 a tendance à penser, c'est que systématiquement l'inflation est mauvaise pour, toutes les
18:24 composantes de l'inflation sont mauvaises pour le pouvoir d'achat et finalement ce
18:28 n'est pas forcément le cas et on l'a vu après le Covid aux Etats-Unis, quand on ne
18:32 pouvait pas acheter de voiture neuve parce qu'on n'était pas livré, on achetait des
18:35 voitures d'occasion, inflation sur les voitures d'occasion mais le particulier qui a acheté
18:38 la voiture d'occasion, même si le prix a augmenté, il a payé moins cher que sa voiture
18:42 neuve.
18:43 Pareil avec la sortie de Covid, quand il a déménagé de San Francisco pour partir au
18:48 Texas ou dans un autre état pour s'acheter une maison, il a fait monter et grimper fortement
18:53 l'immobilier sur place mais globalement il n'a peut-être pas payé beaucoup plus cher
18:57 que son appartement qu'il a laissé.
18:59 C'est aussi important de rappeler que derrière ces indices d'inflation, alors que maintenant
19:04 tout le monde manie comme si on connaissait ça depuis toujours, les CPI et autres, mais
19:08 sur les voitures d'occasion, il y a quelques mois j'avais ce chiffre en tête mais je pense
19:15 qu'il est toujours valable, 10% des Américains seulement ont acheté une voiture d'occasion
19:21 en 2022, c'est-à-dire que l'inflation des prix des voitures d'occasion n'a concerné
19:25 finalement que 10% des ménages américains, en tout cas une part ultra minoritaire.
19:29 Idem pour les loyers, il y a quand même un grand nombre de ménages qui sont propriétaires,
19:34 alors il y a le fameux loyer implicite etc. mais qui n'est pas du tout une réalité
19:38 pour un ménage propriétaire.
19:39 Et je disais, c'est quelque chose que je viens de découvrir, c'est qu'en fait
19:44 on a une proportion majoritaire de ménages propriétaires qui ne sont plus engagés avec
19:48 un mortgage, c'est-à-dire qu'ils sont libérés complètement de l'emprunt immobilier.
19:52 Non mais voilà, donc derrière ces indicateurs d'inflation, tout le monde ne vit pas l'inflation
19:57 à ces niveaux de prix qu'on voit.
20:00 Et puis il ne faut pas rester sur l'idée de 2008 où on avait une grande partie des
20:02 ménages américains qui étaient en taux variable, aujourd'hui il n'y a que 10%
20:07 des Américains qui sont en taux variable.
20:09 Pareil au Royaume-Uni, là aussi, une chute du mortgage.
20:12 Par contre ce n'est pas le cas en Suède, ce n'est pas le cas en Australie.
20:16 A propos d'inflation, c'est un peu la question là aussi à Miané, au regard des
20:20 chiffres des prix, notamment qu'on a vu en Chine sur le mois de juin, à la consommation,
20:25 à la production, est-ce que la Chine est entrée en déflation ?
20:28 Ça fait des années que l'inflation est faible en Chine, et effectivement on a plutôt
20:33 eu des phases de nouveaux ralentissements.
20:36 C'est aussi le reflet d'une reprise économique qui se fait quand même plus molle que ce
20:40 que beaucoup de gens attendaient.
20:41 Si on reprend beaucoup de scénarios de début d'année, on allait voir ce qu'on allait
20:45 voir sur la Chine, avec là aussi une épargne excédentaire assez colossale.
20:49 Il y a eu un peu de "revenge spending", mais au final, les chiffres des deux derniers
20:58 mois sont quand même moins glorieux que ce qu'on pouvait penser.
21:01 Pourquoi ? Parce qu'il y a quand même des sujets structurels en Chine.
21:05 En fait, cette épargne excédentaire, quand vous avez un pays où le taux d'épargne
21:09 des ménages est entre 30 et 40 %, leur réflexe c'est de l'épargner et de garder en épargne.
21:15 C'est de l'épargne de précaution en fait.
21:16 Et d'ailleurs c'est assez intéressant, on le voit aussi en Europe.
21:19 En France, avec un taux d'épargne moyen dans la zone euro, il est encore supérieur
21:25 au niveau de précovid.
21:26 Il n'en est pas du tout comme aux États-Unis.
21:28 Et d'ailleurs, ça, sur les États-Unis, je pensais quelque chose qui constitue aussi
21:31 un récit, c'est que le taux d'épargne aujourd'hui est de 4,5, il était à 7,5,
21:35 8 avant le covid.
21:37 Parce que les gens puissent dans cette épargne, mais ça risque de se retourner à un moment.
21:44 Et pour revenir sur la Chine, on sait que l'immobilier reste un sujet important et
21:52 qui, pour l'instant, ne trouve pas de solution.
21:55 Parce que ça demande sans doute des réformes très structurelles que le gouvernement n'est
21:59 pas encore prêt à faire.
22:01 Une crise immobilière sur la taille d'un marché comme le marché immobilier chinois,
22:05 ça pèse pendant des années ?
22:06 Certains commencent à parler de l'exemple du Japon pour la Chine.
22:12 C'est un chiffre qui m'a frappé récemment.
22:14 L'IIF qui calcule les agrégats de dette.
22:19 L'Institut international de la finance, c'est ça ?
22:20 Oui, qui calcule les agrégats de dette pour toutes les principales économies.
22:25 Les dernières données montraient que le ratio total de dette de la Chine rapporté
22:32 au PIB est maintenant supérieur à celui des États-Unis.
22:34 Public et privé.
22:35 Oui, public et privé.
22:36 Alors qu'il y a une quinzaine d'années, c'était la moitié.
22:39 On sait historiquement, lorsqu'on regarde l'histoire économique, que ce genre d'accumulation
22:46 longue et importante d'endettements, ce n'est jamais très simple.
22:50 C'est la "debtflation".
22:51 On ne sera pas sur une crise violente parce que c'est une dette interne et que la Chine
23:03 contrôle, le gouvernement contrôle toutes les banques.
23:05 Mais c'est un vrai enjeu sur le potentiel de croissance de la Chine sur les prochaines
23:10 années.
23:11 Et ça auberge les capacités de relance du gouvernement et des autorités chinoises
23:15 aujourd'hui ?
23:16 Oui, parce que les collectivités locales sont déjà très endettées.
23:18 En plus, leur recette était pour l'essentiel indexée sur l'immobilier.
23:22 Donc oui, c'est compliqué.
23:24 Quelles sont les informations que les entreprises vont nous apporter une fois qu'on a fait
23:29 ce petit tour d'horizon macro, rapide, Jean-Jacques ?
23:32 Ça va être l'enjeu des prochains jours et des prochaines semaines.
23:35 Quel type d'informations on attend ?
23:38 Quels sont les points d'attention qu'on a envie de mettre en avant ?
23:41 Est-ce qu'on continue au niveau des entreprises à avoir ce pouvoir de fixation des marges
23:47 sans doute ?
23:48 On voit bien que les résultats sont un peu orientés.
23:50 Donc on a l'impression que par rapport au -6 attendu, ce résultat, une fois de plus
23:54 on ira peut-être vers -2, notamment aux Etats-Unis, que c'est assez piloté.
23:58 Ce qui est intéressant, c'est que par rapport aussi, on parlait tout à l'heure du fait
24:04 des effets aussi positifs de l'inflation, un des effets positifs c'est que c'est toujours
24:08 aussi favorable aux entreprises parce qu'il y a une forme d'illusion monétaire.
24:10 C'est-à-dire que si vous avez 1 d'inflation, vous avez quand même des salariés qui demandent
24:16 2,5.
24:17 Si vous avez 5 d'inflation, il y a un peu une illusion monétaire.
24:20 Les salariés disent "bon ben 3, 4 ça va".
24:22 Oui, c'est ça, fondamentalement.
24:23 Une illusion nominale.
24:24 Oui, oui, c'est ça.
24:25 Oui, oui, oui.
24:26 Donc, voilà, je pense que le marché sera sensitive à ça.
24:30 Je ne suis pas sûr que ce soit l'élément, c'est l'élément qui peut calmer le fait
24:33 que le marché a réussi finalement à faire le gros dos pour le marché action au moment
24:38 où il y a eu vraiment un changement de perception sur l'évolution des taux aux Etats-Unis.
24:46 C'est-à-dire qu'il y avait encore l'idée que les taux courts allaient baisser dernièrement
24:50 au cours du second semestre et là le marché a totalement changé et malgré ce changement
24:55 on est revenu sur les sommets.
24:56 La semaine dernière c'était la semaine des 2 ans, c'est ça ? Enfin des taux à
25:00 2 ans.
25:01 On a franchi ou retrouvé les sommets sur les taux à 2 ans américains, allemands, britanniques.
25:06 On a explosé les records d'octobre dernier.
25:08 C'est ça.
25:09 Ça souffre aussi sur le long par les années.
25:11 Donc le marché a réussi quand même à faire le gros dos par rapport à ce basculement
25:15 très important où les taux, la future baisse des taux a été repoussée pratiquement de
25:20 deux trimestres.
25:21 Donc là le marché a été assez costaud pour ça.
25:24 Pour encaisser ça.
25:25 Je ne pense pas que ce soit l'élément déterminant sur les marges.
25:29 Alors il y aura un discours mais je ne pense pas que le marché va se focaliser particulièrement
25:33 sur les résultats.
25:34 Non mais est-ce qu'on va retrouver la déception macro chinoise ? Est-ce que ça va se retrouver
25:37 déjà dans les résultats de certaines entreprises au moins dans le discours ?
25:40 Ça se retrouve déjà par exemple dans les différences de croissance qui existent au
25:46 niveau européen.
25:47 C'est-à-dire qu'au niveau du chômage on est dans une situation classique avec un
25:49 taux de chômage inférieur à 3 en Allemagne, supérieur à 10, 12 dans les pays du sud.
25:53 Mais quand on regarde la croissance européenne on a vu que c'était totalement inversé avec
25:57 encore une fois une France au milieu, des services qui fonctionnent, donc c'est l'Europe
26:01 du sud qui a avoisiné les deux et une Allemagne à zéro, à la fois par rapport à son commerce
26:07 extérieur avec la Chine qui est mise à mal par la faiblesse de la relance chinoise et
26:10 peut-être aussi par rapport à des changements.
26:13 Alors le changement symptomatique c'est sur le véhicule électrique par exemple où auparavant
26:17 une Chine qui se tenait un peu mieux c'était un peu plus d'exportation des voitures allemandes
26:21 vers la Chine.
26:22 Aujourd'hui on voit qu'il y a en plus une transformation, donc je suis un peu plus
26:25 confiant sur les biens d'équipement mais on voit qu'il y a aussi des transformations.
26:28 Donc l'Allemagne qui souffre c'est aussi cette Chine, voilà.
26:32 Après c'est vrai que la Chine aura des mesures techniques particulières sans doute et ne
26:37 peut pas avoir les mêmes niveaux de relance qu'auparavant.
26:38 Sans doute que le consommateur s'il a des doutes sur sa couverture sociale etc.
26:44 il ne consomme pas et donc le modèle de transformation où la Chine, où la consommation ne représente
26:50 plus que 40% du PIB, on voit bien qu'on ne va pas pour l'instant du tout vers un modèle
26:54 de...
26:55 Ça a été un peu l'erreur collective qu'on a fait, c'est-à-dire le stock d'épargne
26:57 accumulée pendant la période de Covid en Chine, non ce n'est pas l'épargne excessive
27:01 du ménage américain qui a un travail comme il veut etc.
27:05 Il y a une partie c'est de l'épargne de précaution désormais.
27:09 Voilà c'est des exemples de chômage chez les jeunes, c'est des exemples de couverture
27:12 sociale chez les plus âgés, tout ça empêche finalement cette transformation de l'épargne.
27:16 - Épuisement du phénomène de pricing power, il faut valider aussi l'IA quand même, il
27:22 y a eu beaucoup d'attentes sur l'IA, sur les résultats des entreprises qui arrivent
27:26 dans cette saison de publication.
27:27 Alors il y a les banques aussi avec l'histoire du crédit, où est-ce qu'on est du resserrement
27:31 de crédit, des provisions, des pertes sur crédit, effectivement, ça on aura peut-être
27:35 quelques réponses avec les banques américaines ce vendredi.
27:37 Je trouve qu'il y a des enjeux sur cette saison.
27:39 - Oui, oui, tout à fait, sur les banques américaines ça va être d'autant plus intéressant
27:42 suite au stress test.
27:43 - Et puis bon, la pression dans laquelle elle se trouve aujourd'hui, surtout sur les petites
27:49 banques, on a les premières qui vont publier, enfin les grandes banques, à la fin de la
27:54 semaine, donc ça sera intéressant de voir ces premiers résultats et de voir si réellement,
27:58 parce que malgré tout cet environnement de taux élevés, il est quand même favorable
28:03 aux banques, sur les taux de dépôt qui sont rémunérés aujourd'hui.
28:06 - Qui ne sont pas rémunérés justement, c'est bien le problème !
28:10 - Qui sont rémunérés pour la banque, pour le coût, et pas forcément pour le dépôt.
28:15 - Oui, mais ça, ça ne peut pas durer ça.
28:16 - Ça ne peut pas durer, c'est pour ça qu'on voit déjà.
28:18 - On voit bien ce que ça génère comme fuite vers le cash et le monétaire.
28:22 Ils sont bien obligés quand même de...
28:24 - Bien sûr, bien sûr, bien sûr.
28:25 - Bah oui, oui, oui.
28:26 - Pour le dépôt à terme, qui permet pour le coup d'être rémunéré, et puis on voit
28:30 des produits qui sont intéressants aujourd'hui pour le consommateur, que ce soit des produits
28:35 structurés, garantis.
28:36 - Et ça permet de maintenir la marge d'intérêt pour les banques quand même.
28:40 - Ah, d'accord.
28:41 - Bien sûr, parce que malgré tout, quand on propose un produit structuré, évidemment
28:44 la banque gagne sur le produit structuré, mais le client il a une visibilité sur le
28:48 rendement et puis aussi une garantie, une garantie implicite.
28:54 - Donc il est prêt à payer des commissions quoi.
28:55 - Bah oui, ça lui offre aujourd'hui un surplus de rendement par rapport au monétaire.
29:02 Quand le monétaire apporte 3 ou 3,5%, son produit structuré garanti va lui rapporter
29:06 4%.
29:07 Donc c'est sûr qu'on est dans un rendement qui est globalement plutôt favorable au
29:12 banque dans cette remontée des taux.
29:13 Donc normalement les résultats devraient être plutôt a priori...
29:16 - Modulons le risque de crédit, modulons les risques de défauts, modulons...
29:19 - Modulons évidemment.
29:20 - Oui, non mais c'est ça qu'on a envie de voir là.
29:24 - Mais c'est pour ça que ça va être intéressant.
29:25 Ces résultats vont être intéressants.
29:27 Après ce qui va être aussi intéressant c'est sur le secteur du luxe, on en a parlé,
29:30 parce qu'on sortit quand même des résultats extraordinaires au premier trimestre.
29:33 On va voir si ça continue au deuxième trimestre avec ce ralentissement évidemment en Chine
29:37 qui apparaît.
29:38 Et puis dans la continuité de ça, c'est de voir quel est l'impact aussi des événements
29:42 qu'on a eu en France, on ne va pas le voir sur les résultats du deuxième trimestre,
29:44 mais probablement au troisième trimestre, sur quand il y a la Chine qui est quand même...
29:49 Enfin les Chinois qui commençaient, le tourisme chinois qui a commencé à revenir en Europe
29:53 timidement.
29:54 Est-ce que finalement ça va s'accélérer ou pas avec les événements qu'on a eu en
29:59 France qui ont un peu refroidi la Chine.
30:01 Il m'odore de faire attention à certains pays dont la France.
30:05 - Qui n'est pas nouveau.
30:06 - Qui se renforce un peu plus à chaque fois.
30:11 - Donc de voir si le trend se continue ou s'il y a une petite inflexion, ça va être
30:14 intéressant.
30:15 - Je voyais qu'il y avait des signes un peu négatifs dans les parcs Disney, mais au niveau
30:19 global.
30:20 Ce n'était pas aussi plein que ce que Disney pouvait attendre.
30:23 Non mais il y a des petits indicateurs comme ça ici et là, que le loisir n'est pas...
30:28 Il y a des arbitrages aussi qui commencent à se mettre en place de ce moment-là.
30:31 Jean-Jacques ?
30:32 - Non, juste pour les banques, les produits structurés, ça concerne la banque privée.
30:35 Le reste, par rapport au potentiel d'appréciation des banques européennes.
30:39 Ce qui était très étonnant, c'est quand l'étau venait de 10 et passait par 3, personne
30:43 ne pensait à son...
30:44 Les particuliers ne plaçaient pas leur argent.
30:45 Là, il y a les particuliers qui réclament de nouveaux déplacements.
30:48 Et le gros, c'est quand même des placements sur des comptes à terme bien rémunérés
30:51 qui obèrent quand même la rentabilité potentielle des banques.
30:54 - Oui, puis livré à 4% peut-être demain.
30:57 Donc la concurrence, elle est quand même sérieuse pour les produits bancaires.
31:01 - Les trois axes, comptes à terme, des obligations.
31:02 - Oui, pour de l'équité, ils lèvent.
31:06 - Et malgré tout, des produits structurés, y compris pour le retail.
31:10 - Quel est votre état d'esprit et la vue que vous avez sur ces résultats qui arrivent ?
31:14 Qu'est-ce qui va vous intéresser, Julien Pierre ?
31:16 - Effectivement, on a eu une période un peu exceptionnelle où les entreprises ont réussi
31:21 à générer une croissance très forte des résultats.
31:24 D'ailleurs, c'est intéressant lorsqu'on regarde les profits macroéconomiques.
31:28 Normalement, c'est très bien corrélé à la croissance de la productivité.
31:31 Et là, on regarde les États-Unis et l'Europe, on a une baisse de la productivité sur les
31:35 derniers trimestres, avec, pas géniaux, mais beaucoup d'emplois créés.
31:39 Et les profits ont explosé.
31:41 Donc ça met un peu d'eau au moulin de cette histoire de "credflation".
31:45 Et on sent bien que c'est logique, elles ont quand même un terme.
31:49 Alors, ça fait deux, trois trimestres qu'on se dit, bon, ça ne peut pas aller beaucoup
31:53 plus loin.
31:54 C'est allé plus loin.
31:55 Et donc, on va voir, je pense, ce qui va être au-delà des résultats du deuxième trimestre,
32:00 ce qui va être intéressant, c'est les prévisions sur la suite de l'année.
32:04 Et on l'a dit, un secteur un peu en amont, comme la chimie, a commencé à warner.
32:12 Voilà, il faut voir si ça se diffuse.
32:15 Pour quelles raisons ? C'est quoi les raisons ? Il y a encore des problèmes d'offres ? C'est
32:18 encore un sujet d'offres ? Ou c'est plutôt maintenant la demande ?
32:21 Non, c'est plus la demande.
32:22 D'accord.
32:23 Voilà, est-ce que, encore une fois, on est dans ce mouvement général où le resserrement
32:30 monétaire qu'on a eu produit petit à petit ses effets.
32:33 Et donc, on va voir ce que ça donne au second semestre.
32:39 Aujourd'hui, maintenant, c'est vrai qu'on a eu une bonne première moitié d'année.
32:43 Est-ce que les prochains mois seront aussi favorables ? Est-ce que les entreprises ne
32:47 se sont pas retrouvées face à des effets ciseaux où elles ont moins de capacité à
32:50 augmenter les prix ?
32:51 Et par contre, les augmentations des salaires qui ont pu être accordées continuent d'impacter
32:58 les résultats.
32:59 Donc, oui, ça va être intéressant.
33:01 Est-ce que le thème de l'IA va tenir ses promesses ? Est-ce que c'est un thème qui
33:06 se diffuse au-delà des 7 magnifiques qui font la performance du marché ?
33:12 Non, mais ça va être important.
33:13 On va voir déjà, on aime bien mesurer le nombre d'occurrences, le nombre de fois que
33:17 le thème IA apparaît dans les conférences call avec les analystes.
33:22 Et on sait déjà que ce n'est pas juste chez Nvidia qu'on parle d'IA.
33:26 On en parle chez Pepsi, chez Coca, chez Carrefour, chez tous ceux qui en veulent.
33:30 Ce qui est très intéressant et très logiquement, c'est que beaucoup d'investisseurs cherchent
33:35 à élargir la base justement.
33:36 C'est-à-dire que je pense qu'on a pu jouer Nasdaq, par exemple, lundi et aujourd'hui,
33:41 on cherche à élargir.
33:42 Et d'ailleurs, vous avez vu que le Nasdaq 100 va élargir sa base.
33:46 C'est-à-dire que le poids finalement de ces 7 magnifiques va réduire.
33:50 On va repondérer, on va réduire le poids un petit peu de ces 7 magnifiques.
33:53 Ça va vraiment dans le sens d'aller chercher des dossiers dans des caps un peu plus réduits.
33:58 Et je pense qu'à un moment donné, même, on ira sans doute chercher dans les midi au
34:02 moment où on pensera qu'il peut y avoir un petit rebond de l'économie vu le retard
34:07 qu'il fait.
34:08 Mais c'est le moment là ou pas ?
34:09 Je pense que c'est un peu tôt par contre de jouer justement des fonds.
34:12 Alors, ça a été joué de différentes manières.
34:15 On a vu par exemple beaucoup de personnes revenir sur des fonds équipondérés.
34:17 On a pu faire aussi… Ça, ça paraît très très logique.
34:21 En juin, on a vu ces indices Equal Weight, Equipondérés, S&P, rattraper un peu.
34:28 Non mais sur un mois, sur quelques semaines.
34:30 Ça semble vraiment la logique de l'histoire.
34:32 C'est-à-dire que c'est de se dire par rapport à ça, le thème reste toujours valable.
34:36 Qu'est-ce qui n'est pas très loin et un peu au second degré que je peux acheter
34:40 et qui peut aller dans le même sens.
34:41 Et ça sera dans le même secteur.
34:45 Mais oui, je crois.
34:47 Après, il y a eu beaucoup d'études qui ont été faites, notamment par rapport sans
34:51 doute au salaire, à la part des salaires, au pourcentage des salaires, l'importance
34:56 des salaires dans la valeur ajoutée finalement d'un secteur ou d'une entreprise.
35:00 Donc, plus c'est élevé, plus les ingénieurs par exemple sur place ont la capacité de
35:05 sous-traiter et de faire appel à l'IA plutôt qu'à des collègues.
35:09 Donc, normalement, ça devrait améliorer la productivité.
35:12 Donc, là oui, je pense que c'est un thème vraiment durable et qui favorise les États-Unis
35:19 davantage que l'Europe.
35:20 Oui.
35:21 Au global, on reste constructif ? C'est ce que j'entends.
35:24 Oui, c'est ce que je crois comprendre dans le discours.
35:26 Oui, on reste constructif parce que pas de miracle à attendre, je pense, au niveau des
35:30 résultats.
35:31 Mais sur les taux, il y a encore, je pense, quelques mois qui peuvent être favorables
35:35 et le marché se projette plus loin.
35:37 Donc, ce qui est intéressant dans cette phase, c'est que généralement, dans ces
35:43 phases qui précèdent un futur mouvement de baisse des taux, la certitude, c'est
35:50 qu'il y aura baisse des taux.
35:51 L'incertitude, c'est est-ce que c'est récession ou est-ce que c'est ralentissement ? Et si
35:56 c'est vraiment récession, là, la récession emporte la baisse des taux.
35:59 Mais si c'est juste ralentissement, souvent l'aspect baisse des taux est plus important.
36:03 Et le marché, dans ces phases-là, se focalise plutôt sur l'élément de certitude qu'il
36:08 y a, qui est quand même le futur mouvement de baisse des taux, avec l'idée d'une croissance
36:13 où, pour l'instant, on ne voit pas d'éléments de récession à venir.
36:16 Donc oui.
36:17 Positionnement, équilibre des allocations, qu'est-ce qui bouge, qu'est-ce qu'on garde,
36:24 à quoi on réfléchit en matière de coûts d'après, en matière d'investissement, Delphine ?
36:29 On reste plutôt constructif sur la partie action.
36:32 Et on profite de la volatilité qui est très basse pour protéger les portefeuilles.
36:36 Donc acheter des poutres, aujourd'hui, ça ne coûte pas très cher.
36:39 Peut-être que ça ne servira pas, mais on préfère ne pas réduire la précaution.
36:45 L'exposition cash, oui.
36:46 Tout l'approvisionnement.
36:47 Donc ça, ça va être plutôt une stratégie.
36:49 La stratégie sur les portefeuilles les plus prudents, elle est différente.
36:52 Là, on a plutôt changé la composition des portefeuilles prudents pour augmenter la
36:56 partie obligataire, qui apporte énormément de caries de visibilité sur le rendement.
37:01 En prenant moins de risques, finalement, dans l'ensemble.
37:05 Donc ça, c'est un vrai travail d'adaptation en fonction des marchés.
37:11 Et puis, dans les secteurs, nous, on aime bien toujours l'immobilier coté.
37:18 Aujourd'hui, là, ça rebondit depuis quelques jours.
37:23 Mais globalement, après 50% de baisse par rapport au plus haut, à un moment donné,
37:30 ça semble intéressant d'investir parce que, encore une fois, quand l'inflation a
37:34 touché son pic et puis qu'elle se réduit, mais qu'elle reste élevée, ça doit être
37:37 le meilleur secteur qui performe.
37:39 Donc ça, on continue à être vraiment convaincus.
37:43 C'est intéressant.
37:44 Oui, c'est un plaid anti-inflation quand même.
37:46 L'indexation des loyers, etc.
37:47 On l'a beaucoup raconté.
37:48 Mais quand l'inflation est à 10%, c'est un choc violent, notamment pour les groupes
37:52 endettés.
37:53 Mais derrière, vous dites, si le régime d'inflation est un peu plus élevé, normalement,
37:55 c'est des bonnes protections contre l'inflation.
37:57 Quand elle reste élevée, mais qu'elle décélère, globalement.
38:00 Et ce qui est intéressant aussi, c'est que peut-être que la fonction de réaction
38:04 du marché aujourd'hui, elle n'est pas complètement directe par rapport à ce qu'on a pu voir
38:07 aussi dans le passé.
38:08 Parce que finalement, quand on est dans le marché et qu'on a moins de 15 ans d'expérience,
38:12 on n'a pas connu ces expériences de taux d'intérêt élevés durablement.
38:17 Et même si, à l'époque, ce n'était pas des inflations comme les années 80, on était
38:20 quand même plutôt dans un environnement de taux beaucoup plus élevés que ce qu'on
38:24 a connu ces 15 dernières années.
38:26 Donc là, avec une stérilisation des taux, avec des taux quasiment zéro pendant 15
38:29 ans, on a quand même, on rechange complètement de mode d'environnement, de paradigme.
38:35 Et on a toute une partie des investisseurs qui doivent se réadapter à ça.
38:41 Donc bon, globalement, tout ça pour dire que sinon, c'est la partie géographique.
38:45 On reste quand même investi aujourd'hui sur la partie émergente.
38:48 Sur la partie obligation émergente qui performe très bien depuis le début de l'année.
38:52 Là, on a été très positionnés.
38:54 Il y a des marges de manœuvre là, oui.
38:55 Oui, parce qu'ils sont en avance de phase.
38:57 Ils sont en avance de phase.
38:58 Ils vont monter les taux beaucoup plus en avance et ils baisseront les taux.
39:02 Ils commencent à baisser les taux beaucoup plus en avance que la Fed et puis la BCE.
39:05 Et enfin, sur la partie action, on reste investi sur l'Asie, notamment sur la Chine,
39:10 même si pour l'instant, c'est un peu déceptif.
39:12 Oui, c'est redevenu vraiment pas cher, pour dire les choses d'une certaine manière.
39:18 Julien Pierre, dans la gestion diversifiée de l'hasard, est-ce que les équilibres
39:22 ont bougé ? Qu'est-ce qui reste constructif ? Sur quoi est-ce que vous restez constructif
39:26 pour la suite ?
39:27 Sur les actions, on reste très prudent.
39:29 On pense que le marché… Il y a quand même une récession très probablement devant
39:36 nous.
39:37 On sait qu'historiquement, ce n'est pas des événements très agréables pour les
39:39 investisseurs actions.
39:40 Donc, on préfère rester prudent, surtout que, voilà, aujourd'hui, l'obligataire
39:45 de bonne qualité rémunère bien.
39:48 On commence à ajouter de la duration dans nos portefeuilles parce que, quelque part,
39:56 à un moment, on sait qu'il y aura peut-être encore une, deux hausses des taux courts aux
40:01 US, mais le marché, après, pricera à plus long terme des baisses de taux, surtout si,
40:09 effectivement, davantage de signes de retournement du cycle.
40:13 Donc là, c'est des points d'entrée.
40:14 La correction obligatoire de la semaine dernière, pour vous, c'est des points d'entrée
40:18 là.
40:19 Oui.
40:20 Et voilà, on attend.
40:21 On continue de regarder les données.
40:24 On voit des créations d'emplois qui ralentissent, petit à petit, et on se dit que ce genre
40:33 de choses finit généralement pas très, très bien.
40:35 Prudence, effectivement.
40:36 Merci beaucoup, en tout cas, à vous trois pour cet éclairage sur la situation de marché
40:41 et vos convictions d'investissement à mi-parcours de cette année 2023.
40:46 Delphine DiPietro-Thivier était avec nous, Indos US Wealth Management, Jean-Jacques
40:50 VégaEM et Julien Pierre Nouan, Lazare Frères Gestion.