Jeudi 20 mars 2025, retrouvez Sébastien Djaoui (Gérant actions asiatiques, La Financière de l’Échiquier), Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management), Zakaria Darouich (Responsable des solutions d’investissement Taux/Crédit, CPR AM) et Julien-Pierre Nouen (Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée, Lazard Frères Gestion) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés.
00:13Chaque jour du lundi au vendredi, vous nous retrouvez à 20h30 si vous nous suivez à
00:16la télévision via vos box et vous nous retrouvez en parallèle tous les jours également en
00:20replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25Au sommaire de cette édition ce soir, des prises de profit un peu généralisées sur
00:30les grands trades gagnants de ce début d'année 2025.
00:33Ainsi on voit l'euro dollar qui redescend d'un petit cran sous 1,09, on voit également
00:39les actions européennes ou encore les actions asiatiques et chinoises ce matin qui rendaient
00:43un peu de performance, le CAC étant en baisse d'à peine 1% aujourd'hui et à l'inverse
00:49on tente de racheter timidement les actions américaines dans le sillage de la réunion
00:55de la réserve fédérale américaine hier soir qui a été plutôt perçue comme étant
01:00encore accommodante si je puis dire, c'est la réaction de marché qu'on a pu observer
01:04notamment sur les marchés obligataires ou encore sur les marchés d'actions américains
01:08mais le niveau d'incertitude a tellement augmenté que ce soit pour les risques sur
01:13la croissance à la baisse ou les risques sur l'inflation à la hausse que les perspectives
01:18offertes par la réserve fédérale américaine et Jérôme Pouels sont sans doute de plus
01:22en plus fragiles sur la suite, la Fed qui continue de signaler à travers son nuage
01:27de points deux baisses de taux peut-être au cours de cette année 2025 mais tout dépendra
01:33évidemment de la conduite de la politique économique par Donald Trump et ses équipes
01:37avec un rendez-vous désormais bien identifié, la date du 2 avril qui sera la date du jour
01:43de libération de l'Amérique nous dit désormais Donald Trump, on inscrit cette date dans le
01:47narratif politique de Donald Trump bien sûr avec la perspective de tarifs dits réciproques
01:55sans qu'on ait pour l'instant beaucoup de précisions sur les contours de ces tarifs
01:59et la manière dont ils pourraient être designés pour le reste du monde.
02:03Voilà pour la situation de marché aujourd'hui, discussion à suivre bien sûr sur ces sujets,
02:08la Fed, l'Europe qui change de visage avec nos invités dans quelques instants et puis
02:13sur le plan des entreprises, on notera une lourde chute aujourd'hui sur le marché parisien,
02:18la chute de Sodexo qui a publié en avance ses résultats et qui annonce une baisse de
02:26ses objectifs sur les prochains mois et les prochains trimestres, Sodexo qui réalise plus
02:31de 40% de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord, une zone qui s'est considérablement
02:36affaiblie en termes de croissance sur le trimestre écoulé.
02:39Pauline Grattel vous apportera plus de détails dans un instant.
02:42Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir, nous nous focaliserons sur
02:45les actions chinoises, le nouveau souffle des actions chinoises qui enregistre un rebond
02:51spectaculaire depuis le dernier point bas du mois de janvier et notamment les actions
02:55offshore sur le marché de Hong Kong.
02:58L'indice de Hong Kong, Ang Sen, a bondi de plus de 25% sans doute depuis le point bas
03:04de janvier.
03:05Avec un spécialiste des actions asiatiques et chinoises, Sébastien Djaoui qui sera notre
03:09invité dans ce dernier quart d'heure, donc gérant actions à la financière de l'échiquier.
03:24Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
03:28les marchés avec Pauline Grattel.
03:29Bonsoir Pauline.
03:30Les indices actions en Europe marquent le pas aujourd'hui.
03:33Après quatre séances de hausse, le CAC 40 consolide, sans doute victime de quelques
03:37prises de profit.
03:38Aujourd'hui, l'indice parisien tourne autour de 8100 points.
03:41Le DAX cède plus de 1% au cours de la séance et le STOXX 600 évolue dans le rouge également.
03:47Côté américain, les indices évoluent à la hausse après que la Fed a opté hier soir
03:51pour un statu quo, laissant ainsi son taux directeur inchangé à 4,50%.
03:55La Fed effectivement qui souligne une période d'incertitude envahissante.
04:00Oui, une incertitude engendrée par la politique de Donald Trump.
04:03La Fed revoit ainsi à la baisse ses prévisions de la croissance américaine de cette année
04:08à 1,7% contre 2,1% auparavant.
04:11A l'inverse, les perspectives d'inflation ont été revues en légère hausse à 2,7%
04:16à cause de l'impact que pourrait avoir la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump.
04:20Mais pour autant, la Fed envisage toujours deux baisses de taux cette année.
04:24D'autres banques centrales se prononçaient ces dernières heures et notamment aujourd'hui
04:27avec par exemple la Banque Nationale Suisse.
04:29Oui, la Banque Nationale Suisse annonce une baisse de 25 points de base de son principal taux directeur
04:34le ramenant ainsi à 0,25%.
04:37C'est la sixième baisse consécutive pour la BNS qui a également revu ses prévisions d'inflation
04:42en légère hausse, plus 0,4% pour cette année.
04:45On attendait également la Banque d'Angleterre aujourd'hui qui a maintenu son taux directeur inchangé à 4,50%
04:51et prévoit toujours une approche graduelle et prudente pour de futures baisses des taux.
04:56Quels sont les équilibres qu'on observe sur les marchés obligataires
04:58après toutes ces décisions de Banque Centrale, Pauline ?
05:01Après la décision de la Fed, le dollar reculait légèrement hier soir
05:04mais regagne un peu de terrain aujourd'hui face aux grandes devises
05:07et l'euro-dollar s'établit autour de 1,0820 sur le marché obligataire.
05:11Le rendement américain à 10 ans cède une dizaine de points de base depuis hier soir à 4,20%.
05:16En Europe, le rendement allemand à 10 ans se détend autour de 2,75%
05:21et le spread franco-allemand évolue à environ 70 points de base.
05:24L'actualité des entreprises avec pour commencer Sodexo qui dévisse littéralement aujourd'hui.
05:30Oui, Sodexo plonge de 20% au cours de la séance, une chute presque historique
05:34après avoir publié ses comptes semestriels par surprise en avance
05:38et révisé à la baisse les perspectives de son exercice 2024-2025.
05:43Le groupe de restauration collective subit un très fort ralentissement de la croissance en Amérique du Nord
05:47alors que cette région représente 44% de son chiffre d'affaires.
05:51Sodexo publiera ses comptes du premier semestre définitif le 4 avril prochain.
05:56A l'inverse, on notera le bond d'Eurofins en tête du CAC 40 ce soir.
06:00Oui, le titre étant hausse de 8% après l'annonce d'un cinquième programme de rachat d'actions
06:04pour un montant maximal de 4,5% du capital social.
06:08Ce programme commence aujourd'hui et se terminera le 19 mars 2026.
06:12Et puis on suit également les derniers développements autour de Nvidia
06:17qui tient cette semaine sa grande conférence annuelle.
06:20Oui, et dans la continuité de Nvidia qui présentait hier ses nouvelles puces,
06:25Jensen Huang a annoncé lors d'une interview investir des centaines de milliards de dollars
06:29dans les puces Made in USA au cours des quatre prochaines années.
06:33Le titre ouvrant hausse de 1%.
06:35Quels seront les rendez-vous de demain sur les marchés pour finir la semaine Pauline ?
06:39Demain, ce sera une journée de déchéance.
06:41La journée, la séance des quatre sorcières sur les marchés
06:44avec l'arrivée à expiration de plusieurs produits dérivés.
06:46Et du côté des résultats, les investisseurs arbitreront ceux de Nike, FedEx et Micron
06:51publiés ce soir après la clôture des marchés.
06:53Tendance mon ami.
06:54Chaque soir en ouverture de Smart Bourse,
06:56Pauline Grattel vous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
07:09Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète.
07:11Marché Vincent Juvin, c'est à nos côtés.
07:14Et stratégiste chez JP Morgan, Asset Management.
07:16Bonsoir Vincent.
07:17Bonsoir Grégoire, bonsoir à tous.
07:18Julien Pierre-Nour, directeur des études de la gestion diversifiée de Lazare Frères Gestion
07:22nous accompagne également.
07:23Bonsoir Julien-Pierre.
07:24Et nous accueillons à nos côtés enfin Zakaria Darwish,
07:27responsable des solutions d'investissement taux et crédits chez CPR, Asset Management.
07:32Bonsoir Zakaria.
07:33Bonsoir.
07:33Merci d'être là.
07:34Ravis de vous retrouver tous les trois messieurs.
07:36C'est la question.
07:37Alors je voulais glisser en off avant de démarrer l'émission.
07:40Mais la question étant de savoir si la Fed a été au quiche ou doviche hier soir Zakaria.
07:46Alors...
07:48Vous avez eu le temps de réfléchir du coup.
07:51Si on regarde la réaction du marché, baisse des taux d'intérêt,
07:53resserrement des spread de crédit, marché action hausse,
07:57la première conclusion qu'on peut en tirer c'est que les différents intervenants de marché
08:01ont une lecture plutôt doviche de la Fed avec ce qu'on appelle le fameux put-fed qui s'est mis en place.
08:08C'est-à-dire que la Fed va être là sous le moindre ralentissement économique
08:12pour imprégner une politique monétaire plus expansionniste et soutenir ainsi l'économie.
08:21Voilà, tout à fait.
08:22Après en fait on peut avoir une lecture si on prend uniquement les projections des membres de la Fed,
08:28indépendamment du discours de Powell qui a accentué ce côté doviche.
08:34On peut se questionner sur cette interprétation.
08:37Notamment on voit que la croissance a été révisée à la baisse, en dessous du potentiel à 1,8 sur l'horizon de prévision.
08:48Mais on voit aussi que l'inflation a été revue à la hausse, l'inflation core notamment.
08:54Et avec le mot-clé d'hier, c'est l'incertitude.
08:58Avec une incertitude, 18 répondants sur les 19 du membre de la Fed
09:04ont répondu qu'ils avaient une incertitude sur ce forecast.
09:08Et cette incertitude n'est pas symétrique, c'est une incertitude à la hausse de l'inflation.
09:12C'est-à-dire qu'ils s'attendent à ce que l'inflation arrive à 2% en 2027.
09:15Mais le risque c'est que ce soit plus.
09:20Donc en fait, si on se limite à ces données chiffrées qui sont objectives,
09:30c'est plutôt un meeting de la Fed qui est plutôt au quiche.
09:36Dans le sens où la Fed aura peut-être les mains liées, même en cas de ralentissement,
09:41que ce soit de facteurs économiques structurels ou de la guerre commerciale qui s'annonce.
09:48La Fed ne pourra peut-être pas être aussi active qu'elle le voudrait s'il y a ce sujet d'inflation.
09:54La pire de toutes les situations pour une banque centrale,
09:56c'est celle peut-être que signale la Fed, en tout cas dans les risques qui pourraient se matérialiser,
10:02avoir moins de croissance que ce qu'on anticipe alors qu'on a déjà baissé les perspectives de croissance
10:08et plus d'inflation que ce qu'on projette alors qu'on a déjà relevé nos projections d'inflation.
10:13Voilà tout à fait.
10:14Et dans ce genre de cas, on n'est pas sûr de savoir si la Fed baisserait ses taux
10:19parce que la croissance est inférieure à ses propres anticipations
10:24ou si elle les montrait parce que l'inflation est supérieure à ses propres anticipations.
10:29Historiquement, on pourrait penser que la Fed privilégierait,
10:34même s'il a un mandat dual sur l'inflation et la croissance,
10:37on pourrait privilégier l'inflation si on voit un désancrage qui est marqué.
10:42Beaucoup citent l'enquête de Michigan de la semaine dernière
10:49même s'il y a des biais énormes entre votants démocrates et républicains.
10:53Si on a dans ce scénario de telle sorte, la Fed clairement privilégierait
10:59la limitation de désancrage des anticipations d'inflation.
11:03Ce que la Fed peut tolérer, c'est que les anticipations d'inflation à terme augmentent un peu.
11:08Le désancrage est problématique.
11:11On peut le voir par exemple en 2022 où on pensait que finalement
11:16la hausse forte des taux de la Fed va créer une récession aux Etats-Unis.
11:22Dans ce cas de figure-là, la Fed a quand même choisi de monter ses taux
11:25une fois qu'elle s'est rendue compte qu'il y avait ce désancrage qui commençait à se mettre en place.
11:29Donc on peut penser que dans ce scénario-là, la Fed va aller dans ce sens.
11:33Est-ce que le Président Trump laisserait la Fed faire ça ?
11:38L'idée qu'il puisse y avoir une nouvelle bosse d'inflation notamment liée aux tarifs
11:43a été évidemment au cœur du sujet de la conférence de presse de Jean-Romain.
11:47Pourquoi pas ? On peut le tolérer, mais il ne faut pas que les anticipations d'inflation
11:52se désancrent sur ces questions.
11:55Voilà, et je pense que c'est pour ça que la Fed met l'accent,
11:58d'ailleurs la Fed et toutes les banques centrales qui ont pu communiquer là-dessus,
12:01mettent l'accent sur leur interprétation et leurs calculs, leurs estimations
12:05sur le fait que l'impact des barrières douanières va être à moins offre.
12:09Si on commence tout de suite à communiquer pour dire que finalement,
12:12en fait cet impact va être potentiellement à long terme,
12:16on peut inciter les différents acteurs économiques à désancrer quelque part
12:22ces anticipations d'inflation.
12:24Et on retrouve donc le qualificatif transitoire qui a été à nouveau utilisé
12:28par Jérôme Poel hier soir pour qualifier l'idée d'une bosse d'inflation
12:33liée aux tarifs de notre scénario central à ce stade
12:36et que cette bosse d'inflation pourrait être transitoire.
12:39Julien Pierre, sur la Fed.
12:41Oui, c'est vrai qu'en...
12:43Pour résumer sur la Fed, je pense que dans un contexte très incertain,
12:47ils essaient de se ménager toutes les voies possibles.
12:52L'anecdote nous dit effectivement que si on a une croissance qui tient,
12:57on a ce sujet d'inflation, et bien on va rester peut-être sur ce scénario
13:02de deux baisses, peut-être moins, ça s'est joué à pas grand chose
13:06d'avoir seulement une baisse en scénario médian, ça s'est joué à un votant.
13:11En fait, je pense la question, on peut aussi la poser de la manière suivante,
13:18c'est de savoir où est le niveau d'activation du poudre de la Fed.
13:22Il y aura un poudre de la Fed, c'est-à-dire que la Fed ne laissera pas
13:25l'économie américaine se crasher, même s'il y a un sujet d'inflation.
13:30Maintenant, le seuil à partir duquel il sera activé est peut-être plus bas
13:35que ce qu'il a pu être par le passé. En 2018, on avait eu une baisse du marché
13:40de 20% qui avait fait effectivement changer de braquet la Fed.
13:46À l'époque, Jérôme Powell disait qu'il était un peu en pilote automatique
13:49dans les hausses de taux, et puis quelques mois plus tard, non,
13:52on repart à la baisse de taux parce qu'il y a eu ce gros choc sur les marchés.
13:56Mais il n'y avait pas de sujet d'inflation à l'époque,
13:58même si on avait effectivement les droits de douane.
14:00C'est vrai qu'en théorie, les droits de douane, c'est un choc,
14:05un one-off sur les prix. Maintenant, ça vient après une période
14:09où l'inflation a quand même été pendant assez longtemps forte.
14:13L'accumulation de choc peut faire qu'on a un décalage des anticipations.
14:19Et c'est vrai que lorsqu'on regarde les enquêtes encore aujourd'hui
14:22dans le filifède sur les composants de prix, ça accélère fortement.
14:27Donc, je pense que ça va être un sujet. Il y a aussi d'autres volets
14:31de la politique Trump à prendre en compte. La lutte contre l'immigration,
14:34ça resserre aussi le marché du travail. Est-ce que les salaires ralentiront
14:39aussi fortement que ce qu'ils avaient fait grâce à cette grande arrivée
14:44de main-d'oeuvre en 2022-2023 ? Ça va aussi faire partie des sujets
14:48qui vont être importants pour cette question de l'inflation
14:52et donc, in fine, de la Fed pour les marchés.
14:55Trump, ça reporte, ça décale dans le temps le retour à l'objectif
15:00d'inflation de la réserve fédérale américaine, c'est ça ?
15:03Oui, sans doute. Déjà, on le voit lorsqu'on regarde les chiffres d'inflation.
15:07L'inflation core, elle est en train de se stabiliser sur un niveau
15:11qui est plutôt 2,5-3% que les 2% de la Fed. Si on est autour de 2,5%,
15:16je pense que c'est tolérable pour la Fed. Mais si on se stabilise
15:19et qu'on voit des signes de réaccélération, une inflation qui se mettrait
15:23à réaccélérer vers les 3% en glissement annuel, sur l'inflation core,
15:27je pense que ça serait assez compliqué pour la Fed.
15:29Et là, le risque d'inflation concerne les prix des biens, c'est ça ?
15:33Ce sont les biens de consommation, notamment, dont les prix pourraient
15:37repartir à la hausse. Alors que là, on était très focalisés sur une inflation
15:42domestique de services. Là, le risque va porter sur l'autre partie
15:46de l'inflation, c'est ça ?
15:48Oui, tout à fait. Et puis, il y a un autre facteur aussi à prendre en compte,
15:51c'est que lorsqu'on regarde le marché de l'immobilier, et notamment sur
15:55l'habitat collectif, on a eu une bosse d'arrivée sur le marché de biens
16:01qui ont aidé aussi à résoudre les tensions de ce marché immobilier.
16:05Il y a quand même eu moins de mise en chantier récemment, donc est-ce qu'on
16:09risque pas de retendre un peu le marché du logement, qui a été aussi
16:13une composante importante de l'inflation des services ?
16:16Donc oui, le sujet de l'inflation n'est pas totalement résolu,
16:21et il risque même de revenir au premier plan pour la Fed.
16:24Qu'est-ce que vous retenez de la conférence de Jérôme Poel hier soir,
16:28bien sûr, Vincent, et de ce qui va faire bouger la fonction de réaction
16:32de la Fed dans les prochains mois et les prochains trimestres ?
16:35Tout en souscrivant à ce qu'ont évoqué Zachariah et Julien Pierre,
16:38je pense qu'en effet les marchés ont clairement une interprétation
16:40deviche de cette réunion, et même si je souscris à cette idée que
16:44l'inflation restera évidemment un des paramètres centrales pour la Fed,
16:47on se rend quand même compte que l'économie américaine a reçu un choc,
16:50en tout cas de confiance, qui est quand même important,
16:53notamment sur les services, les PMI services sont fortement baissés,
16:56c'est quand même assez spectaculaire je trouve, notamment sur la partie
17:00de l'économie qui devait répondre positivement à l'arrivée de Donald Trump,
17:03en ce qui compte en l'occurrence les petits et moyens entreprises,
17:06la baisse de l'indicateur confiance NFIB était tout à fait importante,
17:10et puis le moteur de l'économie américaine, les consommateurs,
17:13ne savent plus non plus à quel sens vouer, notamment en raison des craintes
17:16sur l'inflation. Donc je pense que, certes, historiquement c'est vrai
17:19que cette inflation est un paramètre important, j'y vois plutôt une bosse
17:22temporaire en effet, le risque il est peut-être, comme Julien Pierre l'évoquait,
17:27sur le marché du travail, c'est vrai que les tensions induites
17:30par la politique migratoire, là, pourraient amener quelque chose
17:33de plus durable dans cette inflation, et c'est sans doute quelque chose
17:36auquel il faudrait être plus vigilant, mais on a revu, nous, comme l'a fait,
17:40sensiblement nos perspectives de croissance à la baisse,
17:42c'est quand même de 2,1 à 1,7 sur 2025, c'est une forte révision à la baisse,
17:47donc voilà, chez nous on est même en delà d'un 7, alors qu'on avait en décembre
17:52encore une estimation à presque 2,5, donc le choc sur le premier trimestre
17:56va quand même être tout à fait significatif, et il touche des moteurs économiques
17:59qui ont été importants et relativement contributeurs ces derniers mois,
18:02donc moi j'en retiens quelque chose de doviche à juste titre,
18:06ou en tout cas j'apporte un regard un peu contrariant,
18:09même si je suis assez d'accord avec ce qu'évoquait Zakaria,
18:11que la croissance ça pourrait vraiment être un sujet de préoccupation aussi
18:15aux Etats-Unis dans ce contexte-là, maintenant gardons à l'esprit
18:19qu'on a un peu le mauvais Trump ici en début d'année,
18:22et c'est un petit peu le mauvais côté de son agenda,
18:25qui reste quand même évidemment des mesures fiscales qui doivent peut-être reprendre plus tard cette année,
18:29et qui pourraient là redonner un petit peu plus d'enthousiasme.
18:32On n'a eu que le bâton pour l'instant ?
18:34Sur la fiscalité des investissements en recherche de développement,
18:36sur la fiscalité tout court, donc là on pourrait peut-être avoir,
18:39je dirais un petit peu quelque chose de plus positif.
18:42Mais voilà, je retiens en tout cas comme les marchés, comme le marché aujourd'hui d'ailleurs,
18:45plutôt l'aspect positif de cette politique monétaire,
18:48où les baisses de taux sont quand même assurées pour cette année,
18:51compte tenu du trou d'air économique auquel on fait face aujourd'hui.
18:54Oui c'est quand même un point de révision de la baisse pour la croissance américaine en quelques mois,
18:57avec le choc de confiance, rien que le choc de confiance et d'incertitude,
19:01justifie qu'on enlève un point de croissance sur l'année pour l'économie américaine.
19:08C'est ce que Donald Trump appelle une période de transition,
19:11un régime où on passerait de croissance au-delà du potentiel,
19:14ça fait quoi, au moins deux ans que l'économie américaine,
19:17trimestre après trimestre, est au-dessus de son saut potentiel,
19:20pour revenir pendant quelques trimestres au moins sous le potentiel,
19:23c'est ça une période de transition ?
19:25Ça c'est une transition turbulente, et alors paradoxalement...
19:28Parce que si c'est un et demi, c'est pas si mal encore.
19:31Oui mais ça peut être peut-être, pourquoi pas, plus faible, j'en sais rien.
19:36Comme on l'a évoqué, c'est que c'est conjugué évidemment avec une inflation qui remonte,
19:39donc c'est vrai que pour l'électorat de Donald Trump,
19:41ou les américains de manière générale,
19:43c'est évidemment en tout cas une transition plutôt difficile à avaler.
19:47Donc c'est vrai que cet électorat va se trouver squeezé des deux côtés,
19:50c'est moins de création d'emplois, moins d'activité économique,
19:53et un coût de la vie qui reste élevé, un coût de l'immobilier qui reste élevé,
19:56donc c'est vrai que ça va être quand même,
19:58en tout cas pour la base électorale de Donald Trump,
20:00ça va quand même être plutôt difficile à avaler à mon avis comme pilule.
20:03Et oui, je trouve qu'objectivement, ça semble pas l'alerter,
20:07ni Wall Street, ni Main Street pour l'instant,
20:09on verra un petit peu qui, ce qui finalement,
20:12fera bouger Donald Trump dans les mois prochains.
20:14Quelle est sa fonction de réaction ?
20:16Après le bâton, il faudra quand même venir avec un certain nombre de carottes, je pense.
20:20C'est peut-être la stratégie, le séquençage a peut-être été imaginé comme ça.
20:25En tout cas, la seule certitude qu'on a,
20:27et c'était une des incertitudes de décembre,
20:29est-ce que finalement les discussions tarifaires sont une technique de négociation
20:32ou une réelle menace ?
20:33Il y a quand même un petit peu plus des deux,
20:35on voit quand même qu'il y a moyen en tout cas de négocier avec Donald Trump,
20:39il faut trouver les bons mots,
20:40alors le Canada ne les a pas tout à fait trouvés,
20:42le Mexique a été un petit peu plus fin en la matière.
20:45On verra si l'Europe finalement, dans ce contexte-là,
20:47trouve une voie aussi pour sortir de la crise.
20:50Moi, je n'avais pas de doute que le Trump transactionnel existait toujours.
20:53Là où je suis surpris,
20:54c'est que je trouve qu'il y a quand même une vision un peu plus dogmatique,
20:57en tout cas chez certaines personnes qui l'entourent à des postes économiques clés,
21:01pour nous dire que les tarifs, c'est là pour durer,
21:05que oui, ça peut jouer dans la négociation,
21:07mais que c'est aussi demain une source de revenus pour l'État fédéral américain,
21:13que c'est une manière de remettre le système monétaire mondial aussi à l'avantage des États-Unis.
21:19Ils sont persuadés que le système leur est défavorable,
21:21que ce soit le système commercial ou le système monétaire,
21:23donc il y a aussi quand même un truc un peu structurel dans la pensée autour des tarifs.
21:31Merci Trump et merci pour cette vision,
21:33parce qu'aujourd'hui on voit que dans les deux autres grandes économies mondiales,
21:36la Chine et l'Europe, ce qui se passe aux États-Unis,
21:38a forcé les autorités à prendre leur avenir en main,
21:41et je dirais qu'en Europe on le sent très bien avec les décisions allemandes
21:44et les futures décisions européennes,
21:46mais on l'a vu en Chine aussi, qui s'est réveillée également sur le soutien à la consommation,
21:49c'est tout à fait inouï.
21:51C'est le mauvais Trump pour les États-Unis, mais c'est le bon Trump pour le reste du monde pour l'instant.
21:55Voilà, parfois à voir.
21:57Trump et Powell, vous le disiez d'un mot tout à l'heure,
22:00il l'a plutôt laissé tranquille jusqu'à présent.
22:03Il met un petit tweet Trump pour dire qu'il faut que la fête baisse les taux, etc.
22:07Bon, son objectif de marché c'est la baisse des taux longs,
22:10les taux longs ont baissé hier.
22:12D'une certaine manière, Jérôme Powell n'est pas monté au créneau
22:17ou en confrontation brutale avec Trump à ce stade.
22:22C'est peut-être aussi la casquette de Powell pendant la conférence de presse.
22:27On peut penser, on peut interpréter ça également comme une motivation
22:31pour essayer de garder quelque part cette indépendance par rapport à l'exécutif.
22:37Aujourd'hui, je pense que Trump laisse tranquille Powell
22:43parce qu'on n'est pas dans une situation conflictuelle
22:46où la fête devrait privilégier l'inflation sur la croissance.
22:51Et tant qu'on est dans ce schéma-là, on peut s'attendre, bien entendu,
22:55Trump, on connaît le personnage, donc on peut s'attendre à quelques sorties,
22:59mais que globalement il n'y a pas d'interférence.
23:02La question va se poser vraiment si on se retrouve dans ce scénario de risque
23:05où l'inflation réaccélère.
23:07Tant que ce n'est pas le cas, on va rester dans une ou deux baisses par an sur l'année.
23:12Il n'y a pas de sujet.
23:14Il aura des baisses de taux.
23:16Le fait que Jérôme Powell annonce un ralentissement
23:20de la réduction du bilan de la réserve fédérale américaine,
23:23alors sur la partie treasuriste qui courait à 25 milliards par mois,
23:27on ne va plus réinvestir que 5 milliards, c'est ça ?
23:31Voilà, exactement.
23:33On ne va plus prendre que 5 milliards au marché.
23:35On est dans la réduction du bilan.
23:37On était sur un système où, en gros, tout ce qui tombe, on le réinvestit.
23:41Et puis après, on a capé cela pour enlever 25 milliards par mois.
23:47Et là, dorénavant, la fête ne va enlever que 5 milliards par mois
23:51en citant des tensions sur le marché monétaire,
23:54sur la tuyauterie du marché monétaire.
23:58L'élément positif, c'est que le marché va avoir à absorber moins de treasuristes.
24:04En gros, 20 milliards par mois sur les 9 mois,
24:07donc ça fait 180 milliards sur l'année.
24:10C'est nécessaire d'annoncer ce genre d'opération technique ?
24:20Il dit que ce n'est pas de la politique monétaire.
24:23On ne peut pas en faire un outil de politique monétaire.
24:25Mais bon, ça soulage quand même, vous disiez, le marché de 180 milliards.
24:29Exactement, oui. En fait, on voyait quelques micro-tensions sur le marché.
24:33Mais rien qui ne poussait à une réaction tout de suite.
24:37C'est peut-être aussi pour contrebalancer l'effet des annonces, des projections.
24:43Mais en gros, ça fait 180 milliards de moins.
24:45Donc ça contribue nécessairement à la baisse des taux.
24:48Et ça va également dans le bon sens, dans ce sens-là.
24:51On a vu la baisse des talons hier, sans doute liée aussi à cette annonce de la réserve fédérale américaine.
24:57Qu'est-ce qui nous attend le 2 avril, Julien Pierre ?
25:00Au-delà du fait que ce sera donc, dans le narratif politique de Trump,
25:04le jour de libération de l'Amérique, désormais.
25:06Une date sacrée, là.
25:08Voilà, donc pour rappel, début avril,
25:11Donald Trump reçoit un rapport sur les pratiques commerciales des autres pays.
25:16Un rapport qui devrait donner un peu une base pour annoncer de nouvelles mesures.
25:21Donc est-ce que ce seront ces fameux droits de douane réciproques ?
25:24Et si oui, qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
25:27Est-ce que c'est au niveau du pays en moyenne, par catégorie de produits ?
25:31Il y a beaucoup de flou là-dessus.
25:33On a très peu de détails.
25:36Et puis, et donc, on va voir.
25:40Et il faudra voir aussi, dans un deuxième temps,
25:43comment les autres parties répondent.
25:47Est-ce que c'est une réplique à la chinoise,
25:51donc très mesurée par rapport à ce qui a été fait,
25:53ou une version un peu plus maximaliste,
25:55comme ce qu'a pu faire le Canada jusqu'à présent ?
25:58Et plus les réponses sont fermes,
26:02plus le risque d'escalade est important,
26:05plus le risque perdant-perdant est important à l'arrivée.
26:08C'est comme ça qu'il faut comprendre les choses, Julien Pierre ?
26:10Il peut y avoir plein de bonnes raisons d'être ferme face aux tarifs de Trump.
26:13Mais ça peut avoir aussi un coût économique ?
26:16Ça a un coût économique, évidemment.
26:18Ça a un coût économique pour les deux parties.
26:21Beaucoup pour les États-Unis.
26:25Lorsqu'on regarde les simulations qui sont faites
26:27par les instituts spécialisés dans le commerce international,
26:30ils disent que, de ce contexte de guerre commerciale,
26:32les deux grands perdants, ça reste quand même les États-Unis et la Chine.
26:35À condition d'avoir des augmentations réciproques.
26:39L'Europe pourrait finalement pas trop mal s'en sortir,
26:45parce que, mine de rien, le renchérissement des importations américaines,
26:50c'est aussi le renchérissement des exportations américaines
26:53qui utilisent des intrants venant du reste du monde.
26:56Sur le risque de guerre tarifaire généralisée,
27:01pour l'instant, c'est que de la spéculation.
27:04Mais le 2 avril, visiblement, il va quand même se passer quelque chose, Vincent.
27:09Oui, je pense qu'en Europe, on a aussi du souci à se faire par ailleurs.
27:13Mais oui, on verra un peu ce qu'il en est.
27:16On a quand même un excédent commercial qui continue à croître des États-Unis.
27:19C'est quelque chose qui ne va certainement pas être très bien perçu à Washington.
27:22Donc prudence. On temporise l'Europe aussi.
27:26On a décalé un peu la réponse.
27:28On va avoir une première phase de réponse dès le début avril.
27:31Et finalement, on verra plutôt mi-avril.
27:34On marche sur des oeufs en Europe.
27:36Il ne faut pas oublier qu'on a quand même compliqué la vie d'un certain nombre d'entreprises américaines.
27:39Avec nos sanctions sur les géants de la tech, sur nos normes, notre réglementation.
27:44Notre cathédrale normative.
27:46Dans beaucoup de domaines.
27:47N'oublions pas non plus, moi, un de mes sujets de prédilection,
27:49qu'on a quelque chose qui est en gestation pour le 1er janvier 2026,
27:52qui est la mise en application de notre Carbon Border Adjustment Mechanism,
27:55qui est finalement un tarif vert, mais néanmoins un tarif.
27:59TVA, taxe carbone, tout ça, c'est vu comme un tarif par l'administration Trump.
28:02Et ceux qui ont le plus à perdre, c'est les Américains.
28:04Parce que les Chinois, ils taxent quand même déjà un peu le carbone.
28:06Les autres aussi, les Américains, c'est zéro, à part certains Etats.
28:09Mais c'est ridicule.
28:11Donc, nul doute que dans ce rapport qu'il vise à délivrer,
28:14on lui, en tout cas, annoncera quand même un peu la couleur,
28:16que l'Europe est en train de préparer ceci.
28:18Et que c'est quelque chose qui, évidemment, va tomber un petit peu mal pour les Américains.
28:22Donc, prudence, certainement pour les économies exportatrices.
28:25Inflation aux Etats-Unis.
28:26Mais chez nous, il y a quand même certainement, dans certains secteurs clés, des questions à se poser.
28:30Malheureusement pour la France, c'est vrai que je ne sais pas pourquoi,
28:32mais c'est vrai que quand il y a un peu des barrières tarifaires qui augmentent,
28:34c'est toujours le vin, ou c'est l'huile d'olive d'Italien, ou ça, etc.
28:37Il y a un peu comme ça, un peu des totems de barrières tarifaires.
28:42Il n'y a pas d'autres termes.
28:44Et c'est Barley et Davidson de l'autre côté.
28:46Mais pour certains secteurs, certaines catégories de produits,
28:49c'est évidemment quelque chose à suivre avec grande attention.
28:52Restons sur l'Europe, si vous voulez bien, Vincent.
28:56Il y a le risque Trump, évidemment, à compter du 2 avril.
29:00Et puis, il y a le risque positif généré par une Allemagne qui a pris un virage budgétaire historique.
29:07On raconte ça depuis 15 jours, tous les jours dans cette émission.
29:10Mais je veux continuer d'en parler parce que je pense que c'est un moment important.
29:14Oui, c'est fantastique.
29:15Alors, c'est fantastique.
29:17Une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce que ça change pour l'Allemagne ?
29:19Qu'est-ce que ça change pour l'Europe ?
29:21Qu'est-ce que ça change pour l'investisseur et la manière dont il regarde l'Europe,
29:25dont il regardera l'Europe demain, par rapport à la manière dont il pouvait regarder l'Europe hier ?
29:30Je trouve que c'est vraiment un tournant.
29:33Alors, moi, je le rends objectivement.
29:34C'est quelque chose que je n'attendais plus.
29:36J'étais finalement un pessimiste structurel sur l'Europe parce que je ne la voyais pas à la hauteur.
29:40Alors, l'Europe institutionnelle est quand même encore un peu à la trême sur ce dossier,
29:43même si Riarm et autres sont des bonnes initiatives.
29:46Mais elles sont quand même un petit peu vides lorsqu'on creuse un petit peu.
29:49Ce que fait l'Allemagne est évidemment tout à fait tangible.
29:51C'est quelque chose qui va amener la plupart des analystes à revoir à la hausse
29:55le potentiel de croissance de l'Allemagne de manière assez substantielle.
29:58On réalise chaque année des hypothèses de marché à long terme.
30:01On verra de combien on l'augmente pour l'Allemagne.
30:04Mais enfin, ce sera quand même significatif.
30:07L'Allemagne redevient la locomotive économique de l'Europe alors qu'elle était un petit peu le maillon faible.
30:11Ces dernières années, c'était plutôt le pays malade en Europe.
30:15C'était le seul pays européen qui avait les moyens et le devoir d'investir.
30:18Ils le font et tireront dans leur sillage un certain nombre d'autres pays.
30:22Par ailleurs, je note que dans la coalition allemande, il y a quand même un peu cette dimension européaniste
30:27qui va de pair avec ce programme d'investissement.
30:32C'est doublement intéressant.
30:34A l'heure où d'autres pays sont plus contraints dans leur capacité de relance budgétaire.
30:39Je ne vise ici personne.
30:40On sent évidemment qu'en France, en Italie, en Belgique, on ne va pas pouvoir en faire autant.
30:45Il y aura certainement un appel d'air assez significatif derrière.
30:49Oui, on voit d'ailleurs que ça fait qu'aujourd'hui à Washington, à Hong Kong ou autre,
30:53la perception de l'Europe a quand même changé.
30:56On le disait l'an passé, il y avait un certain nombre de prérequis pour que l'Europe puisse reperformer.
31:00Il fallait déjà qu'on ait une espèce de paix en Ukraine.
31:03On ne l'a toujours pas, mais on parle de cesser le feu ou de paix tant à Moscou qu'à Washington, qu'à Kiev.
31:08D'une manière ou d'une autre, on aura bien quelque chose qui...
31:11C'est programmé par Trump.
31:14Et puis, une coalition pro-croissance en Allemagne.
31:17Et là, on a trouvé un artifice constitutionnel ou en tout cas un artifice politique pour faire passer cela.
31:23Ça change le statut des actifs européens pour des investisseurs globaux anglo-saxons
31:27qui se demandaient ces dernières années si ça méritait de regarder l'Europe.
31:33A certains égards, oui.
31:35Sur la croissance allemande qui, notamment sur les infrastructures, relançait l'industrie en Europe,
31:41c'était quand même un peu cette partie deep value.
31:43On voit que l'industrie est parmi les meilleurs secteurs depuis le début de l'année en termes de performance en Europe.
31:47Donc là, on va distiller évidemment nos investissements tout au long de la décennie à venir
31:51et veiller à ce que ces investissements trouvent essentiellement le chemin vers l'industrie européenne.
31:56On en parlait hors plateau, mais c'est vrai qu'aujourd'hui,
31:58à chaque euro dépensé en défense en Europe part pour plus de la moitié hors de l'Europe.
32:03Il faut quand même essayer de veiller à ce qu'il y ait un peu ce patriotisme,
32:07en tout cas en termes de dépenses de défense.
32:10Et ça, c'est une bonne chose, je pense.
32:12On parle de dérégulation.
32:13On l'a vu notamment pour le secteur automobile qui crie depuis des années que les normes CO2,
32:17c'est quelque chose qui les pénalise à tel point qu'ils sont obligés d'acheter des crédits carbone à Tesla, par exemple.
32:23Donc là aussi, cet alignement des astres fait qu'il y a quand même aujourd'hui une perception de l'Europe
32:30qui, tant d'un point de vue, je dirais géopolitique, macro-politique et autres, est déjà plus appétante.
32:35La valorisation, on le savait.
32:37C'est quelque chose aujourd'hui dans le secteur qui était resté en retrait.
32:40Et on a quand même toujours une BCE qui, au contraire de la Fed, a encore relativement une voie royale
32:46pour continuer à être enchanté avec le marché.
32:51Et nos banques s'en réjouissent.
32:55Donc oui, je pense qu'il y a réellement en tout cas matière aujourd'hui de plus optimiste sur l'Europe,
32:59grâce à ce qu'a fait l'Allemagne.
33:01L'Europe, les actifs européens peuvent redevenir stratégiques, structurels dans des portefeuilles
33:05avec tout ce qui se passe aujourd'hui, Julien Pierre.
33:09Vu les mouvements sur les années passées de flux qui sortaient un peu systématiquement de l'Europe,
33:16les investisseurs qui, en décembre dernier, se demandaient encore
33:22« Mais pourquoi avez-vous de l'Europe dans les portefeuilles ? »
33:24Je pense qu'effectivement là, on est sans doute dans une première phase de mouvement de balancier,
33:29un peu correction de cet excès de pessimisme de la fin de l'année dernière
33:34qui était arrivé à un niveau extrême.
33:36Après, c'est clair, je suis d'accord avec Vincent, que les perspectives de moyen terme sont clairement améliorées.
33:41Parce que pour l'Allemagne, ça devenait urgent.
33:44Je rappelle qu'en volume, le PIB allemand du dernier trimestre, ça nous ramenait à 2019.
33:505 ans sans croissance.
33:52Donc on a différents volets, la défense, l'infrastructure,
33:56aussi l'assouplissement du déficit pour les collectivités, enfin pour les lignes d'or.
34:02Et mine de rien aussi, des choses qui peuvent être assez intelligentes.
34:07C'est-à-dire que tout le monde a dit « Oui, mais est-ce qu'on a la capacité d'augmenter la production d'équipements militaires ? »
34:13Comme ça, Rheinmetall répond « On peut récupérer les usines de Volkswagen dont ils n'ont plus besoin. »
34:20Je pense qu'il y a des choses.
34:22Après, ce qu'il faudra bien avoir en tête, c'est le séquençage.
34:26Le séquençage, il n'est pas immédiat.
34:28C'est-à-dire que tout ça, ça va sans doute commencer à être visible dans les chiffres plutôt vers la fin de l'année 25 et clairement en 26.
34:38Avant, il y a effectivement, comme l'a dit Vincent, la menace des droits de douane de Trump qui pourrait arriver,
34:46mettre un petit coup de froid sur la confiance en Europe.
34:51C'est vrai que l'enthousiasme du marché à court terme, il ne peut pas être un peu douché par ces annonces de droits de douane ?
34:58Peut-être, mais par contre, ça créerait clairement des points d'entrée pour une phase beaucoup plus favorable.
35:03Un trou d'air sur les actifs européens.
35:05Beaucoup est dans les prix.
35:07Les prix ont intégré déjà beaucoup de bonnes choses.
35:09Mais vous dites qu'une logique « buy the deep » en Europe peut se mettre en place avec ces perspectives moyen terme qui sont réhaussées.
35:17Oui, c'est l'Allemagne, mais ça nous dit quand même qu'on ne va pas revenir dans les erreurs du passé de resserrement budgétaire trop rapide.
35:28On sait qu'il y a beaucoup de sujets sur lesquels il faut faire de l'investissement.
35:32Et donc, on commence à mettre en place les outils pour y arriver.
35:36En France, il y a ce produit d'épargne pour financer la défense.
35:42On peut penser qu'on aura un certain nombre d'autres initiatives.
35:45Il y a la capacité de financer ça domestiquement.
35:48Il y a beaucoup d'épargne domestique investie de manière très peu risquée.
35:53Et donc, on peut avoir un cercle vertueux qui se met en place.
35:56Je pense qu'avec le rapport Draghi, en septembre dernier, on est rentré dans une phase de prise de conscience chez les dirigeants européens
36:04dont on voit une nouvelle manifestation sur ces questions de défense et qui peut être porteuse sur plusieurs années.
36:14Qu'est-ce que ça change pour les actifs européens ?
36:17L'euro, la devise, le refuge ultime qui reste évidemment l'obligation souveraine allemande, le Bund,
36:25mais qui sera peut-être traité de manière différente demain, je ne sais pas,
36:29si l'Allemagne doit s'endetter à 70-75% de son PIB.
36:34Ça peut changer aussi des choses pour le Bund, par exemple, en tant qu'actif refuge ?
36:39Oui. Ce que les investisseurs ont en tête aujourd'hui, c'est qu'en gros, on va augmenter l'endettement,
36:46donc les taux d'intérêt devraient mécaniquement monter.
36:51Quelque chose qu'il faut savoir, c'est que le Bund aujourd'hui comme actif refuge, c'est un actif très rare.
36:56C'est-à-dire qu'il n'y en a pas assez au final.
36:58Donc ça pourrait pousser encore plus la vue sur le Bund comme étant un actif refuge à être utilisé un peu plus comme actif refuge.
37:07Ça rejoint le point de l'euro, c'est-à-dire que la question que se pose aujourd'hui beaucoup d'économistes
37:14sur le fait que le dollar est la valeur au refuge et c'est la devise de réserve,
37:19on peut peut-être assister à un petit mouvement, il ne faut pas être sur ce domaine trop ambitieux non plus malheureusement,
37:27c'est de réallocation vers l'euro comme actif refuge.
37:31Ce genre de programme et le fait que l'Europe montre d'un point de vue politique qu'on peut financer de façon conjointe,
37:38intelligemment sur des sujets qui mobilisent, avant c'était NGEU par rapport au COVID,
37:44aujourd'hui c'est sur le sujet de la défense, ça permet aussi de renforcer la cohésion européenne
37:52et donc de faire taire toutes les critiques sur l'euro comme quoi ce n'est pas une monnaie fiable.
37:56Et on le voit par exemple sur les spread de crédit, on voit que sur la France le spread de crédit se ressert par rapport à Allemagne.
38:03C'est non volé d'accords bureaux mais les spread se sont resserts.
38:06Voilà, c'est la même chose aussi pour l'Espagne, c'est la même chose pour l'Italie,
38:09on est vraiment dans les zones basses, c'est la même chose pour la Grèce également,
38:13on est dans des zones basses sur les spread de crédit et cette dynamique-là si elle continue de s'enclencher,
38:18on peut en fait assister quelque part à cette réallocation des actifs de réserve vers plus d'actifs européens.
38:27Et par rapport à la réallocation US versus Europe, on peut aussi citer l'enquête BOFA.
38:35Bien sûr, bien sûr, spectaculaire, le mois de mars.
38:3875% des répondants qui annoncent avoir réalloué des US vers l'Europe.
38:44J'ai vu le positionnement des investisseurs exposés aux actions américaines sur le mois de mars
38:49dans ce sondage mensuel de BOFA, c'est moins 40 points.
38:53Et à l'inverse, le positionnement des gérants de fonds exposés aux actions européennes, c'est plus 30 points.
39:00Dans l'histoire du sondage, visiblement, ça n'est jamais arrivé.
39:03Une rotation de vue, un positionnement aussi important.
39:07Et du coup, ça montre quelque part ce changement, au-delà juste d'une seule annonce,
39:13c'est vraiment le changement de vision sur l'Europe en se disant, en fait, l'Europe, oui, elle peut être cohérente,
39:18ça peut construire un ensemble qui est viable dans le temps et sur lequel je peux utiliser comme actif.
39:23Ce n'est pas juste, on veut sortir des US parce qu'on est trop concentré et que c'est trop lourd,
39:27c'est aussi parce qu'il y a quelque chose d'attractif en face.
39:30Voilà, exactement. Parce qu'en fait, on a connu des épisodes passés où on voulait sortir des US,
39:35mais il n'y a pas d'alternative fiable. La Chine pousse pour les DTS, les droits de tirage du FMI,
39:42parce que sa devise n'est pas 100% librement convertible.
39:46L'Europe, on a toujours douté de cette fragmentation, donc il n'y a pas de... il y a toujours eu ce sujet-là.
39:52La part de l'euro dans les réserves de change n'a pas beaucoup évolué.
39:55Ce qui a beaucoup bougé, c'est la part de l'or dans les réserves des banques centrales qui a remplacé un peu de dollars.
40:02Et là, ce qui s'est passé ces derniers temps, quelque part, l'a plutôt justifié.
40:05Je pense que certains pays émergents, et certainement les pays émergents non-alignés, disons,
40:09étaient déjà conscients que les dollars, ce n'était pas tout à fait sûr pour eux.
40:12Depuis juin l'an passé, avec le gel, en tout cas les avoirs en euros russes,
40:16et surtout l'utilisation des revenus de ces derniers pour payer la guerre en Ukraine,
40:20a montré que les euros, ce n'était pas sûr non plus.
40:23D'où or et d'où crypto. On l'a fort vu l'an passé. L'or tient, crypto moins.
40:27Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, le système monétaire international diversifié est clairement une réalité.
40:32Maintenant, le roi de l'art a encore de beaux jours devant lui.
40:35Là, je ne m'inquièterais pas pour ce sujet.
40:38Maintenant, paradoxalement, on peut faire le lien entre ce qui se passe.
40:41N'oublions pas que ce qui fait la force d'une devise, c'est aussi basement la force de son armée.
40:44On l'a vu il y a 100 ans avec ce passage de relais entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
40:50Si l'Europe se réarme, si l'Europe est un acteur militaire de premier plan demain,
40:55c'est peut-être quelque chose qui nous permettra...
40:57C'est un actif qui compte. C'est un actif qui compte sans doute dans l'appréciation d'une devise.
41:02Il nous reste quelques minutes. Tour de table en termes d'investissement.
41:06Encore une fois, il y a de l'enthousiasme sur l'Europe. Il y a de la défiance sur les Etats-Unis.
41:10Le marché reflète déjà en partie cette situation.
41:13On a une correction de 10% sur les indices américains.
41:16Une envolée des actifs européens et pas que depuis 15 jours.
41:20Le DAX, ça fait quand même des mois que ça monte.
41:22L'euro se réapprécie également.
41:25Il y a la question un peu tactique. Est-ce que ce serait légitime d'avoir une normalisation de tout ça ?
41:29On vendrait un peu la nouvelle.
41:30Et puis derrière ça, qu'est-ce qu'on a envie d'avoir en portefeuille demain dans cette situation qui a un peu évolué ?
41:36Vous évoquiez le cas de normalisation. C'est clairement ce qu'on fait en termes d'asset allocation.
41:40C'est-à-dire que finalement l'asset allocation qui prévalait en début d'année,
41:43et certainement chez nous qui était le long US equity, le court Europe,
41:47c'est quelque chose qu'il a fallu neutraliser.
41:49Est-ce que c'est le moment de passer long Europe, court Etats-Unis ?
41:53J'estime que c'est peut-être encore un peu prématuré.
41:55Je pense qu'il y a un re-rating justifié.
41:57Il y a une prime de risque qui peut être retirée pour l'Europe compte tenu des développements qu'on a eus.
42:01Maintenant, nous, on n'a pas encore fait le pas de passer en surpondération de l'Europe par rapport aux Etats-Unis.
42:06Il y a des problèmes à court terme qui arrivent pour l'Europe.
42:09Voilà, n'oublions pas, Julien Pierre l'a justement mentionné.
42:13Avant d'avoir déployé les 500 milliards d'euros d'infrastructures en Allemagne.
42:16Et en attendant, on a une situation sur l'emploi qui se détériore,
42:19une croissance qui reste quand même relativement auberne sur la zone.
42:22La France, ça va patiner au premier trimestre et partout, ce sera un petit peu difficile.
42:26Donc, prudence.
42:27Par contre, sur l'obligataire, je pense que ce qui s'est passé sur les tours en Europe est quand même particulièrement attrayant.
42:32Quand je vois aujourd'hui les OAT à 3,5 et ainsi de suite, c'est quand même plutôt alléchant,
42:36même si on pourrait avoir des tensions liées en tout cas au déficit budgétaire ou aux tensions politiques.
42:42Sur l'obligataire, je pense qu'il y a certainement un repositionnement opéré sur l'Europe, très clairement.
42:47Julien Pierre.
42:48Nous, on était en début d'année déjà surexposés sur l'euro.
42:52A la fois parce qu'on pensait que sur la croissance, on aurait un peu de mieux,
42:56pas par anticipation nécessairement des mesures en Allemagne,
42:58mais surtout parce qu'on trouvait le marché américain très cher et Prysant un scénario un peu idéal.
43:04Et c'est vrai que pour l'instant, c'est une position qu'on maintient.
43:07Le marché américain est un peu moins cher, mais il reste quand même assez cher.
43:11Il y a quand même des inquiétudes sur la croissance américaine, mine de rien,
43:16puis des effets un peu retenus.
43:19Un des facteurs de soutien de l'économie américaine, c'était l'effet richesse.
43:24Entre ce qu'on voit sur les cryptos et le marché américain, l'effet richesse pourrait un peu jouer dans l'autre sens.
43:29On reste un peu prudents sur le marché américain, plus exposés sur l'Europe.
43:34Il n'y a pas forcément encore à rajouter sur l'Europe parce qu'il y a eu beaucoup de bonnes nouvelles.
43:38Ce genre d'écart de performance, historiquement, il est assuré.
43:43Pourtant, c'est plutôt suivi de consolidation après.
43:47Mais effectivement, si on a des corrections, on en profitera.
43:53On a un peu remonté les expositions au Japon, qui n'a pas fait grand-chose depuis un certain temps
43:58et qui a une dynamique économique quand même encore assez favorable.
44:02On le voit, cette sortie de déflation, elle veut dire aussi que pour la croissance des résultats, c'est mieux.
44:08Puis il y a une histoire un peu de gouvernance sur les entreprises japonaises qui est intéressante.
44:14Mais en allocation, du cash.
44:17Par contre, c'est vrai qu'en exposition globale aux actions, on reste quand même un peu prudents
44:21parce qu'on va voir ce qui se passe le 2 avril, ça peut générer pas mal de volatilité.
44:27Sur la partie crédit, un mot du crédit à yield.
44:32Les spreads ont bougé un petit peu aux Etats-Unis.
44:35Ça reste totalement dans des zones connues, contrôlées, maîtrisées ?
44:40Ou c'est déjà un petit canari de quelque chose ?
44:42En fait, il y a un écartement. On n'est pas en mouvement de panique.
44:46Mais il y a quand même des choses intéressantes à noter.
44:50En gros, c'est comme sur le marché d'action.
44:52Le yield américain a presque toujours surperformé le yield européen.
44:58Et là, on voit cette tendance inversée.
45:00Le yield, en fait, on pense souvent que le yield, c'est des entreprises qui sont plutôt
45:06avec un levier financier important, qui ont des besoins de refinancement.
45:10Et en fait, on pense souvent que parce que les taux d'intérêt sont élevés, que le yield va souffrir.
45:15Alors que la réalité du marché du yield, c'est beaucoup plus lié à la croissance.
45:19Et en fait, on peut lier cet écartement à l'incertitude sur la croissance américaine
45:23qui s'est installée avec les surprises économiques aux U.S. qui ont surpris à la baisse.
45:30Donc c'est ça qui peut traduire cela.
45:33Le problème, c'est qu'il n'y a pas de visibilité sur les U.S.
45:37Bien sûr, il n'y a pas de visibilité sur l'Europe.
45:39Mais il y a certains secteurs qui sont beaucoup moins exposés à cette guerre commerciale,
45:43sur lesquels ils sont écartés, m'excuserai l'expression, par sympathie.
45:48Oui, bien sûr, on l'utilise souvent.
45:52Là, il y a des points d'entrée.
45:55On voit aussi que la hausse des taux a impacté négativement le secteur immobilier.
45:59Alors que globalement, les entreprises sont beaucoup désendettées.
46:04Elles ont beaucoup vendu d'actifs pour rendre leur bilan plus solide.
46:09Du coup, ce sont des points d'entrée plutôt intéressants sur ce marché-là.
46:12Merci beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:15Zakaria Darwish, CPR Asset Management.
46:17Julien Pierre-Nouan, Lazare Frères Gestion.
46:19Et Vincent Juvins, JP Morgan Asset Management.
46:33C'est le quart d'heure thématique.
46:34Le thème ce soir, c'est celui des actions chinoises,
46:36qui sont portées par un nouveau souffle depuis quelques semaines et quelques mois.
46:40Nous en parlons avec un spécialiste des marchés actions asiatiques et chinois,
46:44Sébastien Jaoui, qui est à mes côtés en plateau,
46:46gérant actions asiatiques à la financière de l'échiquier.
46:48Bonsoir, Sébastien.
46:49Ravi de vous accueillir et de vous retrouver pour parler de la Chine.
46:53Je vous propose un exercice un peu difficile.
46:55On est cinq ans après le Covid.
46:57C'est vrai qu'il y a plein de papiers qui nous rappellent ces cinq années passées,
47:01et surtout l'année 2020.
47:032020, c'est l'année où les investisseurs globaux désertent la Chine.
47:07C'est-à-dire qu'on laisse la Chine avec Jack Ma en prison, ou en tout cas qui disparaît.
47:15On se souvient également d'un moment clé fin 2020,
47:18où Ant Financial, la grande société financière d'Alibaba,
47:22devait rentrer en bourse.
47:24Ça devait être le succès phénoménal des introductions en bourse chinoises,
47:28stoppées, je crois, deux jours avant par le pouvoir politique.
47:32Et donc, tous les investisseurs globaux désertent la Chine à ce moment-là.
47:36Et puis, cinq ans après, il y a à peine quelques semaines de cela,
47:39on retrouve Xi Jinping entouré de tous les patrons de la tech,
47:42un peu comme Trump le fait à Mar-a-Lago,
47:44et le retour de Jack Ma, etc.
47:46Et on se dit, c'est une Chine complètement différente.
47:48Qu'est-ce qui s'est passé en cinq ans, Sébastien ?
47:50Donc 2020, c'est vraiment le point de départ.
47:52C'était un exemple.
47:54Pendant le Covid, la Chine était fermée, et le marché en 2020 a fait plus de 7%.
48:00Mais le point vraiment central, c'est octobre 2020,
48:02où Jack Ma fait un discours.
48:05Et il va critiquer concrètement la politique et le système financier.
48:10C'est octobre 2020.
48:13Début novembre, on doit avoir l'IPO de Ant Financial,
48:16qui doit être la plus grande IPO mondiale, enfin 35 milliards.
48:20Et deux jours avant l'IPO, l'IPO est annulée.
48:24Décision de Pékin, à la surprise de Monopole.
48:30La raison officielle, c'est Monopole, régulation et Monopole.
48:33Donc à partir de là, on passe en 2021.
48:37Et là, il y a quelque chose de tout à fait nouveau qui arrive en Chine.
48:41C'est qu'on a ce qu'on appelle la prospérité commune,
48:45qui se met en place par Xi Jinping.
48:48Et la fin de l'animal spirit,
48:52qui arrive dans le sens où un mouvement de régulation assez important
48:56va être mis en place.
48:58Et en fin de compte, la régulation va être très dure
49:03envers l'entreprise privée.
49:05L'idée, c'est que, selon nous, selon moi,
49:08Xi Jinping n'est pas contre l'entreprise privée.
49:11Sauf qu'il est dans une logique de dire
49:13que l'entreprise privée ne doit pas être au-dessus du parti,
49:16au-dessus du gouvernement, et ne pas avoir d'influence politique.
49:19Ce que Jack Ma avait un peu fait en critiquant le gouvernement.
49:22Il s'est vu dépasser, on appelait ça les BATX à l'époque,
49:26Baba, Baidu, Tencent.
49:29Il a vu le risque de se faire dépasser par ces boîtes-là.
49:32Complètement, il a vu qu'il allait se faire dépasser.
49:35Et là, on va dans une vague de régulation assez incroyable,
49:38liée au secteur Internet, la sécurité des données.
49:42Il a senti qu'il perdait vraiment la main sur beaucoup de choses.
49:47Et tout 2021, c'est dans le secteur boursier.
49:51La bourse fait moins 18.
49:53Les jeux vidéo, l'éducation.
49:55Tout passe par...
49:57C'est vraiment de la régulation arbitraire.
50:00Et à partir de ce moment-là, on commence à avoir
50:03un marché baissier assez fort sur la bourse chinoise,
50:08qui va durer jusqu'à 2022.
50:10Ne pas oublier qu'en 2022, l'économie est toujours fermée pour le Covid.
50:14Et 2022, il y a parallèlement à cette réglementation,
50:19à cette prospérité commune,
50:22il y a aussi un nettoyage politique
50:24qui est mis en place par Xi Jinping
50:26pour asseoir son pouvoir.
50:28En fin de compte, fin 2022,
50:31il est réélu pour 5 mois à la tête du parti,
50:35chef des armées,
50:36et début 2023, président pour la troisième fois.
50:39Donc en fin de compte...
50:40– Cœur du parti, c'est ça, comme on dit.
50:42– Cœur du parti.
50:43– Cœur du parti.
50:44– Et en fin de compte, il va céder...
50:47On va commencer, bien sûr, fin 2022, à avoir des protestations.
50:51Le peuple va commencer à se rébeller.
50:55Et novembre 2022, il va réouvrir, entre guillemets,
50:59il va arrêter les tests Covid.
51:01Et début 2023, il va réouvrir le pays avec l'extérieur.
51:06Donc on a eu vraiment 2021-2022,
51:09deux années noires, où la bourse fait moins 17-18%.
51:13On rentre dans 2023.
51:15Et je pense que c'est là où Xi Jinping se trompe.
51:18Il pense qu'avec quelques petits plans de stimulus,
51:21parce qu'il y en a toujours un peu, des annonces,
51:23l'économie va repartir.
51:25La confiance va revenir.
51:28Mais finalement, il oublie que, en fin de compte,
51:32l'animal spirit n'est plus là, l'entrepreneur.
51:35Les entreprises privées, c'est 60% du PIB en Chine.
51:40C'est 70% de l'innovation,
51:43de la dépense dans l'innovation et la recherche.
51:45C'est 80% des jobs dans les villes.
51:51Et c'est 90% de la création d'emplois.
51:55Donc il passe à côté...
51:57Enfin, il doit se dire,
51:59je n'ai pas besoin de l'entreprise privée
52:02pour que mon économie soit prospère
52:04et qu'il y ait une prospérité commune.
52:06Entre temps, l'économie domestique,
52:08l'immobilier qui a commencé à corriger en 2021,
52:12s'effondre complètement.
52:16Et la consommation s'effondre.
52:20Parallèlement, on n'en parle pas beaucoup,
52:22mais c'est là, en fin de compte, la Genèse
52:24qui est un rappel de 2015.
52:26Mais en parallèle,
52:28il continue à être dans l'innovation et la recherche.
52:32Et c'est là où, en fin de compte,
52:33les investisseurs ont ignoré la Chine.
52:35Quelque chose qui avait été mis en place en 2015,
52:37qui s'appelle le Made in China 2025.
52:40Et là où il faut, de temps en temps, lire les bouquins
52:42et lire ce que dit Xi Jinping,
52:44parce qu'il dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit.
52:48Et en fin de compte, parallèlement à cette économie domestique
52:50très morose,
52:52il continue à subventionner l'innovation, la recherche...
52:56Il garde des poches comme ça, d'innovation,
52:58sur lesquelles il ne lâche pas.
53:00Parce que Made in China, c'était vraiment dire
53:02qu'on doit être compétitif technologiquement
53:04et on doit être de plus en plus indépendant
53:06par rapport à l'étranger,
53:08par rapport au pays extérieur.
53:10C'était déjà un peu la première guerre
53:12Trump numéro 1 commercial.
53:14Bon, il faut qu'on avance un peu.
53:162024, l'élection américaine, évidemment.
53:19Et puis, venons-en à 2025.
53:21Même fin 2024, on retrouve Xi Jinping
53:25entouré, le retour de Jack Ma,
53:27les patrons de la tech,
53:29le moment d'e-pik, etc.
53:31Et donc c'est là où il y a certains patrons qui racontent
53:33le fait de ne pas avoir mis un pied en Chine
53:35pendant plusieurs années nous a fait perdre
53:37peut-être la conscience de ce qu'ils étaient
53:39capables de faire en matière d'innovation.
53:41Et donc, DeepSeek nous éclate à la figure,
53:44la biotech nous éclate à la figure,
53:46et on se dit, mais mince, non seulement
53:48ils sont là, mais ils sont peut-être devant nous.
53:50Exactement. Donc il tient tout 2024,
53:53l'élection de Trump, première baisse de la Fed.
53:55Il fait un plan de relance classique,
53:57mais assez gros.
53:59En septembre, octobre 2024,
54:01quasiment de 4% du PIB.
54:03Donc là, la bourse A et la bourse
54:05de Hong Kong explosent à la hausse.
54:07Mais tout de suite, on revient
54:09au travers. Ça fait pchit.
54:11Et là, mi-janvier,
54:13on a un week-end
54:15où on a des informations
54:17sur une petite start-up
54:19qui s'appelle DeepSeek,
54:21qui fait en fin de compte du trading
54:23quantitatif boursier
54:25dont les profits sont faits
54:27pour investir
54:29dans ce langage, ce LLM
54:31de l'intelligence artificielle,
54:33en open source.
54:35Et là, en fin de compte, c'est le point de départ
54:37d'une nouvelle phrase
54:39qu'on pourrait dire, c'est qu'il n'y a pas
54:41de... Il faut de la prospérité
54:43privée pour avoir
54:45de la prospérité commune.
54:47C'est-à-dire qu'il faut...
54:49Donc l'équation s'est un peu allongée.
54:51On veut la prospérité commune, mais ça passe par
54:53de la prospérité privée.
54:55Et du secteur privé.
54:57Il s'est aperçu qu'il avait tué
54:59l'entrepreneuriat, ou qu'il prenait le risque
55:01de tuer l'entrepreneuriat. J'ai vu le nombre
55:03de boîtes de vie ici. Tout s'est effondré.
55:05Tout s'est effondré. Mais vraiment, DeepSeek,
55:07c'est vraiment ça.
55:09Des gens privés
55:11qui investissent, qui gagnent de l'argent pour ensuite
55:13en open source.
55:15Parce que maintenant, aujourd'hui, DeepSeek est utilisé
55:17partout, dans toutes les grandes sociétés.
55:19Et la puissance du parti, c'est de diffuser DeepSeek à une vitesse grand V
55:21dans toutes les boîtes, les hôpitaux, les écoles,
55:23les facs, dans toutes les entreprises chinoises.
55:25Donc, on peut avoir une prospérité d'entreprise
55:27privée pour l'intérêt commun.
55:29Il nous reste deux minutes
55:31pour parler d'investissement, Sébastien.
55:33Ça veut dire quoi ? On est sortis du Bear Market en Chine.
55:35On peut repartir sur un cycle
55:37haussier sur les actions
55:39chinoises. Question.
55:41Et comment vous, vous conduisez
55:43des investissements sur les actions chinoises
55:45pour le compte des clients aujourd'hui ?
55:47Deux choses. En Chine, on était complètement déprimé en termes de valorisation.
55:49Il y a, selon moi,
55:51une question un peu plus structurelle qui fait que
55:53maintenant, la Chine, ce n'est pas juste
55:55du manufacturing et des effets
55:57d'échelle, c'est de l'innovation.
55:59Donc, venir en compétition avec les
56:01Américains. Donc, selon nous, il y a
56:03un re-rating structurel
56:05qui se met en place par rapport à cette
56:07nouveauté. Donc, on est passé quasiment de
56:098 fois Price Warnings
56:11à 12 fois aujourd'hui. Après, les problèmes
56:13domestiques sont toujours là. Il y a des améliorations.
56:15Est-ce qu'on va aller sur 14 fois ?
56:17Est-ce qu'on a le re-rating cyclique
56:19qui va arriver ? On va suivre, bien sûr,
56:21tout ce qui est lié à la consommation.
56:23Nous, dans la gestion que nous avons
56:25chez LFDE, on gère sur la Chine
56:27autour de 4 thèmes, qui sont
56:29les leaders nationaux,
56:31qui sont, bien sûr, les sociétés innovantes
56:33qui sont là sur l'ensemble
56:35de la supply chain, entre guillemets, au sens large.
56:37Batterie, EV,
56:39la robotique, les humanoïdes.
56:41La nouvelle tendance de consommation chinoise...
56:43Mais juste, leader nationaux, ça veut dire pas forcément
56:45les leaders globaux ?
56:47Ou ceux qui ont l'ambition ?
56:49C'est le nouveau PYD, l'exemple, un peu,
56:51qui répond pas à ce critère, mais disons que
56:53le point de départ, c'est le leader nationaux
56:55qui, ensuite, éventuellement, s'y arrive à faire
56:57une place globale, vu les contraintes
56:59politiques. Donc, leader nationaux,
57:01innovation, nouvelle tendance de consommation.
57:03On a encore eu, la semaine dernière, des informations
57:05sur beaucoup plus de soutien dans le service,
57:07quelque chose qui est très nouveau
57:09en Chine. C'était beaucoup plus
57:11la consommation de biens. Là, c'est le service
57:13de la naissance jusqu'à la vieillesse,
57:15le tourisme, les vacances
57:17au ski, enfin, plein de choses qui
57:19gravitent. Et le quatrième point qu'on avait commencé
57:21à avoir il y a deux ans, c'est aussi,
57:23et là, c'est les leçons du Japon,
57:25le retour à l'actionnaire.
57:27Qui arrive, alors,
57:29doucement... Il y a des pratiques d'entreprise
57:31qui changent en Chine ? Il y a des pratiques dans les
57:33sociétés d'État, mais vraiment, de façon
57:35mesurée, c'est beaucoup plus clair dans les grosses
57:37sociétés d'Internet et e-commerce chinoises,
57:39mais le retour à l'actionnaire,
57:41la rentabilité du capital,
57:43le share buy-back, le dividende,
57:45c'est quelque chose qui est assez important.
57:47Est-ce qu'il peut réattirer des investisseurs globaux, grâce à ça ?
57:49Les Américains ne sont pas là.
57:51Les Européens, un petit peu. Ce sont les Chinois domestiques
57:53qui font le marché actuellement.
57:55Est-ce que c'est un trade ou un investissement ?
57:57Réponse ? Oui, on verra.
57:59C'est ce qui rend le métier passionnant.
58:01Merci beaucoup à Sébastien.
58:03Sébastien Djaoui, sur la Chine, gérant d'Action Asiatique
58:05à la financière Les Chiquiers, qui était l'invité
58:07de ce dernier quart d'heure de Smartboard ce soir.
58:15Sous-titrage Société Radio-Canada