Mardi 27 février 2024, SMART BOURSE reçoit Laurent Deydier (Directeur Général Délégué, Hottinguer Banque Privée) , Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM) et Julien Quistrebert (Gérant, Tailor Am)
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00:00 [Musique]
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Julien Kistreber est à nos côtés, gérant chez Taylor Asset Management.
00:16 Bonsoir Julien.
00:17 Bonsoir.
00:18 Merci d'être avec nous. Merci à Mabrouk Chetwan de nous accompagner également.
00:20 Bonsoir Mabrouk.
00:21 Bonsoir.
00:22 Responsable de la stratégie marché global chez Natixis IM et Laurent Dédie à nos côtés également.
00:27 Bonsoir Laurent. Vous êtes directeur général délégué chez Otingre Bank Privé.
00:32 Loin de moi l'idée de reprocher au marché boursier d'atteindre de nouveaux records.
00:36 On est plutôt content généralement de cette situation.
00:39 Mais c'est vrai que quand on voit autant de sommets franchis pour des indices majeurs, je le disais, aux Etats-Unis, en Europe, au Japon,
00:46 c'est toujours un moment intéressant pour réfléchir un peu au niveau des prix qui sont atteints aujourd'hui
00:52 et ce qui amène les prix à ce niveau-là aujourd'hui.
00:55 Laurent, sur le plan fondamental, sur le plan technique également, qu'est-ce qui justifie, qu'est-ce qui explique le niveau atteint par les grands indices européens, japonais et américains ?
01:07 Je pense qu'il y a plusieurs phénomènes qu'on peut analyser.
01:09 Le premier, c'est quelque part la concentration des valeurs.
01:12 On parle tout le temps des 7 magnifiques aux Etats-Unis.
01:14 Tout à l'heure, on en parlait hors plateau en Europe quand on se concentre sur les grandes valeurs que peuvent être ASML, Nouveau Nordisque, LVMH, Schneider ou encore SAP.
01:23 Vous avez un MSI Europe qui serait négatif, donc il y en a 5 qui ont contribué positivement pour attraper les autres.
01:28 C'est la même chose en Corée.
01:30 Il y a beaucoup de choses qui se passent aujourd'hui autour de la concentration.
01:34 Phénomènes qui sont en plus amplifiés par la liquidité, liquidité technique, que ce soit la gestion passive, que ce soit les CTO et d'autres stratégies alternatives.
01:42 Citiés, oui, oui.
01:43 Aujourd'hui, on est vraiment dans un phénomène où tout va bien jusqu'à maintenant.
01:49 L'image me plaît bien, on est en train de danser sur un volcan qui commencerait peut-être potentiellement à se réveiller.
01:56 C'est-à-dire qu'à un moment ou à un autre, il y a un phénomène qui s'appelle la volatilité qui va nous rattraper.
02:01 La question, c'est quand.
02:02 Aujourd'hui, on ne voit pas d'événements majeurs le justifier, mais très clairement, à un moment ou à un autre, le marché risque de se faire un petit peu secouer.
02:10 Ça ne veut pas dire qu'il va beaucoup baisser, mais en tout cas, il va y avoir un phénomène soit de rotation, soit de retour de volatilité.
02:16 Donc, il faut acheter de la vol, quoi.
02:17 Enfin, c'est une idée possible dans le marché, c'est d'acheter de la volatilité aujourd'hui.
02:21 En tout cas, il ne faut pas la vendre.
02:22 Il ne faut pas la vendre.
02:23 Ça, c'est certain.
02:24 Et l'acheter, il faut trouver le bon point, parce qu'en général, ça peut coûter cher d'avoir tort sur un timing.
02:29 C'est quoi le volcan ? Je veux dire, vous dites, on danse autour d'un volcan.
02:33 C'est quoi le volcan ? C'est quoi le risque d'éruption ?
02:35 Il y a trois mois, on se disait tous que les banques centrales allaient être édentes cette année.
02:39 Aujourd'hui, on se dit qu'elles vont probablement nous aider, mais dans des mesures très différentes.
02:43 On attendait six baisses de taux de la Fed.
02:45 Aujourd'hui, on se balade entre trois et quatre.
02:47 Probablement, peut-être qu'avec l'atterrissage, ce ne sera même pas à trois.
02:51 On verra bien.
02:52 Et donc, il va falloir imaginer d'autres relais de croissance pour justifier que les marchés restent sereins.
02:57 Alors, la bonne nouvelle, c'est qu'on est dans la séquence microéconomique.
03:00 On est dans la période des publications depuis environ un mois.
03:03 Et les publications, que ce soit sur les deux continents, Europe et États-Unis, elles sont de bonne qualité.
03:07 Aujourd'hui, on attend 10% de croissance des bénéfices aux États-Unis.
03:10 En revanche, en Europe, on n'attend plus que cinq.
03:12 Donc, on a révisé à la baisse.
03:13 Donc, c'est en train de se dégrader.
03:15 C'est logique, il y a des secteurs qui souffrent.
03:17 Et quand on regarde les perspectives de 2025, on a toujours des bonnes dynamiques.
03:20 Donc, aujourd'hui, tant que la micro vous aide, vous êtes dans un bon phénomène de marché.
03:23 Mais la micro, ça va bientôt se refermer.
03:25 Et on va se retrouver face à un phénomène classique.
03:28 C'est que de la macro.
03:29 C'est les banques centrales.
03:30 Ça, c'est à partir de la mi-mars.
03:33 Et là, à ce moment-là, je n'ai pas envie de dire que l'adage du "sell in May" va encore fonctionner.
03:37 Mais on a bien démarré l'année.
03:39 On a peut-être anticipé quelques événements.
03:42 Après, si on regarde en termes de relativité et de valorisation, il n'y a pas de signaux inquiétants en général.
03:50 Quand je dis en général, c'est que j'exclus le marché américain et la partie la plus technologique du marché américain.
03:56 C'est une grosse partie de l'iceberg quand même.
03:59 Beaucoup de gens se posent la question.
04:01 Le Japon, est-ce que c'est cher ?
04:02 Ça vient de s'envoler.
04:03 C'est retourné à ses pics de 40 ans.
04:05 Le Japon, aujourd'hui, c'est trois fois plus de bénéfices qu'il y a 40 ans.
04:09 Ce n'est pas le même multiple de valorisation.
04:11 C'est certain.
04:12 Ça se payait 60 fois.
04:13 Ça se paye beaucoup moins aujourd'hui.
04:14 Il y a des choses qui se sont passées.
04:15 C'est clair qu'aujourd'hui, c'est trop tôt pour le dire.
04:18 Certains diraient que le datacom qu'on a connu dans les années 2000, que j'ai connu, c'était de la hype.
04:23 Et ça ne gagnait pas d'argent.
04:24 Aujourd'hui, l'IA, ça gagne de l'argent et ce n'est pas de la hype, ça va changer.
04:29 D'ailleurs, quand vous regardez les calls des entreprises, il y a des banques qui l'ont fait.
04:32 Moi, je me suis amusé à le regarder.
04:33 Elles partent toutes d'efficience, d'intelligence artificielle.
04:37 Et quand vous écoutez des dizaines de sociétés américaines,
04:40 elles vous parlent de 20-30% de productivité à gagner sur l'investissement à faire.
04:45 Donc, ça veut dire qu'il y a encore une capacité à améliorer les marges importantes.
04:48 Certains analysent chez Morgan Stanley, alors qu'ils font un travail très délicat évidemment,
04:53 et estiment que l'IA, pour les IPS du S&P 500 en 2024,
04:57 c'est peut-être 30 BP de plus, voire 50 BP dans un scénario un peu rosy.
05:02 Il y a déjà, pour des analystes en tout cas, des gains potentiels en termes de résultats.
05:08 Il y a des secteurs qui en bénéficient déjà.
05:10 Comment vous regardez la situation des marchés, Mabrouk ?
05:13 Je reviens au facteur banque centrale.
05:15 Et c'est vrai que le rallye auquel on assiste aujourd'hui,
05:18 qui porte les indices boursiers à des sommets,
05:20 est assez différent du rallye qu'on avait pu observer en fin d'année dernière,
05:23 qui était fondé notamment sur l'idée, alors un peu bad news is good news,
05:27 en tout cas que les banques centrales allaient devoir agir assez vite pour baisser leurs taux
05:31 et agir avec une ampleur quand même assez conséquente.
05:36 Et tout ça portait à la revalorisation des actifs risqués et des marchés actions.
05:41 Là, le schéma est très différent, puisque le marché n'a pas arrêté d'effacer des baisses de taux du calendrier.
05:48 Le marché obligataire a un peu corrigé et le marché actions, lui, continue billet en tête.
05:53 C'est une histoire qui se répète.
05:55 En gros, juste un petit rappel historique.
05:58 L'an dernier, 2023, au mois de mai, même configuration, 4 baisses de taux anticipées,
06:02 un job report, un rapport sur l'emploi très fort,
06:05 indiquant qu'il n'y a pas de problème sur le cycle américain.
06:09 La croissance est toujours là.
06:11 Si les entreprises embauchent, on a de la demande,
06:13 on a des earnings qui vont être encore solides.
06:16 Et donc, qu'est-ce que le marché a acheté ? La croissance.
06:18 Et donc, ce n'est pas en effaçant finalement 4 baisses de taux,
06:21 qui est ce qu'on appelle, pardonnez-moi l'anglicisme, un "call au quiche",
06:24 c'est-à-dire qu'en gros, une espèce d'anticipation d'augmentation,
06:30 de durcissement de politique monétaire implicite,
06:32 que les marchés actions se sont vus, effectivement, ne fonctionner pas du tout.
06:36 Encore une fois, la thématique de la croissance, elle est présente,
06:40 et c'est ce que les marchés achètent partout.
06:42 A raison ! A raison, ma broche !
06:44 Parce qu'elle est là, donc...
06:46 Oui, non, non, mais je...
06:47 Les marchés achètent cette croissance micro, qu'on voit dans les résultats,
06:50 la croissance macro, qui faiblit un peu aux Etats-Unis,
06:54 parce qu'on ne pourra pas maintenir un niveau de croissance
06:56 comme celui observé en 2023.
06:58 Ça va faiblir, mais revenir finalement vers un niveau proche du potentiel.
07:02 Le marché s'est tout simplement trompé dans l'interprétation du discours de Jérôme Powell,
07:06 le 14 décembre dernier.
07:10 On le disait, 6 baisses de taux, ça veut dire qu'on a quelque part une crise,
07:14 mais la crise, personne ne la voit.
07:16 Donc il y a un problème. À un moment donné, quelqu'un va se réajuster, ce marché.
07:19 Et encore une fois, le début de cette émission, c'était "Tendances, mon ami",
07:23 donc effectivement, on est dans cette thématique-là.
07:25 Et le deuxième adage, c'est "Ne vous mettez jamais en face d'une banque centrale".
07:29 La banque centrale, finalement, a toujours raison.
07:31 Donc, quand la FED vous dit "3 baisses de taux",
07:33 là je rejoins, il y a une discussion aujourd'hui,
07:35 mais est-ce que finalement, on ne va pas converger vers seulement...
07:38 - Peut-être moins encore. - Peut-être moins.
07:41 Mais encore une fois, l'approche de la FED est extrêmement intelligente,
07:44 comme d'habitude, j'ai envie de dire.
07:46 En donnant 3 baisses de taux, c'est comme si vous promettez à quelqu'un
07:49 qui est en manque, un drogué, finalement,
07:51 si vous lui promettez 6 baisses de taux et que vous ne les faites pas, c'est la crise.
07:53 Si vous lui promettez 3 baisses de taux et que vous en faites une de plus,
07:56 finalement, c'est... - C'est moins grave.
07:58 - C'est beaucoup moins grave, au contraire, c'est une bonne nouvelle.
08:00 Donc, vous voyez, encore une fois...
08:01 - Surtout s'il y a de bonnes raisons de ne pas faire ces baisses de taux.
08:04 - Exactement, et la bonne raison, encore une fois, c'est la croissance.
08:07 La croissance, tout le monde la salue.
08:09 Un autre exemple, prenons le cas, effectivement, on parle beaucoup du Japon,
08:12 le cas de l'Inde. L'Inde, c'est effectivement une économie,
08:15 certes avec d'autres problèmes, des difficultés,
08:18 mais c'est une économie qui est au sein de la zone asiatique.
08:20 Il n'y a aucun doute sur le fait que ça génère de la croissance.
08:23 Beaucoup plus qu'en Chine, en tout cas, d'une part,
08:26 et pour des raisons "endogènes positives".
08:28 Alors qu'en gros, la Chine, ça génère de la croissance,
08:30 c'est parce qu'il y a un soutien budgétaire.
08:31 Ce n'est pas forcément une très bonne solution.
08:33 On va voir, vu le contexte chinois.
08:35 L'Inde, ça génère de la croissance.
08:37 L'Inde, il y a aussi un petit biais tech, d'accord ?
08:40 Donc, les résultats des courses, on a les deux facteurs, entre guillemets,
08:43 qui poussent les marchés à la hausse,
08:44 qui sont combinés au sein du même marché, le marché indien.
08:46 Ça progresse.
08:47 Donc, vous voyez qu'effectivement, on est dans une thématique
08:50 où "good news is good news", on le prend comme tel,
08:53 et il n'y a pas finalement d'interprétation à avoir,
08:56 finalement, sur la politique monétaire,
08:59 qui serait finalement comme ceci ou comme cela.
09:01 Tout est bien dans le meilleur des mondes.
09:03 Il y a une limite, ou pas, quand même, au schéma "good news is good news",
09:05 c'est-à-dire de trop bonnes nouvelles,
09:07 est-ce que ça peut raviver une psychologie de marché,
09:09 qu'on a vu également à la sortie du troisième trimestre américain,
09:13 quand on a vu les chiffres explosifs de la croissance,
09:15 qu'on a vu le choc de taux réels sur des taux longs,
09:18 qui revenaient à 4, 4,5, 5% ?
09:22 Le marché actions, à un moment, a assez peu goûté cette affaire.
09:25 Alors, ça, c'est vrai.
09:26 Mais quand on regarde, en fait, ce qui est assez marrant,
09:28 là, ce n'est même plus le "no landing",
09:30 c'est la réaccélération de l'économie américaine.
09:34 L'économie américaine, on a l'impression qu'elle défie la gravité.
09:36 C'est hallucinant.
09:37 Mais ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que,
09:39 quand vous regardez le niveau des taux,
09:40 donc à 5% effectivement, et les anticipations de politique monétaire,
09:43 donc, effectivement, tout convergeait,
09:45 enfin, tout s'était, en pourtre guillemets, "resserré".
09:48 Là, maintenant, si on fait exactement le même calcul,
09:51 quand on regarde le niveau des taux par rapport à ce qu'anticipent les marchés,
09:53 on a 80 points de base de taux en moins.
09:57 Donc, ça veut dire qu'en gros, le marché a quand même bien compris
10:00 quel était finalement le cycle américain.
10:02 Donc, ça va effectivement ralentir, mais de manière totalement modérée,
10:06 ce qui ne va pas remettre en cause sinon la croissance des bénéfices.
10:09 10%, on le citait tout à l'heure, 24% pour le Nasdaq attendu,
10:12 et beaucoup moins, effectivement, pour l'Europe.
10:14 On est à peu près, je crois, pour le Japon, autour de 7-8%.
10:17 Donc, vous voyez qu'encore une fois, le monde, les investisseurs,
10:20 plébiscitent la croissance et la tech.
10:23 Donc, si on n'est pas là-dedans, c'est un peu compliqué.
10:26 Bon, on achète la croissance, on achète la tech.
10:29 Vos commentaires sur ce qui a été dit, Julien,
10:31 puis je veux bien qu'on revienne aussi à croissance et tech.
10:33 Ça nous amène à rediscuter quand même de ce phénomène de concentration
10:37 qu'on observe sur la plupart des grands indices.
10:40 Est-ce que c'est un new normal ?
10:42 Est-ce que c'est supportable, tenable dans le temps ?
10:45 Ou est-ce qu'il y a une forme d'exubérance derrière un groupe,
10:49 un groupe de quelques dizaines de valeurs mondiales,
10:52 qui font le marché aujourd'hui pour des gestionnaires d'actifs ?
10:55 Je peux imaginer que ce n'est pas une situation toujours confortable.
11:00 Ce n'est pas confortable dans le sens où on a tous des règles de diversification
11:04 dans les portefeuilles, donc c'est sûr qu'il y a une forte concentration.
11:07 C'est plus compliqué, ça c'est sûr.
11:10 Pour revenir plus sur le sujet de la valorisation,
11:14 finalement, oui, il y a de l'exubérance.
11:17 Mais encore une fois, on est sur des sociétés
11:19 qui ont un niveau de rentabilité qui est très bon.
11:21 On a quand même un taux de transformation qui a l'air d'être assez rapide.
11:25 Quand on voit le discours des entreprises,
11:27 elles partent toutes de l'intégration de l'IA de manière assez rapide.
11:30 Et c'est assez logique, puisqu'on va vers elles en disant
11:33 "vous allez investir, mais vous allez avoir des gains de productivité très rapides".
11:37 Dans un moment en plus où il y a une crise de la main d'œuvre,
11:40 c'est quand même intéressant d'avoir des solutions alternatives.
11:43 Donc finalement, le trend, il est là, il est assez structurel,
11:48 il va être assez rapide, contrairement à Internet,
11:51 où on a été longtemps à chercher des modèles économiques.
11:53 On voit que là, ça va être très rapide.
11:55 Et puis on voit toutes les semaines,
11:57 enfin peut-être pas toutes les semaines,
11:58 on voit régulièrement des nouvelles technologies qui sortent.
12:00 Sora pour faire les vidéos, on voit des choses quand même...
12:03 Ah, les applications et les usages se démultiplient à vitesse grand V, oui.
12:06 Donc clairement, on voit qu'il y a un usage qui va être rapide.
12:09 Après, la question reste toujours la même chose.
12:11 Est-ce que c'est soutenable ?
12:12 On parlait d'NVIDIA à un moment.
12:14 Est-ce que c'est toujours une valeur cyclique ou plus une valeur cyclique ?
12:17 Donc ça, c'est un débat.
12:19 En 2022, certains disent qu'il n'y a plus de cycle.
12:21 En 2022, personne n'en voulait.
12:23 C'est vrai.
12:24 C'était à des niveaux qui étaient extrêmement bas.
12:26 On voit quand même qu'il y a d'autres acteurs qui travaillent sur des solutions alternatives,
12:31 comme Google ou Microsoft,
12:32 justement pour ne pas être trop dépendants de NVIDIA.
12:36 Donc globalement, il y aura forcément de la concurrence.
12:38 C'est toujours la même chose.
12:39 Quand vous êtes sur un marché où il y a trop de marge à se faire et trop de croissance,
12:42 il y a d'autres acteurs qui vont venir investir pour y aller.
12:44 Et pour le coup, ils ont les moyens de le faire au vu de leur taille.
12:47 Et là, c'est une concurrence qui va être entretenue.
12:49 Parce que très souvent, avec l'histoire des plateformes notamment,
12:52 le gagnant remporte la mise.
12:55 Là, vous dites qu'il y a quand même une concurrence technologique
12:58 qui sera même organisée par les grands acteurs et les clients de NVIDIA,
13:03 qui ont les moyens de faire monter cette concurrence.
13:05 Exactement.
13:06 Donc eux, ils ont tout intérêt à avoir des alternatives.
13:08 Pour l'instant, on ne le voit pas.
13:10 Mais clairement, il y aura forcément de la volatilité.
13:13 Maintenant, c'est vrai que ceux qui sont sur la partie usage,
13:16 donc je pense plus à Microsoft par exemple,
13:18 ils sont en train de créer un tel écart par rapport aux autres acteurs
13:22 que ça va être compliqué de venir les chercher.
13:25 Et puis d'ailleurs, ça rejoint un peu les débats sur la productivité Europe-États-Unis.
13:31 Les Américains investissent beaucoup en R&D.
13:33 Ils ont un marché unifié, large.
13:36 Ils ont une demande qui est forte, donc ils investissent plus.
13:38 On rajoute sur la partie industrielle l'IRA,
13:41 qui accélère encore ce phénomène d'investissement.
13:44 Effectivement, dans des activités où la taille compte de plus en plus
13:49 et votre capacité à investir, oui, vous créez l'écart
13:51 par rapport aux acteurs européens qui sont plus petits,
13:54 qui ne sont pas capables d'investir autant,
13:56 qui n'ont pas un marché aussi profond.
13:58 Oui, winner takes all, comme on dit parfois.
14:01 On est un peu dans ce trend-là.
14:03 Et les valorisations, si on regarde par exemple Microsoft,
14:05 juste pour donner les chiffres, on a 32 fois les résultats.
14:08 On est à 25, 28 sur les cinq dernières années.
14:11 Il y a une petite prime, mais ce n'est pas non plus des choses
14:15 qui sont complètement aberrantes à ce stade.
14:17 Comment l'IA se diffuse d'un point de vue bottom-up ?
14:20 Quelles sont les boîtes qui parlent de l'IA ?
14:22 Est-ce que ça reste quand même un truc de tech, de techies,
14:26 de boîtes de tech avant tout ?
14:28 Ou est-ce qu'on retrouve désormais des discours et des évidences
14:32 dans des secteurs plus traditionnels
14:35 qui s'emparent rapidement de ces outils ?
14:37 Tous les acteurs du service en parlent, évidemment.
14:40 Téléperformance, pour le meilleur ou pour le pire,
14:43 parce qu'on se pose des questions sur leur position de marché à terme.
14:46 Ipsos aussi, clairement qu'ils l'utilisent.
14:49 Et puis les banques, naturellement.
14:51 La tech, il y a eu SAP qui a parlé de 8000 salariés sur 100 000
14:55 qui devraient évoluer d'une façon ou d'une autre
14:58 avec l'intégration de l'IA.
15:00 Donc on est sur des choses quand même assez massives et assez rapides.
15:03 Et c'est vrai qu'on est dans l'univers du buzzword.
15:07 En ce moment, toutes les publications, tout le monde vous parle de l'IA,
15:10 de ce que ça va apporter comme gain de productivité.
15:13 En tout cas, ce qui est vraiment important, je pense avoir en tête,
15:17 c'est que la phase d'adoption va être très rapide.
15:19 On le voit, en tout cas, les discours sont très volontaristes à ce niveau-là.
15:23 Et donc, du coup, on va avoir des effets dans les marges assez rapidement.
15:27 Pourquoi c'est plus rapide ?
15:29 Pourquoi c'est plus rapide que l'exemple précédent qui était Internet ?
15:35 Internet, c'est un peu différent.
15:37 C'était un nouvel usage pour le consommateur.
15:39 Là, c'est du B2B.
15:41 Je suis une entreprise.
15:42 On vient me voir avec une solution où j'ai des gains de productivité immédiats.
15:45 Je veux dire, c'est quand même beaucoup plus simple.
15:48 Comme vous disiez, avec une tension sur le marché du travail,
15:50 les marchés du travail dans le monde.
15:52 En plus, j'ai un âne.
15:53 Donc il y a un double intérêt en tout cas à aller vers ça.
15:55 Il y a une incitation très forte à investir dans ce domaine.
15:58 Ça pose quand même une question.
16:00 En gros, les entreprises, alors moi, ça fait toujours partie du discours.
16:03 Quand est-ce que l'IA va commencer à déferler sur les gains de productivité à l'échelle macroéconomique ?
16:09 Bon, ça, il y a une vraie question.
16:11 Et on va dire que les économistes ont tendance à dire,
16:13 attention, ça va prendre plus de temps.
16:15 Parce qu'encore une fois, ça pose la question de l'organisation de nos entreprises.
16:18 Et ce n'est pas parce qu'on a un nouvel outil qui nous permet de faire des reporting à une vitesse,
16:22 à la vitesse de la lumière, qu'on va être beaucoup plus efficients.
16:25 Donc en gros, la question est vraiment fondamentale.
16:27 Et à mon sens, tant que la question de nos organisations,
16:30 mais que ce soit au niveau des entreprises ou même dans nos vies,
16:32 parce qu'on dit que finalement l'IA va révolutionner beaucoup de choses,
16:35 y compris dans nos vies quotidiennes,
16:36 tant qu'on ne sera pas, qu'on n'aura pas véritablement vu en fait,
16:39 où est-ce que ça va porter ses fruits,
16:41 ça va encore prendre un petit peu de temps.
16:42 C'est pour ça que, pour le moment, les gains de productivité qu'on voit aux États-Unis
16:45 n'ont strictement rien à voir avec l'IA.
16:47 Je comprends.
16:48 C'est uniquement, vous l'avez cité, l'IRA et tous les plans qui ont été mis en place
16:52 qui permettent aux États-Unis, parce qu'on parle de productivité apparente du travail,
16:55 de produire autant avec moins de monde
16:57 ou de produire un peu plus, entre guillemets, avec autant de monde.
17:00 Donc c'est un peu ça l'idée.
17:01 Et la question fondamentale qui est les difficultés sur le marché du travail
17:05 qui sont persistantes en Europe comme aux États-Unis,
17:07 vont poser un problème à un moment donné,
17:09 encore une fois, si on revient aux banques centrales,
17:11 l'inflation ne va pas baisser tout de suite.
17:12 C'est un sujet qu'on a un peu trop évacué.
17:14 Et le marché, pourquoi il reprise aujourd'hui ?
17:16 Pourquoi est-ce qu'il réanticipe plus de hausses de taux ?
17:18 Parce qu'il se rend compte que l'inflation ne baisse pas.
17:19 Oui, moins de baisse de taux.
17:21 Oui, moins de baisse de taux,
17:22 parce que l'inflation ne baisse pas autant qu'il l'avait en tout cas anticipée.
17:25 Et donc cette non-baisse de l'inflation,
17:27 quelque part, mais c'est positif aussi pour les entreprises,
17:31 puisque s'il y a de l'inflation,
17:32 c'est le meilleur allié des actions,
17:34 c'est le pire ennemi des obligations.
17:36 Je reprends quand même sur Nvidia,
17:39 la question de savoir si ces boîtes-là sont encore cycliques.
17:42 On a tous connu dans les semi-conducteurs, effectivement,
17:46 des phénomènes de boom-bust permanents,
17:49 stockage-déstockage, etc.
17:52 Est-ce que quand même,
17:55 avec l'incitation à investir dans ces technologies
17:58 qui nécessitent ces composants-là aujourd'hui,
18:00 est-ce que quand même,
18:01 ça permet de lisser un petit peu la cyclicité de ce secteur aujourd'hui ?
18:05 Sachant que le secteur est en feu,
18:07 le SOX américain, l'indice sectoriel est au plus haut.
18:10 Il y a une explosion de la demande aujourd'hui,
18:12 donc forcément on peut se dire qu'il n'y a plus de cycle,
18:14 c'est normal, on l'a déjà vécu à d'autres périodes,
18:16 pendant d'autres périodes.
18:17 Mais il y aura un moment de surcapacité ?
18:19 Forcément, mais encore une fois, je ne dis pas que ça va arriver dans le prochain trimestre.
18:22 Non, c'est ça la question, oui, c'est ça.
18:23 On a encore un peu de temps, ça arrive.
18:25 Jensen Huang, il donne une guidance sur le prochain trimestre,
18:28 la guidance au sens officiel marché.
18:31 En revanche, sur les deux prochains exercices,
18:33 il essaye de donner un peu la tonalité,
18:36 il dit que le rythme de croissance qu'on a aujourd'hui,
18:38 on peut envisager de le soutenir encore, peut-être,
18:41 pour un ou deux exercices.
18:42 Tant qu'il n'y a pas de vrai concurrent.
18:44 C'est ça.
18:45 C'est son horizon de temps.
18:47 Il n'y a pas de raison que les choses changent,
18:49 puisque la demande est là,
18:50 ils ont une capacité à augmenter les prix assez facilement,
18:52 au-delà de l'effet volume.
18:54 Donc, j'ai envie de dire, tout va bien.
18:55 Et c'est une bulle ou pas, alors ?
18:57 Au sens marché du terme, non ?
18:59 Non, parce que quand on regarde la valorisation d'NVIDIA,
19:01 on n'est pas sur des choses non plus qui sont complètement délirantes à ce stade.
19:04 C'est bien valorisé, certes,
19:06 mais vous avez une position de marché,
19:08 vous avez une dynamique qui est extrêmement forte,
19:10 et puis, il ne faut pas oublier que...
19:12 On avait un débat gérant,
19:14 faut-il être contrarian ou trend follower ?
19:16 En ce moment, bon, clairement,
19:18 si vous n'êtes pas trend follower,
19:20 c'est quand même un gros problème.
19:22 Donc, il faut...
19:24 Aujourd'hui, le marché, c'est le fameux concours de beauté éternel.
19:27 C'est l'IA aujourd'hui.
19:29 Il faut être dedans.
19:31 Et effectivement, on n'est pas sur des boîtes qui sont en perte,
19:33 qui peuvent afficher, en tout cas,
19:36 avoir des situations bilancielles compliquées,
19:39 et qui, factuellement, font de la croissance rentable.
19:42 Pourquoi il faut quand même regarder attentivement ce qui se passe ?
19:45 Vous disiez tout à l'heure, Laurent,
19:47 je mets de côté le marché américain,
19:49 et dans le marché américain, la partie la plus chaude de la tech ?
19:53 Alors, je vais m'autoriser deux droits de réponse sur deux sujets...
19:56 Bien sûr ! Bien sûr !
19:58 Mabrouk a tout à fait raison quand, tout à l'heure, il a dit "good news is good news",
20:01 mais il vient d'appuyer sur un point très important,
20:03 c'est l'inflation.
20:04 Souvenez-vous, il y a eu une première secousse il y a quelques semaines,
20:06 parce qu'elle n'est pas rentrée "là où on le souhaite".
20:09 S'il y a encore une, deux ou trois statistiques dans les mois qui viennent,
20:13 où elle montre qu'elle continue à frémir ou à rester éveillée,
20:17 ça, ça ne peut pas être un tremblement de terre,
20:19 mais un vrai réveil pour le marché.
20:21 Et donc, attention au "good news is good news",
20:23 parce que si ça réaccélère,
20:25 et que l'inflation montre qu'elle ne va pas dans la trajectoire,
20:27 là, tout d'un coup, ça peut bouleverser beaucoup de choses.
20:29 Et sur le phénomène de bulles,
20:31 j'ai envie de dire quand même que,
20:33 quand on regarde la valeur de certaines boîtes américaines,
20:35 je peux comprendre le rationnel.
20:37 25 ans d'expérience me font dire que,
20:40 peut-être que dans 18 mois, on aura peut-être envie de parler différemment de ces sociétés,
20:43 et qu'elles arrivent peut-être un petit peu à se rapprocher d'un début de phénomène de bulles.
20:48 On en est très loin.
20:49 Mais bon, voilà, c'est quoi, 45 fois le trailing sur le Nasdaq ?
20:53 Bon, voilà, alors on a connu plus de 100 fois sur...
20:55 - Si ce n'est pas... - Voilà, sur...
20:57 - Oui, oui, oui. - Même pendant la bulle Internet.
20:59 Mais il commence à y avoir des petits ingrédients qui vous disent, voilà...
21:02 Et puis, je rappelle quand même une chose, en tout cas,
21:04 moi, c'est ce que je fais pour ma maison, donc je vais...
21:07 On est des gérants d'actifs, d'actifs-actifs,
21:10 et c'est pour suivre le trend, j'ai envie de dire,
21:12 que les gens qui nous écoutent fassent de la gestion passive,
21:14 et ils n'ont pas besoin de nos conseils.
21:16 Donc moi, je suis là pour leur apporter de la valeur ajoutée
21:18 avec de la gestion d'actifs-actifs.
21:20 Comment on est exposés à cette thématique ?
21:23 En faisant un travail de gérant actif, justement ?
21:26 Je pense que maintenant, il faut regarder la dérivée seconde,
21:28 c'est-à-dire qu'on a bien identifié tout le cycle des semi-conducteurs,
21:31 tout le monde l'a joué, que ce soit TSMC, NVIDIA, SML, etc.
21:34 La chaîne a été faite, donc maintenant, il faut regarder
21:37 où ça peut avoir des impacts et qui peuvent être les gagnants.
21:40 Il y a une industrie aussi qui a bénéficié de plusieurs phénomènes,
21:43 mais on n'a pas parlé de l'industrie financière au sens large,
21:46 que ce soit les banques ou l'assurance ou l'asset management.
21:48 Il y a des choses à faire, il y a des gens qui investissent,
21:50 il y a des gens qui ne prennent pas le train en route
21:52 ou qui vont le prendre à la deuxième ou à la troisième gare.
21:54 Donc je pense qu'il y a des choses à regarder dans l'industrie financière,
21:57 dans les softwares, bien sûr, dans les biens et les services,
22:00 dans la santé. Ça va aller très, très vite demain.
22:04 Donc pour les opérateurs qui ont cette capacité à détecter
22:07 les bonnes molécules avec les bons segments
22:09 et avec ce big data renforcé par l'IA aujourd'hui,
22:12 on peut aller beaucoup plus vite.
22:13 Ces plateformes vont permettre de générer probablement des profits
22:16 et des go-to-market.
22:18 Moi, je voyais des experts qui me disaient,
22:20 entre le début d'une recherche et une phase 3,
22:22 un lancement sur le marché, en gros, il fallait jusqu'à 10 ans.
22:24 Ils estiment qu'ils vont pouvoir réduire ce temps d'environ un tiers demain.
22:27 C'est merveilleux pour le citoyen, pour les humains.
22:32 Et donc c'est quand même un avantage très...
22:34 Peut-être que ce sera de la moitié, peut-être que ce ne sera pas du tout,
22:37 je n'en sais rien.
22:38 Aujourd'hui, ils estiment qu'ils peuvent réduire
22:40 entre 3 et 3 années et demie le go-to-market d'une nouvelle molécule.
22:43 Donc c'est ces choses-là qu'il faut commencer à regarder.
22:46 Il ne faut pas sortir du trend.
22:47 Et quand on est dans le trend, et je le rejoins,
22:49 il faut essayer de mettre à côté des stratégies de protection,
22:52 de barbellisation, les Anglais diraient en anglicisme du "barbell".
22:56 C'est-à-dire des protections qui peuvent à un moment ou à un autre
22:59 venir vous donner de la performance si jamais ça déraille sur le trend.
23:02 Et c'est quoi le barbell en face de NVIDIA ?
23:08 Un peu d'obligataire court terme,
23:11 parce qu'on évite de s'exposer sur 2-3 phénomènes.
23:14 Risque de crédit, non, mais risque de duration, sait-on jamais, sur les taux.
23:18 Donc un peu de monétaire et un peu d'obligataire court terme,
23:20 ça vous permet d'avoir un peu de sérénité dans le portefeuille
23:23 si jamais il y a des mouvements et des secousses sur la partie écoutie,
23:26 si le trend un jour se casse.
23:28 C'est intéressant la conférence de Jensen Wang,
23:30 le patron de NVIDIA la semaine dernière,
23:32 où on lui fait remarquer évidemment à chaque fois
23:34 "Maintenant 40% de vos clients, ce n'est plus les gamers du coin de la rue
23:37 qui achetaient des cartes graphiques déjà très très chères,
23:39 mais qui étaient quand même un client retail, individuel, etc.
23:42 Là, c'est les gars-femmes, c'est 40% encore de ces facturations aujourd'hui".
23:45 Mais il dit "Attention, ça monte très très vite
23:48 dans le secteur des services financiers, dans le health care, dans l'automobile.
23:52 Là, je vois déjà des dépenses de plusieurs milliards
23:56 pour s'équiper en puissance de calcul dans ces secteurs-là aujourd'hui".
24:00 La base de clients est en train de se diffuser
24:03 au-delà des seuls fournisseurs de cloud, pour dire les choses.
24:06 Exactement. Et les sociétés qui ont des bilans sains,
24:09 qui ont des positions qui sont solides,
24:11 et donc qui transforment leurs résultats en cash flow,
24:13 ont cette capacité à investir et comme souvent à recréer des écarts
24:17 dans des phénomènes soit de disruption, soit d'économie,
24:20 soit d'économie de retournement. Mais là, on est plus dans la disruption.
24:23 Il y a des gens qui investissent plus tôt et plus vite.
24:25 La question que je remets devant la scène,
24:28 question Banque Centrale, Mabrouk.
24:30 Non, mais à un moment, on se l'est posée cette question.
24:32 Et puis, c'est vrai que le marché a considéré ensuite
24:36 qu'il y aura une forme de coordination,
24:38 que le calendrier de la baisserie de la fête pouvait être le même.
24:41 Si je suis le scénario un peu alternatif d'une fête
24:44 qui n'aurait pas besoin de baisser ses taux
24:46 aussi vite que ce qu'on imagine aujourd'hui,
24:49 partant d'un marché qui estimait qu'il fallait commencer en mars
24:52 pour 150 points de base à un marché qui estime que maintenant
24:55 3, 4 baisses seraient suffisantes à compter du mois de juin.
24:59 Si on est encore dans l'idée de décaler, pourquoi pas,
25:02 peut-être une première baisse à juillet pour la fête, voire septembre.
25:05 Qu'est-ce qui se passe du côté de la Banque Centrale Européenne ?
25:09 Alors, c'est une excellente question.
25:10 Certains disent effectivement, attention, pas beaucoup de croissance.
25:14 Ça forcerait à baisser ses taux.
25:16 Et puis, finalement, on bénéficierait par le canal du change
25:20 d'un petit boost sur les exports.
25:22 Bon, alors ça, effectivement, il faut tout de suite plier cet argument
25:25 parce qu'on ne peut pas faire croître, on voit d'ailleurs en Allemagne
25:28 ce qui se passe, c'est un désastre, on ne fait pas croître les exportations.
25:31 Ça ne sert à rien, effectivement, de faire baisser le taux de change
25:33 lorsque, effectivement, les exportations en volume au niveau mondial
25:36 ne progressent pas.
25:37 Donc, ça ne sert à rien d'essayer de jouer sur le canal du change.
25:40 Ça, la BCE le sait parfaitement.
25:41 La BCE sait également, et ça a été publié dans son bulletin
25:45 du 12 février dernier, globalement, ils font toute une étude
25:52 et ça a été mentionné par Christine Lagarde, le fameux "wage tracker"
25:55 qu'ils sont en train d'essayer de diffuser,
25:58 montre que la progression des salaires attendus, finalement, en zone euro,
26:02 et notamment, parlons des pays cœurs, la France et l'Allemagne,
26:04 en France, fin 2024, on finirait autour de 4%,
26:07 en Allemagne, on finirait autour de 6,5%.
26:09 Bon, donc, du coup, ça veut dire qu'on a quand même une pression salariale forte
26:12 qui va venir alimenter, à un moment donné, l'inflation.
26:15 Rappelons que le mandat de la BCE, si on n'est pas un peu trop dogmatique,
26:18 la BCE est devenue beaucoup plus pragmatique qu'elle ne l'était,
26:20 effectivement, en 2010.
26:22 On a aujourd'hui un mandat qui est centré sur l'inflation.
26:26 La croissance va se stabiliser, alors que, globalement,
26:28 on a eu une année assez très mauvaise, en dernier,
26:32 et ça va se stabiliser autour d'un niveau relativement médiocre.
26:35 Mais, c'est pas, encore une fois, on n'est pas en récession.
26:38 L'inflation est toujours un problème, il n'y a pas de raison
26:40 pour voir la BCE baisser tout de suite ses taux.
26:42 Et puis, j'aimerais dire, en fait, quelque part,
26:44 si jamais, finalement, on remet l'histoire du change au milieu de cette affaire,
26:49 la BCE préfère, effectivement, importer des inflations via,
26:52 effectivement, un euro plus fort que d'importer de l'inflation.
26:54 Donc, au fond, j'ai envie de dire, il n'y a pas de raison de se presser.
26:58 Le marché commet des erreurs, finalement, sur les anticipations de Banque Centrale,
27:02 c'est flagrant, finalement, depuis le début de l'année.
27:04 Il se repositionne, il recalibre.
27:06 C'est pas du tout dommageable, on l'a dit, pour le marché actions.
27:09 C'est plus dommageable pour le marché obligataire, par ailleurs.
27:11 Mais, néanmoins, le mandat d'une Banque Centrale, c'est de faire en sorte,
27:15 encore une fois, de lisser le cycle et de faire en sorte que
27:17 les pressions inflationnistes reviennent, finalement, vers un niveau conforme.
27:22 Alors, on ne sait pas trop où est ce niveau, tout le monde dit 2%,
27:24 mais, globalement, c'est entre 2 et 3.
27:26 La BCE ne sera pas dogmatique sur son 2%, globalement.
27:28 - Ah bon ? - Non. Elle le sait parfaitement.
27:30 Ça ne sert à rien d'essayer de gagner, de grappiller, finalement,
27:33 quelques dixièmes de points de base sur l'inflation
27:35 au prix, finalement, d'une récession. Ça, c'est inutile.
27:37 Donc, restons pragmatiques, et globalement,
27:39 les Banques Centrales savent ce qu'elles font.
27:41 Elles baisseront les taux d'intérêt directeur lorsque ce sera nécessaire.
27:44 Et la Fed le fera, sans doute.
27:46 Nous, on avait anticipé, enfin, on avait mis dans notre scénario centrale,
27:50 juin, on avait une hésitation pour juillet,
27:52 on s'est dit, mais là, on est vraiment hors consensus au début d'année.
27:54 Finalement, on ne l'est pas tant que ça, finalement.
27:57 Et, pour la BCE, on estime que ça va se faire d'ici la fin de l'année.
28:00 - Il y a toujours cette... - D'accord.
28:02 - Donc, il n'y a pas de... - D'ici la fin de l'année, au QE.
28:05 - Que la Fed décale sa première baisse de taux encore un peu,
28:09 éventuellement, ce n'est pas un souci pour le calendrier que vous avez en tête pour la BCE.
28:14 - Si la Fed procède à sa première baisse de taux au mois de juin ou au mois de juillet,
28:17 la BCE peut le faire, effectivement, au mois de septembre.
28:19 Ça lui laisse, effectivement, la possibilité de calibrer sa politique monétaire.
28:23 En fait, ce qui est assez drôle, c'est que tout le monde dit,
28:26 oui, il y a toujours un décalage cyclique entre la Fed et la BCE,
28:30 entre les États-Unis et la zone euro, dans un sens.
28:33 Bizarrement, ce décalage cyclique n'existe plus dans l'autre sens.
28:35 Non, à un moment donné, il faut rester sérieux.
28:37 Il n'y a pas de raison, effectivement, pour voir, aujourd'hui,
28:39 la BCE baisser tout de suite ses taux d'intérêt directeur.
28:41 Le problème de l'inflation, en fait, n'est vraiment pas réglé.
28:44 Enfin, j'invite encore une fois nos auditeurs à écouter le discours de Madame Schnabel,
28:48 qui est parfaitement clair.
28:49 L'inflation est toujours, effectivement, assez visqueuse, comme on le dit.
28:53 Il y a toujours des rigidités, notamment sur le côté des salaires.
28:56 On l'observe également aux États-Unis.
28:57 Et, encore une fois, pas de raison de se presser.
28:59 Le risque, encore une fois, c'est de se dire, si jamais les banques centrales baissent trop vite,
29:04 elles risquent, effectivement, d'envoyer un mauvais signal au marché,
29:07 se dire, finalement, on s'est trompé, et repartir dans l'autre sens.
29:10 Là, effectivement, c'est un scénario improbable.
29:12 Mais, globalement, c'est un peu ça, le risque.
29:14 Et personne ne veut, entre guillemets, jouer au yo-yo sur les taux d'intérêt.
29:18 Vous dites une BCE qui commencerait à baisser en septembre.
29:20 Finalement, ça ne changerait pas grand-chose à la croissance attendue pour cette année.
29:26 Qu'elle baisse en juin, juillet ou septembre ?
29:28 On le voit, les canaux de transmission, là aussi, c'est symétrique.
29:31 Globalement, on a dit, oui, il y a des délais de transmission de la politique monétaire qui vont dans un sens.
29:35 Il n'y a pas de raison que ça n'aille pas dans l'autre sens.
29:37 En gros, on a mis 12 à 18 mois avant de voir, effectivement, les taux impacter de manière assez visible le cycle.
29:43 Ça va prendre aussi un peu plus de temps, enfin, ça va prendre du temps avant de voir ces baisses de taux impacter le cycle.
29:47 Donc, qu'elle le fasse maintenant, en juillet, pardon, ou qu'elle le fasse de manière concomitante à la Fed,
29:52 ou en septembre, ça ne change rien.
29:54 Comment on se diversifie dans ces marchés ?
29:58 On évoque la question à nouveau avec vous, Julien.
30:01 Ce qui était intéressant la semaine dernière, là aussi, on en parlait hors antenne,
30:05 c'est que tout le monde était focalisé sur les résultats de Nvidia.
30:08 Alors, Nvidia prend +12 dans la foulée de ses résultats.
30:11 Elle avait perdu 10 et plus sur les deux séances précédentes.
30:15 Donc, au final, pas grand-chose de neuf.
30:17 Sur l'ensemble de la semaine passée, le marché américain fait +1.
30:21 Le marché européen doit faire +2.
30:23 Et les émergents font +3.
30:25 On a l'impression qu'il y a une tentative, quand même, de ramener certains marchés très décotés
30:31 à quelque chose qui serait un peu plus normal, peut-être.
30:35 Je pense qu'il y a un petit effet rebond aussi sur le marché chinois post-Nouvel An.
30:40 Vu le poids de la Chine dans l'indice, forcément, ça joue un petit peu.
30:44 À mon sens, en tout cas, il n'y a pas ce genre de mouvement encore à ce stade.
30:48 Il n'y a pas une grande tendance qui s'ouvre et qui débute ?
30:51 Non, il suffit de regarder un petit peu ce qui se passe sur les small et mid.
30:55 Le Russell 2000 qui est à 27% de son poids haut il y a quelques mois.
31:00 Les small cap européennes qui sont négatives depuis le début de l'année.
31:04 En tout cas, pas loin de zéro.
31:06 Donc, globalement, on reste sur la même tendance.
31:09 C'est-à-dire, tout ce qu'on a dit avant, le concours de beauté.
31:14 Donc, les secteurs qui ont un bon train structurel, etc.
31:17 On voit quand même des valeurs plus cycliques, plus industrielles,
31:20 publier de bons résultats et bien réagir quand même.
31:23 Bouygues, l'exemple du jour, par exemple.
31:26 Donc, il y a quand même des choses.
31:28 Je pense d'ailleurs, c'est peut-être là qu'il faut aller chercher
31:30 puisque, puisqu'on part du principe que la croissance est plus forte que ce qu'on avait attendu.
31:34 Plus de récession, plus de soft lending aux Etats-Unis, mais no lending
31:38 ou alors un ralentissement très léger.
31:41 Finalement, ces cycliques qui ne sont pas chères,
31:44 si elles continuent de publier des bons résultats, il n'y a pas de raison qu'elles ne continuent pas de regretter.
31:48 Ça paraît légitime. On s'étonne même peut-être que la hausse ne se diffuse pas aussi à travers ces moments-là.
31:54 Oui, mais parce que les flux, on en parlait avant,
31:57 les flux, c'est sur les ETF.
31:59 Donc, plus vous êtes gros dans les indices, plus vous risquez de plus, etc.
32:05 Et on le voit bien, la gestion active qui est devenue plus petite en termes de flux,
32:10 c'est pour ça aussi que les small limit, ça ne bouge pas.
32:12 Ça a monté un peu en décembre parce qu'à chaque fois, on a toujours la même histoire,
32:15 fin d'année, début d'année, il y a un peu de réallocation,
32:18 il y a un peu de flux qui vient dessus.
32:20 Comme elles ne sont pas très liquides, forcément, ça les fait rapidement monter.
32:24 Et puis, on a vu que c'était quand même un feu de paille.
32:26 Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de très belles sociétés et que les valorisations ne sont pas très basses,
32:30 ce n'est pas le sujet.
32:31 Mais le sujet n'est pas financier, en fait.
32:33 Le sujet, c'est le trend.
32:35 Le trend, le trend.
32:36 Voilà. Combien de temps ça dure ?
32:38 Toujours compliqué à dire.
32:39 On avait eu un moment avec la hausse des taux, un peu ce rééquilibrage,
32:42 où les solutions ont dit "je vais augmenter le taux d'actualisation,
32:45 donc peut-être un peu moins de croissance, un peu plus de value".
32:48 On voit que ça n'a pas duré très longtemps, ce phénomène-là.
32:51 Oui, même si la baisse des taux s'est un peu calmée par rapport à la fin d'année.
32:55 Et puis pour revenir sur les émergents, vous parliez de l'Inde tout à l'heure,
33:00 la zone avec la plus forte croissance, ça a eu une performance assez importante.
33:05 C'est celle qui est le plus chère, qui a le plus monté.
33:07 Et qui a une valorisation qui est plutôt importante.
33:09 Donc l'Inde, je ne sais plus, on est à 22-23%.
33:11 Oui, c'est ça.
33:12 La Chine, on est à 8-9%.
33:14 Bon, voilà.
33:15 On m'a dit "primes de risque/action négative en Inde".
33:18 Oui, possible.
33:19 Parce que les taux sont à 7%.
33:21 C'est possible.
33:22 Donc voilà, pour l'instant, en tout cas, il n'y a pas de gros changements.
33:25 Et je pense que s'il y a des gens qui doivent avoir des positionnements un peu contrariants,
33:29 effectivement, ce sera plutôt sur des gros marchés, liquides, potentiellement la Chine.
33:33 Parce qu'encore une fois, on parle de catastrophe,
33:36 mais la croissance n'est pas non plus que catastrophe dans le pays.
33:38 Alors, ils ont d'autres problèmes, le taux de chômage des jeunes,
33:40 l'investissement direct étranger qui s'est effondré, etc.
33:43 Mais tout n'est pas non plus noirissime en Chine.
33:47 Et 24 peut être une année, effectivement, plus positive sur le plan boursier.
33:51 Si vous passez du 8 fois à 10 fois, ce ne sont pas non plus des mouvements stratosphériques.
33:56 Je vous avais dit, Alibaba, ça génère quand même un fric-à-chlo historique.
34:00 Et l'action est au plus bas.
34:01 Il y a quand même une déconnexion entre la réalité de certains mastodontes chinois
34:05 et le prix que le marché leur accorde aujourd'hui.
34:08 Qu'est-ce qui vous intéresse en dehors, pour sortir un peu justement de la tech et du trend aujourd'hui ?
34:15 Alors, vous disiez l'obligataire court peut offrir de la protection.
34:19 Laurent, dans l'univers action, est-ce qu'on a envie comme ça d'aller mettre des touches ici et là sur des marchés pas chers ?
34:26 Vous parlez du Japon aussi, qui reste pas cher.
34:31 Alors, si autour de la table, on est tous d'accord pour dire que la croissance est robuste aux Etats-Unis
34:35 et qu'on voit qu'au niveau mondial, elle ne va pas décélérer,
34:37 il y a un moment ou un autre, il faut se poser la question, regardez les cycliques.
34:40 Et dans les cycliques, il y a plein de segments, il y a les financières.
34:43 Tiens, tout d'un coup, on se dit que les taux ne vont pas baisser.
34:45 On voit bien que le mécanisme en général est fonction de l'évolution des taux.
34:49 On achète des banques quand les taux sont hauts, puis on a envie de les vendre quand on est en cycle.
34:52 Profit record, retour aux actionnaires record.
34:54 Donc, j'aurais envie de dire, pour ceux qui ont envie, il y a sûrement des curiosités à les redécouvrir.
34:59 La curiosité à les redécouvrir dans l'univers bancaire, je ne vais pas citer de nom,
35:02 mais je pense que les banques françaises, il y en a quelques-unes qui peuvent être intéressantes
35:06 et qui n'ont pas eu des publications extraordinaires.
35:08 Non, aucune, notamment, oui.
35:10 Donc, j'ai envie de dire, la curiosité m'amènerait à les redécouvrir.
35:13 Il y a des belles industrielles qui ont eu des vents contraires.
35:16 Inflation, problème de chaîne d'approvisionnement, plus de pricing power.
35:20 Vous avez un cycle qui repart, vous n'avez plus de problème sur le cycle des semi-conducteurs.
35:24 Moi, je connais une très belle boîte aux Etats-Unis qui fait des smart metering.
35:27 Elle monte trimestre après trimestre parce que tout d'un coup, la chaîne de production est enfin disponible.
35:31 J'ai envie de dire, soyons curieux.
35:33 Donc, peut-être pas les small, parce que c'est vraiment tout petit.
35:36 Et de temps en temps, on se pose la question de, est-ce qu'elles sont légitimes sur les marchés ?
35:39 Est-ce qu'elles ne devraient pas être privées, private equity ou ailleurs ou dans un conglomérat ?
35:43 Mais entre la méga cap et la small, il y a un truc qui s'appelle la mid.
35:46 Les mid, ça peut être intéressant.
35:48 Et là, on voit bien qu'il y a quand même un peu plus de réactions en ce moment sur les marchés.
35:51 C'est plus que fretiller qu'elles font.
35:53 Donc, le factor taille quand même joue à faire la part.
35:55 Je pense que les mid sont un terrain de jeu qui peut être intéressant en termes d'expression en 2024.
36:01 Surtout si les banques centrales viennent à un moment ou à un autre redonner un peu d'amortissement à la pompe.
36:06 Et ce qui est conso, staples, à un moment, ça revenait un peu dans les discours, je ne sais pas, des salaires qui montent, une croissance réelle, positive des salaires ?
36:15 J'y crois pas trop.
36:17 Ces boites qui étaient extrêmement chères à un moment, qui payaient aussi cher que les GAFA.
36:22 Les GAFA, on l'imagine très bien, les Unilever, Nestlé, Danone de ce monde par exemple.
36:27 Aujourd'hui, mon problème, c'est que je ne suis pas certain que le consommateur, même s'il se retrouve en facteur positif,
36:35 parce qu'il a moins d'impression et qu'il a des salaires qui sont...
36:38 Est-ce qu'il va le traduire dans une réaccélération de la consommation ?
36:41 Ou est-ce qu'il va aller le mettre là où ça peut nous ennuyer pour les banquiers centraux, dans les services, les loisirs, l'entertainment, etc.
36:49 J'ai l'impression qu'on est quand même encore un peu dans le "revenge spending" et que ça continue.
36:55 Que les gens ont envie de rattraper ces trimestres perdus, qu'on ne rattrapera jamais, mais qu'ils ont envie de les compenser.
37:01 Donc non, ça, ça ne m'intéresse pas tellement aujourd'hui.
37:04 Ces boites très défensives, je n'arrive pas à leur trouver des qualités d'upside aujourd'hui.
37:08 Il n'y a pas de trigger, il n'y a pas de facteur de catalyseur positif.
37:11 Voilà, donc je regarderai les mid, je regarderai un peu les cycliques financières.
37:14 Très clair.
37:15 Sur les small et sur les mid, il y a quand même un point, une nouveauté qui date de 2022.
37:21 C'est qu'aujourd'hui, quand on regarde ce qui expliquait fondamentalement la performance de ce segment-là, c'était deux composantes, on va dire, très simples.
37:30 Il y avait de la croissance et il y avait surtout des conditions monétaires et financières extrêmement accommodantes.
37:34 Et donc là, globalement, c'était un boulevard.
37:36 On se souvient de la performance des small caps françaises qui avait littéralement à un moment donné explosé le compteur.
37:43 Néanmoins, maintenant, quel que soit le niveau de croissance, en fait, vous pouvez faire ce que vous voulez, tant que les taux, entre guillemets, ne baisseront pas, c'est peine perdue.
37:50 Ce n'est même pas la peine d'aller sur cette classe d'actifs, c'est beaucoup trop tôt.
37:52 Il faut vraiment attendre le feu vert des banques centrales.
37:54 C'est pour ça que ce sont elles qui vont décider à un moment donné à quel moment les small caps vont retrouver grâce.
37:59 Non mais c'est vrai, vous tracez juste les taux américains, je ne prends même pas les taux européens, et un indice stock 200 small cap Europe, la corrélation est quasiment proche de -1.
38:12 Donc globalement, c'est les taux qui donnent le la sur ce segment-là, le segment des petites valeurs, et un peu moins effectivement sur les moyennes valeurs, puisqu'il y a un peu plus de liquidités.
38:20 Mais néanmoins, effectivement, il faut encore entendre une fois, enfin je suis désolé, les banques centrales décident à peu près de tout.
38:27 Alors une fois qu'on a dit ça, là encore, est-ce qu'il y a des opportunités ailleurs ?
38:31 On a parlé des émergents, et il y a un point notamment sur les émergents qui est très intéressant, c'est que certains pays émergents, notamment en Amérique latine, ont commencé leur normalisation, enfin, la décrue finalement des taux,
38:41 à baisser les taux, pas toutes les banques centrales, je pense à une notamment, à la banque centrale du Mexique, les taux sont à 11,5, d'accord, donc de toutes les façons on sait qu'ils sont collés au cycle américain.
38:50 - Ah oui, de très près. - Ils sont collés, on l'a fait, de très près, ils l'anticipent généralement d'un mois ou deux, enfin dix semaines généralement, et donc globalement on se dit à 11,5 de taux, globalement s'ils s'abaissent, ils ne vont pas baisser eux, c'est pas le genre de banque centrale à baisser de 25, d'accord, donc ils ont de la marge.
39:04 Et donc mécaniquement, il y a aussi de la valeur attirée dans un marché qui progresse, parce qu'il bénéficie par ailleurs de l'attraction américaine d'une part, de toute cette thématique qui continue finalement d'alimenter également le secteur industriel, le nearshoring, donc là aussi la relocalisation de certaines entreprises, et c'est pour ça que la Chine souffre et continuera de souffrir.
39:21 Un autre problème, je veux une parenthèse sur la Chine, qui est à mon sens le plus grave, c'est les pressions déflationnistes qu'on est en train de voir. Donc ça, pour une économie qui enregistre encore de la croissance à 4,5, 5, avoir des prix à 0 voire même 0 moins, c'est véritablement le signe...
39:35 - Ça soulève des interrogations, oui. - On a quelque part une crise de confiance qui est en train de se mettre en place, donc ça c'est beaucoup plus compliqué à gérer. Donc c'est pas du saupoudrage budgétaire qu'il faudra faire.
39:44 Et donc in fine, si on exclut la Chine qui pèse très lourd dans les indices, il y a encore des zones effectivement, donc l'Amérique latine, l'Amérique du sud, donc quand on va à attraction américaine, la relocalisation, les politiques "souverainistes" industrielles, et puis des banques centrales qui ont encore un boulevard de marge de manœuvre.
40:01 - Marge de manœuvre. - Bien sûr. Tout ça c'est positif effectivement sur l'obligataire et les actifs risqués.
40:06 - Merci beaucoup messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir. Mabrouk Chetouan, Natix ICM, Laurent Dédier, Ottingre Banque Privée et Julien Kistreber, Taylor Asset Management.