• il y a 5 mois
Jeudi 13 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Nicolas Forest (Directeur des investissements, Candriam) , Florian Ielpo (Responsable Macro au sein de l'équipe Multi-Asset, Lombard Odier IM) et Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM)

Category

🗞
News
Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Florian Hielpeau nous accompagne, responsable Macro chez Lombard Audi et IM.
00:16Bonsoir Florian.
00:17Bonsoir.
00:18Merci d'être avec nous.
00:19Merci à Mabrouk Chetouan de nous accompagner également.
00:21Bonsoir Mabrouk.
00:22Bonsoir.
00:23Vous êtes responsable de la stratégie marché globaux chez Natixis IM et à nos côtés
00:26également Nicolas Forest.
00:27Bonsoir Nicolas.
00:28Bonsoir Guillaume.
00:29Vous êtes directeur des investissements de Candriam, la politique est donc redevenue
00:34un driver majeur pour les marchés de la zone euro à commencer par les actifs français
00:40je le disais en introduction Nicolas.
00:43On regardait tous juste avant le démarrage de l'émission où en était le spread entre
00:47la France et l'Allemagne qui grimpe lentement mais sûrement, on s'approche quasiment de
00:5170 points de base.
00:52Qu'est-ce qu'il faut comprendre du rationnel de ces mouvements de marché en place depuis
00:57lundi et l'annonce de la dissolution dimanche soir de l'Assemblée nationale française,
01:02la question étant est-ce que 65-70 points de base c'est un pricing correct du risque
01:10ou des incertitudes générées par cette décision du président français ou est-ce que c'est
01:14un point d'étape qui peut nous amener au-delà des niveaux connus aujourd'hui ?
01:19Alors est-ce que la situation est une situation de crise aujourd'hui ? Non.
01:24Nous ne sommes pas dans une situation de crise, certes il y a un écartement du spread.
01:28De crise de marché.
01:29De crise de marché mais le taux d'intérêt français, si on le compare par rapport à
01:35vendredi, finalement en taux absolu ça peut bouger.
01:38Est-ce que la situation est sérieuse ? Oui, elle est très sérieuse.
01:42Elle est très sérieuse parce que la dernière fois qu'on a été à ce niveau-là d'écart
01:49entre le 10 ans français et le 10 ans allemand c'était dans 2017.
01:53En 2017 quand Marine Le Pen était au second tour de la présidentielle et était favorable,
01:58je vous le rappelle et vous vous en souvenez, à la sortie de la zone euro de la France.
02:03Potentiellement au deuxième tour face à Jean-Luc Mélenchon.
02:06Je me souviens très bien de la séquence.
02:07Ce sont des sondages qui commençaient à suggérer l'idée que le second tour se fasse
02:12entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen qui a commencé à vraiment faire décaler le spread.
02:16Exactement.
02:17Donc on est maintenant revenu, on est en train de revenir dans cette situation-là et somme
02:20toute on peut dire, écoutez, est-ce que c'est très embêtant ? Faut-il s'en inquiéter ?
02:24Eh bien moi je reste inquiet.
02:26Depuis lundi, nous on est devenu négatif sur les OAT et à ces niveaux-là nous restons inquiets.
02:32Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui si on regarde les scénarios politiques et c'est difficile,
02:37on essaie forcément un peu de faire des projections et de la politique fiction, il y a 2-3 scénarios
02:43qui se dessinent.
02:44Le premier scénario c'est un scénario où il y a une majorité du rassemblement national
02:50qui devient donc une majorité absolue ou même relative.
02:54On a un premier ministre rassemblement national et c'est la politique économique du rassemblement
02:58national qui sera implémentée.
03:00Aujourd'hui elle est incertaine mais l'Institut Montaigne avait quand même priceé et mis
03:05en lumière des dépenses significatives et un fort écartement du budget de plusieurs
03:10dizaines de milliards d'euros.
03:11Un dérapage donc, incertitude qui peut tout à fait être résolue le jour où ils seront
03:16au gouvernement.
03:17Mais cette incertitude est là.
03:18Quelle politique budgétaire avec Jordan Bardella, Premier ministre ? Aujourd'hui, le marché
03:23ne le sait pas.
03:24Le deuxième scénario, c'est un scénario où il n'y a pas de majorité et nous serions
03:30dans une situation avec encore plus d'incertitude car s'il n'y a pas de majorité, quel budget
03:37en 2025 pourrait être décidé par une assemblée encore plus clivante ?
03:42Encore moins de contrôle que ce qu'on peut avoir dans l'assemblée aujourd'hui telle
03:47qu'elle s'est signée en 2022.
03:48Exactement.
03:49Et le troisième scénario, c'est le scénario d'une victoire de ce qu'on appelle aujourd'hui
03:52le Front Populaire dont l'ensemble des mesures, la retour à la retraite à 60 ans, les baisses
03:59de taux de TVA aussi, ça c'est commun, c'est la Front Nationale qui voulait ça au niveau
04:03de l'électricité, qui sont aussi des mesures extrêmement dépensières.
04:06Dans ce moment de crise politique, à tous les étages, nous sommes plutôt dans une
04:11logique de dépenses publiques.
04:13Mais le problème, c'est que nous ne sommes pas dans un territoire où tout va bien.
04:16Je vous disais la phrase de Patrick Deville-Jean, nous étions dans une pièce avec une fuite
04:23de gaz et le président a craqué une allumette pour y voir clair.
04:26Donc ça c'était référence à la dissolution de 1997 de Jacques Chirac.
04:30Par Jacques Chirac.
04:31Mais la situation aujourd'hui, il y a une fuite de gaz et la fuite de gaz c'est quoi ? C'est
04:34la politique budgétaire française.
04:36Nous avons un déficit de 5,5% qui a été revu avec un écart de correction qu'on n'a
04:42jamais vu depuis des années, avec les agences de notation qui ont déjà mis un warning.
04:46Donc sans être et sans parler de la fin du monde, on peut tout à fait avoir un spread
04:51qui va à 80 points et là, les impacts peuvent être plus importants et d'ici le deuxième
04:56tour, c'est quand même compliqué de voir de la certitude, de voir des éléments pour
05:01assurer le marché.
05:02Bon, commentaires, réactions à cette situation, à ce choc d'incertitude, cette incertitude
05:08envahissante pour quand même une économie majeure de la zone euro ? Il y a la situation
05:12française et les conséquences également qu'on pourrait retrouver au niveau européen
05:17sur des politiques européennes de long terme avec des efforts importants qui sont quand
05:22même conduits, je ne sais pas, sur des politiques de défense, de transition, etc.
05:26Il y a beaucoup d'angles à traiter mais je vous laisse la parole, Mabrouk.
05:30Alors, la question déjà, enfin le parallèle par rapport aux élections présidentielles,
05:35cette montée du spread, l'évocation du Frexit, je pense qu'on se trompe de combat, ce n'est
05:38pas du tout en fait ce qu'il faut évoquer, le marché price, déjà en fait le drapage
05:42budgétaire, c'est ça en fait qui est en train de se jouer.
05:44Vous citiez l'Institut Montaigne, effectivement, il y a un premier chiffrage basé sur le programme
05:50présidentiel de Marine Le Pen qui va être, on va dire, une espèce de copier-coller de
05:53ce que veut faire Jordan Bernallaz s'il arrive au pouvoir, on est à peu près sur des dépenses
05:58non financées, puisque en fait c'est ça qui compte, donc on faisait le parallèle
06:01avec le mini-budget de l'Istrus qui a déclenché, entre guillemets, l'hystérie obligataire
06:06finalement sur le marché britannique, c'est 60 milliards, effectivement, qui ne seront
06:10pas financés, dans un contexte où, on rappelle que Bruno Le Maire cherchait déjà encore
06:1420 milliards avant les élections pour pouvoir, effectivement...
06:17C'est deux fois plus que les baisses d'impôts non financées de l'Istrus.
06:20Oui, c'est ça, mais on a 20 milliards pour donner l'ordre de grandeur.
06:2460 milliards, effectivement, de dépenses non financées, là on est...
06:27On parle d'un programme papier, enfin, effectivement, on verra ce qu'il en reste, mais...
06:32Il n'en restera rien, puisque finalement, à mon sens, globalement, ce qu'il se passe...
06:35Non, mais là aussi, quand on vient aux affaires, on va se rendre compte de la réalité budgétaire,
06:40ça a été évoqué, on a moins 5,5 de déficit, on est déjà quasiment, enfin, on est vraiment
06:44au-delà des clous budgétaires du pacte de stabilité, qui sert effectivement à rajouter
06:48déjà finalement un peu de flexibilité, donner un peu plus de latitude au pays en
06:52cas de dérapage, en cas d'augmentation de significatifs de déficit, mais à 5,5%, on
06:57ne peut pas faire grand-chose, et on le voit bien, quel que soit, finalement, le bord
07:01politique, et on ne sait pas, finalement, quelle va être la coloration politique de
07:04ce gouvernement, Rassemblement National, on enterre peut-être un peu trop vite, finalement,
07:09la majorité présidentielle qui pourra, effectivement, sur un malentendu, jouer le rôle d'arbitre...
07:12Un bloc centriste, oui.
07:13Donc voilà, qui pourra effectivement faire la pluie et le beau temps au niveau de ce
07:17nouveau gouvernement, et au niveau législatif, d'où la paralysée, finalement, législative,
07:21et donc l'absence de dérive budgétaire, parce que qu'est-ce qui se passe comme en
07:24Belgique, quand il n'y a rien, quand il n'y a pas de gouvernement, finalement, en tout
07:27cas, un gouvernement sérieux, ben, finalement, il ne se passe pas grand-chose.
07:29Mais, en tout cas, tout ça pour dire que, que ce soit, finalement, le Front Populaire
07:32ou le Rassemblement National, ils sont tous dans le même prisme, c'est-à-dire l'utilisation
07:37de la dépense publique, la relance par la demande, et on voit bien que, finalement,
07:40ce n'est pas le moment, finalement, dans un contexte où il n'y a pas déjà de recettes
07:44publiques nécessaires, et où, en plus, on sait que cette relance par la demande est
07:47inflationniste, par ailleurs.
07:48Donc, lutter, parce que ça, c'est un des grands programmes, finalement, du Rassemblement
07:51contre l'inflation en générant de l'inflation, c'est un peu paradoxal, me semble-t-il.
07:55Donc, c'est pour ça qu'à mon sens, il ne se passera pas grand-chose.
07:57Et donc, in fine, l'arrivée au pouvoir dans un contexte extrêmement bloqué générera,
08:02finalement, de manière endogène, un blocage.
08:04Il ne va pas se passer, encore une fois, je doute de voir les dépenses publiques augmenter
08:09de manière significative, parce qu'encore une fois, on n'en a pas les moyens.
08:12Et donc, il va falloir se recentrer, à un moment donné, sur l'existant et faire en
08:16sorte, finalement, que la situation puisse tenir.
08:18Le risque d'avoir un blocage, finalement, politique et institutionnel, il est quand
08:22même relativement fort.
08:23Et c'est ça, aujourd'hui, finalement, qui est le plus grand danger pour la France.
08:25Et vous citiez, finalement, dans un cadre européen, finalement, le problème, c'est
08:29qu'on a d'autres enjeux.
08:30On a des enjeux sécuritaires, on a des enjeux énergétiques, on a véritablement, en fait,
08:34on a les élections américaines qui vont devoir, qui vont constituer, par ailleurs,
08:37un risque à l'échelle de l'Europe.
08:38Et avoir une Europe divisée avec une France, on va dire, qui ne sera pas dans les clous
08:42européens, c'est problématique.
08:43Et ça, alors, je mets de côté, effectivement, l'idée des dérives budgétaires.
08:47Il y a une réalité à l'exercice du pouvoir qui s'appliquera, quelle que soit la personne
08:53en charge.
08:54Mais un des grands arguments qui justifient le statut de l'OAT, et pas juste chez les
08:58agences de notation, mais auprès des investisseurs globaux, c'est quand même la capacité
09:03à gouverner la France avec des institutions fortes, avec un régime stable, etc.
09:09Est-ce que là, de ce point de vue-là, il n'y a quand même pas quelque chose qui est
09:12en train de changer, qui peut faire évoluer la perception que les acheteurs de l'aide
09:17française ont, justement, des actifs français, en l'occurrence ?
09:22Mais le problème, c'est que là, il y a un risque, effectivement.
09:25Donc, ce risque, il commence à être dans les prix, effectivement, de l'OAT.
09:29On va voir, effectivement, si, globalement, les institutions françaises...
09:33Non, mais le côté blocage institutionnel, ce n'est pas positif pour l'OAT.
09:40Non, ce n'est pas positif.
09:41Mais bien sûr que non, ce n'est pas positif.
09:42Je n'ai jamais dit que c'était positif, par ailleurs.
09:44Mais le point, c'est que, est-ce qu'aujourd'hui, alors à 70, 100 points de base, effectivement,
09:50des quarts de taux d'intérêt avec, effectivement, la référence allemande, est-ce que c'est
09:53un problème ? J'ai envie de dire, c'est le même parallèle, finalement, qu'avec l'Italie,
09:58avec la Grèce, etc.
09:59Dès qu'il y a un problème, une crise politique, une crise budgétaire en Europe, on voit les
10:03spreads, effectivement, s'envoler et on voit, effectivement, ce qui se passe, ces derniers
10:06revenir puisqu'on a quand même des garde-fous.
10:08On n'est pas non plus dans une zone de république bananière.
10:12Aujourd'hui, on achète trop rapidement, entre guillemets, le désastre et le cataclysme.
10:17On n'est pas dans cette thématique-là.
10:18Et à chaque fois que les spreads s'écartent, on s'étonne, effectivement, de leur écartement.
10:22Mais ils reviennent tous, finalement, à la normalité.
10:24Ça se fait, pour l'instant, j'allais dire, doucement et de manière ordonnée.
10:27C'est-à-dire, le spread, voilà, il était peut-être à moins de 50 avant, on monte
10:32à 65, 70.
10:33Ça se fait graduellement depuis trois jours.
10:35L'Italie, on est monté à 700 points de base de spread avant qu'il ne se passe quelque
10:43chose.
10:44Avant, on n'avait pas la même BCE.
10:45C'est-à-dire qu'en gros, là encore, on n'avait pas les mêmes institutions, pas la même
10:48BCE qui, aujourd'hui, est pragmatique.
10:49Encore une fois, tout le monde nous dit que la BCE ne réagira pas.
10:52Je ne suis pas d'accord.
10:53Le risque d'une crise majeure en zone euro déclenchée par un des pays piliers, finalement,
10:59de celle-ci, il est absolument colossal.
11:01On reviendra à quelles conditions et comment la BCE interviendrait dans un scénario de
11:06stress majeur.
11:07Il y a un point essentiel, il n'y a pas besoin d'intervenir.
11:10Il suffit juste que la Banque centrale soit crédible et dise, menace tout simplement,
11:14qu'elle fasse quelque chose pour que ça suffise à normaliser la situation.
11:17On l'a vu par le passé, ça s'est déjà produit.
11:19Mais sur la base de quoi ? Avec quel argument ?
11:21Un risque, effectivement, non diversifiable, un risque, effectivement, majeur et endogène
11:25et systémique.
11:26On ne peut pas prendre ce risque.
11:27Alors, je vais tourner la parole à un commentaire, Florian, sur la situation de marché.
11:32Stress très français, mais bon, on voit quand même, un, que l'OAT bouge plutôt avec les
11:38périphériques de concert aujourd'hui.
11:40On a changé un peu de case, en tout cas, pour cette séquence-là.
11:44Et puis, comment ce stress se propage sur les actifs européens ? Et est-ce que, comment
11:49dire, ça nous coupe un peu l'herbe sous le pied en tant qu'investisseurs, dans le sens
11:53où on commençait à parler d'un cas d'investissement européen peut-être plus favorable, à la
11:58faveur d'un petit décollage macroéconomique, de quelques baisses d'auto à venir de la
12:02Banque Centrale Européenne.
12:03Est-ce que tout ça est mis au placard, au moins pour un temps ?
12:06Pour l'instant, pas, au sens où l'écartement d'esprits ne s'accompagne pas d'une baisse
12:11de l'euro marquée.
12:12Aujourd'hui, on voit un effet sur les esprits français, mais on ne voit pas sur l'euro
12:15qui serait un peu la mesure d'une progression du risque systémique européen.
12:19Aujourd'hui, les actifs européens, ils restent attractifs, d'autant plus quand on voit la
12:23baisse de la journée.
12:24Le point que j'aimerais peut-être ajouter, c'est une crise franco-française, mais pas
12:31que, parce que ces partis qui commencent à avoir une émergence politique plus marquée
12:37qu'à l'habitude, ils ont en commun deux choses.
12:39Un, ils veulent dépenser de l'argent, donc il y a de la dépense fiscale qui est inflationniste.
12:43Pas de chance parce qu'on tente encore de lutter contre l'inflation et la BCE a révisé
12:46ses projections d'inflation, reconnaissant que les pressions inflationnistes en zone
12:50euro sont encore en train de progresser.
12:53Le deuxième élément, c'est que ce qu'ils ont en commun, c'est le protectionnisme.
12:56Il y a aussi une forme de protectionnisme qui est latente, gauche comme droite, et c'est
13:00aussi une source d'inflation.
13:01Mauvaise nouvelle pour la BCE, c'est-à-dire que si on se retrouve encore une fois dans
13:05un système un peu à la Lystreuse, on va avoir une banque centrale qui va peut-être
13:09voir encore des progressions dans les pressions inflationnistes, donc il va devoir faire son
13:13travail de banque centrale, surtout la BCE, qui n'est pas la feuille, il n'y a pas de
13:15double mandat.
13:16Et puis, dans l'autre côté, le risque fiscal, la fragmentation et la crédibilité, souvenez-vous
13:24la crédibilité de la Bank of England, la banque d'Angleterre, à cette époque-là
13:27était un peu mise à mal, pour dire les choses gentiment.
13:31Après, la France n'a pas le même système de retraite que la Grande-Bretagne, le système
13:35de financement, le système de retraite par capitalisation anglais s'appuie en grande
13:41partie sur les actifs illiquides et c'est ça qui a aussi généré ces ventes, ces
13:44panic sales.
13:45C'était le risque d'un effondrement du système de retraite britannique derrière
13:49le chaos généré par la présentation du mini-budget.
13:52Le système plus le mini-budget expliquent l'ampleur de la réaction.
13:56En gros, le danger pour nous de cette situation politique, pour le moment, il est plutôt
14:01du côté de la BCE qui pourrait être confrontée à faire un choix entre la fragmentation européenne
14:07et la lutte contre l'inflation.
14:09Et la BCE, c'est une très grande banque centrale, ce n'est pas la BOE, ce n'est pas juste une
14:13banque centrale d'une économie insulaire, c'est la deuxième plus grande banque centrale
14:17mondiale.
14:18Donc là, il y a un risque, surtout pour les gens comme nous qui avons été convaincus
14:22par l'idée qu'il y a une rotation à venir dans les actifs des actions américaines par
14:27les actions européennes, tentant de ramener vers les choses plus marchées.
14:31Mais c'est aujourd'hui la question qu'on doit se poser.
14:33Justement, quelle forme pourrait prendre l'intervention de la BCE face au risque de fragmentation
14:39aujourd'hui, généré notamment par le cas idiosyncratique français ? A partir de quel
14:45niveau ça devient une mission pour la Banque Centrale Européenne et de quelle manière
14:49on opère ? Avec quel programme, quel argument ? Tout ça se retrouve devant les juristes
14:55à la fin de l'histoire.
14:56Quand la BCE se prépare à ce genre d'intervention, on a vu des cas, des années après, traités
15:03encore par les Cours Européennes de Justice, Constitutionnel, Carl Schroer, etc.
15:08Donc il faut avancer quand même avec un argument et un cadre solide quand on se lance dans
15:12ce genre de mission.
15:13Plus le besoin de discipline que la BCE doit imposer auprès des Etats.
15:17La discipline budgétaire, c'est aussi à la Banque Centrale de l'imposer aux Etats.
15:20Donc ce n'est pas un sauvetage sans contrepartie ?
15:22Ce n'est pas un sauvetage sans contrepartie.
15:24Il doit y avoir progression sur les spreads qui rendent la situation française difficile
15:32à tenir.
15:33Effet boule de neige global sur l'intégralité des spreads périphériques, plus baisse de
15:39l'euro.
15:40Et lorsqu'on arrive dans ce genre de cas-là, on est capable de dire oui, il y a un risque
15:42systémique, pas mondial, un risque systémique pour la zone euro.
15:45La zone euro, c'est ma mission, c'est le rôle de la Banque Centrale d'intervenir
15:49dans ces cas-là.
15:50Quantifier ça, ça va être difficile.
15:51Alors Nicolas ?
15:52Oui, non, moi je n'ai pas du tout dit qu'on est dans une crise systémique, dans une crise
15:59spécifique.
16:00Il me semble qu'il y a un peu un tropisme français que vous avez là dans ce que vous
16:03décrivez, en disant oui, l'ABCE va intervenir.
16:06Mais enfin, il faut quand même comparer et regarder la réalité entre 2012 et 2024.
16:11La réalité, c'est que la France est en train de devenir le plus mauvais élève de
16:15l'Europe.
16:16C'est ça la réalité.
16:185,5% de déficit, je ne crois pas qu'il y ait un autre pays européen qui ait un niveau
16:23aussi pourri.
16:24Le niveau de ratio de dette sur PIB n'a fait que se dégrader.
16:28Avec Macron, c'est plus de 20%, je crois, de plus.
16:32Quand on compare par rapport à 2012, tous les niveaux de déficit ont augmenté depuis
16:364 ans.
16:37De dette, mais pas de déficit.
16:38Aujourd'hui, si vous comparez la situation de l'Italie à la France, la situation budgétaire
16:46et de dette italienne n'est pas plus mauvaise que celle de la France.
16:50La preuve de ce que je dis, ce sont les marchés qui le disent.
16:53Aujourd'hui, le taux français traite à un niveau, c'est-à-dire que la France s'endette
17:00à des niveaux plus élevés que le Portugal, proche de l'Espagne.
17:04Ce qui est aussi le reflet des efforts faits par ces pays-là depuis la crise souveraine.
17:09A commencé par le Portugal, la Grèce est revenue investir en grade et l'Italie, qui
17:14a toujours eu son excédent primaire pour gérer la situation antérieure à la création
17:19de l'euro.
17:20Aujourd'hui, c'est une question d'abord française, pas systématique, mais spécifique.
17:26Ce n'est pas une mission pour l'ABCE.
17:27Pour l'instant, le seul point que je dis, c'est qu'entre maintenant et le deuxième
17:32tour, dans les 15 jours qui viennent, on peut avoir de la volatilité, n'attendez pas que
17:36Zorro arrive.
17:37Ce n'est quand même pas Christine Lagarde qui va intervenir en plein milieu des élections.
17:41On était dans l'idée d'un scénario qui dériverait au-delà de la séquence électorale.
17:48Bien sûr, mais le risque que je vois, ce n'est pas tellement le risque d'une crise
17:53systémique, mais c'est plutôt un lent dérapage, un re-rating de la situation française.
17:57Donc un changement de statut de l'OAT qui s'opère peut-être structurellement.
18:01Aujourd'hui, c'est ça le risque.
18:02Mais je pense qu'à une finée, et on verra bien quand le gouvernement sera en place,
18:08là où je vous rejoins, c'est qu'évidemment, une fois que les personnes sont en place,
18:11le bon sens l'emportera et sans doute des mesures sérieuses seront mises pour éviter
18:16que ça dérape.
18:17Mais entre maintenant et cette incertitude, il peut y avoir un peu de dérapage.
18:21Ce qui me semble aussi important, c'est que quand on voit les actifs français, les spread
18:27de crédit, les spread des banques, ils sont très serrés par rapport à ce qu'ils étaient
18:31en 2017.
18:32Donc aujourd'hui, est-ce qu'ils intègrent le risque que l'OAT puisse aller à 100 points ?
18:36Pas du tout.
18:37Parce que si l'OAT s'écarte et va à 100 points contre la dette allemande, c'est tout
18:41le système français, bancaire et parapublic qui va quand même être impacté.
18:45C'est un coût de financement généralisé qui augmente pour les entreprises françaises.
18:49C'est une situation spécifique qu'il faut suivre, il n'y a pas de panique, ça crée
18:52des opportunités.
18:53Mais il ne faut pas oublier qu'on n'est pas dans la même situation que 2012, on n'est
18:57pas dans une crise systémique.
18:58C'est un point spécifique à la France, un élève qui est déjà un petit peu faible
19:03en moyenne générale.
19:04Alors 2012, très bon parallèle, l'Italie effectivement était un cas isolé, alors
19:08il y avait effectivement des problématiques budgétaires etc.
19:11Et ça a dégénéré finalement en crise un peu plus forte et beaucoup plus violente
19:17à l'échelle de la zone euro.
19:18L'idée personne n'a effectivement prétendu que Christiane Lagarde allait intervenir dans
19:21les deux semaines de la campagne, donc ce n'est pas de propos, parce que là franchement
19:24on nagerait en plein délire.
19:25Mais sinon globalement, encore une fois j'ai juste un point, élection en Espagne effectivement,
19:30le parti catalan commence à faire des siennes en ayant des velléités d'indépendance
19:36etc.
19:37En fait les achats de dette, quand la BCE avait son PEPP, de dette espagnole, ça a
19:41augmenté.
19:42Pourquoi ? Parce qu'effectivement la dette espagnole était sous pression en ce moment-là.
19:45Donc oui la BCE est pragmatique, oui il n'y a plus de PEPP, il n'y a plus de programme
19:48d'achat.
19:49Non mais d'accord, mais le problème c'est qu'il y a encore des instruments qui existent
19:52et qui permettent l'action discrétionnaire de la BCE.
19:54Oui il y a Karl Schröder, oui effectivement il y a des condoscinalités.
19:57Le TPI qui a été dessiné en 2022 pour être un filet de sécurité au moment où la BCE
20:03amorçait son resserrement monétaire, Christine Lagarde a toujours été très claire.
20:07Le TPI n'est pas là pour aider un pays qui ferait un choix politique intérieur ou une
20:12erreur de politique intérieure, nous ne sommes pas là pour réparer les choix qui sont faits
20:17par un pays.
20:18Ça c'est très clair, mais le problème c'est que si les conséquences effectivement, si
20:21on a des effets de contagion qui commencent effectivement à se manifester, là bien évidemment
20:25encore une fois l'insécurité...
20:26On passe à un autre niveau d'alerte.
20:27On passe à un autre niveau.
20:28D'accord.
20:29Mais encore une fois, personne ne dit que quel que soit le résultat du 7 juillet, on aura
20:33le lendemain, le 8 juillet, une intervention de la BCE.
20:36Ce n'est pas le sujet.
20:37Le sujet c'est de dire attention, regardons les programmes, regardons le risque effectivement
20:41d'augmentation du spread français et si jamais ça venait effectivement à contaminer
20:48les autres pays, les pays périphériques comme le soulignait Florian par exemple, là on
20:51aurait effectivement un problème.
20:52Et ce n'est pas le cas aujourd'hui.
20:53Depuis trois jours, ce n'est pas ce qu'on voit.
20:54Non, ce n'est pas le cas.
20:55Ce n'est pas le cas.
20:56Donc globalement, on fait bien la dissociation entre la situation française et le reste
21:00de l'Europe.
21:01Même si effectivement, il y a des tensions politiques un peu partout.
21:04Et donc du coup, le cas d'investissement européen est peut-être perturbé j'allais
21:09dire par cette incertitude politique, mais il n'est pas remis en cause aujourd'hui Florian ?
21:13Le cas d'investissement, il est lié à la reprise économique qui suit une période
21:17de faiblesse.
21:18Et ça, ça existe toujours ? Ça va se propager encore devant nous ?
21:21Tous les marqueurs sont là pour le moment.
21:23Vous prenez l'exemple le plus simple, je cite toujours cet exemple, c'est l'IFO allemand.
21:27Il faut regarder la composante attendue versus la composante actuelle.
21:29Climat des affaires en Allemagne.
21:30Il y a quatre signaux historiques depuis la création de l'indicateur, tous justes.
21:33Reprise économique marquée du côté allemand.
21:35L'Allemagne, c'était le patient malade.
21:37Alors il allait très bien, c'était un très bon élève, mais il avait une mauvaise bronchite
21:41pendant un temps.
21:42Et là, il donne des signes qu'il est en train de se remettre et de se remettre assez rapidement.
21:47Donc encore une fois, c'est l'usine de l'Europe, c'est l'un des moteurs de la croissance.
21:51Sa reprise va avoir des conséquences.
21:53La BCE l'a salué lors de la révision de ses anticipations de croissance, soyons très
21:57clairs.
21:58Une zone qui reste encore cheap, c'est-à-dire que les actions européennes, ce n'est quand
22:02même pas très cher.
22:03Plus on décale...
22:04Un peu moins d'ailleurs depuis deux ou trois jours, oui.
22:07Oui, exactement.
22:08Et on a un argument de valorisation.
22:12Jusqu'à présent, il y avait une reprise de momentum, évidemment, comme vous le dites.
22:14En ce moment, on observe un petit décalage sur le marché, un décalage raisonnable sur
22:19le marché.
22:20Est-ce que c'est une opportunité d'achat ?
22:21Mais ça ne change pas fondamentalement la situation en termes de reprise de croissance
22:26des earnings.
22:28Ce qu'ont connu les Etats-Unis sur les six derniers mois, c'est probablement ce que la
22:31zone euro va connaître sur les six prochains mois en termes de trajectoire de earnings.
22:35Quand on achète des actions, on achète les résultats des entreprises et non pas des
22:39résultats électoraux.
22:40Donc il n'est pas question aujourd'hui de changer les positions que vous pouvez avoir
22:44sur des actifs européens ?
22:46Ça le serait.
22:47Alors nous, on est des investisseurs, on investit en termes de risque, c'est-à-dire
22:50qu'on est risk-based, on a des fonds de risque parity.
22:54Si on voit la volatilité des OAT progresser, alors on va s'en éloigner.
22:58On a la chance ou la malchance que la volatilité du monde obligataire dans son ensemble est
23:03plus élevée qu'à d'habitude.
23:04Donc ce n'est vraiment pas l'endroit aujourd'hui où on est sur un risque.
23:07J'entends, j'avais envie d'être.
23:08On est déjà sous-pondéré côté obligataire, on va peut-être changer notre mix parce que
23:12la volatilité des OAT va progresser plus vite que la volatilité du Bund, donc les
23:16obligations allemandes.
23:17Et c'est ce qui pourrait nous amener à nous écarter temporairement des obligations
23:22françaises.
23:23Pour l'ensemble, la volatilité du monde obligataire, elle plonge ses racines dans
23:26la volatilité de l'inflation globale et cette problématique, elle est toujours là.
23:30Vous disiez tout à l'heure, Nicolas, on est passé négatif sur l'OAT, donc la dette
23:35française.
23:36Est-ce que ça a des conséquences sur votre vue concernant d'autres actifs européens
23:42à ce stade ?
23:43Non, je rejoins ce que vous avez dit sur le cas européen et la reprise économique,
23:49les ISM, les PMI qui plaident pour un rebond.
23:53Ça reste vrai.
23:54Ce qui se passe là, encore une fois, qu'on vient de décrire, il n'y a pas de nature,
23:57pour l'instant en tout cas, dans la mesure dans laquelle ça se déroule, à remettre
24:01en cause cette image-là ?
24:03Non, le côté économique, pour l'instant, est monétaire, puisque aussi le fait que
24:08la BCE a commencé ce cycle de baisse de taux, enfin ce cycle, entre guillemets, cette baisse
24:14honteuse parce qu'elle n'a pas voulu trop le dire, mais bref, le fait qu'elle peut
24:18continuer à baisser les taux, le fait qu'il y ait une reprise économique, oui, et le
24:22fait que la valorisation est attractive, il peut tout à fait y avoir un rebond.
24:26Donc nous, on est légèrement surpondérés.
24:27Mais enfin, entre les actifs européens et les actifs américains, mon cœur continue
24:34à balancer parce que, si vous voulez, malgré tout, les investisseurs internationaux vont
24:38quand même se poser des questions quand ils vont voir le résultat des élections, malgré
24:42tout.
24:43Et ça, ça va tout de même un petit peu jouer.
24:47Mais pour l'instant, il n'y a aucun impact de cet épisode électoral sur l'activité.
24:53Est-ce qu'il peut y en avoir un ? Oui, il peut y en avoir un.
24:56Si le Rassemblement national est à Matignon et l'extrême-gauche dans la rue, ça va
25:06peut-être créer un climat plus compliqué.
25:07Mais pour l'instant, on n'est pas du tout là et c'est un environnement qui est plutôt
25:11positif.
25:12Même si c'est vrai, il faut être attentif aux risques spécifiques français et il faut
25:16être sélectif quand même aussi vis-à-vis de certaines entreprises et certainement le
25:20secteur bancaire aussi.
25:21Vous dites « baisse de taux honteuse de la baisse de taux »…
25:24Oui.
25:25Non mais d'accord.
25:26J'assume.
25:27Déjà, elle l'a fait alors que franchement, les données précédentes n'allaient pas
25:32forcément dans le sens.
25:34Donc elle a quand même tenu pour une fois sa parole sur ce sur quoi elle s'était
25:38engagée.
25:39Au démarrage des hausses de taux, la parole a été trahie à certains moments.
25:43C'est vrai.
25:44Non mais vous doutez qu'il y en ait d'autres, des baisses de taux de la part de la baisseuse ?
25:47Non mais elle va être de moins en moins honteuse.
25:49Elle va être de plus en plus glorieuse.
25:50Je parle de baisse honteuse parce que c'est un peu caché ce que je ne saurais voir.
25:54Je baisse les taux mais en même temps, je remonte un peu les anticipations d'inflation
25:57et je ne dis rien du tout.
25:59Donc le résultat de cette baisse de taux, c'est que les taux longs ont monté.
26:01On verra.
26:02Peut-être qu'elle a remonté les anticipations, oui, les projections d'inflation sont remontées.
26:08Peut-être qu'aussi, ça donne une marge de surprise à la baisse qui peut permettre
26:13d'être un peu plus confortable.
26:15Je veux dire, ça facilite la création de surprises à la baisse sur l'inflation.
26:18On se fixe un objectif, on fixe des projections un peu plus élevées et puis on va constater
26:23que finalement, l'inflation est en dessous de ce qu'on avait projeté.
26:25On continue de baisser les taux.
26:27Oui.
26:28Vous faites la version positive.
26:29Vous faites la version positive.
26:30Je veux bien, d'accord.
26:31Mais c'est vrai qu'en termes de foragadance, de clarté, ce n'est pas évident pour l'investisseur.
26:35Et ce que je veux dire, c'est que c'est vrai que la baisse des taux de la Banque centrale
26:39et la reprise économique pourraient être favorables, par exemple, aux petites et moyennes
26:42capitalisations dont vous allez parler.
26:43Oui.
26:44Mais c'est vrai que pour ça, il faut vraiment qu'on ait une Banque centrale qui donne un
26:47chemin clair sur les baisses de taux et qui donne vraiment cette bulle d'oxygène.
26:50Nous attendons encore des baisses de taux de la Banque centrale européenne, mais on
26:53voit bien qu'elle est dans cette façon de gérer la politique monétaire très différente
26:57de Mario Draghi, où elle essaye de trouver des compromis.
27:00Et dans ce contexte-là, qu'est-ce qu'on fait pour juillet ? On attend, on voit.
27:05Et donc pour l'investisseur, on n'a pas un cap très clair.
27:08Et ça d'ailleurs, les taux d'intérêt ne sont pas si à la baisse que ça.
27:12Non.
27:13Peut-être qu'au fur et à mesure, elle trouvera un peu plus de marge de manœuvre, de confort
27:17pour offrir un peu de forward guidance aux investisseurs.
27:20Encore une fois, s'il n'y avait pas de forward guidance, elle n'aurait peut-être même pas
27:23baissé les taux le 6 juin dernier.
27:25Pauvre Christ.
27:26Non, bien sûr.
27:27Non, non.
27:28C'est facile.
27:29Et je pense que ce que vous avez dit aussi est très intéressant par rapport au télescopage.
27:32On est là dans la politique fiction, mais si jamais il fallait, s'il y avait un peu
27:35de tension sur les périphériques, c'est vrai que ça tilterait un petit peu la question
27:40de politique monétaire.
27:41Mais on n'en est pas là.
27:42Surtout, le point le plus important, et je pense que le terme que vous avez cité est
27:44vraiment essentiel, c'est une baisse de compromission.
27:47C'est un compromis en fait, cette baisse de taux.
27:49Ça n'a rien à voir avec la réalité macroéconomique de la zone euro.
27:51L'année dernière, on a eu un accident de croissance que l'Allemagne était littéralement
27:55en récession.
27:56Donc là, globalement, ça va mieux.
27:57Ça se stabilise.
27:58Donc quand vous regardez juste la dynamique, c'est-à-dire qu'en gros, on passerait de
28:01moins 0,3 à quelque chose d'extrêmement faible en Allemagne, mais ça suffit finalement
28:05à justifier une stabilisation, même une croissance économique qui pourrait surprendre
28:07le consensus.
28:08On voit bien que c'est déjà le cas depuis le début de l'année.
28:10Et sur l'aspect marché-action européen, là, le marché va commencer à regarder non
28:16pas les résultats, la croissance des bénéfices pour 2024, puisque on a déjà fait une partie
28:20de l'année, mais il va se projeter pour 2025.
28:21Et là, c'est surtout ce qui est très intéressant.
28:23Les résultats des entreprises, quand on prend les indices par exemple nationaux, le CAC,
28:27le DAX ou le MIB, c'est très faible pour cette année.
28:30Et quand on regarde finalement ce qui est arrivé pour 2025, c'est très fort.
28:33C'est quoi, du plus 10 ?
28:34Même plus.
28:35Donc globalement, vous avez du plus 12 pour l'Allemagne et quand on compare effectivement
28:38de quelque chose d'extrêmement, on va dire, flat, on va dire à 1 ou 2 %, le delta, au
28:42moins la différence, fait que vous avez plus 10, ce qui est beaucoup plus fort qu'aux
28:46Etats-Unis en réalité.
28:47Et on a déjà vu des phases de déconnexion, alors je suis d'accord que c'est très difficile
28:50effectivement de quitter le marché américain, ce n'est pas ce qu'on fait d'ailleurs, mais
28:53se dire que le marché européen peut s'affranchir finalement de ce qui se passe aux Etats-Unis,
28:57ça s'est déjà produit.
28:582022, fin 2022, le marché américain est complètement stone, il est complètement
29:02flat, alors que le marché européen, lui, continue.
29:04D'ailleurs, d'octobre 2022 à aujourd'hui, je n'ai pas la mesure précise, mais je ne
29:09crois pas que les indices européens soient particulièrement en retard sur les indices
29:12américains.
29:13Pas tellement.
29:14Sur cette séquence-là, je pense qu'on est kiff-kiff, voire peut-être certains indices
29:17européens au-delà de ce qu'on en voit sur les indices américains.
29:20Mais on a eu cette phase effectivement de décalage, c'est-à-dire qu'en gros ça peut
29:21se produire.
29:22Et je ne serais pas étonné de voir d'ici la fin de l'année finalement, cette Europe
29:25un peu bancale, un peu malade sur le plan politique, etc.
29:28Finalement, sur un malentendu, il y a de la valo, finalement, il y a même un petit réservoir
29:34de croissance.
29:35Et sur un malentendu, finalement, on citait effectivement le cas de l'Europe qui parvient
29:41finalement à se mettre d'accord sur des plans de relance budgétaires qui profitent
29:44à certains pays, pas à d'autres.
29:45Finalement, si on arrive à mettre tout ça de concert, ça va peut-être servir les intérêts
29:49des boîtes européennes.
29:50Et nous, c'est ce sur quoi on table effectivement pour la seconde partie de l'année.
29:54Et ce qui se passe aujourd'hui ne change pas cette dynamique.
29:57L'Allemagne est affectée, c'est vrai, l'Europe est affectée par le Canada de la France et
30:02ça affecte l'Allemagne, mais ça ne va non plus remettre en cause la trajectoire de croissance
30:05de l'Europe.
30:06Toujours l'idée que les attentes sont tellement basses sur l'Europe que, finalement, la moindre
30:11surprise positive peut générer des effets.
30:13Donc à l'affiché, les 0,9% de croissance, tout le monde dit que c'est complètement
30:17irréductible.
30:18Mais pas du tout !
30:19Moi j'entends plein de gens qui viennent me dire, moi je suis à 0,8, je suis à 0,9,
30:22je suis à 1.
30:24Parfait.
30:25Je ne sais pas, les gens qui font de la conjoncture et qui font des projections, ils ne viennent
30:29pas me dire que c'est complètement irréductible.
30:31Avant la projection, les publications, on était à ce niveau-là et donc on nous targuait
30:37finalement d'être un peu trop optimistes, exagérément optimistes.
30:40Le consensus a démarré à 0,5, il ne faut pas l'oublier.
30:42Oui, c'est l'acquis déjà qu'on a pour l'année.
30:44Oui, quasiment.
30:45Non mais même, fin d'année dernière, on a démarré à 0,5 alors que l'acquis était
30:49encore en dessous.
30:50Tout ça pour dire effectivement qu'à chaque fois que la Bessmé dit quelque chose, ça
30:54ne va pas.
30:55Donc c'est problématique.
30:56Oui, elle est payée pour ça, c'est le job.
30:59Mais il faut se prosterne en disant que c'est génial alors qu'il y a à boire et à manger
31:03dans ses propos.
31:04Alors on va voir, est-ce qu'on se prosterne devant Powell ?
31:05Eh bien si, c'est la question Florian.
31:08Moi j'ai eu l'impression, je l'ai écouté, oui, j'ai bien écouté Powell, je trouve
31:11qu'il est toujours assez clair dans son discours, même s'ils sont dans le brouillard et qu'ils
31:15ne veulent pas sortir de la dépendance aux données, etc.
31:18Pour des questions politiques, tactiques, j'en sais rien.
31:20En tout cas, moi je constate que le marché a plutôt accordé de l'importance aux dernières
31:27données, le CPI, les données d'emploi, effectivement.
31:31Alors on a revu un peu peut-être la lecture avec le dernier rapport sur le marché du
31:35travail, mais quand même, tout le faisceau d'indication qui montre le rééquilibrage
31:38du marché du travail, le PPI qui vient enfoncer le clou encore aujourd'hui, j'ai plutôt
31:43l'impression que c'est ça qui fait que le marché continue d'imaginer que cet espace
31:47est en train de s'ouvrir pour la Fed.
31:48Il y a un chemin pour baisser les tours qui est en train de se créer devant nous.
31:51On a eu six mois de doutes, on a été surpris, je trouve, en mai dernier, de la façon qu'il
31:57a eu de communiquer le 1er mai, le communiquer lors du FOMC, et puis on s'est rendu compte
32:02en lisant les minutes qu'en fait les minutes étaient très différentes du FOMC.
32:07Ce qu'on vient d'avoir en termes de conférences de presse, c'est un copier-coller des minutes.
32:11On vient d'avoir une explication des minutes du meeting du mois de mai et c'est comme ça
32:15que la Fed est en train de se positionner.
32:16Dans lesquelles il nous disait quoi pour nous rafraîchir la mémoire ?
32:19Il nous disait que l'inflation n'était pas complètement finie, qu'il continuait
32:23à avoir une forme d'anxiété, alors que pendant la conférence de presse, dans l'ensemble,
32:27il avait l'air très à l'aise vis-à-vis de la volatilité de l'inflation.
32:30Là, il le dit clairement, on est prudent, on ne sait pas vraiment où ça va, on se
32:33rend compte qu'il y a une tendance à la désinflation mais qu'elle peut être plus chaotique que
32:36prévu.
32:37On est prêt à faire face à ça.
32:38Il y a 3-4 mauvais rapports dans la figure, donc oui.
32:41Il y a un exercice de réalisme, c'est plutôt bien effectué.
32:45Ce que je suis plus surpris, personnellement, c'est l'absence de révision à la baisse
32:48de la prévision de croissance sur 2024.
32:50On voit un faisceau d'indicateurs qui sont en train de se rétracter, ici ou là, ça
32:58touche surtout l'industrie, principalement, il y a quelques éléments autour des services
33:01également qui vont dans ce même sens-là.
33:03On a à peu près, je dirais, 60% des données qui se dégradent aux Etats-Unis depuis deux
33:08mois maintenant.
33:09Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, qui est extrêmement supportive du marché.
33:12Dans le métier du banquier central, c'est un peu ce que je disais sur la BCE tout à
33:15l'heure, quand il dit que nos projections sont conservatrices, on fait attention aux
33:20risques, etc.
33:21Est-ce qu'il n'y a pas l'idée de se dire, je vais mettre un petit peu le niveau de croissance
33:26et d'inflation peut-être dans la borne haute de mes projections et comme ça, en cas de
33:33surprise à la baisse, je suis très à l'aise pour pouvoir, vous voyez, c'est en dessous
33:39de notre scénario, ça nous donne de la place pour baisser les taux.
33:43Est-ce que ce n'est quand même pas ça aussi le fond de l'argument derrière ?
33:45Il a dit pendant la session de questions-réponses que ses forecasts, ses prévisions en tenaient
33:52compte du rapport sur l'inflation qui venait d'être publié 6 heures auparavant.
33:57Les forecasts du staff de la Fed, mais pas forcément les projections de points faites
34:02par chaque officiel.
34:03Il a dit chacun a le choix de les bouger ou de ne pas les bouger, visiblement il a l'air
34:07de dire que la plupart semblaient ne pas les avoir bougés.
34:09Il y a vraiment une extrême tête à dépendance, normalement ces chiffres-là ne sont pas pris
34:16en compte dans les forecasts, là visiblement ils l'ont été, on a vraiment envie d'être
34:21très précis sur l'évolution de rapport en rapport.
34:25Globalement, que l'inflation soit, je regarde le corps pécieux, ça boute, que ce soit
34:312,6 ou 2,8, ça n'empêche pas qu'il y a de la place pour ajuster au moins de 25, 50,
34:36peut-être 75 Bp le réglage de la politique monétaire.
34:39Oui c'est un signal parce que dans le statement on a très peu de changements, quand vous
34:42comparez côte à côte le statement de mai et celui de juin, le message est dans les
34:47forecasts, aussi simple que ça, ils disent qu'on a plus d'inflation, croissance inchangée.
34:51Croissance inchangée, point d'interrogation, je ne sais pas comment ils arrivent à faire
34:54ces calculs-là, plus d'inflation, on l'a vu tous sur les derniers mois, on a un bon
34:58rapport plus le PPI, attention parce que les chiffres de l'emploi étaient quand même
35:03un peu stratosphériques.
35:04On peut regarder les détails, on peut se dire qu'effectivement le part-time job, les
35:07jobs en temps partiel ont pas mal progressé.
35:11Donc il n'y a à boire et à manger, dans l'ensemble, contrairement à la révision
35:16des forecasts de l'ABCE, on a une ligne directrice qui nous dit l'inflation, on se rend compte
35:22que c'est moins bien que ce qu'on avait prévu, néanmoins on est prêt à baisser
35:26une fois, voire, tout le monde dit une fois, c'est 5,1 la prévision, donc c'est une fois
35:31plus.
35:32Il y a plus de membres du FOMC sur les 19 qui pensent qu'il y aura deux baisses de
35:37taux que de membres qui pensent qu'il y aura une baisse de taux cette année.
35:40C'est notre scénario, deux baisses de taux, et avec ça, on ouvre la porte aussi à plus
35:44de confort en termes économiques.
35:45Ils sont aussi data-dependants qu'ils le disent ou quand même, est-ce qu'ils commencent
35:50à avoir avec peut-être un peu plus de confiance dans les projections et les prévisions qui
35:54sont faites ? Christine Lagarde le soulignait, on a un peu plus confiance quand même dans
35:57nos modèles et dans nos prévisions d'inflation, on se trompe un peu moins depuis quelques
36:01mois.
36:02Il faut bien que ça commence quand même par quelque chose.
36:04Est-ce que ça permet quand même de se dire que même s'il y a la rhétorique de la dépendance
36:08aux données et que pour l'instant, on ne veut pas relever le nez du guidon, est-ce
36:13qu'ils commencent à avoir une idée quand même du rythme, de la trajectoire, d'un éventuel
36:19taux d'arrivée également ? Parce que quand on commence un mouvement, un cycle, il faut
36:23quand même avoir une idée de là où on va et à quel rythme et quelle vitesse.
36:29Écoutez, nous notre scénario n'a pas vraiment changé ni pour la Fed ni pour la BCE.
36:32On a un peu ajusté la Fed, on avait toujours trois baisses BCE et on avait deux baisses
36:36de la Fed.
36:37On reste confiants sur cette baisse de la Banque centrale américaine.
36:40La grande question pour nous, c'est celle de l'inflation, comme vous l'avez dit.
36:45Provision d'inflation pour 2024 et 2025.
36:48Et donc, est-ce qu'on peut avoir une fenêtre, comme vous avez dit, un chemin qui s'ouvre
36:52pour baisser les taux ? Oui.
36:53Est-ce que c'est clair le point d'atterrissage ? Pour moi, pas du tout.
36:57Je pense que, comme je l'ai déjà dit, ça dépendra quand même du résultat des élections
37:00américaines.
37:01Et il se trouve qu'il y a quand même beaucoup de facteurs un peu plus moyen terme et structurels
37:06qui sont inflationnistes.
37:07Les récentes déclarations aussi qui ont eu lieu sur l'immigration par l'administration
37:13Biden, le fait qu'ils veulent resserrer l'avis sur l'immigration, c'est inflationniste.
37:18Puisque je crois qu'on parle de deux millions de migrants qui rentrent, ils veulent réduire
37:26de la moitié.
37:27Donc ça, ça va continuer à mettre de la pression sur le marché du travail.
37:32De l'autre côté, on a quand même vu aussi un peu plus de tensions dans le chip, dans
37:39les cargos et dans les livraisons à cause de risques spécifiques.
37:42Mais ça, c'est un peu plus important que prévu.
37:45Et puis, l'inflation nous a montré qu'il y avait des phénomènes temporaires, je crois
37:48que sur les assureurs, les assurances automobiles et les autres assurances.
37:52Mais ça se calme tout de suite.
37:53Oui, c'est du bruit.
37:54Mais à chaque fois, on dit « ah oui, mais c'est parce qu'il y a eu ce petit chiffre,
37:57ce petit... ».
37:58Donc ça crie du bruit.
37:59Nous, ma question de la Foreign Alliance, on ne peut pas faire de la politique monétaire
38:02en attendant le prix des voitures d'occasion et le prix de l'assurance automobile qui
38:07est mesuré de plein de manières différentes, qui est à 20% d'un côté et à 5% de l'autre.
38:11Ce n'est pas comme ça qu'on peut faire de la politique monétaire.
38:13Mais à votre question, est-ce qu'ils sont plus confiants sur leur projection, s'il
38:16y a une leçon qu'on a apprise, c'est que les projections d'inflation, elles étaient
38:20complètement fausses par tout le monde au cours des dernières années.
38:23C'est un début de regain de confiance.
38:25Est-ce qu'il y a une fenêtre ?
38:27Pour la rentrée, d'avoir une première baisse de taux, oui.
38:31Là, je vous rejoins.
38:33Est-ce que ça sera favorable pour l'investisseur ?
38:35Oui.
38:36Après, les élections américaines, sans doute, on reparlera de tout ça.
38:40Et on va reposer la question de la dynamique d'inflation.
38:42Je voyais là, dans les projections qu'ils font sur le long terme des taux d'équilibre,
38:46on augmente de 20 BP, de 2,6 à 2,8.
38:49Est-ce que c'est anecdotique ou est-ce qu'il y a l'idée que quelque chose de structurel
38:53dans le potentiel américain a évolué ?
38:56Oui.
38:57C'est tellement évident, globalement.
39:03Désolé pour ma question ratée.
39:06Ça fait plusieurs mois qu'on le dit, le CBO a déjà publié là-dessus.
39:09Il y a une révision du potentiel de croissance.
39:11Ce n'est pas un débat.
39:12J'ai l'impression que c'est un débat.
39:13Non, ce n'est pas vraiment un débat.
39:14Pour moi, ce n'est pas un débat.
39:15Quand vous avez autant d'investissements qui sont à réaliser sur le sol américain,
39:18vous avez eu un plan d'infrastructure massif.
39:22Quand on rénove les infrastructures...
39:24La part d'investissement, elle a vraiment explosé.
39:26Elle progresse.
39:29La contribution de l'investissement, alors même qu'on a des taux d'intérêt
39:32qui correspondent à un resserrement monétaire,
39:35vu les conditions monétaires extrêmement restrictives,
39:37l'investissement n'a pas disparu du pétage.
39:40La part d'investissement dans le PIB reste ce qu'elle a été.
39:44Il n'y a pas de déformation de ce point de vue-là ?
39:47Il faudrait que je regarde.
39:49La politique budgétaire qui a consisté à inciter fiscalement
39:53les entreprises à investir,
39:55ça a forcément une conséquence sur le potentiel.
39:58L'inflation, on en parlait par ailleurs.
39:59Pourquoi est-ce que ce taux d'intérêt a été revu à la hausse ?
40:01C'est tout simplement parce que structurellement,
40:03on a plus d'inflation pour les raisons qui ont été évoquées.
40:05Et ça me semble effectivement logique.
40:07Et sur le dernier point, la Fed,
40:09elle a une fenêtre.
40:10Je suis d'accord avec Florian.
40:11Les 2% ou 2,1% de croissance attendues pour cette année,
40:13je ne sais pas où ils vont les trouver.
40:15Mais ce n'est pas nouveau que la Fed tarde à réviser
40:17ses projections de croissance.
40:19On l'a déjà vu l'an dernier.
40:20Ça s'est déjà produit.
40:21Et globalement...
40:22On va un petit peu en dessous.
40:24Tant mieux à la limite.
40:26Ça ouvrira l'espace de baisse de taux encore plus vite.
40:30Mais là où c'est très intéressant,
40:31c'est qu'ils attendent 4 baisses de taux l'an prochain.
40:32Donc effectivement une par trimestre.
40:34Ça voudrait dire qu'ils ne pourraient pas commencer en décembre,
40:36ils pourraient peut-être commencer en septembre,
40:38laisser un peu de temps et enchaîner ce rythme trimestriel.
40:40Merci à vous 3 messieurs d'avoir été des invités
40:42de Planète Marché ce soir.
40:43Thomas Bruchétoine, Natick Sixième,
40:45Florian Rielpaud, Lombard Odieyem
40:47et Nicolas Forest, Candriam.

Recommandations