Mardi 28 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Julien Quistrebert (Gérant, Tailor Am) , Olivier de Royère (Gérant actions, Montpensier Finance) , Vincent Lequertier (resp. de l’Allocation d’Actifs, WeSave) et Evelyn Herrmann (Économiste Europe, Bank of America Global Research)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés.
00:13Chaque jour du lundi au vendredi, vous nous retrouvez à 20h30, si vous nous suivez à
00:16la télévision via vos box, vous nous retrouvez également chaque jour bien sûr en replay
00:20sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25Au sommaire de cette édition ce soir, la montée en puissance d'une semaine dense
00:30en termes d'informations pour les marchés et les investisseurs, peut-être même une
00:34semaine critique pour la poursuite de la dynamique de marché sur les prochaines semaines et
00:39les prochains mois avec la partie microéconomique qui va gagner en traction et les résultats
00:44de grandes entreprises qui vont très vite arriver, les résultats de LVMH publiés ce
00:49soir qui seront arbitrés demain par les investisseurs et puis plusieurs MagSeven qui
00:54publieront leurs résultats au cours de cette semaine dans un contexte où les questionnements
01:01s'accumulent sur le modèle économique de l'IA tel que développé par les anglo-saxons
01:06au lendemain du choc dipsyche, un choc sur les marchés qui a révélé parfois la fragilité
01:12du thème d'investissement autour de l'infrastructure IA et des centaines de milliards de dollars
01:16de capex qui ont été engloutis dans ces infrastructures jusqu'à présent.
01:21Évidemment la dynamique va sans doute continuer mais la question de la monétisation et de
01:24la rentabilité de l'intelligence artificielle n'a jamais été aussi vive qu'aujourd'hui
01:30avec l'arrivée d'un modèle dit à low cost, nous pouvons peut-être le définir
01:35ainsi et à travers le modèle présenté par DeepSeek, le chinois, ces derniers jours.
01:41Nous reviendrons bien sûr sur cet effet de commoditisation, de banalisation de l'IA,
01:46ce que ça peut impliquer sur le plan des marchés, sur le plan macroéconomique également
01:50peut-être puisque une grande partie du cycle d'investissement est tiré depuis quelques
01:55années maintenant par l'infrastructure en intelligence artificielle.
01:58Nos invités dans un instant pour discuter de ces sujets et puis dans le dernier quart
02:02d'heure de Smart Bourse, nous nous focaliserons sur le secteur de la santé, quelles sont
02:05les perspectives, les enjeux de 2025 pour ce secteur qui regroupe à la fois les grands
02:10laboratoires pharmaceutiques et des sociétés de biotechnologie et de medtech, également
02:15nous en parlerons avec l'un des spécialistes de mon pensier Olivier Droyer qui sera avec
02:20nous en plateau dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse.
02:33Mais d'abord, tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés
02:37du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
02:39Bonsoir Pauline, c'est une séance où les marchés tentent de rebondir au lendemain
02:44du choc DeepSeek.
02:45Oui, après la séance tendue d'hier sur les marchés causés par DeepSeek, le CAC 40
02:49évolue aujourd'hui en hausse modérée, toujours autour de 7900 points.
02:53En Europe, plus globalement, le stock 600 a touché un nouveau plus haut ce matin.
02:57Aux Etats-Unis, les indices ouvrent sur une note globalement positive.
03:01Bon, puisqu'on parle des Etats-Unis, parlons directement de Nvidia qui est le sujet du
03:06choc DeepSeek.
03:07Oui, Nvidia a souffert hier avec le choc DeepSeek, conséquence directe sur le titre, un plongeon
03:12de 17%, soit près de 600 milliards de dollars de capitalisation boursière envolée.
03:17C'est la plus grande chute de l'histoire des marchés américains.
03:20Aujourd'hui, Nvidia évolue en hausse de 1% environ à l'ouverture de Wall Street.
03:25Oui, en tout cas une action beaucoup plus volatile.
03:27On l'a vu monter, baisser, puis remonter dans les premières minutes de séance.
03:32Pour l'instant, c'est du vert effectivement sur l'action Nvidia.
03:35Plus globalement, c'est la capitalisation de la tech, du secteur de la tech aux Etats-Unis
03:40hier qui a été passablement affectée avec une chute de capitalisation de l'ordre de
03:441000 milliards de dollars.
03:46Oui, des valeurs comme ARM, Oracle ou Broadcom par exemple ont toutes cédé plus de 10%
03:50hier.
03:51Aujourd'hui, l'ensemble du secteur se réveille groggy.
03:53Le Nasdaq qui a clôturé hier en repli de 3% débute la séance en hausse de 1%.
03:58Du côté de la politique économique américaine, Donald Trump reparle des droits de douane.
04:04Oui, il a cité plusieurs secteurs pouvant être potentiellement soumis à des droits
04:07de douane dans un futur très proche.
04:09Les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques ou encore les métaux.
04:13A noter que le nouveau secrétaire du Trésor, Scott Besant, lors de son audition au Sénat
04:17a plaidé pour une approche graduelle et progressive.
04:20Il soutient l'idée de droit de douane universel, démarrant à 2,5% et pouvant être relevé
04:25mois après mois.
04:26Les marchés obligataires sont dans l'attente des décisions de politique monétaire.
04:30Demain soir, la fête.
04:31Jeudi, la Banque Centrale Européenne.
04:32On voit que le disant américain se stabilise autour de 4,55% aujourd'hui.
04:37Du côté des entreprises, par ailleurs Pauline, nous avons eu la publication de Boeing qui
04:42fait état d'une perte abyssale.
04:44Une perte de près de 12 milliards de dollars due à deux facteurs principaux.
04:49La grève qui a duré plusieurs semaines et les problèmes de fabrication et de qualité.
04:53Le chiffre d'affaires s'établit sous les attentes à 15 milliards de dollars.
04:56Le titre trouve toutefois une hausse de plus de 5%.
04:59Dans la série des publications du jour, on notera que l'allemand Siemens Energy a publié
05:04ses comptes également.
05:05Le titre qui était lourdement impacté hier et perdait 20% reprend aujourd'hui plus de
05:097% à la suite de sa publication pour le premier trimestre de l'exercice 2025.
05:14Les résultats sont meilleurs que prévus et le flux de trésorerie est supérieur aux
05:17attentes.
05:18Et puis dans la medtech, Sartre Stedim brille en France.
05:20Le titre est en tête du SBF 120 et gagne 12% après avoir fait état d'optimisme.
05:25La direction de l'entreprise vise un retour à la croissance et ses perspectives positives
05:30ont été saluées.
05:31Les ventes dépassent les attentes et sont en hausse de 6% pour le quatrième trimestre.
05:34Bon et puis les journées qui viennent seront de plus en plus chargées.
05:37Ce sera le programme de demain sur les marchés Pauline.
05:39La Fed rendra sa décision monétaire demain du côté des résultats journée chargée.
05:43Les investisseurs arbitreront les comptes de LVMH publiés ce soir.
05:47Ailleurs en Europe, ASML publiera ses résultats après avoir dévissé de plus de 10% hier.
05:52Enfin aux Etats-Unis, on attend 3 magnifiques sur 7, Meta, Tesla et Microsoft après la
05:57clôture.
05:58Tendance mon ami.
05:59Chaque soir en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel vous apporte les infos clés
06:02du jour sur les marchés.
06:07Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:17Évelyne Herrmann est avec nous, économiste Europe chez Bank of America Global Research.
06:20Bonsoir Évelyne.
06:21Bonjour.
06:22Julien Kistreber nous accompagne également, gérant chez Taylor Asset Management.
06:25Bonsoir Julien.
06:26Bonsoir.
06:27Vincent Lecartier est également avec nous ce soir.
06:28Bonsoir Vincent.
06:29Bonsoir Nicolas.
06:30Vous êtes gérant senior et responsable de l'allocation d'actifs de WeSave.
06:33Merci à vous trois d'être là.
06:34Ravi de vous retrouver.
06:36Vincent, quels sont les enseignements de la séance d'hier avec ce choc dipsychique
06:41effectivement qui est venu révéler peut-être certaines fragilités dans le thème d'investissement
06:45IA au sens où on l'entend, c'est-à-dire au sens anglo-saxon voire américain du terme
06:51aujourd'hui Vincent ?
06:52Clairement, il y a des arbitrages extrêmement forts, des prises de bénéfices d'abord
06:56sur les trois thèmes principaux, c'est-à-dire la partie semi-conducteur, la partie serveur
07:02et la partie électricité.
07:03C'est les trois gros thèmes qui ont fait l'objet de prises de bénéfices extrêmement
07:07violentes.
07:08Ce qui est logique, c'était des titres qui avaient flambé.
07:11Pour moi, ce n'est pas forcément une grande surprise.
07:16La question, ce n'était pas de savoir si ça arriverait.
07:19Mais quand ?
07:20Voilà, donc c'est arrivé, on a enfin trouvé une raison pour déclencher le mouvement.
07:27Ce que j'observe, c'est qu'en face de ça, on a des titres comme MetaApple qui montaient
07:32hier.
07:33Qu'il y a énormément de sociétés d'édition de logiciels qui montaient hier.
07:38Que le S&P 500 équipondéré a terminé epsilon positif hier.
07:45Autrement dit, lorsqu'on regarde les grands indices avec des pondérations extrêmement
07:51lourdes pour certaines sociétés très impliquées sur la partie intelligence artificielle, oui
07:56effectivement on a des prises de bénéfices et du coup des baisses des indices qui sont
08:01très fortes.
08:02Mais quand on regarde l'intégralité de la cote de façon équipondérée, on se rend
08:06compte qu'en réalité, le marché fait son travail et n'imagine pas que ça remette
08:11en cause la croissance économique du pays ou des choses comme ça.
08:15On est bel et bien sur un statu quo boursier pour la cote dans son ensemble.
08:21Et donc, les sanctions ont été assez chirurgicales vous dites.
08:25Le marché a plutôt bien visé et ne s'est pas trompé sur les valeurs qui ont été sanctionnées
08:32hier ou qui ont subi des prises de bénéfices un peu appuyées.
08:34Je ne suis pas du tout spécialiste du sujet, mais j'ai l'impression que les titres
08:40qui avaient énormément monté ont baissé, un certain nombre de retardataires ont pris
08:45le relais, on a une plus grande dispersion au sein de la tech des sociétés qui profiteraient
08:54potentiellement de cette nouvelle adoption d'une IA pas chère, puisqu'en fait c'est
09:00ça le vrai sujet.
09:01C'est de se retrouver avec deux offres, une offre haut de gamme, une offre bas de
09:05gamme entre guillemets ou peu chère, beaucoup plus accessible pour l'intégralité des
09:10entreprises.
09:11Et du coup, si l'ensemble de l'économie peut adopter plus rapidement une IA pas chère,
09:20ça ne veut pas dire pour autant que le thème de l'IA soit remis en cause.
09:23Au contraire, j'ai tendance à dire que ça va peut-être éventuellement accélérer
09:26encore son adoption, avec potentiellement les gains de productivité qu'on peut y associer,
09:33avec énormément d'enjeux majeurs pour l'ensemble de nos économies.
09:38C'est ce que dit le patron d'un SAP aujourd'hui, par exemple, il publiait ses comptes, ses
09:42résultats, interrogé évidemment sur le phénomène DeepSeek, pour lui, si le coût des modèles
09:48larges de langage, des LLM, baisse, en tant que fournisseur de logiciels qui intègrent
09:53de l'intelligence artificielle, c'est parfait.
09:56Il est très content de ça.
09:57C'est l'arbitrage entre le prix et la quantité.
09:59C'est-à-dire qu'effectivement, jusqu'à présent, on était sur quelques sociétés
10:04qui bénéficiaient d'un prix extrêmement élevé, et donc qui ramassaient la mise.
10:09Aujourd'hui, en baissant le prix, une partie beaucoup plus large des entreprises va pouvoir
10:14accéder à ça.
10:15Et donc, un volant plus large d'entreprises va aussi encaisser les avantages du développement de l'IA.
10:23Est-ce que, je ne sais pas, janvier 2025 restera une date importante, comme octobre 2022 a
10:28été un moment important avec l'avènement, aux yeux de tous, de ChatGPT, Julien ? Là,
10:34on a un moment DeepSeek qui suggère qu'effectivement, on a un phénomène de commoditisation, de
10:41banalisation peut-être, de ces modèles de langage, d'intelligence artificielle, beaucoup
10:46plus rapide que ce qu'on pouvait imaginer, en tant que non-spécialiste, j'entends.
10:50Bien sûr, il n'y a pas de rupture, effectivement, comme le disait Vincent, sur la logique d'accélération
10:57de la pénétration de l'IA dans les entreprises, voire même, ça va aller beaucoup plus vite,
11:02effectivement.
11:03Je pense que ce qui est à surprise, c'est que tout le monde s'attendait peut-être
11:06plus à des ruptures au niveau des puces ou des concurrents qui seraient arrivés concurrencer
11:09NVIDIA.
11:10Parce qu'on le sait tous, quand on a des marges aussi élevées, on se dit à un moment,
11:14il y a d'autres acteurs qui vont arriver sur ce marché.
11:15Et peut-être que la surprise, finalement, c'est dans le mode d'apprentissage où il
11:19y a eu une rupture.
11:20Et là, je pense qu'il n'y a pas grand monde qui s'attendait à ce genre d'informations
11:25avec des facteurs de 1 à 10 en temps d'apprentissage, donc c'est quand même très significatif.
11:31Après, sur la cohérence, oui, c'est logique qu'NVIDIA soit, entre autres, un des premiers
11:36sanctionnés puisque ça veut dire qu'on aura peut-être besoin d'un peu moins de puces.
11:41Ceci dit, il y a d'autres usages à venir.
11:44NVIDIA a beaucoup parlé, en fin d'année dernière, de la robotique qui allait arriver
11:47aussi, qui allait être un débouché.
11:49L'IA physique, c'est la nouvelle frontière pour Jensen Huang.
11:52Donc, tout n'est pas terminé, effectivement, sur ce dossier.
11:57Au contraire, on est au début de l'histoire.
11:59Maintenant, effectivement, les marges brutes à 95% d'NVIDIA, ce sera peut-être un peu
12:05plus difficile à maintenir, même si toutes les grandes entreprises américaines ont annoncé
12:09déjà leurs plans de CAPEX.
12:11Elles sont déjà dans les carnets de commandes.
12:13Donc, on peut imaginer que même si…
12:15On ne va pas tirer tout de suite un trait sur les plans de CAPEX 2025, qui vont s'élever
12:20à 300 milliards, quasiment, pour les 4 ou 5 plus gros hyperscalers ?
12:23Tout à fait.
12:24Donc là, pour le coup, je pense que…
12:26Mais effectivement, puis après, il y a un sujet de valorisation.
12:29Et donc, si c'est le début de la commodisation des modèles de langage IA, c'est aussi
12:34le début de la normalisation pour une entreprise comme NVIDIA, du point de vue de la croissance,
12:39de la valorisation ?
12:40En tout cas, ce qu'on voit, c'est que sur les 7 magnifiques, l'écart de croissance
12:43paraît fait de base.
12:44De toute façon, on va être de moins en moins sympathique au fur et à mesure que les trimestres
12:47avancent.
12:48Alors certes, supérieur au reste de la cote, mais en tout cas, il y a une normalisation.
12:52Donc effectivement, nous aussi, on était plutôt partisans, en tout cas sur la partie
12:56indicielle et tactique, d'aller sur de l'équipondéré, justement, parce qu'on va en parler sûrement
13:02après, mais on sait que le plan de Donald Trump, quand même, est pour faire encore
13:07accélérer, en tout cas, au moins soutenir l'économie au maximum.
13:10Donc, la partie industrielle pourrait sans doute un peu mieux s'en sortir.
13:13Et avec des niveaux de valorisation qui sont, en somme toute, assez raisonnables aujourd'hui.
13:18Donc, pas d'inquiétudes spécifiques sur les marchés.
13:21C'est une correction saine.
13:22Voilà, maintenant, effectivement, dire aujourd'hui qu'il va y avoir des gros impacts sur l'activité
13:27des entreprises américaines, ça me semble un peu…
13:29C'est un peu tôt.
13:30C'est un peu tôt.
13:31C'est la prime de risque qui remonte.
13:32C'est normal.
13:33Oui, on avait oublié que même des valeurs tech stars comme Nvidia méritent parfois
13:38peut-être aussi une prime de risque.
13:40Voilà.
13:41On dit un peu ça.
13:42C'est exactement la même histoire.
13:43Vous avez plein de dossiers de ce type-là, un peu cycliques.
13:45Il y a un super-cycle à un moment et puis les gens commencent à tirer une grande ligne
13:50droite en se disant « le super-cycle va durer jusqu'au tulip ».
13:52C'est dingue.
13:53On le raconte à chaque fois, mais à chaque fois, ça se reproduit.
13:54On l'a eu tellement de fois.
13:55Les voitures électriques, on l'a eu sur… Enfin, bref, on ne va pas refaire toute l'histoire.
14:00Jusqu'au tulip.
14:01Oui.
14:02C'est quelque chose d'assez classique finalement.
14:03Oui.
14:04Jusqu'où ça peut mettre le Nasdaq en difficulté quand même, Vincent, quand on voit l'enthousiasme,
14:10la dose d'enthousiasme qu'il y a eu sur cette thématique, y compris pour le retail
14:15américain.
14:16On notait des données de marché hier nous apprenaient que dans la baisse de 15% de Nvidia,
14:22il y a eu des rachats massifs de la part des investisseurs particuliers, peut-être des
14:26rachats historiques sur une journée venant des particuliers sur une seule valeur comme
14:30Nvidia.
14:31Quand on cumule la dose d'enthousiasme qu'a porté le Nasdaq depuis deux ans maintenant,
14:38comment on réfléchit à quel type de difficulté est-ce qu'il pourrait se présenter si jamais
14:42effectivement la correction ne s'arrêtait pas à celle du lundi 27 janvier ?
14:46Quand je regarde la régularité des chocs qu'on a eus sur la dernière décennie, il
14:52fallait tout le temps acheter.
14:53Dès qu'il y avait des baisses un peu profondes, il fallait acheter.
14:55Donc le retail a eu raison hier ? Je pense, je pense, je pense.
15:00Il faut se rappeler aussi qu'il y a une réserve de monétaire qui est colossale dans le monde.
15:05Ça tourne aux alentours de 7000 milliards de dollars, c'est-à-dire le PIB de l'Allemagne
15:12et du Japon en cumulé.
15:13Donc ça, c'est la réserve.
15:15Si vous êtes passé à côté des technos pendant une fois, deux fois, trois fois, la
15:22quatrième, quand on vous le serre sur un plateau, vous avez envie d'y aller.
15:26Et une fois encore, je ne pense pas que l'histoire de l'IA soit remise en cause par cet événement.
15:32C'est-à-dire que ça va modifier les bénéficiaires, mais le thème lui-même, la dynamique en tant
15:39que telle, pour moi, reste présente.
15:42Donc oui, ça nécessite des arbitrages, des rotations à l'intérieur des technos.
15:46Donc effectivement, il va falloir regarder un peu plus le stock picking ou faire de l'ecol
15:53weight.
15:54Comme ça, vous ne vous posez même plus la question de savoir comment vous allouez précisément
15:58les capitaux.
16:00Le temps que les spécialistes identifient qu'elles sont effectivement les bons gagnants,
16:06les perdants.
16:07Est-ce que l'histoire qui nous a été racontée hier, est-ce que tout est vrai ?
16:12Alors, ça, c'est des questions auxquelles on aura du mal à répondre.
16:16Mais oui, ça fait partie quand même de l'équation.
16:18Il est probable que les performances de DeepSea sont aussi sobres.
16:23Il est probable que l'état chinois soit en partie derrière.
16:26Il est probable que le nombre de processeurs utilisés soit nettement supérieur, voire
16:32de qualité supérieure à ce qui est déclaré.
16:34Je ne suis pas certain que la performance énergétique soit aussi spectaculaire que
16:39ce qui est officiellement annoncé.
16:40On a du mal à savoir quel type de puces ou GPU ils ont pu utiliser.
16:43Ce qui est certain, c'est que c'est de l'open source.
16:45Ce qui veut dire qu'il y a beaucoup de choses auxquelles le marché va avoir accès, auxquelles
16:50les spécialistes vont avoir accès.
16:51Et donc, on va pouvoir quand même juger de la qualité de la prestation du logiciel.
16:56Il est déjà très bien classé.
16:58Mais pour l'avoir utilisé moi-même un petit peu, très sincèrement, c'est spectaculaire
17:03de voir la qualité du rendu.
17:05Je ne suis pas capable de faire la différence avec OpenEye, avec ChatGTP ou avec Cloud.
17:13C'est un produit de très bonne qualité.
17:17Pour répondre à votre question, est-ce que le Nasdaq va en souffrir beaucoup ?
17:22Quand bien même il baisserait d'une dizaine de pourcents, vous restez dans un canal absolument
17:26magnifique haussier et tous les développements à venir dans la défense, les énergies nouvelles,
17:34même si Trump n'aime pas le sujet, ça va continuer de se maintenir.
17:39Tous ces investissements qu'on va avoir, et ça m'étonnerait que Trump ait envie
17:43de casser l'avance technologique américaine vis-à-vis des Chinois ou des Européens.
17:49Là, ça va même le renforcer dans la volonté de ne pas lâcher la pole position.
17:53Il a dit que c'était un wake-up call, que c'était un signal d'alerte pour la tech américaine.
17:59Ça va plutôt encourager des nouveaux investissements dans la tech.
18:02Donc moi, mon pressentiment, c'est que le Nasdaq, il a encore de beaux jours devant lui.
18:07Qu'est-ce que ça peut inspirer comme réflexion sur le plan macroéconomique si ça a lieu d'être ?
18:13J'ai vu une réaction parmi d'autres, d'Olivier Blanchard, par exemple, sur les réseaux sociaux,
18:18qui, de manière très claire, estiment que DeepSeek est peut-être un choc positif
18:24de productivité totale des facteurs historiques dans l'histoire.
18:28Alors ça, c'est le langage d'Olivier Blanchard, d'un économiste,
18:32mais il y a quand même l'idée que ça peut aussi accélérer beaucoup de choses,
18:36peut-être sur le plan macroéconomique, en tout cas des choses qui peuvent avoir des conséquences
18:40sur le plan macroéconomique.
18:42Je ne vais pas contredire, mais je pense que déjà, on commence juste à regarder.
18:50Donc du coup, à très court terme, un des phénomènes qu'on nous pose là,
18:54court terme, c'est quel est l'impact de l'effet de richesse sur le consommateur américain.
18:59Puisque alors que vous êtes tous très optimistes, on n'est peut-être pas tous effectivement équipondérés.
19:06Donc du coup, il peut y avoir un effet de richesse à court terme sur le consommateur américain
19:11qui peut peut-être faire un peu peur.
19:13Ça, mes collègues américains restent relativement convaincus que le consommateur est quand même résilient,
19:19qu'on a des bilans de consommateurs qui sont relativement robustes
19:24et qui devraient être capables dans leur intégralité de gérer ce genre de réajustement.
19:29Donc du coup, ça, c'est le risque à court terme.
19:33L'effet richesse, le risque.
19:34Nvidia étant une des valeurs sans doute les plus détenues par les particuliers américains.
19:38On a eu Tesla à un moment, Apple historiquement, bien sûr.
19:41Donc du coup, ça, c'est un risque peut-être plus à court terme.
19:45Après, à moyen terme, le sujet AI, c'est un qui est avec nous depuis un bout de temps.
19:52Effectivement, si vraiment les gains sont tellement importants par cette nouvelle offre,
19:57peut-être les choses vont s'accélérer.
20:00La chose peut-être qui est intéressante à réfléchir, c'est que si c'est tellement plus bon marché,
20:08le facteur inflationniste, dans certains inflationnistes continuent à parler de cette innovation,
20:16va encore diminuer, même à court terme.
20:19Donc du coup, ça peut peut-être un peu prendre de la pression dans cette histoire
20:27de tout est toujours pour l'éternité plus inflationniste que ce qu'on a connu.
20:33Ça rééquilibre un peu la conversation au sein des banques centrales.
20:36Au moins, ça pourrait le provoquer.
20:38Après, tout est une question de à quel point c'est rapide.
20:41Après, il y a aussi la question de à quel point on peut redistribuer la richesse créée
20:45avec les gains de productivité au sein de la population,
20:49puisqu'on est très au courant que les chocs inégals peuvent peser sur la croissance.
20:53Il y a plein de questions qui se posent autour du sujet du AI, du IA.
20:56Je pense qu'on est tout juste au début.
21:03Mais a priori, si toute cette transition se fait plus rapidement
21:07et à un coût inférieur par rapport à ce qu'on a pensé avant,
21:10et c'est que le deuxième jour qu'on discute ça pour de vrai,
21:13il y a plein de questions qui viennent avec,
21:16l'histoire inflationniste est peut-être moins puissante.
21:20Elle est peut-être moins importante que ce qu'on peut imaginer.
21:23Mais si on reste encore un peu sur le sujet IA,
21:26comment on aborde l'investissement en IA,
21:29partant des informations qu'on a pu recevoir jusqu'à aujourd'hui ?
21:35C'est une bonne question.
21:39Plus sérieusement, dans notre cas, nous, dans les allocations,
21:42on n'était pas très exposés à la tech pour des questions de valorisation.
21:47Tout simplement.
21:49Et pas forcément parce qu'on n'y croyait pas sur les perspectives.
21:53Effectivement, quand ?
21:57On n'avait pas la réponse, mais on trouvait que sur ces niveaux de valo,
22:00en moyenne, c'était plutôt un peu tendu.
22:03La question, c'est plutôt quand est-ce qu'on revient,
22:06en tout cas de notre côté.
22:09Je pense qu'effectivement, on n'a pas suffisamment d'informations
22:12à ce stade pour être catégorique.
22:15Mais on voit des sociétés qui ont quand même beaucoup baissé.
22:19Pour le coup, je ne sais pas si ça a toujours été chirurgical.
22:22On parlait de Siemens Energy tout à l'heure.
22:25Pourquoi elle a perdu 20 % sur cette news ?
22:28Ça me paraît un peu décorrélé de l'histoire de Siemens Energy.
22:33En tout cas, moins 20.
22:35C'était un peu certainement excessif.
22:38Et puis, il y a des dossiers qui ont bien souffert aussi,
22:42peut-être de manière excessive, comme Schneider Electric.
22:45Même s'ils sont exposés, il n'y a pas de débat.
22:47C'est quand même assez violent et assez fort.
22:50Il y a peut-être des choses de ce type-là à regarder.
22:53DASML, ils ont leurs problèmes propres par rapport aux exportations en Chine.
22:57Ça a bien glissé, ASML, depuis l'an dernier.
23:00Exactement. Elle avait repris un peu de souffle.
23:03Et puis là, sur ces news, elle a fortement baissé.
23:06Après, ça ne veut pas dire qu'on ne va pas avoir besoin de semi-conducteurs,
23:09encore une fois.
23:11Et ils n'étaient pas dans une logique aussi forte de super profit.
23:14Ce sont quand même des cycles très longs de carte de commande.
23:17Après, il y a une telle granularité sur les ventes
23:20qu'effectivement, la publication va être à surveiller.
23:23Une machine près, ça change un peu la lecture.
23:26La couleur des comptes.
23:28Exactement. Ça peut être assez volatile.
23:31Effectivement, peut-être un peu de prudence sur des Nvidia, des Broadcom.
23:36Pour le reste, je pense que, d'une manière générale,
23:40l'histoire est toujours là.
23:42Et on n'a pas d'inquiétude majeure à ce stade.
23:47Dans le jeu relatif des marchés, est-ce que plus d'interrogations
23:53ou plus de volatilité sur le thème IA, infrastructure,
23:57est-ce que ça peut amener les investisseurs globaux
24:01à regarder à nouveau d'autres zones géographiques, d'autres thèmes ?
24:06D'autres zones, je ne sais pas.
24:08Je pense que tout le monde est en moyenne surpondéré sur les Etats-Unis
24:13parce que c'est une évidence.
24:15Parce que ça a bien fait ?
24:17Voilà.
24:18Est-ce que c'est une bonne raison ou pas ?
24:21Pas toujours, mais parfois oui.
24:23Plus sérieusement, en tout cas sur la partie industrie
24:26ou secteur bancaire aux Etats-Unis, globalement,
24:29il n'y a pas d'inquiétude à avoir.
24:31Plus de libéralisme, des déficits budgétaires importants
24:34pour soutenir les projets NAFRA, etc.
24:36Donc globalement, pas de grosse inquiétude là-dessus.
24:39Sur l'Europe, c'est vrai que ça va dépendre beaucoup
24:42de la publication d'LVMH, déjà, à court terme.
24:45Donc on a eu la publication, c'est vrai, de Richemont
24:48qui était très bonne, notamment aux Etats-Unis et en Europe.
24:52Plus difficile en Chine, enfin toujours difficile en Chine,
24:55mais la joaillerie les montre.
24:58C'est un marché un petit peu spécifique.
25:01Donc on va voir à LVMH que ça donne.
25:03Effectivement, si LVMH, vu que ça a déjà rebondi
25:06post-publication aussi de Bruno Cuccinelli, etc.,
25:09on peut avoir un peu de prise de profit.
25:12Et là, on va se dire, finalement, l'Europe,
25:14ça reste quand même compliqué.
25:16Mais en valeur relative, oui, l'Europe est intéressante.
25:19Et la bonne question, c'est quel va être le catalyseur.
25:22Un actif pas cher, ça n'a jamais fait de performance, malheureusement.
25:25Ça ne donne pas le timing, oui.
25:27Donc il faut savoir ce qui se passe.
25:29C'est vrai qu'on a des faits de base un peu plus sympathiques
25:32et un peu de fantasme sur les élections allemandes.
25:35On verra ce qui se passe.
25:37Oui, mais il y a plein de catalyseurs potentiels devant nous.
25:41Et puis l'espérance que la Chine fasse un plan de relance
25:44un peu plus massif à un moment,
25:46parce que les entreprises européennes sont quand même très internationales.
25:49Donc voilà.
25:51J'ai l'impression qu'il y a quand même eu un peu de rebalancement
25:53sur l'Europe ces dernières semaines.
25:55On le voit sur la perf relative, d'ailleurs, même avant cet événement.
25:58Et je pense que les 7 magnifiques vont un peu moins performer.
26:01Je serais plutôt d'avis d'aller chercher un peu d'autres thématiques,
26:04en tout cas sur la zone américaine.
26:06Rapidement là-dessus, Vincent, c'est un mouvement de rebalancement
26:09qui peut voir le jour quand même.
26:11Est-ce qu'on coche au fur et à mesure toutes les bonnes cases,
26:14en tout cas pour se mettre en position
26:16de voir des rebalancements vers d'autres zones que les États-Unis ?
26:20Le début d'année est toujours celui
26:22où il y a le plus de chances pour les retardataires.
26:25Puisqu'en fait, vous avez l'année devant vous.
26:28Vous êtes une fois encore trompé à réinvestir, à retenter un coup
26:31sur les small cap, sur l'Europe, sur la Chine ou je ne sais quoi,
26:35sur tous les retardataires.
26:37Si vous retentez un coup, c'est probablement en début d'année
26:41parce que si le coup finalement échoue une fois encore,
26:45vous avez le reste de l'année pour essayer de vous rattraper.
26:48Donc je pense qu'en timing, ce n'est pas vraiment étonnant
26:51de voir que l'Europe se rattrape un petit peu.
26:54Évidemment, la proximité de l'élection en Allemagne
26:57donne un petit peu de timing additionnel pour ça.
27:03Mon impression, c'est que de toute façon, les investisseurs,
27:07que ce soit des institutionnels ou des particuliers,
27:10resteront plutôt sur des grandes capitalisations
27:13et privilégieront en priorité une fois que vous avez éclusé
27:16vos investissements aux États-Unis, qu'éventuellement vous faites
27:19des mini-arbitrages à l'intérieur des États-Unis.
27:22Si vous voulez disperser un petit peu plus votre allocation,
27:25vous allez privilégier les grandes capitalisations plutôt occidentales,
27:28donc le Japon, l'Europe, et la dernière roue du carrosse,
27:32ce sera les émergents et les small-cap.
27:35Je pense que c'est ça la logique de redispersion des capitaux.
27:39Il y a une séquence.
27:41Dans la mesure où le cycle économique, pour le moment,
27:44est stable à plus, il n'y a surtout pas de raison
27:48de ne pas aller vers l'étranger.
27:51Donc l'Europe, normalement, devra avoir un tout petit peu
27:54plus de croissance cette année que l'année dernière.
27:57Pourquoi ne pas revenir un petit peu sur cette zone ?
28:00Avec un peu de chance, les entreprises pourraient faire du x2 ou x3
28:03par rapport à la croissance de bénéfices.
28:06Parlons justement de la croissance européenne pour cette année.
28:09Evelyne, qu'est-ce qui va construire, façonner la croissance
28:13en zone euro, notamment, ou en Europe, au sens large, cette année ?
28:17Et puis on en viendra évidemment à la manière dont la BCE
28:21pourra soutenir cette croissance.
28:24On a une toute petite amélioration dans la croissance européenne
28:28comme scénario de base.
28:30On parle de 0,7 l'année dernière, 0,9 cette année.
28:33Ce n'est quand même pas exorbitant.
28:36Les facteurs principaux, là derrière, c'est quand même
28:39les gains de pouvoir d'achat.
28:41Aujourd'hui, la croissance des salaires réels est assez importante
28:44en zone euro et dans les économies individuelles.
28:48Ça devrait aider.
28:50Pour l'instant, ça a surtout résulté dans une remontée des taux d'épargne.
28:55Mais on espère vraiment que c'est juste un effet tardif,
28:59que là, la consommation va reprendre un tout petit peu.
29:02Et après, il y a le phénomène de la politique monétaire
29:05qui est en train de réduire le niveau de restrictions
29:09appliquées à l'économie.
29:11Et on pense effectivement que la BCE va aller très loin.
29:14On pense qu'il va baisser des taux à 1,5 sur le taux de dépôt
29:17d'ici septembre.
29:19Ce qui n'est pas un niveau de taux d'intérêt stimulatoire,
29:22mais au moins moins restrictif qu'avant.
29:25Ça devrait aider un peu la croissance d'investissement.
29:28Ça, c'est le scénario de base.
29:30Après, je pense que pour vraiment repenser la politique budgétaire
29:34allemande pour 2025, l'année est trop avancée.
29:37Il faudrait plutôt repenser un stimulus à court terme
29:41parce que l'économie est vraiment très proche d'une dynamique
29:45de récession plus intense que ce qu'on a connu dans les chiffres
29:49de croissance des dernières deux ans.
29:52Après, il y a beaucoup de risques à la baisse, en fait, aujourd'hui.
29:57Donc, tout ce qui est guerre commerciale, on n'a pas besoin
30:01de voir des augmentations des tarifs.
30:04L'impact d'incertitude est suffisant pour significativement
30:08dégrader les perspectives de croissance dans une économie
30:13exportatrice en zone euro.
30:15Et on a vu ça.
30:16On prépare un petit indicateur d'incertitude.
30:19Il a augmenté de façon significative pile au moment du résultat
30:23de l'élection américaine.
30:25Après, il s'est recourgi un peu vers la baisse.
30:28Et là, depuis la semaine dernière, c'est remonté.
30:31Donc, on n'a pas besoin vraiment d'une augmentation.
30:34On a juste besoin de ce niveau d'incertitude qui peut peser
30:37sur l'investissement.
30:39Il y a aussi le phénomène prix énergétique.
30:42Ils ont quand même augmenté de presque 10% par rapport
30:45à fin novembre.
30:46Ça pèse sur le pouvoir d'achat.
30:48Pour l'instant, ça se tient un peu à la marge.
30:51Mais ça commence à s'accumuler.
30:53Et il y a l'impact de l'effet contagion du repricing côté
30:56américain.
30:57Donc, du coup, on a des taux réels, une courbe de taux réels
31:00aujourd'hui en zone euro qui est 30 points de base à peu près
31:03supérieur à ce qu'on avait dans les scénarios de fin novembre
31:06au début décembre.
31:07Ça commence à s'accumuler.
31:09Donc, oui, il y a certaines raisons pour peut-être être optimiste
31:12sur les actions, sur les marfées européennes.
31:15Mais côté croissance, ouh là là, ça reste compliqué.
31:18Comment est-ce que vous voyez le marché du travail
31:21ou les marchés du travail se comporter dans cet environnement
31:24de médiocrité que vous décrivez pour l'Europe, Lynn ?
31:29Je pense qu'on a discuté dans le passé.
31:31Il y a probablement beaucoup de rétention d'emplois en zone euro.
31:34Et la motivation de continuer ça ou la capacité financière
31:39des entreprises de continuer ça vient un peu à son échéance.
31:42Donc, on voit en Allemagne, le secteur privé est en train
31:45de détruire des emplois.
31:47Ça, c'est en cours depuis le deuxième trimestre
31:49l'année dernière.
31:50En France, on est à peu près à zéro en termes de dynamique.
31:53Le T4 est peut-être un peu particulier parce qu'il y a
31:56les JO qui...
31:57Oui, il y a eu un contre-coup des JO.
31:59Voilà, c'est ça.
32:00Un peu d'incertitude politique.
32:02On parle d'une crise, mais qui, pour l'instant,
32:04on ne parle même pas d'un environnement de récession en France.
32:07C'est au contraire de l'Allemagne.
32:09Donc, du coup, la dynamique de marché d'emploi,
32:11elle est en train de se dégrader très rapidement dans les pays
32:14corps de la zone euro, et notamment en Allemagne.
32:17Et je pense que ça se reflète aussi dans la dynamique salariale.
32:20Dans le Ended Wage Tracker, on a des retours à 3 %,
32:23plus un peu, mais bon, ça se joue à très peu.
32:26Quand on regarde les négociations salariales,
32:29ce que ça donne dans l'avenir pour la deuxième moitié de 2025,
32:32dans le joli graphique qu'a préparé la BCE,
32:35on est de retour à 1,5 % dans ce qui est négocié aujourd'hui.
32:39Certes, les négociations actuelles pour l'année en cours
32:43ont tendance à être un peu plus fortes que les négociations
32:46pour la deuxième hausse dans l'année future,
32:48mais 1,5 % en point de départ, c'est quand même du lourd.
32:51C'est de la croissance réelle, proche de zéro.
32:54Oui, c'est ça.
32:55C'est très très compatible avec des baisses d'autos.
32:58Le marché de l'emploi dit aujourd'hui alerte, fragilité,
33:02notamment dans les pays corps.
33:04Les pays périphériques ont l'air plus résistants encore, c'est vrai,
33:08mais dans les pays corps qui font quand même 50 % de la zone euro,
33:12ça a l'air très fragile.
33:14Ce qui rajoute un élément de motifs d'épargne par précaution
33:18par les consommateurs.
33:19On peut mettre à risque cette reprise de la consommation.
33:22Tout est compliqué en ce moment.
33:25Sur l'emploi, effectivement, c'est par la question de l'emploi
33:30que la Banque Centrale Européenne va aller chercher peut-être
33:351,5 % de taux de dépôt au cours de cette année.
33:39Parce qu'évidemment, ce n'est pas ce qu'ils annoncent aujourd'hui.
33:43On est encore prudent, on va vers le taux neutre progressivement,
33:47pas à pas.
33:48Mais je comprends de votre cerveau, et depuis un moment,
33:51il y a un moment où il y aura une forme de bascule.
33:53En tout cas, une BCE qui sera en capacité d'accélérer peut-être
33:57ou de signaler son intention d'aller beaucoup plus bas,
34:00peut-être que sous les 2 %.
34:02Et c'est par l'emploi que l'argument viendra ?
34:04Non, c'est vraiment l'intégralité.
34:06C'est la désinflation qui commence à se montrer aussi
34:09dans la séquence de prix mensuel.
34:12On voit que ça baisse dans les perspectives de salaire.
34:16Après, si vraiment on a un développement particulièrement négatif
34:19qui devrait se matérialiser,
34:21donc une croissance qui ne vraiment n'augmente pas,
34:23qui s'écroule même, ça peut accélérer la BCE.
34:26Dans ce cas-là, je ne pense pas qu'on parle de 1,5 %
34:29pour son taux terminal, mais plus bas.
34:32En même temps, la discussion autour du taux neutre est endogène.
34:36Je pense que le plus qu'on s'approche de ce taux neutre,
34:39le plus qu'on vient peut-être à la conclusion
34:42que peut-être le taux neutre en zone euro n'a pas augmenté
34:45par rapport à 2019.
34:46Du coup, c'est une procédure très graduelle.
34:49Stimuler l'économie, c'est encore autre chose.
34:521,5, je pense que ce n'est pas du stimulus.
34:55Très intéressant.
34:57Quel est le niveau d'espoir qu'on peut avoir
35:00vis-à-vis des élections allemandes, Evelyne ?
35:03Quelle est la force du signal qu'on peut envisager ?
35:06Déjà, il faut anticiper une forme de résultat, de coalition.
35:10Combien de temps ça peut prendre, d'ailleurs, dans le schéma actuel ?
35:14De mémoire, deux mois, c'est bien pour une coalition en Allemagne,
35:18mais ça peut être plus long.
35:20Est-ce qu'on est dans un schéma où ça pourrait être plus long
35:23qu'une paire de mois, Evelyne ?
35:25Partant déjà de toutes ces hypothèses,
35:27quelle peut être la force du signal
35:29qui serait envoyé par un nouveau gouvernement allemand ?
35:32Je pense que l'espoir, il est certainement là.
35:35C'est un peu le moment pour revisiter tout ça.
35:38Après, effectivement, la question dominante aujourd'hui pour moi,
35:42c'est quelle est l'échéance ?
35:46On a l'élection le 23 février.
35:48On saura a priori s'il y a une majorité de deux tiers
35:51dans le Parlement ou parmi les partis conventionnels.
35:54Après, il faut négocier une coalition le plus rapide qu'on a vue dans le passé.
35:58C'est un mois le plus long, c'est six mois.
36:00Je pense que vu les urgences, on serait peut-être plus sur une trajectoire plus rapide,
36:04mais quand même un mois.
36:06Après, il faut, comme en France, préparer le budget 2025,
36:10parce qu'on n'en a pas.
36:12Ça prend jusqu'aux vacances d'été, jusqu'à ce que même la Bavière,
36:16typiquement les dernières à revenir des vacances d'été, en ait mis septembre.
36:19Après, on peut commencer à parler du moyen terme et juste commencer.
36:24Du coup, il faut vraiment être super optimiste
36:27pour croire que tout est en place pour 2026.
36:30À la limite, j'ai mes doutes, donc c'est ça.
36:34Dès qu'il y a un signal pour les marchés et qu'il y a espoir,
36:37je pense qu'il y a les réactions du marché Isra.
36:40Sauf qu'à court terme, s'il faut attendre un an, deux ans,
36:43jusqu'à ce que ça se matérialisera,
36:45on a des conditions de financement plus restrictives,
36:48toutes les fragilités au cycle,
36:51donc la longévité de cette réaction du marché, j'aurais mes doutes.
36:54Mais voilà, l'espoir y est.
36:56Oui, c'est pour ça.
36:58L'espoir ne fait pas une stratégie, comme on dit.
37:00C'est pour ça que je voulais bien mesurer les choses avec vous
37:03et avoir votre vision de cette séquence allemande.
37:05Il y a une séquence incompressible
37:08qui va évidemment s'installer à partir du résultat des élections.
37:12Un point hyper intéressant sur les tarifs,
37:16la simple menace de tarif génère une incertitude
37:19qui est déjà une forme de sanction.
37:24Comment on évalue ça ?
37:26Et comment vous regardez la conversation
37:28qu'il peut y avoir aux Etats-Unis sur la bonne formule à trouver ?
37:31Puisque c'est quand même ça le sujet.
37:33Quelle forme est-ce que tout ça va prendre ?
37:35On a vu, il y a l'exemple colombien
37:37où ça peut aller très vite.
37:39Donald Trump résiste à l'idée de taxer le consommateur américain
37:43de 25 ou 50%
37:45parce que la Colombie a tout de suite accédé à ses demandes.
37:49Il y a un sujet plus global, évidemment,
37:51avec des partenaires comme le Canada et le Mexique,
37:53avec l'Europe.
37:55L'idée de Scott Bessin, qui défendait encore devant le Sénat
37:57lors de son audition de confirmation cette semaine,
37:59c'est quelque chose d'assez universel mais progressif.
38:02On va pas à pas, 2,5% chaque mois
38:06et on augmente comme ça la pression au fur et à mesure
38:09avec, j'imagine, un jeu de négociation
38:11qui permet à chacun de rester dans le radar
38:15ou d'en sortir.
38:17Qu'est-ce qu'il y a de pire pour les marchés ?
38:19Entre l'idée de mettre 20% tout de suite, 25% tout de suite
38:21pour le Canada ou le Mexique
38:23ou l'idée d'une espèce de supplice un peu lent
38:26comme ça, mois après mois ?
38:28Je pense que le progressif, déjà,
38:30c'est la méthode la plus raisonnable,
38:32ne serait-ce que pour les Etats-Unis aussi.
38:34Il ne faut pas surestimer l'impact inflationniste
38:36pour les Etats-Unis de ces droits de douane
38:38mais quand même, ils sont déjà dans une situation
38:41où il y a une inflation élevée,
38:43ils veulent faire des dépenses budgétaires importantes,
38:45réduire la population en capacité de travailler.
38:49Si on rajoute ça en plus, ça commence à faire beaucoup.
38:52D'où les scénarios les plus agressifs
38:55où on n'était même plus sur une baisse de taux ou zéro
38:58voire même des hausses de taux
39:00de la part de certains économistes.
39:02Je pense que du point de vue américain,
39:04en tout cas, l'approche progressive
39:06est la plus importante,
39:08sachant qu'en plus, Donald Trump a été élu
39:10notamment sur ce sujet de l'inflation et du pouvoir d'achat.
39:12Ce serait un petit peu antinomique pour lui,
39:15à mon sens, en tout cas, d'être trop agressif là-dessus.
39:18Du côté européen, c'est déjà dans les cours.
39:21Il suffit de garder les primes de risque-action,
39:23Europe, aujourd'hui.
39:25Certes, il n'y a pas beaucoup de croissance sur la zone.
39:28Pour ça, ce n'est pas antinomique.
39:30Ce qu'on disait, finalement, c'est
39:32qu'on ne dit pas d'aller sur les small cap européennes.
39:34Ça reste compliqué.
39:36Mais si vous regardez les grandes valeurs européennes
39:39qui sont très internationales par définition
39:41en termes d'activité,
39:43elles, typiquement, ont quand même une des cotes
39:46du fait d'être localisées en Europe.
39:49Elles bénéficieront aussi de la relance américaine,
39:52modulo, évidemment, les droits de douane.
39:54Mais sur certains segments,
39:56ils ne pourront pas s'en passer de toute façon.
39:58C'est peut-être 30% du chiffre d'affaires de l'Eurostock
40:00qui est réalisé aux Etats-Unis.
40:0360% hors Europe, dont les 30% aux Etats-Unis.
40:07C'est un sujet assez classique,
40:11mais acheter des actions européennes,
40:13ce n'est pas forcément acheter l'économie européenne.
40:15C'est un point qu'il faut redire et remarteler
40:19puisque ce sont deux sujets différents.
40:21Globalement, les actions européennes,
40:23c'est déjà dans les cours.
40:25Je pense que si on part sur un schéma
40:27plutôt même de supplice,
40:29je pense que ça va rassurer les investisseurs
40:35parce qu'au final, tout le monde a intérêt
40:37à trouver des solutions.
40:39L'Europe est quand même un partenaire
40:41assez significatif pour les Etats-Unis.
40:43Globalement, acheter du gaz américain
40:45ou du gaz qui vient d'ailleurs,
40:47est-ce que ça change réellement notre vie ?
40:52L'euro a un peu baissé,
40:54pas sur les dernières semaines,
40:56mais depuis le mois de septembre,
40:58où on a commencé à pricer l'arrivée de Trump,
41:00on partait de quasiment un 12.
41:02Il y a un peu aussi dans l'euro
41:04de la dépréciation.
41:06Je pense que ce n'est pas fini.
41:08L'Europe, vu les taux réels que l'on a,
41:10vu la croissance que l'on a,
41:12devrait être beaucoup plus bas.
41:14Modulons ce sujet monétaire
41:16et les impacts d'inflation importée
41:18que ça peut avoir.
41:21Sur la devise, malheureusement,
41:23ce n'est pas terminé.
41:25Si je suis un peu cynique,
41:27c'est peut-être une des seules façons
41:29de faire des gains de productivité
41:31pour l'export en Europe.
41:33C'est la politique des pays d'Europe du Sud.
41:35Finalement, c'est peut-être ça
41:37qu'il faut faire.
41:39Aujourd'hui, il s'en sort mieux que nous.
41:41Espagne et Italie restent dans une dynamique
41:43supérieure à celle de la France
41:45ou de l'Allemagne.
41:47Sur la question des droits de douane,
41:49c'est la bonne formule.
41:51Il n'y a rien d'évident.
41:53Pour éviter de pénaliser
41:55le consommateur américain,
41:57il vaut mieux le faire
41:59de façon très graduelle,
42:01tester les conséquences
42:03et ajuster ensuite
42:05le niveau où on finit par s'arrêter.
42:07C'est une dose d'incertitude
42:09pour tout le monde
42:11qui peut être mortifère.
42:13On ne sait pas à quelle sauce
42:15on sera mangé le mois prochain.
42:17C'est une façon de négocier
42:19vis-à-vis de l'extérieur
42:21où le taux va s'arrêter.
42:23C'est aussi une bonne manière
42:25pour les Américains
42:27de maintenir la pression
42:29tout en encaissant
42:31progressivement un chèque.
42:33Si il y a déjà 2,5% de surtaxes,
42:35c'est toujours ça qui rentre
42:37dans les comptes de l'Etat.
42:39Je pense que la méthode graduelle
42:41avec une différenciation
42:43par pays ou par secteur d'activité,
42:45je pense que c'est à ça
42:47qu'on finira par arriver.
42:49Vous avez été gentil,
42:51on va s'arrêter à 10.
42:53Vous avez été méchant,
42:55on va monter à 30.
42:57L'affaire colombienne
42:59pour moi
43:01est très importante
43:03à observer.
43:05On est prêt à fusiller
43:07les relations avec un pays
43:09du jour au lendemain.
43:11C'est une magnifique forme de menace
43:13pour les autres.
43:15Pour un petit pays
43:17avec des relations
43:19qui étaient très faibles
43:21vis-à-vis des Etats-Unis,
43:23l'impact pour les Etats-Unis
43:25était très faible,
43:27ils pouvaient prendre ce risque
43:29sans aucune difficulté
43:31et faire passer le message
43:33aux autres pays.
43:35D'ailleurs, c'est la stratégie
43:37qu'ils veulent mener en Europe.
43:39Ils essayent de faire des négociations
43:41en fonction des formules
43:43de tarifs douaniers.
43:45Les impacts économiques
43:47peuvent être différents
43:49si on met
43:51des tarifs universels
43:53mais progressifs
43:55ou si on cible
43:57des secteurs
43:59ou des pays
44:01avec des tarifs additionnels
44:03qui peuvent être élevés.
44:05Cela donne des résultats économiques
44:07différents à l'arrivée ?
44:09Il y a tellement de permutations
44:11que je ne saurais pas.
44:13C'est l'effet
44:15de l'équilibre général.
44:17On a vu
44:19la complexité
44:21de ce sujet en 2018-2019.
44:23Les prix du steel
44:25ont augmenté
44:27à cause des tarifs
44:29et les prix des soja
44:31n'ont pas baissé
44:33parce qu'il y avait de la rétaliation.
44:35Au total, l'impact inflationniste
44:37n'était pas du tout évident
44:39y compris sur l'économie.
44:41C'est très complexe
44:43d'élaborer l'impact.
44:45Mais cette approche graduelle
44:47fait partie de notre scénario.
44:49Vous retenez l'idée gradualiste ?
44:51C'était notre scénario
44:53de base avant.
44:55Pour l'Europe,
44:57un doublement des tarifs
44:59de 1,5% en moyenne
45:01à 3% en point terminal
45:03à partir du deuxième trimestre.
45:05Rien de tout ça
45:07empêche l'impact de l'incertitude.
45:09Il peut y avoir un impact
45:11de front-loading.
45:13Quand on sait qu'il y a un risque
45:15que les tarifs seront plus élevés
45:17le mois prochain, on fait plus rapidement.
45:19Ça peut créer une illusion
45:21d'une force économique un peu extra.
45:23Mais il peut y avoir
45:25un effet de rattrapage
45:27après.
45:29L'ajustement après
45:31peut être assez important.
45:33C'est difficile à naviguer
45:35d'un point de vue prévision et intact.
45:37Mais l'impact d'incertitude
45:39est peut-être le facteur
45:41qu'on peut plus prévoir et mesurer.
45:43C'est ça la vraie menace.
45:45Trump, c'est l'incertitude qu'il génère.
45:47Par contre, le gradualisme
45:49permet aux entreprises de s'adapter
45:51à ce qui est en train
45:53de se produire.
45:55J'ai entendu des patrons dire
45:57quitte à aller jusqu'à 10 ou 15%,
45:59ils préfèrent qu'on me l'indique
46:01à partir du 1er février.
46:03Et là, on s'adapte.
46:05Si c'est chaque mois, sans savoir
46:07si le mois d'après, ça va être doublé,
46:09augmenté ou pas,
46:11on verra. Le 1er février, ça arrive bientôt.
46:13C'est une des dates
46:15qu'il a fixées dans ses 100 jours
46:17pour peut-être clarifier.
46:19D'ailleurs, le couple a pensé
46:21qu'il n'y aura pas d'augmentation des tarifs
46:23parce que les chaînes de production
46:25sont tellement intégrées
46:27entre Canada et Mexique
46:29qu'on pensait que là, ça serait
46:31particulièrement difficile
46:33de venir avec des tarifs.
46:35Et voilà la menace en 1er année.
46:37C'est les pays amis qui ont été les 1ers ciblés.
46:39Un petit coup pour le frenchoring.
46:41Pas facile.
46:43J'oublie à chaque fois si c'est 5 ou 8 fois
46:45que la voiture passe entre le Mexique
46:47et les Etats-Unis.
46:49Imaginez une augmentation des tarifs
46:51dans cette chaîne de production.
46:53On verra comment les amis canadiens et mexicains
46:55discutent.
46:57Elle est en discussion
46:59sur la question migratoire notamment.
47:01Elle montre aussi
47:03beaucoup de choses côté mexicain.
47:05On verra ce qu'il en est au 1er janvier
47:07pour le Mexique et le Canada
47:09et pour les autres peut-être plus tard.
47:11Merci à vous trois d'avoir été des invités
47:13de Planète Marché ce soir.
47:15Évelyne Herrmann, Bank of America Global Research.
47:17Julien Quistrebert, Taylor Asset Management.
47:19Vincent Lecartier, WeSave.
47:28Le dernier quart d'heure de Smart Bourges.
47:30Chaque soir, c'est le quart d'heure thématique
47:32et nous explorons ce soir le thème de la santé
47:34à travers les perspectives et les enjeux
47:362025 pour ce secteur qui,
47:38je le disais en introduction, regroupe aussi bien
47:40les grands laboratoires pharmaceutiques
47:42que des sociétés de biotechnologie
47:44ou de medtechnologie également.
47:46Nous en parlons avec Olivier Droyer, gérant d'action
47:48chez Mon Pensier Finance. Bonsoir Olivier.
47:50Merci beaucoup d'être avec nous.
47:52On est en plein dans le questionnement
47:54sur le coût de l'IA.
47:57La bulle de Capex et comment on monétise
47:59tout ça à l'arrivée. Première réflexion,
48:01c'est que le secteur de la santé est peut-être
48:03un secteur qui apporte des réponses sur
48:05le retour sur investissement, les bénéfices
48:07qu'on peut retirer des avancées
48:09et des percées qui ont été obtenues ces dernières
48:11années jusqu'à aujourd'hui en matière d'intelligence artificielle.
48:13Il y a eu pas mal de discours même là-dessus
48:15à Davos notamment, mais c'est vrai qu'on commence
48:17à voir quelques éléments dans lesquels l'IA peut jouer
48:19un rôle dans le domaine de la santé. Le plus important
48:21c'est quand même la productivité de la R&D.
48:23C'est un gros enjeu pour le secteur, peut-être l'enjeu
48:25majeur pour les pharmas et les biotech,
48:27parce que c'est un secteur qui a une mauvaise productivité
48:29de la R&D si on s'en tient au chiffre.
48:31Il y a 90% des médicaments qui échouent.
48:33Heureusement, quand on s'arrête,
48:35on arrête de dépenser aussi.
48:37C'est quand même mieux pour les marges, mais c'est vrai que
48:39globalement, quand on regarde ce que l'IA
48:41peut faire, les médicaments qui sont développés
48:43à base d'IA, on a déjà quelques retours.
48:45En première phase d'études cliniques
48:47où on regarde tout ce qui est toxicité,
48:49il y a quand même 85% de taux de succès
48:51alors que les données historiques montrent qu'on est plutôt
48:53à 55% de taux de succès.
48:55Pour les autres phases cliniques où on est vraiment
48:57dans le développement pharmacologique,
48:59l'IA ne change rien. Mais déjà, si on applique
49:01ce gain de productivité à l'ensemble
49:03de la chaîne de vie, on arrive peut-être
49:05plutôt à 80%. On arriverait à 80%
49:07de taux de succès, de taux d'échec.
49:09C'est beaucoup, mais ça fait quand même un doublement
49:11du taux de productivité
49:13de la R&D. Ça, c'est quelque chose qui est quand même
49:15un enjeu majeur et c'est vraiment là
49:17où l'IA a le plus de rôle. Il y a aussi quelques
49:19petits impacts, notamment dans le diagnostic.
49:21Des sociétés comme Medtronic sont capables
49:23notamment de doubler le taux de détection
49:25des tumeurs à l'endoscopie,
49:27ou des petites françaises comme Median,
49:29qui dans l'imagerie au scanner,
49:31ont des taux de détection des cancers précoces
49:33qui dépassent 90%. Dans le diagnostic, c'est utile.
49:35Mais c'est vraiment la productivité de la R&D
49:37le premier champ et le diagnostic aussi,
49:39il y a un vrai noyau d'utilité.
49:41Dans les sujets chauds de la santé,
49:43avant d'évoquer les perspectives du secteur,
49:45un mot quand même du thème de l'anti-obésité
49:47qui a été alors un thème fabuleux
49:49jusqu'à l'an dernier,
49:51j'ai envie de dire, pendant au moins deux ans,
49:53ça a duré, peut-être même un peu plus,
49:55de 2020-2021 jusqu'à
49:57l'été 2024.
49:59Puisque c'est à ce moment-là qu'on a vu des boîtes
50:01comme Novo ou comme Elilili
50:03décrocher un peu du reste du marché.
50:05Pourquoi ce thème
50:07devient plus volatile aujourd'hui ?
50:09Est-ce qu'on entre dans une autre phase de ce cycle
50:11autour de ces médicaments qui restent
50:13très prometteurs de ce que je comprends ?
50:15Ils restent très prometteurs, ça a été intégré dans la valorisation.
50:17C'est vrai que la dernière fois qu'on s'était parlé,
50:19j'avais un peu plus de prudence
50:21parce qu'on avait intégré déjà des marchés
50:23de l'ordre de 130 milliards dans la décennie
50:252030, etc. Donc on avait déjà
50:27intégré quand même beaucoup de bonnes choses
50:29et la croissance ne se dément pas. Mais c'est vrai qu'on est plus
50:31exigeants sur les attentes. Donc maintenant, quand il y a une
50:33petite déception sur une publication, c'est sanctionné
50:35très fortement. Quand il y a un médicament
50:37comme celui de Novo Nordisk, en fin d'année dernière,
50:39qui déçoit un peu un nouveau médicament,
50:41il était meilleur qu'au Wegovy,
50:43qu'à Grizema. Donc il y a fait 22,7%
50:45de perte de poids,
50:47alors que Novo avait beaucoup communiqué
50:49sur la barre de 25%. Voilà, ce qui était
50:51probablement une erreur en termes de communication.
50:53Depuis, c'est vrai que là, récemment,
50:55ils ont un nouveau produit, mais qui est plus en amont.
50:57Alors il faut voir à quelle vitesse ils arrivent à le développer.
50:59Qui est à 22% de perte de poids, mais à
51:0136 semaines. Donc beaucoup mieux que les
51:0350-60 semaines sur lesquelles on l'était. Donc ça, c'est assez
51:05prometteur. Mais c'est vrai que voilà,
51:07les marchés sont devenus plus exigeants. Puis quand on perd 20%
51:09de poids, c'est déjà beaucoup. Donc est-ce qu'il y a besoin de beaucoup plus ?
51:11Pour certaines populations
51:13en forte obésité, oui. Mais pas
51:15pour tout le monde. Donc on arrive maintenant, ce qui va être
51:17important, c'est les nouvelles
51:19façons de regarder et de traiter l'obésité
51:21avec un focus sur la qualité
51:23de la perte de poids. Préservation de la fonction musculaire.
51:25Aujourd'hui, effectivement,
51:27la perte de poids sélective, c'est
51:29important. Donc il y a des produits, notamment,
51:31on regarde tout ce qui est myostatin,
51:33qui permet de préserver la fonction musculaire, de
51:35renforcer la fonction musculaire. Il y a quelques
51:37biotech américaines, des boîtes comme Scolarock
51:39qui s'intéressent à des trucs comme ça, par exemple,
51:41aux Etats-Unis. Il y a des IPO
51:43aujourd'hui qui se préparent avec une induction
51:45du GLP1, de la réponse
51:47GLP1 par l'organisme,
51:49plutôt que des GLP1 directement. Donc on regarde
51:51des nouvelles choses, on est plus exigeant et on regarde
51:53vraiment la qualité et pas simplement la perte
51:55de poids brute. Donc il faut être plus exigeant aujourd'hui.
51:57C'est bien de le rappeler, effectivement.
51:59Perte du poids, mais
52:01la qualité de la perte de poids est au moins aussi
52:03importante, voire plus, que la quantité de poids
52:05perdu aujourd'hui. On a
52:07atteint cette frontière, désormais, du côté
52:09des GLP1. Qu'est-ce qui
52:11va façonner la dynamique de
52:13l'investissement en santé pour 2025 ?
52:15Je le disais, dans un secteur qui regroupe
52:17aussi bien des grands laboratoires
52:19pharmaceutiques que des sociétés de biotechnologie.
52:21Parfois de très grosse taille, bien sûr,
52:23mais qui ont chacune des enjeux et des
52:25modèles différents. Oui, alors l'année
52:27dernière, globalement, la santé s'est bien comportée jusqu'à fin
52:29août. Et puis l'automne a été un peu
52:31compliqué, parce que
52:33nomination de RFK à la santé,
52:35on connaît ces propos anti-vaccin.
52:37On discute quand même avec des patrons de biotech américaines.
52:39Ils disent quand même que le secrétaire à la santé a rarement
52:41beaucoup d'influences concrètes sur ce qui se passe.
52:43Mais il peut perturber un peu la FDIC.
52:45Après, il ne faut pas oublier que dans l'administration
52:47Trump, il y a des gens qui sont même des patrons
52:49de biotech, qui sont pour l'innovation.
52:51Donc, il peut y avoir des effets de bord négatifs
52:53d'un côté, mais il peut aussi avoir une accélération
52:55des autorisations de médicaments innovants.
52:57C'est vrai qu'à la fin de l'année, on était sur un secteur
52:59qui était devenu très attractif. C'est très
53:01rare que le secteur sous-performe le S&P pendant
53:03deux ans de suite, ce qui s'est passé avec toutes les perturbations
53:05post-Covid, avec cette nomination
53:07d'RFK, avec des taux qui ont un peu de mal à baisser.
53:09Donc, on était vraiment dans
53:11les deux plus bas déciles de pondération
53:13dans le S&P quand on regarde l'histoire des marchés.
53:15Donc, c'est très attractif. Et c'est vrai que depuis
53:17le début de l'année, le secteur plutôt se comporte bien.
53:19On est plutôt au taux de 5%
53:21de performance sur le secteur depuis le début de l'année.
53:23Avec...
53:25Effectivement, les inquiétudes sur l'IA font
53:27que peut-être qu'il faut se diversifier sur des secteurs
53:29plus désensifs.
53:31Se diversifier sur d'autres secteurs.
53:33Ça, c'est le contre-effet dipsyche, quoi.
53:35Exactement. Et c'est vrai que la santé,
53:37on a vu aussi quand même, enfin, le retour
53:39du M&A dans la biotech.
53:41Parce que c'est vrai que ça a été un des facteurs
53:43de déception. Et je regardais, c'est vraiment tout frais
53:45d'aujourd'hui une étude d'AQV qui montrait
53:47qu'il y avait eu quand même une baisse de 66%
53:49de la valeur des deals en 24 par rapport à 23,
53:51ce qui était une belle année, 23 en termes
53:53de deals. C'est vrai qu'on a
53:55attendu des deals qui ne sont pas venus,
53:57à la faute sans doute au taux,
53:59sans doute à quelques incertitudes, notamment
54:01sur l'IARE aux Etats-Unis.
54:03Alors aujourd'hui, les labos reconstituent
54:05à une force de frappe. AQV l'estime
54:07à 1,5 trilliard quand même, donc c'est assez
54:09important, c'est toute la valeur de la biotech.
54:11Et il y a quelques deals. On a vu en début d'année
54:13notamment, nous on était investi sur une société
54:15qui s'appelle Intracellular Therapy
54:17et qui s'est fait racheter 15 milliards en fait
54:19par Johnson & Johnson. Donc là, c'est peut-être
54:21le signal que ce M&A reprend
54:23dans la biotech. C'est un moyen deal,
54:25ça, dans la santé ? C'est un beau deal.
54:27C'est pas un très gros deal,
54:29mais c'est quand même déjà
54:31un beau deal. Et c'est vrai que
54:33les pharmas, qui se sont bien comportés
54:35globalement l'année dernière, malgré un peu plus
54:37de volatilité sur la fin de l'année, notamment
54:39sur l'obésité, les pharmas, ils ont quand même
54:41aussi besoin de remplacer un certain nombre de produits
54:43puisque il faut quand même surveiller
54:45les échéances brevetaires parce que
54:47il y a à peu près 290 milliards de dollars
54:49d'échéances brevetaires en termes de chiffre d'affaires
54:51dans les cinq prochaines années. Et ça, c'est beaucoup
54:53par rapport à l'historique ? C'est un petit mur
54:55des brevets quand même ? C'est un petit mur des brevets.
54:57On était à 125 quand même sur les cinq dernières années.
54:59Oui, il n'y avait plus de sujet.
55:01Nous, on fait quand même attention à ça dans nos investissements.
55:03Je pense que c'est des choses qu'il faut garder attentivement
55:05et c'est une vraie opportunité sur la biotech.
55:07Et puis, sur toutes les sociétés
55:09qui ont souffert du post-Covid, dans le
55:11diagnostic, dans la production
55:13de vaccins, on a eu des années perturbées,
55:15beaucoup de blocages. C'est ce que vous disiez.
55:17Et là, maintenant, c'est un peu terminé.
55:19Un bon exemple, c'est la publication aussi...
55:21Les coups de fouet, boom-bust, Covid, post-Covid,
55:23ça se termine, là. Voilà, ça se termine.
55:25Et le bon exemple, c'est aujourd'hui la publication d'AstraZeneca,
55:27qui montre que
55:29le chiffre d'affaires est encore faible
55:31mais les prises de commandes, quand même, sur le quatrième trimestre
55:33sont en hausse. On a des commandes
55:35qui sont 20% supérieures au chiffre d'affaires.
55:37C'est quand même un vrai signal de reprise
55:39de tous ces segments.
55:41Je reviens toujours à DeepSeek. Désolé, je
55:43pense, je vis DeepSeek depuis hier,
55:45évidemment, Olivier, mais
55:47je trouve que DeepSeek, dans l'IA,
55:49a remis de l'intérêt sur
55:51la dimension technologique chinoise.
55:53On pensait que les États-Unis étaient très
55:55en avance, non pas qu'il n'y avait pas de concurrence
55:57chinoise, mais qu'elle était peut-être beaucoup plus
55:59en retard ou beaucoup plus loin derrière
56:01que ce que DeepSeek a démontré
56:03ou semble avoir démontré hier.
56:05Qu'est-ce qu'on peut dire si on transfère cette
56:07question à la question de la technologie
56:09en santé et des biotech, notamment ?
56:11C'est une très bonne question parce que les Chinois,
56:13aujourd'hui, c'est quelque chose qu'on vit déjà depuis un an et demi,
56:15mais l'année dernière, 30%
56:17des deals sont faits avec des boîtes chinoises.
56:19Et notamment, quand même, une des biotech
56:21qui est sortie du lot aux États-Unis l'année dernière,
56:23c'est Summit Therapeutics, parce qu'ils ont réussi
56:25à faire mieux que le Ketruda de
56:27Merck dans le confinement. Ce n'est pas encore
56:29approuvé, mais enfin, c'est quand même assez avancé déjà.
56:31Et c'est quand même le sourcing
56:33d'une boîte qu'on connaît bien en Chine, qui s'appelle Akezo
56:35Biopharma, et qui, finalement,
56:37est à l'origine de cette innovation
56:39et ce n'est pas les seuls. Donc, il y a beaucoup, aujourd'hui,
56:41les prix sont quand même bas en Chine, donc il y a beaucoup
56:43d'entrepreneurs américains qui vont faire
56:45des deals d'innovation avec des boîtes chinoises,
56:47qui créent des sociétés aux États-Unis,
56:49et Summit, typiquement, ça vaut quand même 17 milliards de dollars.
56:51Donc, qui arrive finalement à transposer.
56:53L'innovation chinoise, aujourd'hui, est très importante
56:55dans le domaine de la biotech.
56:57Ce sourcing,
56:59il est accessible aujourd'hui.
57:01Il n'y a pas de barrière,
57:03il n'y a pas de frein, il y a la possibilité
57:05d'aller se sourcer en Chine à travers
57:07le tissu des biotechs chinoises.
57:09Tant qu'à la fin, la valeur est créée dans les biotechs américains,
57:11ça ne les dérange pas. Donc, effectivement,
57:13Summit, ça vaut beaucoup plus qu'Akezo
57:15qui est l'auteur d'innovations
57:17et qui a en plus d'autres innovations dans le pipe.
57:19Merci beaucoup, Olivier.
57:21Merci d'être venu nous voir pour parler des enjeux
57:23du secteur de la santé, de quelques-uns de ces enjeux.
57:25On a balayé le sujet
57:27avec vous dans ce dernier quart d'heure.
57:29Olivier Droyer, gérant d'action chez Mon Pensier Finance
57:31était avec nous l'invité de ce quart d'heure
57:33thématique de Smart Bourse ce soir,
57:35à retrouver, bien sûr, en replay sur bsmart.fr
57:37ou encore en podcast sur l'ensemble
57:39de vos plateformes préférées.
57:45Sous-titrage Société Radio-Canada