Lundi 27 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Christian Parisot (Président, Altaïr Economics) , Charles-Henri Herrmann (Directeur du développement France, Monaco et Benelux, Janus Henderson Investors) , Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) et Alain Pitous (Senior Advisor ESG)
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00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV.
00:17 Émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, des marchés qui naviguent en eau calme, c'est le moins qu'on puisse dire, d'autant que les investisseurs anglo-saxons sont encore en week-end.
00:33 C'est un jour férié à Londres et pour l'ensemble du Royaume-Uni. C'est Memorial Day également pour les Américains.
00:39 Ces places financières restent donc fermées. Néanmoins, ce calme, on a pu l'observer déjà ces derniers jours avec la volatilité du marché actions aux Etats-Unis
00:47 qui a terminé la semaine dernière sous le niveau des 12. On revient quasiment sur des plus bas pré-pandémique pour cette mesure de la volatilité du marché actions américain.
00:57 Et même sur le marché obligataire où la volatilité reste certes à un niveau élevé, on voit l'indice MOVE qui reflète la volatilité du marché américain obligataire.
01:07 On voit l'indice MOVE qui est en train de revenir sur les niveaux qu'on connaissait en 2022 au démarrage de la phase de resserrement monétaire initiée par les banques centrales.
01:17 Les banques centrales, ce sera d'ailleurs le sujet évidemment des prochains jours et notamment du côté européen avec la réunion attendue de la BCE le 6 juin prochain.
01:26 Tout est en place pour délivrer une baisse de taux. La question étant de savoir comment est-ce que le Conseil des gouverneurs va apprécier la suite des événements.
01:36 Quelques pistes aujourd'hui ont été livrées par Philippe Leynes, le chef économiste de la BCE, dans un entretien au Financial Times.
01:43 Philippe Leynes qui plaide pour une approche très graduelle dans ce mouvement de recalibration de la politique monétaire en zone euro.
01:51 Avec une politique monétaire en zone euro malgré quelques baisses de taux cette année qui restera restrictive au moins jusqu'en 2025.
01:59 Les investisseurs prendront d'ailleurs connaissance de nouvelles données d'inflation en fin de semaine avec l'estimation rapide de l'inflation pour le mois de mai en zone euro.
02:08 Et le fameux corps PCE américain qui se rapportera au mois d'avril l'indice des prix des dépenses de consommation des ménages américains privilégiés par la réserve fédérale américaine pour mesurer l'inflation.
02:21 Discussion à suivre sur ces sujets de marché avec nos invités dans un instant.
02:25 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse nous ferons le point sur le premier trimestre et les retours aux actionnaires qui ont été livrés par les entreprises au cours du premier trimestre.
02:35 Que ce soit sous forme de dividendes ou de rachats d'actions.
02:38 C'est le baromètre trimestriel de Janus Andersen Investors qui est sorti ces derniers jours.
02:43 Et son directeur du développement pour la France, Charlan Herrmann, sera avec nous en plateau à partir de 17h45.
02:48 (Générique)
02:59 Avant d'accueillir nos invités de Planète Marché, les infos clés du jour sur les marchés, ces tendances mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse avec Pauline Grattel.
03:07 Le calme domine à Paris en ce lundi. Lundi férié pour le Memorial Day aux Etats-Unis et pour le Spring Bank Holiday à Londres.
03:16 Les investisseurs ont déjà les yeux rivés sur les données d'inflation à suivre en fin de semaine qui pourraient donner de nouveaux indicateurs sur la trajectoire de la politique monétaire américaine.
03:27 Avec la publication notamment des revenus et dépenses des ménages américains pour le mois d'avril vendredi.
03:33 Et l'estimation rapide des prix à la consommation de la zone euro pour la même période attendue le même jour.
03:39 Même si la baisse des taux de la BCE le 6 juin prochain semble acquise, Philippe Leynes, le chef économiste de l'institution, prévient lors d'un entretien avec Financial Times
03:50 que la recalibration de la politique monétaire ne se fera que très graduellement. En d'autres termes, la politique monétaire restera encore restrictive en 2025, selon lui.
04:01 Au cœur de l'actualité des sociétés de ce lundi, Alstom lance une augmentation de capital de 1 milliard d'euros pour renforcer sa solidité financière.
04:11 Alstom a un carnet de commandes bien rempli mais l'entreprise a du mal à gérer sa dette. C'est le dernier volet de son fameux plan de désendettement.
04:20 Le prix de l'action est ainsi fixé à 13 euros pour chaque nouvelle action, ce qui représente une décote de presque 30% par rapport au dernier cours de clôture.
04:30 Mais bon, cette opération était déjà annoncée et parfaitement anticipée. Elle permet au titre de bon dire de plus de 6% au cours de la séance.
04:39 Ailleurs en Europe, Novo Nordisk a mis au point une version d'injection d'insuline pour les patients atteints de diabète une fois par semaine pour améliorer leur qualité de vie,
04:49 puisqu'ils sont contraints d'avoir des injections quotidiennes. Une première mondiale qui a finalement été rejetée par un comité de l'autorité sanitaire américaine.
04:59 Dans le domaine automobile, Stellantis devrait dévoiler une version hybride de la Fiat 500e produite en Italie selon deux sources proches du dossier,
05:08 qui confirment un rapport d'Automotive News Europe. En termes de macro, la journée est calme également, mais les investisseurs ont pris connaissance du climat des affaires en Allemagne.
05:19 L'indice IFO est resté stable en mai à 89,3, un chiffre néanmoins en dessous des attentes puisque le consensus tablait sur une amélioration à plus de 90.
05:31 La journée de demain s'annonce calme également. Sur le plan macro, les investisseurs n'auront presque que la confiance des consommateurs du conférence board du mois de mai,
05:41 ainsi que les prix immobiliers aux Etats-Unis pour le mois de mars à se mettre sous la dent.
05:46 Pauline Grattel est avec nous chaque soir en ouverture de Smartbourse pour les infos clés du jour sur les marchés sur Bsmart.
05:52 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Christian Parizeau nous accompagne, économiste et président d'Altair Economics.
06:09 Bonsoir Christian.
06:10 Bonsoir.
06:11 Merci d'être là. Merci à Xavier de Buren d'être avec nous également. Bonsoir Xavier.
06:14 Bonsoir Grégoire.
06:15 Directeur des investissements chez OTA Capital et Alain Pitous nous accompagne également. Bonsoir Alain.
06:20 Bonsoir.
06:21 Ravi de vous retrouver. Vous êtes senior advisor ESG. Parlons du VIX. Alain, c'était votre suggestion.
06:27 Non mais ça va tout à fait dans mon sens puisque depuis quelques jours j'essaye de décrire ce calme sur les marchés.
06:34 Alors est-ce un calme de surface ? Est-ce un calme apparent ? Est-ce le calme à la tempête ? C'est toute la question.
06:38 Mais oui, le VIX fait partie de ces mesures de volatilité du marché action américain en l'occurrence qui suggèrent quand même une forme de grand calme aujourd'hui sur les marchés
06:48 puisqu'on retrouve des niveaux sous les 12 qui nous ramènent quand même à des niveaux au plus bas depuis la pandémie de Covid.
06:57 Oui, alors il y a une première raison qui est fondamentale et on le constate régulièrement, c'est que quand les marchés sont bien orientés, la volatilité a tendance à baisser
07:06 parce que vous êtes vendeur d'options à la vendeur de call, vendeur de put. Les put se déprécient quand le marché monte forcément et les call voient leur volatilité baisser.
07:16 Donc vous pouvez, quand vous avez vendu des call qu'on appelle un peu en dehors de la monnaie, vous gagnez de l'argent de cette manière-là.
07:22 Donc quand les marchés sont bien orientés, la volatilité baisse. Ça, c'est un phénomène assez structurel et ça devrait nous amener la volatilité vers 14-15.
07:29 Après, il y a deux facteurs plus techniques et un peu plus ponctuels, on va dire, qui durent maintenant depuis quelques mois.
07:35 Le premier, c'est que les vendeurs de volatilité, les market makers, les grandes banques d'investissement gagnent beaucoup d'argent depuis la période dont vous avez parlé.
07:43 Quand la volatilité est au-dessus de 25, 25, 30, les vendeurs de volatilité, quand la volatilité baisse, gagnent beaucoup d'argent.
07:50 Et comme c'est une volatilité, comme c'est un prix qui est remis en cause tous les mois, grosso modo, mois, trois mois, les échéances d'options, régulièrement ils gagnent.
07:59 Ils ont accumulé un capital important, donc ils peuvent se permettre de prendre des risques et ils peuvent se permettre également de prendre une perte de temps en temps.
08:08 Quand les marchés, la volatilité monte très fortement sur une ou deux journées, ils sont habitués à gérer et à prendre une petite perte sur quelques semaines.
08:15 Ce n'est pas très grave, parce qu'ils vont recommencer à ce moment-là, quand la volatilité va remonter à faire ça.
08:19 Ça, c'est le premier facteur technique qui dure depuis longtemps. C'est quelque chose qu'on constate depuis un moment.
08:24 Et puis, il y en a un autre qui est un peu plus récent, qui a été enclenché grosso modo en 2022.
08:28 Ce sont des produits, ce qu'on appelle ETF Covered Call. C'est-à-dire que vous avez un panier qui constitue le socle de l'ETF.
08:35 Et puis, le promoteur de l'ETF vend des calls sur ce panier. Et mécaniquement, ça fait baisser la volatilité.
08:44 C'est à force, vu les montants en jeu, ce qu'on est quand même grosso modo aujourd'hui. J'ai regardé, j'avais les chiffres à début 2024.
08:51 On était grosso modo à 60 milliards. Ce sont des fonds qui collectent beaucoup, parce que les investisseurs cherchent des produits de rendement.
08:57 C'est une manière de faire du rendement supplémentaire au-delà du dividende. Donc, mécaniquement, ça pèse sur la volatilité.
09:05 Parce que quand vous avez une cinquantaine de grandes valeurs qui subissent des ventes de calls, la volatilité baisse sur ces calls.
09:14 Les market makers peuvent se couvrir d'une autre manière sur les indices en même temps. Donc, il y a un phénomène comme ça.
09:20 D'écrasement général.
09:22 Il faut avoir à l'esprit deux choses. Effectivement, le contrarian va vous dire, et je regarde beaucoup la volatilité, c'est un indicateur que j'aime bien regarder
09:32 pour être un peu contrarian par rapport au marché, acheter de la volatilité parce qu'elle se fait écraser, ça vous coûte très cher depuis très longtemps.
09:40 Donc, être contrarian sur la vente de vol et se dire que ce n'est pas cher et donc il faut se mettre à couvrir, je crois que ce n'est pas la peine.
09:48 C'est un jeu assez vain. A contrario, quand la volatilité explose, bien souvent, ça veut dire qu'il a peur de s'installer sur le marché.
09:58 Et shorter de la volatilité à ce moment-là ?
10:00 Ou carrément acheter des titres. Acheter quelque chose en face de cette volatilité.
10:04 Je pense que le bon indicateur, c'est très vieux, au-delà de 40, qui est vraiment un signe de création.
10:14 On a fait un moment qu'on n'a pas vu 40. En avril, on a dû remonter au max à 19 sur le VIX.
10:19 Mais 40, c'est des événements comme en Éviterie-Rhin-Ukraine, Covid, on a dû peut-être aller à 40.
10:24 C'est les derniers gros hachets où je parlais de ma situation.
10:27 L'Eman C80, c'est ça, de vol de VIX.
10:30 Effectivement, quand c'est comme ça, c'est un peu comme quand sur l'autoroute, il y a un accident et on vous dit de ralentir.
10:37 C'est avant l'accident qu'il faut ralentir. Quand l'accident a eu lieu, vous pouvez ralentir pour éviter qu'il y en ait un autre derrière.
10:42 Mais c'est un peu ça le problème. Le VIX, au-dessus de 40, c'est un peu ralentissé, il y a eu un accident derrière vous.
10:48 Oui, il a eu lieu l'accident. Donc, c'est un peu tous ces facteurs-là.
10:53 Là, vous dites quoi ? C'est un État qui peut durer. C'est la question qu'il y a alors que, posée dans les échos, le CIO d'Amundi,
11:00 on lui demande si c'est de l'exubérance irrationnelle de la part des marchés d'avoir les indices au sommet, la vol au plus bas.
11:06 Lui, il parle d'un cynisme rationnel. Il ne met pas d'irrationalité dans la situation de la marche d'aujourd'hui.
11:11 Encore une fois, qui est-ce qui vend ces options qui fait baisser la vol ?
11:15 Ce sont des gens qui sont préparés à énormément d'événements qui ne sont pas pu se couvrir, qui pourraient se couvrir.
11:21 On l'évoquait avant l'émission, il y a ce qu'on appelle aussi la courbe de volatilité.
11:26 Désolé, ça commence à faire un peu technique.
11:28 Oui, mais c'est une manière aussi…
11:29 On peut regarder les points de volatilité dans le temps devant nous.
11:32 C'est aussi comme ça qu'ils se couvrent.
11:33 C'est-à-dire qu'en fait, ils vendent de la vol à court terme qu'ils vont encaisser à la fin du mois ou à la fin du trimestre.
11:39 Et puis, ils achètent de la vol pour se couvrir un peu au-delà, si jamais il arrive quelque chose qu'ils n'auraient pas prévu.
11:45 Mais si vous voulez, aujourd'hui, pratiquement, je suis assez épaté de ça, c'est-à-dire que tous les investisseurs sont au courant de toutes les informations quasiment tous en même temps.
11:55 Il n'y a pas de prime à connaître.
11:57 Il n'y a pas de surprise.
11:58 Il faut vraiment un événement très fort, Covid, guerre en Ukraine.
12:01 Qui change le scénario.
12:02 Le Man, qui ne s'est pas arrivé en un seul jour.
12:05 Et ça, ça surprend beaucoup.
12:07 Alors là, par contre, quand ça va dans l'autre sens, il y a eu des spikes.
12:11 C'est vol maguédon, comme on disait.
12:13 Février 2018, vol maguédon.
12:15 Ça passe à 5 ans en quelques heures.
12:17 Parce que là, c'est un événement qui n'était pas prévu.
12:19 Les algos se mettent en route.
12:21 Et puis, voilà.
12:22 Donc, c'est quand même finalement assez rare.
12:24 Donc, se mettre contrariant par rapport à ça, c'est un jeu dangereux.
12:28 Par contre, ça veut aussi dire, quand même, je pense, qu'aller prendre des risques aujourd'hui, c'est aussi quelque chose, il faut l'avoir à l'esprit.
12:34 C'est de se dire, s'il se passe quelque chose, le marché peut perdre 10% en quelques heures.
12:38 Donc, si vous avez gardé un peu de cash, prenez des bénéfices.
12:41 C'est une manière de gérer, de ne pas être contrariant, de ne pas acheter de la volatilité à fond perdu.
12:46 Mais de se dire, voilà, je vends des actions, j'allège un peu mes portefeuilles pour garder un peu de cash.
12:51 Au cas où, puisque personne n'anticipe un accident.
12:53 Donc, quand personne n'anticipe un accident, c'est le moment où il peut se passer quelque chose.
12:57 Oui, oui, c'est sûr.
12:58 Les records de faiblesse de volatilité, je crois qu'on l'a vu sous 10.
13:01 Le VIX, effectivement, avance, ce fameux vol maguédon de février 2018,
13:05 où tous les vendeurs de volatilité ont été pris à revers.
13:07 Et la remontée a été spectaculaire et douloureuse pour beaucoup.
13:11 Que vous inspire cet état de marché ?
13:13 Le VIX est au plus bas, même sur le marché obligataire.
13:16 La volatilité tend à se réduire un petit peu, Christian, par rapport aux incertitudes qu'on a pu connaître
13:23 en matière de politique monétaire ces dernières années, ces derniers trimestres encore.
13:27 Alors, je ne vais pas dire qu'on a un chemin lisible de la part de toutes les banques centrales aujourd'hui,
13:31 on va pouvoir en discuter, mais visiblement, le marché, il trouve un peu plus son compte aujourd'hui.
13:37 Oui, alors, il y a plusieurs éléments.
13:38 Alors là, si j'enlève les aspects purement techniques, mais si je devais raisonner purement en fondamental,
13:43 si vous prenez aujourd'hui un investisseur, quel est vraiment le pire des scénarios ?
13:46 La fête de Monsanto, ce n'est quand même pas le scénario le plus probable aujourd'hui.
13:50 Donc, après, est-ce qu'elle baisse de 25 en septembre, en décembre ?
13:54 Franchement, est-ce que ça vous fait peur ? Est-ce que vous allez dire, le S&P va baisser de 25%
13:59 parce qu'elle baisse les taux qu'en décembre plutôt qu'en septembre ?
14:01 Tant qu'elle baisse les taux et tant qu'il y a un signal qu'ils vont baisser les taux,
14:04 je ne vois pas le marché paniquer énormément.
14:06 Et plus que ça, on sait même qu'en cas d'accident, on a assez peu de doute sur la capacité de la Fed
14:11 à aller assez vite et plus vite que ce qu'on imagine aujourd'hui.
14:15 L'aspect taux ne fait pas énormément peur.
14:17 Alors après, c'est juste une question sur le disant américain, est-ce qu'on va réagir ?
14:21 Est-ce qu'il y a un peu de volatilité sur le disant américain avec l'approche des élections américaines ?
14:24 On pourra en reparler.
14:25 Mais globalement, pour l'instant, il n'y a pas véritablement de chat noir au niveau de la politique monétaire.
14:31 On est quand même plutôt dans une perspective de baisse.
14:33 L'économie, on a prévu les dix dernières récessions qui ne sont pas arrivées.
14:38 Donc, moi le premier, je balaie devant chez moi aussi.
14:42 Mais c'est vrai qu'on ne s'attendait pas à une économie américaine aussi solide.
14:45 C'était légitime d'avoir ce scénario en tête, en tout cas dans les réflexions économiques qu'il fallait avoir.
14:50 Aujourd'hui, si je vous dis qu'il y a une récession, plus personne n'y croit.
14:53 Au pire, on va parler d'un ralentissement de l'économie américaine, d'un essoufflement du consommateur américain.
14:58 Mais est-ce que ça change la donne pour le marché d'action ?
15:00 Si vous avez une économie américaine qui croit de 1% à 0,5% pendant un ou deux trimestres,
15:06 le temps qu'elle reprenne son souffle et qu'elle redémarre, ce n'est pas une récession.
15:09 Les fric-à-chaud des entreprises seront encore bons.
15:12 Et donc, ils vont continuer à racheter leurs actions et ils vont continuer à verser les dividendes.
15:15 Ce n'est pas le scénario dramatique.
15:17 Un vrai scénario dramatique, c'est d'un seul coup que l'économie américaine tombe en récession
15:22 avec dégradation du marché de l'emploi, des Américains qui ne remboursent pas leur crédit à consommation.
15:26 Mais on y est quand même très loin aujourd'hui. Il faut vraiment en vouloir pour mettre en avant ce sujet.
15:31 Et puis, dernier élément que je vais mettre en avant, c'est que les risques géopolitiques, on en a tous parlé, on s'est tous inquiétés.
15:36 Je dis ça du point de vue purement business, naturellement, pas pour l'aspect moral,
15:40 mais sur l'aspect purement business, ça n'a pas perturbé énormément les chaînes d'approvisionnement.
15:44 On a eu peur à un moment donné, dans la guerre au Proche-Orient, qu'il y ait un problème sur le commerce mondial.
15:49 On a vu que finalement, l'impact a été relativement modéré. On n'a pas eu un impact si fort que ça.
15:54 L'Ukraine, la Russie, hélas, ça dure, mais c'est pas pour l'instant...
15:58 C'est installé.
15:59 C'est pas une nouvelle qui va faire que demain, vous allez avoir des faillites d'entreprises massives.
16:04 Donc, globalement, c'est vrai qu'on a tendance à se dire des politiques budgétaires qui restent expansionnistes.
16:08 On sent que les politiques ne sont pas prêtes à rapidement réduire les déficits publics.
16:13 Donc, globalement, c'est vrai, je comprends les marchés, ils se disent, voilà, il n'y a pas véritablement de risque pour l'instant qui justifierait qu'on panique.
16:21 Il y a un pragmatisme rationnel. Vincent Mortier a dit cynisme, mais il y a quand même une prise en compte pragmatique des choses.
16:28 On peut imaginer une baisse de la bourse de quelques pourcents parce que c'est cher, parce que plein de choses.
16:31 On a une mauvaise nouvelle sur l'intelligence artificielle, mais même ça, ça ne va pas forcément remettre en cause totalement les résultats de Nvidia derrière.
16:38 Donc, voilà, c'est juste des éléments qui peuvent faire un peu de volatilité, mais pas suffisamment pour avoir un bear market.
16:44 Xavier, vos commentaires sur cet état de marché. Est-ce que les entreprises et les résultats d'entreprises ont apporté également, alors, cet optimisme,
16:55 en tout cas, cette bonne tenue sur les actifs risqués, les marchés actions ces dernières semaines ?
17:02 Le marché a fait le choix de la reprise de la croissance en Europe plus que les problématiques sur les taux.
17:09 Et on le voit, les niveaux, les belles performances des marchés d'actifs risqués, notamment des marchés actions depuis le début de l'année, c'est justifié par quoi ?
17:18 C'est d'abord justifié par une macro qui est bonne. On a parlé de la très, très bonne résilience de l'économie américaine.
17:26 On voit les estimations pour le T2, c'est 3,5% de croissance annualisée. Donc, c'est bien au-dessus de la croissance potentielle des États-Unis.
17:35 On voit, on assiste, elle est confirmée à la reprise en Europe. C'est un élément qui est extrêmement, extrêmement important.
17:42 Plus aussi, une reprise chinoise qui a mis du temps à se manifester, mais qui, là, selon les dernières données, se manifeste. Donc, ça, c'est un premier élément.
17:51 Ensuite, ces niveaux de marché sont justifiés également par l'aspect microéconomique et notamment par les très bonnes publications de résultats qu'on a vues pour le premier trimestre de cette année.
18:02 Ou si on prend le stock 600, qui représente... C'est l'indice qui regroupe les 600 plus grandes entreprises européennes.
18:10 Eh bien on a plus de 60% des entreprises qui ont battu les attentes au niveau des bénéfices par action. C'est encore plus fort aux États-Unis.
18:17 80%, alors c'est des données régées. Alors évidemment, il y a Nvidia et autres...
18:22 Oui, il y a quelques blockbusters qui... Bien sûr.
18:24 Mais globalement, la tendance est quand même très bonne quand on sait que la moyenne historique sur ces 10 dernières années pour les 600 premières entreprises européennes, c'était plutôt 1 sur 2.
18:34 Et là, on est... Ah oui, d'accord.
18:36 À 6 sur 10. Donc ça, c'est des éléments qui sont vraiment favorables. Et comme je le disais, les investisseurs se concentrent là-dessus.
18:46 Sur la croissance.
18:47 Sur la croissance des bénéfices par action. Et on l'a vu à la suite de ces publications. C'est que le consensus s'est mis à réviser à la hausse ses attentes pour l'année.
18:53 Ça, c'est un élément qui est absolument fondamental.
18:55 C'est nouveau, ça. On ne l'avait pas vu sur les quelques trimestres précédents ?
18:58 On commençait à le voir.
19:00 D'accord.
19:01 On arrivait peut-être à un point bas.
19:02 Si on regarde historiquement, le consensus, ce qu'il fait, c'est qu'il commence l'année en jouant et en disant j'attends entre 8 et 10% de croissance des bénéfices pour l'année.
19:10 Et puis ensuite, au fur et à mesure que les publications arrivent...
19:12 On converge vers zéro.
19:13 Ça termine vers zéro. Là, on voit à partir de la suite des publications de ce premier trimestre qu'on a des révisions qui sont positives. Et ça, c'est un élément qui est fondamental.
19:24 Pourquoi ? C'est qu'aujourd'hui, si on regarde d'un point de vue macro, on a une inflation qui est maîtrisée.
19:32 On l'a vu, elle baisse et elle converge vers les niveaux cibles, notamment en Europe.
19:36 On a des niveaux de taux, alors savoir si ça va baisser de 25 ou de 50, qui sont sur des niveaux qui sont raisonnables, puisque ça n'impacte pas les décisions d'investissement des ménages et, en tout cas, des entreprises.
19:48 Et on a un environnement qui est favorable pour les entreprises et pour leur capacité à croître.
19:54 Et ça souligne quoi ? Ça souligne, je pense, l'incroyable capacité qu'a eue notamment l'économie européenne à absorber ce choc de remontée des taux extrêmement forte.
20:06 Et pour les entreprises, à pouvoir s'adapter à ce nouvel environnement, qui est encore une fois, je le dis souvent, mais qui est une normalisation d'une situation qui n'était pas normale depuis 15 ans.
20:14 Donc ça, c'est des éléments qui sont très favorables et on le retrouve aussi sur les petites et moyennes capitalisations, mais on aura certainement l'occasion de...
20:21 Oui, non, mais si, si, il faut enchaîner. Est-ce que ce que vous décrivez là, justement...
20:26 Alors déjà, est-ce que ça plaide ou est-ce que ça renforce le cas d'investissement européen, je pense notamment pour un investisseur en dollars ?
20:34 Est-ce que de voir l'Europe qui redécolle un peu, le momentum bénéficiaire, est-ce que ça peut amener des flux d'investisseurs internationaux ?
20:41 Et est-ce que ça plaide également pour aller chercher des tailles de capitalisation inférieures à ce qui a été la contribution à la performance, à savoir quand même plutôt les large cap jusqu'à présent ?
20:52 Dans les faits, si on regarde la collecte, alors c'est Morningstar qui publie ça, qui suit une centaine de fonds PEA, entre guillemets, sur les petites et moyennes capitalisations.
21:01 Et on voit enfin qu'on a une dynamique de collecte qui est positive depuis le début de l'année. C'est 275 millions d'euros qui ont été investis sur cette centaine de fonds.
21:12 C'est 116 millions pour le mois d'avril. On n'a pas encore les chiffres du mois de mai, mais on voit bien que cette dynamique est là.
21:18 Alors, 275 millions de collecte depuis le début de l'année, on pourrait dire que c'est super. Il faut savoir qu'il y a 2 milliards d'euros qui sont sortis de ces mêmes fonds, en cumulé, en 2022 et 2023.
21:30 Mais on voit bien, c'est une tendance qui est importante puisque c'est le cinquième mois consécutif de collecte sur ces supports-là.
21:38 On avait vu qu'il y avait eu de temps en temps quelques petits pics, etc. Mais là, c'est sur la tendance.
21:43 Il y a une série de points mensuels qui confirment quand même l'idée d'un réamorçage de la tendance.
21:48 Et si on revient sur les publications de résultats du PEA, sur ce segment des petites et moyennes capitalisations, on voit là aussi qu'il y a eu plus d'une entreprise sur deux de petites et moyennes capitalisations qui a battu les attentes.
21:59 Au T4, c'était une sur trois. Donc il n'est passé d'une sur trois à plus d'une sur deux.
22:06 Et ça, c'est un élément qui est favorable aussi parce que publication après publication, on voit que ce segment-là continue à délivrer de la croissance, de la croissance rentable qui se voit au niveau des bénéfices par action,
22:17 aidé par une valorisation qui reste vraiment faible et vraiment attractive.
22:23 Ah oui, bien sûr. Là, on a vu le CAC Small revenir à hauteur du CAC 40 large, mais effectivement, par rapport à une bonne paire d'années de sous-performance majeure, comme vous disiez, Xavier,
22:32 et le retour de la dynamique bénéficiaire qu'on peut attendre de ces entreprises. Parce que pendant quelques temps, il faut dire aussi que la croissance bénéficiaire, elle a été amplifiée pour des grandes entreprises mondialisées,
22:44 capables d'aller chercher la tech, etc. Et que dans ce moment-là, l'argument un peu structurel sur les small et mid-cap, qui ont une croissance bénéficiaire x fois supérieure au large cap, cet argument-là avait perdu aussi un peu de pertinence.
22:59 Bien sûr, mais il faut que tout se réajuste et qu'il y ait un retour à la moyenne. Et là, on l'espère qu'on va pouvoir continuer à gagner de l'argent.
23:09 Mais ce qui est important sur le fait que les investisseurs se concentrent sur les bénéfices par action, c'est que ça veut dire qu'on a un environnement qui est favorable et la baisse de la volatilité l'illustre aussi.
23:19 C'est-à-dire qu'on ne s'inquiète plus des éléments qui peuvent venir perturber la vie des entreprises.
23:24 Je ne vais pas dire que la politique monétaire passe au second plan, parce que là, je me couperais un peu la branche.
23:30 Mais oui, c'est intéressant de dire qu'au-delà du débat et de la conversation permanente sur les politiques monétaires, il y a aussi des fondamentaux d'entreprise qui reprennent le dessus.
23:39 On n'est plus en 2022 ou 2023 avec une incertitude maximum sur ce que vont faire les banques centrales demain, après-demain, le mois prochain, etc.
23:48 Est-ce que tout ça plaide, renforce le cas d'investissement européen ?
23:52 Quand on réfléchit au schéma de marché, tout ne change pas à chaque trimestre ou à chaque semestre, mais est-ce que là, il y a un point d'inflexion de quelque chose ?
24:00 Est-ce qu'on voit sous la surface des rotations se mettre en œuvre ?
24:04 Est-ce qu'un investisseur en dollars peut être tenté d'aller investir un peu en dehors de sa zone de prédilection ?
24:10 Et si oui, qu'est-ce que ça donne pour nous en Europe ?
24:13 Reste question. Je dirais que le point positif dans tout ce qui vient d'être dit aussi, c'est que quand il y a des résultats,
24:23 je ne parle pas des boîtes qui sont en perdition ou des segments qui sont en perdition, un pays émergent qui se rencontrera avec une inflation monstrueuse,
24:31 qui n'arrive pas à résoudre le problème, mais on l'a vu sur la Chine, on l'a vu sur les bancaires, on l'a vu sur les small mid.
24:38 Quand il y a des résultats, parfois il faut attendre longtemps, mais ça finit par repartir parce que le marché se rend compte à un moment donné
24:46 que la valorisation est vraiment trop basse par rapport à des perspectives de résultats qui sont tangibles.
24:50 Donc ça, je crois que c'est quand même sain pour les marchés aussi de se dire que tout n'est pas condamné ad vitam.
24:57 Donc ça vaut aussi un peu pour un investisseur américain pour l'Europe.
25:00 C'est-à-dire qu'il y a des résultats, alors ce n'est pas uniforme, tout n'est pas simple, mais globalement,
25:06 et ça aussi, je trouve que c'est plutôt bien pour le métier de la gestion.
25:09 On parlait des boîtes qui ont annoncé, qui ont plutôt bien annoncé, les 4 qui restent, qui ont été un peu en dessous des attentes,
25:16 ce n'est pas dramatique. Par contre, celles qui ont annoncé pas terrible avec des perspectives nettement moins bonnes,
25:22 alors c'est peut-être un peu moins vrai en Europe, mais aux États-Unis, ça a quand même fait très mal.
25:25 Oui, il n'y a pas de place pour la déception dans ces marchés-là.
25:28 Ça veut dire aussi que les investisseurs, ils ne font pas n'importe quoi.
25:31 On n'est pas dans une période où, il y a une histoire des mêmes stocks, mais ça dure deux jours, et puis ça c'est un peu de l'humour.
25:36 Ça était très rapide.
25:37 Mais putain de temps, il y a des résultats annoncés mauvais, ça baissait pendant 5 minutes,
25:41 puis derrière ça repartait parce qu'on se disait que par rapport à machin, ça allait repartir.
25:45 Donc ça, c'est plutôt sain.
25:47 Et donc effectivement, dans ce schéma de reprise progressive des marchés, parce que malgré tout, c'est que progressif,
25:55 parce qu'on est haut, mais il y a encore un peu de marge, il y a de la place pour aller faire un peu d'Europe.
26:04 Je dis "Europe", parce qu'on est même en Grande-Bretagne, qui a été pendant très longtemps un peu dévissée.
26:09 On se retrouve également avec des boîtes qui ont de beaux résultats, qui repartent également.
26:13 Et avec une situation politique, visiblement, qui ne trouble pas plus les investisseurs que depuis le Brexit et depuis ce qu'ils ont connu.
26:21 Ça devient une opportunité, je pense.
26:22 Ça devient même une opportunité, vous dites, Christian ?
26:24 Oui, le marché joue justement le chantement.
26:26 Le nouveau Labour ?
26:28 Voilà, parce que l'idée, c'est que...
26:29 Et ça ne fait pas peur ?
26:30 Non, surtout, il pourrait atténuer le Brexit.
26:32 C'est-à-dire qu'il pourrait être beaucoup plus favorable dans les négociations avec l'Europe,
26:36 et donc atténuer assez nettement les éléments qui pèsent aujourd'hui.
26:40 Mettre un peu d'huile dans les rouages, je crois.
26:42 Voilà, donc le discours sera en tout cas beaucoup moins violent que les conservateurs.
26:46 Même la situation politique au Royaume-Uni est vue aujourd'hui comme un adoucisseur potentiel pour le cas d'investissement britannique.
26:52 La livre est montée sur les annonces des élections anticipées.
26:56 Bon, donc il y a un peu de place pour l'Europe ?
26:58 Oui, il y a un peu de place pour l'Europe.
26:59 Alors après, moi je pense, techniquement, le marché est quand même mûr pour une petite correction.
27:03 Mais bon, après, ça ne change pas la vision à long terme.
27:06 Parfois, on l'a vu en avril, quoi.
27:07 Oui, c'est ça.
27:08 C'est 5%.
27:09 Citrouillère.
27:10 C'est ce que je disais tout à l'heure.
27:11 Mais il faut se contenter.
27:13 Mais ça, c'est la vie normale.
27:14 Je veux dire, on ne peut pas en faire un phénomène de marché.
27:17 Non, non, non.
27:18 Alors, encore une fois, pour l'investisseur patient, long, l'investisseur, les gros fonds de pension, ils ne sont pas en train de jouer ça.
27:25 Beaucoup d'investisseurs très longs ne jouent pas ce genre de choses.
27:27 Nous, on peut se permettre, par moments, de se dire, voilà, il y a peut-être une petite opportunité.
27:31 Et moi, je pense que d'ici la fin d'été, la fin d'été, c'est le 21 septembre, on pourra acheter un peu mieux qu'aujourd'hui.
27:38 Mais c'est un peu du...
27:41 Du fin tuning ?
27:42 Oui, mais bon, on en est là.
27:44 On en est là.
27:45 On en parle tous les jours.
27:46 On est là pour avoir des indications un peu tactiques, effectivement.
27:49 Tiens, à propos de période estivale, donc là, on va terminer le printemps, le fin juin.
27:54 Et donc, on aura eu cette première baisse de taux de la BCE entre-temps, comme promis, j'ai envie de dire, Christian.
28:00 Bon, les derniers éléments sont apportés par le chef économiste de la Banque Centrale Européenne, Philippe Leynes,
28:05 qui est une personnalité, évidemment, qu'il faut écouter, peut-être plus que d'autres, d'ailleurs, au sein de l'institution.
28:12 Sur la marche à suivre après le 6 juin, on sent bien quand même que, j'allais dire, l'attitude de prudence va continuer de dominer,
28:22 toute chose égale par ailleurs, en tout cas pour la Banque Centrale Européenne.
28:25 Ça fait plusieurs mois qu'il nous envoie, même plusieurs semaines, quand même, plusieurs mois, j'exagère,
28:29 mais plusieurs semaines, en tout cas, qu'il nous envoie le message que ce n'est pas le début d'un cycle de baisse des taux.
28:34 C'est un petit ajustement.
28:36 Alors, pourquoi ?
28:37 Tout simplement parce que l'inflation a beaucoup baissé.
28:39 Quand l'inflation baisse, vos taux directeurs réels augmentent, et donc vous pesez encore plus sur l'activité.
28:43 Donc la question que se pose aujourd'hui ABCE, est-ce que c'est nécessaire de peser encore plus sur l'activité, alors que l'inflation a quand même baissé ?
28:50 Donc on peut commencer à ajuster les taux directeurs réels, mais on n'est pas dans un cycle d'assouplissement monétaire,
28:58 et surtout pas dans un cycle où on va revenir dans une politique monétaire ultra-accommodante.
29:02 Donc ça, c'est clairement le message qu'il nous envoie depuis plusieurs mois.
29:05 Alors ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'au maximum, on va avoir peut-être 50 points de base de baisse cette année.
29:10 Donc ça veut dire une fois en juin, peut-être une deuxième fois à court ou moyen long terme, d'ici la fin de l'année.
29:17 Mais il ne faut pas s'attendre à des mouvements très violents et très importants, parce qu'ils seront assez prudents.
29:21 Alors qu'est-ce qui les inquiète ? Il y a plusieurs éléments qui les inquiètent.
29:24 Même si les salaires ont tendance à ralentir, alors on peut parler du dernier indicateur de l'ABCE qui n'était pas très bon,
29:31 mais qui était lié quand même à des faits un peu techniques.
29:34 Et si on prend l'indicateur Indeed, que prend beaucoup...
29:38 On est à moins de 3,5, on est à 3,3,5, c'est ça ?
29:41 Oui, même le dernier point, on est à 3.
29:43 3 en avril, pour Indeed.
29:44 Voilà, on est redescendu à 3 en avril.
29:46 Donc c'est un indicateur que parle beaucoup Madame Lagarde.
29:49 C'est pour ça que je le dis, ce n'est pas un petit indicateur comme ça.
29:53 Et donc cet indicateur montre en tout cas que sur le marché du travail, aujourd'hui, les offres d'emploi montrent un net ralentissement des salaires.
29:59 Le seul problème, c'est que la productivité du travail est négative.
30:02 Même à 3, ce n'est pas beaucoup, mais ça veut dire que c'est un coût qui augmente pour les entreprises.
30:07 2% d'inflation, ça marche s'il y a 3% de croissance des salaires et 1% de gain de productivité.
30:11 Là, il manque les gains de productivité.
30:13 Il manque les gains de productivité.
30:14 Alors c'est pour ça que l'ABCE est si focalisée en disant que la productivité va redémarrer, mais pour l'instant, il ne le voit pas.
30:19 Donc ça, c'est un petit point qui incite à être un petit peu prudent, pas forcément pessimiste, mais prudent,
30:25 parce qu'il dit qu'il ne faudrait pas que... Voilà, si le coût peut peser un peu sur les marges des entreprises,
30:29 on absorbe ce choc, mais après, est-ce que ça ne va pas inciter les entreprises à relever beaucoup plus leurs prix,
30:34 notamment dans le secteur des services ?
30:35 Donc, ils sont prudents sur cet élément-là.
30:37 Deuxième élément, c'est qu'il y a quand même encore pas mal de volatilité sur les prix des matières premières
30:41 et on sait que le mouvement de désinflation lié aux biens va quand même être beaucoup moins fort dans les prochains mois.
30:46 Je ne parle pas de reprise de l'inflation, mais en tout cas, de mouvement de l'inflation qui sera forcément beaucoup plus...
30:51 L'inflation sur les biens, elle est revenue à zéro.
30:53 Elle ne peut que remonter un petit peu, même si c'est un petit peu.
30:55 Donc, ça veut dire que ce ne sont vraiment que les services.
30:57 Et on voit que les services... Bon, en avril, on a eu plutôt une bonne surprise, à confirmer en mai,
31:02 mais on voit que les services ont quand même beaucoup de mal à reculer.
31:05 Donc, tout ça explique la grande prudence de la BCE parce qu'ils ne veulent pas faire du stop-and-go.
31:09 C'est-à-dire que le pire des scénarios, ce serait de commencer à baisser, d'avouer au marché qu'on s'est trompé,
31:14 que l'inflation repart et de remonter les taux.
31:16 Donc, c'est en grande partie pourquoi ils seront prudents et ils maintiendront durablement une politique monétaire restrictive.
31:21 Le premier mouvement, c'est quand même là aussi le plus important.
31:24 Alors, je sais qu'on peut débattre du timing, que ce soit juin, juillet, septembre, on s'en fiche.
31:29 Mais le premier mouvement, il faut quand même avoir la stratégie qui va derrière
31:32 parce qu'effectivement, c'est quand même une tendance qu'on donne au marché.
31:35 Sur la productivité, qu'est-ce que vous dites et qu'est-ce que disent les entreprises ?
31:38 C'est vrai qu'il y a eu cette croissance spectaculaire de la productivité américaine sur quelques trimestres, encore une fois.
31:43 À valider, à vérifier si ça s'installe dans le temps, si c'est structurel.
31:47 Ça n'en fait pas une tendance structurelle pour l'instant.
31:49 Mais quand même, il y a eu cet espoir qu'on n'a pas vu en Europe.
31:52 Et l'ABC surestime en permanence dans ses hypothèses qu'elle remet à jour tous les trois mois,
31:57 surestime en permanence les gains de productivité devant nous.
31:59 Donc, elle est obligée à chaque fois de redescendre et de réabaisser ses hypothèses le trimestre suivant.
32:04 Alors, la productivité, il y a deux choses.
32:06 Soit on est sur des gains de productivité structurels,
32:08 ça signifie que vous avez structurellement des gens qui sont beaucoup plus productifs.
32:13 Alors, ça peut être la révolution de l'intelligence artificielle,
32:15 ça peut être plein d'éléments qui font que vous êtes beaucoup plus structurel.
32:19 Donc, ça veut dire que ce n'est pas sensible à la conjoncture.
32:21 Et vous avez ce qu'on appelle la productivité conjoncturelle.
32:23 Et le gros problème aujourd'hui, c'est que je pense qu'on a un gros problème de productivité conjoncturelle.
32:28 Alors, je m'explique.
32:29 C'est qu'avant, on avait ce qu'on appelait le cycle de productivité.
32:32 C'est-à-dire que j'ai une forte croissance, j'embauche beaucoup les gens,
32:36 les gens travaillent un plein temps, donc je suis très productif.
32:39 D'un seul coup, ça ralentit, mais je ne licencie pas tout le monde immédiatement.
32:43 La productivité s'effondre.
32:44 J'ai toujours le même personnel, mais je produis un peu moins.
32:47 Il y a une croissance très forte.
32:49 Et puis, à un moment donné, je dis, ça y est, ça a tellement ralenti que je licencie.
32:53 Et donc, à ce moment-là, il y a la productivité qui repart.
32:55 Vous voyez bien qu'il y a une grosse partie qui est liée à ça.
32:58 Ce qui se passe actuellement, et depuis le Covid, c'est que les entreprises ne veulent pas licencier.
33:01 Parce qu'elles disent, c'est difficile de recruter, c'est difficile de licencier.
33:04 Donc, quand vous avez une économie qui accélère, c'est parfait.
33:07 Les gens ont travaillé.
33:08 Alors, j'exagère, je ne dis pas que c'est la vérité.
33:10 Mais les gens ont travaillé.
33:11 Ils étaient payés 35, ils ne travaillaient que 30 heures, effectivement.
33:15 D'un seul coup, l'activité repart.
33:16 Vous travaillez 35 heures, vous n'avez embauché personne.
33:19 La productivité explose.
33:20 Mais le problème, c'est qu'on a traversé en Europe une stagnation.
33:23 Et les entreprises auraient dû licencier, normalement.
33:26 Elles auraient dû réduire leurs effectifs pour améliorer la productivité.
33:29 Et ça, elles ne l'ont pas fait.
33:30 Alors, si c'est que ça, et si c'est que conjoncturel,
33:34 il faut espérer qu'avec le retour de la croissance, avec l'amélioration de la conjoncture,
33:38 à ce moment-là, on verra mécaniquement la productivité.
33:40 Mais on n'aura pas une croissance qui se fera par l'amélioration du marché de l'emploi.
33:44 Ça sera une croissance qui se fera sans embauche.
33:47 Mais, en tout cas, on aura cette amélioration de la productivité.
33:49 Et ça, ça rassurera la BCE.
33:51 Sinon, si c'est un vrai problème structurel,
33:53 et qu'on a vraiment un problème de sous-investissement des entreprises,
33:56 de problèmes peut-être d'inefficacité des moyens de production,
34:01 un choc qui a touché l'Allemagne,
34:03 parce que l'Allemagne avait dans ses gains de productivité,
34:05 mais qui n'étaient pas forcément que salariaux,
34:07 mais dans ses gains, dans ses facteurs de production,
34:09 qui étaient l'énergie pas chère,
34:10 et que c'était un gain de compétitivité pour l'Allemagne,
34:12 et qu'aujourd'hui elle l'a perdu,
34:14 parce qu'elle payera durablement plus cher son gaz,
34:16 que quand elle l'a acheté à la Russie,
34:18 si ce sont ces vrais facteurs-là qui rentrent en jeu,
34:20 et qui sont vraiment beaucoup plus structurels et durables,
34:22 c'est-à-dire que l'Allemagne ne va pas exploser en exportation,
34:25 l'Allemagne ne va pas redémarrer,
34:27 et là, vous allez avoir un vrai problème de fonds,
34:29 qui est beaucoup plus durable.
34:30 Donc, il y a encore un gros débat.
34:32 - Oui, et il ne sera pas tranché le 6 juin.
34:34 - La partie structurelle ne sera pas tranchée le 6 juin, c'est sûr.
34:36 - On aura toute la mise à jour quand même des projections économiques
34:39 faites par le staff de l'ABCE à l'occasion de la prochaine réunion.
34:42 Qu'est-ce que ça change pour un gérant action, Xavier ?
34:45 La perspective d'avoir quand même un signal,
34:48 et plus qu'un signal de baisse de taux en zone euro,
34:51 une, et moi je me dis que s'il y en a une,
34:53 il n'y en a pas une sans deux,
34:55 donc il y en aura forcément une deuxième.
34:57 Et puis le marché, la Banque Centrale Européenne
34:59 reste aussi ouverte à l'idée qu'il puisse y en avoir une troisième.
35:02 Philo Roig-Gallaud le dit aujourd'hui.
35:04 Il y a de la place pour recalibrer la politique monétaire européenne.
35:07 À quel rythme, combien de temps ça prendra, etc.
35:09 C'est tout le débat, mais il y a quand même de la marge,
35:11 partant d'un taux de dépôt à 4.
35:13 Qu'est-ce que ça change pour des marchés actions
35:15 et un gérant action comme vous, Xavier ?
35:17 Déjà le premier point, c'est que la première baisse de taux
35:19 est parfaitement anticipée par le marché,
35:21 donc l'impact ne devrait pas être très visible là-dessus.
35:25 Le deuxième point également, c'est de dire
35:28 qu'il n'y a rien aujourd'hui dans la situation des entreprises
35:32 et dans la situation de l'économie, notamment européenne,
35:35 qui justifierait d'avoir des baisses de taux massives.
35:38 Je vous rappelle les anticipations de début d'année,
35:42 où on anticipait 6 voire 7 baisses de taux.
35:45 Il fallait qu'il y ait une récession très marquée pour qu'on y arrive.
35:50 Ça ne peut intervenir que dans un scénario économique très dégradé.
35:53 Là, ce n'est pas le cas.
35:55 D'un point de vue sélection d'action,
35:58 les baisses de taux qu'on pourrait anticiper,
36:01 évidemment, ça va jouer favorablement sur les actions à duration longue,
36:07 qui avaient pas mal souffert, et qui ont même beaucoup souffert
36:10 pour certaines de cette très forte remontée des taux
36:13 lors du resserrement mené par la Banque centrale européenne.
36:17 Donc ça, c'est un élément sur lequel on pourrait se repositionner
36:20 en disant, baisse des taux, qui signifie pour les actifs à duration longue,
36:25 retour à meilleure fortune, on va dire.
36:27 Ensuite, on en a parlé, les petites et moyennes capitalisations.
36:31 Donc tout, je dirais, un certain plan de la Cote qui était en retard
36:36 et qui a des niveaux de valorisation, comme on le disait,
36:39 qui sont peu justifiables aujourd'hui compte tenu de ce qu'elles arrivent à faire et dérouler.
36:44 Il faudra se montrer peut-être un petit peu contrariants
36:46 ou un petit peu en avance sur ce segment-là,
36:48 qui pourrait profiter des baisses des taux.
36:51 Il y a notamment l'immobilier coté qui a déjà eu de la marge à grandir.
36:53 Ah oui, bien sûr.
36:54 Et on l'a vu d'ailleurs sur les deux derniers mois de l'année dernière
36:57 où le mouvement a été extrêmement fort, le secteur a repris quasiment 50%.
37:00 Ça s'est calmé avec les taux qui sont remontés,
37:02 mais on voit bien que ça, c'est un secteur très volatile
37:06 et très corrélé au niveau des taux.
37:08 Donc il y a pas mal de petits ajustements,
37:11 ou en tout cas de positions qu'on pourrait prendre dans des portefeuilles actions
37:14 pour jouer cette baisse de taux et cette dynamique
37:17 et surtout ces niveaux de valorisation.
37:19 Et l'autre point, qui est là d'un point de vue plus allocation,
37:22 il faut profiter des taux de rendement aujourd'hui actuels
37:27 du marché obligataire pour prendre des positions
37:32 et je dirais cranter des rendements qui sont très très attractifs.
37:35 Aujourd'hui, sur l'investment grade, vous êtes quasiment aux alentours de 4, 4,5%,
37:40 voire 6% sur le...
37:42 Avec moins de 2,5% d'inflation aujourd'hui en zone euro.
37:44 Donc franchement, ça vaut la peine aujourd'hui de prendre des positions
37:48 et favoriser le portage sur la partie obligataire.
37:51 - Sur un secteur clé comme le secteur bancaire,
37:53 et quand je dis clé, pas uniquement pour le côté systémique des banques en Europe, bien sûr,
37:58 mais pour la performance qu'il a pu apporter depuis ce début d'année,
38:01 mais y compris à travers 2023,
38:03 ça fait quand même un moment que le secteur bancaire en zone euro
38:06 se comporte bien et très bien en termes de prix.
38:08 Qu'est-ce que ça change d'avoir une banque centrale européenne
38:11 qui va renverser la course des taux, au moins jusqu'à un certain point ?
38:15 - Je pense que la très bonne performance du secteur bancaire,
38:19 c'était effectivement lié à la remontée des taux,
38:21 qui a été très rapide, très forte, on l'a dit.
38:23 Mais c'était aussi parce que le secteur avait atteint des niveaux de valorisation
38:26 qui étaient historiquement bas.
38:28 On était revenu sur les niveaux de la grande crise financière
38:30 qui étaient absolument injustifiables compte tenu de tout l'effort
38:33 qui a été fait par le secteur bancaire pour se réformer,
38:36 tant en termes de capitaux que de recentrage sur leurs activités cœur.
38:41 Il y a un aimant qui a été très favorable aussi pour le secteur bancaire,
38:44 c'est le niveau de rendement et de dividend yield qui est extrêmement élevé,
38:48 parce que vous avez, c'est pas rare de voir des banques
38:51 qui distribuent entre 9 et 10%, voire certaines qui se sont engagées
38:54 à distribuer plus de la moitié de leur capitalisation sur les 5 prochaines années.
38:58 C'est quand même très attractif pour un secteur et pour des banques
39:01 qui se sont beaucoup dérisquées ces dernières années.
39:05 Donc on va voir effectivement des baisses de taux,
39:08 mais si c'est des baisses de taux de 25 ou 50 % par rapport...
39:11 - Ça change pas le... - Par rapport à la très forte hausse des taux qu'on a eues
39:17 et qui a permis aux banques de retrouver des marges de manœuvre
39:20 et de la rentabilité sur ces activités-là, ça devrait pas changer grand-chose.
39:23 - C'est ça parce que c'est le secteur leader en Europe, c'est un leadership...
39:26 - C'est une meilleure performance depuis le début de l'année, effectivement.
39:29 Mais c'est normal, valorisation attractive, du rendement,
39:32 ils génèrent de la trésorerie qui rentre aux actionnaires
39:35 et ils ont retrouvé de la marge de manœuvre en termes de profitabilité.
39:39 - Ça a commencé octobre 2022, c'est ça ce grand mouvement sur les banques.
39:43 - Et puis en plus pour les banques, maintenant, je dirais,
39:46 la baisse des taux n'est pas forcément une mauvaise nouvelle.
39:48 Pourquoi ? Parce que d'une part, ça vous permet de débloquer la distribution de crédit,
39:52 donc si vous produisez plus de crédit, parce que c'est bien de faire des marges,
39:55 d'avoir des marges... - Ça, ça m'intéresse, mais si il n'y a pas de nouveau crédit...
39:58 - Si il n'y a pas de nouveau crédit, 50 BP de baisse de taux en euros,
40:00 ça relance tout de suite la demande pour du crédit, etc.
40:02 - Si vous êtes prêt à faire le pari sur l'immobilier... - Sur l'immobilier, ça change.
40:05 - Sur l'immobilier, on le voit déjà dans les enquêtes. - 50 BP, ça change.
40:07 - Les banques européennes ont déjà... - Elles anticipent.
40:10 - Déjà dans la dernière enquête qu'a fait la BCE auprès des banques européennes,
40:13 les banques européennes ont débloqué en partie le crédit.
40:15 Je ne vous dis pas que c'est l'euphorie.
40:16 - Non, mais dans la perspective d'une paire de baisses de taux de la BCE.
40:19 - Ils ont laissé ouvert quand même et ils distribuent beaucoup mieux le crédit
40:22 parce qu'ils savent qu'il y a cette baisse des taux qui va arriver en juin.
40:24 C'est pour ça que la BCE ne peut pas revenir en arrière, d'ailleurs.
40:26 La petite parenthèse, ils sont beaucoup trop engagés pour revenir en arrière.
40:29 Mais en tout cas, si vous détendez un tout petit peu les conditions de crédit,
40:34 ça réduit le risque de défaut et ça améliore la production de crédit.
40:37 Donc au bout d'un moment, c'est bien de faire des marges, mais il faut produire du crédit.
40:40 Et je pense que c'est là-dessus que joueront plus beaucoup les investisseurs à court terme.
40:43 - Ça change quoi effectivement ces baisses de taux pour les marchés ?
40:48 Et puis même en termes de mécanique des flux,
40:50 Xavier le disait, ça reste un bon moment avant ces baisses de taux
40:54 pour verrouiller du rendement sur les marchés obligataires.
40:57 Est-ce que ça veut dire qu'il faut imaginer des déplacements de masse ?
41:00 Au moins d'une partie de ce qui a été parqué sur du monétaire à court terme,
41:06 sur des comptes à terme ou des livrets ou autre chez nous en Europe,
41:10 vers d'autres supports d'investissement, d'autres produits d'investissement,
41:13 on va avoir ce déplacement de masse qui va s'opérer devant nous ?
41:17 - Oui, tout à fait.
41:18 Comme vous disiez, le déplacement du monétaire vers des produits un peu plus longs,
41:22 ça a commencé pour le retail avec des produits à capital,
41:26 enfin pas capital garantie, mais à échéance.
41:29 - Oui, bien sûr.
41:30 - Tout ça, ça joue, on rallonge un peu, on prend un peu plus de risques,
41:34 on prend un peu de crédit, un peu de high yield.
41:36 C'est un peu comme ça que la mécanique se met en place.
41:38 Moi, je trouve ce qui est intéressant dans la séquence,
41:40 c'est que les entreprises, on pouvait craindre quand les taux ont commencé à monter.
41:44 Je pense qu'il y avait quand même quelques articles qui sortaient avec
41:46 est-ce que les entreprises XY sont endettées ?
41:50 Comment elles vont gérer la dette, etc.
41:51 Finalement, les entreprises avaient quand même, les taux étaient bas depuis un moment,
41:55 et ils avaient quand même bien planifié un rebond de l'activité.
41:58 Au même, on s'est retrouvé avec des entreprises qui bénéficiaient de taux élevés
42:01 parce qu'elles avaient parqué de la liquidité.
42:03 Donc ça, c'est le premier point.
42:04 Et je trouve que l'exemple Alstom est intéressant.
42:06 En fait, on a une entreprise qui était assez…
42:10 Quand vous regardez le parcours de bourse sur les deux, trois dernières années,
42:13 ça a fait quand même très, très mal parce qu'il y avait ce côté…
42:16 J'entendais votre… C'est Pauline, c'est ça ?
42:18 - Pauline, j'en ai…
42:19 - Qui évoquait le fait que tout le monde regardait son niveau d'endettement,
42:23 une difficulté à gérer cette dette.
42:24 Et puis finalement, ils parviennent, parce que c'est une boîte qui est bien gérée,
42:29 à gérer cette grosse difficulté parce qu'ils ont besoin d'investir lourdement
42:34 pour fabriquer ce qu'ils fabriquent.
42:36 Et donc, il y a ce sujet. Ils y arrivent.
42:38 Et puis le cours de bourse, il rebondit assez nettement.
42:40 - Oui, ça a fait 50 %.
42:42 Il y a une recovery sur Alstom ?
42:44 C'est une idée qui vous intéresse ou c'est un exemple comme ça ?
42:48 - C'est le genre de choses qui étaient intéressantes
42:50 parce que les entreprises lourdement endettées,
42:52 qui sont avec des sites d'activité, et on n'était pas là-dedans,
42:56 même encore il y a quelques semaines.
42:58 Quand vous regardez, les investisseurs, ils étaient plutôt
43:01 « je veux de la croissance tout de suite, je veux de la croissance visible ».
43:04 Là, on est sur des investissements plus longs.
43:07 C'est intéressant de regarder comment le marché va faire cette évolution.
43:13 Après, ça ne peut pas monter de 50 %.
43:15 Ce n'est pas le genre d'entreprise qui va monter de 50 % tous les 6 mois
43:17 dans les 5 ans qui viennent.
43:19 Mais il peut y avoir une recovery.
43:21 Et encore une fois, ceux qui sont patients sur des entreprises
43:23 qui ont un carnet de commandes, même s'il y a de la dette,
43:26 parce que c'était quand même un boulet,
43:28 il y a quand même pas mal de boîtes qui ont coulé
43:30 avec un gros carnet de commandes et des dettes trop élevées.
43:32 - Très compliqué. Le stigmate bombardier a laissé des cicatrices très lourdes chez Alstom.
43:38 - C'est un point qui me paraît positif.
43:40 Après, s'il faut que je fasse un petit truc un peu négatif,
43:43 je dirais que ce qui est un peu embêtant dans la période actuelle,
43:46 c'est des banques centrales qui ne sont quand même pas totalement alignées.
43:51 C'est-à-dire qu'on a des échéances qui sont quand même très différentes.
43:55 Et le seul vecteur d'ajustement de tout ça, c'est quand même un peu les devises.
43:59 Et c'est quand même un peu le cirque sur les devises depuis quelque temps.
44:02 Heureusement, la paire euro/dollar n'est pas trop affectée par tout ça.
44:05 Mais il n'y a pas que l'euro et le dollar.
44:07 - C'est le cirque où, ça ? Sur l'yen ?
44:09 - C'est le cirque sur le yen, quand même.
44:11 Et puis aussi, on peut avoir la banque chinoise qui pourrait décider,
44:16 pour contrebalancer les tarifs, de laisser baisser sa devise.
44:20 - Puis la faiblesse du yen pose aussi problème aux yuan chinois.
44:24 C'est-à-dire que c'est de la concurrence entre exportateurs dans la zone asiatique.
44:28 - Ça y est, j'ai trouvé de la volatilité.
44:29 - Oui, oui, oui. La vol, c'est sur les devises.
44:31 - D'ailleurs, si on prend le communiqué du G7 Finance de ce week-end,
44:36 ils nous ont dit que la volatilité extrême des devises
44:39 est un élément négatif pour la conjoncture économique.
44:41 Et quand ils nous ont fait... Alors, pourquoi je dis ça ?
44:43 Parce que c'est très diplomatique.
44:44 - Merci d'avoir lu le communiqué du G7 Finance, Christian Fruchten.
44:47 - Non, mais c'est que les dernières fois où ils ont employé ce type de phrase,
44:50 ça allait se supposer une intervention concertée des banques centrales.
44:53 - D'accord.
44:54 - C'est un signal pour dire qu'ils s'autorisent,
44:56 pas forcément qu'ils vont le faire, mais qu'ils s'autorisent une intervention concertée,
45:00 puisqu'ils estiment qu'aujourd'hui, cette volatilité est contre-productive et pourrait...
45:04 - Des actions de concert, même au sein du G7, aujourd'hui ?
45:06 - Non, mais par contre, en gros, le G7 Finance vient de signer un chèque en blanc
45:11 à la banque centrale japonaise, continuer à intervenir,
45:15 sans qu'elle se fasse taper par les autres.
45:17 Et après, est-ce que les autres vont l'aider ?
45:18 Ça, c'est une autre question qu'on va attendre dans les prochains mois.
45:21 Mais en tout cas, très clairement, aujourd'hui, la volatilité du Yen est négative pour le Japon.
45:27 Parce que ça augmente les prix à l'import,
45:29 donc ça pèse sur la consommation des ménages,
45:31 et donc c'est ça, aujourd'hui, qui est préoccupé et acté.
45:33 - Si le long Yen devient un trade populaire, à un moment, ben...
45:37 - Oui, il y a encore un petit peu de marge.
45:39 - Il y a un peu de marge, mais à un moment, peut-être, je ne sais pas,
45:41 ils parlent encore de monter un peu les taux, de normaliser leur situation.
45:45 S'il a fait, à un moment, la méthane aussi à baisser des baies...
45:47 - La canne d'hydrogène à plus de 1% ?
45:49 - A plus de 1%. Non, mais juste pour finir sur les devises,
45:51 Xavier, pour conclure avec vous, moi, je vois en tout cas que l'euro tient bien,
45:54 qu'on n'a pas cassé un 0,5,
45:56 même si on a effacé, à un moment, toutes les baisses de taux américaines, etc.
46:00 L'euro, même, a plutôt tendance à pousser un peu à la hausse.
46:04 C'est des niveaux qui conviennent à tout le monde, aujourd'hui, sur l'euro/dollar.
46:07 Ça n'entrave pas l'activité des entreprises.
46:09 - Encore une fois, on regarde dans la publication des résultats,
46:13 à aucun moment, on n'a vu des pertes de change et ce genre de problématiques.
46:16 Donc, non, la situation est bonne, les valorisations en Europe restent attractives,
46:21 en dessous des moyens historiques,
46:24 donc il y a de l'argent et de la performance à aller chercher sur les marchés européens.
46:28 - Eh bien, c'était le cas aujourd'hui.
46:30 En l'absence des marchés anglo-saxons, l'Europe monte avec un CAC 40
46:34 qui s'est élevé à nouveau au-delà des 8100 points,
46:38 8132 points pour le CAC en clôture, ce soir.
46:40 Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché.
46:42 Xavier De Buren, directeur des investissements chez OTA Capital,
46:45 Christian Parizeau, économiste et président de Altair Economics,
46:48 et Alain Pithous, senior advisor ESG.
46:51 [Générique]
47:01 - Le dernier quart d'heure de Smart Bourges chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
47:04 Le thème ce soir, c'est celui du retour aux actionnaires
47:07 à travers le baromètre trimestriel que nous apportent régulièrement
47:12 les équipes de Janus Anderson Investors, un baromètre qui fait foi,
47:16 même plus qu'un baromètre, un observatoire des dividendes et des retours aux actionnaires
47:20 puisqu'on parle désormais de plus en plus des rachats d'actions
47:24 avec un bilan de ce premier trimestre.
47:26 Charles-Henri Herrmann à mes côtés, évidemment, directeur du développement pour la France,
47:29 notamment de Janus Anderson Investors.
47:31 Bonsoir Charles-Henri. - Bonsoir Léo.
47:33 - Merci d'être là. Qu'est-ce qu'on peut dire de ce premier trimestre en termes de dividendes ?
47:37 Alors si on segmente effectivement le retour aux actionnaires entre dividendes et rachats d'actions,
47:40 focalisons-nous sur les dividendes, c'est l'observatoire historique
47:44 que vous avez développé depuis plusieurs années.
47:47 Le premier trimestre n'est pas généralement un gros trimestre en matière de dividendes par rapport aux autres,
47:52 mais ça reste néanmoins un trimestre record pour un premier trimestre.
47:55 - Eh oui, on continue la musique, on va démarrer par un nouveau record
47:59 puisqu'on a versé environ 340 milliards de dividendes sur ce premier trimestre de l'année 2024.
48:05 Alors effectivement, on voit quand même que les choses évoluent dans le temps.
48:10 On rentre un petit peu à la normale.
48:12 Pourquoi ? Parce que finalement c'est une croissance qui est globalement de 2,4%,
48:17 ce qui n'est pas un chiffre démesurément important.
48:20 Mais si on regarde à l'intérieur, la croissance sous-jacente,
48:23 et je différencie encore une fois la croissance globale et la croissance sous-jacente,
48:27 la croissance sous-jacente c'est quand on exclut tout ce qui est dividendes spéciaux et les effets de change.
48:31 Donc elle, la croissance sous-jacente, est quand même assez soutenue puisque c'est à peu près 6,8%.
48:36 Voilà, donc on voit une nette diminution de tout ce qui est dividendes spéciaux.
48:40 Dans notre baromètre sur ce trimestre, plus de 9 entreprises sur 10 haute augmentée ou maintenues leurs dividendes.
48:46 Donc on reste de manière très solide sur les dividendes.
48:49 Effectivement, ce premier trimestre, ce n'est pas un trimestre très important, notamment en Europe.
48:53 C'est un trimestre assez faible en Europe, mais ça reste un trimestre soutenu,
48:56 notamment aux États-Unis qui ont des dividendes records, on va le voir,
48:58 mais aussi en Suède ou au Canada par exemple.
49:01 Et enfin, ce premier trimestre, si on donne le highlight, c'est quand même deux sociétés
49:05 qui viennent d'annoncer le versement de dividendes pour la première fois,
49:08 qui sont les sociétés Alibaba et Meta.
49:11 Nom dont on en a entendu parler sur le secteur des technologies.
49:14 C'est incroyable parce qu'on décrit avec vous depuis plusieurs années maintenant
49:17 que vous nous apportez régulièrement, quasiment tous les trimestres, ces résultats.
49:21 Charles-Henri, moi j'ai été marqué d'apprendre il y a quelques années que oui,
49:25 Apple et Microsoft étaient devenus les premiers verseurs de dividendes au monde.
49:30 Alors je ne sais pas, ce n'est peut-être pas tous les trimestres, mais sur les dernières années,
49:33 c'est quand même cette domination-là qui s'est assise par rapport à un monde
49:38 où c'était des compagnies pétrolières ou d'autres types de compagnies.
49:42 Donc de voir Meta et Alibaba rejoindre la danse, si je puis dire, je trouve ça effectivement très intéressant.
49:47 C'est intéressant et rejoindre la danse de manière significative,
49:50 puisque rien que ces deux sociétés, ça participe à 1,2 point de pourcentage
49:54 de l'augmentation sur ce trimestre.
49:56 Sur les 6,8 du croissance des dividendes pour le trimestre.
50:01 Ah ben c'est majeur !
50:03 Ça reste très très important.
50:04 Bon, et puis on aura la prise en compte du dividende Google aussi,
50:07 puisque Alphabet a annoncé des versements de dividendes pour la première fois de son histoire,
50:11 mais ça viendra je pense dans les prochains trimestres.
50:13 Oui c'est ça.
50:14 Retour à la normale, c'est quand même le message un peu clé, c'est ça.
50:17 On sort des mouvements stop and go, up and down, liés au Covid,
50:22 liés au choc de la guerre en Ukraine, etc.
50:24 Donc il y a une nouvelle normalité, en tout cas la normalité de retour.
50:28 Qu'est-ce qu'on peut apporter d'autre comme observation sur ce trimestre, Charles-Henri ?
50:31 Alors si on démarre d'un point de vue peut-être géographique tout d'abord,
50:34 outre-Atlantique, on l'a dit, c'est un trimestre très faible notamment en Europe,
50:38 donc finalement les Etats-Unis c'est quasiment 50% des dividendes du trimestre.
50:41 C'est un nouveau record, on l'a dit aussi.
50:43 164 milliards sur ce trimestre, ça représente une hausse de 7% de manière sous-jacente,
50:47 donc très légèrement supérieure à la mondiale, donc on reste encore une fois dans cette normalité.
50:52 Les infos à retenir aux Etats-Unis, c'est Walt Disney,
50:55 la société dans les médias qui a rétabli son dividende,
50:57 donc ça participe à cette forte hausse,
50:59 et deux sociétés, Meta, on l'a dit, en techno,
51:02 et aussi T-Mobile, qui pour la première fois ont versé des dividendes.
51:05 Donc ça c'est un petit peu le changement ou les nouveautés aux Etats-Unis.
51:09 En Europe, c'est un trimestre assez calme,
51:11 ce sera le trimestre prochain où je pense qu'on devrait avoir beaucoup d'autres choses à dire.
51:14 A noter finalement ces deux pays, je dirais la Suisse et le Danemark,
51:20 qui ont vu des réductions des dividendes en termes de croissance.
51:23 Sur le baromètre suisse, toutes les sociétés ont augmenté leurs dividendes,
51:27 mais en revanche il y a eu des gros programmes de rachats d'actions en face,
51:30 notamment par exemple de Novartis qui a racheté plus de 5% de ses actions.
51:34 Donc la croissance suisse finalement est restée assez faible.
51:37 Au Danemark, c'est dominé par...
51:40 C'est-à-dire qu'il y a un arbitrage, vous dites, chez Novartis,
51:42 entre quel montant j'alloue aux dividendes et quel montant je vais allouer aux rachats d'actions.
51:46 Et là les rachats d'actions ont été augmentés plus que les dividendes.
51:48 Exactement. Et puis après on va voir quand même qu'ils sont très présents malgré tout en dividende.
51:52 Mais effectivement il y a eu un très gros programme de rachat d'actions de Novartis.
51:56 En 2023, je parle, donc c'est pas...
51:59 Oui, oui, oui, bien sûr.
52:00 En 2023 ils ont racheté énormément d'actions.
52:01 Comme il y a eu cette baisse, forcément ça baisse la croissance.
52:04 Je comprends.
52:05 Au Danemark, on sait que c'est dominé par la société de transport Mollermers,
52:09 qui elle a fortement diminué son dividende ce trimestre.
52:11 Donc c'est ce qui pénalise un petit peu la croissance européenne.
52:14 Mais on reste très optimiste pour le gros trimestre des dividendes européens.
52:17 Le mois prochain on pense qu'on va aller de manière solide sur les dividendes sur le second trimestre.
52:23 L'Asie enfin, on a vu une baisse du dividende de la société BHP en Australie,
52:27 qui est une des sociétés on sait qui domine le continent asiatique.
52:29 Donc ça a un petit peu finalement masqué le bon rebond des dividendes asiatiques,
52:34 qui finalement ont été très solides sur ce trimestre.
52:36 Et un petit peu de la même manière, les dividendes japonais ont été très importants,
52:39 mais ça a été masqué par la faiblesse du Yen japonais.
52:42 Comme nous, notre société étant osée de notre...
52:44 En dollars.
52:45 Pardon, je suis en devisant dollars.
52:46 Bien sûr.
52:47 Et bien la faiblesse du Yen a masqué ces résultats.
52:49 Qu'est-ce qu'on peut dire justement sectoriellement ?
52:51 Vous avez déjà expliqué quelques noms, mais est-ce qu'il y a des tendances sectorielles qui se confirment
52:56 ou qui apparaissent dans ce trimestre-là ?
52:59 Pareil, on rentre dans cette normalisation un petit peu sur les secteurs aussi,
53:02 puisqu'en fait on voit on a 35 secteurs dans notre étude.
53:05 Il y a seulement 6 secteurs sur les 35 qui ont connu une baisse sur ce trimestre.
53:09 Donc c'est assez faible.
53:10 Et ces baisses finalement sont assez mineures de manière générale.
53:14 Finalement, on retrouve un petit peu la normalité, à savoir les banques
53:17 qui correspondent à un quart du versement des dividendes sur ce trimestre.
53:20 C'est une augmentation sous-jacente de 12% par rapport à l'année dernière,
53:23 donc c'est de manière assez importante.
53:25 Les compagnies pétrolières, même si le BHP a versé moins de dividendes cette année,
53:30 ils restent parmi le top 10 des payeurs sur ce trimestre, avec la société Exxon notamment.
53:34 Enfin, si on regarde maintenant sur le secteur des technos, on en a parlé.
53:37 Alibaba qui verse son premier année de dividendes.
53:39 Walt Disney dans le secteur des médias, donc ça aussi, ça permet la solidité.
53:43 Le secteur de la pharmaceutique, on en a parlé.
53:45 Novartis, numéro 1 des payeurs sur ce trimestre.
53:49 Toutes sociétés conclues.
53:51 Donc même...
53:52 Oui, ça remet en perspective.
53:55 Par rapport à ce que je disais tout à l'heure.
53:57 Roche, société pharmaceutique numéro 2 des payeurs dans le monde.
54:01 Et enfin, on voit Novo Nordisk qui vient en 10e position,
54:04 notamment grâce au très bon succès sur l'antiobésité.
54:10 Finalement, il y a un seul secteur qui est très négatif, c'est le secteur des transports.
54:13 On l'a vu avec Mollermersk au Danemark.
54:16 Mais on peut citer aussi UPS, Canadian Pacific Kansas ou Union Pacific,
54:21 qui ont réduit leurs dividendes.
54:23 Et ce qui est finalement ce qu'on retrouve dans le secteur des transports.
54:25 Donc c'est vraiment le seul secteur qui a une baisse significative au niveau des dividendes.
54:29 En conclusion de cet aspect-là, sur les dividendes,
54:32 qu'est-ce que ce premier trimestre apporte à la projection qu'on peut avoir sur l'ensemble de l'année ?
54:37 Alors on voit un premier trimestre assez solide, qui est en ligne avec les marchés boursiers,
54:41 puisqu'on a vu des marchés boursiers assez solides sur ce premier trimestre.
54:44 Et qui est en continuité aussi avec le dernier trimestre de l'année 2023,
54:47 qui a vu à la fois des dividendes solides et records, et à la fois des marchés boursiers solides.
54:52 Donc on voit finalement un phénomène de normalisation entre marchés boursiers et les versements de dividendes.
54:57 Finalement, on a seulement une poignée de sociétés dans le monde,
55:00 ou de grosses sociétés qui ont diminué leurs dividendes.
55:02 On citera par exemple la société australienne Woodside,
55:05 ou la société Bayer, la société chimique allemande, ou bien Glencore au Royaume-Uni.
55:11 Mais mis à part ça, finalement, on note une belle résilience,
55:14 que ce soit en Europe, aux États-Unis ou au Canada, des dividendes.
55:17 Alors en termes de chiffres, qu'est-ce que ça donne ?
55:19 On ne change pas nos prévisions. On reste sur une prévision de 1720 milliards pour l'année 2024.
55:24 Et finalement, ce qui change, c'est un petit peu cette répartition.
55:27 On note une très forte diminution des dividendes exceptionnels ou spéciaux.
55:31 Et finalement, ça va augmenter la croissance sous-jacente des dividendes.
55:33 Mais on reste sur les mêmes chiffres de croissance que l'on tablait le trimestre précédent.
55:37 Un rythme de croisière qui revient d'une certaine manière en termes de versement de dividendes.
55:41 L'autre grand enjeu du retour aux actionnaires, ce sont donc les rachats d'actions.
55:45 Qu'est-ce qu'on peut dire de 2023 de ce point de vue-là, Charles-Henri ?
55:49 Alors 2023 est une baisse. On n'est pas dans un record pour une fois. Ça y est, on change de mot.
55:54 2023, on a vu une baisse assez significative du programme de rachat d'actions des entreprises.
55:58 On est sur... - Je rappelle juste, sur près de 1200 sociétés que vous analysez et que vous suivez à travers le monde.
56:06 Donc ce n'est pas juste aux Etats-Unis, en Europe, c'est partout dans le monde.
56:10 Et sur ce panel-là, le niveau des rachats d'actions a baissé en 2023.
56:14 C'est les 1200 plus grosses sociétés du monde.
56:16 Sur ce panel-là, on a 1110 milliards de dollars de programme de rachat d'actions sur cette année.
56:21 Ce qui correspond à une baisse d'environ 180 milliards, donc soit 14% de baisse.
56:25 Donc c'est une baisse significative. Attention, on reste quand même sur...
56:29 On se compare à des bases qui étaient très élevées.
56:31 Nous n'oublions pas qu'elles étaient des bases un petit peu exceptionnelles des programmes de rachat d'actions.
56:35 Donc il faut quand même faire attention à un chiffre.
56:37 Et finalement, ce chiffre-là est inférieur à 2022, est aussi inférieur à 2021,
56:41 mais reste supérieur à ce qu'on a vécu sur la période avant Covid.
56:46 - Eh oui, bien sûr. - Donc pareil, je pense sur les programmes de rachat d'actions,
56:49 on retourne vers une certaine normalisation.
56:51 Ce qui est aussi intéressant, c'est de voir finalement, d'un point de vue géographique,
56:56 qu'est-ce qui s'est passé ?
56:58 Les États-Unis, on sait que les États-Unis, ça domine le programme de rachat d'actions.
57:02 Les secteurs, c'est les télécommunications, les banques et les constructeurs automobiles.
57:06 Et puis peut-être le dernier chiffre qui me semble très intéressant,
57:09 c'est la concentration de ces programmes de rachat d'actions.
57:12 Donc on l'a dit, il y a 1200 sociétés étudiées.
57:14 Sur 1200 sociétés étudiées, il y en a environ 600 qui ont racheté en 2023 des actions.
57:20 Et la moitié des 1110 milliards est concentrée sur 45 entreprises.
57:26 - Incroyable. - Voilà.
57:27 Donc finalement, on voit qu'il y a une énorme concentration.
57:30 - Sur les 600 entreprises qui ont racheté des actions l'an dernier,
57:35 il y en a 45 qui concentrent la moitié du... - La moitié, environ.
57:39 - Oui, c'est des grandes masses, mais les ordres de grandeur sont spectaculaires.
57:43 - Voilà, les ordres de grandeur sont très spectaculaires.
57:45 Donc on est sur un...
57:47 Globalement, je dirais, le mot de conclusion, c'est le retour vers une certaine normalisation
57:50 au niveau des programmes de rachat d'actions, mais aussi au niveau des dividendes, probablement, sur cette année.
57:54 - 2024, enfin une année normale, peut-être. On verra.
57:57 A suivre. Merci beaucoup, Charles-Henri Hermann, avec nous régulièrement
58:01 pour nous tenir informés de ces dynamiques d'entreprises à travers les dividendes
58:06 et les programmes de rachat d'actions, puisque c'est également un sujet majeur
58:09 pour le retour aux actionnaires aujourd'hui.
58:11 Charles-Henri Hermann, directeur du développement France,
58:13 notamment de Janus Anderson Investors, qui était l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse,
58:18 ce soir, sur Bsmart.
58:20 (Générique)
58:23 ---