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Lundi 6 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Adrien Dumas (Directeur des investissements, Mandarine Gestion) , Thierry Guille (Président, Raymond James France) , Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy) et Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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00:00Bonjour et bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change
00:13pour rester à l'écoute des marchés. Premier numéro de cette année 2025 pour se mettre
00:19à jour sur les grands enjeux du moment, sur les marchés financiers, partant des tendances
00:24de 2024. Quelles sont les tendances qui vont pouvoir perdurer au cours de l'année 2025 ? Quelles
00:29sont les tendances qui pourraient être altérées ? Est-ce que des rattrapages sont possibles
00:33sur des marchés qui ont été particulièrement fracturés entre les Etats-Unis et le reste
00:39du monde au cours de l'année 2024 ? Les enjeux 2025 pour les marchés, les investisseurs,
00:44les économistes, nous en parlerons largement avec nos invités de planète marché dans
00:47un instant sur le plan macroéconomique, le plan des marchés. On a déjà bien en tête
00:51que si 2024 était une année très politique avec 40% de la population mondiale qui était
00:56appelée aux urnes, 2025 restera sans doute une année également très politique. On le
01:01voit d'ailleurs avec l'exemple de la séance du jour qu'on pourra décrypter avec nos invités
01:05dans un instant. De manière plus pragmatique, l'agenda de cette semaine, une semaine un
01:09peu particulière puisque les marchés américains seront fermés ce jeudi. Ce sera le jour des
01:13funérailles de Jimmy Carter, décédé ces derniers jours à l'âge de 100 ans. Wall
01:19Street restera donc fermé ce jeudi aux Etats-Unis mais nous aurons quand même des chiffres
01:23importants à commencer par les données d'inflation en zone euro. Les données sont
01:27sorties pour l'Allemagne en début d'après-midi et montrent une légère surprise à la hausse
01:32sur l'inflation allemande pour le mois de décembre. Et puis c'est surtout la grande
01:37semaine de l'emploi américain, une variable qui est suivie de très près désormais par
01:42la réserve fédérale américaine. Les chiffres de l'emploi émailleront donc cette semaine
01:47jusqu'à la publication du grand rapport sur l'emploi qui sera publié ce vendredi.
01:53Voilà donc pour les infos du jour, l'ambiance du moment pour commencer cette année avec
01:58des marchés en Europe qui bondissent de plus de 2%. On vous explique pourquoi dans un instant.
02:03Et puis comme chaque lundi, nous retrouvons notre correspondant américain dans le dernier
02:07quart d'heure de Smart Bourse et c'est Pierre-Yves Dugas bien sûr qui sera avec nous pour évoquer
02:13l'approche de la mandature de Donald Trump.
02:24Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
02:30Hervé Gouletteker est avec nous, seigneur économique advisor d'Accuracy. Bonsoir Hervé.
02:34Ravi de vous retrouver en ce début d'année 2025. Ravi de retrouver Thierry Guille également.
02:38Bonsoir Thierry. Vous êtes le président de Raymond James France et Adrien Dumas à nos côtés,
02:43directeur des investissements de Mandarine Gestion. Bonsoir Adrien. Merci à vous trois d'être là messieurs.
02:48Adrien effectivement, cette séance du jour est une forme de répétition peut-être,
02:54avant ce qui nous attend tout au long de la mandature de Donald Trump qui commence dans 15 jours maintenant.
02:58Oui alors à plusieurs égards. D'abord parce qu'on a eu des bons chiffres ce matin dans l'industrie de l'intelligence artificielle en Asie
03:05avec Onai, la maison mère de Foxconn qui a publié des très bons chiffres avec une réaccélération de la demande.
03:11On avait eu aussi des bonnes nouvelles du côté des data centers puisque Microsoft a annoncé des investissements
03:16importants en Asie sur ce sujet. Cette thématique qui continue de porter les marchés. Et effectivement dans la journée,
03:22le Washington Post qui sort une information sur le fait que les barrières douanières américaines seraient peut-être
03:27beaucoup plus ciblées que prévues avec comme objectif de cibler des industries un peu critiques.
03:32C'est le mot je crois qui est utilisé dans le journal. Et puis un démenti deux heures après sur X à Donald Trump
03:37considérant qu'il n'y avait pas de matière à discuter.
03:40Aucun plan d'altérer, aucune idée d'altérer le programme tarifaire douanier de Trump.
03:45Et ce qui est intéressant c'est de voir la réaction des marchés avec un marché européen qui a très fortement rebondi
03:50sur cette news du Washington Post qui montre le positionnement des investisseurs qui est très prudent sur l'Europe
03:56et qui attend d'y voir beaucoup plus clair sur les intentions douanières ou commerciaux de Donald Trump vis-à-vis de l'Europe.
04:03Un euro qui a aussi fortement rebondi, qui a aussi je trouve on se traduit très bien le positionnement.
04:08Et de manière générale une question sur l'investiture de Donald Trump et donc les premiers éléments qui en sortiront dès le 20 janvier.
04:14Ça nous en dit beaucoup sur la sensibilité que le marché va avoir sur cette question des tarifs douaniers.
04:19On avait déjà eu une forme de répétition. Alors au tout début juste après la victoire de Donald Trump
04:23il avait évoqué la possibilité de 25% de tarifs douaniers sur les importations en provenance du Canada et du Mexique.
04:29On avait vu le PESO, on avait vu le dollar canadien qui réagissait déjà fortement à l'époque.
04:33Oui tout à fait, on est tout à fait dans ce cadre là.
04:35Est-ce qu'on va avoir des réponses le 20 janvier ? Ça semble compliqué à affirmer.
04:40Il est évident que ce sera détaillé certainement dans le temps.
04:42Mais on sent vraiment que c'est un sujet de positionnement marché avec un gros éphément ton noir maintenant depuis 4 mois
04:48avec des flux très très positifs sur les actions américaines qui ont continué à caracoler, à surperformer tout les autres marchés internationaux.
04:54Et sur tous les autres marchés en fait on attend plus grand chose.
04:56Et effectivement la moindre bonne nouvelle en fait est un facteur important à mon avis de rebond potentiel.
05:00C'est ça qu'il faudra j'allais dire juger, juguler tout au long de l'année pour essayer de générer la performance de manière régulière.
05:05Hervé on en a déjà discuté mille fois mais qu'est-ce que vous retenez ?
05:09L'information du Washington Post selon laquelle Donald Trump pourrait se montrer pragmatique
05:17ou est-ce qu'il faut voir un Trump jusqu'au boutiste sur la partie douanière notamment ?
05:22Je pense qu'il faut prendre les deux jambes de l'information.
05:26Parce qu'on va avoir sans doute une gestion de la politique économique qui va tirer à U et à Dia.
05:36Il suffit de regarder le personnel en place.
05:39En fait à la gestion de l'économie on a des gens soit raisonnables soit conservateurs.
05:48Par contre à la tête du cabinet américain, le secrétaire général, le secrétaire général adjoint, on a de vrais Trumpistes.
05:59Et donc en fait on voit bien les propositions qui vont émaner du secrétaire au trésor assurément, du secrétaire au commerce vraisemblablement.
06:11Mais les arbitrages qui vont être pris au niveau du secrétariat général, du premier ministre si on voulait traduire cela en termes français, on n'en s'effiche rien.
06:21Et au final on doit mettre la personnalité de Donald Trump là-dessus.
06:25Donald Trump, un jour il dit blanc, un jour il dit noir.
06:29Donc en fait on ne sait pas. Il est facile d'avoir une analyse très raisonnable.
06:34Qu'est-ce que les américains doivent faire en se disant qu'ils ne sont pas contents de leur déficit extérieur.
06:39Et donc là on dit il y aura des menaces et puis après il y aura des discussions.
06:43Et finalement tout ça va rester dans des proportions acceptables.
06:47Mais en fait il ne faut pas raisonner comme cela.
06:50Et je pense qu'on est face à de l'incertitude.
06:53Si vous regardez le classique indicateur, l'incertitude mondiale de politique économique, il est à son plus haut.
07:02Presque à son plus haut. Le seul plus haut que l'on ait connu par rapport à aujourd'hui c'est la Covid.
07:09Et on ne savait pas du tout en termes économiques où on allait.
07:13Et bien on est un peu en dessous de ça mais plus haut qu'au déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
07:20Donc l'incertitude elle est là.
07:23Les réactions de marché, on va avoir de la volatilité.
07:26Ça je crois qu'il faut se préparer.
07:28Et gérer cette volatilité ne va pas être simple pour mes amis ici présents.
07:33Mais en fait sinon l'incertitude va durer.
07:37Et donc choisir une ligne ne va juste pas être simple.
07:40Parce que la capacité à être démentie peut venir très vite.
07:44On le voit aujourd'hui.
07:45Est-ce qu'il faut imaginer des négociations très très rapides avec Donald Trump ?
07:49On voit déjà que la pression qui a été mise sur le Canada est en train de faire exploser.
07:53On a vu peut-être Justin Trudeau qui est peut-être sur le point d'annoncer son départ ou sa mise à l'écart.
08:00On avait vu tout de suite un coup de fil entre la présidente mexicaine et Donald Trump
08:04pour tenter d'aplanir la situation avant même l'investiture de Donald Trump.
08:09On a vu ce week-end Georgia Maloney qui était à Mar-a-Lago en visite personnelle chez Donald Trump.
08:15Est-ce que c'est le genre de schéma qu'il faut imaginer pour la suite ?
08:18C'est-à-dire un défilé de personnalités qui viendraient défendre des intérêts ici et là.
08:24La recette de Christine Lagarde a été à un moment de dire qu'il va falloir négocier avec Trump.
08:29Elle parle du point de vue européen.
08:31Il faudrait que l'Europe soit en capacité d'aller négocier avec Donald Trump.
08:34Mais on peut imaginer que des dirigeants européens auront des intérêts à aller défendre spécifiquement les uns après les autres chez Donald Trump.
08:42Ce que l'on sait de la méthode de négociation de Donald Trump, c'est qu'il ramollit la personne qui est devant lui
08:52et il pousse son avantage le plus loin possible pour lui.
08:56L'idée de ramollir, on le voit bien, c'est vrai que les dirigeants du monde,
09:02si ce n'est les Chinois qui ont mis leur ligne rouge de suite sur la table en disant
09:07nous on veut bien mais pas ceci, pas ceci, pas ceci.
09:10Ailleurs, on a moins mis les lignes rouges.
09:13Donc en fait, il y a cet avantage qui avance sauf qu'on peut douter de la capacité de l'administration Trump
09:22à ne pas aller trop loin pour les raisons que j'ai expliquées.
09:26Donc en fait, je crois que l'attitude des Chinois est la bonne.
09:30Il faut mettre les lignes rouges.
09:32On verra bien ce qui se passe.
09:34On peut perdre de part et d'autre.
09:37Ce n'est pas ce qui a été fait.
09:39On voit bien que ça a créé de la zizanie.
09:41Alors au Canada, avec un Trudeau qui était déjà affaibli, ça va créer de la zizanie en Europe.
09:48Et ça, c'est bien embêtant pour nous.
09:51Ailleurs dans le monde aussi.
09:53Mais je pense que ça ne va pas être un long chemin tranquille, cette histoire-là.
10:00Trump va aller trop loin, je pense.
10:03Il y aura sans doute des allers-retours du côté de l'administration américaine
10:09qui correspondront à des allers-retours ailleurs.
10:12Et donc être capable de se dire, moi je fais tel ou tel pari,
10:17je pense que ça va vraiment être compliqué.
10:20Et même l'histoire des scénarii de se dire, j'ai un scénario optimiste, j'ai un scénario pessimiste,
10:26c'est dire que je suis capable de tracer des trajectoires.
10:29Et puis voilà, je change peut-être en cours de route.
10:32Mais là, ce n'est même pas le cas.
10:34Parce que ça va être relativement à court terme.
10:37Non, c'est très très compliqué.
10:39Thierry, la politique tarifaire de Trump, elle aura aussi un impact sur les actions américaines.
10:43Là, c'est vrai qu'on a regardé ce qui s'est passé en Europe.
10:46On a vu que ça libérait, que ça pouvait libérer un potentiel de rebond
10:49si jamais effectivement la politique tarifaire était un peu diluée ou plus ciblée.
10:53Mais cette politique tarifaire douanière, elle aura aussi un impact sur les actions américaines.
10:58Oui, d'ailleurs, on l'a vu aujourd'hui avec les déclarations d'abord du Washington Post
11:02et après le démenti qui a été apporté par l'administration, par Donald Trump lui-même,
11:06sur les actions tech qu'elles ont réagi.
11:08Globalement, un dollar fort, c'est quelque chose qui devrait pénaliser les sociétés exportatrices américaines,
11:14en partie les sociétés tech.
11:16On sait que le tissu américain, il y a presque 70% de la cote qui est constituée de sociétés mid-cap,
11:22c'est des sociétés dans le jargon américain qui vont jusqu'à 20 milliards à peu près de capitalisation boursière,
11:27devraient être avantagées.
11:28Donc c'est le pari, les choix qui doivent être faits un petit peu en ce début d'année.
11:33Maintenant, moi je suis toujours très réticent à vouloir tirer des plans sur la comète sur les 12 prochains mois.
11:38Il n'y a qu'à se rappeler ces dernières années, à chaque fois les prévisions qui ont été faites
11:41depuis une petite dizaine d'années.
11:43Il y a toujours une variable exogène qui arrive en novembre, en décembre ou en janvier
11:47qui change totalement le scénario.
11:49Donc on peut à la limite avoir une vision sur les prochains mois.
11:52On va voir déjà l'arrivée de Trump bientôt et la prise de commande le 20 janvier prochain.
11:56Il y a quand même, il faut le souligner, une majorité qui est excessivement faible à la chambre basse.
12:01On l'a vu pour la nomination du chef de file des Républicains, Johnson.
12:05Ça se joue à pas grand chose.
12:06Ça se joue à pas grand chose.
12:07Il avait pratiquement de mémoire, je dis bien, en fin 2016,
12:11donc lorsqu'il est arrivé en 2017, 20 ou 25 sièges d'avance.
12:15Il n'a que 3 sièges d'avance.
12:17Et c'est là où il aura des propositions qui vont être faites, entre autres sur le financement budgétaire.
12:21Il y a beaucoup de Républicains qui vont être beaucoup plus vertueux dans la tenue des comptes
12:25que Trump voudrait faire.
12:26Et ça, ça peut amener à des situations éventuellement de blocage.
12:29On a vu l'élection du speaker du Sénat, d'ailleurs, qui n'est pas un trumpiste forcément de la première heure.
12:34Qui est quelqu'un qui est un conservateur traditionnel, on va dire de ce point de vue-là.
12:39Oui, la chambre des représentants, c'est important, notamment pour tout ce qui est budgétaire.
12:42Aujourd'hui, Donald Trump met la pression pour essayer d'avoir une loi
12:46qui serait une sorte de package global, qui traiterait les questions de financement,
12:50la question du plafond de la dette, bien sûr,
12:54les questions du financement, de la remigration également d'une partie des immigrés illégaux sur le territoire américain.
13:01Ça semble difficile à obtenir à ce stade ?
13:04Oui, c'est-à-dire que sa proposition, la rumeur actuelle, c'est qu'en fait,
13:07il fasse une espèce d'énorme enveloppe dans laquelle il va tout faire.
13:10Pour plus avoir à y revenir.
13:12Voilà, et ça va être compliqué, on jugera sur pièce le moment venu.
13:16Mais les points importants, ça sera bien évidemment les problèmes tarifaires, vous l'avez souligné,
13:20les problèmes migratoires, les problèmes du déficit.
13:24On les abordera un par un et on agira en conséquence.
13:27Enfin, nos conseils iront en fonction des résultats.
13:30Mais je pense que ça va être plus chaotique qu'on ne peut l'imaginer.
13:34L'un des grands thèmes, Adrien l'évoquait en début d'émission,
13:37mais l'un des grands thèmes de 24 restera bien sûr le thème de l'intelligence artificielle.
13:41Où est-ce qu'on en est selon vous ?
13:43Et quelle va être la manière d'investir dans ce thème en 2025, Thierry ?
13:48Il n'y a pas de chose réellement nouvelle en ce début d'année que nous ne sachions déjà fin 2024.
13:53Tout n'a pas changé au 1er janvier.
13:55Non, non. Il y a eu un mouvement d'excessive, on y reviendra peut-être tout à l'heure,
13:59de concentration sur le secteur de tech aux Etats-Unis.
14:02On l'a surtout vu entre Thanksgiving et Noël avec un retour en force du secteur de la tech,
14:06en l'occurrence les sociétés de semi et Nvidia.
14:09Nvidia s'exprime ce soir dans le cadre du Consumer Electronics Show de Las Vegas.
14:15Il sera à 3h30 du matin pour nous, donc on pourra le juger sur pièce que demain l'ouverture des marchés européens.
14:21La rumeur c'est qu'en fait ils devraient donner plus de visibilité sur les ventes de leurs nouveaux produits phares, le Blackwell.
14:27Si c'est le cas et que c'est conforme aux attentes, ça donnera encore un coup de booster au marché.
14:32Sur l'IA, on l'a vu, vous l'avez Adrien l'a souligné tout à l'heure,
14:35Microsoft a déclaré encore investir un montant de 80 milliards de dollars de CapEx dans le domaine de l'IA.
14:42Ça va continuer et ça va je pense encore s'amplifier.
14:46Et le marché va continuer de payer en attendant de voir la monétisation ultime de ces usages et des produits logiciels par exemple liés à l'IA ?
14:56C'est toujours le débat qu'on a en bourse de vouloir monétiser les choses.
15:00Moi je l'ai vécu au travers de différents cycles, je me rappelle des années 2000 avec les sociétés de télécom.
15:04Il y a toujours une phase quand vous avez une révolution industrielle où en fait la bourse anticipe toujours et surpaye des valeurs.
15:10C'était le cas d'NVIDIA mais NVIDIA quand vous regardez très sincèrement sur 2025, vous la payez un peu 32 fois les profits.
15:16Regardez les profits de sociétés classiques, Colgate, Procter, ça vaut plus de 30 fois.
15:21Les sociétés de traitement de déchets aux Etats-Unis, ça se paye plus de 30 fois.
15:24C'est des gens qui collectent des déchets, c'est des croissances en single digit, c'est assez étonnant.
15:28Allez comprendre la rationalité ou la véracité, c'est un peu bizarre mais c'est comme ça, la bourse fonctionne comme ça.
15:35Sur NVIDIA, on pense que c'est un mouvement qui va se poursuivre.
15:41Sur l'IA, Adrien ?
15:43Je partage les propos qui ont été tenus.
15:45On a eu quand même quelques nouvelles en fin d'année.
15:47C'est un dérivé de l'IA mais c'est tout ce qui tourne autour du véhicule autonome où il y a eu un peu d'ébullition aussi pour deux raisons.
15:53D'abord parce que General Motors a décidé de sortir de cette activité.
15:56Il ne reste plus que deux grands leaders que sont Waymo et Tesla.
16:00Tesla a sorti sa nouvelle version du full self-driving, la version 13, qui a des accueils extrêmement favorables de la part d'utilisateurs.
16:07Ça a l'air de faire un vrai step en termes d'efficacité, de sécurité en termes de fonctionnement.
16:12Le sujet du robotaxi qui est l'objectif d'avoir des véhicules autonomes et de changer peut-être le modèle de propriété du véhicule pour quelque chose d'un peu plus partagé.
16:22C'est l'objectif d'Elon Musk pour le puce répétateur qui a comme ambition de lancer cette activité en 2025.
16:32Je pense que ça va être un des moteurs supplémentaires.
16:34C'est un cas d'usage de la puissance de calcul et de l'IA dans une utilisation quotidienne.
16:38La puissance de calcul est liée à cette capacité des puces à rendre temps réel à analyser les informations pour faire fonctionner et rouler la voiture.
16:47Puisqu'on parle d'Elon Musk, le terreau réglementaire américain sous Trump et Musk va favoriser ce genre d'initiative, ce genre de développement ?
16:57C'est à des régulations au sens large.
16:59C'est dans ce sens-là avec certainement la volonté d'aller beaucoup plus rapidement sur les tests de nouvelles technologies comme le self-driving.
17:06C'est probable et c'est ce que le marché a beaucoup anticipé.
17:09Le cours de Tesla a quasiment doublé depuis l'élection de Donald Trump.
17:12Pas de raison d'imaginer que cette tendance-là qu'on décrit à travers l'IA notamment jusqu'au véhicule autonome, cette tendance-là pour l'investisseur reste pleinement solide ?
17:24Je dirais pour plusieurs raisons.
17:25D'abord parce qu'effectivement les croissances de résultats sont toujours là et que les multiples n'ont pas l'air pour l'instant démentielles au regard de cette croissance.
17:30Que le reste, si on prend le S&P 493, n'affiche toujours pas de croissance bénéficiaire supérieure à ces 7 magnifiques ou en tout cas à toutes ces valeurs qui sont autour de la thématique d'un scientifique.
17:40Il y aura plus de croissance pour les 7 magnifiques en 2025 qu'il y en aura pour le reste du S&P ?
17:44Oui, surtout que maintenant il y en a une huitième parce qu'on rajoute Broadcom qui elle aussi afficherait dans l'ordre de 15 à 18% de croissance bénéficiaire l'année prochaine.
17:52Donc oui pour l'instant ça reste encore le cas.
17:54Donc oui pour l'instant ça reste un scénario central.
17:57Et puis si vous rajoutez à ça quand même un sujet des taux américains, j'imagine qu'on va parler du 10 ans américain mais on est à 463, 464.
18:04Il n'est pas improbable qu'on vienne tester les 470 voire 5% qui est le scénario qu'on avait vécu il y a plus d'un an et demi maintenant.
18:11Ça c'est quand même, on le sait, très favorable plutôt aux grandes entreprises bien financées qui ont des trésoreries qui bénéficient de taux un peu plus élevés.
18:18Donc ça, ça plaide aussi plutôt favorablement pour cette typologie de valeur.
18:21C'est-à-dire que même bien valorisés, ces boîtes-là sont plus à même de gérer un environnement de taux élevés que d'autres.
18:26Oui, c'est ce qu'on avait vécu déjà en 2020.
18:29Bon, à propos des taux, Hervé, effectivement, le mois de janvier sera le mois également des premières réunions de l'année pour les banques centrales américaines, européennes par exemple.
18:38Qu'est-ce qu'on peut dire de la manière dont la Fed va réagir sous l'ère Trump ?
18:45Déjà, les ambitions de baisse de taux ont été passablement revues en baisse depuis quelques mois maintenant.
18:51Est-ce que le marché et la Fed sont à peu près d'accord sur le scénario 2025 ?
18:55Et qu'est-ce qui va pouvoir faire varier encore la fonction de réaction de la Fed dans les prochaines semaines et les prochains mois ?
19:01Alors aujourd'hui, oui, ils sont à peu près d'accord.
19:05En fait, ça veut dire que le marché est venu se caler sur la Fed.
19:09Il y aurait donc 50 centimes de baisse de taux.
19:12C'est ça. C'est ce qui a été signalé dans les dernières projections de la Fed.
19:14Voilà. Et donc ça nous positionnerait vers 4 %.
19:184 %, c'est significativement plus élevé que ce que le marché croyait il y a un an de cela.
19:25Alors la fonction de réaction, je pense qu'il y a trois éléments à prendre en compte.
19:34Il y a la macroéconomie, il y a le forward guidance, donc le guidage prospectif.
19:42Et puis il y a la relation avec l'exécutif.
19:45Sur le premier élément, inflation, chômage.
19:52Moi, ma conviction, c'est que sur l'inflation, on aura beaucoup de mal à revenir sur la barre des 2 %.
20:00Il y a des tas de raisons. On en a déjà parlé ici. Je ne reviens pas.
20:04Sur le chômage, à aujourd'hui, on a l'impression que le marché de l'emploi résiste bien.
20:11Et donc les deux éléments ensemble viennent justifier le fait qu'il y ait de la prudence du côté de la Fed.
20:18Je voudrais juste faire remarquer une chose sur le marché de l'emploi.
20:22Le marché de l'emploi, sur les deux dernières années, 80 % des emplois créés, ça a été soit dans les administrations,
20:31soit dans un certain nombre de services, santé, services sociaux, qui ne sont pas indépendants des administrations.
20:39Donc en fait, la réalité du marché du travail américain peut nous surprendre.
20:44Et quand je dis ça, derrière la surprise qu'on peut avoir sur le marché du travail, on peut avoir une surprise sur la croissance américaine.
20:51Dire qu'on fera 2,5 % de croissance cette année, le consensus doit être à peu près à cela,
20:56je pense que c'est voir les choses un peu haut sans qu'une révision à la baisse de la croissance
21:02ait facilement, naturellement, une implication en termes de ralentissement de l'inflation.
21:07Tout ça n'est pas très clair.
21:09Donc pour revenir après au deuxième élément, donc le guidage prospectif,
21:15en fait, il serait bien pour les marchés, dans l'environnement de politique économique côté Maison Blanche qu'on a décrit,
21:23qu'on ait un peu de vue, non pas de moyen terme, mais quittez la data dependency que l'on a aujourd'hui pour avoir un petit peu de guidage,
21:34qu'on sache où on est. Est-ce que la Fed va être capable de le faire, tel que je viens de décrire le couple croissance-inflation ?
21:41Ils vont essayer, mais je doute qu'ils ne réussissent.
21:44Donc en fait, ça va être compliqué à ce double niveau.
21:47Est-ce qu'on aura de la clarté au niveau du troisième niveau, la relation avec l'exécutif ?
21:53Bon, on aura de la clarté si l'administration accepte de laisser tranquille la Fed
22:00et que les messages passent en sous-main au lieu de passer dans le Washington Post.
22:05Mais ça, on n'en s'effiche rien parce qu'une fois encore, on vient se heurter à la personnalité de Donald Trump.
22:12Qu'est-ce qui est capable de le contrôler le jour où les chiffres d'activité seront moins bons ?
22:17Et c'est une hypothèse qu'on ne doit pas exclure.
22:20Les surprises économiques sont de moins en moins bonnes en ce moment aux États-Unis.
22:24Moi, je parierais sur des révisions à la baisse des chiffres de la croissance.
22:29Si on n'a pas en même temps des révisions à la baisse de l'inflation,
22:33on voit bien que Donald Trump va se mettre à tonner et que la Fed aura du mal à répondre
22:39pour des raisons à la fois de statut – je suis indépendant –
22:42et puis pour des raisons de réalité de l'économie américaine.
22:46Et donc, le troisième niveau peut aussi être compliqué.
22:50Donc en fait, aujourd'hui, il y a un scénario.
22:52Voilà, bon, OK, le marché a été braffi, s'est calé sur les projections de la Fed.
22:58Très bien, mais tout ça ne veut pas dire, une fois encore, qu'il y a une lisibilité très bonne.
23:03Là aussi, sur le marché du travail, et je fais lien avec les politiques de Donald Trump,
23:07un des facteurs qui a expliqué cette croissance exceptionnelle américaine
23:13avec ce mouvement de désinflation, c'est toute l'offre de travail
23:16qui a été apportée par les immigrants,
23:18alors qu'ils entrent évidemment de manière illégale pour partie sur le territoire américain.
23:23On les compte par millions quand même depuis ces dernières années.
23:27J'imagine là aussi qu'un renversement des flux migratoires
23:31serait vite vu comme quelque chose de négatif par le marché, Thierry.
23:35Oui, en particulier dans le secteur de l'immobilier, surtout dans la partie sud des États-Unis.
23:40Je n'ai pas vraiment vu de chiffres, en fait, qui puissent expliquer un petit peu
23:45la relation immigration-croissance.
23:47Mais ce que l'on sait, c'est qu'effectivement, l'euro reste malgré tout bénéfique.
23:51En ce moment, aux États-Unis, on verra les chiffres.
23:55Ne serait-ce qu'en termes de main-d'oeuvre et puis en termes de consommation.
23:58Les migrants, tout illégal qu'ils soient, il faut qu'ils se logent et qu'ils consomment.
24:02Les chiffres qu'on aura vendredi nous en diront un peu plus.
24:06On est sur un taux de chômage qui devrait stagner sur des niveaux de 4,2.
24:10On est sur à peu près 150 000, je crois, emplois attendus à être créés.
24:14C'est un peu en dessous de ce qu'on a eu les dernières fois.
24:17Mais quand vous êtes au-dessus de 100 000, vous absorbez toujours les quantités
24:20de travail nécessaires pour avoir de la croissance.
24:22Donc là-dessus, on n'est pas très inquiets.
24:25Sur l'immigration, il faudra voir un petit peu le résultat.
24:28Il faudra, là aussi, juger sur pièce.
24:30Entre ce qu'il dit et la réalité, il faudra voir un petit peu les données qu'on aura.
24:37Et la Fed, vous la voyez faire plus ou moins de baisse de taux cette année ?
24:41J'ai coutume de dire que la Fed, elle fera ce qu'il faut faire.
24:45Ça ne sert à rien. L'année dernière, en décembre dernier, on disait 6 baisses de taux.
24:49On en a eu 2. On parlait de ralentissement, de récession.
24:52Comme vous voulez, il n'y en a pas eu.
24:53Donc c'est compliqué dans les marchés d'avoir des visions en ce moment,
24:57encore plus qu'à d'autres moments, sur des durées aussi lointaines de 12 mois.
25:00Je sais qu'on a pour coutume dans nos métiers de vouloir se réunir en janvier
25:04et définir un plan pour l'année.
25:06Ça, ça me paraît pas réalisable.
25:08On a parlé de volatilité tout à l'heure.
25:10Je crois qu'elle sera au rendez-vous.
25:12Nous, on a une vision.
25:13On avait le point, au début de l'année, avec nos stratégistes.
25:15On a une vision un peu sur les 2-3 prochains mois.
25:18Déjà, si ça se réalise, ça sera bien.
25:20Sur une espèce d'élargissement, entre guillemets, du marché.
25:24Je m'explique.
25:25En gros, l'idée, c'est de dire,
25:27lorsqu'on a eu un mouvement d'excessive concentration,
25:30comme celle qu'on a connu en décembre dernier,
25:32par les chiffres, on a eu 600 points de basse,
25:356% de surperf, des large-caps par rapport au l'univers des small et des mid-US.
25:39C'est un phénomène rare.
25:40En l'espace de 20 ans, ça n'est arrivé que durant 1% des séances ouvertes aux États-Unis.
25:45Lorsqu'on observe la réaction des marchés dans les mois qui ont suivi ce phénomène,
25:49sur 3 mois, je dis bien sur 3 mois, il n'y a pas au-delà,
25:52on observe un phénomène de rattrapage des small et des mid.
25:56Quand je dis rattrapage, ça ne veut pas dire qu'il faut lâcher l'élarge.
25:59Les gens me demandent, est-ce que vous êtes chez vous,
26:01plutôt vendeur des grosses boîtes tech ou assimilé, conso discrétionnaire,
26:05enfin les Tesla, les GAFAM, les Batman, maintenant, comme on les appelle.
26:08La réponse est non.
26:09Mais c'est un rattrapage des autres.
26:11Et ce phénomène, vous l'avez vécu juste après l'élection de Trump,
26:14l'élargissement, le broadening du marché.
26:16Ça a duré 2 semaines.
26:18Oui, mais vous l'avez vu pendant cet été, ça a duré un peu plus d'un mois.
26:23Et il y a eu globalement, il y a des titres, il y a des tas de titres qui ont attrapé.
26:27On a évoqué le cas tout à l'heure des fortes hausses de l'année 24.
26:29Il n'y a pas que de la tech, il y a d'autres noms.
26:31Après, pendant l'été, Nvidia perd 20-30% à un moment, si je ne dis pas de bêtises.
26:35Elle perd aux alentours de 15, peut-être un peu plus.
26:39C'est typiquement le genre de titres qui…
26:42Je pense qu'il ne faut pas chercher à travailler en trading Nvidia.
26:45Ou vous êtes convaincu par l'idée.
26:46Et la pire des choses, c'est de prendre les portes de saloon.
26:50C'est-à-dire en fait, vous la vendez au mauvais moment, vous la rachetez au mauvais moment.
26:53Si vous êtes convaincu, moi j'en suis.
26:55Jamais je ne m'amuserai si je reste investi sur le titre.
26:58Et Dieu sait s'il y a des discussions sur la valorisation du titre.
27:01Mais élargissement du marché, ça peut être une stratégie valable au moins pour quelques temps,
27:05pour quelques semaines, quelques mois là, vous dites.
27:07Oui, je vous disais, sur une durée de 2-3 mois.
27:09Et la dernière fois où on a eu ça, c'était en fait en 2023.
27:12Vous vous souvenez, lorsqu'il y avait le débat sur le financement du budget américain.
27:18Et avant qu'on vote au niveau du Congrès américain la levée de 800 milliards de dollars,
27:23on a eu ce même phénomène.
27:25Et ça avait duré quelques mois aussi.
27:27Donc ça, c'était un phénomène, encore une fois, à 2-3 mois.
27:30L'idée d'un rattrapage, d'une reconvergence, ça vous parle aussi Adrien ?
27:34Est-ce qu'on peut avoir un rattrapage de cette partie du marché qui n'a rien fait,
27:38avec le maintien, j'allais dire, de ces quelques stars au niveau actuel ?
27:44Enfin, je veux dire, c'est vraiment le scénario idéal,
27:46où on se dirait les Batman, comme vous dites, ne baissent pas,
27:49mais le reste du marché remonte.
27:51Oui, on aimerait y croire.
27:53D'un point de vue saisonnalité, c'est vrai que c'est souvent le bon moment.
27:55Au début de l'année, on a toujours plutôt un effet de rattrapage
27:57avec les retards de la Terre l'année précédente qui reprennent un peu d'élan.
28:00Moi, je pense que tout ça restera quand même assez conditionné sur le scénario de taux.
28:04Effectivement, si l'hypothèse d'un 10 ans américain,
28:07qui a plutôt tendance à continuer à grimper à 5% plutôt que de retracer vers les 4,
28:13j'ai du mal à voir cet élargissement être durable et emmener plus largement la cote américaine.
28:19Après, sur 2024, la cote américaine n'a pas rien fait.
28:21C'est-à-dire qu'il n'y a pas non plus que les 7 versus le reste.
28:23Les 7 ont vraiment très bien performé, mais le S&P, quoi l'outil,
28:25finit quand même à 11 ou 12, si je ne dis pas de bêtises.
28:28Donc, ce n'est pas non plus un écart aussi marqué que ce qu'on avait vécu en 2023,
28:33où c'était quasiment à zéro versus le reste.
28:35Pour aller dans le sens d'Indrien, je précise que notre scénario de l'élargissement du marché
28:40ne fonctionnera que si le taux de 10 ans baisse.
28:43Si on part vers 5, ça ne sera pas le cas.
28:46Nous, on ne voit pas de raison aujourd'hui, en janvier 2025,
28:50de penser que ce qu'on observe depuis trois ans,
28:52c'est chaque fois que vous allez chercher la limite haute sur le taux de 10 ans à 4, 70 ou 5,
28:56derrière, clac, ça rebaisse.
28:58Donc, c'est un peu notre pari.
28:59On verra si les prochains mois nous donnent raison.
29:01Mais si les chiffres macro continuent à être mauvais,
29:04vous allez avoir de nouveau le discours d'accélération ou possible récession,
29:09d'étendre sur les taux longs,
29:11et vous allez avoir ce phénomène, je n'ose pas dire de rotation,
29:14mais d'élargissement de la cote.
29:16Hervé nous disait, on est peut-être dans une année où on révisera plutôt à la baisse
29:20le consensus de la croissance américaine,
29:22quand il n'a cessé d'être révisé à la hausse tout au long de 2024,
29:25à l'inverse du reste du monde.
29:27Justement, regardons le reste du monde.
29:28Où est-ce que l'Europe peut surprendre sur le plan macro-économique cette année, Hervé ?
29:34Je crois qu'elle ne surprendra pas sur le plan macro-économique,
29:38parce qu'il me semble qu'on est face tout de même à des blocages politiques
29:44qui vont avoir des implications économiques dans les deux grandes économies.
29:49Et je ne vois pas le relais qui pourrait être pris par les autres,
29:54ou je ne vois pas bien l'initiative de politique économique
29:58qui permettrait de passer outre à tout ça.
30:01Sans la France et l'Allemagne ?
30:03France et Allemagne.
30:05En France, il ne va rien se passer au cours du premier semestre, très vraisemblablement.
30:11On aura un budget, oui.
30:15Quand sera-t-il ? On n'en sait rien.
30:18Et je pense que, vu la faiblesse de la croissance économique,
30:21il faut qu'on arrive à quantifier correctement le redressement des comptes publics
30:28que notre faiblesse économique permet de supporter.
30:32Et le message d'Éric Lombard, de ce point de vue-là, il semble correct,
30:36c'est de la bonne économie politique,
30:38de dire qu'il ne faut pas trop resserrer le déficit en 2025.
30:43Aller sous 5% ce serait une erreur.
30:45Moi je pense que, oui, aller sous 5% ce serait une erreur.
30:49Moi j'aurais envie de dire, si on fait des petits calculs,
30:52que resserrer de plus de 0,5 points de produits intérieurs,
30:57c'est prendre un risque avec une croissance qui, excentée, est faible.
31:02Et en fait, on retrouvera peut-être une visibilité
31:05qui permettra de reprendre des décisions d'investissement, d'achat de biens durables,
31:11peut-être sur la seconde partie de l'année.
31:13Mais en fait, ça fait qu'en moyenne annuelle,
31:15la croissance économique ne sera pas autour de 1%, un petit 1%.
31:20Elle a de fortes chances d'être en dessous de cela, 0,5 peut-être inférieur.
31:26En Allemagne, on va avoir des élections en février.
31:29Combien de temps va-t-on prendre pour former une coalition en Allemagne ?
31:35Alors il y a l'hypothèque de l'AFD.
31:38Quel sera son score ? Qu'est-ce que cela implique derrière ?
31:41Donc en fait, on va être gelé peut-être pas aussi longtemps en Allemagne qu'en France,
31:45mais quand même sur un temps relativement long,
31:48dans un contexte où, en plus, en Allemagne, il y a à réfléchir sur le nouveau modèle économique.
31:53Donc même au lendemain des élections, au lendemain de la formation de la coalition,
31:58on restera face à cette question.
32:00Donc à ce titre-là, ça ne peut pas être bon.
32:04Est-ce qu'on peut avoir une espèce d'initiative heureuse de la Commission
32:09qui dirait, ben voilà, allons-y pour un grand emprunt,
32:12allons-y, nous allons faire des investissements dans la transition énergétique,
32:16dans la défense, qui redonnerait un coup d'ardeur à la croissance européenne ?
32:21Je pense que les équilibres politiques au Parlement européen ne le permettent pas.
32:27On a certes une majorité classique, centre-gauche, centre-centre-droit,
32:32mais on sait aussi qu'on a immédiatement une majorité alternative droite et puis droite musclée.
32:39Et avec ce que l'on voit en Autriche,
32:42où on aura peut-être un Premier ministre de droite musclée demain,
32:46avec l'Italie, Madame Mélanie est très forte à comprendre les rapports de force.
32:53Tant que le centre de gravité européen était au centre,
32:58elle s'est rapprochée du centre.
33:00Avec une majorité alternative au Parlement européen,
33:06avec de nouveaux gouvernements en Europe droite musclée,
33:10avec l'ombre de l'administration Trump,
33:13quelle sera la position de Madame Mélanie demain ? On n'en sait rien.
33:17Donc j'ai l'impression qu'au niveau du Parlement européen,
33:21on va avoir des dissensions entre les deux majorités possibles.
33:25Bref, tout ça pour dire que la politique va nous geler une partie de l'économie,
33:30en sachant qu'en plus, nous autres européens,
33:33on va avoir du mal à lire, parce que c'est illisible, la politique de Donald Trump,
33:39et donc ça va nous geler encore plus.
33:41Est-ce que ça va geler la BCE aussi dans sa capacité d'action, Hervé ?
33:46La BCE, moi j'ai envie de le dire comme cela.
33:51Elle a un mandat avec un objectif premier qui est la lutte contre l'inflation.
33:57Implicitement, aujourd'hui, elle a un peu abandonné la lutte contre l'inflation.
34:03Elle a une posture qui est de dire, c'est sûr, l'inflation revient à 2%,
34:08avec des services qui sont à 4% et qui sont incompatibles
34:13avec le retour durable de l'inflation à 2%.
34:17Elle nous dit que ces modèles nous assurent peut-être qu'elle a raison et que je me trompe.
34:22Mais si on considère que le monde aujourd'hui empêche dans nos économies,
34:28États-Unis, Royaume-Uni, zone euro, Canada, un retour durable de l'inflation à 2%,
34:34dans ce cas-là, dire qu'on va avoir plein de baisses encore
34:39et qu'on va aller à 2% sur le taux de dépôt de la BCE,
34:43voire en dessous, ça veut dire que c'est l'emploi, l'économie
34:49qui est mis en avant par rapport au prix.
34:53C'est comme ça qu'il faut lire et donc, à ce titre-là,
34:57on a envie de dire qu'il serait en logique interne de la BCE
35:04de dire qu'aller beaucoup en dessous de 3%, c'est compliqué,
35:08avec l'inflation telle qu'on peut la voir aujourd'hui.
35:10Par contre, si on dit qu'il y a un peu un changement de façon de faire à la BCE,
35:15dans ce cas-là, le 2% ou le en dessous de 2% est possible.
35:19Quelles sont les manières d'investir dans les actions européennes en 2025 ?
35:24Par quel bout on prend l'histoire, Adrien ?
35:26Parce que c'est vrai que c'est un terrain d'investissement
35:29qui a été complètement délaissé au profit notamment des États-Unis.
35:33J'imagine quand même qu'il y a toujours des solutions
35:36et des manières d'investir dans les actions européennes.
35:39Quelle est un peu la grille, la méthode que vous avez en tête de ce point de vue-là ?
35:46Et est-ce que dans cette idée-là, il faut compter sur la BCE et des baisses de taux ?
35:50Est-ce que des baisses de taux de la BCE, ça fait partie du plan
35:53et d'un plan de stratégie d'investissement pour 2025 ?
35:56Pas tant que ça. En tout cas, la façon dont on réfléchit à 2025,
35:59on n'a pas effectivement, j'allais dire, regardé spécifiquement
36:02des secteurs qui bénéficieraient à court et à moyen terme de la baisse de taux.
36:05En se disant peut-être que d'ailleurs les 10 ans,
36:07c'est certainement une quantification de la cour,
36:09mais peut-être que les taux longs n'ont pas de raison
36:11de fondamentalement beaucoup bouger, premier élément.
36:13Parce qu'il y a quand même les taux les plus pertinents
36:15en termes de financement pour les actifs à duration longue.
36:17Donc peut-être ça a moins d'impact que ce que peut avoir la discussion
36:20autour des taux courts.
36:22On a toujours tendance à privilégier, ce qui a plutôt été un bon choix en 2024,
36:26toutes les entreprises qui sont bien positionnées sur le marché américain,
36:29soit qui n'ont pas de concurrents, soit qui ont la capacité à produire localement.
36:33Donc quelques choix, dire le scénario vis-à-vis des tarifs douaniers
36:36qui ont la capacité à s'adapter.
36:38On a quand même beaucoup d'acteurs français, européens,
36:41très bien positionnés aux Etats-Unis,
36:43notamment dans tous les enjeux de centres de données
36:45où il y a des belles entreprises européennes.
36:47Toute l'industrie liée à l'activité chinoise,
36:50c'est une question clairement pour 2025.
36:53C'est dans quelle mesure cette volonté de relance aura ou pas
36:56un effet positif sur la demande de biens durables venus d'Europe.
37:00Ça semble compliqué à affirmer.
37:02Où l'objectif est quand même avant tout côté chinois
37:04de favoriser la consommation locale, les industries locales.
37:07Donc la question est clairement ouverte.
37:10Après il y a toujours un vivier d'innovation en Europe
37:13dans certains secteurs sur lesquels on a un autre mot à dire
37:15à l'échelle internationale.
37:16C'est plutôt ces valeurs-là qu'on a envie d'accompagner.
37:19On peut trouver de la belle croissance à moindre prix
37:21par rapport à ce qu'on paye aux Etats-Unis,
37:23par exemple dans des secteurs équivalents,
37:26avec des perspectives équivalentes.
37:28Est-ce qu'on trouve des entreprises d'aussi bonne qualité ?
37:30Les décotes ne sont pas si évidentes que ça.
37:32Quand on regarde des entreprises qui sont aussi bien positionnées
37:34qu'un acteur américain...
37:35Quand on prend vraiment des paires pertinentes sur des secteurs...
37:39Je vais regarder dans les grandes capitalisations,
37:41mais prenez un jeté d'air électrique par rapport à Train et Mercer.
37:44Les décotes des valorisations ne sont pas particulièrement évidentes.
37:47Il y a eu un peu aussi un effet d'entonnoir
37:49sur ces quelques valeurs en Europe
37:50où les géants européens s'en restent un petit peu.
37:53Je pensais à Lili Novo par exemple,
37:55où là on a quand même des écarts de paie importants.
37:57Oui mais il y a un sujet d'innovation
37:58où le dernier produit de Novo est visiblement un peu moins bon
38:00que celui de Lili.
38:02Je ne trouve pas que ce soit aussi évident que ça.
38:04Peut-être que si on descend en taille des capitalisations,
38:06il y a des écarts de valorisation qui sont un peu plus marqués,
38:08mais qui sont liés aussi à des questions
38:09sur les capacités de financement de ces entreprises-là
38:11et leur dépendance ou pas,
38:12ou questions par rapport à l'enjeu de barrières douanières.
38:15Je trouve que le secteur de l'équipement médical est assez intéressant.
38:17Là en Europe, on a souvent des leaders ou des vrais savoir-faire.
38:20Ça a beaucoup été pénalisé par une vague de déstockage
38:22qui a duré depuis le Covid.
38:24Visiblement, ce sont des secteurs qui ne seraient pas trop concernés
38:27par les sujets de barrières douanières.
38:28Là, il y a peut-être des entreprises et des savoir-faire intéressants,
38:31mais toujours avec un prisme de croissance mondiale
38:33qui s'accroche à autre chose que le périmètre européen
38:36parce qu'effectivement, on a du mal à voir
38:38ce qui va générer de la croissance en Europe
38:40de manière durable dans les trois, quatre prochaines années.
38:42Les boîtes les plus européennes,
38:43les plus ouvertes sur le reste du monde.
38:45C'est ça qui compte aujourd'hui pour l'investisseur.
38:48Sur le terrain américain, je reviens à ce que vous disiez tout à l'heure.
38:51Hervé, l'idée quand même, sur quelques mots au moins,
38:54c'est d'être assez domestique.
38:56C'est ça ?
38:58Oui, en quelque sorte, c'est un peu en relatif.
39:02C'est-à-dire qu'en fait, c'est resté exposé un petit peu
39:04sur cet univers de la thématique de l'IA.
39:06Et on sait que dans ce secteur,
39:08il y a eu des performances très disparates.
39:11Nvidia a monté 160 %.
39:13Oui.
39:14AMD, c'était…
39:15Le reste du secteur des semi-conducteurs
39:16n'a pas connu tout à fait le même parcours ces derniers mois.
39:18IA, ça a commencé à démarrer début 2023.
39:21La première thématique, c'était le jeu par le prisme des semis.
39:24Nous, ce qu'on a essayé de pousser chez Raymond James
39:26depuis six mois, c'est de l'appréhender
39:28par la thématique des boîtes de logiciels.
39:30Il y a maintenant toutes les boîtes de networking, de réseau.
39:33Je pense à des Cisco, je pense à des Oracle,
39:35à des noms comme ça, comme Marvel Tech ou autres.
39:37Donc, il y a toute une espèce d'écosystème
39:40où on peut l'appréhender de différentes manières.
39:42Mais au sein même de cet univers,
39:44il y a beaucoup de monde qui a voulu jouer la thématique de l'IA.
39:47Alors, en Europe, les gens jouent à SML.
39:49Mais vous avez AMD, par exemple,
39:51qui a été… c'est presque un accident industriel.
39:53C'est une très mauvaise idée
39:55parce qu'on n'osait pas l'acheter Nvidia au prétexte de la valorisation.
39:58Donc, on allait chercher le deuxième de la classe
40:00en disant que si le premier marche, le deuxième marchera.
40:02Ça ne marche pas comme ça.
40:03Et c'est pour ça qu'on est vraiment dans un marché de stock picking.
40:05Et même sur le point de vue technologique,
40:07AMD est encore à des longueurs derrière Nvidia.
40:10Il n'y a même pas l'idée qu'AMD pourrait demain,
40:13dans une perspective…
40:14Si, ils pourraient.
40:15Quand je lis les notes de nos analyses sur AMD,
40:17très clairement, les processeurs Blackwell
40:20qui sortent maintenant,
40:22et on verra ce que déclare le CEO d'Nvidia ce soir
40:25sur les intentions de vente qu'on va avoir sur 2025,
40:28ils sont en avance.
40:29Mais ça se renouvelle de manière constante.
40:32Est-ce qu'AMD va arriver avec un produit qui va passer devant ?
40:35C'est compliqué à dire.
40:37Mais c'est pour ça qu'une manière, je pense, de l'appréhender,
40:40c'est d'écliner tous les acteurs d'une chaîne de valeur
40:43entre les semis, les logiciels, les boîtes de réseau, etc.
40:46Les data centers, on les a évoqués tout à l'heure.
40:49C'est plutôt comme ça que je l'appréhenderais.
40:51On essaie de trouver le premier de la classe à chaque fois.
40:54Et au-delà de l'IA et de la tech, alors ?
40:56Il y a beaucoup de valeurs qui ont très bien tenu aux Etats-Unis.
41:00Les gens ne parlent pour beaucoup que des magnifiques 7,
41:03mais dans la conso, vous avez un numéro américain, AutoZone,
41:08qui a très bien marché, c'est de la pièce d'attache automobile.
41:11On a parlé à l'instant des équipements antimédicaux.
41:13Vous avez des sociétés comme Boston Scientific
41:15qui ont fait un gros parcours.
41:17D'autres valeurs, c'était beaucoup plus chaotique
41:20On peut trouver dans l'assurance.
41:22C'est un thème que j'essaie de pousser auprès de nos clients.
41:24J'ai eu peu d'échos, mais l'assurance est assez...
41:26C'est moins vendeur qu'IA ?
41:28Je ne peux pas expliquer.
41:30C'est moins vendeur. L'assurance, ce n'est pas sexy.
41:33Vous leur parlez d'acteurs qui ont très bien marché,
41:36que ce soit chez les courtiers, Marsh McLennan,
41:38dans l'assurance de biens civils, Progressive ou autres.
41:42Ça a très bien marché.
41:43Les gens vous écoutent poliment, mais ils ont du mal à y aller.
41:46Parce que le biais d'appréhender les financiers aux Etats-Unis,
41:48c'est via les banques.
41:50On sait que c'est un secteur qui devrait bénéficier
41:52de la déréglementation de Trump.
41:54On verra. Est-ce qu'il faut le jouer par le prix des grandes banques ?
41:57Vous en avez 7 ou 8 aux Etats-Unis au grand maximum.
41:59Le reste, vous tombez directement sur un univers qui est très basse.
42:04Il y a près de 3000 banques aux Etats-Unis.
42:06C'est énorme.
42:08Je ne sais pas. Il y a de quoi faire.
42:10On a un univers...
42:11Ce que j'aime dans le marché américain,
42:13c'est qu'il y a une profondeur de marché extraordinaire.
42:15Avec des thèmes...
42:17Ça veut dire que pour un investisseur en dollars américain,
42:20le premier mouvement de 2025,
42:22c'est regarder ce qu'il y a à faire dans la cote américaine,
42:25même si elle a déjà largement surperformé sur le plan indiciel,
42:29plutôt que de commencer à se dire
42:31« Tiens, et si j'exportais mes dollars ? »
42:33« Si j'investissais en Europe ? »
42:35« Pourquoi pas en Chine ? »
42:37Ce n'est pas la question qui se pose aujourd'hui
42:39pour un investisseur américain.
42:41Je ne sais pas si je réponds à votre question,
42:43mais je pense qu'en ce début d'année,
42:45le choix que je ferais,
42:47c'est d'aller sur un indice SPY, mais Equal Weight.
42:49Je le décorelle du fait du poids des magnifiques 7.
42:52Ça ne veut pas dire que je ne les aime pas.
42:54C'est-à-dire qu'en relatif, je pense que j'ai moins à prendre.
42:57Il reste à savoir après
42:59sur quelle thématique on investit.
43:01Et là, il faut descendre sur la cote du marché.
43:04Après, à ce niveau de faiblesse de l'euro,
43:07de valorisation des cartes,
43:09est-ce que l'investisseur pragmatique mondial
43:12peut quand même...
43:14Ça dépend sur l'horizon de temps.
43:16La réalité, c'est que, oui,
43:18facilement, on est sous un écartype
43:20en dessous de la moyenne historique
43:22sur les élections européennes.
43:24Mais c'est quoi le catalyseur à court et moyen terme ?
43:26On parlait des élections allemandes.
43:28Il y a eu un scénario où on s'est dit
43:30« Tiens, est-ce que Frédéric Meir
43:32va réussir à construire quelque chose
43:34et remettre en cause l'héritage Merkel ? »
43:36Je pense que c'est une hypothèse
43:38qu'on a tous un peu rangée.
43:40Est-ce que la fin du conflit entre l'Ukraine et la Russie
43:42pourrait être un moteur de retour d'appétit
43:44pour le risque en Europe ?
43:46C'est peut-être une question intéressante.
43:48Est-ce qu'un Trump moins agressif
43:50d'un point de vue tarif sur un driver ?
43:52Oui, clairement.
43:54Ça pourrait être un moteur de performance
43:56d'élections européennes et d'intérêt.
43:58Ça a été une hypothèse aujourd'hui.
44:00Valorisation, ce n'est jamais un très bon critère.
44:02Non, je sais, mais à force...
44:04Oui, il y a un moment donné, ça va le faire.
44:06Beaucoup de pessimisme.
44:08Même sans aller jusqu'à une situation
44:10comme celle de la Chine.
44:12Le Japon sous-performe nettement depuis 3-4 mois.
44:14C'est un pays qui, d'un point de vue
44:16barrière douanière ou géopolitique,
44:18est plutôt dans l'arc industriel américain.
44:20Il y a certainement là aussi des choses à faire
44:22alors que c'est un marché qui est extrêmement sous-performé.
44:24Hervé, pour conclure,
44:26sur la Chine, qu'est-ce que vous attendez
44:28de la Chine en 2025
44:30qui continue de décevoir
44:32les marchés ?
44:34On a vu le très mauvais démarrage des marchés chinois
44:36sur ces quelques premières séances de l'année 2025.
44:38Non, mais je pense que la Chine
44:40est face à un problème
44:42structurel grave
44:44de surinvestissement,
44:46de surendettement.
44:48Mais il s'est passé quelque chose de très important en Chine
44:50pendant les vacances.
44:52La politique monétaire chinoise,
44:54c'était une politique monétaire
44:56qui n'était pas gérée par les taux d'intérêt
44:58mais gérée par la quantité
45:00de monnaie qu'on injectait
45:02dans l'économie.
45:04En toute discrétion,
45:06pendant les vacances de Noël
45:08de l'Occident, on a changé
45:10les choses. Maintenant,
45:12on nous dit, la politique monétaire
45:14chinoise, premier instrument,
45:16les taux d'intérêt.
45:18Pourquoi ? Parce qu'injecter
45:20de la liquidité,
45:22c'est finalement participer
45:24à cette construction de dettes,
45:26alors qu'on a envie de réduire le stock
45:28de dettes. Et donc, on se dit,
45:30en ayant des taux d'intérêt plus bas,
45:32finalement, c'est peut-être
45:34juste ce qui va se permettre
45:36de faire repartir
45:38plus fortement l'économie
45:40sans ajouter des stocks de dettes
45:42à un niveau déjà trop élevé.
45:44Intellectuellement, ça se comprend bien,
45:46sauf que les taux d'intérêt sont déjà
45:48assez bas.
45:52C'est un vrai changement
45:54qui est important
45:56en tant que tel,
45:58qui dit beaucoup, tout de même,
46:00sur le regard,
46:02à mon avis, plus crédible
46:04que les autorités portent
46:06à l'état de l'économie.
46:08Mais acceptons alors l'idée
46:10que l'état de l'économie est vraiment pas bon.
46:12Après, en termes boursiers,
46:14il faudrait que
46:16il y ait un autre pas en avant de fait,
46:18c'est-à-dire de rendre
46:20des degrés de liberté
46:22au secteur privé chinois.
46:24Est-ce qu'aujourd'hui, l'administration
46:26Xi est capable de le faire ?
46:28Moi, j'ai envie de dire non, mais on verra bien.
46:30Un taux à 10 ans chinois
46:32à moins de 1,60% aujourd'hui,
46:34avec une baisse qui s'est accélérée effectivement
46:36sur la fin de l'année 2024.
46:38C'est presque suisse.
46:40J'allais dire japonais, mais pas encore.
46:42Sur le 30 ans, je crois que c'est assez équivalent
46:44entre Chine et Japon
46:46sur les obligations d'état à 30 ans.
46:48Merci beaucoup, messieurs, d'avoir été les premiers
46:50invités de cette année 2025 dans Smart Bourse
46:52sur Be Smart for Change.
46:54Hervé Goulettequer, Accuracy, Thierry Guil, Raymond James France
46:56et Adrien Dumas, Mandarine Gestion.
47:00Be Smart.
47:02Le dernier quart d'heure de Smart Bourse,
47:04chaque lundi, c'est notre quart d'heure américain.
47:06Notre rendez-vous hebdomadaire
47:08pour décrypter les enjeux,
47:10l'actualité économique et politique
47:12en provenance des Etats-Unis avec
47:14Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain.
47:16Fidèle au poste, bonsoir Pierre-Yves,
47:18ravi de vous retrouver. Tous mes meilleurs
47:20voeux pour cette année 2025.
47:22On va beaucoup parler de Donald Trump,
47:24alors peut-être prenons quelques minutes
47:26avant cela pour parler de Jimmy Carter,
47:28un autre président américain.
47:30Pierre-Yves,
47:32on est en pleine période
47:34de funérailles nationales
47:36aux Etats-Unis qui se déroulent
47:38pendant plusieurs jours. Le jour des funérailles
47:40sera ce jeudi, je crois.
47:42La bourse américaine restera fermée
47:44pour ce jour particulier.
47:46Absolument. A partir de demain, sous le dôme du Capital,
47:48une fois qu'on aura un petit peu enlevé la neige
47:50qui est en train de s'accumuler
47:52dans les rues de Washington,
47:54le cercueil
47:56de Jimmy Carter sera exposé
47:58et des milliers d'Américains
48:00pourront venir se recueillir.
48:02Je pensais que c'était intéressant
48:04de rendre à Jimmy
48:06ce qui appartient à Jimmy.
48:08Aux Etats-Unis,
48:10bien entendu, on parle beaucoup plus
48:12de la disparition de l'ancien président
48:14qu'en Europe et qu'en France.
48:16Mais il y a un thème
48:18sur lequel
48:20je pense qu'on a mal apprécié
48:22l'importance de l'œuvre de Jimmy Carter
48:24Oui, oui,
48:26c'est Pierre-Yves Dugas qui parle.
48:28Ça vous surprend.
48:34Nous vivons tous dans un monde,
48:36nous, les journalistes économiques
48:38et les gens qui s'intéressent
48:40à la finance et au marché boursier,
48:42nous vivons tous dans un monde
48:44qui a été en grande partie créé
48:46par des décisions difficiles
48:48et j'ai même envie de dire
48:50des décisions qui se sont
48:52avérées suicidaires
48:54de Jimmy Carter.
48:56Il est arrivé au pouvoir
48:58en 77,
49:00le 20 janvier 77
49:02et il a fait
49:04voter très rapidement
49:06un projet de réforme de la
49:08réserve fédérale qui a ouvert la porte
49:10à ce que l'on connaît
49:12aujourd'hui de la Fed moderne
49:14qui a ouvert la porte
49:16à l'indépendance de la réserve fédérale.
49:18Il faut rappeler que
49:20sous le président Nixon
49:22et sous le président Johnson,
49:24les patrons de la Fed
49:26faisaient l'objet
49:28d'énormes pressions politiques.
49:30Il y a des anecdotes hallucinantes
49:32sur ce que
49:34Richard Nixon faisait
49:36à Arthur Burns, le patron de la Fed
49:38de l'époque, en faisant fuiter
49:40des fausses informations dans la presse
49:42selon lesquelles Arthur Burns demandait
49:44une augmentation de 50% de son salaire
49:46alors que par ailleurs
49:48il souhaitait que l'on gèle
49:50les salaires de tous les Américains.
49:52Tout ça pour faire en sorte
49:54que la réserve fédérale
49:56avant les élections
49:58baisse ses taux,
50:00appliquer une politique monétaire accommodante
50:02qui théoriquement était censée
50:04favoriser Richard Nixon.
50:06Jimmy Carter arrive et il instaure
50:08un système rapidement
50:10voté par le Congrès où
50:12le président
50:14du conseil des gouverneurs de la Fed est maintenant
50:16confirmé, doit être choisi par le président
50:18mais confirmé par le Sénat,
50:20où deux fois par an
50:22ce président du conseil des gouverneurs
50:24doit rendre compte de l'activité de la Fed
50:26et où l'exécutif américain
50:28n'intervient plus du tout
50:30pour dire à la Fed
50:32ce qu'il faut faire.
50:34C'est une réforme monumentale
50:36qui a été copiée d'ailleurs dans le monde entier
50:38ensuite en particulier par la Banque centrale
50:40européenne.
50:42Autre réforme importante,
50:44on l'a nommée en août
50:461979, Paul Volcker
50:48qui était alors patron
50:50de la Fed de New York mais qui avait fait
50:52ses preuves
50:54comme staffer à la Fed
50:56à Washington. Paul Volcker
50:58Jimmy Carter ne sait pas
51:00si c'est un républicain ou si c'est un démocrate.
51:02Simplement, Jimmy Carter
51:04est asphyxié par la stagflation
51:06et ils ont
51:08absolument besoin de trouver quelqu'un de crédible
51:10qui remonte la crédibilité de la Fed
51:12et qui s'attaque au problème de l'inflation
51:14pas simplement de l'inflation
51:16mais au problème des anticipations
51:18inflationnistes et c'est ce que va faire
51:20de manière magistrale et violente
51:22Paul Volcker et nous vivons tous
51:24aujourd'hui dans une ère
51:26qui a été celle
51:28de l'indépendance de la Fed et celle du retour
51:30de la crédibilité de la Banque centrale américaine
51:32comme instrument de combat
51:34des anticipations inflationnistes
51:36et je pense que c'est une chose
51:38remarquable qui n'a pas été assez souvent
51:40soulignée
51:42Paul Volcker
51:44qui a fait grimper le taux
51:46des Fed Funds pratiquement jusqu'à
51:4820%
51:5020% en
51:5281
51:54ils étaient partis au moment de sa nomination
51:56en août 79 un petit peu
51:58en dessous de 10%
52:00créer une massive
52:02récession pour casser les anticipations
52:04inflationnistes, personne ne l'a
52:06oublié même aujourd'hui
52:08C'est d'ailleurs une des grandes références
52:10de Jérôme Poel au début de l'épisode
52:12inflationniste, il citait souvent
52:14l'exemple d'Arthur Burns justement
52:16le prédécesseur de Volcker
52:18en disant quasi explicitement
52:20je ne veux pas être
52:22l'Arthur Burns des années
52:242022-2024
52:26prendre le risque de laisser
52:28refiler l'inflation et ensuite
52:30pousser le successeur à
52:32monter les taux jusqu'à quasiment 20%
52:34comme vous le rappeliez 20% de taux d'intérêt
52:36pour la Fed dans les années
52:3880
52:40Donald Trump est-il déjà
52:42à la manœuvre ? Dans quelle mesure ?
52:44Pierre-Yves, on en parlait là aussi
52:46avec vous, c'est vrai que la présence de
52:48Donald Trump sur la scène politique
52:50américaine n'est plus à démontrer, sur la scène politique
52:52internationale également, il a reçu
52:54Georgia Lemoyne ce week-end
52:56il était bien sûr à Paris pour
52:58l'inauguration de Notre-Dame
53:00est-ce qu'il est déjà en train de consommer
53:02ses marges de manœuvre là Donald Trump ?
53:04Il est en train de
53:06prouver qu'il
53:08peut exercer une forte
53:10pression sur les nouveaux élus
53:12du Congrès
53:14pour obtenir que
53:16ses priorités soient
53:18rapidement mises en œuvre
53:20par des projets de loi qui, espère-t-il,
53:22seront votés au printemps
53:26Le New York Times, il y avait longtemps
53:28que je n'avais pas dit du mal du New York Times
53:30ça vous manquait
53:32se réjouissait
53:34presque explicitement
53:36de la perspective de
53:38multiples tours de vote
53:40pour choisir le Speaker de la Chambre
53:42des Représentants, et bien non
53:44il a été élu au premier tour
53:46Mike Johnson, pourquoi ? Parce que
53:48Donald Trump a téléphoné aux quelques républicains
53:50récalcitrants et il y en a
53:52parce que la majorité républicaine est très étroite
53:54cinq mois seulement à la Chambre
53:56pour leur demander
53:58de rentrer dans le rang
54:00est-ce que cela veut dire qu'il va
54:02obtenir une discipline de vote sur toutes
54:04ses priorités à la Chambre ? Non
54:06mais il vient de préciser
54:08dans une interview à la radio
54:10qu'il lui importait
54:12peu que l'option
54:14préférée par le Sénat, qui serait l'adoption
54:16de deux grands projets de loi
54:18ou l'option préférée par la Chambre des Représentants
54:20qui serait l'adoption d'un seul
54:22grand projet de loi, contenant
54:24toutes ses priorités, soit choisie
54:26l'important c'est qu'on l'évite
54:28quelles sont les priorités de Donald Trump
54:30chose qu'il veut faire adopter rapidement
54:32avant le mois de mai
54:34réforme du régime
54:36de l'immigration illégale
54:38reconduction des
54:40réductions d'impôts qui avaient été votées en
54:422017 et qui vont expirer cette année
54:44ce sont ces deux
54:46grandes priorités
54:48lever de tous les obstacles
54:50à l'exploitation des hydrocarbures
54:52troisième point important
54:54et à partir de là
54:56d'autres
54:58possibilités
55:00qui sont je dirais
55:02moins importantes
55:04mais qui ont été quand même avancées
55:06sous forme de promesses et qui ont aidé
55:08Donald Trump à gagner notamment dans le Nevada
55:14la détaxation
55:16des pourboires par exemple
55:18qui risque de coûter cher au budget
55:20et peut-être aussi
55:22la centaurisation des dépenses
55:24des dépenses militaires
55:26voici les choses qui comptent
55:28et Donald Trump
55:30avec son nouvel ami Elon Musk
55:32est en train d'exercer
55:34une forte pression sur
55:36un noyau républicain
55:38ultra conservateur
55:40qui n'est pas satisfait
55:42des intentions dispendieuses
55:44dirait-on à Québec
55:46de Donald Trump
55:48oui effectivement
55:50c'est
55:52d'ailleurs comment vous regardez ce qui s'est passé aujourd'hui
55:54Pierre c'est ce qu'on se disait un petit peu avec les invités
55:56juste avant
55:58c'est la première grosse séance de l'année
56:00on a le Washington Post
56:02qui nous sort une information
56:04de source évidemment
56:06nous indiquant
56:08que la politique tarifaire de Donald Trump
56:10sera beaucoup plus diluée que ce qu'on imagine
56:12pas d'universalisme sur les tarifs
56:14mais des tarifs ciblés sur les secteurs stratégiques
56:16quelques heures après
56:18sur un réseau social
56:20Donald Trump dément
56:22les informations du Washington Post
56:24est-ce que c'est une forme de répétition de ce qu'on va avoir tout au long
56:26des premiers jours au moins voire premiers mois
56:28de la mandature Trump
56:30c'est possible
56:32Donald Trump a démenti en disant
56:34cet article est faux
56:36alors
56:38de deux choses d'une ou bien le Washington Post
56:40raconte n'importe quoi
56:42ce qui n'est pas totalement exclu
56:44dans l'ambiance actuelle qui règne à Washington
56:46ou bien ils l'ont sourcé de manière anonyme
56:48mais auprès de gens
56:50qui ne compteront pas vraiment dans la décision
56:52on sait de toute façon qu'il n'y a qu'une seule
56:54personne qui décide, c'est Donald Trump
56:56et qu'il est capable de changer d'avis en cinq minutes
56:58peut-être était-ce un ballon d'essai
57:00avancé par M.Besant
57:02qui sera, s'il est confirmé par le Sénat
57:04le secrétaire au Trésor
57:06pour montrer qu'il ne fallait pas
57:08prendre nécessairement au pied de la lettre
57:10toutes ces menaces de relèvement
57:12massif de droits de douane
57:14et le fait que le marché
57:16des actions
57:18ait réagi favorablement est certainement
57:20un argument qui pourra être utilisé par des gens
57:22comme Scott Besant pour dire à
57:24Donald Trump, allons-y doucement
57:26sur les relèvements de tarifs
57:28mais je pensais que vous faisiez allusion
57:30à l'autre événement de la journée qui est la démission
57:32de Justin Trudeau
57:34Oui, on l'a appris effectivement il y a moins d'une heure
57:36maintenant. Un de plus
57:38qui est tué par le problème de l'immigration
57:40et le problème de l'inflation
57:42la liste s'allonge tous les jours en Allemagne
57:44peut-être au Royaume-Uni
57:46en France ça ne tient
57:48qu'à un fil
57:50l'inflation est quelque chose
57:52qui fait très très mal
57:54et que les sociodémocrates
57:56ont probablement
57:58sous-estimé
58:00j'emploie le terme sociodémocrate
58:02non pas en tant que
58:04parti mais en tant qu'orientation politique
58:06générale
58:08Jimmy Carter a été largement tué par l'inflation
58:10Joe Biden aussi
58:14et pour les gens qui s'intéressent à la bourse
58:16et qui nous écoutent, n'oublions pas
58:18que l'inflation
58:20est le grand mal que nous devons tous combattre
58:22vous vous souvenez que
58:24dans les années 60, le Dow Jones
58:26n'a pratiquement rien fait de 1966
58:28à 1982
58:30il est autour de 800-900
58:32et si l'on tient compte de l'inflation, il a perdu
58:34près des trois quarts de sa valeur
58:36au cours de cette période
58:38lorsque l'inflation donne des signes
58:40sérieux d'affaiblissement
58:42à partir du début des années 80
58:44le marché s'envole
58:46c'est vrai pour la bourse
58:48et c'est vrai pour les gouvernants en place
58:50qui ne sont pas
58:52capables de maîtriser l'inflation
58:54ils perdent rapidement leur job

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