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Lundi 25 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Vincent Chaigneau (Directeur de la recherche, Generali Investments) , Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) et Gilles Bazy-Sire (Président, Equity GPS)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez
00:16en direct, à la télévision, via vos box, émission que vous retrouvez chaque soir en
00:20replay sur bsmart.fr ou encore en podcast à l'heure qu'il vous plaira sur l'ensemble
00:25de vos plateformes préférées. Au sommaire de cette édition ce soir, un mot de ce Merger
00:30Monday avec l'annonce d'Unicredit qui est en train de se positionner comme étant une
00:36des grandes banques européennes consolidatrices du secteur. C'est l'annonce de ce matin,
00:41Unicredit a lancé une offre, une offre publique d'échange précisément sur une autre banque
00:47italienne Banco BPM pour un montant total qui valorise Banco BPM autour de 10 milliards
00:53d'euros. L'idée est de créer le troisième établissement de prêts en Europe, Unicredit
00:59qui est également à l'offensive, on le rappelle, sur la banque allemande Commerzbank,
01:04le patron d'Unicredit, le grand patron d'Unicredit, Andrea Orsell qui a d'ailleurs commenté l'opération
01:09sur Banco BPM ce matin, a tout de suite précisé que cette opération n'aurait aucune conséquence
01:15et aucun impact sur la gestion du dossier de Commerzbank. Je vous rappelle les préceptes
01:20qui avaient été dictés par Andrea Orsell à l'occasion de la prise de participation d'Unicredit
01:25chez Commerzbank, il peut s'agir à la fois d'une participation financière ou d'une participation
01:30évidemment plus constructive qui pourrait amener un jour à une opération sur la totalité
01:35du capital de Commerzbank, sujet hautement politique bien sûr entre la banque italienne
01:40et la banque allemande. On notera que le titre Unicredit est plutôt en repli aujourd'hui,
01:45vous aurez tous les détails dans un instant avec Pauline Grattel. L'autre événement
01:49du jour, c'est la nomination du secrétaire du Trésor américain, Scott Besant, en l'occurrence
01:58ça faisait partie des noms qui circulaient avec insistance depuis plusieurs jours voire
02:02plusieurs semaines maintenant. Le gérant de Hedge Fund sera donc installé comme ministre
02:07des finances de l'administration Trump à partir du 20 janvier prochain. L'homme semble
02:12avoir déjà bien réfléchi à son programme, il a pu évoquer d'ailleurs précédemment
02:17dans la presse cette règle des 3-3, les trois flèches de Scott Besant, reprenant
02:23ainsi le parallèle qu'on a pu avoir avec les Abedomics de Shinzo Abe au Japon. 3% de
02:29déficit, il va donc falloir réduire la voilure de ce point de vue là ou en tout cas trouver
02:33des sources d'économies importantes dans les budgets fédéraux, pousser la croissance
02:36américaine à 3% et le dernier 3 étant relatif à la production de pétrole aux Etats-Unis
02:42puisque Scott Besant vise une augmentation de 3 millions de barils par jour de la production
02:46de pétrole aux Etats-Unis. Les marchés accueillent la venue de Scott Besant avec
02:50un peu de soulagement on doit le dire, les tensions qu'on avait vu apparaître et même
02:54s'exacerber sur le dollar et sur les taux longs américains se sont un petit peu réduites
03:00aujourd'hui. Là aussi vous aurez le détail de ces mouvements de marché dans un instant
03:04avec Pauline Grattel, discussion avec nos invités de Planète Marché sur ces sujets
03:08bien sûr et ce que peut représenter la nomination de Scott Besant au trésor américain et puis
03:14dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse comme chaque lundi le quart d'heure américain
03:18nous reviendrons sur la nomination de Scott Besant et puis sur la nomination également
03:22ce week-end de la secrétaire au travail de Donald Trump et c'est Pierre-Yves Dugas qui
03:28nous racontera tout de ces dernières nominations. Il sera avec nous en visioconférence à partir
03:32de 17h45.
03:44Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
03:48les marchés et c'est avec Pauline Grattel. Bonsoir Pauline, c'est donc l'événement
03:52du week-end, les dernières nominations de Donald Trump pour sa future administration
03:57et Scott Besant qui est donc en charge désormais et qui sera en charge du poste du trésor américain.
04:03Oui, ce choix jugé conventionnel rassure les marchés. Le milliardaire américain a
04:08créé sa propre société d'investissement, Key Square Group, spécialisée dans la gestion
04:12alternative globale macro. Scott Besant a déjà travaillé son sujet en affichant
04:17comme objectif la règle des 3-3-3, réduire le déficit à 3% du PIB, pousser la croissance
04:23à 3% et augmenter de 3 millions de barils par jour la production de pétrole aux Etats-Unis.
04:28Bon, après cette nomination particulièrement attendue, on a vu les rendements obligataires
04:33américains notamment se détendre un peu. Oui, le rendement à 10 ans américain recule
04:37de plus de 10 points de base à moins de 4,30%. On constate ainsi une inversion de
04:43la courbe américaine puisque le rendement de l'obligation à 2 ans est légèrement
04:46passé au-dessus de celui à 10 ans. Côté devise, le dollar se détend un peu après
04:51un rallye de plus de 7% depuis fin septembre. Qu'en est-il des mouvements sur les marchés
04:55obligataires en Europe, Pauline ? Le taux allemand à 10 ans se détend lui aussi autour
04:59de 2,20%. On notera par ailleurs que le spread entre la France et l'Allemagne se tend au-delà
05:04de 80 points de base avec une semaine politique cruciale devant nous pour le gouvernement
05:09de Michel Barnier et pour le budget français. Du côté des indices actions, comment entame-t-on
05:14la semaine ? Les bourses européennes évoluent en hausse. Aujourd'hui, le CAC 40 qui a démarré
05:18sa séance dans le vert est finalement proche de l'équilibre cet après-midi. Côté US,
05:23les grands indices ouvrent dans le vert. Dans l'actualité des entreprises, je le disais
05:27en titre, Unicredit se positionne comme une des grandes banques consolidatrices du secteur
05:31bancaire en Europe et lance une offre publique d'échange sur une de ses consoeurs italiennes,
05:38la banque Banco BPM. Oui, l'opération évaluée à plus de 10 milliards d'euros vise à renforcer
05:43le positionnement concurrentiel d'Unicredit sur ce marché. L'OPE concerne toutes les
05:47actions ordinaires de Banco BPM mais reste conditionné par l'obtention des autorisations
05:52réglementaires. Le titre Unicredit recule de 4%, celui de Banco BPM est en hausse de
05:572%. Un mot de l'actualité du dossier Atos également qui est en négociation avec l'État
06:02français. Oui, ces négociations ont pour but la cession d'activité stratégique d'Atos
06:07à l'État français. On parle notamment de supercalculateurs utilisés pour la dissuasion
06:12nucléaire. L'offre s'établit entre 500 et plus de 600 millions d'euros. L'offre prévoit
06:17que les discussions se terminent le 31 mai 2025. Le titre Atos culmine en tête du SBF
06:23et gagne plus de 160%. Petit coup de chapeau dans un secteur, une industrie des semi-conducteurs
06:29qui est quand même relativement déprimée si on met de côté la fusée Nvidia. On peut
06:34noter quand même que Soitex signe aujourd'hui sa troisième séance consécutive de forte
06:39progression. Oui, l'entreprise spécialisée dans les matériaux de semi-conducteurs bondit
06:43encore de plus de 10% aujourd'hui, toujours portée par sa publication semestrielle et
06:48par la réaffirmation de ses objectifs qui avaient été salués par le marché. Enfin,
06:52le programme de demain sur les marchés pour les investisseurs, Pauline ? Les investisseurs
06:55prennent connaissance de la confiance des consommateurs américains du conférence board du mois de
06:59novembre ainsi que des minutes de la Fed pour la réunion des 6 et 7 novembre. Pauline Grattel
07:05avec nous chaque soir en plateau en ouverture de Smart Bourse pour vous donner les infos
07:08clés du jour sur les marchés.
07:09Deux invités avec nous ce soir pour décrypter les mouvements de la planète marché. Gilles
07:24Bazissier est avec nous, le président d'Equity GPS. Bonsoir Gilles. Bonsoir. Et Vincent
07:28Chaignot, directeur de la recherche de General Investments à nos côtés également. Bonsoir
07:31Vincent. Merci d'être là messieurs, ravi de vous retrouver. C'est donc le nom, un
07:35des noms qui circule avec insistance, de plus en plus d'insistance même ces derniers jours
07:39et le nom qu'il va falloir retenir, ce n'est pas très compliqué, Scott Besant, le nouveau
07:43secrétaire du Trésor américain, profil de financier, bien connu des milieux financiers
07:52américains et même plus généralement mondiaux, Gilles parce que vous êtes la deuxième personne
07:56que je rencontre depuis vendredi qui me raconte qu'elle connaît Scott Besant. Oui, Scott
08:00Besant travaille dans l'industrie des hedge funds en l'occurrence depuis je ne sais pas
08:04peut-être 20, 25, 30 ans et un peu plus aujourd'hui et donc beaucoup de ceux qui fréquentent
08:11cette industrie, qui y ont travaillé bien sûr, ont eu parfois l'occasion de le croiser.
08:15Tout à fait, c'était un de mes clients quand il travaillait chez Soros. C'est ça. Soros
08:22qui est effectivement, alors aujourd'hui Soros a fermé son hedge fund je crois, s'il gère
08:26l'argent de sa famille, ses enfants gèrent l'argent de la famille mais à l'époque oui
08:31il faut peut-être se souvenir de ce que c'était, peut-être que Soros c'était un des plus
08:35gros clients des banques d'affaires, d'investissement, des brokers un peu partout dans le monde.
08:40Oui, sans aucun doute, c'était une des références en la matière et c'était un client extrêmement
08:47exigeant mais que tout le monde souhaitait servir. Au mieux. Bon, qu'est-ce que ça nous
08:56dit Scott Bessen, secrétaire du Trésor ? Ça dit que si on fait le parallèle avec l'Europe
09:02ou la France, c'est quand même assez impressionnant le fossé qu'on observe là encore entre la vieille
09:10Europe ou la conventionnelle Europe et la moins conventionnelle Amérique. Avoir un ministère des
09:18Finances qui a fait toute sa carrière dans la finance, dans les hedge funds, en lui-même créé
09:27sa boîte également. Aux Etats-Unis, ça nous choque ou en tout cas ça nous paraît délirant
09:35mais aux Etats-Unis ce n'est pas la première fois qu'on a un profil de secrétaire du Trésor venu de
09:40l'industrie, de chez Goldman Sachs etc. Complètement. J'allais dire c'est même presque une forme de
09:46tradition jusqu'à un certain stade. Mais je trouve que ça tranche encore plus aujourd'hui avec les
09:55profils en Europe où on a plutôt des gens qui viennent de la haute fonction publique et qui ont
10:04une vision très administrative de la gestion des finances publiques et qui ont moins une gestion
10:15managériale d'abord parce que même une entreprise dans le domaine de l'épargne c'est aussi une
10:21entreprise donc il faut la créer, la gérer d'une part. C'est-à-dire gérer des hommes, gérer un consensus, gérer des
10:27opinions. Les Américains savent faire mais c'est également avoir une compréhension assez fine des
10:37marchés pour voir ce qui est possible ou ce qui n'est pas possible. Il ne s'agit pas bien sûr de dire que la
10:43politique économique des Etats-Unis s'offre à la corbeille bien sûr même si certains disent que c'est l'obsession
10:50de prendre son KPI numéro 1. Mais il y a évidemment tellement d'autres objectifs et de contraintes qu'il faut
11:02croire que ce n'est pas le seul prisme d'action. Mais c'est important et c'est intelligent surtout
11:12au jour d'aujourd'hui où les marchés représentent une magnifique machine à scepticisme pour tous les acteurs des
11:21marchés que ce soit les Etats, les entreprises à la fois au niveau de la dette et de l'equity des entreprises quand il
11:30s'agit d'entreprises bien sûr. Et donc avoir une compréhension de ce qu'il est possible de faire de là où on peut les
11:36braquer légèrement sans que ce soit une problématique forte et à l'inverse là où on va dans un mur parce que ce n'est pas
11:44juste les marchés, c'est juste la compréhension des mécanismes économiques au sens large. Et là on est sûr d'avoir des gens
11:53qui ont ce savoir-faire là.
11:56C'est ce que les Américains appellent un adulte dans la pièce, c'est ça Vincent ? Parce que c'est vrai que la réaction de marché
12:02a été très très intéressante à la suite de la nomination de Scott Bessant, une lecture qu'on peut faire de la réaction de marché
12:08de dire que Scott Bessant va être sans doute un garde-fou assez solide. Alors il endosse Trump, il a apporté, donné aux Républicains
12:17alors je crois qu'il a eu un passé plus démocrate que républicain mais bon tout le monde change, Trump y compris, Trump n'a pas pu
12:24commencer dans le camp démocrate avant de devenir celui qu'il est aujourd'hui. Mais la lecture qu'on peut en faire de la réaction de marché
12:30et de dire que Scott Bessant va être un garde-fou quand même assez solide qui va en tout cas permettre d'éliminer peut-être un certain nombre
12:36de risques extrêmes qui auraient pu être générés par une application un peu trop radicale ou jusqu'au boutiste de la doctrine économique
12:45de Donald Trump, Vincent ?
12:47Oui, absolument. Alors en l'occurrence, moi je n'ai jamais pensé, même si effectivement il fallait se refaire ce trait de Trump,
12:55je n'ai jamais pensé que Trump allait délivrer sur tous les piliers de sa politique économique ce qu'on appelle le Trumponomics,
13:02à savoir la dérégulation, qui elle est très probable, mais également des tailles sombres dans l'immigration, ce qui est plutôt inflationniste,
13:13également des baisses d'impôts qui vont avoir lieu mais pour autant on n'aura pas forcément une politique fiscale expansive,
13:22et sur les droits de douane, sur les tariffs, où là la Chine va être clairement la cible, mais pour le reste ce ne sera pas forcément aussi agressif qu'annoncé.
13:32Donc effectivement c'est un garde-fou et on en avait déjà un en l'occurrence avec le leader du Sénat, John Thune, qui n'est pas un fervent de Trump
13:45et qui déjà quelque part constituait un garde-fou. Mais c'est vrai que Besant nous a parlé de la règle des 3-3, en l'occurrence 3 millions de barils en plus,
13:59donc beaucoup de production, ça on s'en doutait avec Trump de toute façon, mais ça milite plutôt pour des prix de l'énergie plutôt plus bas,
14:08une croissance de 3%, ça c'est très ambitieux parce que c'est au-dessus du potentiel, et un déficit budgétaire de 3% du PIB, on vient aujourd'hui de 6,5 environ,
14:18ça c'est très ambitieux et probablement peu réaliste, je rappelle que jusque dans les années 2015-2018 le déficit se situait autour de 3%, 3-4%,
14:29aujourd'hui on est plutôt à 6-7%, donc effectivement il y a du travail à faire, mais là dedans il y a deux points qui viennent de la charge d'intérêt,
14:35qui a augmenté et qu'on ne peut pas baisser facilement. Mais manifestement, on l'a entendu également avec Musk, se préparent des coupes dans les dépenses,
14:46qui sont telles que la politique fiscale sera probablement moins expansionniste que certains n'auraient pu le penser.
14:54Moi ce qui m'interpelle et la raison pour laquelle je ne pense pas et je n'ai jamais cru que les treasuries par exemple iraient jusqu'à la zone des 5,5-6%,
15:02je peux avoir tort, je ne m'excuse pas, mais c'est pas bon.
15:06– Vous l'avez écrit, Trump ne sera pas aussi inflationniste que ce qu'on imagine.
15:08– Voilà, parce que l'inflation a été punie par les électeurs partout de par le monde, Etats-Unis, Royaume-Uni, France, même au Japon,
15:19et dans deux ans les républicains font face au mid-term, les élections de mi-mandat, qui en général ne sont pas très favorables pour le parti en place,
15:29et en l'occurrence la majorité à la chambre est très étroite, et je pense qu'un nouveau choc inflationniste serait très pénalisant pour eux.
15:35Donc je pense qu'autant sur la déréglementation, ils vont probablement y aller assez fort,
15:42d'une certaine façon également les droits de douane sur la Chine, et également moins d'immigration,
15:50mais pour autant je ne croit pas qu'on aura une politique fiscale très expansionniste.
15:53– D'accord avec cette idée, Gilles, autant Trump de 2016 pouvait se permettre d'être reflationniste,
15:59et c'était même peut-être bienvenu d'avoir des politiques reflationnistes à l'époque,
16:04sortant du traumatisme de ce qu'on a appelé la stagnation séculaire,
16:07et que personne n'avait vraiment envie de revoir, à commencer par les banquiers centraux à cette époque.
16:13Là, le traumatisme d'une inflation, d'un choc inflationniste, d'une perception aussi de l'opinion publique
16:21par rapport au choc inflationniste, 20% de hausse de prix aux Etats-Unis,
16:26est tel que Trump ne peut pas se permettre de jouer avec cette idée de la reflation trop longtemps ?
16:34– Trump ou, je dirais, les personnes au pouvoir avec lui.
16:40– Oui.
16:40– Parce que Trump, de toute façon, c'est son deuxième et dernier mandat,
16:46on connaît le personnage, et je pense que même les gens qui sont du premier cercle,
16:52enfin en particulier du premier cercle, le connaissent très très bien.
16:56Et donc voilà, il y aura évidemment des modérateurs dans l'équipe, sur le bateau,
17:06et Besant en fait partie, parce que clairement, son fameux objectif des 3-3,
17:15c'est se sortir de la situation d'endettement excessif par un surcroît de croissance,
17:23qui aux Etats-Unis est permis, par les avantages compétitifs importants
17:29par rapport aux grands concurrents des Etats-Unis,
17:32que sont des ressources, notamment énergétiques, au sens large, extraordinaires et exceptionnelles,
17:41et ça inclut d'ailleurs le solaire et le vent au Texas, bien évidemment, qui est un Etat républicain.
17:46– Le plus gros producteur de renouvelables est le solaire, notamment aujourd'hui.
17:50– Exactement, et ça en tant que tel, tarif ou pas tarif,
17:53c'est un élément qui facilite énormément l'installation des entreprises mondiales aux Etats-Unis,
18:02à partir du moment où on a de l'énergie pas chère, ça permet de faire beaucoup,
18:06beaucoup de choses, rappelons-nous l'Allemagne et le gaz russe, en l'occurrence.
18:12Et la deuxième chose, c'est ce différentiel de croissance normatif,
18:20de potentiel de croissance très important en faveur des Etats-Unis par rapport à l'Europe,
18:26qui est structurellement à une démographie qui est beaucoup plus favorable aux Etats-Unis
18:33qu'elle ne l'est en Europe, et ce qui représente un vent de dos multi-annuel
18:41pour les 10-15 prochaines années en relatif à l'Europe qui est absolument extraordinaire.
18:47Et enfin le troisième point, la déréglementation, la culture économique et sociale aux Etats-Unis
18:58comprend, adhère à des périodes de déréglementation de la même façon,
19:03à des cycles de déréglementation de la même façon qu'il y a des cycles de réglementation,
19:08l'opinion publique se lasse et adopte ça.
19:13Et là clairement, c'est un gisement de croissance qui ne coûte rien à court terme.
19:19C'est un gisement de croissance à la fois structurel,
19:22mais également un gisement de croissance avancé par rapport à son potentiel à moyen terme,
19:28avec les risques à venir possiblement, parce que quand on dérégule trop,
19:33ça va souvent avec des bulles d'endettement et de sur-endettement.
19:37Et d'ailleurs il y a un sous-secteur aux Etats-Unis qui réagit très favorablement
19:43et sur lequel on est nous très favorables à court terme,
19:47ce sont les banques régionales américaines, pour de multiples raisons,
19:52sur lesquelles on pourra revenir si vous le souhaitez.
19:53Oui, c'est-à-dire qu'il y avait l'idée quand même après SVB
19:57que c'était un secteur qui méritait une couche de réglementation supplémentaire
20:01et que cette couche de réglementation supplémentaire n'aura pas lieu ?
20:05Non, en fait pour plusieurs raisons.
20:07La première, c'est qu'il y a un petit truc technique qui est passé sous le radar
20:11de la plupart des observateurs, y compris des Américains en la matière.
20:15C'est une garantie implicite des dépôts en fait par des brokers de dépôts
20:24qui partagent les dépôts automatiquement pour des montants très très faibles
20:32entre plusieurs banques pour aller au-delà du maximum de dépôts garantis par la FDIC.
20:41Et en fait, il y a deux sociétés qui font ça et il y en a une qui est à Washington d'ailleurs,
20:46à côté du pouvoir américain.
20:49Elles ont été bénies par tout le monde et par la FDIC, par le gouvernement, etc.
21:00Et en fait, on a de fait le risque qui a complètement disparu de fuir les dépôts.
21:07On a mutualisé le risque à travers ces deux, comme vous dites, des brokers de dépôts, c'est ça ?
21:11Exactement. Pour simplifier, ça existait depuis toujours, mais ça représentait dans le passé 10% des dépôts,
21:18maintenant ça représente 4 ou 5 fois plus.
21:21Donc en fait, le risque à la SVB n'existe plus.
21:25D'accord, de fait.
21:26De fait. Et ça, c'est très important.
21:28À partir du moment où ça existe, le deuxième élément, c'est qu'aux Etats-Unis,
21:32vous avez énormément de petites banques régionales qui sont, comme leur nom l'indique, en région,
21:39c'est-à-dire en territoire républicain, par opposition aux grands money centers qui sont sur les côtes,
21:46pour simplifier New York et la Californie, pour simplifier et caricaturer.
21:50Et donc, la déréglementation dans le secteur bancaire, ça va être un outil pour accélérer la croissance.
22:00Si vous abaissez les obligations en ressources rares, et en particulier en capital,
22:07mais pas seulement sur les banques, et bien les banques prêtent.
22:09Donc il y a un coût-opportunité énorme.
22:11Vous dites, la question des dépôts est réglée de fait par la mutualisation des dépôts pour ces banques régionales
22:18à travers deux acteurs très spécifiques, et donc la dérégulation qui va avoir lieu se fera avec un risque maîtrisé.
22:25Tout à fait maîtrisé, et je dirais directement favorable, et qui contribuera directement à un des trois objectifs
22:32du nouveau ministre des Finances, qui est encore d'améliorer légèrement la croissance à court terme.
22:38Comment on essaye de rendre compatibles ces objectifs ?
22:41Alors, il y a les 3 millions de barils de pétrole à produire chaque jour en plus.
22:48Comment on atteint un potentiel de croissance de 3% ?
22:52Avec l'idée qu'on va quand même réduire ou consolider la trajectoire de finances publiques,
22:57avec l'objectif gralesque de 3%.
23:00C'est quoi les leviers ?
23:04Et comment on réfléchit à la séquence aussi de mise en place des différentes mesures de Trump
23:09dans le cadre des 3-3 qui sont édictés par Scott Bessent aujourd'hui, Vincent ?
23:15Oui, en effet, je partage l'idée que la déréglementation a tendance à stimuler la croissance à court terme
23:22et éventuellement emprunter à la croissance future,
23:25parce qu'elle génère également des nouveaux risques et des chocs futurs.
23:29On l'a vu avec la crise financière de 2008.
23:33Donc, ça, ce sera un facteur positif à court terme.
23:38Après, c'est vrai que les entreprises américaines donnent un feedback à la future administration Trump
23:46en disant, attention, il y a quand même des politiques qui pourraient être défavorables à la croissance,
23:51notamment une politique de droite douane trop agressive,
23:55puisque beaucoup d'entreprises américaines importent des composants qui, on l'a vu dans le passé,
24:02quand les droits de douane augmentent, ça a tendance à renier sur les marges.
24:07Les entreprises ne sont pas forcément en capacité de monter les prix
24:11et de faire porter le poids de cet impôt sur les consommateurs.
24:15Il y a une limite, vous dites quand même.
24:16Parce que plus de droits de douane, si vous opérez dans un régime protégé,
24:23on pourrait se dire, s'il n'y a plus la concurrence internationale,
24:26les entreprises domestiques peuvent mettre les marges où elles veulent.
24:29Mais il y a quand même une limite à ça qui est la capacité d'adaptation du consommateur final.
24:34Oui, en l'occurrence, les entreprises ont très bien traversé le choc d'inflation
24:37en montant les prix et maintenant leurs marges.
24:41Mais on peut quand même s'interroger sur la capacité qu'elles auraient à reproduire ce mécanisme.
24:49Si vous regardez le consensus, le consensus prévoit que les marges nettes vont encore monter.
24:57Elles sont déjà très hautes.
24:59Si on regarde aux Etats-Unis, le consensus price qu'on passerait de 13 à 14 %,
25:04c'est très élevé historiquement.
25:06Mais en l'occurrence, si Trump était trop agressif en la matière,
25:11ça pourrait nuire à la profitabilité ou à la demande du consommateur in fine
25:17qui serait impactée par la hausse des prix.
25:20Donc, probablement ne pas taper trop fort à ce niveau-là,
25:23même si je n'ai aucun doute que la Chine, clairement, va être dans le viseur
25:26et va souffrir d'une politique américaine relativement agressive.
25:30Mais vous le disiez, hors Chine, il y aura quelque chose d'assez pragmatique
25:33dans l'approche de l'administration Trump et notamment de Biden.
25:37Il a eu cette phrase à un moment de dire que l'approche Trump vis-à-vis des tarifs,
25:41il jugeait ça assez maximaliste.
25:43Voilà.
25:43Et en l'occurrence, on sait que Trump aime bien négocier
25:46et peut agiter cette menace des droits de douane
25:50pour obtenir de meilleures conditions dans les échanges.
25:54L'autre point sur lequel les entreprises se sont alertées, c'est l'immigration,
25:59puisque l'immigration a offert une main d'œuvre à bas prix,
26:04à faible coût pour les entreprises.
26:05Et certains secteurs, secteur des services, par exemple la restauration, l'hôtellerie,
26:10souffriraient fortement d'un choc violent à ce niveau-là.
26:13Donc là encore, effectivement, on peut attendre à ce que
26:19certains immigrants soient renvoyés chez eux,
26:22mais je pense surtout que le flux d'immigration va ralentir
26:26et ne pas forcément s'inverser carrément.
26:30Donc voilà, sur certaines politiques, je pense qu'ils vont être assez pragmatiques.
26:34Il va être là pour arrondir les angles, Scott Besson,
26:36pour élimer un peu tous les angles un peu trop saillants de la politique de Trump.
26:42Ça va être ça, son job ?
26:43Probablement. Donc en l'occurrence, essayer de limiter le choc d'offres négatifs
26:48qu'on constitue à un choc migratoire trop important
26:52ou des hausses de droits de douane trop importants.
26:54Donc réduire ce choc d'offres négatifs tout en essayant de maintenir le choc de demandes positives,
27:00par exemple avec la baisse des impôts.
27:04Je reviens à ce que vous disiez tout à l'heure, Gilles, et moi le premier,
27:07je le répète dans cette émission, que oui, le KPI,
27:09l'indicateur clé de performance de Donald Trump, préféré en tout cas
27:13pour facilement mettre en avant son succès permanent,
27:17c'est un indice boursier comme le Dow Jones, par exemple.
27:20Je ne dis pas que c'est l'objectif de Scott Besson,
27:22mais il y a quand même derrière Trump, toujours,
27:25l'idée de maximiser la valeur des marchés,
27:29la valeur du portefeuille boursier d'un Américain moyen,
27:32voire la valeur de son 60-40,
27:35parce que c'est vrai qu'en 2016, la question des taux
27:37n'était pas vraiment une question et un sujet.
27:40Aujourd'hui, c'est peut-être important aussi d'avoir à la fois
27:44une partie obligataire maîtrisée, sous contrôle,
27:46et des indices actions qui continueraient
27:49de bénéficier de ce régime d'exceptionnalisme.
27:52Oui, et alors ça va au-delà du fétichisme,
27:58parce que de notre côté de l'Atlantique...
28:00Nvidia vient de rentrer dans le Dow Jones.
28:03C'est un indice aussi un peu différent.
28:04De notre côté de l'Atlantique, on regarde ça
28:07notamment en France, mais peut-être pas que en France,
28:10on regarde ça avec un peu de dérision
28:13et avec, à mon avis, trop de recul,
28:17parce que des prix d'actifs bien évalués,
28:22c'est un avantage compétitif pour le pays en question
28:27et pour les entreprises.
28:28Ça veut dire qu'elles ont une devise qui est leur titre,
28:32et qui est forte.
28:35Et donc, à partir d'une devise forte,
28:37vous pouvez construire beaucoup, beaucoup,
28:39beaucoup plus de projets.
28:41Tout le monde vient vous voir, les banquiers,
28:44les entreprises que vous pouvez acheter,
28:48vous pouvez les acheter avec des titres,
28:52Unicredito et BPM étant un exemple,
28:56alors qu'à l'inverse, un pays ou une entreprise
29:00qui a une devise très faible
29:03et dont les marchés sont très mal valorisés,
29:06elle est dans une asse d'un point de vue stratégique
29:09et elle n'est pas consolidatrice,
29:12et le pays n'est pas dominant et en expansion,
29:15mais c'est l'inverse, il est potentiellement dominé
29:18et en restriction.
29:19Bon, la réaction du marché du jour, effectivement,
29:22va dans le sens de ce qu'on disait,
29:24le dollar un peu moins fort,
29:27des taux longs un peu moins élevés,
29:30bon, on reste dans l'épure,
29:33mais c'est une réaction du marché qui est plutôt saine,
29:37qui est cohérente par rapport à cette nomination.
29:40Oui, elle est favorable et on a l'impression
29:44qu'en effet, Mme Bessint va modérer
29:49et éliminer potentiellement les risques les plus extrêmes
29:54qu'on aurait pu anticiper,
29:57et à juste titre d'ailleurs,
30:00en regardant l'entièreté des saillies de Donald Trump.
30:05On a l'impression qu'il y aura peut-être
30:08un partage des rôles entre good cop et bad cop,
30:12qui pourrait être très efficace, d'ailleurs, dans les négociations.
30:15Le premier mandat, préparé différemment,
30:18moins bien préparé peut-être par Trump,
30:20avait vu un certain nombre de personnalités,
30:22je me souviens du Trésor avec Steve Mouchine,
30:24là aussi qui venait du monde des affaires,
30:26des banques d'affaires, etc.,
30:27qui avaient l'oreille de Wall Street et des marchés.
30:32L'histoire ne s'est pas forcément bien finie entre les deux.
30:34Là, visiblement, il y a quand même quelque chose,
30:37un lien qui a pu se créer.
30:38En tout cas, Scott Bessint endosse bien sûr la politique de Trump
30:42jusqu'à présent, on verra à partir du 20 janvier prochain.
30:45Qu'est-ce que ça change ?
30:46Alors, Scott Bessint, mais surtout Trump,
30:49pour les banques centrales,
30:50à commencer par la réserve fédérale américaine,
30:53Vincent Lafayette est peut-être content,
30:56soulagé aussi de voir Scott Bessint au Trésor.
30:58Néanmoins, elle sait que sa fonction de réaction
31:01pourra être challengée aussi par une doctrine nouvelle,
31:05économique, différente, peut-être à partir du 20 janvier prochain.
31:08Oui, alors Lafayette, elle nous a dit qu'elle n'allait pas spéculer
31:12sur la politique économique de Trump.
31:14Et en effet, je pense qu'il faut admettre que
31:17l'incertitude avec Trump probablement a grandi,
31:20puisqu'on n'est pas sûr de savoir exactement
31:23où est-ce qu'il va placer le curseur économique.
31:26Et puis, en plus, le marché a déjà tellement réagi.
31:29On a déjà eu un trail de Trump qui a quand même été
31:32extrêmement puissant sur les actions.
31:34Mais aussi, on voit que les spread de crédit sont très serrés.
31:37Le dollar est assez cher, ce qui, soit dit en passant,
31:39en général, n'est pas très bon pour la croissance globale.
31:42Donc voilà, il y a quand même des risques importants.
31:45Mais effectivement, un des risques majeurs,
31:47et je partage votre point de vue,
31:50c'était une sorte de tantrum sur les Treasuries.
31:56Crise de nerfs, la crise de nerfs du marché.
31:58Avec une forte hausse des rendements,
32:00qui on sait peut être très déstabilisante
32:03pour les marchés globaux.
32:04Ça, probablement, cette petite description
32:07s'est un peu réduite aujourd'hui.
32:10Pour la Fed, la Fed ne va pas spéculer.
32:12Est-ce qu'ils vont baisser en décembre ?
32:13La question se pose.
32:14Le marché Price, 13 points de base,
32:16ça veut dire qu'il y a environ 50%.
32:18C'est du 50-50, baisse, pas baisse.
32:21Moi, j'ai plutôt tendance à penser
32:23que du fait des progrès sur l'inflation,
32:25même si les derniers chiffres étaient un peu moins bons,
32:27ils vont quand même baisser.
32:29Voyons le Core PCE cette semaine,
32:32les prix à la consommation aux Etats-Unis.
32:36J'ai plutôt tendance à penser qu'ils vont baisser.
32:39Le marché Price, simplement,
32:40entre aujourd'hui et la fin de l'année prochaine,
32:4465 points de base de baisse.
32:46Ce n'est pas beaucoup quand même.
32:48Le marché n'est pas très ambitieux.
32:49Donc, le marché a quand même intérêt à l'idée
32:51que la Fed, du coup, va être beaucoup plus prudente
32:53dans sa politique de normalisation des taux.
32:56Il reste quelques baisses de taux,
32:57peut-être une poignée au mieux
33:00pour la réserve fédérale américaine aujourd'hui
33:02dans ce qu'on imaginerait être les Trumponomics
33:05et le paradigme Trump.
33:06Du coup, le marché est assez prudent.
33:09J'ai plutôt tendance à penser
33:11que ça limite le potentiel de hausse des rendements
33:13parce que le marché est déjà revenu
33:15assez pessimiste sur ce processus de baisse de taux.
33:19De l'autre côté de l'Atlantique,
33:21pour la Banque centrale européenne,
33:24je reviens d'ailleurs à ce sujet sur la séance de vendredi
33:27où on a vu des enquêtes de conjoncture
33:29assez classiques dans les marchés.
33:31Les PMI, on vit tous avec, c'est tous les mois.
33:34Estimation flash, deuxième estimation, etc.
33:37C'est vraiment du récurrent en termes de données d'enquête
33:39sur les marchés.
33:41Sauf que là, on n'attendait rien d'extraordinaire
33:44pour dire les choses, des enquêtes mauvaises.
33:46Elles ont été si mauvaises
33:47qu'on a vu quand même un décrochage de l'euro-dollar.
33:50Très, très violent.
33:51Certains, j'ai même vu passer dans des notes d'analyse,
33:53certains ont même parlé d'un flash-crack de l'euro-dollar
33:56sur la publication des PMI.
33:58On perd 150 pips.
33:59Ça se stabilise autour d'un 0,4.
34:01Je parle de vendredi.
34:03Avec BSN qui arrive, le dollar baisse encore un petit peu.
34:05On revient à 1,05 sur le dollar.
34:07Mais quand même, la réaction de marché de vendredi
34:09commence à nous dire qu'il y a une nervosité
34:11qui s'installe autour de la capacité
34:14de la Banque Centrale Européenne à déjà délivrer
34:17et peut-être même délivrer plus
34:19que ce qu'elle laisse entendre aujourd'hui.
34:21Oui, alors là, en revanche, le marché est très ambitieux
34:23puisque le marché presse quasiment 150 points de baisse
34:27dans les 12 prochains mois.
34:29On est à 3,25.
34:30On est à 3,25, donc 1,75.
34:32Sous les deux.
34:33C'est quand même assez ambitieux.
34:35C'est possible, voire probable,
34:37mais c'est quand même relativement ambitieux.
34:39Ça traduit ces inquiétudes sur la conjoncture européenne.
34:42Alors, les PMI n'ont pas forcément été
34:44des excellents prédicteurs de croissance économique.
34:48Les PIB ont été un peu meilleurs.
34:50Mais ceci dit, il semble assez évident que le moral est bas,
34:55notamment dans les deux moteurs
34:57que sont la France et l'Allemagne.
34:59La France, on connaît la situation politique
35:02qui est celle qu'on vit,
35:05avec typiquement cette forte possibilité
35:08que jeudi, l'Assemblée détricote la réforme des retraites.
35:13Alors, le Sénat probablement va bloquer ça
35:16et l'abrogation probablement sera empêchée.
35:20Mais quand même, le signal n'est pas bon
35:22et ce n'est pas bon pour la confiance des entreprises.
35:26L'Allemagne se prépare à des élections
35:30dans un contexte politique également assez trouble.
35:32Donc, on a cette impression que malheureusement,
35:36l'Europe reste un peu engluée avec des égoïsmes nationaux
35:42qui empêchent des réformes au niveau de l'Europe.
35:45Et donc, dans ce vacuum politique,
35:46il n'y a pas d'autre choix que de faire reposer
35:49la responsabilité sur les épaules de la Banque centrale ?
35:52Probablement.
35:53Alors, pour décembre,
35:54le marché est partagé entre 25 et 50 points de base.
35:57Là encore, c'est du 50-50.
35:59Le marché est très partagé.
36:01J'ai plutôt tendance à penser que ce sera 25
36:03parce que les chiffres de salaire négociés la semaine dernière
36:07étaient très élevés,
36:085,3% sur le troisième trimestre en glissement annuel.
36:12Alors, c'est dû surtout à des paiements en Allemagne
36:15qui ne se répéteront pas.
36:18Donc, il ne faut pas exagérer la portée de ça.
36:19Mais dans ce cadre-là, faire 50, ce serait un peu difficile.
36:23Donc, je pense qu'ils vont faire simplement 25 au mois de décembre.
36:26Mais effectivement, sauf mauvaise surprise au niveau de l'inflation,
36:32évidemment, il faudra voir comment l'Europe réagit
36:35à des hausses de droits de douane éventuelles émanant des Etats-Unis.
36:39Peut-être pas tout de suite non plus.
36:40Voilà.
36:41Mais sauf surprise à la hausse sur l'inflation,
36:45qui me semble assez improbable
36:46puisque le processus de désinflation est bien enclenché en Europe,
36:51la BCE va baisser ses taux de façon agressive.
36:54Donc, décembre ne serait pas encore le bon moment pour faire 50.
36:56On m'a dit, soit il fallait le faire au début, en partant,
37:00soit il faudra peut-être attendre un peu plus tard pour passer de 25 à 50
37:04et attendre que la situation se dégrade encore un peu plus peut-être
37:07pour permettre à la BCE d'aller plus vite.
37:09Je pense que la BCE va attendre des chiffres d'inflation encore un peu meilleurs.
37:12Mais effectivement...
37:12Meilleur dans le sens d'une inflation qui baisse la hausse, c'est ça ?
37:15Oui, plus basse.
37:15Mais en l'occurrence, cette prudence est peut-être coupable.
37:18Bon.
37:18Sur le spread, le spread France-Allemagne, j'ai vu,
37:21on était à 70-75 encore de manière assez standard ces dernières semaines.
37:28Là, moi, sur les compteurs que j'ai, on est un peu plus de 80, là, quand même.
37:31Oui.
37:32On revient dans la zone haute de la fourchette qu'on avait testée post-dissolution, si je ne dis pas de bêtise.
37:37Et pourtant, certains considèrent que l'étalon allemand a de plus en plus de plomb dans l'aile.
37:44Donc, voilà.
37:46Moi, je regarde aussi beaucoup le spread franco-italien, franco-espagnol,
37:52et qui montre que la France est passée insensiblement sur les 30 dernières années,
37:58et quand on fait l'analyse historique, historico-économique,
38:05eh bien, la France est un pays qui, par beaucoup d'aspects,
38:09ne fait plus partie des leaders des pays développés,
38:16et avec des conséquences sur les entreprises françaises.
38:20Ça se voit dans des ratings un peu agrégés.
38:22Alors, vous allez me dire chaque entreprise, mais ça se voit, oui, dans les ratings agrégés, GPS, des coups de GPS.
38:27On a des ratings sur la France qui sont inférieurs à ceux de la zone euro, eux-mêmes,
38:33et eux-mêmes parmi les plus mauvais dans le monde.
38:40Et ça, c'est lié au fait que notre marché domestique est relativement moins dynamique
38:49que celui d'autres pays dans le monde,
38:53que le PNB par habitant n'évolue pas très favorablement en France,
38:58que les situations des finances publiques sont dramatiques,
39:05qu'on est un pays qui est incapable de se réformer.
39:07Mais ça, du coup, vous dites, ça se voit dans des ratings.
39:10Vous notez des entreprises, j'entends bien, aujourd'hui.
39:14Un des arguments est de dire que les entreprises cotées, ce n'est pas la France.
39:17Et effectivement, une boîte comme LVMH a plutôt tendance à faire son chiffre d'affaires en dehors de France
39:23Mais cet argument, il est assez limité aussi.
39:27Il existe, c'est vrai que c'est un argument en défaveur des pays qui sont les moins bien notés
39:41en termes de finances publiques et en termes d'efficacité de leur économie et de leur compétitivité.
39:48En fait, on oublie que les pays, c'est des agrégats d'entreprises largement privées, parfois publiques,
39:58et qu'à la fin, l'État est supporté par tout ce microcosme-là et par les individus.
40:05Et donc, si vous avez des substrats qui sont moins efficaces, plus fragiles, ça se retrouve et ça nourrit ensuite.
40:13Évidemment, l'argument vaut plus pour les entreprises qui sont largement domestiques.
40:20Il vaut un peu moins pour les entreprises qui sont largement exportatrices.
40:24Sauf que, quand vous avez une entreprise qui fait l'essentiel de son activité très très loin de ses racines,
40:31elle est déséquilibrée, et le jour où vous avez un vent mauvais dans le pays domestique,
40:42parce que rien n'empêche d'augmenter la fiscalité des entreprises, soit via l'impôt sur la société,
40:49soit les taxes diverses et variées, soit tout simplement d'arrêter un processus de baisse de la fiscalité,
40:55de facilitation ou de déréglementation, eh bien, quand vous avez vos racines dans ces pays-là, ça joue.
41:01— Vous disiez tout à l'heure, Vincent, les « Trump trades », c'est aller vite et fort.
41:07C'est vrai qu'en 2 semaines, 2 semaines et demi de marché, tout s'est mis en place.
41:11J'allais dire tel que le plan pouvait le laisser entendre. On va en revenir... Enfin, on va revenir un petit peu de ces « Trump trades ».
41:21Vous disiez, vous étiez même dubitatif sur la capacité d'extrapoler, de reproduire ce schéma de marché.
41:28Qu'est-ce que ça veut dire en creux, Vincent ? Est-ce que ça veut dire que, malgré tout ce qu'on raconte, là, sur l'Europe,
41:36la faiblesse de la devise, la décote de valorisation des actions européennes, la dynamique de performance qui s'est affaiblie,
41:44est-ce qu'on trouve quand même des ressources, des arguments pour se dire « Tiens, c'est peut-être un moment d'être un peu contrariant aussi »
41:50et de se dire que l'écart entre les US et l'Europe et l'écart même plus généralement entre les US et le reste du monde
41:56va pas non plus s'étirer jusqu'à la fracture totale, quoi ? — Oui. Alors je dirais d'abord que le « trade Trump », pour moi,
42:04il date pas de deux semaines mais de deux mois, puisque depuis autour du 20-25 septembre, il a commencé à remonter dans les sondages.
42:11Et donc là, le « trade », c'est embarqué. — Donc c'est deux mois de « Trump trade », là.
42:15— Voilà. C'est deux mois. On est déjà à deux mois de « trade Trump », je pense. De façon générale, on n'a pas voulu s'opposer au « Trump trade ».
42:23Et aujourd'hui encore, je dirais pas qu'on a un appétit très important pour s'opposer, à part sans doute sur les « treasuries », où on a dit
42:32qu'au-delà de 4,50 ou plus proche de point haut de l'année, qui était à 4,73 sur le 10 ans, on est plutôt acheteurs,
42:39puisqu'on ne croit pas à cette politique du tout-reflation. Donc ça, c'est le « trade » qu'on est plutôt enclin à contrer.
42:48Pour le reste, je pense quand même que ça va se calmer. Effectivement, sur les actions européennes, bon, elles sont assez dramatiquement à la traîne.
42:55Si on regarde l'écart de multiples, il est très élevé d'un point de vue historique. Après, si on corrige par certains éléments,
43:04et notamment la tendance des profits, le taux de croissance des profits, on est sur des divergences qui sont beaucoup plus faibles.
43:13Donc je pense pas que ce soit forcément une exagération. Mais ceci dit, on est dans le scénario central. Et j'ai dit que les risques,
43:22c'est clairement augmenté, puisqu'il y a eu beaucoup d'incertitudes. Mais dans le scénario central, on est quand même raisonnablement optimiste
43:28sur les actions européennes dans l'année qui vient. Donc avoir des rendements de 5 à 10 %, ça nous semble tout à fait envisageable,
43:37parce que les valorisations sont basses et on a quand même beaucoup de mauvaises nouvelles qui, en relatif, sont déjà dans les prix.
43:46— Sur l'euro-dollar, non, je pense que le bière reste à la baisse sur l'euro, même s'il est faible d'un point de vue valorisation fondamentale.
43:54— On a fait une grosse partie du... On a fait quasiment 1,12 en septembre, au démarrage des Trump Trades, pour tomber à 1...
43:59Allez, 1... Je prends le point bas de vendredi. On était à 1,0340, 1,0350. Ça fait quand même un gros mouvement.
44:08Est-ce que la parité, c'est une évidence, le 1 pour 1 qu'on a connu déjà en 2022 ? Ou est-ce qu'on peut y échapper à nouveau ?
44:16— Une évidence, je suis pas sûr, mais on pourrait le tester. Donc c'est... Voilà. J'ai pas un appétit fort pour contrer la baisse de l'euro.
44:25— D'accord. Gilles, sur les positions en matière d'investissement qui peuvent paraître intéressantes aujourd'hui sur le terrain de jeu mondial, bien sûr.
44:35— Alors nous, on met l'accent plus que jamais sur la nécessité et l'utilité d'une large diversification mondiale.
44:47— Même quand les US raflent le tout ? — Alors raflent le tout... Les US représentent 60% à peu près du marché mondial.
44:54Bon, mais il faut les considérer en tant que tels. Voilà. Si vous avez une allocation globale.
45:00Et donc il y a plein de sociétés qui sont absolument fantastiques. Et pas seulement dans les nouvelles technologies, mais en particulier quand même dans la tech.
45:08Il faut bien le reconnaître. Et qui bénéficient d'avantages compétitifs malheureusement qui sont inattaquables par les concurrents plus fragmentés,
45:20soit d'Europe occidentale, et qui vont être de plus en plus difficilement attaquables par les Chinois. Ça, c'est encore un autre sujet.
45:29Par contre, nous, on trouve... Donc il y a plein de secteurs et plein de valeurs aux États-Unis qui sont intéressantes, même si le marché américain nous paraît peu attractif.
45:41— Peu attractif. — Et on est autour de 1 à 2 sur 10. — D'accord. Notamment pour des questions de valeurs, quoi. — Oui. Absolument.
45:48— D'accord. Très clair. — Mais après, si Trump baisse encore très fortement l'impôt sur les sociétés, voilà. Il faut respecter le bull market qu'on observe et qui peut,
46:01dans une certaine mesure, anticiper certaines bonnes nouvelles qui pourraient advenir. Bonnes nouvelles sur le marché des actions.
46:10Mais par contre, il faut se méfier de la zone euro, selon nous, d'une partie de la zone euro. Et regardez la large Europe. L'Europe et la zone euro, c'est pas pareil.
46:20Et la capitalisation boursière en Europe hors zone euro est très importante. Donc il y a un terrain du jeu intéressant. Et enfin, certains émergents continuent d'être intéressants, selon nous.
46:31— Merci beaucoup, messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir. Gilles Bazissier, président d'Ecouty-GPS, et Vincent Chénier, au directeur de la recherche de General Investments.
46:39Générique
46:41Le dernier quart d'heure de Smartbourg. Chaque lundi, c'est le quart d'heure américain. Nous retrouvons en visioconférence notre correspondant américain Pierre-Yves Dugas.
46:51Bonsoir, Pierre-Yves. Merci beaucoup d'être avec nous. Donc la planète finance, la planète marché n'a plus que le nom de Scott Besant au bord des lèvres.
46:59Il a été choisi pour être le secrétaire du trésor américain de la future administration Trump. Il fait partie des noms qui ont circulé de manière très insistante au cours des derniers jours et des dernières semaines.
47:12On a pu, pour certains d'entre nous, commencer à anticiper un peu sa nomination en se penchant sur le profil de Scott Besant. Qui est-il ? Et est-il, comme les Américains ou les Anglo-Saxons aiment l'appeler, l'adulte dans la pièce, Pierre-Yves ?
47:27Il a tous les éléments pour être l'adulte dans la pièce. C'est indiscutable. Et c'est d'ailleurs pour ça que les marchés réagissent bien aujourd'hui, en particulier le marché obligataire.
47:38On voit l'or chuter également. Il y a un soupir de soulagement. Même si son nom était anticipé, ça n'était pas le seul en lice. Personnellement, j'aurais préféré Kevin Walsh, mais il était trop mainstream.
47:51Je pense qu'on reparlera de Kevin Walsh pour succéder à Jérôme Powell d'ici un an.
47:56Ça, le deal entre Trump et Walsh, Pierre-Yves ?
48:01C'est possible. Scott Besant a suggéré il y a quelques mois de créer, pour embarrasser Jérôme Powell, une espèce de poste virtuel de « shadow Fed governor », où le président Trump aurait annoncé à l'avance que le successeur de Jérôme Powell serait Kevin Walsh.
48:29À partir de là, tout le monde se serait mis à écouter Kevin Walsh et plus personne n'aurait écouté Jérôme Powell. Finalement, Scott Besant a changé d'avis. Il pense que c'est une mauvaise idée.
48:40Peut-être parce que d'abord, c'est une mauvaise idée. Peut-être aussi parce que la Réserve fédérale s'est engagée dans des baisses de taux à un rythme qui, maintenant, est remis en question,
48:48mais qui baissent tout de même, et que c'est toujours le sens dans lequel Donald Trump souhaite voir évoluer les taux d'intérêt.
48:57Non, la grande question, c'est est-ce que dans cette pièce, s'il est l'adulte, il ne sera pas le seul ? Est-ce que le président Trump l'écoutera ?
49:09Nous en parlions il y a quelques minutes avec vos invités. Il y a la possibilité de désaccord entre Howard Lutnick, qui est un super secrétaire au commerce,
49:25enfin qui est appelé à l'être en tout cas, et Scott Besant, qui a certes son mot à dire dans les négociations commerciales, qui a une position très visible
49:33dans la diplomatie économique et commerciale des États-Unis, mais qui n'est pas l'homme qui va décider du niveau des taux d'intérêt.
49:44Je note que tout ce que je lis depuis quelques heures me porte à croire que les Chinois sont rassurés, parce que visiblement, ils craignaient
49:54que Donald Trump nomme un fou furieux au trésor, qui instantanément apporterait sa bénédiction à de très forts relèvements de droits de douane.
50:07Je pense que Scott Besant, s'il est fidèle au discours qu'il a tenu au cours des derniers mois, est quelqu'un qui pense que les droits de douane
50:14sont un très bon moyen d'engager des négociations et d'extorquer des concessions de la part des partenaires des États-Unis, plutôt que les droits de douane
50:26sont une fin en soi, en raison des recettes fiscales qu'ils apportent et en raison de cette tentation isolationniste, protectionniste, souverainiste
50:39de l'aile maga du Parti républicain.
50:43Il y a deux manières de le voir. Soit on le voit comme un adulte dans la pièce, un garde-fou, quelqu'un qui va essayer, comme disent les investisseurs,
50:53d'éliminer les « tail risks » qui pourraient être générés par une application un peu trop maximaliste des « Trumponomics », soit on peut se dire aussi
51:04qu'il pourrait faire office de fusible assez vite si jamais les choses n'allaient pas dans le sens d'un Donald Trump soutenu par Howard Lutnick
51:13comme représentant au commerce.
51:15Le problème, c'est que quand on demande à Scott Besson de s'en aller, on envoie un très mauvais signal au marché si on lui remplacé par quelqu'un
51:23qui s'aplatira devant les partisans de la guerre commerciale. Je crois que le véritable adulte dans la pièce, ce peut-être Scott Besson,
51:35d'abord parce qu'il est adulte, il a une grande connaissance de l'international, mais c'est surtout le porte-parole du véritable adulte qui est le marché obligataire
51:46et les marchés d'action aussi indirectement. Et que si Scott Besson nous dit « si on fait ça, Wall Street va plonger, les rendements obligataires vont s'envoler,
51:58le dollar va plonger, etc. », je pense que Donald Trump va écouter.
52:04Je répète beaucoup depuis quelques jours, Pierre-Yves, mais je soumets ça à votre sagacité, votre contrôle même, je répète beaucoup depuis quelques jours
52:11qu'il ne faut pas oublier que Trump, le Trump de 2016, mais le Trump sans doute d'aujourd'hui, avait un indicateur de performance qu'il aimait bien mettre en avant en permanence
52:19pour vanter son succès, c'était le Dow Jones. On en pense ce qu'on veut, mais est-ce que le Trump qu'on retrouve aujourd'hui reste le Trump de ce point de vue-là de 2016 ?
52:28Est-ce que la maximalisation du portefeuille boursier de l'américain moyen ou du 60-40 de l'américain moyen, est-ce que ça fait partie de la feuille de route de Scott Besson aujourd'hui ?
52:41Probablement. Pour vous, je ne vous l'apprendrai pas, mais je pense que pas mal de gens qui nous écoutent seront un petit peu surpris,
52:49il est arrivé à plusieurs reprises au cours de la campagne électorale de ces derniers mois à Donald Trump de commencer ses discours dans ses stades où il avait l'habitude de faire ses meetings électoraux par
53:04Comment se porte votre 401k ? Le 401k, c'est une allusion à l'article du code des impôts, c'est le compte d'épargne par capitalisation des salariés ou des travailleurs indépendants américains.
53:20C'est l'instrument de mesure du patrimoine que l'on met de côté pour reprendre sa retraite. C'est très important pour la classe moyenne américaine et pas simplement pour la classe moyenne supérieure.
53:32Quand le 401k des américains plonge, ils ont moins envie d'acheter des voitures, ils ont moins envie de partir en vacances, ils ont moins envie d'aller au restaurant.
53:39Le 401k est un des indicateurs, c'est bien entendu corrélé avec la divergence, mais c'est un moyen pour Donald Trump de rappeler aux américains qui ont de l'épargne en bourse que ses politiques vont leur faire du bien.
53:56Un autre nom qu'il faut retenir en ce lundi, Pierre-Yves, c'est celui de Laurie Chavez-Deremer, qui est donc la personne qui a été choisie par Trump pour diriger le département du travail.
54:07Alors là, c'est un mystère. C'est un mystère parce qu'elle est tellement à gauche qu'on se demande si Donald Trump ne s'est pas trompé de ligne en annonçant sa nomination.
54:21Qui est-elle ? Elle vient de perdre les élections dans le Faubourg de Portland, Oregon, où elle souhaitait voir son mandat de représentante républicaine de Portland renouvelé.
54:40Donc elle n'est restée que deux ans au Congrès. C'est une des trois républicaines contre 215 démocrates qui a soutenu un projet de loi qui est véritablement la meute des loups dans la bergerie du point de vue du business américain.
55:01De quoi s'agit-il ? Il s'agit, nous en avons souvent parlé ici, d'un projet de loi qui s'appelle PRO 2023, qui consiste à imposer au niveau fédéral une autorisation complète du monopole syndical dans l'embauche et dans les négociations de salaires.
55:25Il y a 26 États américains qui interdisent ce système, beaucoup dans le sud des États-Unis. Ce projet de loi, entre autres, effacerait cette exception qui a considérablement favorisé l'investissement industriel en affaiblissant le syndicalisme.
55:41Cette personne est maintenant appelée à diriger le département du travail. On se demande si ce n'est pas un exemple de Richard Nixon qui va serrer la main de Mao Tse-tung en Chine.
55:59On se demande si ce n'est pas simplement un remerciement adressé aux syndicats américains qui ont beaucoup plus que d'ordinaire voté pour Trump, si ce n'est pas la main tendue au mouvement syndical pour essayer d'améliorer les relations entre le patronat et les syndicats,
56:19et si ce n'est pas non plus un moyen de fidéliser les cols bleus dans la perspective des prochaines élections présidentielles où, dans ce cas-là, Jody Vance, vice-président, serait bien entendu le favori de l'investiture.
56:35Jody Vance, qui est très marquée par son origine de col bleu. Si vous avez lu son livre, si vous ne l'avez pas lu, je vous conseille vraiment de le lire. Achetez-le, offrez-le à vos amis pour Noël.
56:47C'est un livre exceptionnel, mais qui raconte la misère des gens dans des régions pauvres qui se sont appauvries encore avec l'effondrement de l'activité industrielle.
56:59Jody Vance est quelqu'un qui peut parler au monde ouvrier. Cette sélection de Laurie Chavez de Rember à ce poste du département du Travail est assez curieuse, mais mal à l'aise beaucoup d'élus républicains traditionnels,
57:19en particulier au Sénat, mais montre que la version populiste du parti républicain qu'a imposé Donald Trump ne va pas aussi facilement que ça redevenir une version Reaganienne, disons.
57:35– Merci beaucoup pour cet éclairage toujours aussi précieux, Pierre-Yves, en cette période de nomination au sein de l'administration Trump.
57:43Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain que nous retrouvons chaque lundi en direct si vous nous suivez dans Smart Bourse à partir de 17h.
57:51Le quart d'heure américain c'est à 17h45, sinon bien sûr à consommer sans modération, en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast à l'heure qu'il vous plaira sur l'ensemble de vos plateformes préférées.

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