• il y a 3 jours
Lundi 4 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Julien Nebenzahl (Responsable des produits d'épargne, eToro) , Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) , Vincent Lequertier (Gérant Senior, responsable de l'allocation d'actifs, WeSave) et Pierre Bismuth (Directeur Général et Responsable des Gestions, Myria AM)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez
00:15en direct à la télévision via vos box, émissions que vous retrouvez chaque soir
00:19en replay sur bsmart.fr ou encore à l'heure qu'il vous plaira en podcast sur l'ensemble
00:24de vos plateformes préférées.
00:25Au sommaire de cette édition ce soir, le monde et la planète marché qui est bien
00:29sûr suspendue au résultat attendu de l'élection présidentielle américaine qui va trouver
00:35sa fin ce mardi.
00:37Tous les américains auront fini de voter d'ici 24-48 heures maintenant.
00:42La question est de savoir dans quelles mesures les marchés, les investisseurs, le monde
00:47pourra apprécier les résultats rapidement ? C'est une première question et puis bien
00:51sûr entre une administration Trump ou une administration Harris, qu'est-ce que cela
00:56peut changer à la course de l'économie, à la course des marchés, à la course des
01:01enjeux géopolitiques de ce monde ? Beaucoup de questions évidemment, nous essayons d'en
01:06discuter un peu à l'aveugle, il faut le dire avec nos invités de planète marché
01:09dans un instant.
01:10L'autre élément important de la semaine c'est de voir que certaines institutions
01:15vont être en première ligne pour réagir en premier lieu au résultat de l'élection
01:20présidentielle américaine.
01:21Je pense par exemple à la réserve fédérale américaine qui doit tenir et qui tiendra
01:25une réunion de politique monétaire les 6 et 7 novembre, les 5 et 6 novembre si je
01:29ne dis pas de bêtises avec une décision attendue non peut-être ce jeudi, peut-être
01:34que la réunion est décalée d'un jour, je suis en train de vérifier en même temps
01:38mais pour la Fed ce sera jeudi, décision exceptionnellement rendue jeudi pour la réserve
01:44fédérale américaine, calendrier un peu décalé avec bien sûr l'élection présidentielle
01:47américaine, jeudi nous aurons également la décision de la banque d'Angleterre et
01:50puis cette semaine également la décision de la banque centrale du Brésil qui fut alors
01:54certes parmi les banques centrales des pays émergents une banque centrale assez visionnaire
01:59sur le cycle monétaire de la réserve fédérale américaine, la BCB, la Banco Central do
02:04Brasil a bien anticipé la remontée des taux de la réserve fédérale américaine à partir
02:10de 2022, elle a bien anticipé le mouvement de baisse des taux qui vient d'à peine commencer
02:16mais la Banque Centrale du Brésil a déjà nettement baissé ses taux d'intérêt et
02:21elle vient de commencer à les remonter une première fois en septembre et peut-être
02:26une seconde fois d'affilée à l'occasion de ce meeting de la Banque Centrale du Brésil
02:30donc j'insiste qu'il se tiendra cette semaine pour le mois de novembre.
02:34Voilà pour les sujets de marché en tête bien sûr, discussion avec nos invités dans
02:38quelques instants et puis le quart d'heure américain de ce lundi consacré bien sûr
02:42au finish de cette élection présidentielle, Pierre-Yves Dugas sera avec nous bien sûr
02:46en visioconférence à partir de 17h45.
02:59Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel est avec
03:02nous pour nous apporter les infos clés du jour sur les marchés.
03:04Bonsoir Pauline.
03:05Bon autant le dire, les marchés dans leur ensemble évoluent avec prudence et c'est
03:09le cas notamment pour les bourses européennes avant cet événement qu'est l'élection américaine.
03:15Oui l'élection américaine gèle la prise de risque sur les marchés mais au-delà de
03:19cet événement les investisseurs font face à un agenda chargé.
03:22On attend la décision de la Fed et de la Banque d'Angleterre jeudi et côté chinois
03:26le marché sera attentif à d'éventuelles annonces en fin de semaine alors que le comité
03:31permanent de l'Assemblée Nationale Populaire est réuni depuis aujourd'hui.
03:34Le CAC 40 est dans l'attente de ces rendez-vous et évolue sans réelle tendance sous les 7400 points.
03:40Que dire des autres marchés, y a-t-il des mouvements à observer Pauline ?
03:44Oui un mouvement notable aujourd'hui c'est le retracement du dollar dans le sillage d'un
03:48sondage paru ce week-end concernant l'état-clé de l'Iowa et qui montre une remontée de Kamala Harris.
03:54Résultat les investisseurs recalibrent un peu le Trump Trade.
03:57Même histoire du côté du marché obligataire avec un 10 ans américain qui recule d'une
04:02dizaine de points de base après avoir atteint 4,4% en fin de semaine dernière.
04:06Et puis on notera également la remontée des cours du pétrole aujourd'hui assez visible.
04:11Oui les cours de Brent reprennent environ 3% à 75 dollars.
04:15Selon certaines sources citées par Reuters, l'OPEP Plus a décidé de reporter d'un mois
04:20la hausse de sa production initialement prévue en décembre.
04:23Côté macro, en zone euro, les enquêtes auprès des directeurs d'achat pour le secteur
04:28manufacturier sont sorties dans leur version définitive, on parle des PMI manufacturières.
04:34Oui la deuxième estimation confirme l'idée d'une stabilisation de l'activité manufacturière
04:39en octobre à des niveaux très bas.
04:41L'indicateur pour la zone euro ressort à 46 contre 45 en septembre.
04:45Et puis dans l'actualité des entreprises, nous sommes toujours dans la période de publication
04:49de résultats et puis également le carnet du jour avec le patron de Schneider Electric,
04:54le directeur général en l'occurrence, qui a été remercié.
04:57Oui le titre perd environ 2% après cette nouvelle inattendue.
05:01Le conseil d'administration a mis fin aux fonctions du directeur général qui était
05:04en poste depuis seulement 18 mois à cause de désaccords dans la mise en oeuvre de la
05:09feuille de route de la société.
05:11Bon, Schneider Electric, lanterne rouge, à l'inverse, Essilor Luxottica aujourd'hui
05:15est en tête au sein du CAC 40.
05:17Oui le titre gagne plus de 4% au cours de la séance, d'après BFM Business, Meta devrait
05:22bientôt prendre 4 ou 5% du capital d'Essilor Luxottica, soit une participation d'un montant
05:28de 4 à 5 milliards d'euros.
05:30Et puis la spéculation s'empare du dossier Burberry.
05:33L'action Burberry signe aujourd'hui la plus forte hausse du jour en Europe.
05:37Oui, plus de 8% au cours de la séance.
05:39Un site de presse évoque un possible rachat par Montclair.
05:42Les deux entreprises déclarent qu'elles ne commentent pas les rumeurs de marchés non
05:46fondés.
05:47Pour rappel, Burberry avait alerté sur ses résultats il y a quelques mois et présentera
05:52ses comptes le 14 novembre prochain.
05:54Et puis Nvidia, l'évolution à vitesse grand V du titre Nvidia, devenue en quelques temps
06:01à peine la plus grande, une des plus grandes capitalisations boursières au monde.
06:05Nvidia qui va entrer désormais dans l'indice Dow Jones.
06:07Oui, à partir du 8 novembre ce vendredi, Nvidia prendra la place qu'Intel, occupée
06:12depuis 25 ans dans l'indice.
06:14Nvidia rejoindra ainsi d'autres techs comme Microsoft, Amazon et Apple.
06:18Le titre ouvre en légère hausse à Wall Street.
06:20Bon et demain, jour d'élection aux Etats-Unis, quel sera le reste de l'agenda pour les investisseurs Pauline ?
06:26Les publications d'entreprises reprennent cette semaine.
06:29Sept sociétés du CAC 40 sont attendues, à commencer par Bouygues.
06:32Demain, les investisseurs prendront également connaissance de l'ISM Service américain
06:36du mois d'octobre.
06:37Pauline Grattel avec nous chaque soir en ouverture de Smart Bourse.
06:41Tendance mon amie pour vous apporter les infos clés du jour sur les marchés.
06:50Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:58Trois invités avec nous autour de la table.
07:00Pierre Bismuth, directeur général et responsable de gestion de Myria Asset Management.
07:03Bonsoir Pierre.
07:04Bonsoir Grégoire.
07:05Vincent Lequartier, responsable de location d'actifs de WeSave est à nos côtés également.
07:08Bonsoir Vincent.
07:09Bonsoir Grégoire.
07:10Et Julien Nebenzale, responsable des produits d'épargne chez eToro qui est à nos côtés
07:13également.
07:14Bonsoir Julien.
07:15Bonsoir Grégoire.
07:16Merci d'être là messieurs.
07:17On a trouvé qui veut se lancer sur cette veillée d'armes à 24 heures d'une élection
07:24qu'on a déjà beaucoup commentée sans en connaître le résultat.
07:27J'ai l'impression qu'on a déjà balayé quand même un peu tous les scénarios, enfin
07:30tout le champ du possible qui reste visiblement très ouvert, le champ des possibles à 24
07:37heures ou 48 heures peut-être des résultats de cette élection présidentielle américaine.
07:41De toute façon la première question c'est de savoir si le résultat sera dépouillé
07:47rapidement.
07:48La deuxième c'est de savoir si la chambre sera du même bord que le président.
07:53Donc en clair quelle est la marge de manœuvre qui sera disponible pour celui ou celle qui
07:59sera élue.
08:00Je pense que les marchés ont déjà joué pas mal de choses autour de l'hypothèse de
08:06Trump.
08:07Ça s'est vu sur beaucoup de classes d'actifs qui ont déjà décalé, déjà intégré un
08:11certain nombre de choses, d'hypothèses.
08:12Donc je ne serais pas vraiment surpris qu'il y ait des prises de bénéfices, elles ont
08:18déjà commencé depuis un jour ou deux, je ne serais pas surpris que ça continue, combien
08:22même ça serait Trump qui serait élu, je ne serais pas surpris que les prises de bénéfices
08:25continuent.
08:26Donc dans le meilleur des cas c'est les prises de bénéfices, dans le cas d'un scénario
08:30Trump qui serait défait, ça deviendrait plus que des prises de bénéfices mais un
08:35renversement de ce qu'on a pu observer depuis une paire de semaines maintenant sur les marchés
08:39c'est ça ?
08:40Exactement.
08:41Donc dans les deux cas on ne se trompe pas.
08:42En termes de volatilité, je pense que tous les investisseurs savent depuis très longtemps
08:47que c'est l'événement de l'année, donc tout le monde a eu le temps de se positionner,
08:51tout le monde a eu le temps de prendre des options dans tous les sens, donc je pense
08:54que la volatilité sera probablement moindre que ce qu'on peut imaginer.
08:58Donc pour moi, sans dire un non-événement, en tout cas, je pense que c'est surjoué.
09:07D'accord.
09:08Un non-événement au sens du marché, vous dites, autour de cette élection, les heures
09:11qui vont entourer cette élection seront peut-être pas un game changer pour la course des marchés
09:17en tout cas telle qu'on a pu le vivre en 2016, où là, il y avait vraiment une vraie surprise quand même.
09:23C'est-à-dire que si je prends les indices américains, l'ampleur de consolidation possible
09:30est telle que de toute façon on resterait dans une tendance haussière sur les marchés,
09:35donc ça ne change pas grand-chose en fait à la dynamique générale.
09:39Si la consolidation, si la baisse ne se fait pas, on poursuit la hausse point barre.
09:45Donc pour moi, de toute façon, pour un investisseur qui est déjà long sur les marchés d'action,
09:52il n'y a pas tellement de questions à se poser.
09:54Un petit peu sur les actifs périphériques, sur les émergents, l'Europe, il peut...
09:59Le reste du monde quoi.
10:00Voilà, là il peut y avoir un petit peu plus de sensibilité, mais sur les actifs américains,
10:04je crois vraiment qu'il n'y a pas grand-chose.
10:06Sur la partie action, sur la partie devise, j'ai l'impression qu'on fait un peu du yo-yo.
10:12Quand je vois l'ampleur de la remontée des marchés obligataires depuis un mois,
10:17et quand je vois entre guillemets la réaction modérée du dollar en face,
10:22on aurait pu aller beaucoup plus bas sur l'euro-dollar.
10:26Je trouve que le marché reste très raisonnable de ce point de vue.
10:31On sait que de toute façon, la banque centrale américaine est là en appui derrière
10:35pour baisser les taux si c'est nécessaire.
10:38S'il devait y avoir quelque chose d'un peu trop nerveux,
10:42elle serait là en appui derrière parce qu'elle a toute la marge de manœuvre nécessaire pour le faire.
10:47Donc je crois vraiment que pour le moment, il ne faut pas trop se poser de questions.
10:50Rester investi sur les États-Unis, se laisser penser et oublier l'éventuelle volatilité temporaire.
10:56Pour certains, ça peut être éventuellement une fenêtre d'entrée ou de réentrée.
11:01Pierre, comment vous considérez ces marchés à l'aube d'un événement majeur ?
11:05Ça fait quelques élections américaines qu'on vit un peu cette tension mondiale,
11:11en tout cas depuis 2016.
11:13Qu'est-ce qui peut surprendre les marchés dans cette élection présidentielle américaine
11:21maintenant qu'on a déjà goûté à Trump pendant un mandat,
11:24qu'on a vu le résultat bénéfique ou négatif ?
11:29Il y a peut-être des cages à cocher dans différents domaines,
11:33sachant qu'une répétition de Trump semble déjà être bien présente à l'esprit des gens de marché.
11:41Justement, je pense qu'il n'y a pas grand-chose qui peut nous surprendre.
11:45Autant en 2016, c'était comme vous l'avez dit, une vraie surprise.
11:48Même pour Trump, visiblement.
11:50Je me souviens de m'être réveillé en pleine nuit, on était à moins 5 sur les futures,
11:57c'était une vraie surprise.
11:59Là, on a deux programmes, l'un qui dépense beaucoup et l'autre qui dépense énormément.
12:05C'est une politique économique qui est très proche l'une de l'autre,
12:14avec toujours un rythme très pro-croissance.
12:17Finalement, ce n'est pas ce qui importe véritablement aux États-Unis,
12:21puisque toute l'année, on a commenté Nvidia, on a commenté Meta,
12:25on a commenté plein d'entreprises privées américaines,
12:29et c'est bien les entreprises privées qui font l'innovation.
12:33Alors certes, on a beaucoup de financement public, mais ce n'est pas ça qui va être coupé.
12:37Je pense que le vrai problème, et plutôt pour les marchés restes du monde,
12:41notamment en premier lieu européen,
12:45c'est que quel que soit le résultat, de toute façon,
12:48on aura beaucoup plus d'assurance sur les marchés américains,
12:51beaucoup moins d'assurance sur les marchés européens,
12:54en tout cas à court terme, et c'est bien là qu'il y a le problème.
12:57C'est vrai que l'actif principal de prudence sur les marchés actions,
13:02c'est encore une fois les actions américaines.
13:05Donc je dirais que pour les États-Unis, je pense que ça ne va pas faire grand-chose,
13:09ça ne va pas vraiment faire bouger les marchés.
13:12En Europe, on peut avoir une surréaction qui va se tasser,
13:15mais c'est vraiment des pics de volatilité, des pics d'énervement qu'on a connus.
13:18Donc je dirais qu'il est urgent de ne rien faire.
13:22En revanche, ça peut véritablement changer sur les marchés obligataires.
13:26Donc là, on a quand même...
13:28Que la Bourse imagine qu'NVIDIA est plus fort que Jérôme Poel,
13:32et ou Donald Trump, je n'ai pas de doute là-dessus.
13:35Pour les marchés obligataires, c'est quand même peut-être une autre histoire.
13:37Exactement, parce que là, on a vraiment...
13:39Alors les deux programmes sont très pro-croissance,
13:41mais il y en a un qui peut être beaucoup plus inflationniste que l'autre.
13:43En tout cas, sur le papier à court terme,
13:45et on a vu ça avec le Trump Trade,
13:47donc la remontée violente des taux d'intérêt aux États-Unis
13:50et une repentification de la courbe qui a été vraiment forte.
13:53Donc je ne suis pas sûr que la Réserve fédérale a bien fait de changer d'un jour.
13:57Je pense qu'elle aurait dû changer avant l'élection.
14:00Ah mais oui, mais...
14:01Parce que là, ça peut être interprété comme un vrai acte politique,
14:05alors que je pense que c'est déjà décidé depuis belle lurette.
14:08Mais en tout cas, on va dire que ça va tomber mal, cette décision de la FED,
14:11qu'elle soit dans le statu quo ou dans la baisse.
14:13On imagine mal qu'elle remonte ses taux, encore une fois.
14:16Donc sur les marchés obligataires, là, ça peut vraiment tanquer,
14:20parce qu'on peut avoir un Trump Trade qui fait que,
14:24son programme étant tellement inflationniste,
14:26on a des taux, disons, qui s'envolent,
14:28et une repentification vraiment beaucoup plus claire de la courbe des taux.
14:32Sur le dollar, c'est pareil, on est vraiment dans l'épure.
14:35Là, on pourrait...
14:37Sur un mouvement de marché, on peut avoir 2 ou 3% d'appréciation,
14:41ou en tout cas, si c'est un Trump Trade.
14:45Mais le vrai enjeu à long terme,
14:50à moyen terme, on va dire, c'est vraiment sur la courbe des taux.
14:53Qu'est-ce qui va fonder la décision de la FED cette semaine pour vous ?
14:56Je rappelle, d'habitude, la FED se réunit un mardi et mercredi.
14:59Là, alors, ils ont quand même été obligés, en partie, de bouger leur calendrier
15:03pour se réunir du mercredi au jeudi.
15:05Est-ce que la décision de la FED pour le mois de novembre,
15:08elle est liée aux prises de positions antérieures,
15:12à savoir un Jérôme Powell qui nous dit depuis quelque temps
15:15qu'il ne veut pas voir le marché du travail trop refroidir ?
15:18Ça ne semble pas être le cas jusqu'à présent,
15:21même si leur rapport du mois d'octobre est assez bruté aussi
15:24par les grèves et autres événements climatiques aux Etats-Unis.
15:29Est-ce qu'elle est liée, effectivement, à cette position de Jérôme Powell
15:32de dire, nous avons de la marge de manœuvre pour accompagner
15:35la baisse de l'inflation en recalibrant la position,
15:38ou est-ce qu'elle est directement liée au résultat de l'élection du 5 novembre ?
15:42Je pense que c'est joué.
15:44Je pense que c'est joué, ce n'est pas du tout l'élection.
15:47En revanche, c'est plutôt l'inflexion dans les futurs réunions de politique monétaire
15:51en fonction de celui qui gagne et de la prise de position économique
15:56et de dépenses de l'État que ça peut influencer sur la route future de la FED.
16:02Qu'est-ce que ça change, ces grandes élections dans la vie des marchés ?
16:06Julien, il y a un cycle pour tout, je le dis généralement à chaque fois que vous êtes là,
16:10mais il y a un cycle aussi pour la politique et la géopolitique.
16:13Si c'est peut-être la dimension d'analyse intéressante à ce moment de l'histoire,
16:18qu'est-ce que ça peut changer pour ce genre de cycle ?
16:21Oui, pour le cycle géopolitique, c'est une année électorale majeure,
16:25on en parlait en début d'année.
16:27Elle se termine avec l'élection américaine, le point d'orgue.
16:30Le déplacement en Occident de la politique, il est clairement à droite,
16:33c'est ressorti de tous les côtés.
16:36Il ressort aussi sous la forme des revendications sociales.
16:39On a en Europe, juste avant de parler de l'USA, un terrain qui attend la montée,
16:48en général, du populisme et en particulier du populisme de droite ou d'extrême droite.
16:52L'élection américaine, elle peut venir jouer, dans le cadre d'une élection de Trump,
16:57comme un véritable accélérateur de ce mouvement.
17:01Et ça a un impact géopolitique, puisqu'on sait que l'axe,
17:06ce que George W. Bush appelait l'axe du mal, a été reformé.
17:11Il s'élargit avec les BRICS.
17:13Tout ça est bien dans une idée d'opposition aux Etats-Unis et à l'Occident.
17:16Mais si Trump est élu, là, une forme de communication va passer,
17:20et donc des relations internationales qui vont être différentes.
17:23Mais ces relations vont normalement laisser la place à plus de conflits,
17:27puisque Trump a déjà manifesté qu'il n'était pas un guerrier.
17:31Je crois que ça transpire encore dans ce discours.
17:34Ce qui veut dire que les scénarios de tension vont se développer plus vite,
17:39je pense, si Trump est élu, et qu'on le verra,
17:42notamment au travers des matières premières qui sont,
17:44traditionnellement, soit l'enjeu, soit le symptôme de la situation.
17:47Un peu comme ce qu'on a vu en 2022.
17:50Et pour reprendre les cycles, quand l'inflation surgit fortement,
17:55comme c'est le cas tous les environ 55 à 57 ans,
17:58et je le dis, ça fait 250 ans, on a au moins 5 cycles vraiment limpides là-dessus,
18:05il n'y a jamais un pic d'inflation, il y en a toujours 2,
18:07ils sont toujours espacés de 5 à 7 ans.
18:10C'est le fameux 73-79 pour 1900, pour ceux qui se souviennent un petit peu de ça,
18:15mais ça se retrouve dans l'histoire.
18:17Et les conditions de ce second pic d'inflation peuvent tout à fait être,
18:20surtout si on regarde l'histoire, géopolitiques.
18:23Donc l'élection de Trump s'inscrit là-dedans,
18:25mais de l'autre côté, je ne vais pas développer l'élection de Harris,
18:29parce qu'il n'y a pas toute cette séquence,
18:31mais son action sera nécessairement aussi inscrite dans ce mouvement.
18:35Il y a juste qu'à l'évidence,
18:37elle n'aura pas ce qu'aurait probablement Trump en cas d'élection,
18:41c'est les pleins pouvoirs, et comme elle sera limitée,
18:43les choses sont beaucoup plus à la fois une opposition
18:46mais aussi une recherche de consensus aux Etats-Unis.
18:48Ce qui finalement peut les amener presque dans plus d'isolationnisme
18:52au niveau géopolitique, et donc revenir à la politique d'Obama,
18:55mais donc être un peu moins permissif aussi,
18:58rester fort mais isolationniste,
19:00mais je ne vois pas en quoi ça sera juste une forme différente de cette évolution.
19:05Harris ralentit l'histoire, Trump l'accélère.
19:09Oui, et la simplifie en fait.
19:11Je pense qu'il devrait la simplifier beaucoup pour justement les revendications,
19:16parce que le projet de Trump ne vient pas contrevenir
19:21à la rivalité qu'il y a entre l'Occident, l'ancien Occident,
19:26on le définit comme on veut,
19:28et les projets du nouvel axe, qui est hétérogène,
19:32mais qui retrouve quand même quelque chose d'important en disant
19:35l'économie telle que vous l'avez toujours ordonnée depuis 150 ans,
19:38on n'en veut plus.
19:39C'est à peu près ça qu'ils disent.
19:41On peut prendre l'exemple juste des voitures.
19:43Tesla a surpris tout le monde en disant
19:45je vais vendre des voitures, vous allez voir, personne ne croyait.
19:48Il a vendu des voitures alors qu'il n'avait jamais fait un constructeur de voitures liquide avant.
19:52Ça a été une surprise.
19:54Je me souviens très bien au début, c'est aberrant, c'est projection, etc.
19:58Et quand les constructeurs chinois arrivent,
20:02et que tout d'un coup les parts de marché de voitures chinoises sont significatives,
20:06c'est quoi ? C'est bien cette évolution.
20:08C'est-à-dire qu'on leur a demandé d'être notre industrie, notre atelier,
20:12et puis ils se sont construits petit à petit.
20:14Et aujourd'hui, ils ont fait Tesla mais en beaucoup plus grand.
20:17C'est ça l'enjeu.
20:19Ils sont en train, eux, de faire ça dans un monde qui se referme.
20:22Le passage du global au local.
20:24Sans développer là-dessus, si on revient juste aux élections,
20:27il y a quelques mois, on ne voyait pas la différence en termes de marché d'action entre Harris et Trump.
20:33Moi, je n'en voyais pas beaucoup.
20:34Et je crois qu'on n'en voit toujours pas.
20:36Donc on est un peu en train de dire que, quel que soit le candidat,
20:39la bourse, elle va faire son chemin de son côté.
20:43Je rejoins tout à fait, en revanche, les propos sur les taux.
20:46Mais là, je le remettrais toujours dans la notion de cycle.
20:49De toute façon, pour moi, les taux, ils sont quasiment terminés à la phase de normalisation,
20:54qui justifiait, je pense, qu'on pouvait détenir des obligations.
20:57Je crois qu'on va bientôt rentrer dans une nouvelle phase de hausse de taux long.
21:00Donc, requitter les obligations, ça pourrait être intéressant.
21:04Dans l'histoire des cycles, le deuxième pic d'inflation, il est supérieur, inférieur au précédent ?
21:10Ça n'a rien à voir ? On ne sait pas ? On ne sait pas. D'accord.
21:13On ne sait pas.
21:14L'ampleur du deuxième pic est à voir.
21:16Oui, oui, tout à fait. Absolument, tout est possible.
21:19De la même manière que le retour qu'on avait depuis la séquence à 10%
21:23devait être environ entre 2 et 3%, c'est à peu près ce qui s'est passé.
21:27L'inflation est à peu près là.
21:29Le deuxième tour peut être à 8 comme il peut être à 15.
21:32Je ne peux pas… Je n'ai pas beaucoup d'éléments.
21:35Il reste du suspense.
21:37Non, mais cette analyse ne donne pas cette information.
21:40J'entends.
21:41Elle donne la séquence et le rythme, mais elle ne donne pas les niveaux.
21:44Bon, Trump inflationniste.
21:46Le monde un peu plus inflationniste, de toute façon, je crois que c'est une idée un peu répandue sur les marchés.
21:51Pierre, vous partagez depuis un moment.
21:53Justement, on a une classe d'actifs qu'on a oublié de citer, c'est les crypto-actifs.
22:00Oui, j'y ai pensé en voyant Julien.
22:03Et effectivement, si c'est Trump, alors là, on peut avoir vraiment un boule marquette sur les crypto-actifs.
22:09Et ça…
22:11Quel rationnel ? C'est quoi le rationnel ?
22:13Le rationnel, c'est… Alors, moi, je vois ça.
22:15Je ne suis pas du tout expert, mais moi, je vois ça quand même comme le meilleur actif anti-inflation.
22:20En tout cas, c'est comme ça que j'ai l'impression que les crypto-actifs réagissent.
22:25Dès qu'il y a une inflation forte et une non-volonté de lutter contre l'inflation,
22:30on voit qu'il y a un pic de fièvre qui s'empare des crypto-actifs.
22:35Après, si on se dit que les crypto-actifs, c'est un outil qui peut être dévié de son…
22:44Oui, de sa raison d'être originelle. Oui, oui, j'entends.
22:47Mais si on dit que c'est quand même un outil qui est très pro-démocratie,
22:52c'est sûr qu'on peut avoir un vrai engouement avec une simplification des enjeux géopolitiques.
23:00Donc, ça, c'est à voir. Je ne suis vraiment pas expert,
23:04mais intuitivement, je dirais que c'est quand même un trade assez clair si Trump est…
23:08Mais c'est plus un trade de couverture, parce que je vois beaucoup dans l'univers crypto,
23:12Trump est devenu pro-crypto, il détestait, il adore tous les bitcoiners ou les crypto-believers.
23:18Voilà, certains mettent en avant des donations qui peuvent être faites, etc.
23:23Vous voyez quand même le compartiment crypto-actif plutôt comme un edge anti-Trump, quoi.
23:28C'est un edge inflation et un edge pro-démocratie.
23:33D'accord. Ce n'est pas un vrai pro-Trump trade, quoi.
23:36Non, non, non, c'est plus, justement, c'est que quand on a un gouvernement laxiste,
23:41j'ai l'impression, encore je peux me tromper, mais j'ai l'impression que les crypto-actifs,
23:46et notamment bitcoin, c'est un vrai actif à un excès d'inflation, un excès d'inflation anticipé.
23:53Il faut mettre l'or traditionnel dans le même lot, parce que là aussi, c'est un actif quand même,
23:59quand on fera le bilan de cette année, c'est sûr que ce sera difficile de ne pas commencer par l'or
24:05et l'envolée de l'or cette année.
24:07Voilà, on va dire que les actifs de diversification anti-inflation peuvent être plus lisibles
24:13que les actifs traditionnels.
24:15Or, en tout cas, les actions, c'est vrai que j'ai du mal à voir quelle peut être l'influence
24:20de l'élection américaine sur les actions traditionnelles.
24:25Là, sur les actifs de diversification, ça peut être beaucoup, beaucoup plus clair.
24:30Vincent, vos commentaires sur ces sujets, et puis moi, je veux bien qu'on réfléchisse,
24:35vous me disiez comment vous réfléchissez à la réponse du reste du monde,
24:39que ce soit Trump ou Harris, mais voilà, le cas de l'Europe reste un cas problématique,
24:44j'ai l'impression, pour des investisseurs globaux aujourd'hui,
24:47qui ont du mal à trouver des arguments pour, ou y revenir, ou continuer d'en mettre.
24:54Pour les cryptos, moi, mon impression, c'est qu'on a quand même un lien assez fort
24:59avec les politiques monétaires.
25:00Les politiques monétaires de la Fed, donc avant la Covid, ça se retendait,
25:04les cryptos souffraient.
25:07Covid, on a baissé violemment les taux, les cryptos se sont réemballés.
25:12On a eu l'hyperinflation, il a fallu remonter violemment les taux,
25:17et ça a été très mauvais pour les cryptos.
25:19Et là, de nouveau, quand on a l'espoir, ou même le fait d'acter,
25:23de nouveau des baisses de taux, j'ai l'impression que c'est beaucoup plus
25:27le comportement de la banque centrale que forcément l'inflation.
25:32L'or, je pense que c'est un actif assez logique en termes de détention.
25:38Le seul problème, c'est qu'il a déjà fait un parcours qui est très impressionnant
25:42à titre personnel pour nos clients.
25:45Moi, je suis plutôt à vouloir prendre des bénéfices dessus
25:48que de continuer d'en rajouter.
25:50D'accord. Après 30% de hausse et 2800 dollars atteints sur l'once d'or,
25:53vous dites on ne va pas refaire, on ne va pas répliquer la même séquence tout de suite.
25:57Ou alors c'est qu'il y a vraiment des problèmes géopolitiques
26:00que je n'imagine pas, qui seraient d'une ampleur que je n'imagine pas à ce stade.
26:05Pour ce qui est de la deuxième...
26:07L'Europe, la réponse de l'Europe ?
26:09Je crois que sur la partie militaire, malheureusement, on est complètement coincé.
26:12C'est-à-dire qu'on est complètement dépendant des Etats-Unis.
26:14Donc soit on arrive à trouver un accord budgétaire et commercial,
26:18si c'est Trump qui est aux manettes.
26:22Donc en clair, ça sera du donnant-donnant.
26:25Je pense que si c'est Harris, ça sera plus facile de prolonger
26:28les soutiens militaires qui nous sont accordés.
26:32Si ça bloque complètement, je pense que Draghi va faire son effet,
26:37mais par l'enveloppe militaire et non pas l'enveloppe industrielle
26:41qu'on aurait pu espérer avoir.
26:43Je pense que ça se fera à l'échelle européenne.
26:46Je crois que les Allemands qui ont plus qu'une marge de manœuvre
26:49pourraient se laisser tenter par enfin ouvrir un peu le portefeuille
26:55et de le faire à l'échelle européenne et non pas nationale.
26:57Puisque là, pour le coup, c'est une protection à l'échelle européenne
27:00qui sera indispensable.
27:01Mais pour la dimension défense qui est peut-être le socle de toute souveraineté,
27:06vous dites qu'il y a quand même l'idée que cette élection va accélérer.
27:09Alors une prise de conscience qui s'est déjà faite, je crois.
27:13Enfin je veux dire, l'OTAN, les 2%, Trump nous en a déjà beaucoup parlé.
27:17De ce point de vue-là, le message a été quand même clair dès le départ.
27:20Mais là, ça peut être un nouvel événement qui accélère encore
27:25quelque chose de commun en matière de défense en Europe.
27:28Ce qui me frappe, je comprends bien le côté donnant-donnant avec les Etats-Unis,
27:31mais on continue d'acheter américain.
27:33On devrait logiquement constituer déjà une industrie militaire européenne
27:38et avoir des budgets qui soient systématiquement alloués
27:41en partie attribués à des entreprises européennes.
27:43À ces entreprises.
27:44Donc pour moi, on n'a pas encore atteint ce stade.
27:46Ce système-là n'existe pas encore.
27:47Je pense qu'il y a une forme de prise de conscience, de dépendance,
27:50mais pas encore celle de l'autonomie, de souveraineté.
27:54Donc je pense qu'on n'en est pas encore là, malheureusement.
27:56Donc à la limite, je rejoins Julien sur le fait que ça peut être un accélérateur d'histoire
28:02et qu'effectivement, on aille plus loin dans ce sens.
28:05Sans parler de scénarios aussi agressifs, je pense que de toute façon,
28:11quel que soit le candidat, on voit bien que les Etats-Unis, c'est America first,
28:16quel que soit celui des deux candidats qui l'emportent,
28:19qu'ils sont en train de se réindustrialiser, de se refermer sur eux-mêmes.
28:23Ce qui veut dire qu'on n'a pas le choix.
28:25On va être obligé, aidant, de trouver des nouveaux clients si les Etats-Unis se referment.
28:31On voit que la Chine, la consommation n'est pas forte, que l'industrie pour le moment peine.
28:36Donc de toute façon, là aussi, on a un très gros client qui est en souffrance.
28:40Donc de toute façon, soit on réalloue nos capacités vers le reste du monde.
28:45Donc là, vous regardez la démographie, c'est l'Asie et c'est l'Afrique
28:49où il faut essayer de se redéployer.
28:53Soit vous faites comme les deux autres, c'est-à-dire que vous vous refermez sur vous-même
28:58et vous dites qu'on va reconstituer un certain nombre de forces industrielles.
29:03On va essayer de faire autre chose que des voitures,
29:06parce que de toute façon, il y en a déjà beaucoup qui sont produites dans le monde.
29:09Donc essayez de retrouver une nouvelle industrie.
29:11Le militaire peut en faire partie encore.
29:14Et donc la souveraineté devient synonyme de fermeture.
29:18Et vous faites la même chose pour la partie pharmaceutique.
29:21Tous les enjeux stratégiques, vous les reconsolidez sur la zone.
29:27Dans la réponse du reste du monde, sur la réponse de l'Europe,
29:31qu'est-ce qui va être intéressant à observer ?
29:33La réponse chinoise aussi.
29:35C'est-à-dire que Trump veut des tarifs pour tout le monde.
29:38Il en veut quand même beaucoup plus pour les Chinois que pour les Européens.
29:42Si la Chine a de moins en moins accès au marché américain,
29:46elle va naturellement pousser toujours plus fort, j'imagine, vers le marché européen.
29:50En tout cas, ça fait partie des marchés cibles qu'elle ne va pas lâcher comme ça.
29:54En tout cas, sur la vision de la politique de Trump vis-à-vis de l'Europe,
29:58les discours, j'ai quand même l'impression que c'est vraiment destiné à son accord intérieur.
30:04Sur la Chine, il n'y a pas vraiment de changement par rapport à 2016-2020.
30:10Le but, c'était de consolider l'hégémonie des États-Unis sur le monde.
30:16Il n'y a pas de raison que ça change.
30:18Mais en même temps, on ne peut pas dire que Biden ait fait vraiment bouger les lignes.
30:21Donc là, j'ai quand même l'impression que c'est une politique qui est finalement dans la continuité.
30:27Que ce soit Harris ou que ce soit Trump,
30:30l'idée, c'est véritablement de maintenir cet avantage concurrentiel technologique énorme
30:39des États-Unis vis-à-vis de la Chine.
30:42Sur l'Europe, oui, j'entendais ce matin à la radio que la grande nouveauté,
30:49c'est qu'on a un commissaire à la Défense au sein de la Commission européenne.
30:54En tout cas, c'est ça la réponse de l'Europe.
30:57C'est un peu faible, c'est vraiment même très faiblard.
31:00On n'a pas avancé d'un iota.
31:03Ce qui aurait dû être un accélérateur bien plus que Trump, ça aurait dû être la guerre en Ukraine,
31:07qui aurait dû être un accélérateur de la défense commune européenne.
31:10On aurait dû avoir des conglomérats, des partenariats qui se nouent.
31:15Mais c'est vrai que depuis Airbus, j'ai l'impression qu'il ne s'est pas passé grand-chose.
31:20Donc pour l'instant, on a un nain politique européen.
31:25Et en fait, le nain politique peut difficilement rivaliser avec son grand ami américain.
31:33Les hyperpuissances qui nous entourent.
31:35On pourrait être très puissant, mais en fait, il n'y a pas de volonté politique d'être très puissant.
31:41La banque centrale européenne, elle peut apporter quelque chose dans cette affaire ?
31:45Au final, quand on parle de nain politique, de paralysie politique,
31:48tous les regards se tournent toujours sur la même institution qu'est la BCE.
31:52Mais ce n'est pas dans son mandat.
31:54Elle peut trouver dans son mandat des arguments ici et là pour accommoder les situations.
31:59C'est comme ça que ça se joue aussi.
32:01À partir du moment où on a un moteur franco-allemand qui est complètement cassé,
32:04on voit bien de toute façon que là, on parle quand même de la politique intérieure allemande
32:10sur la fameuse règle d'or et à ce qu'ils peuvent dépenser.
32:12Ils ne vont pas dépenser parce qu'ils ne veulent pas.
32:14Parce qu'ils ont la règle d'or.
32:16Donc on a un moteur complètement cassé.
32:18On a une France qui est absolument ingouvernable,
32:20même si on ne pense pas du tout que le gouvernement va tomber.
32:24Ce serait quand même une grosse surprise,
32:26vu qu'on ne peut pas dissoudre l'Assemblée nationale d'ici quelques mois.
32:30Donc on a quand même un moteur complètement essoufflé.
32:34Là, à court terme, on a du mal à voir quelle peut être la réponse politique.
32:39Et heureusement, les risques politiques n'influencent que très provisoirement les marchés financiers.
32:46C'est d'ailleurs pour ça qu'on ne gère pas la réponse de l'Europe.
32:50Les investisseurs, dans les cas où les arguments favorables à mettre au crédit de l'Europe,
32:56il y avait l'idée de stabilité politique.
32:59C'était un peu le revers de la médiocrité aussi.
33:02Là, j'ai l'impression qu'on est dans quelque chose qui est de la paralysie.
33:06Ce n'est plus de la stabilité.
33:07Ça devient quand même contre-productif pour l'Europe.
33:10La Chine essaye de bouger.
33:12En tout cas, il y a des initiatives qui sont prises.
33:14Les États-Unis bougeront dans un sens ou dans l'autre à l'occasion de l'élection.
33:19En Europe, c'est plutôt le sentiment de paralysie qui l'emporte, j'ai l'impression, Julien.
33:24Pour l'investisseur, ce n'est pas très attirant.
33:28Pour les choix politiques, les zones économiques qui ont été meurtries par des guerres,
33:35le Japon et l'Europe, économiquement, socialement, ont beaucoup moins de fibres belligérantes,
33:42ce qui se retrouve dans leur organisation interne.
33:46Je ne parle même pas de ce qui a été décidé en 1945 pour l'Allemagne et le Japon,
33:49mais ça se retrouve dans leur culture.
33:52Dans le mouvement qui est en train de se passer, toujours sur cette partie politique,
33:56je reviens sur mon point sur le déplacement vers la droite et la progression du populisme d'extrême droite.
34:04À partir du moment où il peut être majoritaire en Europe dans quelques années,
34:08toute la discussion qu'on a en ce moment sur la défense change complètement.
34:12On ne parle plus de la même chose.
34:15Je ne vais pas vous dire que c'est trop tard,
34:17mais on est en train de deviser sur quelque chose qui n'est pas advenu et qui n'adviendra probablement pas.
34:23Si ça n'est pas arrivé jusqu'à présent, il y a peu de chances que ça arrive demain.
34:26Compte tenu de la trajectoire politique qui est prise et qui me semble quand même assez claire,
34:30sans être fataliste, mais il faut sans doute passer par ce type d'état dans le processus historique
34:35pour redécouvrir quelque chose, une forme, pas forcément d'idéologie, mais de cadre,
34:39nouveau cadre de développement, parce que l'Europe emporte.
34:42Dans l'exposition que vous faites avant, il y a aussi des éléments qui sont extrêmement fondateurs en Europe.
34:46À positif ? Ah oui, je n'ai pas voulu l'éliminer.
34:49Il y a des éléments qui ne ressortent pas en ce moment.
34:52D'accord, mais qui sont toujours présents.
34:54Mais après, d'un point de vue économique, quand même, les pays principaux de la zone euro
35:00sont des pays qui ont, et c'est ce que Poutine a dit à plusieurs reprises,
35:03qui ont quand même beaucoup plus tourné vers l'assurance de leurs propres concitoyens qu'autre chose.
35:08L'assurance, ça veut dire que c'est un ensemble de choses qui ne sont pas du domaine de la dynamique économique
35:12où on a beau dire qu'on veut que ce soit libéral, etc., c'est doctrinaire, ça s'applique ici ou là,
35:18mais enfin ce n'est quand même pas dans les budgets des Etats.
35:20Les budgets des Etats et la manière de penser des principaux Etats de la zone euro n'est pas celle-là.
35:25Donc évidemment, quand on parle d'anticipation de la croissance et de la valeur,
35:30enfin de l'évolution des bourses, quand on a un rythme particulier aux Etats-Unis,
35:35d'accélération de la croissance puis de recul de la croissance,
35:38l'Europe c'est la même chose sauf qu'il faut zoomer pour le voir.
35:41C'est la même chose mais il faut le zoomer.
35:43Pourquoi ? Parce qu'on est beaucoup plus orienté vers la protection et l'assurance finalement.
35:49Plusieurs personnes ont dit que l'assurance est vraiment devenue centrale en Europe.
35:53C'est ce que veut casser Draghi dans le rapport Draghi.
35:55Le mot « prise de risque » est à toutes les pages du rapport,
35:59au-delà des montants qu'il n'a jamais affichés d'ailleurs je crois.
36:02C'est d'abord un changement de logiciel, il le dit lui-même, c'est la prise de risque.
36:07C'est tout à fait ça et ça implique plus qu'une pédagogie,
36:11ça implique quelque chose qui est du domaine de la pédagogie,
36:16qui éventuellement est du domaine de la tragédie.
36:18Ça revient à dire, quand on est au pied du milieu, en Europe on avance,
36:21je suis tenté de dire qu'une tragédie peut faire prendre conscience
36:24que la prochaine direction doit plutôt être celle-là.
36:27Mais à ce stade ça implique qu'il n'y a pas de raison que la décote de valorisation
36:30des actions européennes par rapport aux Etats-Unis se résorbe un temps soit peu.
36:36Alors, je ne suis pas dans la politique fiction,
36:39mais si on parle de court terme, je vais quand même être un petit peu attendu au résultat.
36:46D'accord, c'est-à-dire qu'il y a quand même des écarts qui méritent d'être un peu...
36:50Non, c'est-à-dire que j'ai été surpris, je pense comme nous tous,
36:56quand j'ai vu le mouvement vers le Capitole, ça devait être le 6 janvier.
37:00Ah oui, le 6 janvier, il dit 17.
37:02Là maintenant j'ai intégré ça.
37:04Donc quand on dit que la prime des actions américaines va rester,
37:08on ne sait pas comment ça peut évoluer aux Etats-Unis dans les jours qui vont suivre.
37:13Et j'irai même les semaines et les mois.
37:15Je ne dis pas qu'ils sont au bord de la guerre civile,
37:17mais si ce terme est employé dans un mois,
37:19je vais essayer d'être un peu moins surpris que quand des gens ont marché sur le Capitole.
37:22Donc l'exceptionnalisme américain ne peut pas non plus tout absorber et tout supporter.
37:26Les Anglais sont passés par une déchirure profonde avec le Brexit.
37:30Ils ont un peu mis ça derrière eux, ils arrivent à se reparler à l'intérieur des familles.
37:33Les Américains sont en train de vivre ça en ce moment.
37:36C'est un pays où on a le droit de porter une arme.
37:39C'était très différent d'autres pays.
37:41Et ils peuvent le vivre à leur manière.
37:43Je ne préjuge de rien, mais je vais être très prudent à court terme sur ce côté prime sur les actions américaines.
37:52Du coup, l'Europe peut en profiter quand même dans un moment un peu de stress américain ?
37:59On repartirait sur le cycle économique qui pour moi est dominé par sa logique propre, par sa dynamique propre.
38:06On est en train de terminer le pain au volant, on en a pour quelques trimestres,
38:12mais on est quand même au bout du sujet de la croissance économique.
38:15C'est-à-dire que la seule vraie tendance forte sur les actions, ça reste aux Etats-Unis ?
38:19Passons juste le cap de l'élection, mais oui.
38:23C'est toujours là-bas que ça se joue.
38:27La Chine aussi, ça m'intéresse là-dedans.
38:31Il y a cette séquence chinoise ouverte depuis le 24 septembre.
38:35On a une réunion du comité permanent pour cette semaine de l'Assemblée Nationale Populaire,
38:40dont on dit qu'il pourrait là aussi apporter sa pierre à l'édifice,
38:45en cadrant un peu les choses, en quantifiant peut-être des plans de soutien et des mesures de soutien ici et là.
38:53À quoi joue la Chine aujourd'hui dans le contexte politique qu'on connaît ?
38:57Et qu'est-ce que ça veut dire pour l'investisseur global aujourd'hui, Vincent ?
39:02Stabilisation en urgence de l'immobilier, parce que c'est les retraites des uns et des autres.
39:08Il faut que les jeunes retrouvent de l'emploi.
39:12Il faut que l'industrie se réactive et l'immobilier fait partie des secteurs qui sont créateurs d'emplois.
39:20Donc je pense que l'immobilier, c'est la première des priorités.
39:24Ma conviction, c'est qu'ils veulent toujours monter en gamme.
39:28Donc le côté concurrentiel, je pense qu'il va continuer de s'affirmer.
39:33Et on va le sentir, nous, toujours plus en Europe.
39:36Bien sûr. Qu'ils veulent avoir une consommation des ménages qui s'installe enfin.
39:42Ça, ça dépend de la confiance. Donc là aussi, ça dépend de l'emploi et de l'immobilier.
39:47Donc c'est pour ça que je pense que ces deux aspects sont très importants.
39:51Je crois que le message est assez clair jusqu'à présent.
39:54Pour le moment, c'est la partie monétaire qui est activée pour stopper les dégâts sur la partie immobilier.
40:01On redresse les comptes des banques. On les refinance. On consolide les comptes.
40:06Et derrière, pour moi, c'est l'étape suivante qu'on aura l'année prochaine, des soutiens budgétaires.
40:12Sans dire le carnet ouvert. Mais enfin, ça va être quelque chose qui va y ressembler.
40:17C'est-à-dire qu'il faut impérativement que la croissance soit là.
40:21Il faut redonner de la confiance aux ménages pour qu'il n'y ait pas d'instabilité sociale dans le pays.
40:27Et surtout, si les Américains continuent de se dresser face à la Chine et se referment face à la Chine,
40:34que l'Europe commence à en faire un petit peu autant.
40:37Donc les deux zones solvables en termes de clientèle, ça commence à poser problème.
40:43Donc je pense que la Chine n'a pas trop le choix. Elle est obligée de sortir le chéquier.
40:47Donc mon pressentiment, c'est que même si c'est Trump qui est élu, paradoxalement,
40:53on aura un soutien important de la part de la Chine pour son économie.
40:57Et que ça sera un outil de décorrelation d'investir sur les actions chinoises.
41:01Ça sera un outil de décorrelation utile l'année prochaine.
41:04Ça redevient quelque chose d'investissable et pas juste avec une vue de quelques jours ou quelques semaines.
41:09La grande différence avec les fois précédentes, c'est qu'auparavant, vous pouviez le jouer par toutes les zones extérieures
41:15en vous disant je suis implicitement investi.
41:19Branché sur la zone chinoise.
41:21Là, il faut investir directement sur le pays.
41:23Donc vous n'avez pas le choix, c'est le CSI ou ce genre d'indice sur lequel vous devez aller.
41:27Pierre, sur la Chine, il y a ceux qui voient derrière cette série d'annonces et d'autres à suivre peut-être
41:34l'idée que Pékin pilote un moment important de la trajectoire de l'économie chinoise.
41:39Et puis il y a ceux qui restent focalisés sur les problèmes structurels en disant
41:43ils auront 5% de croissance mais ça ne changera rien à la trajectoire des 5, 10, 15, 20 prochaines années.
41:49Je vais être dans la team 2 je crois.
41:53Parce qu'on a quand même un vrai problème démographique à long terme.
41:58Et une autarcie, moi je n'aime pas trop.
42:03Donc sur les émergents, on reste sur nos fondamentaux.
42:07C'est-à-dire qu'on aime la dette émergente en devise dure, très diversifiée.
42:12Pour moi, le mouvement annoncé le 24 septembre, paradoxalement, ça amène de l'eau à mon moulin.
42:20Je pense que c'est un marché ininvestissable.
42:23On ne peut absolument pas être tributaire d'annonces politiques qui tombent ex nihilo.
42:28Ce ne sont pas des marchés libres, qui ne fonctionnent pas normalement.
42:32Pour moi, c'est vraiment un marché qui ne fonctionne pas.
42:35Vous n'avez pas envie d'être aligné avec le gouvernement chinois, ne serait-ce que pour quelques mois ?
42:41Pas du tout, je pense qu'il y a bien mieux à faire.
42:46En fait, tout est une question d'allocation d'actifs.
42:49Est-ce qu'on a besoin de faire un truc très compliqué quand on a un truc très simple à faire ?
42:53Véritablement, je ne vois pas du tout pourquoi aller miser sur de la volatilité politique.
43:01Si les marchés chinois reprennent encore 30, 40, 50 %, on sait que le discours va changer,
43:08on sait que les yeux vont changer, on sait que les flux de capitaux vont bouger aussi en fonction de ça.
43:14Oui, on en profitera largement. J'imagine mal le marché chinois faire plus 50 et tout le reste faire moins 20.
43:20En fait, je n'ai absolument rien du tout contre les chinois.
43:25Mais en tout cas, des marchés comme ça, qui n'évoluent pas librement...
43:29S'il n'y a pas besoin d'y être, vous êtes très consistant et cohérent dans ce discours.
43:35Simplement que tous les fonds émergents sont très sous-pondérés sur la Chine.
43:40Et que ne serait-ce que de revenir à l'équilibre, il va falloir acheter.
43:44Donc pour moi, la logique de voir le marché chinois continuer de monter, y compris par des fonds étrangers
43:50et non pas juste des investisseurs locaux, je pense qu'on va l'observer.
43:54Et que c'est quelque chose qui peut tenir un peu dans le temps pour 2025.
43:58Ça peut être une histoire de 2025.
44:00Je pense que c'est probablement une des histoires de l'année prochaine.
44:02Est-ce que la Chine est une histoire de 2025 ? A défaut des autres, je ne sais pas.
44:06Dans la fin des séquences de boule market, on a commencé le point basse en octobre 2022.
44:14Je recommande toujours vivement les actions.
44:18Donc on est toujours dans un boule market.
44:20On rentre dans la troisième année du boule market.
44:22Et la troisième année du boule market, il faut rester constructif dans une troisième année.
44:26Non, ce que je veux dire, c'est que je vais avoir une nouvelle petite traversée du désert.
44:29Je le sais, elle arrive, j'ai l'habitude.
44:32Je pense qu'il va falloir quitter les marchés des actions, mais bientôt.
44:35Il y a juste que je ne sais pas si c'est trois trimestres, deux trimestres, je ne sais pas.
44:38Je n'ai pas aujourd'hui des signes.
44:40J'ai eu l'apparition, la formation d'une bulle avec l'intelligence artificielle et Nvidia.
44:43Donc ça c'est bon, c'est réglé, c'est de côté.
44:45Il faut voir si cette hypothèse se valide avec un dégonflement.
44:50Et normalement, vers la maturation d'un boule market,
44:53on va quand même chercher toujours les idées qui ne marchaient jamais avant, etc.
44:56C'est un vieux truc de finance.
44:58Et la Chine, c'est un parfait exemple pour nous.
45:01Donc je pense qu'on peut très bien discourir la Chine.
45:04Je suis déçu par les leaders et qu'on va chercher les losers en espérant poursuivre et continuer à performer.
45:10Je suis d'accord avec Pierre et Vincent.
45:12Je pense que ça ne vaut pas le coup d'investir en Chine.
45:14J'ai les mêmes arguments, donc je pense la même chose.
45:17Et je pense en même temps que si je suis opportuniste à court terme, il peut encore se passer des choses.
45:21Mais ce qui s'est passé en Chine traduit plutôt le fait que les financiers s'intéressent aujourd'hui
45:27à des choses dont ils n'ont pas parlé pendant trois ans,
45:29qui sont ailleurs et que c'est plutôt symptomatique d'un épuisement.
45:32Du début de l'épuisement du marché des actions.
45:35Mais là vous dites quand même qu'il n'y aura pas une quatrième année du bull market.
45:38Alors je ne sais pas si le top des marchés actions a été formé,
45:42parce que je n'ai malheureusement pas d'indication pour le dire.
45:45Mais la probabilité vient d'arriver à cause de l'IA.
45:49Et je pense que c'est plutôt un top qu'on appelle arrondi.
45:56Je pense qu'il y a encore une séquence qui apparaîtra au Sierre pendant encore quelques mois.
46:00Je dis bien qu'il apparaîtra, parce que si vous prenez Nvidia,
46:02si je me souviens bien, enfin à peu près, le cours grosso modo, sa vitesse n'évolue plus depuis six mois.
46:07La vitesse n'évolue plus.
46:10La vitesse n'est plus là, je comprends.
46:11Pourtant, depuis six mois, on ne parle que de ça.
46:13Et ça c'est vraiment symptomatique.
46:15Donc sur le marché des actions, ça peut être un peu la même chose.
46:17On parle des actions, d'intérêt des actions, mais en fait il n'y a plus de vitesse.
46:20Je pense que c'est le scénario le plus probable.
46:23Maintenant, ce scénario peut être challengé,
46:26à commencer par ce qui va se passer juste après les élections,
46:29en termes de résultats, d'écarts et de réactions de la population américaine.
46:33On remettra tout sur la table s'il le faut, Julien, sans problème.
46:36Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché à la veille
46:41de cette journée d'élections présidentielles aux Etats-Unis.
46:44Julien Lesbenzal, Itoro, Vincent Lequartier, WeSave et Pierre Bismuth.
46:48Myriah Asset Management étaient nos invités.
46:51Le dernier quart d'heure de Smart Bourse.
46:57Chaque lundi, c'est le quart d'heure américain.
46:59Notre rendez-vous hebdomadaire avec notre correspondant américain,
47:02Pierre-Yves Dugas, pour évoquer les sujets politiques et économiques américains.
47:07Bien sûr, autant vous dire qu'on parle de politique depuis longtemps avec Pierre-Yves
47:11qui est avec nous en visioconférence.
47:13On ne va pas se priver d'en parler à nouveau aujourd'hui
47:16alors que l'élection présidentielle américaine se termine demain.
47:19Pierre-Yves, laissons Kamala Harris et Donald Trump d'un côté
47:25pour s'intéresser à la bataille du Sénat qui sera quand même une bataille importante
47:30pour comprendre les marges de manœuvre, notamment de la future administration.
47:35C'est une bataille très importante qui est presque aussi importante
47:41que la bataille présidentielle parce que si Kamala Harris est élue
47:45face à un Sénat qui est républicain avec une forte marge,
47:50elle ne pourra pratiquement rien faire.
47:53Donc même dans le cas du scénario d'élection de Kamala Harris,
47:58compte tenu de la situation du nombre de démocrates qui doivent se représenter,
48:05petit rappel de chiffre, il y a 50 États aux États-Unis,
48:09il y a deux sénateurs par État, le Sénat est renouvelé par tiers tous les deux ans.
48:17Le mandat d'un sénateur est donc de six ans, 34 postes à pourvoir,
48:23seulement 11 correspondent à des sièges occupés par des républicains
48:28et il y a un certain nombre de postes qui sont ouverts.
48:31Donc il va être extrêmement difficile pour les démocrates,
48:34compte tenu de leur très faible majorité de deux voix seulement,
48:38de conserver la majorité dans la chambre haute.
48:43Les républicains espèrent grappiller facilement un siège en Virginie-Occidentale,
48:52facilement un autre siège dans le Montana et comptent bien n'en perdre aucun,
48:58encore que depuis une quinzaine de jours,
49:01on s'aperçoit que le siège républicain du sénateur dans le Nebraska
49:07et même au Texas n'est plus aussi safe qu'on ne pouvait l'anticiper.
49:14Dans ce contexte, si jamais les démocrates parvenaient à conserver,
49:20voire à élargir leur majorité, ça serait une énorme surprise au Sénat,
49:24mais la bascule politique serait considérable.
49:28Ils pourraient d'abord changer cette règle fondamentale
49:33qui correspond au règlement intérieur du Sénat,
49:35qui est la fameuse règle des soixante, soixante sur cent,
49:39le filibuster rule, qui permet en fait à quarante sénateurs
49:46de bloquer un débat et de bloquer la mise au vote d'un projet de loi.
49:54Il est explicitement dans le programme démocrate avancé
50:01que cette règle doit sauter au moins pour un certain nombre de sujets
50:06qui sont jugés prioritaires par les démocrates et par Kamala Harris,
50:10qui a été en tant que vice-présidente du Sénat
50:14et qui a été sénatrice pendant deux ans de Californie,
50:18lever la règle des soixante pour voter une loi fédérale
50:22qui garantit de manière explicite et probablement bien plus détaillée
50:27le droit à l'avortement, peut-être faire rentrer aussi
50:31comme nouveaux États par entière dans l'Union des États-Unis,
50:35Porto Rico et la ville de Washington, le District of Columbia,
50:39ce qui garantirait quatre sièges supplémentaires pour les démocrates
50:44dans un Sénat élargi, et d'autres réformes fondamentales
50:50qui seront très mal vues par les conservateurs,
50:53qui serait de diluer la domination actuelle de la Cour suprême
50:57avec des juges conservateurs en augmentant le nombre de juges
51:01qui siègent à la Cour suprême. Rien que sur ces trois, quatre points,
51:05le système politique américain pourrait basculer durablement.
51:09Donc l'enjeu du Sénat est absolument crucial,
51:13quelle que soit la personne qui sera élue à la Maison-Blanche le 20 janvier.
51:17Intéressant. Effectivement, que faire du Sénat si c'est une victoire démocrate
51:22et avant cela, côté républicain, comment sécuriser,
51:26voire élargir une majorité possible au Sénat.
51:31Du côté des États-clés, Pierre-Yves, on avait déjà eu cette discussion avec vous,
51:36il y a Swing State et Swing State, tous les États-clés ne se valent pas.
51:41Vous nous parlez du Michigan aujourd'hui.
51:44Vous dites un État pivot qui ne devrait pas l'être.
51:46C'est vrai que j'ai regardé un petit peu l'historique de vote à la présidentielle du Michigan.
51:50Je voyais qu'entre l'élection de Clinton en 1992 jusqu'à la réélection d'Obama en 2012,
51:57il ne se dit pas de bêtises, c'est un État qui a toujours voté démocrate à la présidentielle
52:02pendant six élections consécutives et à partir de 2016, ça s'est un peu déréglé.
52:08Ça fait une génération que le Michigan vote pour le candidat démocrate à la présidentielle.
52:19Ça fait 30 ans qu'un républicain n'a pas gagné dans une sénatoriale dans le Michigan.
52:27Sur les 13 membres de la délégation à la Chambre des représentants qui viennent du Michigan,
52:36plus de la moitié sont démocrates.
52:39Le Michigan est un État qui est moins important dans le collège électoral que la Pennsylvanie,
52:46mais c'est un État qui présente deux faiblesses pour les démocrates cette année,
52:52deux faiblesses particulières qui donnent une chance aux républicains de retourner cette tendance,
53:00en employant en anglais le mot « to flip » Michigan.
53:04Première faiblesse, c'est bien entendu le conflit au Proche-Orient
53:09et la politique de Joe Biden et de Kamala Harris à l'égard d'Israël
53:14qui est très très mal vue par la grande communauté arabe
53:20qui est la plus grande dans tous les États-Unis et qui se situe dans le Michigan.
53:27Cela va clairement avoir un impact sur la participation, voire sur le vote.
53:35Beaucoup d'Américains pro-palestiniens habitent dans la région de Détroit
53:41et vont avoir beaucoup de mal à voter pour Kamala Harris.
53:44D'ailleurs, petite anecdote, les publicités,
53:48et Dieu sait si Kamala Harris a beaucoup d'argent pour faire de la publicité à la télévision,
53:53les publicités relatives au conflit au Proche-Orient
53:58qui sont ciblées pour le marché de Détroit et de Dearborn en particulier,
54:02ne sont pas les mêmes que celles qui traitent du même sujet, du Proche-Orient,
54:06et qui sont diffusées en Pennsylvanie.
54:09En Pennsylvanie, où le vote juif est important,
54:12Kamala Harris a un message démocrate traditionnel
54:16de soutien infaillible au droit d'Israël à se défendre.
54:20Quand elle fait de la publicité dans la région de Détroit,
54:23elle parle de l'urgence de protéger les Palestiniens.
54:27Cela traduit la grande nervosité à l'égard de la possibilité d'une désaffection
54:33d'une partie de l'électorat démocrate traditionnel du Michigan
54:37pour Kamala Harris.
54:40L'autre problème, c'est les véhicules électriques.
54:44Vous savez que Kamala Harris et Joe Biden ont fait passer
54:50une réglementation qui oblige d'ici 2032
54:55à ce que les deux tiers des automobiles produits aux États-Unis soient électriques.
55:00Il se trouve que 55% des Américains sont contre ce principe
55:04et de ces 55%, 72% ont l'intention de voter pour Donald Trump.
55:09C'est particulièrement important dans le Michigan
55:12parce que 30% de la population active du Michigan travaille pour la filière automobile.
55:18Ford vient d'annoncer qu'il suspendait la production de leur modèle électrique Ford 150
55:28qui est dans sa version thermique le véhicule depuis très longtemps le plus populaire aux États-Unis.
55:34Dans sa version électrique, Ford avait l'intention d'en vendre énormément
55:38et ils s'aperçoivent que les ventes ne sont pas là.
55:41Kamala Harris a dû faire beaucoup de rétropédalage dans sa campagne dans le Michigan
55:45en expliquant « je n'ai aucunement l'intention de vous dicter quelles voitures vous allez devoir acheter ».
55:51Cet argument ne passe pas bien dans le Michigan
55:54et à la marge, ça peut faire le jeu de Donald Trump.
55:58Il nous reste une minute, Pierre-Yves.
56:01Quand on est entre nous, quel est le « smart call » qu'un vétéran comme vous
56:07de la vie politique américaine peut faire à 36 heures de la fin de l'élection ?
56:12Je n'imagine pas de raz-de-marée démocrate.
56:16Je pense que Kamala Harris peut gagner cette élection
56:21mais elle disposera face à elle d'un Sénat qui sera au moins d'une courte majorité républicaine,
56:28ce qui est probablement le meilleur scénario pour Wall Street.
56:32Mais il est possible qu'une fois de plus les sondeurs se trompent,
56:37estiment mal cette proportion d'Américains qui ne votent jamais
56:42mais qui, tous les quatre ans, sont prêts à aller voter pour Donald Trump.
56:47Dans ce cas-là, le raz-de-marée rouge n'est pas à exclure.
56:51Si il y a un raz-de-marée, c'est forcément rouge ?
56:57De mon point de vue, si il y a un raz-de-marée, il sera rouge.
57:07Je ne prédis pas un raz-de-marée rouge.
57:10Mais si il y a un raz-de-marée, il sera rouge. Je ne peux pas l'imaginer bleu.
57:13Mais la probabilité d'une victoire très large est plus pour Trump.
57:16Si il devait y avoir une victoire de Harris, ce serait plutôt probablement une victoire étriquée, c'est ça Pierre-Yves ?
57:21Je mangerais mon chapeau si je me trompe.
57:25On s'arrête là alors.
57:27Merci beaucoup Pierre-Yves.
57:29On vous retrouvera jeudi aussi à un quart d'heure américain spécial.
57:32On a droit à deux doses de quart d'heure américain cette semaine.
57:35Vous serez avec nous jeudi dans l'émission 17h45.
57:38Et puis bien sûr, pour tous ceux qui vous suivent ou en replay ou en podcast,
57:41en replay, à retrouver sur Bismarck.fr.
57:43Merci beaucoup Pierre-Yves.
57:44Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain,
57:46avec nous en cette semaine d'élections présidentielles aux Etats-Unis.
57:50Voilà pour Smartboard ce soir.
57:52Retour de l'émission demain à 17h en direct sur Bismarck 4 Change.

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