Mardi 5 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Evelyn Herrmann (Économiste Europe, Bank of America Global Research) , Thomas Friedberger (Directeur général adjoint, Tikehau Capital) et Thierry Guille (Président, Raymond James France)
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00:003 invités avec nous chaque soir autour de la table pour décrypter les mouvements de la planète, marcher.
00:14Evelyne Herrmann est à nos côtés, économiste Europe chez Bank of America Global Research.
00:18Bonsoir Evelyne, Thomas Friedberger nous accompagne également, directeur général adjoint de TKO Capital.
00:23Bonsoir Thomas, et Thierry Guille avec nous autour de cette table, le président de Raymond James France.
00:29Bonsoir Thierry, Thierry vous nous avez fait la gentillesse de venir avec les résultats de l'élection américaine,
00:35pour mettre fin au suspens, en tout cas les résultats tels que modélisés par l'analyste politique de la maison Raymond James à Washington.
00:44Vous êtes venu avec les slides qui ont été présentés, qui sont très à jour.
00:53Ce n'est pas des modèles ou des estimations qui datent d'il y a 3 semaines, parce que ça a bougé quand même encore assez vite ces dernières semaines.
01:01Ça a l'air d'hier soir, on a fait un J plus 1 hier soir, il y aura un J plus 1 demain.
01:05D'accord, bon, que peut-on dire du résultat potentiel de cette élection américaine telle que modélisée par votre analyste politique ?
01:12Alors, j'aurais aimé vous donner les résultats, ce n'est pas le cas.
01:14En fait, depuis maintenant plusieurs mois, on tient une espèce de tableau de bord en revenant en fait sur 3 aspects de l'élection américaine.
01:22La présidence et le congrès dans sa globalité, qui comprend le Sénat et la Chambre des représentants.
01:27Du côté du congrès, globalement, aujourd'hui, vous avez donc le Sénat américain, pour mémoire, qui en fait change pour un tiers de ses membres, il y a 100 membres.
01:3934 sièges.
01:4034 sièges à renouveler cette année, un tiers tous les 2 ans, donc ils changent en intégralité tous les 6 ans.
01:44Et sur les 34 sièges, il y a 23 sièges côté démocrate.
01:47Donc les démocrates ont plus à perdre.
01:49Et du côté du Sénat, selon notre analyste basé à Washington, il part du principe que, compte tenu effectivement du découpage électoral des personnalités et des élections de mi-mandat,
01:58qu'on a obtenu, à 75%, c'est assez tranché.
02:01Ça devrait être une victoire pour les républicains.
02:04Là-dessus, je crois qu'il n'y a pas que nous, il y a pas mal de nos confrères qui sont un petit peu sur le même postulat.
02:09Du côté de la Chambre, ça peut paraître effectivement un peu bizarre, mais là aussi, il faut prendre en compte les personnalités locales,
02:15le système de vote, qui est le même que pour la présidence ou pour le Sénat, mais dans le découpage.
02:20Et là, par contre, on est plus sur un schéma.
02:22Aujourd'hui, les républicains sont majoritaires, mais de très peu de sièges, de 2 sièges, je crois, de mémoire.
02:28Et là, on parait plutôt sur une victoire des démocrates.
02:30Donc pour résumer au niveau du Congrès, on part vers une cohabitation.
02:34Après, la question qui se pose, c'est effectivement l'élection du président lui-même.
02:37— Oui. Et donc c'est là où on en vient, au fameux État-clé, au fameux État-pivot. C'est ça, Thierry ?
02:43— Alors sur les 7 États-clés... Donc c'est le deuxième slide que je vous ai apporté.
02:47— Arizona, Géorgie, Michigan, North Carolina, Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin aussi. Alors très bien.
02:56— Oui. Et Wisconsin, absolument. Là, ce que je voulais vous montrer sur ce slide, on n'a pas forcément le résultat.
03:01Encore une fois, on est dans la marge d'erreur. Comme vous voyez, la colonne de droite, elle date du 3 novembre.
03:05Donc elle est toute récente. Ce qui est intéressant, c'est de voir l'évolution depuis fin...
03:09— Donc ça, c'est la compréhension. Première colonne, c'est quand Trump était opposé à Biden. Deuxième colonne, c'est l'entrée en liste
03:15de Kamala Harris avec effectivement les dernières estimations qui datent d'hier ou d'avant-hier. C'est ça ?
03:20— Exact. C'est-à-dire qu'en fait, quand on prend la première ligne, par exemple, AZ, c'est l'Arizona. Trump avait fin juillet
03:25environ presque 5,8% d'avance, presque 600 points de base d'avance. Et on voit très clairement que les tendances...
03:32Tous les États confondus à largement fondus. Il a toutefois toujours, selon encore une fois cette liste, une légère avance.
03:39Mais on voit qu'Harris pointe le bout de son nez, si je peux me permettre. Et c'est là où ça rend la situation difficile.
03:46Pas mal d'analyses considèrent que la Pennsylvanie pourrait être le faiseur de rois ou de reines. On verra.
03:53Il y a 19 sièges à la clé. Ça va donner un peu la tendance. Mais c'est effectivement... Encore une fois, nous, on a...
03:59J'ai beaucoup échangé avec les gens de notre maison meilleure aux États-Unis. Et on essaie un petit peu de prendre le pouls, le sentiment.
04:05Et tout le monde s'accorde à dire « it's too close to call », comme on dit. C'est trop serré pour s'engager aujourd'hui.
04:11Il semblerait que depuis 24 heures, certains derniers instituts ont l'air de dire qu'il y a un petit peu une remontée de Kamala Harris.
04:19À voir. On verra demain. Le sujet, après... — On a vu un sondage dans l'Iowa. C'est ça qui a pu faire bouger peut-être le marché hier.
04:26Sondage qui est paru ce week-end, qui visiblement a conduit les investisseurs ou les spéculateurs peut-être même d'ailleurs à ce niveau-là
04:32à abattre un petit peu du trade Trump qui prévalait depuis 2 semaines. On a vu le dollar baisser un peu hier, par exemple.
04:38— Oui. Et puis le trade Trump, il est largement joué depuis des semaines et des semaines. Il y a à la fois du prix de profit, la volonté de jouer autre chose.
04:45La vraie question qui va se peser pour nous tous, c'est quand pourra-t-on espérer avoir un résultat définitif. Ça, ça sera peut-être...
04:52— C'est une question difficile, ça, Thierry ? Vous pensez ? — Difficile...
04:56C'est pas évident que demain, à 5 h ou 6 h du matin, on ait suffisamment d'éléments pour que... Alors historiquement, c'est l'agence AP, Associated Press,
05:04qui appelle, qui donne le résultat et qui est ensuite repris par l'ensemble des networks américains. C'est pas évident qu'on ait ce moment-là demain au petit matin, quoi.
05:15— C'est pas évident. Je veux dire deux rapides exemples. Je vais essayer d'être assez rapide. En 2020, lorsque George Bush gagne contre Al Gore,
05:23il a fallu pratiquement 2 mois. — Oui. Floride. — Voilà. Et c'était un État qui a fait la différence sur un écart d'un peu plus de 500 voix.
05:30— Et le SNP avait perdu quoi ? Plus de 10%, peut-être, dans cette... — 8%. — 8% dans l'intervalle. — L'autre exemple, c'est l'exemple de Trump en 2020 contre Biden.
05:39Là, c'était plus court. Dès le 8 novembre, enfin moins d'un mois après, ça a été validé par l'Associated Press. Mais dès 3 jours après, on savait que c'était plutôt lui.
05:49Après, on connaît tous les problèmes qu'a soulevés Trump. C'était plus rapide. Mais voilà. Ça peut être une question de jours, de quelques semaines.
05:57On pense pas que ça prendra 2 mois. — Un truc qui me frappe, Thierry, mais je ferai tourner la parole là-dessus, c'est que l'économie n'est plus un fact...
06:07Ou la santé d'une économie ne semble plus être en tout cas dans cette élection américaine un facteur déterminant ou un avantage en tout cas pour une candidate,
06:16en l'occurrence qui s'inscrit quand même dans la continuité de l'administration Biden, qui avait cette fameuse idée propagée, amplifiée par Clinton, « It's the economy, stupid ».
06:27À la fin de la journée, visiblement, c'est pas ce qui va faire le vote des électeurs américains, parce que tous les économistes décrivent quand même...
06:35On peut en débattre, discuter, nuancer, mais tous les économistes quand même décrivent une situation économique américaine qui reste impressionnante
06:43par rapport au reste du monde et par rapport à ce qu'on aurait pu imaginer à l'issue de la crise pandémique, etc., etc.
06:50— Les Américains ont un terme, qu'on m'avait appris il y a pas mal d'années, on appelle ça le « perception change », c'est-à-dire que vous avez vraiment donné
06:55la perception des choses et la réalité. Et vous avez un candidat républicain, Trump, qui vous martèle que tout va mal depuis des mois et des mois, quand c'est pas plus longtemps.
07:03Cette idée, elle fait son chemin dans une partie de son corps électoral, qui n'a pas fait, j'ai envie de dire, son « due deal », c'est-à-dire qu'en fait,
07:09quand vous interrogez n'importe quel moteur de recherche – moi, je l'ai fait à titre personnel –, j'ai dit... J'ai voulu comparer le sang d'arène pour 500,
07:15j'ai voulu comparer l'évolution du PIB, j'ai voulu comparer les déficits publics. Rien, je dis bien rien, ne laisse penser aujourd'hui que la mandature de Biden
07:23ait été plus mauvaise que celle de Trump. Mais dans la perception des gens... Et ça, c'est l'impact de l'inflation. Je dirais que pour beaucoup de gens,
07:30une récession, encore, c'est un autre cas de figure. On va peut-être pas le développer ici. Mais l'inflation, ça touche tout le monde.
07:36Et en fait, la personne qui va faire le plein d'essence, les gens qui vont faire leurs courses, ça...
07:39– Ça touche tout le monde. C'est-à-dire que ça touche même encore plus des catégories de population, les moins favorisées et les plus défavorisées.
07:46– C'est clair. Et je pense que c'est là-dessus, en fait, que Trump met l'accent. Et c'est ce qui pèse un petit peu, ou redonne ce sentiment qu'avec Biden,
07:53c'était moins bien. – Toujours frappé, de voir dans les sondages, l'opinion, alors les enquêtes de confiance auprès des ménages, etc.
07:58On a la polarisation des enquêtes avec les Républicains et les Démocrates du panel. Les Républicains, enfin ceux qui sont interrogés,
08:06les ménages dits Républicains, estiment que l'économie américaine est au fond du gouffre aujourd'hui.
08:12Jamais il n'y a eu pire situation économique aux États-Unis. – Taux de chômage 4,1, PIB 2,8, hausse des salaires 4%, voilà.
08:20Je veux dire, on pourrait te donner une lignée de chiffres. – Qu'est-ce qui compte sur le plan macroéconomique ?
08:25Ou en tout cas sur les marges de manœuvre économique de la future administration américaine dans cette élection, pour vous aujourd'hui, Evelyne ?
08:33– D'un point de vue américain ou d'un point de vue européen ? – Peut-être d'un point de vue américain, mais évidemment,
08:38vous êtes spécialiste de l'économie européenne et au-delà des États-Unis, moi ce qui m'intéresse beaucoup,
08:43c'est la réponse du monde et la réaction des autres zones économiques.
08:46– Alors pour les États-Unis, je pense qu'on est tous d'accord, l'économie est dans un très bon état et a priori,
08:52là où nos collègues diront qu'il faut faire beaucoup attention, c'est effectivement la future politique budgétaire.
08:58À quel point ça peut être, dans les scénarios suits, c'est peut-être le plus extrême,
09:03en ce qui implique aussi la trajectoire des déficits budgétaires et compagnie,
09:08et donc du coup, le soutien qu'on peut y avoir sur une certaine partie de l'économie,
09:13mais on préconise quand même des conclusions apparemment trop simples,
09:18donc du coup, les politiques de migration peuvent peser sur la croissance,
09:21puisque c'est un phénomène d'offres, mais aussi de demandes, effectivement.
09:25La politique de guerre commerciale, ça peut également peser sur l'économie dans l'agrégat,
09:30parce que c'est un choc d'incertitude qui pèse beaucoup sur l'investissement.
09:35Et c'est peut-être là, du coup, la transition en Europe.
09:39Pour l'Europe, il y a cette composition de potentielles tensions commerciales avec les U.S.,
09:46soit avec les U.S. directement, soit entre les U.S. et la Chine.
09:50On a eu l'expérience de 2018-2019 de ce que ça fait avec le niveau d'incertitude dans l'économie.
09:56On a fait l'expérience à quel point ça peut peser sur les investissements,
10:01même sans avoir des tarifs supplémentaires vis-à-vis des exportations européennes eux-mêmes.
10:08Donc du coup, ça, c'est la composante que nous, d'un point de vue Europe, on regarde de plus près,
10:13notamment dans la perspective que l'économie européenne ne va pas très bien pour commencer.
10:19On n'a pas du tout le même point de départ que les États-Unis.
10:23On a une insuffisance de demande interne. On a une insuffisance de demande externe.
10:28Nos marchés d'exportation, et notamment la Chine, restent assez affaiblis.
10:32Donc du coup, si on rajoute un choc d'incertitude, voire même un choc de tarifs supplémentaires,
10:39ça peut significativement peser sur cette reprise sur laquelle, je pense, tout le monde compte pour l'année prochaine et pour 2026.
10:47Ça peut changer le scénario de cette reprise européenne, le faire basculer, alors,
10:52j'allais dire, au mieux, vers une année de stagnation supplémentaire, voire quelque chose de plus récessif encore ?
11:00Ça dépend un peu des économies desquelles on regarde.
11:03Du coup, la zone euro, dans son agrégat, elle est quand même en train de croître un tout petit peu.
11:08Nous, on a un taux de croissance de 0,7 pour cette année dans la prévision.
11:11Merci la périphérie.
11:12Oui.
11:13Non mais...
11:14Voilà. Ce n'est pas l'Allemagne qui a un taux de croissance de 0 depuis 2019.
11:18Donc du coup, on est d'accord que ça ne vient pas de là.
11:23La France y contribue quand même un peu, même si en France, on a la même tendance à toujours dire que l'économie va mal,
11:28quand elle ne va pas si mal que ça.
11:30Donc du coup, voilà.
11:32Mais c'est vrai que si vraiment on a un choc d'incertitude ou un choc sur tout ce qui est exportation,
11:38ça pèse plus lourd sur l'économie qui est la plus exportatrice en zone euro, et c'est l'Allemagne.
11:43Donc du coup, c'est là qu'on s'attend à une reprise cyclique.
11:45S'il y a une baisse, s'il y en a encore une année de zéro croissance, ça devient très compliqué
11:49parce qu'on voit déjà certains composants du marché du travail qui sont en train de se dégrader significativement,
11:54notamment l'emploi dans le secteur privé.
11:56En Allemagne, spécifiquement ?
11:57Oui.
11:58On a le glissement annuel des emplois dans le secteur manufacturier.
12:02Il est négatif.
12:03Dans les services, on est arrivé à zéro.
12:05Donc là, ce qui maintient un rythme de croissance dans l'emploi, c'est le secteur public.
12:09D'accord. Parce que c'était un des arguments du Joachim Nagel, je crois, il y a encore quelques semaines ou au mois de septembre,
12:13de dire, attention, l'Allemagne, effectivement, il y a une mauvaise réputation qui entoure l'Allemagne,
12:17mais moi, je regarde, on est au plein emploi, le marché du travail va bien, le bilan des entreprises est bon, etc.
12:22On parle des dégradations légères, on n'est pas en mode récession.
12:25Mais ceci dit, la marge de continuer à un taux de croissance zéro diminue quand même très rapidement.
12:31Et comme tu disais juste, si on n'a pas cette reprise cyclique en Allemagne d'un taux de croissance zéro
12:37vers un taux de croissance plus proche de 1% l'année prochaine pour des raisons liées à la demande externe
12:42ou liées aux incertitudes, aux chocs d'incertitude, ça va peser sur la zone euro dans son intégralité.
12:49Si l'Allemagne a zéro taux de croissance à la place de 80 points de base ou 1%, on enlève 30 points de base de la zone euro, il n'y a pas de reprise.
12:58Donc du coup, ça pèse, ça pèse sur les perspectives d'inflation, ça pèse sur la politique de la BCE.
13:04Donc nous, comme équipe, on est relativement bas de toute façon. On s'attend à un taux de dépôt à 1,5% à la fin de 2025.
13:11Ça, c'est dans un scénario où tout va bien. Si on part dans un scénario où l'incertitude grimpe,
13:16où on a un problème supplémentaire sur la demande internationale, voire sur la demande interne de CapEx en zone euro,
13:23on peut très bien s'imaginer une zone euro où on aura besoin d'une politique monétaire stimulatoire.
13:28Donc une BCE encore plus doviche dans le cadre d'un leadership Trump avéré aux Etats-Unis qui impliquerait, à l'inverse,
13:38un stance plus hawkish de la part de la réserve fédérale américaine.
13:42Potentiellement.
13:42D'accord. Donc là, un grand écart qui pourrait se créer.
13:47Oui, mais c'est quelque chose qu'on a discuté depuis 3-4 ans. Il y a quand même des fondamentaux dans l'économie.
13:53Sauf qu'on a déjà du mal à y aller. La BCE a déjà du mal à y aller aujourd'hui.
13:57Il y a des marchés aussi.
13:59Oui, mais c'est le risque.
14:01Thomas, qu'est-ce qui vous intéresse dans cette affaire américaine, cette élection et la manière dont le monde se prépare ?
14:09Quel que soit le résultat, le monde doit être prêt quand même aussi à apporter une réponse à la prochaine administration américaine.
14:18Oui, après nous on fait de l'investissement long terme, donc je ne suis pas sûr que ça change grand chose à long terme, très honnêtement.
14:25Point intéressant, je veux bien qu'on en dise un mot.
14:27Le cycle est plus fort que Trump, les enjeux, les défis, la transition énergétique, c'est plus fort que Trump.
14:33Même si les politiques climatiques sous Trump ne seront pas les mêmes que sous Harris, il y a quand même une tendance de fond puissante qui ne s'arrêtera pas à ça.
14:43Je pense qu'il y a des tendances fortes.
14:45C'est l'occasion d'en redire un mot.
14:47Sur le vote en lui-même et ce qu'on disait tout à l'heure sur l'économie,
14:52je pense qu'effectivement, il y a pour la première fois peut-être une décorrelation entre la situation économique et le résultat de l'élection sur le candidat sortant.
15:02Mais c'est peut-être aussi dû au fait qu'il n'y a probablement jamais eu autant de gens en difficulté aux États-Unis.
15:08L'économie va bien, mais il n'y a jamais eu autant d'exclus de gens malades, de gens dépressifs, accros aux drogues, etc.
15:17C'est aussi probablement lié à ça.
15:19Il y a une partie du pays qui va bien, mais il y a aussi une partie du pays qui va très mal.
15:23On en revient toujours au même point, en tout cas en ce qui me concerne.
15:27Est-ce que le PIB est vraiment le bon indicateur de la santé d'un pays, de l'économie ?
15:33C'est peut-être pas la vision la plus holistique qu'on peut avoir.
15:39Sur le reste, je pense qu'il y a un impact court terme qui peut avoir son importance.
15:45C'est la trajectoire budgétaire, ça c'est sûr.
15:47Avec en filigrane probablement notre conviction que les taux d'intérêt long terme sont trop bas.
15:53Ce n'est pas forcément les taux d'intérêt court terme qui sont trop hauts.
15:57Une victoire de Trump accentuerait cette remontée des taux longs qui aura un impact sur les multiples de valorisation côté equity.
16:08Que ce soit côté ou non côté, mécaniquement.
16:12Et puis probablement aussi sur les primes de risque d'une manière générale sur les actifs risqués à moyen terme.
16:19Donc là, ce n'est pas un Trump market positive que vous décrivez comme on a pu l'avoir au final en 2016 ?
16:25Alors, market positive sur certains secteurs et sur certaines classes d'actifs.
16:32Mais sur les taux long terme en général, je ne pense pas que ce soit très positif qui gagne.
16:38Ensuite, sur le reste, sur l'impact sur l'Europe, je ne sais pas.
16:43Je ne suis pas sûr que ça fasse une grosse différence à part peut-être sur la guerre en Ukraine.
16:51Je ne suis pas un spécialiste des géopolitiques, mais j'ai l'impression quand même qu'on se dirigerait en 2025
16:58pour parler de paix quoi qu'il arrive, mais peut-être qu'une victoire de Trump peut les accélérer.
17:03Parce qu'il annoncerait que le soutien américain se retire plus vite que si c'était Kamala Harris qui gagnait.
17:12Et après, sur les tendances fortes, on a la conviction chez nous que Trump ou pas Trump,
17:19la transition énergétique est d'une certaine manière en route aux Etats-Unis.
17:24Pas pour sauver la planète, mais parce qu'adresser l'efficience énergétique de ces process industriels, de ces bâtiments.
17:31C'est un élément de compétitivité pour les entreprises.
17:35À un moment où il y a du re-insuring, où les coûts salariaux ont augmenté.
17:42Parce que quand vous relocalisez de la production aux Etats-Unis, ça vous coûte plus cher.
17:47Sur ces sujets-là, on voit quand même une tendance assez forte sur les sujets de déficience énergétique,
17:55plus que de transition énergétique des entreprises.
17:58Qui font qu'il y a une tendance très forte qui se dégage sur les apporteurs de solutions là-dedans.
18:03Et ça, que Trump gagne ou pas...
18:05Et ces stratégies d'entreprise, elles ne changeront pas parce qu'un Trump revient à la Maison-Blanche
18:10et redonne des permis de forêt à tout le bassin permuant ?
18:14Honnêtement, je ne pense pas.
18:16Et je pense aussi que les Etats-Unis, collectivement, sont aussi plus malins que ça.
18:24C'est-à-dire qu'ils ont bien compris que c'était quand même une terre bénie des dieux pour les énergies renouvelables.
18:29C'est-à-dire que le Texas qui est quand même très vocal sur...
18:33C'est quoi ? C'est le plus gros état solaire des Etats-Unis et du monde ?
18:36C'est le plus gros producteur d'énergie renouvelable des Etats-Unis.
18:39Et pourquoi ? Parce que je pense qu'ils ont parfaitement compris
18:43que quand on a beaucoup de soleil, beaucoup de vent et le potentiel de développer un parc nucléaire performant,
18:50l'indépendance énergétique, quelle que soit la trajectoire des réserves de shale et du coût du pétrole,
18:59elle peut être assurée et qu'ils peuvent parfaitement exporter leur shale beaucoup plus cher ailleurs
19:03vers des gens qui n'en ont pas, comme nous.
19:06Et que donc, c'est économiquement intéressant pour eux.
19:10Bon, sur le plan effectivement des marchés,
19:14alors risque d'un peu de bruit si les résultats ne sont pas délivrés rapidement.
19:20Ça, je crois qu'on a compris Thierry.
19:22Et ensuite, est-ce que quand même la course des marchés, la course de l'économie
19:30peut être altérée par une victoire ?
19:33Alors quelle qu'elle soit, mais en l'occurrence de Trump, si c'est le risque.
19:38Est-ce qu'il y a quand même là aussi pour vous des tendances de fond ?
19:41Je ne sais pas.
19:42Palantir nous envoie un message sur l'intelligence artificielle aujourd'hui.
19:45Je ne suis pas sûr que Trump ou Harris d'ailleurs changeraient beaucoup de choses
19:50au message envoyé par un Palantir aujourd'hui qui nous dit à ce stade
19:53que la demande pour l'IA est inébranlable.
19:56C'est un exemple.
19:57Oui, c'est un exemple.
19:58Pour dire qu'il y a des choses quand même aussi dans les marchés qui sont solides.
20:02Oui, alors pour rebondir sur l'IA, tout ce que vous avez eu depuis un mois,
20:05voire plus, sur l'IA, franchement, c'est une tendance lourde.
20:10Vous l'avez vu sur la date d'NVIDIA, vous l'avez vu sur tout ce qui est
20:13il faut de la mémoire pour faire de l'IA, donc vous regardez les résultats
20:17même de Micron qui n'ont pas forcément été bien pris,
20:20mais il faut de la mémoire à bon large.
20:23Du HBM, les résultats étaient bons.
20:25Vous regardez les data centers, les sociétés comme Equunix,
20:28le Digital Realty, les résultats ont été excellents.
20:31Après, vous allez voir des sociétés comme Mireille Pacard
20:34ou bien vous prenez des sociétés comme Dell, tout va dans le même sens.
20:38Donc là, c'est un no-brainer pour nous, la tendance va se poursuivre.
20:42Je ne suis pas sûr, pour répondre à votre première question,
20:45que les politiques et vraiment les moyens, que ça bouge beaucoup.
20:50Moi, je suis dans le métier depuis 1984, j'ai vu pas mal de choses.
20:54Je n'ai pas connu 80 avec Reagan à l'époque, avec sa cour de l'affaire
20:57et qui s'est inspiré à l'époque de la politique de Thatcher.
21:00Mais globalement, l'impact des politiques, il est minimal.
21:03On parle à l'instant des énergies renouvelables.
21:06Sur les énergies renouvelables, nous, on est convaincus,
21:09d'abord, l'aéroplane de Biden, il a tellement d'emplois à la clé,
21:12tellement, dans des états...
21:14Républicains.
21:15Républicains, qu'il ne va pas se tirer le bal dans le pied.
21:18J'ai un avis, sur le solaire, c'est autre chose,
21:23mais là où il y a des points...
21:26Même sur la politique migratoire, pour avoir lu quand même
21:29quelques papiers à ce sujet, beaucoup d'analystes estiment
21:32que, comme souvent chez Trump, il y a le discours, l'affichage
21:36et que derrière, évidemment, on imagine bien que les états
21:41républicains en bord de frontière seraient un peu déçus
21:44de ne plus avoir de main-d'oeuvre entrante
21:47pour venir suppléer à une main-d'oeuvre manquante,
21:50peut-être parfois dans certains endroits et certains métiers.
21:53D'où l'importance du résultat du Congrès.
21:56Il ne peut pas diriger par Houkaz.
21:58Donc encore une fois, à un moment donné,
22:00il va devoir faire avec la carte du Congrès.
22:03C'est pour ça que ça sera important de savoir
22:06est-ce que la marge sera ténue, est-ce qu'elle sera plus large.
22:09Et ça, ça nous donnera un petit peu les choix.
22:12Après, il y a forcément des secteurs qui tireront mieux
22:15leur épingle du jeu.
22:16Ça, ça peut quand même...
22:18La logique sectorielle du marché peut être un peu plus...
22:21peut être différente en fonction des résultats ?
22:24Pas beaucoup.
22:26Sous Trump, la santé devrait plutôt mieux s'en tirer.
22:29L'immobilier, Kamala Harris et sa proposition de loi
22:32pour aider les primo-accédants, ça devrait aider.
22:35On peut trouver toujours des arguments.
22:38Mais sur le long terme, tout va dépendre de l'économie.
22:41Et je pense que les décisions de la Fed...
22:44La Fed a une décision...
22:46C'est ce que je répète assez souvent en ce moment.
22:49On est dans un monde américain avec une inflation au corps
22:52qui est à 2,7.
22:54L'amener à 2, ça va être compliqué.
22:57On a des taux longs, on l'a évoqué à l'instant,
23:00qui sont sur du 4,30, 4,40.
23:03Vous avez des salaires qui croissent de 4
23:06et qu'on n'arrive pas à faire beaucoup baisser plus.
23:09Donc la Fed, à un moment donné...
23:12Moi, je pense qu'à aujourd'hui, je me méfie des opinions longues.
23:15On s'est tous trompés l'année dernière en décembre dernier
23:18quand on voyait tant de baisses de taux en 2024
23:21qu'on n'a jamais eues.
23:23Le vrai enjeu de la Fed, c'est comment ils vont s'adapter
23:26par rapport à ça pour 2025.
23:29– Sur la Fed, enfin les banques centrales,
23:32la décision du 7 novembre de la réserve fédérale américaine,
23:35on peut imaginer quand même, Edwin, qu'elle est déjà fondée
23:38notamment sur les dernières données économiques.
23:41Alors le rapport emploi qui a été un peu bruité
23:44par les effets climatiques et la grève chez Boeing
23:47ou encore l'ISM aujourd'hui.
23:49Mais cette décision du 7 novembre,
23:52elle doit être encore rendue, j'entends,
23:54mais on peut imaginer que chaque membre de la Fed
23:56a déjà pris sa décision, quel que soit le résultat
23:59de l'élection présidentielle américaine.
24:01Est-ce que ça vaut pour les meetings suivants ?
24:03– On s'attend à une baisse, comme je pensais avant.
24:05– 25 points de base ?
24:06– 25 points de base, nos collègues pensent que ça va se poursuivre
24:09aussi en fin d'année.
24:10– Donc novembre c'est faisable, décembre c'est encore faisable ?
24:13– Novembre c'est faisable, c'est vraiment sous l'hypothèse
24:17que l'économie va relativement bien,
24:20les inflations continuent à faire un certain progrès.
24:23Donc du coup on est certes dans une situation,
24:25on n'est pas très sûr si on arrive vraiment à retourner à 2%,
24:29mais pour l'instant on fait du progrès,
24:31donc du coup il y a une certaine naturalité presque.
24:34– On accompagne le mouvement.
24:36– On veut éviter que ça va trop loin
24:39et on est très probablement encore bien au-dessus des taux neutres.
24:43Donc il y a de la marge jusqu'à ce qu'on arrive vraiment
24:46au point où la politique monétaire ne sera plus restrictive.
24:49Pour 2025 ça devient plus compliqué,
24:52donc là il y a plus de questions qui se posent.
24:55Dans un scénario de base de statu quo on va dire,
24:59sur lequel on est basé aujourd'hui, la désinflation progresse,
25:02nos collègues ont un taux terminal de la fête de 3 à 3,25 dans le scénario,
25:07mais il y a des risques à la hausse,
25:09même avec l'économie telle qu'elle est aujourd'hui,
25:12même sous un scénario disons statu quo.
25:14Parce que c'est une économie qui continue à croître très fortement,
25:19c'est une économie où le taux d'inflation sous-jacente reste relativement stable.
25:23Il y a très peu de choses à voir pourquoi il y a des risques à la baisse,
25:27il y a peut-être plus de risques à la hausse.
25:30Le risque de réaccélération dont on a parlé les dernières trois semaines
25:33a un peu diminué aujourd'hui, mais il y est encore.
25:36Il est au moins aussi prononcé que le risque d'une désaccélération
25:40si on assume encore une fois un scénario statu quo.
25:47Donc c'est un scénario qui, pour la fête, est relativement compliqué pour commencer.
25:51Mais d'ici la fin de l'année, c'est quand même relativement probable,
25:55et ce que les marchés pressent d'ailleurs, qu'on aura une poursuite des baisses de taux.
26:00Je reviens sur la politique des tarifs.
26:03Bon, Trump peut avoir un peu de marge de manœuvre quand même
26:06s'il accède à nouveau à la Maison Blanche de ce point de vue là.
26:09Donc a priori l'Europe, alors j'essaie de suivre,
26:12mais c'est autour de 10%, 10, 20, 20, bon c'est 10% pour l'Europe,
26:15ce serait 60% pour la Chine.
26:18Qu'est-ce qui est le plus problématique pour l'Europe, Evelyne ?
26:21Est-ce que c'est les 60% de tarifs additionnels potentiels supplémentaires sur la Chine,
26:27on parle bien des produits chinois, importés par les Etats-Unis,
26:31ou est-ce que c'est les tarifs directs sur l'Europe de l'ordre de 10% ?
26:35J'ai envie de dire que c'est l'incertitude.
26:38Donc c'est le fait que déjà on est dans un contexte
26:41qu'on ne sait pas ce qui va se passer,
26:44on ne sait pas comment les choses vont se développer.
26:47S'il y a une flambée des tensions commerciales,
26:50encore une fois entre les US et la Chine, c'est ce qu'on avait en 2018-2019.
26:53C'est l'Europe la victime ?
26:56Tout le monde, il n'y a personne qui a eu des taux de croissance
26:59exorbitants pendant cette période-là,
27:02donc du coup ce n'est pas quelque chose qui est bénéfique à n'importe quelle économie,
27:05mais l'Europe qui a donc une insuffisante demande interne,
27:10une très grande exposition vis-à-vis le commerce international,
27:13se fait coincer là-dedans.
27:16Et donc du coup c'est cet impact de l'incertitude qui pèse beaucoup.
27:19Après on a vraiment aussi un problème de dynamique de prix mondiale.
27:27Si vraiment la Chine perd accès d'une façon ou d'une autre au marché américain,
27:32le monde pour les exportations chinoises diminue.
27:35Et donc du coup ça augmente la pression encore une fois sur l'Europe
27:39et ça probablement augmente la pression des inflationnistes
27:42sur les prix de biens dans le monde hors Etats-Unis.
27:48C'est un peu plus compliqué, mais dans le monde en son intégralité.
27:51En Europe on n'a pas forcément une réponse.
27:54Après pour la quantification de ce que ça veut dire d'avoir des tarifs
27:57des Etats-Unis sur l'Europe même,
28:00on a essayé ça en 2018-2019.
28:03A l'époque on parlait d'une hausse des tarifs sur l'automobile,
28:06de 25% il me semblait, ce qui était une augmentation de 22,5%.
28:10Et un tarif généralisé de 10% supérieur à tout le reste des importations.
28:15On a regardé les chaînes de valeur, donc vraiment juste l'impact direct sur le commerce.
28:21Les élasticités de demande vis-à-vis une augmentation des prix à travers les tarifs
28:26est a priori plus important que l'élasticité vis-à-vis un changement des taux de change.
28:32Ce qui mettait dans les calculs à peu près 60-70 points de base du PIB européen à risque.
28:38Ça viendra en plus, mais pour un premier instant
28:41je dirais que c'est vraiment le phénomène d'incertitude qui peut peser le plus.
28:46Thomas, je reviens sur la réponse de l'Europe.
28:49Effectivement, la vie des affaires suit son cours.
28:53Trump, vous l'avez dit aussi, peut quand même être un accélérateur de tendance à certains endroits.
28:59Vous défendez chez TIKEO, mais d'autres aussi.
29:02Mario Draghi en premier, l'idée d'un besoin de changement dans le modèle européen.
29:06Pour vous, c'est une tendance lourde qui se retrouve dans l'idée de la souveraineté, de la résilience.
29:12Tout ça résonne évidemment avec le rapport Draghi, les rapports précédents d'Enrico Letta, Christian Noyer, etc.
29:19Trump peut être un accélérateur quand même pour cette quête de souveraineté en Europe
29:25qui est un peu au stade débauche aujourd'hui.
29:28Peut-être pas pour l'investisseur, parce qu'il y a toujours des choses à faire de ce point de vue-là.
29:32Mais quand on regarde la dimension un peu intégrée, politique,
29:35on sent que le cap n'est pas encore forcément clairement défini.
29:41Ce n'est pas facile.
29:42J'essaie de le dire gentiment.
29:45D'ailleurs, on ne s'attend pas à ce que ça devienne très clair.
29:49On a un commissaire à la défense, a priori, dans la nouvelle commission.
29:52Mais ceci dit, dans la pratique, il y a des choses qui se passent.
29:59Les entreprises n'attendent pas Bruxelles.
30:02Les entreprises et les États aussi.
30:04Les États et les supranationaux.
30:06Le Fonds européen d'investissement, par exemple, fait plein de choses là-dedans.
30:09Il y a des initiatives de place, des partenariats publics et privés.
30:13Il y en a de plus en plus dans pas mal de secteurs.
30:16On a annoncé des choses nous dans l'aérospace récemment.
30:21On fait beaucoup de choses dans la cyber avec des partenariats
30:24avec le ministère de la Défense, avec les grandes entreprises, etc.
30:28Donc la prise de conscience est quand même réelle ?
30:30Oui, elle est réelle.
30:31Après, est-ce qu'elle va être européenne dans un contexte
30:34où la tentation est au repli national ?
30:39C'est ça qu'on va voir.
30:41Ça va aussi beaucoup dépendre de l'attitude de l'Allemagne
30:44qui est dans une situation assez compliquée.
30:47On voit bien par exemple sur les tarifs
30:49que c'est eux qui sont les plus réfractaires à mettre en place des tarifs
30:52parce que les entreprises chinoises étaient jusqu'à présent leurs clients.
30:55Ils ont voté contre, si je ne dis pas de bêtises, pour les tarifs auto.
30:58Mais dans un contexte où tous les gouvernements ont bien en tête
31:07que si ça ne se fait pas au niveau européen,
31:10ce sera très compliqué de résister à la fois à la Chine et aux Etats-Unis,
31:13il y a quand même de l'espoir.
31:16Il y a quand même des choses qui se font
31:19à la fois au niveau européen et au niveau national.
31:22Ce qui se fait au niveau national déborde sur le cadre européen
31:27parce qu'aujourd'hui les supply chains sont quand même européennes,
31:33par exemple dans l'aérospace, clairement.
31:36Ce qui est fait en France de l'initiative française
31:39a aussi des impacts en dehors de France
31:42et même chose pour d'autres pays.
31:45Je ne suis pas si négatif que ça.
31:48Et Trump peut accélérer ces tendances ?
31:51Trump peut accélérer ces tendances-là, clairement.
31:54Ça peut jouer comme un électrochoc.
31:57D'ailleurs les investisseurs internationaux ne s'y trompent pas.
32:02Il y a quand même un gros intérêt pour l'Europe
32:05en Asie, au Moyen-Orient,
32:08ne serait-ce que parce que pour une allocation d'actifs globale,
32:11quand on ne veut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier
32:14sur les Etats-Unis,
32:17ce qui est une évidence pour des investisseurs chinois,
32:20il n'y a pas beaucoup d'alternatives pour déployer beaucoup de capital
32:23et notamment dans le non-côté.
32:24Dans le côté, il y a des alternatives avec des marchés liquides au Japon, etc.
32:27Mais dans le non-côté, vous n'avez pas le choix, c'est l'Europe.
32:30Donc vous êtes obligés de regarder l'Europe.
32:32En Europe, il y a quand même pas mal de belles choses à faire pour tous ces gens-là
32:35et ils le font.
32:36Là aussi, on a une vision un peu tronquée.
32:38On regarde les flux d'investissement à travers souvent des marchés liquides.
32:41C'est vrai qu'on ne voit pas grand-chose arriver du reste du monde vers l'Europe.
32:44Mais vous dites que dans d'autres marchés non-côtés,
32:47il y a quand même de l'argent étranger qui vient s'investir en Europe.
32:52Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas des doutes.
32:55Ce n'est pas le raz-de-marée non plus.
32:58Mais il y a quand même beaucoup de capital qui est déployé en Europe
33:01et les investisseurs, notamment en Asie et au Moyen-Orient,
33:08regardent de très près ce qui se passe en Europe,
33:11sont très renseignés sur ce qui s'y passe,
33:13font des gros deals,
33:16co-investissent avec des acteurs européens comme nous,
33:19sont sensibles à des initiatives des partenariats publics et privés,
33:25sont sensibles à ceux dans lesquels investit le Fonds européen d'investissement,
33:28ceux dans lesquels investit la BPI.
33:31Donc ils achètent quand même cette idée européenne
33:34et le mode de fonctionnement de l'Europe qui va avec.
33:37Ça permet de dire un mot du marché américain.
33:40Encore une fois, quel que soit le résultat,
33:43on a fait deux ans de super bull market.
33:46Je crois que le S&P a repris plus de 60% depuis le point bas d'octobre 2022.
33:49C'est le dernier calcul que j'ai vu.
33:5240% sur 12 mois, c'est possible que ce soit moins.
33:55Sur les deux ans, je crois que c'était de l'ordre de 60%.
33:58Et indépendamment du cycle politique,
34:01est-ce que le cycle des marchés reste porteur ?
34:04Est-ce qu'une troisième année de bull market,
34:07ça peut être encore une bonne année ?
34:10Ou est-ce que c'est déjà peut-être un peu le trop-plein ?
34:13Pour nous, ce n'est pas le trop-plein.
34:16Vous savez que je vous ai souvent parlé de mes fameuses statistiques
34:19que je regarde souvent sur les marchés en allant chercher dans l'histoire
34:22pour lire dans le mar de café les 12 mois à venir.
34:25Et quand on regarde l'évolution des marchés américains sur les 12 derniers mois
34:28qui ont monté de plus de 30%, quand vous remontez sur une périodicité
34:31qui monte pratiquement à 1926, un tout petit peu avant le krach de 1929,
34:34donc quasiment sur un siècle,
34:37vous avez une hausse des marchés à venir dans les 12 prochains mois
34:40qui est de l'ordre de 12 à 13%.
34:43Ça vaut ce que ça vaut.
34:46Mais on reste dans un bull market, c'est l'idée.
34:49Pour permettre à ce marché de se poursuivre,
34:52il faudra que la croissance des profits soit au rendez-vous.
34:55Aujourd'hui, notre stratégiste considère que les anticipations de profit
34:58sur le SPI sont un petit peu généreuses,
35:01mais globalement, on devrait avoir en 2025 des croissances à deux chiffres.
35:0411, 12, 13, avoir le simple consensus qu'on trouve
35:07chez Faxet, chez Bloomberg, dans pas mal de maisons,
35:10ou chez nous, ce qui vous mettrait des profits sur SPI
35:13à peu près à 274, 75 dollars l'année prochaine.
35:16Sur un SPI qui serait aujourd'hui à 5700, ça vous met des PE à 21,5, 22.
35:19C'est certes plus tendu que des indices européens,
35:22ça le sera toujours,
35:25la composition des indices n'est pas la même,
35:28mais on n'est pas dans la fin des années 90 avec des PE beaucoup plus tendus.
35:31La seule chose qu'on a tendance un peu à dire,
35:34c'est affranchissez-vous de l'idée de vouloir jouer forcément
35:37des thématiques style opposé croissance,
35:40à value, ce genre de choses. C'est du stock picking.
35:43C'est vraiment l'idée qu'on véhicule énormément.
35:46Quand vous regardez les financières, il faut faire du fine tuning.
35:49On a beaucoup recommandé, je l'ai souvent évoqué avec vous,
35:52l'assurance plutôt que les banques. C'est un peu inversé aujourd'hui.
35:55Stock picking, ça veut dire que les indices sont trop fortement
35:58sous l'emprise de 5, 6, 7 grandes valeurs
36:01et que ces valeurs-là peuvent à un moment
36:04ne plus délivrer autant de performances que ce qu'elles ont pu délivrer
36:07en un an ou deux ans ?
36:10Les Américains apprennent le terme de barbell approach.
36:13En gros, c'est un peu tout, mais c'est à faire décorréler peut-être le marché.
36:16Idéalement, si je devais vous illustrer cet exemple,
36:19ça veut dire décorréler. C'est un indice qui tient compte des market cap
36:22et le décorréler du poids des 7 grandes valeurs,
36:25c'est-à-dire que vous les gardez, mais allez chercher de la value ailleurs.
36:28Et là, il y a des choses. Je pense que l'immobilier
36:31est une des pistes si les taux continuent à se poursuivre.
36:34Celle de l'agilité, ça devrait continuer. L'industrie, plus nuancée.
36:37La santé est particulièrement en retard aux États-Unis,
36:40mais ça va dépendre de qui sera élu parce que Medicare,
36:43c'est quand même... Aujourd'hui, il y a pas mal d'indécisions.
36:46Mais vous évoquiez tout à l'heure la thématique de l'IA.
36:49Ça, c'est un thème à continuer à jouer. Voilà, c'est ça.
36:52On est un peu dans ce qu'on a connu dans une partie des années 80,
36:55à l'époque, avec Peter Lynch, sur les thématiques.
36:58J'aurais montré le concert, mais c'est vraiment ça.
37:01On est dans un marché de stock picking. Je pense que c'est ce qui devrait prévaloir
37:04sur les 12 prochains mois.
37:07Évelyne, il nous reste quelques minutes pour dire un mot spécifique de l'Allemagne.
37:10C'est à peu près toujours la même question à chaque fois que vous venez.
37:13Que se passe-t-il en Allemagne ?
37:16Combien de temps l'Allemagne pourra supporter encore
37:19cette stagnation économique ?
37:22Je ne sais pas si on se rend bien compte de la crise.
37:25Enfin, si on s'en rend compte, mais c'est quand même une crise majeure.
37:28Oui, depuis 2019, on a une croissance de zéro à peu près.
37:31Non, mais c'est ce que je disais.
37:34Après, on a des gains de pouvoir d'achat dans l'Europe dans son intégralité,
37:38mais notamment en Allemagne, qui sont très conséquents.
37:41Ça prend relativement peu pour avoir une toute petite amélioration cyclique dans l'économie.
37:47Mais on est un peu au point de bascule où, effectivement,
37:51le marché de travail commence à craquer un tout petit peu.
37:54Donc ça m'inquiète un tout petit peu.
37:56La grande question, c'est ce qui va se passer avec la politique.
38:01La prochaine grande élection du monde, je pense,
38:04c'est celle de septembre 2025 en Allemagne.
38:07Oui, alors aujourd'hui, il y a des discussions si on attend jusqu'à septembre 2025 ou pas,
38:12mais vous avez raison.
38:14C'est le prochain gouvernement qui potentiellement pourra discuter ou pas
38:20une réforme des règles budgétaires allemandes qui sont nettement plus strictes,
38:25nettement plus sévères que les règles budgétaires européennes.
38:29Il n'y a pas de marge de manœuvre pour l'Allemagne aujourd'hui.
38:32Alors, si on parle d'un scénario complètement récessionnaire en Allemagne,
38:36il y aura une réponse budgétaire.
38:38D'accord. Il y a quand même dans cette fonction de réaction allemande l'idée que…
38:41C'est normal, ça a toujours été le mot.
38:43D'accord.
38:44Si ça va très mal…
38:45C'est en cas de catastrophe qu'on…
38:46Mais on ne fait rien pour éviter ça.
38:48Donc c'est ça. On ne fait rien pour améliorer la tendance de long terme.
38:51Du coup, c'est pour ça qu'on regarde ce qui va se passer après les prochaines élections.
38:55C'est une question de qui sera au pouvoir, quelles seront les initiatives,
38:59mais aussi de quelle est la composition du Parlement.
39:02Est-ce qu'on a besoin d'une majorité de deux tiers ?
39:04Oui.
39:05Et aujourd'hui, elle n'est pas assurée.
39:07Et c'est ça ce qui pose problème.
39:09À long terme, la règle budgétaire n'est pas compatible avec tout ce qu'il faut faire.
39:13Plus d'investissements, plus de dépenses de défense,
39:16tout ce qu'il faut pour arriver à des politiques un peu… enfin, carbon neutrality.
39:22Ce n'est pas compatible.
39:23Mais la règle budgétaire est liée.
39:25D'accord.
39:26Est-ce que c'est à l'occasion de ces élections que le modèle allemand peut avancer au-delà de la règle budgétaire
39:32ou est-ce qu'il faut attendre un…
39:33Non, il faut attendre.
39:34Après, le marché, quand on commence à en parler, je pense que ça y est.
39:37Mais mettre en place…
39:39D'accord.
39:40Le temps politique en Allemagne sera beaucoup plus long que…
39:42Il faut changer la constitution.
39:43Bien sûr.
39:44Ce n'est pas quelque chose qui se fera de l'un à l'autre.
39:45Non, non, non.
39:46On est d'accord.
39:47Merci beaucoup à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché
39:49dans cette veillée d'armes à quelques heures, peut-être, des résultats de l'élection présidentielle américaine.
39:55Évelyne Hermann était avec nous, Bank of America, Global Research,
39:57Thomas Friedberger, TKO Capital et Thierry Guil, Raymond James, France.