Mercredi 4 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Thomas Friedberger (Directeur général adjoint, Tikehau Capital) , Alain Pitous (Senior Advisor ESG) et David Kalfon (CEO, Sanso Longchamp AM)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Alain Pitou, c'est avec nous ce soir, senior advisor ESG.
00:16Bonsoir Alain.
00:17Bonsoir.
00:18Merci d'être là.
00:19Merci à David Calfon d'être avec nous également.
00:20Bonsoir David.
00:21Bonsoir.
00:22Vous êtes le président de Sanso Longchamp Asset Management désormais et Thomas Friedberger
00:26à nos côtés enfin.
00:27Bonsoir Thomas.
00:28Bonsoir.
00:29Vous êtes le président de TKO Capital.
00:30Merci beaucoup messieurs d'être là, ravi de vous retrouver dans cette ambiance de
00:33rentrée un peu nerveuse je le disais.
00:35David, qu'est-ce qui génère ce stress de rentrée sur les marchés ? Quand je dis
00:41stress, c'est pression sur les matières premières, pression sur des trades très
00:44populaires.
00:45On parle du Nasdaq, on parle de la tech américaine, la question des devises également qui s'est
00:50invitée dans le jeu des marchés depuis quelques semaines maintenant avec la question du Yen.
00:54Qu'est-ce qui provoque ces mouvements et d'où vient ce stress ?
00:57En fait, on peut rappeler que les marchés ont quand même tendance à être assez monomaniaques.
01:03Donc, on a eu plusieurs mois voire années pendant lesquelles on s'est concentré uniquement
01:08sur l'inflation et là en fait, le marché vient de changer de focus.
01:15Maintenant, on ne parle plus que d'emploi.
01:17C'est le discours de Jackson Hole où Powell a été très clair en disant bon l'inflation
01:23c'est plus un problème.
01:24En revanche, l'emploi c'est en train de se dégrader.
01:26Le sujet clé c'est, on est toujours dans ce débat, est-ce que l'on rentre dans une
01:32récession dure aux Etats-Unis et donc dans le reste du monde ou bien est-ce qu'on arrive
01:38à faire ce fameux soft landing, cet atterrissage en douceur de l'économie que tout le monde
01:44appelle de ses voeux mais qui malheureusement historiquement ne s'est pas souvent produit.
01:49Donc, c'est un petit peu ça le sujet.
01:52Après, quand on regarde ce changement de focus, il a été assez brutal quand même
01:56malgré tout.
01:57Personnellement et d'ailleurs au sein de l'équipe chez Saint-Solange, on est assez
02:03surpris de voir que tout d'un coup, tout le monde s'émeut de l'ISM qui serait passé
02:10avec ce fameux 47,5 etc.
02:13Nous, on s'est regardé, on s'est dit mais…
02:15C'est l'ISM, la grande enquête manufacturière publiée tous les mois aux Etats-Unis qui
02:19est tombée hier pour le mois d'août.
02:21On s'est juste regardé, on s'est dit mais en 2022 et en 2023, l'ISM a passé
02:27quasiment toute l'année sous les 50, personne ne s'en est ému.
02:32Et là, tout d'un coup, on est à 47,5 et là c'est la fin du monde, ça veut dire
02:35que tout s'écroule etc.
02:37Donc ça, on est un peu perturbé par tout ça parce que ce que nous dit le marché effectivement,
02:41c'est qu'il y a la nervosité.
02:42Il y a un message de prudence qui est envoyé par les marchés quand on voit les leaders
02:48se faire challenger.
02:49Ça, c'est un message qu'on doit écouter quand on voit Nvidia qui a une réaction négative
02:54aussi violente, quand on voit le secteur de la consommation de base qui commence à
03:01surperformer la tech etc.
03:03La santé, les télécoms, enfin, pas des secteurs dont on parle souvent depuis quelques
03:08années en tout cas.
03:09Ce sont des indicateurs qui doivent quand même nous dire voilà, il faut être vigilant,
03:12il y a quelque chose qui est en train de se passer.
03:14Maintenant, quand on regarde véritablement ce qui est intégré aujourd'hui par les
03:20marchés, on peut prendre tout simplement les 200 points de base de baisse des taux
03:24qui sont déjà anticipés par les marchés.
03:27Pour la Fed, à 12 mois, le marché estime qu'en 12 mois, la Fed va passer ses taux
03:34de 5,25, 5,50 à 200 points de base de moins.
03:37Exactement.
03:38Et nous, on trouve ça quand même très agressif, ça voudrait dire qu'on rentre véritablement
03:43dans une récession déjà pure et dure.
03:47Et à aujourd'hui, il n'y a quand même rien qui permet de dire que la récession va être
03:52aussi dure que ça.
03:54Donc, on est un peu partagé par tout ça.
03:57Après, et juste pour conclure cette introduction, il y a aussi quelque chose qui nous interroge
04:04également, c'est qu'on a beau dire que le marché est nerveux etc.
04:07Quand on regarde le marché du crédit, on trouve des spread qui sont quand même très
04:11très serrés.
04:12Donc, le spread, c'est la rémunération du risque pris.
04:15Ces spread, il n'y a plus grand-chose.
04:17Donc, ça, c'est déjà un premier point.
04:20Les marchés actions, on ne peut pas dire qu'ils ne sont pas chers.
04:23Ils sont sur des valorisations qui ne sont pas encore extrêmes, mais c'est quand même
04:29bien valorisé.
04:30Les US, le S&P se payent quoi ? 25 fois aujourd'hui peut-être les profits ? C'est cet ordre-là
04:34je crois.
04:35A peine en dessous.
04:36A peine en dessous.
04:37Oui, c'est ça.
04:38Non, non, oui.
04:39Oui, oui, c'est l'ordre de grandeur.
04:41C'est l'ordre de grandeur, exactement.
04:43Donc, ça aussi, ça nous incite quand même un petit peu entre le message de prudence
04:50qui est envoyé par les marchés, des niveaux de valorisation qui sont quand même assez
04:53riches.
04:54On n'a pas envie d'être trop contrariant sur des séances de baisse comme ça, à racheter
05:02très vite ce qui a pu baisser.
05:04Intuitivement, quand on voit autant de nervosité, de choses négatives, etc. dans le marché,
05:09on aurait très envie d'être contrariant et de se dire, ça y est, on rachète.
05:11C'était ce qu'il fallait faire pendant des années.
05:15Voilà, et on prend les positions, etc.
05:17Mais là, on se dit, il y a peut-être quelque chose qu'on n'a pas vu.
05:19Il y a peut-être des choses qu'on n'a pas vues.
05:23Donc, si les marchés étaient moins chers que ça, on n'hésiterait pas.
05:26Là, on est un petit peu plus attentiste.
05:29Est-ce qu'on joue à se faire peur avec l'idée d'une récession américaine, notamment ?
05:32Alors, moi, je veux bien qu'on se focalise sur l'ISM américain.
05:35On pourra parler peut-être d'autres zones économiques dans le monde qui peuvent générer
05:40plus d'inquiétudes encore que l'économie américaine aujourd'hui.
05:43Je ne sais pas ce que vous en pensez, Thomas.
05:44Est-ce qu'on joue à se faire peur ou est-ce qu'il y a les prémices d'un changement
05:48profond peut-être dans la logique du marché un peu global aujourd'hui ?
05:51On ne joue pas à se faire peur parce que ça, ça fait déjà très longtemps qu'il
05:55n'y a pas eu de récession dure aux États-Unis.
06:00Dans le monde post-Covid, on voit bien qu'il est quand même beaucoup plus compliqué de
06:03lire le cycle macroéconomique qu'auparavant, déjà parce qu'il y a eu des politiques
06:07monétaires complètement hors normes qui ont encore des effets monétaires et budgétaires
06:13qui ont encore des effets aujourd'hui.
06:14Et puis aussi parce qu'on voit bien que le nouveau paradigme mondial de démondialisation,
06:20etc., qui n'est pas le scénario qu'on a eu pendant les 40 dernières années et de
06:24remonter des taux, en fait, brouille un peu tous ces indicateurs.
06:27Si on regarde le cycle d'inflation des années 70, on voit que ça n'a pas été
06:30un long fleuve tranquille.
06:31Ça a monté, ça a baissé.
06:32Des gens, à ce moment-là, ont dit que l'inflation était morte, c'est remonté
06:36à nouveau.
06:37Et d'ailleurs, ce qui est amusant de constater, c'est que dans la première montée, les
06:43entreprises ont pu passer l'inflation aux consommateurs, mais pas dans la deuxième.
06:46Donc là, on a revu ça se reproduire.
06:49Tout ça, il faut… et personne ne travaillait sur les marchés, personne aujourd'hui d'actif
06:54ne travaillait à ce moment-là sur les marchés.
06:56Donc, pardon, sauf une personne.
06:58On a un peu moins.
07:01Il a connu Alain Donspad.
07:04Après, au niveau valo, effectivement, je rejoins David, il y a le sujet valorisation
07:09qui amène de la nervosité parce qu'elles sont très élevées, que ce soit sur le crédit
07:11ou sur les actions.
07:12Moi, je trouve qu'il y a deux scénarios qui sont particulièrement agressifs, qui
07:16maintiennent cet optimisme sur ces marchés-là, c'est les taux vont baisser agressivement
07:21et l'IA va sauver le monde, en gros.
07:23Je n'étais pas plus tard qu'en ce midi avec un de nos sociétés en portefeuille
07:29dans l'IA qui me disait que c'est quand même beaucoup plus compliqué que ça parce
07:33que avant de générer des gains de productivité, déjà, il va y avoir des capex énormes à
07:37faire du côté des apporteurs de services, du côté des entreprises et qu'aujourd'hui,
07:41les entreprises ne sont probablement pas capables de délivrer les gains de productivité attendus
07:45parce que leurs systèmes ne sont pas adaptés, parce que les donneurs d'ordre ne savent
07:47pas ce qu'ils veulent et que donc, ça va être beaucoup plus compliqué que ce qui
07:50nous apparaît.
07:51Avant de rapporter, ça coûte cher l'IA.
07:52Exactement.
07:53Et le marché est en train d'en prendre conscience d'une certaine manière aujourd'hui ?
07:57Ça, je ne sais pas, mais en tout cas, c'est sûr que ces deux éléments-là font que l'auto-IA,
08:06moi je trouve…
08:07Il y a de la complaisance encore.
08:08Voilà, il y a de la complaisance.
08:09Je comprends.
08:10Et puis après, il y a ce qui se passe sur les petites et moyennes sociétés qu'on
08:13voit à travers le non-coté qui est quand même que, effectivement, c'est le fait
08:18qu'il y avait beaucoup de leviers dans le marché, que l'inflation a renié les
08:22marges.
08:23Ce n'est pas neutre.
08:24Et pour une entreprise, des entreprises qui sont monobusiness, monopays, c'est matrex
08:30de trois.
08:31Si vous avez une marge d'Ebitda de 20% et qu'à coût constant, votre chiffre d'affaires
08:36baisse de 10%, votre Ebitda, il baisse de 50%.
08:38Et donc, en fait, ça, ça se passe dans les entreprises qui ne sont pas capables d'adapter
08:42leur structure de coût.
08:43Ça crée de la difficulté, ça crée du stress.
08:47Et donc, il y a aussi ça à apprendre du non-coté.
08:52Et peut-être que le coté regarde ça et dit...
08:55Ça peut arriver aussi à des boîtes-côtés, quoi.
08:58Oui, ça peut se faire.
08:59C'est des entreprises qui opèrent parfois dans les mêmes secteurs, etc.
09:02Certaines sont cotées, d'autres ne le sont pas, mais elles peuvent avoir les mêmes problématiques.
09:06Oui, j'entends.
09:07Alain, qu'est-ce qui vous intéresse dans cet épisode de stress de marché qu'on peut
09:12relier d'ailleurs au 5 août ? Est-ce que c'est une forme de réplique qu'on vit dans
09:16l'analyse un peu multifactorielle ? Qu'est-ce qui vous paraît avoir de l'importance aujourd'hui
09:21par rapport à peut-être des facteurs un peu plus secondaires ? J'en sais rien.
09:24Alors, moi, je suis totalement d'accord avec ce qui vient d'être dit, donc ça va être
09:29difficile de dire quelque chose de vraiment différent, mais c'est ce qu'on constate souvent
09:33sur les marchés, c'est qu'il y a un certain nombre de choses qu'on sait.
09:36On sait qu'il y a un ralentissement en Chine, on sait que la situation aux Etats-Unis est
09:40complexe avec les élections qui arrivent, des programmes qui commencent à être identifiés
09:44et aussi, ce qui change un peu la donne par rapport à ce qu'on avait avec l'épisode
09:48Trump qui était sûr de gagner avec des baisses de 2, on verrait bien comment il se mettrait
09:52tout ça.
09:53Là, la situation avec une Kamala Harris qui est quand même plus...
09:55Remet un peu d'incertitude dans le résultat de l'élection.
09:58Avec un élément dont on n'en parle pas trop, c'est la fiscalité qu'elle propose, qui fait
10:02beaucoup parler aux Etats-Unis sur les gains potentiels, ça, ça fait quand même très
10:06très peur aux Américains, c'est-à-dire qu'en fait...
10:08Il y a des calculs qui montrent que ça va faire baisser les IPS des entreprises américaines.
10:11C'est ça, clairement.
10:12C'est quelque chose qui...
10:13Tout ça, c'était un peu, on se disait, bon, peut-être, et d'un seul coup, on se dit,
10:18et si ça arrivait vraiment, qu'est-ce qui se passerait, quoi ? Donc, il y a tous ces
10:21éléments qui arrivent un peu tous en même temps et qui se retrouvent avec 3 jours fermés
10:25les Américains qui, d'un seul coup, ouvrent et puis, bon, il y a tout ça qui arrive en
10:28même temps.
10:29Donc, ça crée ce stress.
10:32Effectivement, je pense qu'en plus, il y a la situation de la Banque du Japon qu'on
10:36connaît tous, c'est-à-dire qu'en fait, il y a du levier, il y avait un levier massif
10:39des...
10:40Enfin, le Caritrade, le fameux Caritrade, et la Banque japonaise qui, à l'inverse des
10:46autres, dit qu'elle va monter c'est tôt, ce qui est quand même, là aussi, quelque
10:48chose qui est un peu perturbant, et ça perturbe toujours les marchés d'avoir des banques
10:52centrales qui ne sont pas cohérentes dans leurs actions.
10:55Donc...
10:56Là, ce n'est même pas une désynchronisation, c'est affront remboursé, quoi.
10:59Ça, c'est l'inverse.
11:00Là-dessus, vous rajoutez la Chine qui est dans un trou noir, pour moi, c'est vraiment
11:04le trou noir de l'économie.
11:05Vous disiez ralentissement chinois, moi, je parle d'enlisement.
11:07Oui, et avec un problème, c'est qu'on était en train de parler d'inflation, David l'évoquait
11:12tout à l'heure, on parlait d'inflation, je pense que si les Chinois se mettent vraiment
11:16en route à vraiment peser sur les prix pour relancer leur économie, en faisant un peu
11:22un dumping, là où ils peuvent le faire, parce qu'il n'y a plus beaucoup d'endroits,
11:25mais ils vont quand même en trouver, si on regarde la balance commerciale américaine,
11:28ils sont encore déficitaires massivement avec la Chine.
11:30Enfin, tout ça, c'est des éléments qui sont quand même assez négatifs, on met ça
11:33avec un taux d'épargne des Américains qui est revenu dans les plus bas, donc la croissance
11:38ne peut pas se faire autrement que par du levier, tout ça est un peu perturbant.
11:42Et il y a aussi, je trouve, quelque chose dont on ne parle pas, enfin, dont on ne parle
11:46pas, on en parle, mais c'est tellement un marguédon que c'est ce niveau de dette mondiale
11:52qui est massif et qui est quand même toujours là, et à un moment donné, je pense que
11:56ça peut faire quelque chose d'assez discriminant sur les marchés, c'est-à-dire qu'on va avoir
12:02les pays trop endettés, les entreprises trop endettées, et on va se retrouver comme
12:05ça avec une situation qui est quand même un peu négative.
12:08Et là, pour le coup, il y aura une vraie pénalisation qui n'existait pas dans le
12:11monde des taux zéros ou négatifs.
12:13Ça va discriminer, et on voit que la discrimination, quand elle arrive, ça fait très très mal.
12:17Et si on refait un dernier point sur les semis, je ne sais pas si vous avez suivi l'épisode
12:23Zscaler hier qui annonce des résultats très bons, largement supérieurs à ce qui était
12:28attendu, mais avec des guidance qui sont un peu moins bonnes, c'est moins 25%.
12:31Oui, c'est ça.
12:32Et ça reste quand même une entreprise qui…
12:34Le syndrome médias.
12:35Aujourd'hui, il en faut très peu pour décevoir sur cette thématique et dans ce secteur.
12:38Et c'est une entreprise qui, avec le niveau actuel, est quand même à 63 de PE, vous voyez,
12:41donc ça reste quand même quelque chose d'important.
12:44Après, je pense que les situations actuelles… Alors aujourd'hui, être contrarian, ça
12:48serait peut-être un peu trop rapide, mais je pense que… Enfin, c'est notre jeu aussi
12:53ici, on est tous positifs sur les marchés à moyen long terme.
12:56Après, le truc, c'est à quel moment on va acheter ? Et si on fait une petite
13:01graduation, l'or, on peut acheter, parce que si les taux baissent, l'or, c'est
13:05quand même sympathique.
13:06Même partant des records qu'on a atteints cet été, d'accord, ça reste un investissement
13:12confortable.
13:13Oui, c'est ça.
13:14Entre du cash aujourd'hui ou des obligations d'État qui ont bien performé, je pense
13:18qu'on peut quand même alléger l'un pour acheter l'autre.
13:20Je pense que les spread de crédit ne reflètent pas le risque qu'il y a sur un certain nombre
13:24d'entreprises, donc je pense qu'il faut quand même un peu faire attention.
13:25Et les entreprises et les actions, et je pense que si on revient sur les marchés, c'est
13:29d'abord sur les actions qu'il faut revenir, mais attendre un peu, il faut attendre cette
13:32consolidation, il faut attendre que la vol continue de monter, et on l'a vu, ça n'a
13:37pas duré longtemps, la volatilité a monté très fortement le 5 août, mais ça a été
13:40un mouvement très rapide.
13:42Là, ça recommence à monter.
13:44Je pense que si la vol revenait, pour une raison ou pour une autre, avec un marché
13:47qui pétine un peu aux alentours de 35-40, ça serait l'indicateur que les gens commencent
13:51à se couvrir et c'est là qu'on peut réinvestir, ça veut dire des marchés qui
13:55baisseraient de 10-15 %, c'est à ce moment-là qu'il faudra faire des actions.
13:57Mais je pense qu'après l'or, c'est le deuxième actif à acheter, et en commençant
14:03par les Etats-Unis, toujours, parce que l'Europe, la situation politique est quand même désastreuse.
14:07Bloquante.
14:08Ah ben, c'est désastreux.
14:09Donc là, il va falloir plus que 10 % de baisse.
14:11Mais attends, surtout qu'en plus, on ne les a pas faits, les indices européens sont
14:16au sommet, le DAX est au sommet, le stock 600 est au sommet aussi, on parle de l'Europe
14:21avec effectivement une vue macro-conjoncturelle très négative, bon, sur le plan boursier,
14:26ce ne sont pas des indices qu'on déméritait jusqu'à présent.
14:29Ces histoires de baisse de taux, comment elles sont appréciées par le marché, par
14:35les investisseurs et par vous aujourd'hui, David ? Parce que moi, je me souviens, une
14:39grande partie du discours avant l'été, c'était de dire si la Fed baisse les taux
14:45pour accompagner le mouvement de désinflation, pour prolonger le cycle, etc., ça va être
14:51très bon, très positif pour les actifs risqués.
14:53Là, le pricing de baisse de taux s'accumule côté américain, vous l'avez dit, jusqu'à
14:58200 points de base en 12 mois, le marché ne semble pas y voir une très bonne nouvelle.
15:03Sur une séance comme hier ou comme aujourd'hui, le marché obligataire joue son rôle d'amortisseur,
15:09mais pour le reste, le « bad news is good news » est un peu derrière nous de ce point
15:14de vue-là.
15:15Oui, tout à fait, il y a cette nuance qui est apparue entre ce qui est une bonne baisse
15:18des taux et ce qui est une mauvaise baisse des taux.
15:21On va essayer de rentrer un petit peu dans ces équilibrités, mais la bonne baisse des
15:28taux, effectivement, c'est celle qui remet de l'huile sur le feu, qui accompagne, qui
15:35permet de relancer les valorisations des marchés, etc.
15:40La mauvaise baisse des taux, c'est celle où on se dit qu'on a vraiment besoin de
15:46baisser les taux beaucoup plus fort, beaucoup plus vite, parce qu'on aurait été en retard.
15:52Il y a toujours ce sujet.
15:54En disant que la Fed, de même qu'elle a mis du temps à monter ses taux, là, on sent
16:01quand même une Fed qui est en réaction beaucoup plus qu'en anticipation.
16:05Donc, on a eu ça à la hausse des taux et là, on a le même sujet à la baisse des
16:11taux.
16:12Est-ce qu'ils n'ont pas laissé les taux élevés trop longtemps ? Est-ce que ce n'est
16:15pas en train de mordre véritablement dans la crise économique ?
16:18Et pourtant, il nous en parle depuis décembre dernier, Jérôme Poel, de ce risque de laisser
16:22les taux trop élevés trop longtemps, etc.
16:24Mais c'est vrai qu'il y a un petit cocktail aux États-Unis quand on considère un petit
16:28peu ce qui se passe sur le marché de l'emploi.
16:31On regarde finalement l'épargne des ménages, ce fameux bas de laine qui avait été constitué
16:38pendant le Covid.
16:39Maintenant, on a des statistiques qui nous montrent que les Américains se sont bien
16:43servis dedans.
16:44Donc, ça, là-dessus, il n'y a plus grand chose qui reste dans ce bas de laine.
16:48Donc, l'amortisseur au niveau de la consommation, il n'y a plus grand chose.
16:52On peut se dire également que côté politique budgétaire, ça va peut-être être un petit
16:59peu plus restrictif également.
17:01On ne voit pas trop les demandes de CapEx, on n'en voit pas des tonnes, il n'y a pas
17:07beaucoup de sociétés qui se disent si c'est super, moi, je vais construire telle usine,
17:11je vais relancer telle chose.
17:13Ça, on ne voit pas ce genre de choses.
17:15On parle plutôt de fermeture d'usines en Europe, si vous voulez évoquer le secteur
17:19automobile qui est un exemple de tempête parfaite aujourd'hui.
17:22Au niveau de la consommation, on n'a pas.
17:24Au niveau de l'emploi, ça se dégrade.
17:26Au niveau du CapEx, il n'y a pas.
17:28Au niveau du budget de l'État, il y a moins.
17:31Ça peut devenir compliqué.
17:32On a peut-être ici des ingrédients qui...
17:36Donc là, il y a un mur des craintes qui s'est construit pour les investisseurs.
17:39On a une liste de sujets à traiter et on verra comment ces sujets sont adressés, pour
17:45mal parler français, au fur et à mesure du temps.
17:47En revanche, il y a une chose qui est vraie, c'est qu'à aujourd'hui, on est dans l'anticipation.
17:53Il n'y a aucun chiffre pour lui qui nous permet de dire non, on va à ce mur.
17:59Même, je peux vous faire le contraire argumentaire, certains, des gens brillants, économistes,
18:05voudraient un cas où non, l'économie américaine n'est pas en récession, n'est pas au bord de la récession,
18:10n'a rien pour être au bord de la récession et que la Fed reste dans le bon tempo.
18:15On s'en apercevra au fur et à mesure, mais que la Fed est en capacité de délivrer,
18:19effectivement, l'icorne absolue, la rareté suprême, le soft-ending.
18:24C'est là où, je rejoins un petit peu Alain, on dit qu'on est à la recherche de points d'entrée.
18:29C'est un petit peu l'état d'esprit dans le présent actuellement.
18:32Peut-être que ça viendra d'autre chose que de l'économie.
18:35Peut-être que ça viendra effectivement de la politique.
18:37On a des élections aux Etats-Unis.
18:39Peut-être qu'à un moment donné, il y aura des sondages qui sortiront,
18:43qui montreront que tel candidat a plus de chances de passer que l'autre,
18:47que son programme pour les entreprises, ce n'est pas très sympa,
18:53que sur certains secteurs, c'est là qu'ils vont aller chercher l'argent.
18:56Et là, ça peut créer un petit peu des secousses.
19:00Cependant que, quand on regarde, sans vous la faire de politique,
19:04on voit que chaque candidat aux Etats-Unis va amener son lot de turbulences.
19:07C'est-à-dire qu'il y a un candidat qui va monter les impôts de certains trucs,
19:12il y en a un autre qui va nous apporter une guerre commerciale et une guerre tarifaire qu'on a déjà fait.
19:16Et puis à l'arrivée, c'est quand même du déficit dans les deux cas.
19:19Je n'ai pas vu beaucoup de volonté de consolidation budgétaire,
19:23que ce soit côté démocrate ou républicain.
19:25Voilà.
19:26Thomas, vos commentaires, vos réactions bien sûr.
19:28Et puis, qu'est-ce qui se passe en Asie ?
19:31Que ce soit le Japon, que ce soit la Chine,
19:35vous passez beaucoup de temps en ce moment en Asie pour TKO
19:38parce qu'il y a des gros développements corporels commerciaux
19:41avec des acteurs asiatiques et notamment japonais.
19:44Qu'est-ce que vous comprenez de ce qui se passe sur le Yen, par exemple, aujourd'hui ?
19:49Et puis, dans cette zone asiatique, moi je veux bien qu'on reparle du trou noir chinois.
19:54Qu'est-ce qu'il y a de nouveau, si ce n'est qu'il n'y a rien de neuf, en fait,
19:57dans l'enlisement de l'économie chinoise ?
19:59Et jusqu'où le problème est profond pour des groupes occidentaux
20:01qui sont exposés encore à cette zone chinoise ?
20:06Alors, sur le Japon, les deux cas sont assez différents.
20:09Sur le Japon, c'est le fait qu'il y a une inflation aujourd'hui au Japon de 3%
20:15qui oblige la Banque du Japon à remonter ses taux.
20:18Et donc, on est de nouveau dans un environnement de taux positif au Japon.
20:22Le disan, je crois, était à 1%.
20:25Et donc, le carry trade sur le Yen,
20:27le trade de portage qui consiste à emprunter en Yen et à placer à l'étranger,
20:32c'est débouclé en partie.
20:34Après, c'est très compliqué de savoir s'il s'est entièrement débouclé,
20:37un peu débouclé,
20:39parce qu'il y a beaucoup de choses qui rentrent en ligne de compte
20:42dans ce carry trade avec les différentes pratiques de banque,
20:46d'asset manager, etc., de fonds de pension.
20:49Mais c'est ça qui s'est passé.
20:52Nous, on interprète ça vraiment comme un risque de, finalement,
20:55faire remonter les taux réels ailleurs qu'au Japon
20:58et donc créer un petit gap de liquidité.
21:03Et on le voit...
21:04Ça peut remettre de la tension sur des taux
21:07et des rendements obligataires de pays occidentaux.
21:10Oui, sur les taux réels, je pense.
21:13Et donc, indirectement, avoir un effet sur la liquidité des marchés.
21:18Donc ça, on a l'air là-dessus.
21:20Clairement, le fait que l'épargne japonaise allait s'investir à l'étranger
21:23avec, évidemment, les politiques monétaires des banques centrales
21:27et puis un éventuel stimulus chinois
21:31étaient les principaux arguments pour dire que la liquidité était abondante.
21:37Donc, les politiques de resserrement monétaire ont enlevé ça.
21:42La Chine n'a toujours pas fait de stimulus.
21:46Il y avait ce carré-trait japonais qui est en train de s'estomper.
21:51Et donc, on est un peu inquiets sur la liquidité.
21:54Après, sur la Chine, situation totalement différente.
21:57Donc, on est dans la situation d'un pays qui a renationalisé son économie
22:02avec une économie de nouveau dirigée par l'État.
22:06Les entreprises privées sont de nouveau très contraintes en Chine.
22:13Pour les entreprises non chinoises, il y a deux problèmes.
22:16Il y a le marché chinois qui est très difficilement investissable.
22:20Et on voit bien aujourd'hui que des sociétés qui continuent à opérer en Chine
22:25préfèrent opérer via des JV, des joint ventures,
22:29pour avoir le moins possible d'actifs engagés sur place.
22:32Portés par le partenaire chinois ?
22:34Portés par le partenaire chinois.
22:36Et puis, de l'autre côté, effectivement, les entreprises type ThyssenKrupp ou Volkswagen
22:41qui souffrent de la concurrence de produits chinois
22:43qui sont produits à perte ou à prix très bas
22:46parce que la politique de la Chine aujourd'hui industrielle,
22:49c'est de surproduire pour créer de la croissance
22:52et surtout pour créer cette indépendance vis-à-vis de l'Occident.
22:56Et donc, on se retrouve avec des produits chinois dans les cellules solaires,
22:59les panneaux photovoltaïques, les turbines éoliennes, les voitures,
23:01et puis, demain, les avions, les trains et les transports nucléaires.
23:04Et la grande conso y passe également.
23:06Moi, ce qui me frappe de plus en plus, c'est,
23:08outre la morosité du consommateur chinois,
23:10pas de filet de sécurité, etc.,
23:12enfin, ça qu'on décrit et qu'on comprend depuis plusieurs années,
23:15c'est l'émergence de ces marques chinoises.
23:17Dans des domaines...
23:18Alors, l'automobile, évidemment, je crois que tout le monde est au courant aujourd'hui,
23:20mais hier, on en parlait avec des spécialistes du luxe,
23:22même dans le domaine de la beauté aujourd'hui.
23:24Vous avez des L'Oréal, des Estée Lauder
23:27qui sont challengés par des marques émergentes chinoises
23:30qui raflent des parts de marché sur un marché assez atone, quoi, d'une certaine manière.
23:35Starbucks face à le King Coffee,
23:37c'est une mécanique de gain de part de marché de marque chinoise
23:40qu'on ne voyait pas avant face à des franchises occidentales
23:43qui étaient quand même reconnues, y compris sur ce territoire-là.
23:46Oui, et voilà, elles sont compétitives,
23:48mais après, il faut regarder comment elles sont compétitives
23:52et le cas échéant, sanctionner quand c'est de la compétition,
23:56quand c'est du dumping, quoi.
23:58Et donc, c'est ce que font les États-Unis,
24:00et l'Europe, on voit que ça menace quand même certains secteurs en Europe.
24:04Ça contribue à gripper aussi la machine dans certains secteurs,
24:08à exporter de la déflation, à créer de la...
24:11Si ça n'exporte pas, à créer du protectionnisme
24:14pour justement pas que ça en crée.
24:16Et on voit que c'est un frein à la croissance des résultats des sociétés sur le long terme.
24:21Bien sûr.
24:22Et le commerce entre l'Europe et la Chine,
24:25au début d'une forme d'escalade, là,
24:27les premières mesures qu'on peut prendre sur l'automobile,
24:30si on compare à ce que fait le Canada ou les États-Unis,
24:32on ne joue pas dans le même cours.
24:33Les enjeux sont aussi différents.
24:35Il n'y a pas une voiture automobile chinoise qui se vend sur le marché américain aujourd'hui.
24:38Donc, on peut mettre 100% de tarifs,
24:40mais il y a l'idée d'une escalade de guerre commerciale
24:43qu'on n'avait pas vue encore menée par l'Europe, en tout cas.
24:47C'est très complexe, c'est très politique, on ne sait pas.
24:50Il y a des enjeux très différents.
24:52Je pense que les industriels allemands ne sont pas très chauds pour mettre des tarifs,
24:56parce que, évidemment, les entreprises chinoises sont,
24:58ou étaient en tout cas jusqu'à présent, leurs clients.
25:00Aujourd'hui, ils sont plutôt des concurrents très compétitifs,
25:03avec des bases d'actifs plus neuves.
25:06Un savoir-faire, on le voit dans les voitures,
25:08qui n'a rien à envier à un savoir-faire européen.
25:11Mais voilà, l'Europe, ce n'est quand même pas ultra homogène non plus.
25:16Mais c'est sûr que ça peut menacer certaines entreprises, certains secteurs.
25:25Les parts de marché des constructeurs occidentaux automobiles européens,
25:29donc allemands avant Covid, c'était 2 tiers de parts de marché en Chine,
25:33c'est tombé à un tiers.
25:35Ça va à une vitesse quand même.
25:37Après, comment on se défend de ça ?
25:39Je pense que la première réponse, effectivement, c'est les barrières de venière,
25:42c'est-à-dire qu'on met des tarifs et puis on espère que ça va aller.
25:45Je pense que c'est une mauvaise réponse,
25:46parce que les Chinois s'adapteront à des barrières
25:48et on ne les mettra pas assez haut pour que ça règle le problème.
25:51On sera content qu'ils viennent construire des usines en Europe.
25:53À un moment, si nous on enferme, peut-être que ça va se faire comme ça.
25:57C'est défaitiste, parce qu'admettre que c'est fini,
26:02on ne produit plus la technologie en Europe.
26:05Volkswagen le dit, on ne peut plus.
26:08Volkswagen, en Allemagne, 300 000 personnes,
26:11on n'est plus compétitif.
26:13Le patron de Deutsche Bank, Christian Schewing,
26:15aujourd'hui, qui fait la leçon aux Allemands,
26:17en disant que les Allemands ne travaillent pas assez.
26:21Je pense que la prochaine réponse que feront les politiques,
26:25ce sera de mettre des quotas.
26:27Pour donner du temps à l'économie européenne,
26:33en particulier, les Américains c'est autre chose,
26:35mais les Européens devront faire un truc comme ça.
26:38Je pense que c'est la prochaine étape.
26:40Ce qui permet, en plus de coincer les Chinois avec des stocks monstrueux,
26:44parce qu'ils sont quand même avec des stocks non négligeables
26:47et ils vont être pendus si c'est ça.
26:49Donc, ça sera une manière de faire de la rétorsion,
26:51parce que construire des usines chinoises en Europe,
26:53je pense que c'est la fin de l'économie européenne.
26:57Donc, je ne pense pas que ça soit...
26:59On a bien construit des usines japonaises.
27:01Oui, mais ça c'est autre chose.
27:03C'est fini, c'est autre chose.
27:05Les Japonais ne voulaient pas détruire notre système.
27:07On n'est plus dans la même équipe.
27:09Les Japonais ne voulaient pas détruire notre système.
27:11Ce qui n'est pas le cas des Chinois.
27:13Il y a des usines de construction automobile chinoise
27:15qui s'implantent et qui vont s'implanter en Europe.
27:17Ça, le mouvement, il est quand même là.
27:19L'autre point de la Chine,
27:21on voit l'urgence sur laquelle ils sont,
27:23c'est qu'ils ont un problème démographique majeur.
27:25C'est-à-dire que pour la première année 2024,
27:27ça va être une année où il y aura plus
27:29de décès chinois que de naissances.
27:31Dans un pays où personne ne veut l'habiter,
27:33c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas compter sur l'immigration,
27:35ils ont un problème immobilier qui les condamne
27:37pour les dix prochaines années à avoir des politiques
27:39à la godille pour essayer de s'adapter.
27:41Donc, ils annoncent des baisses des taux,
27:43mais bon, qu'est-ce que vous voulez consommer
27:45si vous êtes déjà endetté ?
27:47Tout ça est très bien renseigné.
27:49Sauf qu'effectivement, le mur se rapproche
27:51et rien ne change de ce point de vue-là.
27:53En plus, c'est ce que vous disiez tout à l'heure,
27:55le fait de nationaliser l'économie,
27:57c'est rarement bon signe.
27:59Les assets managers, écoutez bien ce qu'ils font en Chine.
28:01Je ne sais pas si vous avez suivi l'histoire,
28:03ça fait un moment que les Chinois resserrent
28:05les assets managers en Chine.
28:07La nouvelle d'aujourd'hui, c'est qu'ils ont demandé
28:09aux sociétés de gestion que les hauts cadres
28:11rendent de l'argent sur cinq ans sur les salaires
28:13perçus sur les cinq dernières années.
28:15Je dis ça,
28:17je sens une inquiétude
28:19côté assets managers.
28:21C'est pour dire que même
28:23la LFI n'avait pas pensé à ça.
28:25On y est quand même sur un truc qui est quand même...
28:27Il n'y a pas trop fort dans cette idée.
28:29Il y a un membre du parti dans les conseils d'administration
28:31depuis plusieurs années, etc.
28:33Ça ne peut pas déboucher sur quelque chose de plus positif.
28:35Sur la rotation du marché boursier,
28:37je veux bien qu'on y revienne un peu,
28:39David. Alors effectivement, il y a à la fois
28:41peut-être le pic de la hype
28:43atteint autour de l'IA,
28:45de NVIDIA, etc.
28:47Face à ça, vous citiez quelques secteurs.
28:49Alors la conso de base,
28:51la santé, les télécoms,
28:53l'assurance aussi en Europe.
28:55Alors que l'automobile était leader
28:57boursièrement parlant en Europe jusqu'à
28:59avril peut-être.
29:01Le secteur automobile a fait 50% de baisse
29:03grosso modo depuis les points hauts.
29:05Alors que la santé, les telcos
29:07ne faisaient rien, on a vu cet été que c'est des secteurs
29:09qui ont parfaitement rempli leur rôle
29:11aujourd'hui. Est-ce que c'est des secteurs au-delà
29:13du caractère défensif intéressant en ce moment ?
29:15Est-ce que c'est des secteurs qui retrouvent aussi
29:17de l'intérêt pour des investisseurs
29:19de long terme ?
29:21Je vais juste donner
29:23une petite anecdote qui m'a été
29:25donnée par un de mes collègues avant de venir ici.
29:27On parlait
29:29justement de ce secteur, de la consommation.
29:31Et il me dit
29:33« Souviens-toi en 2000,
29:35au moment de l'éclatement de la bulle Internet,
29:37Coca-Cola s'est payé
29:3946 fois les bénéfices. »
29:41Donc,
29:43juste pour dire que
29:45le mouvement de surperformance qu'on a eu
29:47de ces secteurs-là,
29:49ce renversement de tendance,
29:51oui, on en a eu une partie.
29:53Est-ce qu'on est au bout
29:55du mouvement ? Probablement pas.
29:57Je pense que c'est un mouvement qui est en cours.
29:59Ça peut durer plus longtemps.
30:01En tous les cas, on est sur ces
30:03secteurs-là, on n'est pas encore
30:05sur les valorisations un peu
30:07extrêmes qui nous disent « Ça y est, c'est
30:09fini. » Effectivement,
30:11quand on voit un Coca-Cola qui se paye 46 fois les bénéfices,
30:13on peut se dire qu'il y a peut-être un peu une
30:15exagération.
30:17Peut-être sur ce genre
30:19de niveau, il n'y a pas si longtemps que ça.
30:21Post-Covid, on avait toutes ces valeurs
30:23Staples, Coca,
30:25Kraft, etc.,
30:27qui se payaient comme des valeurs
30:29d'hypercroissance.
30:31Je pense
30:33que ça prône pour
30:35en tous les cas un
30:37rééquilibrage des
30:39portefeuilles. Ce qui
30:41d'ailleurs devrait faire
30:43du bien au monde de la gestion active,
30:45parce que je rappelle qu'essayer
30:47de surperformer des indices lorsque
30:49tout est concentré sur cette valeur,
30:51c'est très compliqué.
30:53Nvidia, si vous voulez suivre le
30:55marché, il faut en avoir 6% dans le portefeuille.
30:57Pour une ligne, c'est beaucoup.
30:59On est juste neutre.
31:01Toutes les autres derrière.
31:03Il y a des vrais.
31:05Il y a des raisonnées.
31:07Que le marché s'élargisse à nouveau
31:09et qu'on voit d'autres secteurs
31:11prendre un petit peu le
31:13leadership, nous on trouve ça très sain.
31:15C'est plutôt de très bons signes.
31:17Un marché, un indice
31:19qui est tiré uniquement par
31:21un secteur, voire
31:23pire encore, un groupe de 5-6
31:25valeurs. Très connecté
31:27entre elles en plus.
31:29Diversification,
31:31là aussi, c'est un de vos maîtres mots.
31:33Thomas, est-ce que ça paye aujourd'hui ?
31:35Je voyais quand même le S&P 500 et couilles pondérées
31:37a très bien fait dans
31:39la phase de reprise post-5 août
31:41et a battu un record, je crois, il n'y a pas très longtemps.
31:43Un plus haut historique.
31:45Plus que diversification,
31:47le mot
31:49que j'aime bien prononcer, c'est sélectivité.
31:51Je préfère être sélectif
31:53que diversifié. Parce que
31:55encore une fois, avec ce mouvement
31:57de démondialisation, ce mouvement
31:59de remontée des taux,
32:03les taux vont rebaisser un petit peu.
32:05La diversification géographique,
32:07vous dites, n'est pas forcément...
32:09Je ne suis pas sûr.
32:11D'accord, j'entends.
32:13Je préfère prendre des paris
32:15sélectifs que de...
32:17comme on dit dans le Venture Capital...
32:19Répandre trop...
32:21C'est très clair.
32:23Ça, c'est la ligne d'un Warren Buffett.
32:25Une petite diversification, un Warren Buffett.
32:27Il est en train de vendre pas mal, d'ailleurs.
32:29Petite parenthèse.
32:31Des gros noms.
32:33Qui ont fait sa fortune et sa gloire, en partie.
32:35Nous, on est
32:37assez persuadés qu'on rentre dans une période
32:39de croissance faible dans le monde.
32:41Parce que, moins optimisé,
32:43il y aura moins
32:45de possibilités de créer de l'efficience
32:47en allant produire l'autre bout du monde.
32:49Il y aura moins de possibilités de créer
32:51du levier en mettant beaucoup de leviers
32:53et un environnement de taux réel qui sera un petit peu
32:55plus élevé, etc.
32:57Et que, donc, dans un environnement de croissance
32:59faible, il faut savoir prendre des paris et identifier
33:01ce qu'on pense être des secteurs
33:03de croissance forte.
33:05Voilà. Et donc, ça, ça veut dire
33:07être sélectif plus que diversifié.
33:09Oui, j'entends. Pour rebondir
33:11un peu sur la vision,
33:13la perspective macro que vous avez du monde
33:15de demain, quand vous entendez Jérôme Poel
33:17dire que l'inflation n'est plus un sujet,
33:19comment vous prenez ce message ?
33:21À la fois, il est bien obligé d'acter
33:23du mouvement de désinflation qui a été
33:25spectaculaire, d'essayer d'être un peu
33:27forward-looking
33:29aussi sur la situation,
33:31mais comment vous entendez ce message ?
33:33L'inflation n'est plus un problème jusqu'au jour
33:35où elle le redeviendra ?
33:37Je pense qu'il parle à court terme,
33:39je n'ai pas le contexte dans lequel il a dit ça.
33:41C'était Jackson Hole il y a 10 jours.
33:43Le marché du travail n'est pas une source de génération
33:45d'inflation aujourd'hui, les tensions
33:47s'évaporent sur le marché du travail, c'est plus
33:49un sujet de préoccupation immédiat
33:51effectivement à ce stade.
33:53Probablement dans le contexte d'une baisse des taux en septembre.
33:55Je pense que c'est ça l'idée.
33:57Parce que dire que l'inflation
33:59n'est plus un sujet
34:01à horizon quelques années,
34:03bon, peut-être qu'il a une
34:05grosse conviction ou de l'information qu'on n'a pas.
34:07Moi, je
34:09ne dirais pas ça parce que
34:11encore une fois, la démondialisation c'est inflationniste,
34:13la transition énergétique c'est inflationniste,
34:15la devise chinoise
34:17la devise chinoise forte
34:19c'est inflationniste. Regardez
34:21les coûts de fret encore
34:23dans le canal de Suez, aujourd'hui
34:25c'est très cher.
34:27Dans le canal de Panama, pour des raisons de niveau d'eau
34:29il y a un trafic qui est perturbé
34:31parce que le changement climatique fait que le niveau d'eau est plus bas.
34:33Vous avez toutes ces choses-là.
34:35Les coûts d'assurance sont
34:37beaucoup plus élevés parce que la sinistralité climatique
34:39commence à impacter les primes d'assurance
34:41pour les corporettes. Tout ça c'est inflationniste.
34:43Ce qui est d'ailleurs
34:45un peu bizarre dans ce moment
34:47de politique monétaire, c'est que
34:49Jérôme Poel
34:51endosse en tout cas dans son discours
34:53de Jackson une position assez agressive
34:55avec une économie
34:57qui tourne encore à 3% de croissance, deuxième
34:59estimation pour le PIB américain au deuxième trimestre.
35:01C'est peut-être le passé, mais c'est quand même
35:03un passé très récent. Il a pourtant un discours
35:05volontairement agressif
35:07il n'emploie pas les mots graduel, etc.
35:09Il se laisse toutes les options ouvertes
35:11pour pouvoir agir significativement
35:13en cas de détérioration
35:15supplémentaire du marché du travail.
35:17C'est-à-dire qu'il ne dit même pas une détérioration au-delà de 5%
35:19de taux de chômage. C'est partant du taux de chômage
35:21actuel, on ne veut plus voir de dégradation
35:23supplémentaire. De l'autre côté
35:25de l'Atlantique, alors qu'on a une situation
35:27économique, une atonie économique depuis
35:29deux ans en zone euro, qu'on a une inflation
35:31qui a baissé aussi très vite, je rappelle
35:33que l'inflation globale est à 2% autour
35:35aujourd'hui en zone euro.
35:37Une BCE qui partait toute seule en juin
35:39et tout le monde qui applaudissait en disant
35:41qu'enfin ils ont compris, etc.
35:43Pour la retrouver en septembre
35:45avec Isabelle Schnabel qui dit
35:47très progressif, très graduel
35:49dès qu'on commencera à approcher
35:51de la limite supérieure du taux neutre
35:53il faudra tout de suite arrêter et regarder
35:55ce qu'il se passe, etc. Enfin voilà.
35:57On retombe dans ce biais structurel.
35:59Moi je pense que c'est une source d'inquiétude des marchés
36:01c'est-à-dire qu'en fait le marché pousse aussi
36:03pour que les banques centrales
36:05agissent plus rapidement.
36:07Donc ça, ça fait partie
36:09des scénarios de RIC.
36:11Donc la Fed est prête à accélérer là où il faudrait que ce soit la BCE qui accélère.
36:13Oui, c'est tout à fait ça.
36:15Il y a quand même aussi
36:17un sujet, alors je ne sais pas
36:19ils n'en parlent pas parce que ce n'est pas le sujet, ils ne peuvent pas en parler
36:21mais la politique, les élections
36:23dans 60 et quelques jours
36:25aux Etats-Unis, fait aussi
36:27peut-être que Powell se dit
36:29je ne vais peut-être pas pouvoir...
36:31Je vais y aller maintenant pour un mouvement
36:33significatif. Et si on sécurisait
36:35le maximum avant que le nouveau locataire
36:37ou la nouvelle locataire de la maison blanche...
36:39C'est la qualité de la baisse des taux.
36:41Les baisses des taux en Chine aujourd'hui
36:43sont plutôt inquiétantes qu'autre chose.
36:45Il ne faudrait pas qu'une baisse des taux trop forte
36:47aux Etats-Unis soit trop inquiétante.
36:49Parce qu'il y a aussi un problème avec
36:51je reviens sur Kamala Harris, c'est parce que
36:53c'est quelque chose qui est dans les tuyaux sur
36:55l'impôt et ça c'est quelque chose qu'on retrouve
36:57également en Europe, c'est-à-dire qu'il y a
36:59beaucoup de tentations de monter les impôts
37:01d'une manière ou d'une autre.
37:03Si on taxe ça, mais ça fait remonter les impôts
37:05sur les sociétés, avec
37:07et ça c'est un point pour les
37:09les Big Seven,
37:11nos Magnificent Seven,
37:13c'est Google qui se retrouve un peu
37:15sous pression
37:17Elvidia !
37:19Elvidia !
37:21C'est une nouvelle qui...
37:23Ils ne vont pas
37:25détruire Elvidia !
37:27Aujourd'hui quoi !
37:29Ils vont essayer de calmer les ardeurs
37:31et montrer aussi aux autres qu'il ne faut peut-être pas
37:33s'emballer sur ces sujets.
37:35C'est une des raisons pour laquelle Elvidia est passée
37:37de 130 à 100.
37:39Ça joue quand même un petit peu
37:41avec des PE élevés, même si la croissance
37:43est quand même assez forte. Mais encore une fois,
37:45je pense que la politique américaine va donner le ton
37:47et là pour le moment,
37:49les sondages ne veulent rien dire, ils font des sondages nationaux
37:51qui ne veulent rien dire, même si Kamala Harris
37:53a une bonne traction.
37:55On est dans cette incertitude et je pense que
37:57cette incertitude
37:59nous met deux mois dans la vue.
38:01On n'a pas besoin de ça en Europe
38:03et aux Etats-Unis, ils peuvent peut-être se le permettre,
38:05mais en tout cas, ils prennent deux mois de retard
38:07comme ils ne vont pas faire ça le lendemain des élections.
38:09Enfin, on est...
38:11Et puis avec une politique budgétaire
38:13qui n'est quand même pas claire aux Etats-Unis.
38:15Le marché attend 100 points de base
38:17d'ici la fin de l'année pour prendre la fête.
38:19Oui, je sais, c'est pricey.
38:21Le marché attend quand même que la fête fasse...
38:23Il ne faudrait pas qu'ils fassent 0,50
38:25au premier mouvement, quoi.
38:27La Proba a bien remonté
38:29les ouvertures de postes.
38:31J'ai peur que ça perturbe un peu
38:33les investisseurs plutôt qu'autre chose. Parce que, là aussi,
38:35on parlait de Jackson Hole, mais
38:37au moment de Jackson Hole et depuis Jackson Hole,
38:39les indicateurs sont un petit peu
38:41détériorés. C'est pour ça que le marché met un peu
38:43de pression aussi. Il y avait
38:45une première baisse des taux qui était
38:47logique avec les informations qu'on avait.
38:49Là, c'est un peu... Il faut aller peut-être un peu plus loin.
38:51À ce stade, pour finir là-dessus, David,
38:53la probabilité du jour
38:55nous dit que 50 points de base
38:57sont en accord peut-être pour le 18 septembre prochain
38:59du côté de la Fed. Dans l'état actuel
39:01des choses, aujourd'hui, ce serait
39:03une nouvelle rassurante ou pas forcément ?
39:07Non, moi, je ne prendrais
39:09pas ça forcément comme une bonne nouvelle.
39:11Je pense que... Parce que,
39:13encore une fois, ce que l'on voit
39:15justifierait plutôt 25 points de base.
39:17Et du coup, s'ils en font
39:1950... C'est qu'il y a d'autres raisons derrière.
39:21Comme Thomas le disait, peut-être des informations
39:23que nous n'avons pas.
39:25Peut-être une motivation liée au calendrier politique
39:27qui pourrait les forcer aussi à agir un peu vite.
39:29Mais ce qui ne serait pas forcément bien perçu,
39:31d'ailleurs, par les marchés.
39:33Bon, rendez-vous
39:35avec tous les épisodes de politique monétaire devant nous.
39:37La BSE la semaine prochaine et la suivante,
39:39la réserve fédérale américaine. On notera aujourd'hui
39:41dans le G7 que la Banque du Canada
39:43qui a dû partir, peut-être la première,
39:45je pense, avant la Suisse.
39:47Ils en sont à la troisième baisse de taux.
39:49Économie très pétrole,
39:51proche des États-Unis.
39:53Mexique aussi a commencé à baisser
39:55les taux de l'autre côté.
39:57Les taux se resserrent.
39:59Bon, merci beaucoup messieurs. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
40:01David Calfon, Sanso, Longchamp,
40:03Asset Management, Alain Pitou, Senior Advisor
40:05ESG et Thomas Friedberger, TKO Capital.