Lundi 9 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit François Cabau (Économiste Zone Euro, Axa IM) , Kevin Thozet (Membre du comité d'investissement, Carmignac) et Igor de Maack (Dirigeant - Associé, VitalEpargne)
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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:14Igor Demac est avec nous, le directeur associé chez Vital Epargne.
00:17Bonsoir Igor.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19François Cabot nous accompagne, économiste zonoro chez AXA-IM.
00:22Bonsoir François.
00:23Bonsoir Grégoire.
00:24Et Kevin Thauzet, membre du comité d'investissement de Carmignac est à nos côtés également.
00:27Bonsoir Kevin.
00:28Bonsoir Grégoire.
00:29Comme promis, question très ouverte sur ce facteur politique.
00:32Je reprends quelques-uns des chiffres que vous avez compilés chez Carmignac en cette fin d'année.
00:36C'est vrai qu'on a démarré 2024 en ayant tous en tête que ça allait être une année politique historique
00:42avec un cycle électoral historique dans l'histoire moderne
00:46puisque 40% de la population mondiale a été appelée aux urnes, 60% du PIB.
00:51Résultat de tout ça, 80% des gouvernements qui étaient en place lors de ces élections se sont retrouvés balayés.
00:57Déjà un premier indicateur important et puis je ne vous refais pas la liste
01:01mais on voit bien que cette instabilité politique, géopolitique, elle conserve un rythme soutenu.
01:07Censure du gouvernement français, la Syrie ce week-end, des élections annulées en Roumanie, etc.
01:13Les marchés bougent mais pour autant on a l'impression que ce facteur ne remet pas en cause
01:17les grandes tendances qu'on peut observer sur les marchés.
01:21Ça ne devrait a priori pas s'arrêter parce que là on a eu la première étape qui est le vote.
01:28Vote qui s'est fait sur des promesses, souvent des plateformes politiques dites populistes.
01:34Même ceux qui étaient déjà en place ont souvent épousé ces plateformes politiques.
01:40Ils sont montés dans le train du populisme à leur tour.
01:432025 va être l'année où on aura ces promesses politiques qui vont se confronter à la réalité des marchés financiers
01:51avec notamment le spectre d'avoir ce mur obligataire, ces super héros ou super vilains, ça dépend de quel côté on se place,
01:57des marchés obligataires qui pourront siffler de la fin de la partie, en tout cas amener un peu plus de mesures.
02:03C'est vrai que sur les grands thèmes, le prolongement de ces thèmes-là, celui du déficit reste tout à fait d'actualité.
02:11La séquence qui se passe en France depuis quelques jours ou quelques semaines, on va plutôt dans ce sens-là.
02:17On est plus en train de parler d'une baisse du déficit français, 0,5 points de PIB.
02:22Il y a de ça quelques mois, on était plutôt autour de 1,5%, et ça c'est quelque chose qui devrait a priori continuer.
02:29Aux Etats-Unis, ce sera le cas aussi. On ne peut pas placer beaucoup d'espoir sur le fameux doge de M.Musk.
02:38L'idée d'aller couper 2 trillions de dollars de dépenses fédérales dans les 6-7 trillions qui existent.
02:44C'est à peu près l'intégralité des dépenses discrétionnaires américaines.
02:48Toutes les dépenses de l'armement notamment et de la défense notamment.
02:52Même si on peut espérer y croire ou si certains peuvent y croire, le résultat de cette analyse-là ne sera pas connu avant mi-2026.
02:59Il peut quand même se passer quelques éléments, quelques faits.
03:04Ma question était comment un gérant d'actifs financiers intègre ce facteur politique, cette volatilité politique ?
03:13Vous dites que c'est à travers le marché obligataire que ça se joue.
03:15Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Ça justifie des primes plus élevées pour la plupart des pays demain ?
03:23Si on rentre dans le détail de ça, qu'est-ce que ça veut dire sur la prime de terme ?
03:28C'est-à-dire que plus de déficit en général et plus de dépenses budgétaires ou des dépenses budgétaires importantes,
03:35ça veut dire un peu plus d'inflation, en tout cas des primes d'inflation un peu plus élevées.
03:38Des primes de terme aussi un peu plus élevées.
03:40On va exiger plus d'argent pour aller prêter à la France, aux Etats-Unis, à l'Italie.
03:45Et j'en passe sur des maturités 10-20 ans que sur des maturités 2-3 ans.
03:49Aujourd'hui, l'écart entre ces deux maturités-là est de l'ordre de 0,10%.
03:53On peut dire que c'est vraiment une prime de teinte qui est particulièrement élevée.
03:57Donc ça, je pense que c'est un facteur.
03:58Et c'est bien les parties longues qui sont trop basses.
04:00Les parties longues nous semblent trop basses.
04:03Peut-être que les parties courtes sont trop hautes aussi.
04:05Il y a quand même un cycle de baisse de taux qui se dessine.
04:08On peut arguer, et j'espère qu'on le fera,
04:10qu'elle sera le niveau d'atterrissage des politiques monétaires en Europe, aux Etats-Unis et autres.
04:15Mais en tout cas, les parties plus longues de courbe,
04:17il devrait y avoir un écart plus important entre les parties courtes de tour courbe et les parties longues.
04:21Parce qu'on vient d'un environnement où on avait des courbes de taux qui étaient inversées,
04:25là on est dans une phase de transition, des courbes de taux qui sont très plates.
04:28La situation normale, si tant est qu'il y a une normalité, c'est plutôt des courbes de taux pentues.
04:32La courbe de taux française, si la situation française est normale,
04:35mais en tout cas la courbe de taux française, l'écart entre les tours courtes et les taux plus longs français,
04:38ressemble plus à une courbe de taux traditionnelle.
04:40Donc ça, je pense que c'est un élément.
04:42Le deuxième, c'est comment est-ce qu'on va y chercher de la visibilité.
04:44Là, c'est plus quand on va investir.
04:46On a des marchés du crédit qui se sont largement enchéris.
04:49Pour autant, on arrive à trouver des taux servis dans le monde des obligations d'entreprise.
04:54Ça, c'est des poches de rendement avec une relative visibilité qui offrent du confort encore aujourd'hui.
05:04Comment on gère de l'épargne dans un monde beaucoup plus volatile sur le plan politique,
05:10sur le plan macroéconomique aussi peut-être, Igor ?
05:12La question n'est pas nouvelle, mais c'est vrai qu'encore une fois,
05:14au terme de cette année 2024, avant d'entrer dans 2025,
05:17je me dis que c'est quand même un facteur qui domine aujourd'hui au moins les esprits des investisseurs.
05:23Moi, qui ai toujours un point de vue un tout petit peu provocateur,
05:27je dirais qu'il n'y a pas vraiment d'instabilité politique.
05:29Il y a plus une alternance politique puisqu'aux Etats-Unis, ce n'est pas une instabilité.
05:33Il y a un pouvoir républicain, toutes les chambres, vote populaire, vote de collège des électeurs.
05:39Donc ça, c'est une alternance. Au Royaume-Uni, c'est une alternance.
05:42Il y a une instabilité qui a été provoquée par nous-mêmes en France.
05:46Il y a une instabilité, effectivement, en Allemagne, mais en Italie, il n'y en a pas.
05:50En Espagne, il n'y en a pas. En Inde, il n'y en a pas eu.
05:52En Russie, c'est tenté que l'élection puisse être comparée.
05:55Mais enfin, en Ukraine, l'élection présidentielle n'a pas été faite, alors qu'il devait y avoir une.
06:00Donc moi, je dirais qu'il y a des zones d'instabilité qui sont maintenant au grand jour,
06:04à côté de zones d'alternance où il y a des mouvements de tectoniques de plaques économiques
06:10et financières et monétaires qui sont en train de changer.
06:12La macroéconomie, il n'y a pas trop de volatilité.
06:14C'est une reprise qui est un peu molle.
06:16En Europe, on est toujours dans une espèce de dichotomie entre le très au sud, le très au nord
06:24et puis le cœur qui végète.
06:26Donc non, c'est une année où même la volatilité des marchés n'a pas été extrême.
06:30Action, oui.
06:31Action. Les taux, c'est plus lié au changement de politique monétaire que réellement au momentum économique.
06:40C'est très difficile de descendre.
06:42Enfin, moi, je pense qu'on aurait dû aller plus vite parce qu'effectivement, il n'y a pas beaucoup de croissance.
06:46Donc, il faut un peu stimuler la croissance.
06:48Mais comme on est allé très haut très vite, c'est aussi compliqué de descendre très vite parce que ça fait aussi peur.
06:54Mais si les conflits militaires s'apaisent, se calment, c'est peut-être un espoir de stabilité pour 2025, 2026.
07:06Un mot là-dessus.
07:08Peut-être que l'Ukraine, ça va s'arrêter.
07:10La Syrie, bon, on ne sait jamais parce que c'est quand même une zone.
07:13Mais il y a eu cette paix fragile avec le Liban, entre Israël.
07:17Il y a quand même des discussions sur Gaza.
07:19Donc ça, ça peut calmer un petit peu la sphère géostratégique.
07:23Après, les marchés financiers, ils aiment la guerre.
07:26Ils l'ont montré.
07:28L'économie américaine, elle aime la guerre.
07:30On le dit.
07:31Les dépenses militaires et le consortium militaire ou industriel tournent à plein depuis 2-3 ans maintenant.
07:37C'est triste à dire, mais c'est quand même des sujets...
07:40Les économies de conflit, alors de guerre, que l'Ukraine soit en économie de guerre, j'entends.
07:45Les États-Unis, dans une économie de tension, de conflit ou de conflictualité.
07:49Vous dites, oui, sur le plan macroéconomique, sur le plan des marchés, c'est des opportunités pour les investisseurs.
07:55Les dépenses militaires mondiales sont au plus haut historique, totalisées dans tous les pays.
07:59Donc ça fait quand même marché des usines et des emplois.
08:01Malheureusement, on aime bien se faire la guerre.
08:05Mais quand même pour...
08:07Et à ce titre-là, c'est quoi la réflexion qu'on a si jamais le conflit russo-ukrainien est stoppé par Trump dès Day One,
08:17comme il nous le promet et comme il réaffirme encore la possibilité ce week-end ?
08:22Qu'est-ce que ça change pour l'investisseur en Europe ?
08:25Ça peut changer la dynamique sur les matières premières éventuellement.
08:29Ça peut aussi changer comme une dynamique budgétaire parce que l'Europe envoie beaucoup d'argent.
08:33Donc c'est aussi un peu notre argent.
08:35Après, il faut voir quel est le terme.
08:38Oui, j'entends.
08:40Si c'est pour récupérer un poids tout de suite dans l'Union européenne, je ne suis pas sûr que ça aide beaucoup les finances publiques globales.
08:45En tout cas, c'est une zone où le commerce pourra revenir.
08:49Et c'est quand même une zone assez clé, cette zone.
08:52Je ne parle pas de la zone en dessous du canal de Suez, etc.
08:57Je pense que c'est quand même toujours mieux, sachant qu'on a un paysage douanier qui va se durcir,
09:04qu'on ait une globalisation qui revient un peu à un mode normal.
09:08Il faudrait quand même qu'on puisse entre grandes puissances se parler et commercer
09:12parce que c'est ça qui, quand même, alimente.
09:15Sortir du conflit de haute intensité, comme disent les spécialistes, ce serait quand même plutôt une bonne nouvelle.
09:20Je mets de côté, évidemment, les dommages humains et solitaires.
09:24Les Etats-Unis et l'Europe, on ne va pas pouvoir vivre sans les Chinois, les Indiens et les Russes.
09:29Il va falloir qu'on trouve des moyens de communication.
09:34Sur le plan macroéconomique, comment on fait des prévisions dans un contexte comme celui-là ?
09:38Comment on intègre le facteur politique dans un jeu de prévision classique de fin d'année pour l'année N1 ?
09:45C'est sûr que ça rend l'histoire encore plus compliquée qu'elle ne l'est d'habitude.
09:50Là-dessus, je ne chargerai pas forcément la sérénité de mon voisin sur les choses qui vont dans le bon sens.
09:56C'est simplement une alternance.
09:58Je pense qu'effectivement, on a un facteur incertitude qui est un plus haut, en tout cas sur l'Europe.
10:02Malgré la décrise des précédents qu'on a eu en Europe, on se retrouve quand même sur un statut à la fois domestique
10:08et des vents contraires extérieurs.
10:10On l'a évoqué avec la présidence Trump et l'aspect protectionniste notamment.
10:14Soit en direct, soit en indirect, ça va nous toucher d'une manière ou d'une autre.
10:17On est excessivement exposés en Europe.
10:19Là-dessus, je pense qu'il faut voir les choses de deux façons.
10:23Il y a un aspect un peu exempté.
10:25Comment est-ce qu'on prend cette incertitude ?
10:27Et là, il y a des bonnes études qui ont été faites notamment récemment
10:29qui indiquent que l'incertitude, ça impacte le PIB à l'horizon de moins 0,4 ou moins 0,5 sur une année.
10:38C'est plutôt vu comme un coût économique.
10:42C'est très clairement un coût économique.
10:44Là-dessus, il y a des références statistiques qui tiennent bien la route sur l'investissement.
10:48Là-dessus, on a vraiment quelque chose qu'on peut avoir un cadre de réflexion.
10:53Quantitativement, ça tient à peu près bien la route.
10:56Ce qui est intéressant là-dessus, c'est que dans les études qu'on regarde,
10:59on se rend compte que post-Covid, les élasticités sur l'incertitude sont plus élevées qu'avant.
11:04Elles ont tendance à avoir un impact qui est plus long.
11:08Là, je mentionnais l'impact de 0,4 ou 0,5 points de PIB à l'horizon d'un an.
11:11Mais il y a une résistance et une persistance à l'horizon de huit trimestres.
11:15Il y a des cicatrices. Les effets perdurent dans le temps.
11:18C'est un peu au gré le gré qu'on se reverra dans un mois.
11:21Dans les prochaines semaines, on se rendra compte où est-ce qu'on en est.
11:24Est-ce qu'on est plutôt en phase ascendante ou descendante de cette incertitude ?
11:27Est-ce qu'on n'accumule pas des freins là-dessus ?
11:30Je pense que c'est un premier élément qui est assez clair.
11:33Quantitativement, on est assez au clair.
11:35Un deuxième élément qu'il faut prendre en compte, c'est l'aspect dynamique de cette affaire-là.
11:40On l'évoque très souvent sur le plateau.
11:42Les questions d'incertitude et la relation consommateur sur le taux d'épargne
11:45qui est un élément clé de tout prévisionniste et de tout ceux qui entrevoient la croissance l'année prochaine en Europe.
11:51On a tous de la consommation qui revient bonne en mal en.
11:54C'est le cas chez nous.
11:56Mais on se rend compte que c'est un élément qui ne va faire que peser.
12:00On est plutôt sur un biais sur l'investissement, sur l'incertitude, mais également sur le consommateur.
12:04On se rend compte que là, on est sur une relation statistiquement qui est vraiment compliquée à mettre en évidence,
12:10mais qui, a priori, ne peut mettre qu'un frein supplémentaire
12:14ou en tout cas apporter plus de grains à moutre sur une prudence des consommateurs
12:18et donc du coup un taux d'épargne qui resterait encore plus élevé.
12:20Donc là, effectivement, c'est extrêmement important,
12:24non seulement d'un point de vue de relais de croissance et de ce qu'on entrevoit dans nos projections.
12:29Et nous, on est vraiment très prudents là-dessus.
12:31On a une croissance de la zone euro l'année prochaine à 1% après 0,8% cette année.
12:35Donc une très faible accélération, très modérée,
12:38notamment liée justement à un comportement d'épargne qui va être encore latent, prudent sur l'année 2025.
12:45Et on est bien parti pour que ce soit validé.
12:48Et il y a un deuxième élément, et là je m'appuierai sur ce que disait Kevin à l'instant,
12:52sur les aspects obligataires, c'est que, et la France en est un bon exemple,
12:57c'est-à-dire qu'il y a une partie de ce qui manque dans le budget,
12:59en tout cas du dérapage budgétaire de ces différentes années,
13:02c'était une consommation qui était en bain.
13:04Donc c'était une consommation, un PIB qui n'était pas forcément si décevant que ça,
13:08mais c'était une composition de la croissance qui était dommageable.
13:14Et donc là-dessus, effectivement, si on est encore plus prudents,
13:16moins de croissance, mais ce n'est pas que simplement moins de croissance,
13:18c'est aussi moins de revenus.
13:19Et donc là-dessus, effectivement, des déficits qui sont amenés à filer encore plus
13:22et qui donnent du coup des réactions au marché financier assez logiques,
13:24telles que l'évoquait Kevin à l'instant.
13:26Et donc le rythme de croissance pour la France, spécifiquement en 2025,
13:29il peut s'étager entre quel niveau et quel niveau ?
13:32Aujourd'hui, on est à 0,7.
13:34Donc une décélération de croissance après 1,1 cette année en prévision,
13:370,7 l'année prochaine.
13:39Et voilà, donc quelque chose qui, là où on en saura plus dans les prochaines semaines
13:43et je pense encore plus en 2025, au moment où on aura un vrai budget
13:47qui sera à la discussion.
13:49Mais je pense qu'effectivement, on va plutôt tourner d'entre 0 et 0,5
13:52plutôt qu'entre 1 et plus.
13:54Et là-dessus, effectivement, il faut se rendre compte
13:56de la prévision implicite du gouvernement qui est faite,
13:58qui était à 1,1 et avec, effectivement, un comportement d'épargne assez allant.
14:03Et là-dessus, on peut être à la fois sur le chiffre de croissance au total
14:07et également sur sa composition, une nouvelle fois,
14:09qui peut nous faire des rappels de plus en plus.
14:11Et plus l'idée d'une stagnation, de quelque chose qui s'englurait un peu,
14:14plutôt que l'idée d'une récession un peu soudaine,
14:18le stop soudain qui arrêterait et mènerait l'activité générale à se contracter ?
14:24C'est plus un frein au trimestre plutôt qu'un coup à brut, effectivement.
14:28Et grâce aussi, il faut le dire, au modus opérant,
14:32à la résilience institutionnelle de la France sur le fait qu'il n'y ait pas de shutdown.
14:35Et donc, du coup, on a effectivement quelque chose qui va tenir
14:39et qui ne va pas du tout s'arrêter.
14:40Donc là-dessus, ça aide effectivement à avoir un impact,
14:42on va dire, sur la croissance séquentielle
14:44plutôt qu'effectivement sur un arrêt brut là-dessus.
14:47Est-ce qu'il y a trop de pessimisme sur l'Europe dans les marchés aujourd'hui, Kevin ?
14:51Si je regarde des multiples de valorisation sur les marchés d'action,
14:54il me semble que oui.
14:55Alors peut-être que c'est une autre façon de répondre à l'incertitude à court terme,
14:57c'est de se projeter justement...
14:59À 10 ans, 15 ans ?
15:01Et là, quand on regarde, je ne sais pas comment on appelle ça,
15:04des thématiques de marché, des secteurs, des tendances de moyens à long terme,
15:08il y a peut-être des choses à faire sur les marchés d'action
15:11sur lesquels on a une relative visibilité.
15:13Le nombre croissant de passagers dans le secteur aérien, par exemple,
15:18ça sera surtout porté par l'Inde.
15:20C'est pas sûr que la situation déficitaire française
15:22va fortement impacter le nombre d'aéroports
15:24qui seront construits en moyenne sur les 10 prochaines années.
15:27Donc ça, c'est des choses qu'on peut regarder.
15:29C'est vrai que quand on regarde dans ces secteurs-là, dans ces thèmes-là,
15:32on voit des écarts de valorisation extrêmement importants
15:35entre des géants européens, Airbus par exemple, et Boeing.
15:39En dépit de la situation très spécifique de Boeing,
15:43on a des niveaux de valorisation, et ça sur plusieurs métriques,
15:47que ce soit la valeur d'entreprise rapportée au marge débit,
15:50un ratio cours-bénéfice, je ne sais pas si le bénéfice de l'année prochaine
15:53ou de l'année d'après pour Boeing a beaucoup de sens,
15:55mais peu importe, sur beaucoup d'indicateurs de valorisation,
15:58on a des écarts entre 30 et 40 %.
16:00Et ça, ça dit quand même quelque chose.
16:02– Et ça, vous dites, c'est des boîtes
16:04qui sont simplement victimes de leur cote postale,
16:06parce que localisées, cotées en Europe,
16:10il y a une décote liée à la géographie même de l'entreprise.
16:15– Oui, après on le sait, en Europe, on a des marchés de capitaux
16:18qui sont moins profonds que les États-Unis,
16:20il y a peut-être des dynamiques d'entreprise,
16:22des modèles d'affaires ou des chefs d'entreprise
16:24qui sont aussi moins favorables au monde de l'entreprise,
16:27le rapport au rachat d'actions, au paiement de dividendes, etc.
16:31De là à expliquer 30-40 % des cotes, ça me semble beaucoup.
16:35Et c'est vrai que l'exemple que je donne dans le secteur aérien,
16:37on le retrouve dans des valeurs de fonds de portefeuille,
16:40on parlait d'air liquide et d'Inde,
16:43il y a un écart de valorisation qui est important.
16:46L'Inde, c'est une entreprise qui a été européenne,
16:48qui s'est cotée aux États-Unis.
16:49– Pour une star américaine, on trouve un pair européen
16:51qui a à peu près les mêmes qualités, les mêmes caractéristiques,
16:53parfois même de meilleure qualité bilancielle ou de croissance,
16:57avec toujours une valorisation structurellement inférieure.
17:00– On regarde dans le secteur de l'électrification,
17:02entre un acteur comme Schneider Electric et Eaton,
17:05on a à peu près les mêmes revenus aux États-Unis,
17:08les mêmes niveaux de marge à 1 ou 2 % près,
17:11les mêmes perspectives de croissance des bénéfices par action sur du long terme,
17:14et on a ces écarts de valorisation qui sont absolument importants.
17:17– Novo Nordisk Lily, on l'a fait le point la semaine dernière,
17:19c'est pareil, c'est peut-être 10-15 points d'écart de valorisation.
17:21– C'est le cas dans la santé, c'est le cas dans l'industrie,
17:23c'est le cas dans l'aéronautique, c'est le cas dans la consommation de base.
17:27– Et donc on serait bien avisé de se dire qu'il y a quand même peut-être
17:31au moins une réduction, une résorption partielle de ces écarts à attendre ?
17:34– C'est toute la question, c'est la question des catalyseurs,
17:37ce qui se passera ou ne passera pas en Ukraine ça peut être le cas,
17:39ce qui se passera à la suite des élections en Allemagne aussi,
17:42il peut aussi y avoir des bonnes nouvelles.
17:44– Ah mais oui, c'est-à-dire qu'avec toujours un niveau de pessimisme
17:48structurellement important sur l'Europe et peut-être encore plus aujourd'hui,
17:52je me dis qu'à un moment il y aura forcément à la marge
17:54des surprises plutôt positives.
17:56– Exactement, et donc ça dans un portefeuille,
17:58commencer un peu à diversifier ses investissements, ça peut faire du sens,
18:02on préfère le faire avec des sociétés, des secteurs qui sont un petit peu
18:06moins sensibles au cycle économique, parce que comme on nous le disait,
18:09ça ne va pas être le feu d'artifice.
18:11– Il y a un excès de pessimisme là en Europe, en France sur le CAC,
18:14ça fait 7-8 séances que le CAC se stabilise, rebondit un peu,
18:18ça nous dit quand même quelque chose, Igor ?
18:21– Moi je pense que ma sérénité elle vient surtout de l'expérience
18:25sur la zone euro qui a connu quand même des moments extrêmement difficiles auparavant,
18:31après qu'il y ait une instabilité très caractéristique française
18:36et puis je dirais ponctuelle en Allemagne,
18:39c'est aussi la vie des systèmes politiques.
18:42Quand on regarde ce qui s'est passé sur les marchés actions,
18:45la peur de l'alternance ou de l'instabilité, ça n'a pas empêché
18:48les marchés dominants, c'est-à-dire les marchés américains.
18:51Pourquoi ils sont favorisés ?
18:52Parce que certes les actions américaines sont hautes, chères,
18:55mais incontournables et tous les flux y vont, donc on est dans un marché,
18:58donc si les flux partent d'un endroit à un autre, ça va baisser.
19:01Après je suis d'accord, les sociétés internationales européennes,
19:05là elles sont achetables, celles qui sont avec le même périmètre,
19:09des sociétés leaders, des bons produits, clairement.
19:11– Il y a des comparables européens là qui sont vraiment intéressants à regarder.
19:14– Les sociétés trop européennes ou qui sont exposées à des thématiques
19:18type l'automobile ou le luxe, donc la Chine en fait, un peu plus l'électrique,
19:22là c'est une dynamique un peu différente, mais vraiment les plateformes mondiales,
19:26qu'elles soient cotées en Europe ou aux États-Unis,
19:28si elles ont les mêmes métriques de marge, il n'y a aucune raison.
19:31Et là, à mon avis, il y a trop de pessimisme et il faut rentrer.
19:34Alors en décembre peut-être pas, on a aussi un peu de temps,
19:37je veux dire l'Europe ne démarre pas comme ça en prenant 40 %.
19:40– Non mais le marché peut aller vite sur des histoires comme ça.
19:42– Oui, alors c'est quand même des macro-thèmes,
19:46Schneider, il faut que la croissance mondiale soit quand même là aussi.
19:49– C'est des thèmes à diffusion lente, parce qu'on voit de plus en plus le marché…
19:52– Non mais c'est des mois de macro, elles sont partout,
19:53donc il faut que partout ça marche un peu.
19:55– Le marché joue parfois très vite la fin de l'histoire aujourd'hui.
19:58Dans des marchés algorithmés, etc. ça peut aussi aller très vite.
20:01Mais là vous dites, on a du temps quand même pour se repositionner.
20:04– On dit toujours aux clients qu'ils ont du temps,
20:06parce qu'on ne peut jamais acheter au plus bas,
20:08il faut vendre plus haut, donc il faut acheter.
20:10Mais là c'est vraiment un thème des grandes valeurs internationales cotées en Europe
20:13qui ont des bons modèles économiques et des positions de leadership,
20:16ça c'est à mon sens, aujourd'hui on peut mettre…
20:20Et puis peut-être même les petites et moyennes entreprises,
20:23parce qu'elles sont toujours très très décotées,
20:25et qu'elles vont finir par disparaître, être retirées de la cote à un moment ou à un autre.
20:29Parce que c'est ça, le risque pour un investisseur boursier,
20:31c'est qu'un jour il y en a un plus malin, sur le non-coté,
20:34qui dit bon, ça ne sert à rien de la laisser en bourse.
20:36– On est au point où soit elles rebondissent, soit elles se font sortir.
20:39– Oui et puis il y a des gens qui n'ont plus envie d'être en bourse,
20:42parce qu'ils voient leur cours de bourse, des familles, des patrons,
20:44en disant je ne vais pas communiquer tous les trimestres,
20:47tout mon business plan à mes concurrents qui sont non-cotés,
20:49pour être valorisé cinq fois le bénéfice de l'année.
20:53C'est un marché, donc je pense qu'il y a plutôt des opportunités.
20:56Malheureusement il faut dire aux gens que c'est quand ça va un peu plus mal
20:59qu'il y a des opportunités, et on attend les tarifs douaniers.
21:03Mais il y a l'Ukraine, mais effectivement le vote en Allemagne,
21:06il ne va peut-être pas être si catastrophique.
21:08Le pire n'est jamais certain, et vendre Armageddon a toujours été,
21:12pour moi, un très mauvais conseil aux investisseurs.
21:16Après il y a des grandes crises, 2007-2008 c'est une grande crise.
21:19– Bien sûr, bien sûr.
21:21– Les années 30 aussi, mais il n'y en a pas quand même tous les 2-3 ans.
21:24– Bon, puisqu'on est sur le terrain des bonnes nouvelles,
21:27François, en attendant de voir le résultat des élections en Allemagne,
21:30en attendant de voir si Donald Trump arrive à stopper, geler,
21:34ou diminuer l'intensité du conflit entre la Russie et l'Ukraine,
21:39est-ce qu'on peut compter sur la Banque Centrale Européenne
21:41pour nous apporter, elle aussi, son lot de bonnes nouvelles ?
21:44– Oui, alors effectivement c'est ce qu'on attend dès cette semaine,
21:46une base de 25 points de base, et je pense que là,
21:48là-dessus, c'est une attente qui est assez consensuelle dans le marché,
21:52et auprès de mes compères, là-dessus, il y a peu de doute.
21:56C'est une baisse de taux qui aurait pu être, d'après les données d'Urgella,
22:00de 50 points de base, quand on regarde les derniers enquêtes de conjoncture,
22:03et l'inflation, on se rend bien compte qu'on est plutôt en train d'accélérer
22:05beaucoup plus vite, mais il y a manifestement un consensus
22:07au sein des gouverneurs qui va limiter cette baisse à 25,
22:10mais par contre, nous c'est notre attente d'avoir un début de guidage,
22:14qu'on a perdu le guidage avec cette remontée des taux,
22:17on joue au meeting après meeting, et en étant dépendants sur les données,
22:20et là-dessus, ça n'a pas changé, il ne faut pas se faire de fausses attentes,
22:24par contre, d'avoir un début de guidage sur, on réduit l'aspect restrictif
22:29de la politique monétaire de manière graduelle,
22:31c'est-à-dire que la BCE ne dit plus, on va rester à ces taux aussi restrictifs
22:35pendant aussi longtemps que nécessaire, et on verra bien.
22:38Ça, c'est la phrase clé du communiqué depuis qu'on a commencé à monter les taux.
22:42Exactement, et depuis qu'on est arrivé au pic, surtout.
22:44Et qu'on est arrivé au pic.
22:45Et là, on va le garder à ces niveaux-là tant qu'on en a besoin,
22:48mais pour dire à la place, on va continuer à réduire de manière graduelle…
22:53Le degré de restriction monétaire.
22:55Réduire de manière graduelle le degré de restriction monétaire.
22:57Très clair.
22:58Ça, c'est bien, c'est une bonne nouvelle, ça.
23:00C'est une bonne nouvelle, parce que ça veut dire qu'il y a un biais évident,
23:04et on est sûr qu'on va faire au moins 25 points de base chaque meeting,
23:07et on est data dépendants.
23:08Donc, ça veut dire qu'au pire, on fait 25 points de base,
23:14et au mieux, on pourrait faire plus.
23:16Et là-dessus, effectivement, pour moi, on est sur au moins les deux prochains meetings à 25,
23:20parce qu'il y a un séquençage sur les données macroéconomiques
23:23qui ne justifie pas de faire 50 maintenant,
23:25mais au vu des données, en tout cas dans nos prévisions qu'on attend pour le printemps,
23:31on pourrait se trouver dans une position où la BCE puisse être tout à fait justifiée
23:35d'en faire 50.
23:36Donc, les derniers verrous au cœur du Conseil des gouverneurs
23:40et du directoire de la Banque Centrale Européenne
23:42face à la réalité des données, à un moment, changeront leur fusil d'épaule.
23:46Et la stratégie de se dire, c'est bien de garder de la poudre sèche
23:50en cas de future crise, etc.,
23:54cette stratégie-là, elle sera rendue caduque par la réalité des données à un moment.
23:59Voilà, absolument.
24:00Et c'est un peu l'ambivalence dans laquelle on est.
24:03C'est-à-dire qu'on raconte une histoire dans laquelle la croissance s'améliore,
24:06mais qui n'est pas suffisante pour gérer de l'inflation.
24:09Et donc, nous, nos prévisions d'inflation atterrissent à un 8, un 7 à la fin de l'année 2025
24:13et restent là en 2026.
24:14Donc, en fait, on commençait à se parler il y a quelques semaines,
24:18on atterrissait à la fin 2025 à ce niveau-là.
24:21Et maintenant, avec nos nouveaux jeux de prévisions de 2026,
24:23on est à une prévision à 1,7 en moyenne.
24:25Et du coup, on a forcément du coup...
24:27Mais à la limite du mandat.
24:29Voilà, et même en dessous du mandat, parce que le mandat est symétrique.
24:32Ça veut dire qu'une BCE doit aller en dessous.
24:34Et donc, un taux d'atterrissage pour nous à 1,50 à la fin de l'année,
24:37avec 25 jusqu'en juin à 2%.
24:39Et puis après, on va en dessous, effectivement, pour soutenir ce cycle économique.
24:42Parce qu'on sent bien que, oui, c'est en phase d'amélioration,
24:44mais pas suffisamment pour créer cette inflation qui s'atterrirait à la cible
24:48et donne du coup le besoin d'avoir une BCE qui est plus active.
24:51On va assister à une forme de désynchronisation des politiques monétaires au cours de 2025.
24:55On est à peu près tous repartis en même temps pour baisser les taux
24:58à quelques millimètres près.
25:00Le dosage a été un peu différent.
25:02Mais au final, on se retrouve tous avec 2, 3 baisses de taux sur cette fin d'année.
25:07Ça va bouger différemment en 2025 ?
25:10En tout cas, c'est ce que nous disent les marchés forward.
25:13C'est-à-dire qu'ils nous disent bien qu'il y a encore 5 à 6 baisses de taux
25:18en fonction des prévisionnistes pour un taux d'atterrissage entre un 75 et un 50 en Europe.
25:23Et aux États-Unis, on a le plateau qui arrive bien avant cela.
25:30Nous, on estime que ce plateau-là pourrait être plutôt sur des niveaux de 4% aux États-Unis.
25:35Parce qu'encore une fois, on a une croissance qui est très forte.
25:38Une croissance des salaires qui reste très forte.
25:40On avait des chiffres la semaine dernière.
25:42C'est quoi ? 4,4% de croissance des salaires horaire moyen aux États-Unis.
25:47Pas vraiment, on va dire, cohérent avec une inflation à 2%.
25:52Et puis, on a quand même un certain nombre de mesures qui devraient se mettre en place aux États-Unis
25:56qui viendront là aussi réencourager l'esprit animal des chefs d'entreprise de petites et moyennes capitalisations,
26:03les volontés de dépenser, d'aller investir, d'aller réembaucher des gens sur des niveaux de salaires d'inflation salariale
26:11qui sont ceux que je l'écrivais.
26:14Donc, on a quand même là toute une séquence qui est plutôt, on va dire, pro-croissance, pro-inflation.
26:20Et puis, je crois qu'il ne faut pas exclure non plus qu'on ait quelques ordres présidentiels
26:25qui là aussi seront possiblement de nature à venir soutenir, en tout cas amener des pressions sur les prix plus élevés.
26:31Je pense notamment pour l'éthique migratoire américaine possible ou pour l'éthique tarifaire,
26:35si tant est que c'est plus qu'une arme de négociation.
26:38Et même si c'était une arme de négociation, si l'idée c'est d'échanger, on va dire, la menace ou le bâton de tarif douanier
26:44pour amener des investissements directs étrangers aux États-Unis, venir réindustrialiser le Midwest américain,
26:52ça veut dire à la fin, quand même, encore une fois, une croissance américaine qui tient plutôt fort.
26:58Ça passe ou ça casse ? Enfin, c'est-à-dire ce soutien, ces soutiens pro-croissance,
27:03tout cumuler dans une séquence qui va être quand même assez ramassée, parce qu'on sait qu'il a deux ans,
27:09les midterms arrivent vite, il a de toute façon toutes les marges politiques, manœuvres politiques pour faire ce qu'il veut.
27:15Est-ce que, là le marché, on ne voit que le bon côté de Trump ?
27:19Est-ce qu'un Trump poussé trop loin, est-ce qu'à un moment, ça peut casser quelque chose ?
27:23Ça pose, je crois, une double question. La première, on parlait des niveaux de taux d'épargne des ménages européens.
27:30Les niveaux de taux d'épargne des ménages américains, ce n'est pas tout à fait les mêmes.
27:33Ils sont quoi ? Quatre fois plus faibles ? Quelque chose comme ça.
27:35Donc, ça veut dire qu'il y a quand même une sorte de mariage toxique entre le niveau de valorisation
27:40ou le niveau de performance des grands indices boursiers américains,
27:43parce qu'il n'y a pas d'épargne, mais il y a quand même beaucoup d'actifs qui sont détenus par ces ménages américains.
27:48Donc, une secousse sur ces marchés d'action, ça veut venir peser sur la confiance
27:52et la velléité des consommateurs à consommer, et donc sur la croissance économique.
27:55Donc, ça, c'est quand même une question. On parlait des valorisations européennes.
27:58Est-ce qu'il n'y a pas des valorisations à l'excès aux États-Unis ? La question se pose.
28:02T'as quoi, 24, 25 fois les bénéfices de cette année ? Donc, ça, ça pose une question.
28:07Et l'autre, c'est qu'on a beaucoup parlé de Trump comme étant une plateforme politique
28:13où un candidat très populiste peut aussi être très disrupteur.
28:16Et donc, là, on peut commencer à réfléchir à la séquence qui suit, à le voir s'énerver sur le niveau du dollar américain,
28:25sur ce que fait la personne à la tête de la réserve fédérale américaine.
28:29Pour l'instant, il dit qu'il ne touchera pas, mais enfin...
28:32Oui, vous dites qu'il y a des chances. Face au mur obligataire, comme vous le disiez au début, il y a des chances,
28:36parce qu'il y a deux versions. Il y a soit Trump, ça s'agit, devient raisonnable, met de l'eau dans son vin,
28:41les marchés ont raison, je suis un homme de marché, je prends acte du final.
28:45Soit il y a le Trump disrupteur. Cette voie-là, il ne faut sans doute pas l'exclure.
28:49Un Trump un peu jusqu'au boutiste, quoi.
28:51Oui, et encore moins compte tenu de la plateforme politique qu'il a élue en 2024.
28:55Ce n'est quand même pas la même que celle qu'il a élue en 2016.
28:57Oui. Igor, sur les premiers pas de Donald Trump, ça y est, c'est fait.
29:01Je veux dire, il est plus disrupteur au premier mandat qu'au second,
29:04puisque au second, en fait, déjà, il est connu, ses méthodes sont connues,
29:08et qu'il a en plus, aujourd'hui, une plateforme qui est plus stable.
29:12Je ne sais pas s'il a besoin d'être plus disrupteur que ça.
29:15Après, les mesures nouvelles, et là, il y a peut-être politiquement une ère nouvelle de la démocratie,
29:22le sujet des flux migratoires, qui sont inabsorbables si on les démultiplie.
29:29Il y a le sujet démographique, il y a tout un tas de sujets qui sont fondamentaux
29:32pour toute démocratie, tout pays, toute communauté.
29:35Je pense que lui, il est très intéressé par adresser ces sujets-là.
29:38Après, c'est un businessman, il va faire ce qu'il faut.
29:41Le président américain est toujours pro-business, pro-américain, qu'il soit démocrate.
29:45Peut-être même, quand il est démocrate, il est encore plus pro-américain.
29:48Mais à vouloir être trop pro-business, est-ce qu'il écouterait le message des marchés
29:51si, à un moment, les marchés venaient lui dire
29:53« Oui, enfin, réindustrialiser en mettant les migrants dehors,
29:56faire baisser les prix en faisant des baisses d'impôts,
29:58maîtriser les finances publiques en continuant, là aussi, de baisser la fiscalité. »
30:03Ça va être compliqué, M. Trump.
30:05Le taux à 4,10 ou 4,15, ce n'est pas le bon prix.
30:08On va vous le mettre à 5, 5,25, 5,50.
30:11Franchement, il y a Donald Trump, et puis il y a tous les gens en dessous,
30:14et puis il y a encore les gens en dessous.
30:16Les États-Unis, ce n'est pas juste le président.
30:19Le président n'a pas autant de pouvoir que ça, finalement.
30:22J'entends. Il a nommé lui-même des garde-fous au temps de lui, alors.
30:25Je ne suis pas ni pro-américain, ni pro-Trump, ni pro-Kamala Harris,
30:30mais je dis simplement qu'il faut être pragmatique.
30:33C'est la première puissance économique du monde, elle dirige tout.
30:37Les Américains n'ont pas besoin d'épargner,
30:39parce que nous, on dirige notre épargne chez eux,
30:42et on finance leurs bêtises comme leur réussite,
30:45puisqu'on finance leur budget.
30:48Moi, je pense qu'il ne faut pas d'erreur de trajectoire monétaire.
30:51Ça, que ce soit chez eux ou chez nous, c'est ça.
30:54Donc la balle est dans le camp de Powell, quoi.
30:56En fait, il y a deux choses qui sont terribles pour les marchés financiers.
31:01C'est le surendettement des agents, publics, privés, ménages, entreprises,
31:06et l'erreur de trajectoire monétaire, où à un moment,
31:08le marché ne comprend plus la direction,
31:10le coût de l'argent est beaucoup trop cher, subitement,
31:13ou alors il n'est pas assez cher et tout le monde s'endette.
31:16Et ça, ça a déjà été fait dans le passé.
31:18Ça, il faudra surveiller.
31:20Sur le rythme de croissance en Europe, on n'a pas beaucoup de potentiel.
31:23Aux États-Unis, il y en a beaucoup.
31:25En Chine, il y en a beaucoup moins qu'avant.
31:27Et puis, si on enlève un peu les verrous géostratégiques, militaires,
31:31un peu à droite, à gauche, ça ne peut qu'aider.
31:33Après, il faut que la machine américaine fonctionne.
31:36C'est elle qui tire tous les mouvements macroéconomiques aujourd'hui.
31:41– Ça reste un chemin de crête quand même, vous dites ?
31:43– Oui, on lit certains des écrits de ces proches,
31:49qui nous parlent de ces obligations à vendre à certains clients états,
31:54états clients, comme il est la malle à les nommer Monsieur Bessent,
31:59auxquels on forcerait l'OTAN.
32:02– Vous profitez de la défense américaine ?
32:03– Exactement.
32:04– Mais j'ai de la dette pour vous, Monsieur Taiwan, Madame…
32:08– Et les questions de dominance budgétaire,
32:11on voit aussi comment s'appelait cette potentielle candidate
32:14de la réserve fédérale, Judy Shelton, c'est ça,
32:17qui estimait que les décisions politiques monétaires
32:20devaient être prises à la maison Blanche.
32:23Je ne dis pas que ça va arriver, mais celui-là, il peut faire peur.
32:28– Il faut qu'on parle un peu de la Chine aussi.
32:31Qu'est-ce qu'on attend de la Chine dans le paysage 2025 ?
32:34Il y a une séquence importante de ce point de vue-là, François.
32:39Qu'est-ce qui va être important pour la Chine ?
32:41Et par effet de répercussion, est-ce qu'il y a une Chine
32:44qui déciderait de mettre en place au moins des mesures
32:46conjoncturelles un peu plus puissantes ?
32:48Est-ce que ça se retrouve aussi en Europe à un certain point ?
32:51– C'est sûr que la Chine a un double enjeu.
32:53Il y a l'enjeu premier, c'est ce qui se passe domestiquement,
32:57et malheureusement, on a un peu tendance à l'oublier,
32:59mais il y a quand même un énorme ajustement sur l'immobilier
33:01qui est à l'œuvre.
33:02Et là-dessus, les dernières nouvelles de ce début de semaine
33:05font un écho au début de séquence qu'on a eue au début de l'automne
33:09avec une coordination presque inespérée
33:12entre les politiques monétaires et budgétaires.
33:13On sent bien que ça continue.
33:14Donc, ce n'est plus une bonne nouvelle,
33:15ce qui nous valide notre scénario d'un atterrissage en douceur de la Chine.
33:19Donc, on a 4-4 et 4-1 cette année et l'année prochaine.
33:23Enfin, 25-26.
33:24Donc, effectivement, pas d'accident de ce côté-là.
33:26Et effectivement, c'est validé par les derniers éléments.
33:29Et donc, à l'image de ce qu'on pouvait redouter à la fin de l'année dernière,
33:35est-ce que l'économie américaine allait être en récession ?
33:38Est-ce que c'est une récession ou c'était un soft landing ?
33:40Et là, on se dit pareil.
33:41En fait, on est plutôt sur un soft landing de l'économie chinoise.
33:43Donc, ça, c'est pour l'aspect domestique.
33:45Et là, ça paraît plutôt en bonne voie, effectivement,
33:47d'être au moins stabilisateur.
33:49On n'est pas du tout convaincus pour l'instant d'avoir une relance,
33:53une vraie relance contra-cyclique comme on les a eues précédemment en Chine.
33:57Justement, les équilibres sont là, tels qu'à Abysso pour les « empêcher »,
34:02mais en tout cas assurer l'atterrissage en douceur.
34:04Et puis après, il y a quand même l'énorme inconnue
34:06qui est un peu la cerise sur le gâteau des problèmes chinois,
34:09qui est la vie tarifaire de Trump.
34:13Et là-dessus, quand on est de 2-3 en zone euro à 10,
34:19on peut à peu près survivre et au reste du monde.
34:21Et ça, ça ne pose pas tant de problèmes que ça, en tout cas pour la zone euro.
34:25Par contre, de monter jusqu'à 60% les tarifs chinois, si c'est effectivement le cas,
34:28là, il y a effectivement un problème de disruption.
34:31Il avait fait 25 le premier mandat, c'était ça ?
34:33Exactement.
34:34Et donc là, on a de toute autre dynamique sur nous,
34:38à la fois sur la capacité d'absorption et les effets que ça pourrait générer
34:43si les Chinois devaient, par exemple, vendre leurs produits en zone euro,
34:48qui est le gros marché mature qui ferait sens,
34:52et après, la politique de guerre tarifaire avec rétorsion, réplique, escalade, etc.
35:00Et dans ce contexte-là, le risque de guerre monétaire
35:04viendra également s'ajouter au risque de guerre commerciale.
35:07Quand on met 60% de tarifs sur vos produits,
35:10à un moment, la devise devient la première réponse la plus évidente.
35:16Et elle l'est déjà, parce qu'on a des taux qui s'arrêtent à 4,25,
35:20donc encore plus haut que ce que vous avez.
35:22Et donc effectivement, une divergence qui est là,
35:24ou sur laquelle l'eurodollar n'a pas du tout encore reflété l'ensemble de la divergence,
35:27on peut aller beaucoup plus loin.
35:28Et effectivement, pareil sur le renminbi,
35:30on peut avoir une dépression bien plus importante.
35:32Et là-dessus, pour boucler la boucle, ça revient à ce qu'on disait au tout début,
35:35sur l'incertitude latente, et est-ce que celle-ci est plutôt engagée,
35:39elle est plutôt de l'avant et plutôt s'aggraver,
35:41en tout cas à court terme, qu'on va vraiment savoir ce que Donald Trump veut faire,
35:44quitte après à diffuser un peu les tensions,
35:47mais ça reste effectivement problématique,
35:49avec des moyens de stabilisation qui sont limités.
35:52Au niveau politique budgétaire européen, il n'y en a aucun,
35:55et ça reste effectivement très monétaire et très ajustement sur les prix.
35:58Et donc effectivement, les monnaies sont amenées à, à priori,
36:01plutôt avalser sur 2025 comme effet d'ajustement.
36:04Igor, en quoi la Chine, c'est important pour un investisseur ?
36:07Est-ce que ça offre d'ailleurs une opportunité d'acheter des valeurs chinoises ?
36:11Est-ce que c'est un moment pour le faire ?
36:13Elles ont bien rebondi.
36:15Donc c'est déjà fait ? En partie ?
36:17Non, mais la Chine, ce n'est quand même pas un marché d'une maturité
36:20comme le nôtre ou les États-Unis.
36:22Bon, ça a été très lâché par tous les investisseurs.
36:26Là, on est revenu, mais moi, je partage l'avis.
36:28Sur un plan de relance, le problème du système économique chinois,
36:31c'est que le consommateur chinois n'a pas de zone de liberté individuelle
36:35au sens où on l'entend, nous.
36:37Donc c'est très difficile de faire une relance
36:39ciblée avec des créations d'entreprises, le crédit, etc.
36:42Ce sont des systèmes qui sont très étatiques.
36:44Il y a beaucoup d'argent sur des grands programmes.
36:46Mais pour qu'il y ait un marché de consommation interne qui se dynamise,
36:50il faut que le consommateur ait un éventail de liberté individuelle.
36:55C'est comme ça.
36:56C'est ni mal ni bien.
36:57C'est ce qu'on a remarqué dans tous les systèmes démocratiques capitalistes.
37:01Il ne faut pas en déversant de l'argent dans un pot qui est percé.
37:05Donc ça, ça leur manque.
37:07Je n'ai pas dit que c'était bien ou mal.
37:08J'ai dit que c'est ce qu'ils faisaient.
37:09C'est leur système.
37:10C'est bien de rappeler la base.
37:11Pour entreprendre, il faut avoir aussi la certitude du cadre fiscal.
37:19On le voit très bien en France.
37:20Le venture capitaliste chinois s'est effondré, réduit à zéro, à néant.
37:23C'est fini.
37:24L'esprit d'entreprise, l'esprit d'investissement capitaliste qui s'était développé a été laminé.
37:29C'est pour ça qu'on a 4% de croissance.
37:32Ce n'est plus 10%.
37:33Il y a des explications et on prend la démographie en plus.
37:37La Chine reste le deuxième PIB mondial avec 15%.
37:41C'est un thème pour des actions européennes.
37:42Le luxe qui rebondit.
37:43Est-ce que c'est lié à ça ?
37:45Est-ce qu'on fait une bonne lecture en se disant qu'il y a une Chine qui se stabilise,
37:48c'est bon pour le luxe ?
37:49Il y a une lecture immédiate, un peu de trading qui ne va bien chez le luxe.
37:52Mais en fait, il faut que les Chinois achètent des produits de luxe.
37:55Donc, il faut qu'ils voyagent ou qu'ils en achètent.
37:57Il y a encore une autre étape.
38:01Kevin, sur la Chine ?
38:02By China ou pas ?
38:04Ça fera la boucle avec ce dont on parlait au début.
38:07De l'incertitude, il y en a.
38:08Je crois que se projeter, essayer de lire les politiques de relance chinoise,
38:12beaucoup s'y sont brûlés.
38:14Il faut admettre que quand on ne sait pas le faire, on ne sait pas le faire.
38:17Ce n'est pas grave.
38:18En tout cas, on n'y arrive pas à le faire pendant un moment donné.
38:19Il y en a d'autres qui disent que c'est une politique monétaire modérément accommodante.
38:22Ils ne l'ont pas dit depuis 2011.
38:25C'est ça ?
38:26Depuis 2015.
38:27Exactement.
38:28Et puis l'autre, c'était une politique budgétaire plus proactive.
38:31C'était parlé depuis le Covid.
38:33D'accord.
38:34Vous me permettez un peu dans les feuilles de thé ?
38:36On fait la même chose avec nos banquiers centraux.
38:39Franchement, parfois.
38:40Mon point, c'est qu'en Chine, comment est-ce qu'on y investit ?
38:43Plutôt sur des modèles d'affaires qu'on connaît bien,
38:46des sociétés qui sont implantées en Chine et pas que.
38:50Plutôt avec parcimonie aujourd'hui.
38:52Et si on devait s'exposer à des pays émergents,
38:54un peu à l'instar de ce qu'on fait sur des pays européens,
38:57en tout cas des entreprises européennes qui ne sont pas trop sensibles au cycle européen,
39:00il y a peut-être certains pays qui ont, on va dire,
39:03une façon de penser qui est assez proche du prochain président américain.
39:08D'accord.
39:09Ils ont des politiques d'ajustement budgétaire et monétaire.
39:12Il faut chercher les pays Trump compatibles.
39:14Exactement.
39:15Et donc il y en a dans les pays émergents.
39:17On peut penser à l'Inde.
39:19On aime bien comparer l'Inde à un enfant de parents divorcés.
39:23Il y a deux Noëls, deux anniversaires.
39:26Il y a des liens avec le Nord global et le Sud global.
39:29C'est peut-être une façon de le faire.
39:31On pense au Japon aussi.
39:32C'est-à-dire qu'on a un pays qui est un peu contra-cyclique,
39:35qui va à priori remonter ses taux d'intérêt,
39:37qui continue de remonter ses taux d'intérêt.
39:38Il sera sans doute moins enclin à être accusé de faire de la dévaluation compétitive.
39:45Donc ça, c'est les façons de s'y exposer
39:47et de ne pas avoir tous ces investissements sur l'exceptionalisme américain.
39:51Aujourd'hui, personne ne s'inquiète des niveaux de valorisation.
39:54Cherchez qui seront les amis de Trump dans le monde de 2025.
39:59Et investissables.
40:00C'est deux critères.
40:01C'est pas mal.
40:02Merci beaucoup messieurs.
40:03Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
40:05Igor Demach, Vital Epargne, Kevin Tozai, Carmignac et François Cabot.
40:08AXA YM était avec nous en plateau.