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Lundi 21 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Geoffroy Lenoir (Co-directeur de la gestion collective, Ofi Invest Asset Management) , Patrice Gautry (Chef économiste, Union Bancaire Privée) et Alexandre Taieb (Gérant-analyste, Sycomore AM)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Alexandre Tailleb est avec nous, analyste et gérant chez Sycomore Asset Management.
00:17Bonsoir Alexandre.
00:18Bonsoir Grégoire.
00:19Geoffroy Lenoir nous accompagne également, le co-directeur de la gestion collective Dofi
00:22Invest Asset Management.
00:23Bonsoir Geoffroy.
00:24Bonsoir Grégoire.
00:25Et Patrice Gauthry avec nous, chef économiste de l'Union Bancaire Privée.
00:28Bonsoir Patrice.
00:30J'ai envie de commencer avec vous Patrice, l'économiste et le regard de l'économiste
00:33sur la situation de marché.
00:34On entre dans la troisième saison, la troisième année du bull market si on prend comme référence
00:39le point bas d'octobre 2022 qui a été un point bas majeur pour les grands indices
00:43développés américains et européens.
00:46Deux ans après on se retrouve avec un S&P 500 je crois qui a dû prendre plus de 60%
00:51en deux ans.
00:52On voit un 10 ans américain là qui est autour de 4,15%.
00:55On voit des indices de volatilité assez divergents avec une volatilité des marchés actions
01:00sommes toutes modérées quand la volatilité des marchés obligataires reste quand même
01:03à des niveaux très élevés.
01:05On a également j'allais dire l'outlier de l'année c'est-à-dire l'once d'or qui progresse
01:11de plus de 30% avec néanmoins des performances sur les marchés actions qui sont tout à fait
01:16honorables.
01:17On doit être entre plus 15 et plus 20% pour des grands indices d'actions mondiales aujourd'hui.
01:22Que reflète cette situation et qu'est-ce qu'elle nous dit des enjeux devant nous pour
01:26cette troisième année de bull market Patrice ?
01:29Alors de la part des investisseurs on voit que l'appétit au risque reste fort même
01:33s'il y a des couvertures avec ce que vous avez dit effectivement sur l'or qui joue
01:37un petit peu comme couverture beaucoup plus peut-être que les obligations gouvernementales
01:42par rapport à la hausse des actions et tout ceci est alimenté par le fait que les Etats-Unis
01:46n'arrivent pas à rentrer en récession.
01:48Ils ont essayé mais ils n'y arrivent pas par chance.
01:52L'emploi est là.
01:53Mais tu penses que si on en a parlé et si beaucoup a été fait pour essayer de calmer
01:56la machine ?
01:57En fait il y a l'assurance tout risque de Monsieur Powell en disant si jamais il arrive
02:01quelque chose du côté du marché de l'emploi on va être là et on va baisser très très
02:04fort.
02:05Et puis la bonne surprise c'est que malgré les tensions dans le Moyen-Orient, au Moyen-Orient
02:09on a un prix du pétrole qui a plutôt été un facteur de désinflation accélérée.
02:14On l'a vu au Royaume-Uni, on l'a vu avec la zone euro, ce qui permet d'ouvrir encore
02:19un peu plus le scénario de baisse généralisée des taux d'intérêt directeur et on voit
02:25qu'on cherche des opportunités et si la Banque Centrale Européenne baissait de 50
02:30points de base, prenait un peu des initiatives, etc.
02:33Donc on voit bien que dans cet environnement on surfe un peu sur les lignes de fracture,
02:37sur la fragmentation parce que dès qu'on descend un petit peu l'analyse et notamment
02:41en matière économique, on voit bien que tout n'est pas aussi rose et que ce n'est pas
02:45le godiloc scénario global.
02:48Mais en surface ça fonctionne et tant que ça fonctionne les investisseurs ont raison
02:52de prendre du risque et d'aller chercher dans les actions la croissance des bénéfices.
02:59Là on voit bien qu'on est peut-être sur la queue de la comète puisqu'il y a encore
03:03des bonnes surprises.
03:04Il y a eu aussi, je le note, du côté européen quelques mauvaises surprises, qui a un peu
03:08de poil à gratter du côté de la saison des bénéfices mais on va voir, elle ne fait
03:12que commencer.
03:13Que reflète cet équilibre de marché pour vous Alexandre et est-ce que les grands paramètres
03:18justifient encore de la prise de risque, d'être constructifs encore sur la performance
03:24d'actifs risqués, que ce soit le crédit, que ce soit les marchés d'action ?
03:27Tant qu'on a cet équilibre aux Etats-Unis où la Fed est là en dernier ressort si la
03:33croissance ne va pas bien puisqu'elle est passée d'un mandat inflation-croissance
03:36à un mandat quasiment que croissance aujourd'hui, on est assez à l'aise du fait de rester sur
03:41les actions américaines.
03:42Sur les actions européennes, comme ça a été très bien dit, on attend un peu cette
03:46prise d'initiative de la BCE parce que là on sent qu'il y a une dimension un peu plus
03:50urgente au niveau de la croissance.
03:52L'Allemagne est en croissance négative depuis deux trimestres donc on s'attend à un soutien
03:55j'allais dire, quel qu'il soit, budgétaire, je ne l'attends pas vraiment parce qu'il y
04:00a quand même des règles à respecter.
04:01En revanche, d'un point de vue monétaire, peut-être que Christine Lagarde pourrait
04:04pousser un petit peu plus loin donc ça on l'attend aujourd'hui, on a plutôt une préférence
04:09pour les actions US, un marché qui est encore aujourd'hui au plus haut et qui continue de
04:14casser ses pouyaux donc ça pour l'instant on ne change pas tellement notre fusil d'épaule
04:19là-dessus.
04:20Sur le crédit, c'est assez intéressant, alors effectivement on fait du portage parce
04:23que le rendement est encore assez intéressant aujourd'hui et surtout, ce qu'on va avoir
04:30c'est avec les baisses de taux, probablement une baisse de rémunération du monétaire
04:34sur lequel il y a quand même énormément d'encours aujourd'hui et donc on pense qu'une
04:38partie de ce monétaire ne va pas se transférer sur les actions mais plutôt sur le crédit
04:42et en particulier le crédit court.
04:44Donc ça on a plutôt tendance à en profiter donc ces deux positionnements, une patte obligataire
04:48et une patte actions plutôt US encore une fois, ça nous paraît plutôt cohérent aujourd'hui.
04:52Mais on n'a pas envie de quitter ces expositions, on n'a pas envie de prendre trop de profit
04:57aujourd'hui par rapport à ces expositions crédit et ou actions ?
05:01Alors non, sur le crédit non, sur les actions on peut être un petit peu plus prudent mais
05:06plutôt en mettant des couvertures plus qu'en prenant du profit purement et simplement.
05:10Il suffit de regarder le MSCI World, aujourd'hui il est quand même driveé par entre autres
05:17les 7 magnifiques mais c'est 20% du MSCI World ce qui en fait un indice quasiment...
05:21Les US c'est quoi ? C'est les deux tiers du MSCI World et les 7 magnifiques représentent
05:2620% du MSCI World ?
05:28Au total oui absolument.
05:30Donc ça tant que les publications de ces entreprises là sont bonnes, on verra la
05:36suite cette semaine à l'exposition.
05:37Oui on le saura dans les prochains jours à priori.
05:38Ça devrait continuer de tenir donc non on ne se désengage pas tellement des actions,
05:44on prend un petit peu de profit mais c'est très à la marge.
05:47Sur la BCE là, comment vous caractérisez ? C'est quoi l'idée d'une BCE qui prendrait
05:50des initiatives au-delà de ce qu'on attend déjà d'elle aujourd'hui ? C'est-à-dire
05:55continuer de baisser les taux sans doute à chaque meeting de 25 points de base, ça
05:59peut aller plus vite, plus fort, plus la politique budgétaire sera restrictive ou en tout cas
06:06sera moins accommodante, plus la pression des marchés sera forte sur la BCE pour qu'elle
06:11prenne à sa charge d'aller dire ce que la politique budgétaire ne peut plus faire ?
06:15Ce n'est pas tellement des attentes de mesures, c'est plutôt des attentes de positionnement
06:21et de discours.
06:22Je trouve que Christine Lagarde est extrêmement prudente sur la partie inflation, alors ça
06:27peut se justifier, on a parlé du prix du pétrole qui reste relativement bas malgré
06:31les tensions géopolitiques et je pense que le marché est assez complaisant avec ça,
06:37donc effectivement il y a peut-être un danger là-dessus mais qu'on ne voit pas aujourd'hui.
06:40Donc elle devrait donner des perspectives peut-être plus intéressantes sur le problème
06:48de l'inflation, au moins pour l'instant il est à peu près réglé, on a quand même
06:5311 des 20 de la zone euro qui sont en dessous de 2%, l'inflation cœur reste encore un
06:59petit peu élevée, elle est au-dessus de l'objectif de la banque centrale mais elle
07:02est quand même sur une tendance baissière, donc elle a l'amplitude pour faire plus,
07:08pour faire une baisse de 50 points de base, la fête l'a fait, la BCE peut le faire.
07:12Bon Geoffroy, vos commentaires sur ce qui a été dit et puisqu'on parle de l'Europe,
07:16de la BCE et des marchés, là aussi est-ce que les marchés ont envie de voir la BCE
07:22en faire plus que ce qui est signalé jusqu'à présent et est-ce que c'est quelque chose
07:27de possible à l'horizon de quelques mois ?
07:29Alors je partage ce qui a été dit, c'est vrai qu'aujourd'hui si on regarde la BCE
07:35et les anticipations de marché, on a des taux neutres qui doivent atterrir dans la
07:38zone des 1,75, on est même en dessous des 2, c'est vrai qu'on reste assez convaincu
07:43que la BCE ça reste les deux, que le marché a tendance à sur-réagir un peu au-dessus
07:46ou un peu en dessous, là le marché pour nous anticipe quand même pas mal de baisse
07:51de taux assez vite déjà, donc c'est vrai qu'anticiper plus que ce qu'il y a dans
07:54le marché aujourd'hui, ça nous paraît être un petit peu difficile, c'est vrai
07:58qu'il y a des attentes côté Europe qui sont plus importantes que côté Etats-Unis,
08:02on voit bien que la croissance, il y a des risques d'essoufflement même si le momentum,
08:06je rappelle qu'on est sur un momentum positif, on a une croissance en Europe attendue cette
08:10année à 0,7, 1,3 l'année prochaine, donc le momentum est bon, aux Etats-Unis c'est
08:14l'inverse, on a 2,5 autour et on pourrait atterrir vers les 1,6, 1,7, donc c'est vrai
08:19que le momentum est bon mais on a l'impression qu'il y a un peu d'essoufflement, donc
08:22il y a besoin de remettre de l'huile dans la machine et c'est vrai que pour ça on
08:25a besoin d'avoir une BCE qui est assez proactive, assez sûre d'elle sur la trajectoire des
08:31taux directs.
08:32Et le marché a déjà, lui, anticipé l'idée que la BCE ira peut-être même un peu en
08:37dessous du taux neutre pour dire les choses, c'est ça ?
08:39Aujourd'hui c'est anticipé dans le marché, on est sur les 1,75, ça remonte un peu si
08:43on tire le trait sur 2025, donc c'est vrai que les anticipations sont bien ancrées et
08:49c'est vrai qu'on voit aussi que niveau inflation, il n'y a plus vraiment de sujets, l'inflation
08:53elle est revenue sous les 2% en moyenne en zone euro et on devrait y rester pendant
08:58un petit moment.
08:59Aux Etats-Unis c'est différent, l'inflation elle reste au-dessus des 2% et on n'a pas
09:02encore atteint la cible de la réserve fédérale américaine, donc il y a une petite divergence.
09:06Maintenant on s'attend quand même à ce que les banques centrales, en termes de mouvement
09:10de baisse de taux, soient assez synchronisées, on a du mal à voir tout d'un coup la BCE
09:14aller plus vite que la Fed ou la Fed aller plus vite que la BCE dans le contexte actuel
09:18même si, encore une fois, on n'est pas du tout sur le même rythme, ça serait assez
09:22logique d'avoir un pas, une baisse de taux de la BCE à chaque meeting et côté réserve
09:26fédérale américaine, on peut avoir ce cycle de baisse de taux qui continue vers un taux
09:30neutre à peu près vers la zone des 3% à mi-2025.
09:33Ça peut continuer de manière synchrone avec, comme vous dites, un taux d'atterrissage
09:36à 3 pour la Fed et 2 autour pour la Banque Centrale Européenne.
09:40C'est le scénario central.
09:41Mais chacune des banques centrales trouverait des raisons, des motivations et des arguments
09:46pour justifier ces prochains mouvements.
09:48Oui, tout à fait, dans le scénario central, comme d'habitude, c'est les Etats-Unis qui
09:52vont lider, on va dire, le moteur de la croissance mondiale avec des chiffres de croissance à
09:582,5 cette année.
09:59Même, c'est vrai qu'on se demande si on ne va pas les réviser à la hausse tellement
10:02les données sont bonnes que ce soit sur le front de l'emploi ou de la consommation.
10:05On se dit que la réserve fédérale va baisser parce qu'il y a quand même cette tendance
10:10qui est là de fond mais qu'il n'y a pas besoin d'aller forcément très très vite
10:13et d'aller très rapidement sur les 3%.
10:16Mais le scénario central d'atterrissage en douceur de l'économie, il nous donne ça
10:19comme résultat.
10:20Et si tout d'un coup il y a un accro, qu'il y a un petit grain de sable dans la machine,
10:24on pourra accélérer et on sait que la fonction de réaction de la réserve fédérale américaine
10:27est quand même beaucoup plus rapide, beaucoup plus forte que celle de la BCE.
10:30Et vous, le risque principal par rapport à ce scénario central, c'est plutôt d'avoir
10:34des banques centrales menées par la Fed qui accélèreraient le rythme des baisses d'autos ?
10:38Ou c'est un risque équilibré de part et d'autre ?
10:42Le risque est assez équilibré.
10:43A court terme, comme je le disais, on a plutôt tendance à se dire que là le marché est
10:46allé un peu loin, qu'il participe un peu trop de baisses d'autos, donc on va peut-être
10:50revenir peut-être sur un taux neutre à l'atterrissage de la BCE à 2%.
10:54Maintenant, le besoin d'accélération, il se ferait sentir si vraiment on change de
10:59scénario et qu'on arrive sur le fameux hard landing qu'on attend.
11:03Oui, comme disait Patrice, on a tout essayé, les Etats-Unis ont tout essayé mais ça ne marchait pas.
11:10Comment vous regardez la balance des risques des deux côtés de l'Atlantique ?
11:13François Villeroy de Gallo, après la dernière réunion de Politique Monétaire de la BCE,
11:17a été très clair en disant aujourd'hui, je considère, moi gouverneur de la Banque
11:21de France, que les risques de rater la cible d'inflation à la baisse sont aussi importants
11:26que les risques de rater la cible d'inflation à la hausse.
11:31Est-ce que la balance des risques aux Etats-Unis pour la Fed est aussi équilibrée que ce
11:35que nous dit François Villeroy de Gallo pour la Banque Centrale Européenne, Patrice ?
11:39Plusieurs idées.
11:40Le premier, la Banque Centrale a toujours raté son indice de target puisque, grosso modo,
11:47l'inflation est au-dessus ou en dessous.
11:48Et elle est très au-dessus ou très en dessous.
11:50Alors en moyenne, ça peut faire un 2 quelque chose mais effectivement, il faut vraiment
11:54faire la moyenne de long terme.
11:55En dehors de ça, ce qui est important, c'est effectivement, je pense que les banques centrales
12:00saluent le fait que l'inflation s'approche, notamment pour la Fed américaine, de leur cible.
12:06Et on est entré, notamment du côté de la Fed américaine, plutôt dans ce que j'appellerais
12:11du risk management.
12:12Je gère le risque.
12:13Et aujourd'hui, peut-être que je ferais du raffinement dans la politique monétaire
12:19puisqu'on l'a vu, le risque le plus important, ce n'est pas aujourd'hui, pour les 6 prochains
12:24mois, ce n'est pas effectivement l'inflation mais ce serait une activité qui s'effondre
12:29parce qu'il y a le secteur immobilier qui est encore plutôt très très mal orienté
12:33et dont les premières baisses de taux n'ont pas encore été effectivement un phénomène positif.
12:37Alors, ce qui est intéressant, c'est justement cette bascule des risques et là, on est entré
12:41dans une phase de gestion des risques et puis les élections américaines, effectivement,
12:45l'ombre est là et on ne sait pas du tout dans quel régime fiscal on va se situer une fois
12:50que la nouvelle équipe sera en place.
12:52Donc là, peut-être qu'aussi, la Fed se donne des marges de manœuvre et ça a été
12:56dit, effectivement, le prix des services reste encore un petit peu élevé et on a
13:01vu qu'il y avait différents contributeurs, ce n'est pas nécessairement le loyer, ça
13:05peut être l'assurance, ça peut être la santé et en fait, chaque mois, il y a un
13:08contributeur qui dérape un peu.
13:10Donc, on a l'image qu'effectivement, ça va mettre du temps à atteindre 2,5 ou à
13:14revenir même à 2,5 et puis si j'étais un peu embêtant, je dirais faites attention
13:20parce que le risque peut-être dans les pays de la zone euro et notamment en France
13:24quand on a une activité ou en Allemagne, quand on a une activité qui s'écrase, les
13:28prix des biens risquent effectivement de suivre.
13:31Par contre, quand on a une économie qui résiste, les prix des services où on voit bien qu'il
13:36y a une demande structurelle, risquent eux de ne pas baisser du tout et donc on peut
13:40faire un point bas quelque part avec des effets de base gentils, sympathiques au cours
13:44du premier semestre 2025 et puis le deuxième semestre 2025 et l'horizon 2026 nous ramènent
13:50du 2,5++ et là effectivement, les banques centrales seraient un petit peu prises en
13:54défaut.
13:55On peut déjà imaginer, je ne sais pas, un cycle de baisse de taux avec des pauses,
14:00du stop and go, voire je ne sais pas, à un moment, un mouvement de remontée ou de resserrement
14:07de la politique monétaire à horizon 12 mois, je ne sais pas.
14:11On a beaucoup parlé vendredi ou jeudi dans l'émission de la Banque centrale du Brésil,
14:15alors oui, dans une sphère différente, la sphère émergente, mais dans ce cycle en
14:19tout cas, la Banque centrale du Brésil a été assez visionnaire.
14:21Elle a bien vu quand est-ce qu'il fallait commencer à baisser les taux, elle a bien
14:24vu quand est-ce qu'il fallait commencer à remonter les taux, tout ça en anticipation
14:29de ce que la Fed allait faire.
14:30Le dernier mouvement de la Banque du Brésil en septembre, après toute une série de baisses
14:34de taux, ça a été de remonter d'un cran le taux Selig, directeur.
14:39Oui, tout à fait.
14:40Ça arrive quoi.
14:41C'est pour ça qu'en fait, dans le scénario, ce qu'on disait tout à l'heure, c'est la
14:45meilleure période en ce moment.
14:46Pourquoi ? Parce qu'on a cette fenêtre de désinflation, tant que les prix de l'énergie
14:50ne reviennent pas dans la figure des pays européens et asiatiques, puisque c'est eux
14:55qui sont assez dépendants des exportations du Moyen-Orient et des prix de l'énergie.
15:00Donc, on a une fenêtre d'opportunité avec une activité qui est ou résistante, ça
15:04c'est le côté américain, ou au contraire très faible.
15:06Et donc là, il y a une fenêtre, je dirais une fenêtre d'opportunité.
15:09Mais cette fenêtre d'opportunité, quand on regarde l'évolution des prix par les
15:12effets de base, ne serait-ce que cela, et bien en fait...
15:15Elle a une fin.
15:16Elle a une fin, et on la voit déjà, puisqu'en fait dans les indicateurs PMI qui sont publiés
15:21régulièrement, et on va avoir une nouvelle livraison cette semaine, et bien on voit
15:24que la déflation, là je l'insiste, déflation des prix des biens manufacturés a déjà
15:29pris fin.
15:30Donc on a une contribution positive de ce qui était avant négatif.
15:34Ça nous amène à dire un mot de la Chine, Alexandre.
15:37Est-ce que le plan de soutien ou relance chinois, ça fait déjà quasiment un mois
15:42que les mesures s'accumulent, qu'on a une stratégie d'annonce au compte-gouttes ?
15:46Est-ce que ça veut dire que la Chine exportera moins de déflations demain, voire deviendrait
15:53peut-être un contributeur positif aux pressions inflationnistes mondiales ?
15:58On n'y est pas encore.
15:59On n'y est pas encore.
16:00On n'y est pas encore.
16:01Ça fait quoi ? Un an peut-être maintenant que les prix baissent en Chine ?
16:04Oui.
16:05C'est ça.
16:06Effectivement.
16:07Alors le compte-gouttes s'est un petit peu accéléré.
16:08Les gouttes sont plus rapprochées.
16:11On a eu fin septembre une relance monétaire qui est somme toute assez classique par rapport
16:16à ce qu'on a vu précédemment, même s'ils ont appuyé un peu plus avec cette mesure phare
16:20qui est de faire baisser les taux hypothécaires existants de 50 points de base.
16:24Ceci pour relancer la consommation parce que les prêts coûtent moins cher, etc.
16:29Mais globalement on était assez déçus à la première lecture de ce plan.
16:34Derrière, superbe rallye de 30% sur le marché chinois au global et plus de 50% sur les
16:41valeurs de tech.
16:42Puis deuxième salve avec la conférence de presse du ministre des Finances qui nous
16:47annonce des choses très spécifiques, très locales, qui nous annonçait par exemple l'augmentation
16:53du nombre de bourses et l'augmentation de leurs montants.
16:56Pour les étudiants ?
16:58Oui, pour les étudiants.
16:59Pour ces étudiantes.
17:00On a également un montant…
17:02Du ciblage ?
17:03Du ciblage.
17:04On a aussi l'émission d'obligations spéciales pour acheter de l'immobilier, que les collectivités
17:10locales achètent de l'immobilier et le rénovent.
17:13Ça, vraiment, il faut tirer par les cheveux.
17:16Mais ça peut effectivement intéresser le secteur de la construction, de la rénovation,
17:21éventuellement des minières en Europe.
17:23Mais aujourd'hui, on ne peut pas se mettre sur un secteur en Europe, jouer un secteur
17:27en Europe, grâce à ce plan de relance en Chine.
17:30Absolument pas.
17:31Notamment un secteur lié à la consommation ?
17:33Absolument, spécifiquement.
17:35D'autant plus ?
17:36Voilà, on peut le nommer.
17:37Si on joue le luxe…
17:39Je crois que le marché l'a assez vite compris.
17:41Je crois que les cours de bourse du secteur du luxe sont assez vite revenus à ce qui
17:45prévalait avant les premières années chinoises.
17:47Parce qu'en plus, le ministre des Finances a quand même dit quelque chose qui, visiblement,
17:51a marqué le marché.
17:52C'est que la trajectoire du déficit en Chine n'est pas bonne et qu'il comptait
17:55remédier à ça.
17:56Donc, ce n'est pas en baissant les dépenses, visiblement.
17:59Ce n'est pas en s'attaquant aux ménages les plus pauvres, mais c'est plutôt probablement
18:03en s'attaquant aux ménages les plus riches.
18:04Donc, effectivement, on a pour l'instant une espèce de déception qui fait qu'aujourd'hui,
18:10on pense que la Chine est toujours, on ne va peut-être pas dire ininvestissable, mais
18:15extrêmement risquée.
18:16On n'a pas de preuves que les réglementations à outran sur tel ou tel secteur vont s'arrêter.
18:21Je crois que le secteur de la santé est encore dans le giron des pouvoirs en place.
18:26Donc, voilà.
18:27Globalement, l'Europe n'a pas eu le relais de croissance qu'elle attendait parce que
18:31c'était ça.
18:32On s'est dit, bon, ça c'est un point de zéro.
18:34La Chine va relancer, ça va aller mieux.
18:36Pas du tout.
18:37Ni sur l'auto, ni sur le luxe, ni sur la conso en général.
18:40Et encore une fois, la construction, les minières, c'est très très loin.
18:43Toutes les anticipations qu'on a vues jusqu'à présent sont encore un peu hasardeuses.
18:49Oui, il va falloir attendre le congrès du parti qui est probablement prévu pour la
18:54fin octobre, ça peut être début novembre.
18:57Ils vont peut-être attendre pour annoncer les grandes mesures, l'élection américaine.
19:02Alors voilà, je veux dire, la date du 5 novembre peut être aussi un horizon important pour
19:08les planificateurs chinois de ce point de vue-là.
19:11Tout à fait.
19:12Même si je pense que, même si c'est Trump qui est élu, les tarifs ne seront probablement
19:17que les sbrouf.
19:18Il suffit de changer votre destination d'exportation.
19:21Oui, on l'avait vu.
19:23Mais voilà, je pense qu'ils vont attendre de voir effectivement la direction que prennent
19:28les Etats-Unis à partir du 5 novembre pour faire leurs annonces.
19:31Donc j'attends encore quelque chose.
19:33Mais la vue n'est pas encore définitive et clarifiée totalement sur ce que pèsera
19:38la Chine dans le jeu global macro des marchés en 2025 ?
19:42Absolument pas.
19:43Et la clé, ça va être à quel point ça va augmenter la demande de pétrole.
19:46Voilà.
19:47Geoffroy, sur la Chine, les effets d'entraînement.
19:50Et puis, on peut gentiment dériver sur l'enjeu américain de l'élection présidentielle,
19:55bien sûr.
19:56La Chine, il y a beaucoup de choses qui ont été dites.
19:58C'est vrai que sur les mesures, c'est assez intéressant de suivre au jour le jour les
20:02mesures qui peuvent être annoncées.
20:03Tout n'a pas été annoncé.
20:04Il peut y avoir encore des annonces à venir dans les prochaines semaines.
20:07Si on regarde dans le fond, il y a eu aussi des baisses de salaire.
20:11Donc ça, c'est assez important pour le consommateur chinois.
20:13Il y a des micro-aides, comme ça a été dit.
20:17Côté Chine, c'est vrai qu'on s'attend toujours à ce qu'ils arrivent à atteindre
20:21leur croissance de 5% affichée, quelle que soit la manière d'y arriver.
20:25On pense qu'ils peuvent atteindre un niveau assez proche, en tout cas, de ces 5% cette
20:30année.
20:31Après, l'année prochaine, ça sera encore autre chose.
20:33Mais c'est vrai qu'on a cette Chine qui est un peu entre deux.
20:36Et si on regarde au niveau des marchés actions chinois, on constate qu'il y a quand même
20:40un fléchage des investissements, et notamment de l'épargne des ménages, vers les actions,
20:44qui est au détriment de l'immobilier.
20:46Et ça soutient les marchés boursiers chinois.
20:49On peut s'endetter pour aller acheter des actions.
20:52Il y a des mécanismes d'apport de liquidité pour aller acheter des actions.
20:56C'est très dur d'avoir une vision très positive sur les marchés actions chinois,
20:59parce qu'il y a une volatilité qui est énorme.
21:01Mais c'est vrai qu'en tout cas, on a cette dynamique qui est là.
21:03Je ne vais pas revenir sur les mouvements qu'on a connus ces derniers jours.
21:07Mais c'est vrai qu'on a cette dynamique qui est là, qui peut se poursuivre.
21:10Et culturellement, c'est assez dur d'avoir une visibilité sur cette économie-là.
21:14Et comme ça a été dit, c'est vrai qu'il y a un lien qui est important avec les Etats-Unis,
21:18et notamment avec le résultat des élections américaines, le 4 novembre.
21:22Ça a été souligné tout à l'heure.
21:24Le 5, je crois, normalement.
21:25Non ? C'est le 5 ?
21:26Oui.
21:27Je ne dis pas de bêtises, mais peut-être qu'on ne les aura pas le 5, justement.
21:29Peut-être qu'on ne les aura pas le 5.
21:30Peut-être qu'il y aura débat.
21:31Oh, ils votent déjà.
21:32Ça a déjà commencé, le vote.
21:33Peut-être qu'il y aura débat sur le vainqueur au lendemain de l'élection.
21:35Parce que c'est assez rapide de dire qu'il y a...
21:38On peut avoir des présomptions de corruption dans un État ou un autre.
21:42Un swing state, comme on les appelle.
21:44Et ça peut créer du délai pour avoir un résultat officiel.
21:49Alors, on espère que ça ne prendra pas trois mois ou six mois.
21:52Mais c'est vrai qu'il peut y avoir ce scénario où il y a une incertitude.
21:55Et ce scénario n'est pas nul.
21:57Et ça serait gênant pour le marché, ça ?
21:59Alors, ça peut être gênant pour le marché.
22:00Puisque le marché souhaite, bien évidemment, avoir le plus de visibilité possible.
22:04Et c'est vrai que dans un contexte géopolitique un peu tendu,
22:06que ce soit côté Chine, Moyen-Orient ou Ukraine,
22:09c'est vrai que ça peut créer un peu de tension sur cette période d'incertitude côté élection américaine.
22:17Et pour la Chine, du coup, alors ? Cette élection américaine, c'est...
22:21Alors, pour la Chine et pour les relations géopolitiques, on peut imaginer,
22:24encore une fois, on tire des traits sur la comète,
22:27que Trump serait plutôt favorable à un environnement géopolitique un peu tendu.
22:32Puisqu'on sait qu'il a cette capacité à aller discuter avec des leaders mondiaux assez charismatiques
22:38et qu'il serait capable d'avoir un dialogue peut-être assez ferme.
22:42Le dealmaker, quoi.
22:43Derrière la menace des tarifs, il y a quand même toujours l'idée qu'on peut, avec Trump, faire des deals.
22:49Voilà, qu'on peut travailler.
22:50Avec Kamala Harris, c'est vrai qu'il y a un peu plus d'incertitude sur le front géopolitique,
22:54même si on est plus sur un consensus, une vision européenne, des relations internationales.
22:59Donc, il y a ces deux idées qui s'opposent.
23:02Et c'est vrai que ça aura des implications sur les marchés boursiers.
23:06Et je voulais revenir un petit peu sur les impacts d'une élection de Trump sur la macroéconomie.
23:11Puisque c'est vrai qu'on sait que l'économie américaine consomme à 90% des biens made in USA.
23:17Donc, il y a simplement 10% des biens qui sont importés de la Chine et d'autres pays.
23:23Et que si on voulait faire un petit exercice mathématique sur un coin de table,
23:26on voit que sur ces 10%, il y aurait, selon Trump, 60% d'augmentation des tarifs sur la Chine et 10% pour les autres.
23:33Donc, si on remet ça sur ces 10%, on arrive à 14% à peu près de hausse des tarifs sur 10%.
23:40Sur 10% d'importation.
23:41C'est à peu près 1,4% d'inflation en plus aux États-Unis.
23:45Toutes choses égales par ailleurs.
23:46On sait bien qu'il y aura des répercussions au niveau des marges des entreprises, etc.
23:49Mais c'est vrai que c'est plutôt un scénario inflationniste.
23:52D'accord avec l'idée que Trump est inflationniste, Patrick.
23:55Je n'ai pas entendu un économiste me dire l'inverse jusqu'à présent.
23:58Oui, c'est contrairement à ce qu'il prétend.
24:01Effectivement, la hausse des tarifs est plutôt payée par le consommateur final.
24:05Sachant que quand on regarde justement les importations, ce qu'on voit en ce moment,
24:09le dynamisme des importations pré-élections, c'est les biens de consommation et les biens d'équipement.
24:18Il y a une stratégie de stocker pour des entreprises avant l'élection du 5 novembre ?
24:24Ce n'est pas impossible dans un contexte qui est difficile.
24:26On l'a vu que les entreprises se plaignent du manque de visibilité à l'international.
24:30Peut-être qu'il y a cela, mais ça veut dire que le consommateur en prendra un plein les hausses de tarifs,
24:36même si on prétend que ça va générer de la croissance.
24:39Il y a des études qui ont été faites par plusieurs banques centrales et le FMI et la Banque mondiale
24:43qui montrent que la période 2016-2019 a été une période dans laquelle on a détruit les emplois,
24:49dans laquelle on a augmenté l'inflation.
24:51La hausse des tarifs n'est pas générateur de croissance.
24:56C'était même un stage fashionniste.
24:58On n'a pas eu de croissance, on a détruit nos emplois et on a eu des prix plus élevés.
25:03On augmente les coûts.
25:04Après, c'est tout le jeu des lobbying.
25:07Je me souviens que dans la période 2016-2019, on regardait la liste des biens en maintenance de Chine
25:13et on s'apercevait au stupeur que ce n'était pas les biens les plus importants qui étaient sur la liste concernée
25:19parce que derrière il y avait eu une négociation, chacune des branches allant à la maison blanche
25:24en disant non, pas moi, mais effectivement quelque chose d'autre.
25:27Effectivement, il y avait eu une absorption dans les marges et on n'avait pas vu, malgré des hausses de tarifs,
25:32on n'avait pas eu beaucoup d'impact au niveau de l'inflation.
25:35Là, effectivement, vu les montants mentionnés, ça risque d'être un peu plus significatif.
25:40Mais ce qu'il faut retenir de Trump, c'est qu'il a une volonté de désinguer l'économie mondiale.
25:47J'utilise un terme trivial qui est de déconstruire, en termes plus littéraires,
25:52une certaine internationalisation, une certaine globalisation.
25:58Et effectivement, comme vous l'avez dit, il faut négocier et négocier avec moi.
26:01Moi, je suis les États-Unis et si vous voulez participer au club américain,
26:05puisque là on est dans une thèse isolationniste, il faudra payer.
26:09C'est des fameux 2% pour l'OTAN.
26:11Ça se trouve, les 2% ont augmenté puisque le club de l'OTAN a augmenté.
26:15Et de toute façon, on avait même vu que le jeu en faveur des États-Unis,
26:20et si on est allié des États-Unis, on n'est pas sûr que le parapluie
26:23ou la bonne volonté ou la main américaine, en termes de technologie, etc., continuera à s'exercer.
26:29C'est intéressant parce qu'il est vraiment obnubilé par les Mercedes sur la 5e avenue.
26:34Il parlait la semaine dernière à l'Economic Forum de Chicago.
26:37Je crois que c'était retransmis sur Bloomberg.
26:39Il revient sur Angela Merkel, les Mercedes, etc.
26:43Même le fait que Mercedes ou Benz aient des usines aux États-Unis,
26:48il considère que ce n'est pas suffisant.
26:49Il dit que ce sont des usines d'assemblage.
26:51Ils font tout fabriquer en Europe, en Europe de l'Est, etc.
26:54et ils viennent juste assembler chez nous.
26:56Ça ne suffit plus.
26:57Ce n'est plus le Trump de 2016.
26:59C'est encore une version encore plus jusqu'au-boutiste de Trump de ce point de vue-là.
27:05La barre plus haut puisque tout le monde a bien identifié que les exportations chinoises
27:09passaient d'abord par le Vietnam et le Mexique avant d'arriver aux États-Unis.
27:14Ça veut dire que tous les traités commerciaux,
27:17en fait c'est ça ce côté dézingué,
27:20tous les traités commerciaux et tous les engagements internationaux,
27:22y compris les États-Unis,
27:23sont susceptibles d'être revus à l'aune du jugement de M. Trump.
27:28L'accord de libre-échange Nord-Amérique, Canada, États-Unis, Mexique,
27:32on verra effectivement s'il parle du Mexique
27:34en disant que les voitures qui arrivent du Mexique fabriquées par les Chinois,
27:38ce sera 10, 20, 200, 2000% de tarifs s'il faut.
27:42Mais il n'y en aura pas une.
27:43La nouvelle présidente mexicaine s'est déjà préparée.
27:46Oui, qui vient d'arriver effectivement depuis quelques mois à peine.
27:50L'effet Trump sur les marchés,
27:52est-ce que ça peut être les mêmes effets que ceux de 2016 ?
27:56Sachant que depuis 2016 on a vécu une vague inflationniste,
27:59que les prix ont monté de 20%, etc.
28:01Est-ce qu'il peut utiliser les mêmes recettes avec un soutien du marché
28:06comme il l'a eu en 2016 ?
28:07Ou est-ce que là le jeu s'annonce plus risqué selon vous, Alexandre ?
28:10Il y a beaucoup de choses qui ont été dites là aussi.
28:13On a l'impression que le marché se prépare quand même à Trump,
28:16disons une semaine sur deux.
28:18Mais ça a l'air quand même de lui plaire.
28:21Ça a l'air de lui plaire.
28:22Donc je pense que le marché se concentre quand même
28:24sur une potentielle baisse de taxes à nouveau.
28:27Et c'est ça en fait qui va déterminer si c'est re-2016 ou pas.
28:30D'où les taux qui remontent, le dollar qui sourit, etc.
28:34Absolument.
28:35Et donc là pour l'instant, c'est très difficile de commenter
28:39ce que va faire Donald Trump parce qu'il n'a pas dit grand chose.
28:43Puisqu'il nous dit, on n'est même pas sûr qu'il va le faire.
28:46Donc typiquement en 2016, il s'était quand même beaucoup attaché
28:50à l'immigration illégale, etc.
28:52Il n'a résolu aucun problème là-dessus.
28:54En fait, il a cassé la volonté de ceux qui voulaient arriver.
28:57Mais il n'a pas du tout raccompagné qui que ce soit à la frontière.
29:01Donc c'est assez difficile de se prononcer là-dessus.
29:04Mais par contre, je pense que le baromètre, au même titre que pour Kamala,
29:08ce sera est-ce qu'elle augmente les taxes ou pas,
29:10ça va être de voir s'ils vont jusqu'au bout sur leur vision,
29:13sur l'impôt sur les sociétés.
29:15Et pour ça, il va falloir attendre aussi Sénat et Chambre
29:19pour voir si c'est une vague républicaine.
29:21Et en fait pour moi, c'est là que ça va se jouer.
29:23Si on a une vague républicaine, on peut repartir sur un 2016,
29:26au moins au début.
29:28Si on ne l'a pas, ça va être plus difficile de passer des mesures.
29:32On sait que Trump peut utiliser des décrets.
29:34Mais globalement, je pense que ça va être beaucoup plus statique,
29:38au moins sur les premiers mois.
29:40Mais un Trump inflationniste en 2024,
29:42après la vague d'inflation qu'on a eue,
29:44ça peut être encore positif marché.
29:47Parce qu'en 2016, on sortait à peine de l'idée de la stagnation séculaire
29:53en se disant, on ne veut plus jamais voir ça.
29:55Et Trump, j'allais dire, arrivait, était là au bon endroit, au bon moment
29:59pour mettre un peu d'inflation dans le système.
30:02Là, de l'inflation, en l'occurrence, on en a eu.
30:04Les Américains, ils en ont eu.
30:05Le problème va être sur les taux.
30:07Et même pas que sur le sujet de l'inflation,
30:09mais sur le sujet de la confiance dans le dollar.
30:11Donc là, on peut avoir un risque de monter abrupt
30:15sur les taux du fait de la politique de Trump.
30:18Donc là, il y a une défiance vis-à-vis du marché américain.
30:21Et là, on peut avoir un à-coup sur le marché actions.
30:24Mais sinon, l'inflation, tant qu'il ne la relance pas trop
30:28et qu'elle reste dans ces zones-là,
30:30elle est plutôt bonne pour les publications de résultats qui vont suivre.
30:34Donc sur les actions, ça peut avoir un effet légèrement positif.
30:38À 4,15 sur le 10 ans américain, c'est le signe que le marché
30:41prend en considération une idée Trump au soir du 5 novembre,
30:45ou dans les heures ou les jours qui suivront.
30:48Geoffroy ?
30:49Oui, je rejoins un petit peu ce qui vient d'être dit.
30:50Je pense que le marché aujourd'hui se focalise un peu plus
30:52sur une victoire de Trump.
30:53Ce n'est pas non plus le scénario 90% de probabilité.
30:56Mais en tout cas, c'est intégré en partie dans les cours,
30:59cours des marchés actions, mais dans les cours aussi des niveaux de taux,
31:03avec toujours une croissance qui est robuste
31:06et un marché de l'emploi qui se tient toujours.
31:08C'est vrai qu'on a ce phénomène de pointification
31:10qu'on connaît depuis 4-5 mois,
31:12qui marque un tout petit temps d'arrêt.
31:14Mais c'est vrai que si on est dans cette configuration
31:17où la croissance se tient et on peut avoir un petit effet positif,
31:21on va dire à l'issue de l'élection,
31:23que ce soit Kamala Harris ou Donald Trump d'ailleurs,
31:25on peut avoir un effet positif,
31:27puisque souvent au lendemain des élections,
31:29on repart sur quelque chose d'un peu plus visible, lisible.
31:32Et on sait que, quel que soit le candidat qui sera élu,
31:36il y a une politique expansionniste.
31:39Même si le budget, on sait que ça dérape aussi.
31:42On ne parle pas de la France ici,
31:44mais aux Etats-Unis, on voit que la dette et le budget
31:46ne sont quand même pas très alignés
31:48avec la conception de la théorie économique.
31:51D'une bonne économie.
31:54Aujourd'hui, il y aurait quand même cette volonté affichée
31:57de développer la croissance américaine.
32:01Et au lendemain de l'élection, on peut s'attendre
32:03à une reprise des marchés boursiers américains également.
32:07Les Etats-Unis peuvent vraiment se permettre ça ?
32:09Que ce soit Trump ou Harris,
32:11j'ai l'impression que la vanne budgétaire
32:13va rester ouverte d'une manière ou d'une autre.
32:15Il y a un petit rendez-vous un peu difficile.
32:18Régulier d'ailleurs.
32:20Ça s'appelle le mois de juillet.
32:22Le plafond de la dette.
32:24Mais grosso modo, tout le monde va être d'accord,
32:26quel que soit l'état des chambres
32:28et l'état de l'élection,
32:30et quel que soit le locataire de la Maison Blanche,
32:32pour prolonger jusqu'à peu près au mois de juin.
32:35Et alors après, ça sera la petite mécanique du Trésor américain
32:37de trouver les fonds.
32:39Donc là, les fonds vont remonter en fin d'année
32:41avec la perception des impôts.
32:43Et puis après, on va dépenser gentiment ce que l'on a
32:45pour arriver au mois de juin avec quasiment plus rien dans les caisses.
32:47Et là, attention, effectivement, au risque.
32:49C'est-à-dire, quel est le programme d'émission ?
32:51Est-ce qu'on est mis sur le court ? Est-ce qu'on est mis sur le long ?
32:53Et c'est peut-être cela qui est en train, effectivement,
32:55d'être mis dans les cours obligataires,
32:57sachant que tout le monde est bien d'accord aux Etats-Unis.
33:00La rigueur, c'est un gros mot.
33:02Et je dirais l'espace budgétaire,
33:04il est là, effectivement, pour être distribué.
33:07Donc, 6-7% de déficit
33:09et une dette qui va filer.
33:11L'organisme indépendant, le CBO,
33:14avait lancé au mois de mars de cette année
33:16des études pluriannuelles jusqu'en 2030,
33:18plutôt inquiétantes.
33:20Mais, grosso modo, il n'y a pas eu un mot
33:22dans toute la campagne électorale,
33:24si ce n'est de dire que la croissance sera là.
33:26Et donc, on réduit en dynamique le déficit.
33:28Tant que l'inflation le permet,
33:30est-ce que c'est aussi un objectif secondaire
33:32pour la réserve fédérale américaine
33:34d'assurer ce coût de financement
33:36de l'Etat fédéral américain ?
33:38Il y a la baisse des taux,
33:40il y a également toute la politique de bilan de la Fed
33:42qui peut continuer d'évoluer.
33:44Je le dis tant que l'inflation le permet,
33:46est-ce que c'est quelque chose
33:48que la Fed peut participer à accommoder
33:50d'une certaine manière ?
33:52Aujourd'hui, oui, la politique monétaire de la Fed
33:54est un facilitateur, en quelque sorte,
33:56et laisse de la place à la politique budgétaire.
33:58On ne parlera pas, même si ça fait partie
34:00du programme de M. Trump,
34:02de remettre en cause l'indépendance de la Fed.
34:04Mais aujourd'hui, effectivement,
34:06les deux stratégies convergent.
34:08On peut dépenser plus.
34:10Les deux stratégies convergent.
34:12Les taux courts vont continuer à baisser.
34:14C'est ce que je disais tout à l'heure.
34:16On a une fenêtre de 6 mois.
34:18Et si l'inflation ne le permettait plus,
34:20on n'a pas de doute sur le fait que la Fed
34:22agirait selon son mandat
34:24face à l'inflation ?
34:26Ça va être difficile.
34:28C'est là où M. Trump
34:30dit qu'il aimerait bien avoir une ligne
34:32avec M. Powell pour lui donner son sentiment.
34:34Pour l'aider à jeter la pièce en l'air, comme il dit, c'est ça ?
34:36Ne monter pas les taux
34:38ou continuer à les baisser,
34:40c'est là où les phénomènes
34:42de prime de risque sur l'inflation
34:44mais aussi de risque sur les Etats-Unis
34:46et risque de débasement
34:48du dollar américain
34:50pourraient apparaître si on pousse
34:52les feux un peu trop loin.
34:54C'est une séquence.
34:56On ne va pas voir ça au lendemain
34:58du résultat de l'élection présidentielle
35:00sur les marchés obligataires.
35:02Trump est un pragmatique.
35:04Quand on regarde les programmes des deux candidats,
35:06ça paraît comme des propositions.
35:08Ils ne vont pas le faire ligne à ligne
35:10et ils vont mettre en place
35:12ou choisir ce qui est possible de faire
35:14politiquement et ce que les marchés
35:16acceptent. On a vu, bien entendu,
35:18que les marchés peuvent ne pas accepter.
35:20C'est le fameux liste truss.
35:22Le truss moment.
35:24L'effet truss.
35:26Rappelé régulièrement
35:28par les autorités compétentes.
35:30Le patron du CBO a rappelé
35:32le risque d'un moment truss
35:34aux Etats-Unis dans le cas
35:36d'une victoire de Donald Trump en l'occurrence.
35:38En matière d'investissement,
35:40on n'a pas dit
35:42grand-chose pour l'instant des résultats microéconomiques.
35:44Alexandre, je ne sais pas quel est le premier commentaire
35:46que vous faites. On a quelques jours
35:48de publication derrière nous.
35:50Il y a déjà eu des grands noms. On s'est attardé ici
35:52sur les alertes des mégacaps européennes
35:54à SML et LVMH.
35:56Est-ce qu'on voit un peu au-delà de ça ?
35:58Est-ce que c'est une saison de publication qui est encore
36:00un facteur de soutien, j'ai envie de dire,
36:02pour les actifs risqués ? Ou est-ce qu'il faut être
36:04un peu plus méfiant à ce stade ?
36:06On est un peu plus inquiet que sur les trimestres précédents,
36:08notamment en Europe. On a eu
36:10quelques gros avertissements
36:12qui ont été sanctionnés par le marché
36:14comme il fallait.
36:16Surtout, les attentes de 2025 nous paraissent
36:18assez ambitieuses, que ce soit en termes de croissance
36:20ou de marge.
36:22On pense que là,
36:24les marges sont arrivées à un niveau, même aux Etats-Unis,
36:26où elles peuvent quand même
36:28commencer à se compresser un petit peu.
36:30Donc là-dessus, d'un point de vue bottom-up,
36:32on est un peu plus inquiet que sur le top-down
36:34dont on a parlé depuis le début de l'émission.
36:38Il va falloir voir surtout
36:40les perspectives.
36:42On sait que pas mal d'entreprises, pas mal de secteurs voient flou
36:44pour 2025.
36:46Voilà, on va rester
36:48finalement investis sur l'effort,
36:50entre guillemets,
36:52et pas tenter d'être contrariants
36:54sur les faibles, exemple
36:56l'auto, par exemple.
36:58Mais même
37:00dans chaque secteur, je trouve, on a des secteurs forts
37:02et des secteurs faibles, mais même dans chaque secteur,
37:04on a ces phénomènes de polarisation qui sont
37:06incroyables. Hermès
37:08fera mieux que Kering en termes
37:10de résultats opérationnels, il n'y a pas de doute.
37:12Adidas, aujourd'hui, fait mieux que
37:14Nike, c'était peut-être différent il y a
37:16quelques années. Unilever fait mieux
37:18que Nestlé aujourd'hui. A chaque fois, dans chaque
37:20secteur, je trouve des exemples de poids lourds,
37:22mastodontes, concurrents face-à-face,
37:24l'un qui ne va vraiment pas bien, qui a moins
37:26de 30, et l'autre qui va bien
37:28et qui peut faire du plus 30, boursièrement
37:30parlant, sur Nike. Alors ça, dans une maison de
37:32stock-picker, c'est super. D'accord.
37:34On l'attendait, on en parle
37:36depuis le début de l'année, donc il y a effectivement du stock-picking,
37:38y compris sur les larges et sur les méga-caps.
37:40Donc ça, c'est très bien.
37:42Après, effectivement, il y a des histoires spécifiques,
37:44donc Hermès-Kering,
37:46Hermès gère son stock, Kering
37:48pas du tout, Adidas-Nike,
37:50Adidas-Innov, Nike très peu.
37:52Donc voilà, ça se ressent sur le marché, ça se ressent
37:54dans les résultats. Donc ça, après, c'est à nous
37:56de faire le travail là-dessus. Effectivement,
37:58il y a une dispersion de plus en plus grande
38:00sur certaines valeurs intra-
38:02secteurs. Même
38:04dans l'auto, on peut trouver des choses qu'on préfère
38:06par rapport à d'autres, je ne vais pas les citer.
38:08Si on met Ferrari dans le secteur automobile.
38:10Par exemple, on peut
38:12en parler. Donc
38:14voilà, on a beaucoup de différences et ça,
38:16ça aide aussi à faire de la surperformance,
38:18c'est-à-dire qu'on s'est quand même plaint pendant
38:20des mois, voire des années sur ce plateau
38:22que finalement, c'était les plus grosses capitalisations
38:24qui fonctionnaient et qui tiraient les indices vers le haut.
38:26Là, c'est un petit peu moins le cas.
38:28C'est le phénomène de broadening.
38:30Donc bon, c'est un peu mieux.
38:32Et c'est sain du point de vue de marché ?
38:34C'est plus sain du point de vue de marché.
38:36Geoffroy, qu'est-ce qui vous intéresse dans
38:38les marchés globaux aujourd'hui ? Ou est-ce qu'on est
38:40encore à l'aise avec la prise de risque, par exemple,
38:42en matière d'investissement ?
38:44C'est vrai que là, aujourd'hui, compte tenu de ce qu'on
38:46vient de se dire, il y a eu un beau parcours qui a été fait depuis le début de l'année
38:48sur les marchés boursiers, que ce soit
38:50en France ou en Europe.
38:52Donc c'est vrai qu'on se dit qu'aujourd'hui,
38:54vu qu'il y a la saison des résultats des publications
38:56qui commencent, il faut être un peu prudent.
38:58On n'attend pas forcément de
39:00très bonnes nouvelles.
39:02Ce qu'il faut, c'est redonner un peu de visibilité,
39:04voir s'il ne faut pas remettre
39:06un petit peu plus à la baisse les prévisions de bénéfices
39:08pour 2025, comme ça a été dit.
39:10Donc c'est vrai qu'il faut un peu de prudence à ce niveau-là.
39:12Maintenant, on parlait du rallye
39:14sur les marchés actions depuis deux ans,
39:16ou le fameux boule market depuis deux ans, deux, trois ans.
39:18On l'a dit, d'un point de vue macro, ça peut tenir.
39:20Mais c'est vrai que d'un point de vue micro,
39:22il faut être vigilant. C'est plutôt un des marchés
39:24de stock picker. Donc plutôt un message
39:26de neutralité. Ça ne veut pas dire que
39:28le rallye ne peut pas continuer, mais plutôt un message de neutralité
39:30sur les marchés actions en général.
39:32Moins agressifs, quoi. Oui.
39:34Un peu moins agressifs, et attendre d'avoir
39:36cette séquence de résultats,
39:38d'élections américaines aussi, pour
39:40avoir un peu plus de visibilité, et toujours
39:42essayer de profiter des baisses de marché pour se repositionner.
39:44Ce qui est étonnant, c'est qu'il y a eu très
39:46peu de respiration, finalement, dans ces marchés
39:48actions, et à chaque fois,
39:50forcément, ce n'est pas toujours évident d'attraper le
39:52mouvement à la hausse. Il y en avait eu cet été, un de 5 août.
39:54Il y en avait eu une petite, voilà.
39:56Parce que c'est allé vite, derrière, en plus.
39:58Sur le Yen.
40:00Et c'est vrai qu'il faut être là quand les marchés baissent,
40:02parce qu'à chaque fois, il y a des acheteurs qui reviennent,
40:04il y a des flux positifs qui peuvent
40:06revenir et qui soutiennent le marché.
40:08Et puis, si on regarde les obligations aussi, parce qu'on n'a pas trop parlé,
40:10c'est vrai que les obligations ont fait un beau parcours cette
40:12année, sur les
40:14crédits, etc.
40:16On est à peu près à plus de 4% déjà, depuis le début de l'année.
40:18Et le high yield euro, on est quasiment
40:20à 7%. Donc, c'est vrai que c'est important
40:22de saluer les performances.
40:24Peut-être se repositionner,
40:26prendre un petit peu de bénéfices aussi
40:28sur ce segment-là. Maintenant, le portage
40:30est intéressant. Et comme on l'a dit, il n'y a pas forcément
40:32d'alternative qui soit nettement
40:34meilleure. Après, le monétaire reste une bonne position
40:36d'attente aussi. Oui, mais il sera de moins en moins.
40:38Voilà. Le monétaire, il le sera de moins en moins
40:40aussi, avec la baisse des taux de la BCE.
40:42Et c'est vrai que dans ce contexte-là,
40:44avoir un portefeuille bien équilibré, c'est important.
40:46On s'arrêtera là pour ce soir, messieurs.
40:48Merci beaucoup d'avoir été des invités de Planète Marché.
40:50Geoffroy Lenoir, Offi Invest Assets Management,
40:52Patrice Gauthry, L'Union Bancaire
40:54Privée et Alexandre Taieb,
40:56Sycomore Assets Management.

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