Face à l'Info Été (Émission du 23/08/2024)

  • le mois dernier
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

Category

🗞
News
Transcript
00:00:0018h58 sur CNews, bienvenue dans Face à l'Info, le regard de nos éditorialistes sur l'actualité.
00:00:08Je suis ce soir avec Véronique Jacquet, bonjour Véronique.
00:00:11Bonjour, bonjour à tous.
00:00:12On a Michel Thaube, également éditorialiste.
00:00:14Bonjour Anthony.
00:00:15Bonjour à vous, Jonathan Cixous, journaliste.
00:00:17Bonjour Anthony.
00:00:18Et enfin, Nathan Dever.
00:00:19Bonsoir Anthony.
00:00:20Écrivain.
00:00:21Avant de vous dévoiler le sommaire de cette émission, on commence avec le rappel de l'actualité, signé Félicité Kindoki.
00:00:27Bonjour Félicité.
00:00:28Bonjour Anthony, bonjour à tous.
00:00:30Un homme a été tué au fusil d'assaut hier soir dans le deuxième arrondissement de Marseille.
00:00:35Vers 23h45, deux individus dans un véhicule ont ouvert le feu en direction d'un bar à Chichat.
00:00:41Le gérant a été tué sur le coup, une autre personne est blessée.
00:00:45La voiture a été retrouvée un peu plus tard incendiée.
00:00:48En Argentine, les avocats des deux rugbymen français, inculpés pour viol aggravé en réunion,
00:00:53souhaitent déposer une demande de non-lieu auprès de la justice de Mendoza,
00:00:57dans le but de permettre leur retour en France.
00:00:59Les joueurs du 15 de France, Hugo Oradou et Oscar Jeugou, âgés de 21 ans tous les deux,
00:01:05sont retenus en Argentine depuis début juillet.
00:01:074000 brebis sont mortes en Occitanie.
00:01:10La fièvre catarhalovine frappe la France de plein fouet.
00:01:13Le nombre de foyers a plus que quadruplé en l'espace de 8 jours, avec 190 cas confirmés.
00:01:19Le virus, aussi connu sous le nom de maladie de la langue bleue, touche essentiellement les moutons et les brebis.
00:01:27Il est 19h sur CNews, au sommaire de votre émission.
00:01:30Voici que s'avance l'immobilisme et nous ne savons pas comment l'arrêter.
00:01:34Ce sont les mots d'Edgar Fort, président du Conseil sous la 4e République.
00:01:37Des mots qui sont terriblement d'actualité.
00:01:3938 jours que nous avons un gouvernement démissionnaire qui gère les affaires courantes.
00:01:43On vient de battre le précédent record de 37 jours.
00:01:45Et tiens donc, c'était justement sous cette 4e République.
00:01:48Sommes-nous pris dans une faille spatio-temporelle ?
00:01:51Vous aurez le droit à l'analyse historique et politique de Véronique Jacquet sur ce plateau.
00:01:55Emmanuel Macron qui s'est engagé à nommer un Premier ministre, je cite, dans le prolongement des consultations.
00:02:02Allez savoir maintenant combien de temps peut durer un prolongement.
00:02:04Sans doute le temps qu'il faudra pour trouver l'oiseau rare, le mouton à 5 pattes,
00:02:07celui qui passera les fourches codines de la censure parlementaire,
00:02:10celui qui n'aura pas d'ambition éliséenne, celui qui ne reniera pas non plus le bilan d'Emmanuel Macron.
00:02:16Et si cette personne était un chef d'entreprise ou encore un élu local,
00:02:20c'est la proposition ce soir de Michel Taubes.
00:02:23A 74 jours de l'élection présidentielle américaine, Kamala Harris a accepté l'investiture des démocrates
00:02:28lors de la convention du parti à Chicago.
00:02:30Elle a promis un chemin d'unité, elle a promis d'être la présidente de tous les Américains,
00:02:34elle a électrisé la foule, affiché des soutiens de poids avec le couple Obama, les Clinton, Oprah Winfrey.
00:02:40Mais au-delà de quelques grands principes déclamés avec passion,
00:02:43qu'a-t-elle vraiment dit sur le fond ?
00:02:45La réponse est probablement dans la question, nous dira Jonathan Cixous sur ce plateau.
00:02:49Et enfin, avec Nathan Devers, on reviendra sur les passions que déchaînent
00:02:53le conflit israélo-palestinien en France, l'antisémitisme déguisé en antisionisme
00:02:57et dont vous faites vous-même les frais, Nathan, sur les réseaux sociaux.
00:03:00Vous nous parlerez aussi des négociations qui se tiennent en ce moment au coeur.
00:03:03L'espoir d'un cessez-le-feu est-il encore possible ?
00:03:06Vous nous donnerez votre sentiment ce soir.
00:03:08Voilà pour le sommaire de votre émission.
00:03:10Face à l'info, c'est parti !
00:03:13Générique
00:03:25Et on commence donc avec vous cette émission, Véronique Jacquier.
00:03:28Aujourd'hui, on explose le record du plus long gouvernement
00:03:31des missionnaires de la Vème République
00:03:33et nous assistons à une séance de consultation
00:03:35qui devrait déboucher sur la nomination, normalement, d'un Premier ministre.
00:03:39Est-ce que cette drôle d'ambiance ne signe pas le fait que nous sommes revenus
00:03:42quelque part à une quatrième République ?
00:03:44Alors aujourd'hui, 38e jour, son gouvernement,
00:03:47on bat donc un record, celui de la quatrième,
00:03:50le précédent date de 1953 avec la chute du gouvernement de René Meyère.
00:03:54Ça peut durer, 38e jour aujourd'hui, 39 demain, 40e dimanche, etc.
00:04:00Bon, prolonger artificiellement un gouvernement des missionnaires
00:04:03comme celui de Gabriel Attal, de la part d'Emmanuel Macron,
00:04:06c'est effectivement très quatrième République.
00:04:09Et légalement, il peut encore prendre son temps.
00:04:11Mais on imagine mal le président inaugurer les Jeux paralympiques mercredi prochain
00:04:15sans un nouveau Premier ministre, quoique, sait-on jamais,
00:04:18parce qu'on a vu qu'aujourd'hui, il ne sortait pas grand-chose
00:04:20quand même des consultations, que chacun campait sur sa position.
00:04:24Alors en attendant, pourquoi Emmanuel Macron imite-t-il la méthode
00:04:27des présidents de la quatrième République ?
00:04:30Eh bien, d'abord, parce qu'il joue cette carte
00:04:33de prolonger un gouvernement des missionnaires
00:04:37et donc il joue sur le temps.
00:04:39Et puis, la seconde raison, c'est qu'il espère susciter
00:04:41l'avènement d'une culture du compromis parlementaire.
00:04:44Aujourd'hui, il a donc écouté les représentants du Nouveau Front Populaire,
00:04:47puis ceux de Renaissance, puis ceux des Républicains.
00:04:50Cela dit, on a bien vu que tous campaient donc sur leur position
00:04:54et qu'ils n'en sortaient pas grand-chose.
00:04:56Il connaît leur position.
00:04:58Il connaît leur position depuis début juillet.
00:05:00On voit qu'il aurait aimé peut-être que les socialistes
00:05:03se détachent de la France insoumise
00:05:08et que finalement explose le Nouveau Front Populaire.
00:05:11Il aurait sans doute aimé que les Républicains lui fassent
00:05:14quelques œillades prolongées pour être capables
00:05:16de constituer un semblant de majorité.
00:05:18Bon, on voit bien que ça ne marche pas.
00:05:20Toujours est-il que ce matin, il a lâché le mot de cohabitation
00:05:23quand il a reçu les membres du Nouveau Front Populaire.
00:05:25Donc chacun se met à rêver d'un possible compromis.
00:05:29Mais je vais vous expliquer pourquoi, à l'époque,
00:05:31ça ne marchait pas, donc ça a peu de chance que ça marche aujourd'hui.
00:05:34Ce vendredi flotte à l'Élysée en parfum de 4e République.
00:05:37Mais au fond, est-ce qu'on est vraiment retombé dans cette marmite-là ?
00:05:39Alors, en grande partie.
00:05:41On va d'abord expliquer ce qu'est la 4e République,
00:05:43comment ça marchait.
00:05:44C'est un régime qui n'a pas vécu longtemps.
00:05:4612 ans d'octobre 1946 jusqu'à la crise de mai 1958.
00:05:51Sa constitution consacrait la toute-puissance des partis.
00:05:55A l'époque, le gouvernement procédait de l'Assemblée Nationale,
00:05:59élu à la proportionnelle intégrale
00:06:02et nom du Président de la République.
00:06:04Le Président de la République, du coup, était mis à part.
00:06:06Il était cantonné à un rôle de représentation et d'influence.
00:06:09Certains avaient de l'influence.
00:06:11Ce n'étaient pas tous des potiches loin de là.
00:06:13Donc, sur le plan économique, sur le plan social,
00:06:15le bilan de la 4e n'est pas franchement contestable.
00:06:18On ne va pas s'arrêter là-dessus.
00:06:19En revanche, sur le plan politique,
00:06:21la 4e République s'est discréditée.
00:06:25Elle s'est discréditée parce qu'elle a souffert de plusieurs maux.
00:06:29D'abord, dès le départ.
00:06:30Et vous allez me dire, tiens, tiens,
00:06:31ça nous rappelle un petit peu la situation actuelle.
00:06:33Dès le départ, elle n'a pas recueilli l'adhésion de tous les Français.
00:06:37Et l'Assemblée s'est retrouvée en trois blocs.
00:06:40En 1947, les communistes, les gaullistes,
00:06:44via le RPF, le Rassemblement du Peuple Français.
00:06:47Donc, ils ne soutenaient pas les institutions de la 4e République.
00:06:51Et donc, en face, il y avait les partis qui soutenaient les institutions.
00:06:54Et c'était un espèce d'attelage hétéroclite.
00:06:56Il y avait les démocrates chrétiens,
00:06:58la SFIO et l'Union démocratique et socialiste de la résistance
00:07:01créée par un certain François Mitterrand.
00:07:04Et là, cette troisième force, cet attelage hétéroclite
00:07:08dont je vous parle, ça a voulu ressembler à une coalition.
00:07:12On avait finalement le système contre ceux qui se voulaient antisystème
00:07:15parce qu'ils ne croyaient pas à cette 4e République.
00:07:18Mais cette coalition, à l'époque, elle a été totalement incapable
00:07:21de s'entendre sur les sujets majeurs
00:07:23et des sujets en plus ô combien cruciaux
00:07:25comme par exemple la guerre d'Indochine.
00:07:28Donc en fait, chaque fois, on avait un président du Conseil
00:07:30qui se faisait renverser par l'Assemblée.
00:07:32En 12 ans, tenez-vous bien,
00:07:3422 gouvernements.
00:07:3622 gouvernements, ça veut dire que chaque gouvernement
00:07:38avait une durée de vie moyenne de 7 mois.
00:07:41Franchement, ce n'est rien du tout.
00:07:43On a en tête le mythique gouvernement de Pierre Mendès-France, le radical.
00:07:47Mais par exemple, Pierre Mendès-France,
00:07:49ça a été un gouvernement de seulement 8 mois.
00:07:52Vous voyez, quand on le prend en référence, tout est relatif.
00:07:54Et alors, il y a eu 351 jours d'affaires courantes.
00:07:58Vous imaginez, là on en est à 38.
00:08:00Sur 12 ans, 351 jours.
00:08:02Ça fait presque une année
00:08:04où on s'est contenté d'expédier les affaires courantes
00:08:06parce qu'on n'arrivait pas à bricoler un gouvernement.
00:08:08Alors finalement, qu'est-ce qu'on constate
00:08:10quand on prend du champ
00:08:12par rapport à cette 4e République
00:08:14et à la façon dont elle a fonctionné ?
00:08:16Eh bien, c'est qu'il n'y avait pas de culture du compromis efficace.
00:08:18Alors, est-ce que c'est franco-français ?
00:08:20Sans doute.
00:08:22En tout cas, quand cette culture du compromis
00:08:24a été mise en place à l'époque
00:08:26parce qu'il y a eu des essais, des tentatives,
00:08:28c'était sans doute parfois un peu trop tard.
00:08:30Et on est tombé
00:08:32dans le régime des partis
00:08:34honnis par le général de Gaulle.
00:08:36On est tombé dans la politique aérée.
00:08:38On est tombé
00:08:40dans l'histoire des trocs.
00:08:42Et la France a perdu beaucoup de temps
00:08:44pour avancer, pour être gouvernée
00:08:46et même déjà pour être réformée.
00:08:48Donc il y a quand même quelques ressemblances
00:08:50que nous vivons.
00:08:52Difficile culture du compromis
00:08:54et puis perte du sens de l'intérêt général.
00:08:56Moi, c'est quand même ce qui me marque dans cette période.
00:08:58On l'a vu aujourd'hui.
00:09:00Est-ce qu'on pense à l'intérêt général
00:09:02quand on vient rendre visite à Emmanuel Macron à l'Elysée ?
00:09:04A quoi pensent-ils tous ces gens
00:09:06qui disent oui, on peut collaborer
00:09:08sur tel texte, etc.
00:09:10On se rend bien compte que ça ne va pas bien loin
00:09:12et que tout ça, c'est un petit peu du cinéma.
00:09:14Donc, perte du sens de l'intérêt général à l'époque
00:09:16au profit de combines totalement politiciennes.
00:09:18Est-ce qu'il y a eu tout de même des points positifs
00:09:20dans cette 4ème République ?
00:09:22Alors oui, il y avait une chose que nous avons perdue.
00:09:24C'est la notion de la gestion du temps
00:09:26du temps long.
00:09:28Par exemple, comme il y avait
00:09:30plusieurs gouvernements qui se succédaient
00:09:32et qu'on était donc dans le régime des partis
00:09:34avec une élection à la proportionnelle intégrale
00:09:36et bien c'était toujours les mêmes ministres
00:09:38qui se partageaient les mêmes portefeuilles.
00:09:40Donc par exemple, c'était la SFIO qui avait trusté
00:09:42ou qui trustait souvent
00:09:44le portefeuille du travail.
00:09:46C'était la démocratie chrétienne qui trustait
00:09:48le portefeuille de la famille.
00:09:50Donc il y avait une forme quand même de permanence
00:09:52dans les jeux politiques et dans les rapports de force.
00:09:54Et puis il y avait des gros poids lourds
00:09:56des membres du gouvernement
00:09:58qui trustaient parfois
00:10:00leurs marocains, leurs ministères
00:10:02pendant plus de 5 ans.
00:10:04Et puis il y avait surtout la haute fonction publique
00:10:06qui évidemment gérait
00:10:08les affaires de l'État et à l'époque,
00:10:10elle se sentait toute puissante, donc elle prenait
00:10:12son rôle très très au sérieux.
00:10:14Donc aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
00:10:16On n'a pas quand même beaucoup de ministres au poids lourd
00:10:18et puis c'est un miracle
00:10:20s'ils restent 5 ans à leur poste.
00:10:22Cependant,
00:10:24attention, qu'est-ce qui a
00:10:26été aussi préjudiciable
00:10:28à ce régime de la 4ème République ?
00:10:30Et là encore, on peut faire un parallèle
00:10:32avec ce qu'on commence à voir aujourd'hui,
00:10:34pas ce qu'on voyait il y a quelques années,
00:10:36mais ce qu'on voit un petit peu avant
00:10:38depuis la dissolution, mais alors surtout
00:10:40depuis la dissolution et ne serait-ce qu'aujourd'hui.
00:10:42On voit
00:10:44des ministres qui avaient souvent le tournis, parce que le régime
00:10:46d'Assemblée, c'est un régime où les parlementaires
00:10:48à l'époque se mêlaient de tout,
00:10:50voulaient tout contrôler,
00:10:52parfois faisaient même quelques
00:10:54misères au président de la République,
00:10:56et on voit aujourd'hui, par exemple,
00:10:58ce type de comportement avec la
00:11:00bordélisation voulue par la France insoumise.
00:11:02La France insoumise aussi qui essaye de tracer
00:11:04tous les espaces médiatiques pour se faire entendre
00:11:06et puis surtout pour s'imposer. On voit bien
00:11:08qu'ils ne sont pas sortis grands gagnants
00:11:10des élections, pour autant ils veulent
00:11:12dicter leur agenda. Ça, ça existait déjà
00:11:14sous la 4ème République.
00:11:16Est-ce qu'Emmanuel Macron a intérêt à cultiver
00:11:18cet esprit de 4ème République ?
00:11:20En fait, Emmanuel Macron se retrouve tout d'abord piégé
00:11:22par sa dissolution, donc il ne faut pas oublier
00:11:24qu'il y a quand même une forme de « je subis
00:11:26une situation », mais
00:11:28il tente de profiter du meilleur de la
00:11:305ème République et du pire
00:11:32de la 4ème. Le meilleur de la 5ème
00:11:34République, c'est qu'il est un monarque républicain
00:11:36protégé par les institutions
00:11:38à qui d'ailleurs il tord le bras.
00:11:40Mais ce n'est pas le premier. Ça a commencé
00:11:42notamment avec Nicolas Sarkozy
00:11:44quand il était question de faire
00:11:46de son Premier ministre un simple collaborateur.
00:11:48On voit bien que là, 38 jours
00:11:50sans gouvernement, ça montre aussi qu'Emmanuel Macron
00:11:52se passe allègrement de Premier ministre.
00:11:54Donc là, on arrive au bout
00:11:56du bout du bout de la façon de tordre
00:11:58l'esprit des institutions de la 5ème République.
00:12:00Quand Michel Debré élabore
00:12:02cette constitution, c'est que le Premier
00:12:04ministre doit conduire les affaires
00:12:06de la nation. On applique le
00:12:08programme du Premier ministre. Le Président
00:12:10est au-dessus des partis pour oeuvrer
00:12:12là encore, je le rappelle, à l'intérêt général.
00:12:14Et puis,
00:12:16parce qu'il dispose à l'époque d'une majorité
00:12:18absolue, où tout au moins c'est ce que veut la 5ème
00:12:20République, ça ne tient pas la route
00:12:22sans l'idée même d'une majorité absolue,
00:12:24le Premier ministre arrive à mettre en musique
00:12:26une politique pour le pays.
00:12:28Là, on a vu Emmanuel Macron a pris soin de fracasser
00:12:30la gauche, de fracasser la droite,
00:12:32donc finit la bipolarisation
00:12:34pour arriver à ce que
00:12:36nous subissons aujourd'hui. Donc, la force
00:12:38de la 5ème République, c'était la stabilité
00:12:40gouvernementale qui résultait de
00:12:42la majorité absolue. C'est l'antithèse
00:12:44de la 4ème. La 5ème s'est
00:12:46construite comme antithèse à la 4ème.
00:12:48C'était surtout plus jamais ça,
00:12:50plus jamais la 4ème.
00:12:52Alors, profiter pour Emmanuel Macron du
00:12:54pire de la 4ème, ça veut dire
00:12:56quoi ce soir ? Eh bien, il a 3 blocs.
00:12:583 blocs à l'Assemblée, pas de
00:13:00majorité. Franchement, sincèrement,
00:13:02sans doute, pense-t-il que ça le
00:13:04conforte dans sa toute puissance éliséenne.
00:13:06C'est comme ça qu'il vit les choses, puisqu'il se
00:13:08passe allègrement de Premier ministre.
00:13:10Mais alors, c'est du perdant perdant, parce que
00:13:12son futur Premier ministre
00:13:14et l'Assemblée nationale, s'ils ne
00:13:16parviennent pas à composer une
00:13:18coalition, ça veut dire qu'il n'a plus
00:13:20qu'à attendre le 30 juin 2025
00:13:22pour lancer une nouvelle dissolution
00:13:24sans garantie d'une majorité absolue.
00:13:26Voilà ce qui arrive quand on ne
00:13:28respecte pas l'esprit des institutions
00:13:30de la 5ème République. C'est forcément
00:13:32un retour à la 4ème, et ça vous revient
00:13:34franchement en boomerang.
00:13:36Véronique Jacquier. Alors, on va faire un petit
00:13:38tour de table là-dessus. Est-ce qu'il flotte
00:13:40dans l'air un esprit de 4ème
00:13:42République, selon vous ? Alors, moi, je
00:13:44suis tout à fait d'accord avec Véronique Jacquier.
00:13:46Je pense qu'on insiste à un retour
00:13:48de la 4ème République, c'est-à-dire
00:13:50du régime des partis qui
00:13:52sont... Mais le problème, c'est que
00:13:54en fait, c'est un peu... Comment dire ?
00:13:56C'est un peu les Français qui l'ont
00:13:58choisi au soir du second tour
00:14:00des élections législatives, en
00:14:02élisant des députés qui sont répartis
00:14:04entre trois blocs minoritaires,
00:14:06irréconciliables,
00:14:08et le président de la République s'amuse
00:14:10ou joue à faire semblant
00:14:12qu'on pourrait sortir de cette impasse.
00:14:14Mais la réalité, c'est que nous sommes dans une impasse,
00:14:16et le nom de cette impasse,
00:14:18c'est un retour à la 4ème République.
00:14:20Juste un point sur la 4ème République.
00:14:22La 4ème République a quand même été très utile
00:14:24sur certains sujets, vous l'avez dit,
00:14:26mais j'aimerais ajouter
00:14:28la dissuasion nucléaire militaire,
00:14:30le nucléaire civil,
00:14:32la mise en place du programme
00:14:34de construction de centrales nucléaires,
00:14:36ça date de la 4ème République.
00:14:38La naissance également de
00:14:40la communauté économique européenne,
00:14:42ça date de la 4ème République.
00:14:44Donc c'est quand même des choses qui se sont faites.
00:14:46Mais évidemment que cette instabilité politique,
00:14:48elle est
00:14:50aussi dramatique en termes de vision
00:14:52et de cap pour la France,
00:14:54et malheureusement on est en train d'y revenir à grands pas.
00:14:56Jonathan Sixou.
00:14:58Oui, Michel fait bien de rappeler quand même
00:15:00quelques points positifs et non des moindres
00:15:02de la 4ème pour ce qui est de l'héritage
00:15:04dont nous pouvons bénéficier encore aujourd'hui.
00:15:06C'est vrai,
00:15:08c'est très juste ce que Véronique a souligné,
00:15:10c'est cette perte d'intérêt général,
00:15:12du sens de l'intérêt général,
00:15:14que devrait pourtant avoir en premier chef
00:15:16tout responsable politique
00:15:18digne de ce nom.
00:15:20Il y a quelque chose d'assez navrant
00:15:22dans ce spectacle, où chacun
00:15:24va chercher son poste
00:15:26et ne va pas
00:15:28vraisemblablement beaucoup plus loin.
00:15:30Le régime des partis
00:15:32dont Michel parle est aussi
00:15:34quelque chose qui se
00:15:36perpétue aujourd'hui, et pas plus
00:15:38tard qu'aujourd'hui, quand par exemple
00:15:40Laurent Wauquiez dit que si le prochain
00:15:42gouvernement comporte ne serait-ce
00:15:44qu'un membre de LFI, il engagera
00:15:46immédiatement une motion de censure.
00:15:48Ça montre le bras de fer politique
00:15:50entre l'Assemblée nationale, les partis,
00:15:52et l'Elysée en
00:15:54confrontation directe, et ça c'est
00:15:56assez compliqué à gérer, encore
00:15:58une fois, quand on a le filtre de la 5ème
00:16:00et non plus de la 4ème pour le coup.
00:16:02Oui, j'ai écouté
00:16:04aussi avec beaucoup d'intérêt
00:16:06votre comparaison
00:16:08de la 4ème et de la 5ème République,
00:16:10il me semble en effet que la 5ème République
00:16:12c'est une constitution à laquelle on peut
00:16:14reprocher mille et une choses, le fait peut-être
00:16:16que c'est un régime trop autoritaire,
00:16:18ce que le général De Gaulle a imaginé
00:16:20en reprenant
00:16:22toute la pratique politique
00:16:24et la vision constitutionnelle
00:16:26de Napoléon III, mais au moins, tout le monde
00:16:28s'accorde à dire qu'elle a le mérite
00:16:30de la stabilité, et il faudra
00:16:32un jour raconter quand même
00:16:34l'histoire de ce président
00:16:36qui était peut-être jeune aussi, qui n'avait
00:16:38peut-être pas en tête, même dans
00:16:40l'imaginaire de sa génération, le fait
00:16:42que la stabilité de notre constitution
00:16:44n'était pas quelque chose d'éternel, mais que c'était
00:16:46finalement une chance et quelque chose
00:16:48d'assez récent, parce que 60 ans, au regard
00:16:50de l'histoire de la France, c'est absolument rien,
00:16:52et comment s'est-il pris
00:16:54pour réussir à rendre instable
00:16:56ce qui était extrêmement stable. Ensuite,
00:16:58je suis parfaitement d'accord avec vous, il me semble
00:17:00que là, les Français sont globalement assez
00:17:02dépités de la situation, c'est-à-dire que
00:17:04ils ont été appelés à venir aux urnes,
00:17:06ils ont vraiment joué le jeu, il n'y avait pas eu
00:17:08une participation aussi élevée depuis
00:17:10extrêmement longtemps,
00:17:12et ils voient finalement des classes politiques
00:17:14qui leur écrivent des lettres
00:17:16et qui ne les écoutent pas, qui leur
00:17:18parlent, qui leur parlent de leurs
00:17:20propres histoires, en effet, qui courent pour avoir des
00:17:22postes, des
00:17:24chauffeurs, des logements de fonction,
00:17:26des postes symboliques, parce qu'en plus, ils n'en sortira
00:17:28rien de politique, et que
00:17:30tout ça est en effet un immense gâchis,
00:17:32qui va durer un an en plus.
00:17:34Et juste encore un point, il y a deux jours,
00:17:36Véronique Jacquet, vous aviez
00:17:38parlé de Michel Debré,
00:17:40en insistant sur le rôle
00:17:42décisif qu'il avait joué dans
00:17:44l'édification de la Vème République.
00:17:46Et je n'avais pas eu le temps de dire
00:17:48une chose que je vais pouvoir dire du coup,
00:17:50c'est qu'il n'y aurait pas eu
00:17:52Michel Debré sans le général de Gaulle.
00:17:54Et en fait, ce qui manque
00:17:56aujourd'hui à la France, c'est que
00:17:58non seulement on n'a pas Michel Debré,
00:18:00c'est-à-dire un Premier ministre, et ça va être très difficile d'en trouver un,
00:18:02mais c'est aussi parce qu'on n'a pas de général de Gaulle
00:18:04à l'Élysée, et que
00:18:06du coup, voilà,
00:18:08la Vème République a été faite pour des
00:18:10hommes quand même d'une certaine importance,
00:18:12on va dire d'une certaine stature, et
00:18:14voilà, on peut s'interroger,
00:18:16est-ce que c'est la jeunesse, est-ce que c'est
00:18:18d'autres problèmes,
00:18:20mais voilà.
00:18:22On va avancer, Michel Taubes, avec vous, puisque vous
00:18:24vouliez justement évoquer la question du casting
00:18:26gouvernemental que nous prépare le Président
00:18:28de la République. Il semblerait qu'il ait confié à plusieurs
00:18:30participants qu'il souhaitait
00:18:32nommer un Premier ministre
00:18:34en début de semaine prochaine. Dites-nous tout.
00:18:36Alors,
00:18:38en effet,
00:18:40a commencé la valse des dirigeants politiques
00:18:42à l'Élysée, aujourd'hui,
00:18:44qui va se terminer lundi par
00:18:46la venue de Marine Le Pen, Jordan
00:18:48Bardella, Eric Ciotti
00:18:50à l'Élysée,
00:18:52et en fait, j'imagine que les discussions
00:18:54qui se sont déroulées
00:18:56aujourd'hui et qui continueront lundi
00:18:58portent sur la question, quelle
00:19:00coalition, pour quoi faire ?
00:19:02Quelle réforme engager pour la France
00:19:04dans les mois qui viennent ? Et à tout le moins,
00:19:06quel budget pour la France ?
00:19:08Mais j'imagine qu'une ou deux heures de discussion
00:19:10avec les dirigeants politiques
00:19:12ne permettront pas de répondre à cette question
00:19:14de quel programme
00:19:16pour la France. À mon avis,
00:19:18pardon. Non, surtout que tout le monde
00:19:20n'a d'antenne qu'une question, c'est qui à Matignon ?
00:19:22Exactement. Et je pense que c'est la seule
00:19:24question qui anime aujourd'hui
00:19:26nos dirigeants politiques. Et c'est vrai que
00:19:28en fait, en vous proposant le sujet du jour,
00:19:30j'avais quand même un doute. Je me suis dit, mais je vais
00:19:32peut-être être un peu trop audacieux
00:19:34ou trop hypothétique
00:19:36dans ce que je vais présenter, mais au terme
00:19:38de cette première journée de discussion,
00:19:40qu'est-ce qu'on apprend ? C'est que finalement,
00:19:42il n'y a qu'un seul leader politique
00:19:44qui veut bien aller à Matignon,
00:19:46c'est Lucie Cassette.
00:19:48Ni Laurent Wauquiez, ni
00:19:50Gabriel Attal, même Gabriel Attal a dit la même chose
00:19:52que Laurent Wauquiez, à savoir
00:19:54nous, nous ne voulons pas de
00:19:56Matignon.
00:19:58Donc il ne reste qu'une personne, c'est Lucie Cassette.
00:20:00Donc si le chef de l'État choisit
00:20:02parmi les forces politiques en présence
00:20:04un Premier ministre en écoutant
00:20:06ce que leur ont dit
00:20:08les participants de ces rencontres d'aujourd'hui
00:20:10et de lundi, la crainte
00:20:12est grande que ce soit Lucie Cassette qui soit nommée
00:20:14à Matignon. Et je vais vous dire,
00:20:16je pense que ce ne serait pas une bonne nouvelle pour notre
00:20:18pays. Alors, je me suis demandé, mais
00:20:20vraiment, qui d'autre alors ?
00:20:22Si ce n'est pas un républicain,
00:20:24si ce n'est pas un macronien, si ce n'est
00:20:26pas Lucie Cassette parce que
00:20:28on voudrait quand même éviter le pire,
00:20:30qui d'autre ? Alors du coup, je me suis demandé
00:20:32il y a peut-être d'autres pistes. Alors il y a une personne
00:20:34qui a
00:20:36excusez-moi
00:20:38mon cher, pardon.
00:20:40Et donc
00:20:42je me suis posé la question, excusez-moi, j'ai eu un
00:20:44petit trouble de mémoire.
00:20:46Mais ça m'est revenu.
00:20:48Donc je me suis dit, première piste,
00:20:50c'est Franck Louvrier qui l'a suggéré
00:20:52dans une
00:20:54tribune dans le JDD dimanche dernier
00:20:56qui, je trouve, passait un petit peu
00:20:58aperçu et qui, à mon avis, n'est pas
00:21:00dénué d'intérêt.
00:21:02Franck Louvrier a proposé un gouvernement
00:21:04d'élus locaux pour diriger la
00:21:06France, au moins dans les mois qui viennent.
00:21:08Dans sa
00:21:10tribune, qui est assez macronienne
00:21:12quand même dans
00:21:14l'esprit, il nous dit, la culture du
00:21:16compromis devrait conduire à la recherche
00:21:18d'une coalition d'élus locaux, d'hommes et de
00:21:20femmes issus de la gauche sociale démocrate à la droite
00:21:22républicaine et qui sont tenus dans leur
00:21:24mandat de faire voter des budgets à l'équilibre.
00:21:26Ce serait un bon exemple, effectivement, pour nos
00:21:28gouvernants. Ils ont en charge la vie quotidienne
00:21:30des Français et savent leur parler.
00:21:32Et d'ajouter, en précisant
00:21:34d'ailleurs que rien n'interdit
00:21:36un dirigeant de collectivité locale d'être nommé
00:21:38ministre ou premier ministre. C'est parfaitement
00:21:40compatible. Il ajoute, nommer
00:21:42un gouvernement d'élus locaux serait une façon
00:21:44de compenser l'un des handicaps
00:21:46du président de la République, davantage
00:21:48injustement perçu comme le représentant de la
00:21:50mondialisation heureuse des grandes
00:21:52métropoles que l'incarnation de la
00:21:54France des villes moyennes et des
00:21:56campagnes. Donc, pourquoi pas
00:21:58un gouvernement d'élus locaux ? Alors, ça permettrait
00:22:00de faire la synthèse avec les politiques nationaux
00:22:02puisqu'ils pourraient, par exemple, nommer
00:22:04une Valérie Pécresse, présidente de la région
00:22:06Île-de-France, ou une Carole
00:22:08Delga, présidente de l'Occitanie
00:22:10à la tête du gouvernement. On aurait
00:22:12des élus locaux et en même temps
00:22:14des femmes politiques de dimension
00:22:16nationale. Quant au casting
00:22:18des ministres, permettez-moi de suggérer
00:22:20quelques idées qui ne sont peut-être pas
00:22:22tout à fait absurdes. Imaginons
00:22:24un Robert Ménard, maire de Béziers,
00:22:26en charge du ministère de
00:22:28l'Intérieur et de la laïcité.
00:22:30Ça aurait peut-être du sens.
00:22:32Un David Lissnard, maire de Cannes,
00:22:34président de l'association des maires
00:22:36de France, à la tête d'un grand ministère
00:22:38de l'économie et des entreprises.
00:22:40Une Brigitte Barège, ancienne
00:22:42maire de Montauban, qui vient d'être élue
00:22:44députée
00:22:46parmi les députés siotistes.
00:22:48Un Christian Estrosi,
00:22:50maire de Nice,
00:22:52grand sportif, qui a
00:22:54gravi plusieurs fois le Mont Blanc
00:22:56et qui pourrait s'occuper peut-être
00:22:58du sport. Il pourrait
00:23:00d'ailleurs, avec cette fonction,
00:23:02s'occuper de la préparation des Jeux
00:23:04Olympiques, toujours les Jeux Olympiques,
00:23:06de 2030, qui ont été
00:23:08attribués sous réserve de signature
00:23:10de la caution de l'État français,
00:23:12aux Alpes françaises.
00:23:14Bref, la liste des noms d'élus locaux
00:23:16est énorme.
00:23:18On a 34 000 ou
00:23:2035 000 communes en France,
00:23:22des centaines d'élus, de départements
00:23:24et des régions. Donc je pense que le chef
00:23:26d'État pourrait trouver
00:23:28des idées. Le problème,
00:23:30c'est que cette idée, elle est peut-être un peu trop
00:23:32iconoclaste, parce qu'en France,
00:23:34on est dans une France jacobine.
00:23:36Et que la relation entre un président de la République
00:23:38très jupitérien,
00:23:40très jacobin, au final, et des élus
00:23:42locaux, cette France de la
00:23:44décentralisation, me paraîtrait quand même
00:23:46assez difficile, sans provoquer
00:23:48une sorte de petite révolution
00:23:50politico-administrative.
00:23:52Et donc, j'ai quand même du mal
00:23:54à souscrire totalement à cette idée. Même encore
00:23:56une fois, elle pourrait donner
00:23:58quelques pistes au président de la République.
00:24:00Mais cela dit, Michel Thaubin, un gouvernement
00:24:02d'élus locaux n'est pas votre seule piste.
00:24:04Non, il y en a une deuxième. Ce serait
00:24:06peut-être encore plus audacieuse.
00:24:08Ça n'arrivera probablement pas, mais on
00:24:10sait jamais. Comme le chef d'État est dans
00:24:12une impasse, et qu'il va tout faire,
00:24:14évidemment, j'en suis convaincu, pour
00:24:16éviter de nommer Lucie Castex.
00:24:18Il pourrait peut-être choisir des
00:24:20chefs d'entreprise, des acteurs de l'économie,
00:24:22des compétences tirées
00:24:24de l'économie et des
00:24:26partenaires sociaux. Il y a un nom
00:24:28qui circule depuis quelques jours.
00:24:30Jean-Dominique Sénard, le président de
00:24:32Renault, ancien patron de Michelin,
00:24:34grand serviteur des entreprises publiques
00:24:36et privées, d'ailleurs aussi,
00:24:38en France. Nous sommes à
00:24:40deux jours de la rêve, la rencontre
00:24:42des entrepreneurs, qui a lieu tous les
00:24:44ans, organisée par le MEDEF,
00:24:46et qui sonne un petit peu la rentrée économique
00:24:48de notre pays. D'ailleurs,
00:24:50je note que cette année, il n'y aura
00:24:52aucun ministre des missionnaires
00:24:54présent à la rêve.
00:24:56Vous me direz, ils n'ont à gérer
00:24:58que les affaires courantes. On en a
00:25:00vu qui ont communiqué ces dernières semaines.
00:25:02Ils ont le droit de communiquer, mais ils ne vont pas
00:25:04à la rêve. Ça m'a paru un petit peu surprenant.
00:25:06Enfin, c'est ainsi.
00:25:08Emmanuel Faber,
00:25:10ancien directeur général de Danone,
00:25:12qui a un peu de temps et qui
00:25:14serait très compatible avec Emmanuel
00:25:16Macron. Je rappelle que,
00:25:18lorsque Valéry Giscard d'Estaing a nommé Raymond
00:25:20Barre en 1976 Premier ministre,
00:25:22alors Raymond Barre n'était pas un chef d'entreprise
00:25:24et de loin, mais c'était un professeur
00:25:26d'économie, connu pour sa rigueur
00:25:28de gestion, sa vision rigoureuse
00:25:30de l'économie française.
00:25:32Dans un autre édito, j'avais suggéré
00:25:34le nom de Christine Lagarde, qui était en
00:25:36ancienne politique et qui est aujourd'hui à la tête
00:25:38de la Banque Centrale Européenne.
00:25:40En fait, Laurent Berger,
00:25:42parlons des syndicalistes,
00:25:44il a refusé Matignon, mais peut-être qu'il pourrait
00:25:46prendre un grand ministère de l'Emploi,
00:25:48du Travail et de la Solidarité.
00:25:50L'idée, surtout, que je veux suggérer
00:25:52ici, c'est que c'est la question
00:25:54des compétences. Est-ce que
00:25:56nos politiques, aujourd'hui, sont compétentes
00:25:58pour gouverner la France ? On est quand même
00:26:00de plus en plus dans des impasses et dans des
00:26:02modes de gouvernement
00:26:04où de grandes décisions ne sont pas prises.
00:26:06Peut-être qu'il faudrait se tourner pour
00:26:08consolider les valeurs de notre pays,
00:26:10la laïcité,
00:26:12l'esprit d'entreprise,
00:26:14le rayonnement de la France dans le monde,
00:26:16la protection de l'art de vivre à la française.
00:26:18Bref, toutes ces valeurs, la sécurité,
00:26:20évidemment, toutes ces valeurs cardinales
00:26:22de notre pays, peut-être faudrait-il tenter
00:26:24de les confier en termes de gestion
00:26:26et de concrétisation
00:26:28à des femmes et des hommes venus peut-être davantage
00:26:30de la société civile.
00:26:32Je vais vous le dire, je n'y crois pas tout à fait
00:26:34que la politique c'est un métier
00:26:36mais encore une fois, lorsque je vois
00:26:38nos politiques dire clairement
00:26:40nous on ne veut pas de matignon, peut-être qu'au final
00:26:42le Président de la République sera obligé
00:26:44d'aller chercher un petit peu au-delà du
00:26:46spectre de l'Assemblée Nationale le futur
00:26:48Premier Ministre de la République Française.
00:26:50Michel Taube qui nous a ouvert plein de portes ce soir,
00:26:52qui n'en a pas fermé beaucoup.
00:26:54On n'est pas beaucoup
00:26:56plus éclairé mais si. Ce qui est intéressant
00:26:58c'est les profils que vous évoquiez.
00:27:00Est-ce que vous êtes
00:27:02réceptif à ce qu'il propose sur
00:27:04éventuellement un chef d'entreprise, un élu local ou en tout cas
00:27:06des gens qui sont dans le concret en fait.
00:27:08C'est ça qu'on demande et c'est ça qu'attendent beaucoup de Français aujourd'hui.
00:27:10Pas des politiques professionnelles
00:27:12mais des gens qui soient au contact
00:27:14de la réalité du quotidien.
00:27:16Je pense qu'il y a
00:27:18évidemment quelque chose d'enviable
00:27:20dans la façon de penser de la sorte
00:27:22mais il y a aussi quelque chose qui tient
00:27:24un peu de la mythification.
00:27:26D'abord on a eu déjà des gouvernements
00:27:28avec des personnalités civiles
00:27:30qui se sont investis comme ministres.
00:27:32Franchement, j'ai cherché
00:27:34peu, on laissait un souvenir impérissable.
00:27:36D'ailleurs je ne ferais pas l'affront
00:27:38de donner leur nom mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas bien fait
00:27:40leur boulot. C'est que la politique c'est
00:27:42un métier. La politique c'est un métier
00:27:44donc ça ne tombe pas du ciel et on ne s'improvise
00:27:46pas ministre. Vous n'avez qu'à voir d'ailleurs
00:27:48les coups que prennent certains qui viennent
00:27:50de la société civile quand ils descendent
00:27:52dans l'arène. C'est absolument terrible
00:27:54pour eux. Ensuite
00:27:56quand ça marche à l'étranger
00:27:58par exemple si on prend l'exemple de l'Italie
00:28:00avec Mario Monti en 2011
00:28:02ou Mario Draghi en 2021
00:28:04Mario Draghi ancien président de la BCE
00:28:06c'est toujours pour
00:28:08des one shot. Je n'aime pas
00:28:10l'expression, je n'aime pas cet anglicisme
00:28:12mais c'est-à-dire qu'on ne leur demande pas
00:28:14de tenir les cordons
00:28:16du pays pendant 2-3 ans.
00:28:18On leur dit que là la situation
00:28:20est bloquée, on a besoin
00:28:22de vous pendant un an, un an et demi
00:28:24il y a un consensus
00:28:26des partis, il y a une forme
00:28:28d'union nationale par exemple c'est ce qui s'est passé
00:28:30en Italie. On vous donne les clés
00:28:32de la boutique
00:28:34mais en contrepartie en règle générale
00:28:36ils sont sommés de s'occuper de réformes
00:28:38très impopulaires. Alors en Italie
00:28:40c'était la sortie du Covid ou pour
00:28:42Mario Monti en 2011 c'était la réforme
00:28:44des retraites qui était très très très impopulaire
00:28:46et résultat quand ils font
00:28:48le sale travail et bien
00:28:50ensuite eux se disent bah j'ai redressé
00:28:52l'Italie. D'ailleurs tous, enfin les
00:28:54deux hommes que je vous cite sont sortis avec un
00:28:56bon bilan et donc je me présente
00:28:58aux élections, je
00:29:00commence une carrière politique
00:29:02et la patatras en fait, ils n'intéressent
00:29:04plus la population
00:29:06parce qu'ils tiraient leur popularité
00:29:08du fait qu'ils n'étaient pas des hommes politiques
00:29:10et donc finalement ils endossent un rôle
00:29:12extrêmement ingrat
00:29:14de jouer un rôle pendant une
00:29:16courte période, ils ont des résultats
00:29:18mais pour autant finalement
00:29:20heureusement qu'ils servent bien
00:29:22leur pays parce qu'il n'y a que des
00:29:24coups à prendre dans ce genre de configuration
00:29:26et en ce moment le problème dans notre pays
00:29:28c'est qu'il n'y a que des coups à prendre donc je ne vois pas
00:29:30un chef d'entreprise quitter
00:29:32son navire
00:29:34son paquebot pour s'occuper
00:29:36du paquebot France qui ressemble
00:29:38qui peut ressembler au Titanic. Ensuite
00:29:40deuxième chose, sur le profil
00:29:42des élus locaux
00:29:44dont parlait Michel
00:29:46attention parce que certains ont déjà été ministres
00:29:48et je ne suis pas sûre qu'ils veuillent le redevenir
00:29:50d'autre part oui, il y aurait symboliquement
00:29:52des profils qui seraient très intéressants
00:29:54comme Marie-Hélène Thoraval
00:29:56la mère de Crépole, ça ce serait
00:29:58un super signal à envoyer
00:30:00à la population, à l'époque
00:30:02quand il en avait été question, Emmanuel Macron
00:30:04n'avait pas
00:30:06voulu prendre ce risque
00:30:08donc vous voyez c'est pas évident
00:30:10C'est pas évident. Allez on va marquer une courte pause
00:30:12dans un instant avec Jonathan Sixx où on va évoquer
00:30:14les élections américaines, à tout de suite.
00:30:20De retour dans Face à l'Info
00:30:22avec Véronique Jacquet qui m'accompagne
00:30:24Michel Thaume, Nathan Devers
00:30:26et Jonathan Sixx, avec qui on va
00:30:28désormais parler des élections américaines
00:30:30Jonathan, Kamala Harris a reçu
00:30:32l'investiture du Parti
00:30:34démocrate pour l'élection présidentielle américaine
00:30:36de novembre, la vice-présidente a
00:30:38semble-t-il réussi à enclencher une vraie
00:30:40dynamique pour lancer sa campagne. Oui, le mot
00:30:42est juste Anthony parce que
00:30:44c'est du moins toute l'impression qu'on a
00:30:46pu avoir en regardant évidemment
00:30:48les images de foules enthousiastes
00:30:50électrisées
00:30:52et le mot a été lâché à plusieurs reprises
00:30:54et puis les discours qui ont été
00:30:56prononcés. C'est
00:30:58d'autant plus marquant parce qu'on s'était dit qu'après
00:31:00la défection de Joe Biden
00:31:02Kamala Harris aurait bénéficié
00:31:04finalement d'une sorte de popularité par défaut
00:31:06et bien non, en un mois
00:31:08parce que Joe Biden
00:31:10a annoncé son retrait le 21 juillet
00:31:12donc en à peine plus d'un mois
00:31:14elle a réussi vraiment à capitaliser
00:31:16sur sa personne et puis
00:31:18capitaliser à tous les sens du terme si je puis dire
00:31:20parce qu'elle enregistre
00:31:22déjà aujourd'hui, et la campagne n'est pas
00:31:24terminée, plus de 204
00:31:26millions de dollars de dons
00:31:28pour financer cette
00:31:30campagne, c'est du jamais vu, c'est un record. Et c'est le nerf de la
00:31:32guerre aux Etats-Unis. Et c'est absolument
00:31:34le nerf de la guerre, autant vous dire que
00:31:36les campagnes ne sont pas plafonnées
00:31:38comme elles le sont ici et puis
00:31:40côté sondage également, là elle ne bat
00:31:42pas des records mais elle a tout de même, selon une
00:31:44nouvelle étude, récente étude du moins
00:31:4648% d'opinions très favorables
00:31:48ou moyennement favorables, ce qui est
00:31:50au-dessus de Donald Trump, donc elle le
00:31:52devance même sur ce
00:31:54côté-là. Le discours
00:31:56d'hier donc à Chicago a clôturé
00:31:584 jours de convention
00:32:00ça a été évidemment, c'est toujours
00:32:02l'occasion d'une démonstration d'unité
00:32:04de rassemblement, vous vous souvenez peut-être des
00:32:06images de cette semaine où on a vu Michelle et Barack
00:32:08Obama ovationner par la
00:32:10foule et apporter un soutien ferme à
00:32:12Kamala Harris, ça a été le cas également
00:32:14d'Hillary Clinton mais aussi de la
00:32:16journaliste star
00:32:18Oprah Winfrey qui a un soutien
00:32:20indéfectible des démocrates
00:32:22ils se sont tous succédés à la tribune
00:32:24pour soutenir leur championne
00:32:26et puis on a noté aussi la présence de
00:32:28républicains, alors ils ne sont pas venus en foule
00:32:30mais il y en a eu deux et non des moindres
00:32:32l'ancienne porte-parole de Donald Trump
00:32:34qui s'est brouillé avec lui en 2021
00:32:36et également le lieutenant-gouverneur
00:32:38de Géorgie qui lui a
00:32:40rallié les démocrates en déclarant
00:32:42que son parti était devenu fou et chaotique
00:32:44Alors ça c'est pour la forme mais sur le fond
00:32:46qu'est-ce qu'elle dit ? Pas grand chose en fait
00:32:48il faut attendre un peu
00:32:50pour en savoir davantage parce que
00:32:52elle n'a pas déroulé de programme, elle n'en a pas encore
00:32:54de programme
00:32:56elle a plutôt lancé des directions
00:32:58des visions de société
00:33:00au sens vraiment le plus large du terme
00:33:02ça ne fait jamais de mal
00:33:04que d'appeler à la liberté
00:33:06que de dire je serai la présidente
00:33:08de tous les américains
00:33:10ou bien encore quand nous combattons
00:33:12nous gagnons, ça c'est une
00:33:14formule plutôt choc
00:33:16il y a quand même un point
00:33:18peut-être justement au nom du rassemblement
00:33:20et de l'unité du parti
00:33:22elle a atténué son habituel
00:33:24discours progressiste, vous savez qu'Emmanuel Harris
00:33:26elle incarne quand même
00:33:28l'aile un peu
00:33:30woke des démocrates et là
00:33:32vraisemblablement elle a mis un peu d'eau
00:33:34dans son vin pour ne pas raviver
00:33:36quelqu'un qui divise sa famille habituellement
00:33:38et en fait le meilleur point pour rassembler
00:33:40elle, elle l'a vu encore hier soir
00:33:42pour rassembler ses troupes
00:33:44c'est Donald Trump et elle ne s'est pas gênée
00:33:46évidemment dans son discours
00:33:48de viser l'ancien président américain
00:33:50elle s'est posée comme la candidate normale
00:33:52je ne sais pas si ça vous rappelle quelque chose
00:33:54face à un homme
00:33:56qu'elle dit être bizarre
00:33:58Trump est dangereux
00:34:00les américains n'en veulent plus
00:34:02le futur des Etats-Unis
00:34:04ne peut pas se faire avec lui
00:34:06alors qu'elle, elle serait
00:34:08une présidente qui nous réunirait tous
00:34:10et qui réunirait nos plus hautes aspirations
00:34:12une présidente qui dirige
00:34:14et qui écoute
00:34:16et c'est là peut-être aussi un point intéressant
00:34:18évoquer
00:34:20le projet 2025
00:34:22elle a dit nous savons à quoi ressemblera
00:34:24un second mandat
00:34:26de Donald Trump, tout est écrit dans le projet
00:34:282025, le projet 2025 c'est quoi ?
00:34:30c'est une note
00:34:32c'est un peu plus qu'une note
00:34:34parce que ça fait 900 pages
00:34:36écrite par la fondation Heritage
00:34:38la fondation Heritage c'est une sorte
00:34:40de think tank proche
00:34:42des républicains
00:34:44qui depuis les années 80
00:34:46publie
00:34:48cette bible si je puis dire
00:34:50de recommandations aux candidats républicains
00:34:52en vue d'avoir déjà
00:34:54une pile de mesures à pouvoir
00:34:56envoyer dès le premier jour de sa présence
00:34:58dans le bureau Oval
00:35:00c'est un think tank
00:35:02conservateur qui réunit aussi beaucoup
00:35:04d'ailes dures des conservateurs
00:35:06et il y a des milliers de mesures proposées
00:35:08dans ces 900 pages, vous imaginez bien
00:35:10il y a de tout, ça va de
00:35:12la fin du ministère de l'éducation
00:35:14au déploiement de troupes militaires
00:35:16le long des frontières pour empêcher les migrants
00:35:18de rentrer, l'une des
00:35:20idées fortes aussi défendue par Heritage
00:35:22c'est de nommer
00:35:24des hommes fidèles
00:35:26au président américain, à tous les postes
00:35:28de l'administration, certains appellent ça
00:35:30une purge fédérale
00:35:32pour le moment c'est sur ce
00:35:34projet 2025, sur cette
00:35:36recommandation d'un think tank
00:35:38que les démocrates
00:35:40semblent ourdir leurs attaques
00:35:42pourtant ce n'est pas du tout le programme de Donald Trump
00:35:44et lui-même ne l'a jamais
00:35:46abordé, en tout cas publiquement
00:35:48ce rapport, et publiquement
00:35:50il a clairement pris ses distances
00:35:52avec toutes les mesures
00:35:54préconisées par ce projet
00:35:56ce projet, s'il était
00:35:58appliqué, ramènerait les Etats-Unis
00:36:00des années et des années en arrière
00:36:02Et est-ce que Donald Trump a réagi ?
00:36:04Pas qu'un peu, parce que Donald Trump
00:36:06vraisemblablement a été comme quelques 20 millions
00:36:08d'américains devant sa télé hier soir
00:36:10pour suivre ce discours
00:36:12et il n'a pas cessé de réagir
00:36:14en fait, et en direct, il a écrit
00:36:16une quarantaine de messages, il a posté
00:36:18plus d'une quarantaine de messages sur son propre
00:36:20réseau social, sur Trust
00:36:22on voit depuis quelques semaines
00:36:24qu'il a du mal, depuis l'annonce
00:36:26de la candidature de Kamala Harris
00:36:28il a du mal à savoir comment orienter
00:36:30ses contre-attaques vis-à-vis d'elle
00:36:32il l'a dit à plusieurs reprises folle
00:36:34il a dit que c'était une communiste
00:36:36une dangereuse gauchiste
00:36:38en fait, hier soir il a un peu continué
00:36:40dans cette voie, par exemple
00:36:42quand elle a déclaré qu'elle voulait
00:36:44une nation d'immigrants, mais une
00:36:46nation qui soit néanmoins ferme sur les lois
00:36:48migratoires, Trump dans la minute
00:36:50a posté
00:36:52il vient d'appeler à donner à tous les clandestins
00:36:54la citoyenneté, dit au revoir aux Etats-Unis
00:36:56c'est une marxiste
00:36:58radicale, et il s'est écrit en capital
00:37:00sur son poste
00:37:02et puis quand elle a affirmé, contrairement à Trump
00:37:04je ne ferai pas ami-ami avec
00:37:06les dictateurs, la réponse de
00:37:08l'intéressé n'a pas tardé
00:37:10il n'y aura pas d'avenir avec la camarade
00:37:12Kamala Harris, comme il l'appelle aussi
00:37:14car elle nous entraînera dans une troisième guerre
00:37:16mondiale atomique, elle ne sera
00:37:18jamais respectée par les tyrans du monde
00:37:20comme l'a analysé Donald Trump
00:37:22qui a poursuivi, elle devrait en fait
00:37:24arrêter son discours tout de suite
00:37:26dit-il hier soir, elle devrait aller à Washington
00:37:28fermer la frontière, autoriser
00:37:30la fracturation hydraulique
00:37:32la fracturation hydraulique c'est ce qui permet
00:37:34d'exploiter du gaz de schiste
00:37:36c'est interdit en France par exemple
00:37:38et puis elle devrait commencer à faire les choses dont elle se plaint
00:37:40et qu'elle ne fait pas, encore
00:37:42écrit Donald Trump, et puis quand
00:37:44Kamala Harris a fini son discours
00:37:46il a passé un coup de fil Donald Trump
00:37:48à Fox News, où il a redit un peu tout ce qu'il avait
00:37:50écrit dans la soirée, et il a répété
00:37:52que tout ce que disait Kamala Harris dans son
00:37:54discours, en fait, elle pouvait le faire
00:37:56si elle le souhaitait, dès maintenant, puisqu'elle a toujours
00:37:58un bureau à la Maison Blanche
00:38:00Et justement, maintenant, que va-t-il se passer ?
00:38:02La campagne, elle va continuer, évidemment
00:38:04elle va s'intensifier
00:38:06elle va entrer dans le dur, comme on dit, parce que les élections
00:38:08le scrutin, c'est quand même le 5 novembre
00:38:10donc on va très vite y arriver
00:38:12les deux camps vont devoir travailler
00:38:14maintenant que les démocrates ont officiellement un candidat
00:38:16et bien, ils doivent travailler à leur
00:38:18programme, et puis peut-être aussi travailler
00:38:20à leurs arguments de campagne
00:38:22parce que pour le moment, ça ne vole pas très haut
00:38:24et on voit
00:38:26peut-être déjà quelque chose se dessiner
00:38:28par rapport, par exemple, au message
00:38:30de Donald Trump hier
00:38:32puisqu'il n'a pas arrêté de dire et de redire
00:38:34qu'elle ne fait rien d'autre depuis 3 ans et demi
00:38:36que de parler, et qu'elle
00:38:38ne fait pas ce qu'elle dit, donc peut-être qu'il va
00:38:40l'attaquer sur son bilan, justement
00:38:42sur le bilan de ces 4 années qu'elle a
00:38:44passé dans l'ombre de Joe Biden
00:38:46à la Maison Blanche
00:38:48et puis, ce qui
00:38:50va surtout les occuper, ces candidats et
00:38:52leurs équipes, avant toute chose, c'est
00:38:54l'enjeu de séduire
00:38:56les classes moyennes, c'est vraiment
00:38:58crucial, et là, Kamala Harris
00:39:00a marqué des points, parce que
00:39:02son colistier, Tim Valls, qui lui
00:39:04fait campagne pour être vice-président
00:39:06c'est vraiment le type du Midwest
00:39:08c'est le prof
00:39:10de collège, qui dirige en plus au collège
00:39:12l'équipe de foot
00:39:14et puis là, depuis le début
00:39:16de la campagne, il a même un surnom
00:39:18il est surnommé Flanders, je ne sais pas si vous
00:39:20connaissez Flanders, c'est le voisin
00:39:22des Simpsons, le type un peu lourd
00:39:24mais sympa, vous voyez
00:39:26c'est comme ça que les militants
00:39:28démocrates le surnomment, on en voit
00:39:30même des photos, notamment
00:39:32à la convention, avec des masques, des militants
00:39:34avec des masques de Flanders qui assistent au discours
00:39:36plus sérieusement
00:39:38l'immigration, on l'a vu, fait déjà partie
00:39:40de la campagne
00:39:42un sujet crucial, Kamala Harris, elle a été
00:39:44procureure dans l'état de Californie
00:39:46c'est un état frontalier en plus avec le Mexique
00:39:48et quand elle a eu
00:39:50cette charge-là, elle n'est pas passée pour une Timorée
00:39:52donc elle a plutôt eu l'image de quelqu'un
00:39:54de sérieux et de rigoureux
00:39:56sur ces questions migratoires
00:39:58mais bon, là aussi, elle va devoir être
00:40:00comptable du bilan de Joe Biden
00:40:02qui n'est pas exceptionnel en la matière
00:40:04et puis, je terminerai sur
00:40:06le dernier sujet, qui sera peut-être
00:40:08le sujet crucial, le sujet clé de cette campagne
00:40:10il s'est imposé ces derniers jours
00:40:12c'est l'avortement
00:40:14et Kamala Harris accuse Donald Trump
00:40:16de vouloir le limiter, voire même de l'interdire
00:40:18à l'échelle fédérale
00:40:20lui, il dit que c'est un mensonge
00:40:22il a absolument pas
00:40:24eu jamais l'idée de vouloir
00:40:26ni contrôler, ni interdire l'avortement
00:40:28mais c'est un sujet qui est vraiment
00:40:30vivace aux Etats-Unis, c'est un vrai sujet
00:40:32de division là-bas
00:40:34parce qu'il y a encore, il y a
00:40:36une dizaine d'Etats qui interdit l'IVG
00:40:38et d'autres Etats sont toujours
00:40:40à l'heure où nous parlons, hésitants pour
00:40:42appliquer ou pas cette interdiction
00:40:44Jonathan Cixot, 74 jours
00:40:46maintenant avant l'élection américaine
00:40:48une élection qui va être passionnante
00:40:50et là, maintenant, avec ce congrès
00:40:52des démocrates, on a
00:40:54toutes les cartes sur la table et quelque chose
00:40:56qui se dessine, un combat qui se dessine finalement entre les deux candidats
00:40:58En fait
00:41:00je crois qu'un des moments qui a été le plus applaudi
00:41:02dans son discours hier
00:41:04elle a eu cette phrase
00:41:06je le dis d'abord en anglais, excusez-moi pour l'accent
00:41:08We are not going back
00:41:10nous n'allons pas revenir en arrière
00:41:12et en fait
00:41:14d'ailleurs j'ai vu qu'il y avait des casquettes maintenant qui sortaient
00:41:16avec ce slogan, nous n'allons pas
00:41:18revenir en arrière, et en fait
00:41:20le schisme qui se passe depuis
00:41:22un mois, c'est qu'en fait
00:41:24Donald Trump a pris un coup de vieux, c'est lui
00:41:26qui est devenu, qui a pris le coup de vieux
00:41:28avant c'était Joe Biden
00:41:30et maintenant face à Kamala Harris
00:41:32c'est lui la personne qui apparaît un peu comme Aspyn
00:41:34et comme étant dépassée
00:41:36et ça va être très très difficile pour lui
00:41:38de redresser la barre parce qu'effectivement
00:41:40il a face à lui une personnalité
00:41:42qui est certes discutable
00:41:44critiquable, dont on peut s'interroger
00:41:46sur les tentations
00:41:48wokistes évidemment
00:41:50sa position sur le conflit entre l'Israël et le Hamas
00:41:52etc etc
00:41:54mais voilà, là il y a quelque chose qui s'est passé
00:41:56et je pense que ça va être difficile
00:41:58pour le président
00:42:00pour l'ancien président américain de redresser la barre
00:42:02et le dernier point, c'est sur l'avortement
00:42:04qui va être une question clé
00:42:06mais là l'avortement, ça renvoie
00:42:08à la question du vote des femmes, pas uniquement
00:42:10ça concerne les hommes tout autant
00:42:12mais pour les femmes, qui est le plus crédible
00:42:14pour en parler de ce sujet, est-ce que ce sera
00:42:16Kamala Harris ou est-ce que ce sera Donald Trump
00:42:18dont en plus l'image qu'il a
00:42:20dans la société américaine est quand même pour le moins clivante
00:42:22je pense que ça risque aussi de peser
00:42:24dans le sort de l'élection
00:42:26Il y a chez Kamala Harris
00:42:28quelque chose de Michelle Obama
00:42:30je trouve, il y a ce charisme
00:42:32il y a cette pugnacité féminine
00:42:34et effectivement, je pense que Michelle a raison
00:42:36elle marque des points en ce moment
00:42:38et elle ringardise Donald Trump
00:42:40après ce qui va être intéressant
00:42:42parce que là, il y a un peu
00:42:44Elle a quand même besoin
00:42:46d'un Tim Walz qui fait un petit peu
00:42:48le pendant, qui va aussi chasser sur les terres
00:42:50des républicains, si je puis dire
00:42:52parce que c'est un chasseur, mais en termes électoraux
00:42:54Oui, tout à fait
00:42:56Mais de toute façon, il y a deux choses
00:42:58qui vont être intéressantes, c'est le 10 septembre
00:43:00prochain, le débat
00:43:02face à Donald Trump, là on va voir
00:43:04vraiment quel grand fauve elle est
00:43:06parce qu'elle va être face à un grand fauve
00:43:08donc là, elle descend vraiment dans l'arène
00:43:10et il n'y aura plus de faux semblants, surtout que là
00:43:12on peut peut-être lui reprocher de jouer une petite carte
00:43:14opportuniste, puisque
00:43:16elle se met dans la route des démocrates, mais effectivement
00:43:18pour l'instant, elle ne propose pas grand chose et c'est bien normal
00:43:20il reste encore 11 semaines de campagne
00:43:22mais il faudrait qu'elle soit capable
00:43:24de proposer une véritable vision
00:43:26pour l'avenir, ça ne va pas être encore
00:43:28pour ou contre l'avortement, enfin à un moment
00:43:30il faut un peu dépasser ça, même si pour les américains
00:43:32c'est évidemment très très important
00:43:34donc il me semble qu'il faut qu'elle soit vraiment en capacité
00:43:36de proposer une vision pour l'avenir
00:43:38et pour l'avenir des Etats-Unis
00:43:40et quelle vision quand on sait qu'elle a peut-être
00:43:42ce petit handicap qu'il va falloir qu'elle dépasse
00:43:44d'être démocrate
00:43:46de Californie, c'est-à-dire l'État
00:43:48le plus wokiste qu'il soit, avec tous
00:43:50les excès possibles, donc ça, ça va être intéressant
00:43:52de voir comment elle gomme cette image
00:43:54pour être le plus bankable possible
00:43:56Juste une petite incise parce que
00:43:58Véronique parle de la Californie
00:44:00on a le temps, c'est qu'on assiste
00:44:02quand même à un changement, c'est que
00:44:04les grands patrons de la Silicon Valley
00:44:06depuis un certain temps maintenant
00:44:08soutiennent Donald Trump
00:44:10la récente médiatisation
00:44:12des rapports avec Elon Musk
00:44:14a beaucoup fait parler
00:44:16mais ça s'inscrit dans une tendance
00:44:18réelle et peut-être qu'il y a des choses
00:44:20qui vont changer
00:44:22et qui pourraient changer depuis la Californie
00:44:24qui était effectivement le bastion
00:44:26historiquement woke des Etats-Unis
00:44:28Oui
00:44:30et il est incontestable aujourd'hui
00:44:32que pour l'instant, on peut le dire en franglais
00:44:34puisque on parle des Etats-Unis, que c'est
00:44:36Kamala Harris qui a le lead
00:44:38dans la campagne, qui porte des énergies
00:44:40et qu'en effet Donald Trump se retrouve
00:44:42un peu ringardisé pour l'instant
00:44:44mais je dis bien pour l'instant, et il me semble
00:44:46qu'il faut rester extrêmement prudent, pour plusieurs raisons
00:44:48d'abord, c'est une banalité que de dire ça
00:44:50en politique, mais en politique tout peut arriver
00:44:52la politique est amnésique
00:44:54la politique est ingrate
00:44:56les choses peuvent s'inverser
00:44:58et on a bien vu comment on est passé du moment
00:45:00où il y a quelques semaines, tout le monde disait que Donald Trump
00:45:02allait être réélu extrêmement facilement
00:45:04à la suite du débat avec Joe Biden
00:45:06et à la suite surtout de sa tentative
00:45:08d'assassinat, et là aujourd'hui
00:45:10on est en train de dire le contraire, peut-être qu'on dira encore l'inverse
00:45:12après-demain. Deuxième chose
00:45:14quand même, même si en effet
00:45:16là elle jouit d'une image formidable
00:45:18extrêmement positive, il ne faut pas oublier
00:45:20que Kamala Harris en tant que vice-présidente
00:45:22était assez contestée
00:45:24qu'elle n'avait pas un taux de popularité magnifique
00:45:26il ne faut pas oublier non plus que Kamala Harris
00:45:28ce n'est pas Michelle Obama
00:45:30il me semble, si Michelle Obama était candidate aujourd'hui
00:45:32je serais prudent
00:45:34mais peut-être moins prudent, parce que Michelle Obama
00:45:36elle a quand même une histoire
00:45:38qui est connue
00:45:40qui est mythique pour le peuple américain
00:45:42depuis plus de dix ans
00:45:44elle a son parcours
00:45:46fait rêver beaucoup plus
00:45:48notamment je pense dans les classes populaires
00:45:50que celui de Kamala Harris
00:45:52qui dans sa vie pré-politique n'était pas forcément
00:45:54extrêmement soucieuse
00:45:56des intérêts des classes populaires
00:45:58donc je ne suis pas certain de ça. Et la troisième cause de prudence
00:46:00c'est que quand même
00:46:02il y a un passif, ces deux élections
00:46:04les deux précédentes élections
00:46:06où Donald Trump était quand même sous-estimé
00:46:08systématiquement dans les sondages
00:46:10en 2016 tout le monde s'en souvient, mais même en 2020
00:46:12il a perdu, mais il a perdu
00:46:14moins qu'on ne pouvait l'imaginer
00:46:16et que les sondages imaginaient qu'il allait perdre
00:46:18donc pour toutes ces raisons
00:46:20moi je pense qu'il ne faut pas
00:46:22enterrer politiquement Donald Trump pour l'instant
00:46:24et j'ajouterais une dernière chose, nous regardons
00:46:26cette histoire en tant qu'européen et en tant que français
00:46:28à un moment il faudra se dire
00:46:30est-ce que le destin du monde
00:46:32et est-ce que notre destin d'européen
00:46:34doit dépendre de quelques swing states
00:46:36c'est-à-dire de dix mille électeurs dans l'Ohio
00:46:38ici ou là en Arizona
00:46:40et à mon avis c'est une vraie question
00:46:42est-ce que l'Europe aujourd'hui ne doit pas tenir compte
00:46:44du fait que les Etats-Unis sont devenus
00:46:46un pays imprévisible, versatile
00:46:48et que donc nous devons construire notre bloc
00:46:50politique, philosophique, autrement
00:46:52et en indépendance des Etats-Unis d'Amérique
00:46:54Allez on va poursuivre
00:46:56notre émission avec vous
00:46:58d'ailleurs Nathan Devers
00:47:00le dernier qu'on attend d'entendre parler
00:47:02ici, vous vouliez revenir
00:47:04sur le conflit israélo-palestinien
00:47:06et les passions qui déchaînent en France
00:47:08Oui exactement, je voulais revenir
00:47:10sur ce qu'il est convenu d'appeler l'importation
00:47:12du conflit israélo-palestinien
00:47:14et pardonnez-moi mais je voulais commencer par une anecdote
00:47:16personnelle, absolument pas pour raconter
00:47:18ma vie mais parce qu'il me semble
00:47:20qu'elle est assez symptomatique
00:47:22et en l'occurrence une anecdote relative
00:47:24à ce qui s'est passé sur ce plateau
00:47:26ici même, sur CNews, avant-hier
00:47:28dans l'émission Soir Info à 23h
00:47:30nous faisions un débat sur les négociations
00:47:32qui avaient lieu entre
00:47:34Israël et le Hamas avec des médiations
00:47:36américaines, etc.
00:47:38et nous parlions du fait que ces négociations
00:47:40bloquaient et en l'occurrence
00:47:42je reviendrai là-dessus dans un instant
00:47:44mais même si Netanyahou
00:47:46et le Hamas renvoyaient
00:47:48la balle de la responsabilité
00:47:50du blocage des négociations
00:47:52il y avait un point, ce que je citais
00:47:54de blocage qui était la question
00:47:56des infrastructures
00:47:58en quelque sorte et de ce qui permettrait au Hamas
00:48:00de reconstituer ces infrastructures militaires
00:48:02dans le sud de la bande de Gaza, donc je rappelle cela
00:48:04et je rappelle quelque chose qui est un fait
00:48:06absolu, que le Hamas ne se soucie pas
00:48:08de sa population à Gaza
00:48:10parce que vu la situation dramatique
00:48:12que vit la population gazaouine
00:48:14si le Hamas avait véritablement envie
00:48:16que ces bombardements
00:48:18cette situation terrible s'arrête
00:48:20et qu'il y ait moins de morts, et bien il accepterait
00:48:22d'avoir beaucoup plus de souplesse
00:48:24dans les négociations
00:48:26donc je rappelle des banalités
00:48:28vraiment indiscutables et pas très intéressantes
00:48:30il n'y a pas matière à débat
00:48:32puisque figurez-vous que depuis deux jours
00:48:34je fais l'objet, et je ne raconte pas ça du tout
00:48:36pour me victimiser mais c'est très intéressant
00:48:38d'un harcèlement hallucinant
00:48:40à connotation directement antisémite
00:48:42il ne s'agit pas de gens qui sont en désaccord avec ce que je pense
00:48:44ou qui me critiquent ou même qui m'insultent
00:48:46ce sont des attaques clairement antisémites
00:48:48alors j'aimerais vous en citer deux
00:48:50que je trouve intéressantes, un premier tweet
00:48:52qui a fait 1100 likes à l'heure où je vous parle
00:48:54qui me traite de
00:48:56négationniste faisant le tour de tous les plateaux
00:48:58télé français pour faire
00:49:00l'apologie des massacres d'enfants palestiniens
00:49:02je précise bien que je n'ai
00:49:04jamais fait l'apologie, c'est évident
00:49:06du massacre de personnes
00:49:08que nous ne parlions pas à l'instant des enfants
00:49:10palestiniens et qu'en l'occurrence dans la même
00:49:12émission plus tard, j'ai parlé de la
00:49:14situation des civils palestiniens en la dénonçant
00:49:16il y a eu un deuxième tweet que j'aimerais
00:49:18vous lire parce que je le trouve même plus intéressant
00:49:20et pardonnez-moi je vous l'a
00:49:22Nathan Devers
00:49:24ne s'appelle Devers, c'est mon nom d'auteur
00:49:26que pour tromper celui
00:49:28qui va l'écouter en toute confiance
00:49:30derrière le masque du philosophe datant Devers
00:49:32c'est le sioniste Nathan Nakash
00:49:34mon nom de naissance, mon nom administratif
00:49:36qui s'exprime, un Nakash
00:49:38biberonné par un judaïsme zélé
00:49:40qui donnerait son opinion sur le conflit à Gaza
00:49:42aux millions de ménagères de moins de 50 ans
00:49:44ça ferait tout de suite moins neutre
00:49:46les sionistes ont infiltré les médias et la politique
00:49:48en dissimulant leur vrai fond colonialiste
00:49:50et suprémaciste, mais ils ne trompent
00:49:52que les esprits fragiles, etc, etc
00:49:54ce qui est très intéressant ici
00:49:56c'est que nous avons
00:49:58vraiment
00:50:00toute la rhétorique la plus parfaite
00:50:02de l'attaque antisémite
00:50:04en règle, et face à cette rhétorique
00:50:06il y a deux questions que j'aimerais poser, une question
00:50:08personnelle d'abord, comment se fait-il que
00:50:10quelqu'un comme moi, qui est toujours appelé
00:50:12à la création de deux états, d'un état palestinien
00:50:14et d'un état israélien, qui n'est pas
00:50:16du tout avare de critique sur la politique
00:50:18israélienne et en particulier la politique
00:50:20des derniers gouvernements, et surtout
00:50:22qui passe son temps à critiquer
00:50:24l'hémiplégie de l'empathie
00:50:26à dire en gros, c'est pas parce qu'on est juif
00:50:28qu'on doit uniquement s'intéresser, défendre
00:50:30mécaniquement Israël et s'intéresser uniquement aux victimes
00:50:32juives, et c'est pas parce qu'on est musulman qu'on doit
00:50:34avoir la position analogue avec les palestiniens
00:50:36comment se fait-il en gros que quelqu'un
00:50:38qui essaye de ne pas imposer son identité
00:50:40dans le débat public, se fasse
00:50:42ramener à son identité
00:50:44de la manière la plus caricaturale et la plus
00:50:46violente, mais surtout, comment se
00:50:48fait-il que quelqu'un qui rappelle
00:50:50juste quelque chose de banal, à savoir
00:50:52que le Hamas est un mouvement qui est
00:50:54le boulet, et plus que le boulet le cancer
00:50:56de la cause palestinienne, comment se fait-il
00:50:58qu'une telle banalité puisse
00:51:00déclencher tant de haine ?
00:51:02Et comment se fait-il que, qu'est-ce
00:51:04que ce raccourci dit finalement de l'antisionisme ?
00:51:06Alors il nous dit, je pense deux choses
00:51:08la première chose, c'est que
00:51:10l'antisémitisme, l'antisionisme
00:51:12nous le voyons aujourd'hui, est
00:51:14quasiment systématiquement
00:51:16un antisémitisme déguisé
00:51:18et camouflé. Je précise bien quasiment
00:51:20parce que dans l'histoire de l'antisionisme
00:51:22il y a eu, notamment avant la seconde
00:51:24guerre mondiale, toute une pensée
00:51:26antisioniste, c'est-à-dire une pensée qui estimait qu'il ne fallait
00:51:28pas créer un état juif en Palestine
00:51:30mandataire, qui était même très importante
00:51:32au sein de la communauté juive et du peuple
00:51:34juif européen, et que l'antisionisme
00:51:36a aussi une histoire qui ne
00:51:38n'est pas nécessairement à 100%
00:51:40enracinée dans l'antisémitisme
00:51:42et ça c'est une évidence. Mais ce que
00:51:44j'aimerais faire remarquer aujourd'hui,
00:51:46c'est que dans l'histoire de l'antisémitisme
00:51:48il y a eu plusieurs types d'arguments
00:51:50ou de paradigmes
00:51:52ou de phraseologies que l'antisémitisme a utilisés.
00:51:54Il y a eu évidemment un antisémitisme
00:51:56chrétien, qui reprochait au peuple juif
00:51:58d'être le peuple déicide, d'avoir
00:52:00tué le Christ, et plus profondément
00:52:02d'être un peuple aveugle à la vérité.
00:52:04Il y a eu un antisémitisme
00:52:06économique, qui reprochait aux juifs d'être
00:52:08des parasites, des
00:52:10vampires qui s'appropriaient les richesses.
00:52:12Il y a eu un antisémitisme
00:52:14politique, qui reprochait aux juifs d'être un
00:52:16Etat confédéré, qui nuit à la France notamment.
00:52:18Il y a eu un antisémitisme racial.
00:52:20Il y a aujourd'hui, évidemment,
00:52:22le paradigme
00:52:24central autour duquel s'articule
00:52:26le discours antisémite, c'est évidemment
00:52:28le paradigme antisioniste.
00:52:30Et évidemment qu'aujourd'hui, on ne peut pas être
00:52:32antisémite sans être avant tout
00:52:34un antisioniste
00:52:36convaincu, viscéral
00:52:38et absolu. Et évidemment que
00:52:40ici, dans le tweet que je vous ai lu, et je vous l'ai lu
00:52:42justement pour ça, cette idée
00:52:44que les juifs sont infiltrés
00:52:46dans les médias français pour servir
00:52:48les intérêts d'Israël est une idée
00:52:50incroyable. Et on m'insulte moi
00:52:52mais on insulte aussi la chaîne. La chaîne
00:52:54dont je crois, tous les débats que j'ai eu sur le
00:52:56sujet ici, étaient
00:52:58systématiquement avec des gens qui commençaient par dire qu'ils
00:53:00étaient pour la création d'un Etat palestinien.
00:53:02Donc tout ça est très intéressant. Et deuxièmement,
00:53:04le prétexte de la haine
00:53:06que j'ai déclenché en rappelant une banalité,
00:53:08alors là, ce n'est pas directement relié
00:53:10à la question de l'antisémitisme, mais c'est lié
00:53:12à la question de la complaisance envers
00:53:14l'islamisme et envers plus généralement
00:53:16le terrorisme, la violence
00:53:18aveugle, quand elle
00:53:20servirait, entre guillemets, une bonne
00:53:22cause. Cette complaisance-là,
00:53:24elle est extrêmement ancienne, elle date au moins
00:53:26d'il y a plus de 50 ans, concernant
00:53:28les luttes décoloniales et concernant
00:53:30le conflit israélo-palestinien. Il y a
00:53:32une date qui, à mon avis, est importante
00:53:34parce qu'elle montre bien comment des gens
00:53:36qui sont parfois même des grands intellectuels
00:53:38ont pu refuser de voir en face
00:53:40le fait que tuer des civils dans le cadre du
00:53:42conflit israélo-palestinien, dans le cadre de n'importe
00:53:44quel conflit, c'était insupportable et c'était
00:53:46impardonnable. L'exemple en
00:53:48question, c'est quand il y a eu,
00:53:50en 1972, à Munich,
00:53:52la prise d'otages, l'attentat
00:53:54de Septembre Noir, donc un groupe
00:53:56terroriste palestinien qui avait pris
00:53:58en otage des athlètes israéliens et qui les
00:54:00avaient ensuite tués dans une opération
00:54:02ratée des forces
00:54:04en Allemagne.
00:54:06Et à l'époque, Jean-Paul Sartre, qui était
00:54:08un immense intellectuel et qui était
00:54:10évidemment favorable à la paix, qui était
00:54:12favorable à la fois, il se disait à la fois ami
00:54:14d'Israël et ami de la Palestine, mais
00:54:16Jean-Paul Sartre a écrit un article dans La Cause du
00:54:18Peuple où il dit la chose suivante
00:54:20« Entre Israël et les Palestiniens
00:54:22existe un état de guerre. Dans cette
00:54:24guerre, la seule arme dont disposent les
00:54:26Palestiniens est le terrorisme.
00:54:28C'est une arme terrible, mais les opprimés
00:54:30pauvres n'en ont pas d'autre. Et les
00:54:32Français qui ont approuvé le terrorisme
00:54:34du FLN quand ils exerçaient contre des Français
00:54:36ne sauraient qu'approuver à son tour
00:54:38l'action terroriste des Palestiniens. »
00:54:40Ce texte a fait énormément de bruit
00:54:42et en effet, il résume toute la
00:54:44pensée implicite qu'on retrouve
00:54:46encore aujourd'hui. Quand vous avez un peuple
00:54:48qui est victime
00:54:50d'une situation injuste,
00:54:52qui n'a pas d'armée pour mener
00:54:54une guerre, eh bien alors, la seule solution
00:54:56qu'il a mécaniquement, ce serait le terrorisme.
00:54:58Et le terrorisme, c'est pas bien,
00:55:00c'est violent, mais ça se comprend
00:55:02puisque c'est sa seule arme. C'est exactement
00:55:04d'ailleurs, et Sartre le rappelle
00:55:06dans ce texte, au nom de ses arguments
00:55:08que certains ont justifié le terrorisme
00:55:10du FLN contre des civils
00:55:12algériens. La fameuse
00:55:14préface de Sartre aux damnés de la Terre en disant
00:55:16« Un colonisé qui tue un
00:55:18colon, il libère deux hommes puisqu'il tue
00:55:20un opprimé et un oppresseur. »
00:55:22Cet argumentaire, finalement,
00:55:24peu ou prou, c'est celui qu'on retrouve
00:55:26en version beaucoup plus bête
00:55:28et en version beaucoup
00:55:30plus violente. Par exemple,
00:55:32dans un tweet récemment publié
00:55:34par Rima Hassan, qui reprend
00:55:36de manière mensongère, et d'ailleurs même
00:55:38Aymeric Caron lui a donné tort, et en rappelant
00:55:40qu'elle se trompait, qui soutient
00:55:42que l'ONU ne considérerait pas
00:55:44le 7 octobre comme des
00:55:46actes terroristes, puisque
00:55:48il faut les resituer dans la perspective
00:55:50de la colonisation israélienne
00:55:52sur la Palestine. Même Aymeric Caron
00:55:54a dit non, c'est faux, on ne peut pas dire
00:55:56que le 7 octobre, ce n'est pas du
00:55:58terrorisme. Et évidemment, je pense que
00:56:00fondamentalement, c'est cette haine-là que j'ai
00:56:02suscité, en rappelant, simplement,
00:56:04bêtement, évidemment,
00:56:06que le Hamas est un mouvement terroriste qui veut du
00:56:08mal aux Israéliens, mais aussi à sa propre
00:56:10population. Alors, juste pour finir rapidement,
00:56:12j'aimerais expliquer
00:56:14une fois pour toutes, si les choses ne sont
00:56:16pas claires, pourquoi la complaisance
00:56:18vis-à-vis du terrorisme est triplement
00:56:20indéfendable et insupportable.
00:56:22D'abord, on peut donner un argument historique.
00:56:24Jean-Paul Sartre, qui a été une des grandes
00:56:26figures à un certain moment de la complaisance
00:56:28envers le terrorisme, mais qui était aussi un très
00:56:30grand penseur, et comme tous les grands penseurs, il était
00:56:32travaillé par une forme de négativité, il a
00:56:34lui-même évolué beaucoup sur cette position.
00:56:36Et il a lui-même, à la fin de sa vie, il est mort
00:56:38malheureusement au moment où il était en train de se rendre
00:56:40compte, mais il s'est rendu compte qu'il était passé
00:56:42complètement à côté de la question morale
00:56:44dans l'histoire, et que lui, il était obsédé par la
00:56:46dialectique, c'est-à-dire ce qui permet, en gros, aux
00:56:48dominés de se libérer. Et à la fin de sa vie,
00:56:50quand il écrit un dernier texte qui s'appelait
00:56:52L'espoir maintenant, avec Béni Lévy, qui était un ancien
00:56:54la gauche prolétarienne, un maoïste, justement,
00:56:56il dit qu'il faut repenser
00:56:58complètement la question de l'histoire
00:57:00à partir de la finalité morale
00:57:02et non pas à partir uniquement
00:57:04de la finalité dialectique. Donc Jean-Paul Sartre lui-même
00:57:06a pris une distance énorme vis-à-vis
00:57:08de cette complaisance, premièrement.
00:57:10Deuxièmement, en dehors de l'argument d'autorité
00:57:12de Jean-Paul Sartre, c'est que l'immense
00:57:14problème de la complaisance vis-à-vis
00:57:16du terrorisme, c'est
00:57:18qu'en fait, tout en prétendant défendre
00:57:20les dominés, elle leur
00:57:22refuse toute agentivité.
00:57:24Elle leur refuse toute liberté.
00:57:26En philosophie, on dirait qu'elle les réifie.
00:57:28Elle les traite comme des choses.
00:57:30Elle estime que puisqu'ils sont des dominés,
00:57:32toutes les actions qu'ils vont faire, et le 7 octobre
00:57:34était une action, c'est-à-dire qu'il y avait une intention derrière,
00:57:36il y avait une praxis, il y avait un désir de tuer,
00:57:38il y avait un désir de massacrer, il y avait une pensée derrière.
00:57:40Elle dit que toutes les actions qui viennent
00:57:42des dominés ne sont pas des actions, mais des simples réactions.
00:57:44Et que donc, tout ce qui serait
00:57:46mauvais, tout ce qui serait dangereux,
00:57:48tout ce qui serait insupportable dans les méthodes
00:57:50employées par les dominés, du simple fait
00:57:52que ce sont des dominés, ce ne sont pas des méthodes,
00:57:54ce ne sont pas des actions, et donc on ferme les yeux.
00:57:56Et évidemment, la dernière chose que j'aimerais rappeler,
00:57:58c'est que quand il y a une violence
00:58:00au service d'une « juste cause »,
00:58:02évidemment qu'elle assassine cette cause.
00:58:04Et ça, c'est la grande leçon du XXe siècle.
00:58:06Marc Crépon, philosophe contemporain,
00:58:08a écrit énormément de livres sur la question,
00:58:10en montrant très bien et très précisément
00:58:12que toutes les causes justes qui se sont
00:58:14construites en approuvant
00:58:16des méthodes violentes et terroristes,
00:58:18et en refusant ensuite
00:58:20de les condamner, ont été bouffées,
00:58:22ont été parasitées, ont été
00:58:24contaminées par leur propre
00:58:26histoire. Et donc évidemment
00:58:28qu'avoir la moindre forme
00:58:30de complaisance vis-à-vis du Hamas,
00:58:32c'est vouloir le plus grand
00:58:34mal aux Israéliens naturellement,
00:58:36mais aux Palestiniens aussi.
00:58:38Qu'est-ce que cela pourrait nous dire de l'avancement
00:58:40des négociations dans le conflit israélo-palestinien ?
00:58:42Alors très rapidement, et donc pour reprendre
00:58:44ce que je disais il y a deux jours sur les négociations,
00:58:46les négociations se poursuivent
00:58:48là au Caire avec le chef du Mossad,
00:58:50le chef du directorat de la stratégie de l'armée
00:58:52israélienne, des médiateurs égyptiens
00:58:54et des gens de la CIA. Mais
00:58:56depuis qu'Antony Blinken a quitté la région,
00:58:58évidemment qu'on va quand même
00:59:00globalement vers le pire avec le même blocage
00:59:02qui est ce fameux couloir de Philadelphie au centre
00:59:04de la bande de Gaza que Israël contrôle,
00:59:06et le Hamas refuse d'accepter
00:59:08qu'Israël y reste parce qu'il y a des tunnels qui permettent
00:59:10l'acheminement des armes.
00:59:12Ce qui est posé comme question aujourd'hui,
00:59:14c'est qu'évidemment tout le monde veut le cessez-le-feu,
00:59:16et d'ailleurs je fais remarquer qu'en Israël, même dans les états-majors,
00:59:18même Yoav Galant, ministre de la Défense,
00:59:20aujourd'hui est favorable à un cessez-le-feu,
00:59:22beaucoup plus encore que Netanyahou.
00:59:24Mais que ce qui se pose à long terme, à travers même
00:59:26la question du corridor de Philadelphie,
00:59:28c'est de savoir si ce cessez-le-feu, ce sera
00:59:30un cessez-le-feu qui donnera Gaza
00:59:32au pouvoir encore du Hamas.
00:59:34J'aimerais juste rappeler une chose, c'est qu'en 2005,
00:59:36quand l'armée israélienne s'est retirée de Gaza,
00:59:38il y avait, et Israël,
00:59:40il y avait un espoir unanimement partagé
00:59:42que Gaza puisse devenir le Singapour du Moyen-Orient.
00:59:44Et même des Israéliens
00:59:46espéraient cela
00:59:48avec sincérité.
00:59:50Évidemment que l'arrivée au pouvoir violente du Hamas,
00:59:52un an plus tard par les armes,
00:59:54a tué ce rêve,
00:59:56et que si on aime les Palestiniens,
00:59:58il faut leur souhaiter demain de pouvoir en effet
01:00:00devenir le Singapour du Moyen-Orient.
01:00:02Nathan Devers, il nous reste moins
01:00:04d'une minute, Michel Thaube, est-ce qu'on peut conclure ?
01:00:06Très très vite, d'abord je trouve tellement
01:00:08les haters et les
01:00:10contrôles sur les réseaux sociaux, enfin il faut condamner
01:00:12leur comportement, que ce soit vis-à-vis de vous
01:00:14ou beaucoup d'autres, c'est inadmissible,
01:00:16c'est scandaleux, et c'est une déliquescence
01:00:18de la parole publique,
01:00:20il faut le condamner.
01:00:22Juste dans le tweet de Rima Hassan,
01:00:24dont vous avez cité
01:00:26un extrait, il y a un autre passage.
01:00:28Elle dit
01:00:30pour l'essentiel du monde,
01:00:32en dehors de la pensée hégémonique occidentale,
01:00:34personne
01:00:36ne rattache le 7 octobre
01:00:38du terrorisme, et donc
01:00:40non seulement ces deux sont
01:00:42des propos antisémites, derrière l'antisémisme,
01:00:44mais derrière l'antisémitisme, il y a aussi une haine
01:00:46de l'Occident, et donc ça concerne
01:00:48pas que les Juifs... Et on arrive à la fin de l'émission,
01:00:50Michel Thaube, du temps qui nous a imparti.
01:00:52Merci infiniment Véronique Jacquier, Jonathan
01:00:54Sarkozy, Nathan Devers, et Michel Thaube.
01:00:56Passez une excellente soirée sur ces news,
01:00:58restez avec nous, dans un instant l'heure dépend.

Recommandée