Face à l'Info Été (Émission du 19/08/2024)

  • il y a 2 semaines
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h
Transcript
00:00:00quatre personnalités, quatre regards sur des thèmes d'actualité, une heure pour
00:00:04prendre un peu de hauteur et un peu de recul sur notre sur notre monde.
00:00:07Je vous présente l'équipe du soir dans quelques instants mais tout de suite on
00:00:11fait un tour complet de l'information avec l'excellent Simon Guillain.
00:00:14Bonsoir Simon.
00:00:15Bonsoir cher Thierry et bonsoir à tous.
00:00:17Le village de Douchier est sous le choc après la disparition d'Alain Delon, l'acteur français
00:00:21et mort hier à l'âge de 88 ans dans sa propriété du Loiret.
00:00:24C'est là qu'il souhaite reposer avec ses chiens derrière la grille désormais ornée
00:00:28des fleurs déposées par de nombreux fans.
00:00:30Alors que les hôpitaux souffrent d'un manque cruel de soignants, plus de 1500 postes d'internes
00:00:35seront supprimés dès la rentrée prochaine, une réduction qui s'explique par la baisse
00:00:39du nombre de candidats au concours de l'internat.
00:00:41Les étudiants de leur côté dénoncent des conditions d'accès trop difficiles et dans
00:00:45une pétition ils demandent au gouvernement de rouvrir des places immédiatement.
00:00:49Et puis en déplacement en Israël, Anthony Blinken évoque un moment décisif pour parvenir
00:00:54à un accord de cesser le feu dans l'enclave palestinienne.
00:00:56Il s'agit peut-être de la dernière occasion de ramener les otages chez eux, a affirmé
00:01:00le secrétaire d'Etat américain sur place Thierry.
00:01:02Merci beaucoup Simon.
00:01:04Allez, au programme de Face à l'info ce soir c'est parti.
00:01:08Michel Taub va s'attaquer à un challenge ce soir, mais rien ne lui fait peur.
00:01:13Il va évoquer le feuilleton de l'été, le feuilleton politique de l'été.
00:01:16Qui ? Amatignon.
00:01:18Emmanuel Macron va réunir ce vendredi les dirigeants des partis politiques, les groupes
00:01:21parlementaires.
00:01:22Il y aura, eh oui, il y aura Lucie Castex.
00:01:24Faut-il s'attendre à quelque chose ?
00:01:25Attention, les français vont entrer dans le congé, ils vont être dans l'attente
00:01:29de réponses à leurs problèmes quotidiens.
00:01:31Selon Michel, Emmanuel Macron n'est plus le maître des horloges, et ce malgré les
00:01:34pouvoirs que lui confère la constitution.
00:01:37Coup d'épée dans l'eau cette réunion de vendredi ? La réponse de Michel Taub.
00:01:40Avec Véronique Jacqui, on va prendre un billet pour aller en Nouvelle-Calédonie.
00:01:44Qui parle encore de la Nouvelle-Calédonie ? Nous sur CNews bien sûr.
00:01:48En apportant le sentiment que ce territoire français sombre tout doucement, mais sûrement
00:01:53dans une espèce de guerre civile, le processus politique pour ramener la paix est au point
00:01:57mort.
00:01:58C'est le moins que l'on puisse dire.
00:01:59Que fait le gouvernement des missionnaires pour tenter de calmer la situation ? Réponse
00:02:04de Véronique Jacqui.
00:02:05Avec Jonathan Cixous, on va revenir sur cette alerte lancée chez nos confrères du Figaro
00:02:10par l'ancien directeur de la police aux frontières.
00:02:13Attention, attention, selon Fernand Gontier, la France ne contrôle pas assez ses frontières
00:02:19et les défaillances, oui, les défaillances sont nombreuses.
00:02:21Ils proposent des solutions, Jonathan nous explique tout.
00:02:24Ce soir dans Face à l'info, on va revenir avec Nathan Devers sur l'évolution des négociations
00:02:29au Moyen-Orient.
00:02:30On a un constat, on n'en voit pas l'issue et tout semble bloqué, hélas, le secrétaire
00:02:35d'Etat américain Tony Blinken a exhorté Israël et le Hamas à ne pas faire dérailler
00:02:41les négociations en vue d'un cessez-le-feu après plus de dix mois de guerre, dix mois
00:02:45de guerre faut-il le rappeler.
00:02:47Cet arrivé de Blinken en Israël a coïncidé, hélas, avec un attentat terroriste revendiqué
00:02:53par le Hamas et le djihad islamique, heureusement il n'y a eu qu'un blessé léger, mais ce
00:02:57aurait pu être pire, Nathan se projette ce soir quel pourrait être l'avenir de la région.
00:03:01Enfin, on terminera, oui, on terminera avec Michel Taubes qui a souhaité revenir sur
00:03:06une drôle d'histoire à Vénitieux, écoutez bien, un boulanger annoncé sur Facebook arrêter
00:03:11de servir du porc dans son établissement, l'histoire est totalement lunaire, l'une de
00:03:16ses vendeuses a vendu par erreur à deux clients une quiche Lorraine à la place d'une quiche
00:03:20au fromage, l'affaire de la quiche a pris de l'ampleur, nous sommes en 2024, nous sommes
00:03:25bien en France, Michel nous raconte.
00:03:41Et je vous présente donc l'équipe du soir, Véronique Jacquiez, soyez là, bienvenue,
00:03:45je suis très ravi de vous avoir à mes côtés, bonsoir, bonsoir, Nathan Devers, bonsoir Nathan,
00:03:50bonsoir cher Thierry, Michel Taubes, bonsoir mon cher Thierry, Jonathan Cixous, bonsoir
00:03:54Thierry, tout le monde est présent et c'est parfait, on va commencer avec vous, Michel
00:03:58vous avez voulu revenir sur la rencontre, la fameuse rencontre annoncée pour ce vendredi
00:04:05à l'Elysée entre Emmanuel Macron et les dirigeants des partis politiques et des groupes
00:04:09parlementaires, que va-t-il se passer, racontez-nous tout, on a hâte de savoir.
00:04:14A mon avis, il ne va pas se passer grand-chose, merci Michel, mais on va quand même en parler
00:04:19puisque le président de la République a fixé dans l'agenda de tous les leaders politiques
00:04:23de notre pays cette date du vendredi 23 août, donc il faut bien entendu en parler, mais
00:04:29je crée effectivement que ce sera un coup d'épée dans l'eau et une entraque dans
00:04:33une mauvaise pièce de théâtre qui se joue depuis le lendemain des élections législatives.
00:04:39Je pense aussi, mais quelque part j'aimerais avoir tort dans l'intérêt du pays, qu'il
00:04:46se confirmera que le président de la République n'est plus tout à fait le maître des horloges,
00:04:50qui constitue non pas une de ses prérogatives présidentielles, mais un des pouvoirs qui
00:04:54est censé lui donner la constitution par les prérogatives qu'elle lui accorde.
00:04:57Et en fait, je pense que le 23 août au soir, vendredi soir prochain, il se retrouvera dans
00:05:05la même situation dans laquelle il était au lendemain du deuxième tour des élections
00:05:09législatives ou le 17 juillet, lorsqu'il a demandé au gouvernement de démissionner
00:05:14et d'expédier les affaires courantes.
00:05:17Alors pourquoi, très concrètement, Emmanuel Macron n'est plus le maître des horloges ?
00:05:22Alors d'abord, il n'est plus tout à fait maître de la liste des invités qu'il reçoit
00:05:28à l'Élysée, parce qu'il a invité initialement les présidents des partis politiques et des
00:05:34groupes parlementaires à l'Assemblée nationale.
00:05:36Et voici que madame Lucie Castex, en très peu de temps, a obtenu qu'elle puisse y participer.
00:05:41Je rappelle que Lucie Castex n'est ni chef de parti, ni présidente de groupe parlementaire,
00:05:48parce qu'elle n'est pas non plus, évidemment, députée.
00:05:50Et donc, on peut d'ailleurs craindre que la nouvelle égérie de la France insoumise et
00:05:56surtout du pseudo Nouveau Front populaire, sera peut-être, elle, la vedette de la rencontre
00:06:01de vendredi.
00:06:04Bref, ça, c'est la première chose.
00:06:05Mais la deuxième chose, c'est qu'il apparaît que cette rencontre de vendredi, finalement,
00:06:10s'organise un petit peu, j'aimerais dire, en mode restreint.
00:06:15Il ne s'agira même pas d'une forme de reproduction des rencontres de Saint-Denis, qui s'était
00:06:19tenue l'année dernière en conclave.
00:06:22Rappelez-vous, les leaders des partis politiques n'avaient même pas le droit de garder avec
00:06:26eux leur téléphone portable.
00:06:27Il n'y avait évidemment ni photo, ni caméra.
00:06:29Il ne reste aucune trace visuelle de ces rencontres de Saint-Denis.
00:06:33Mais là, il ne s'agit même pas d'une rencontre avec tous les dirigeants des partis, puisque
00:06:36le président de la République recevra successivement et séparément les différents groupes qui
00:06:41sont à l'Assemblée nationale.
00:06:43Le premier d'entre eux, d'ailleurs, sera le pseudo Nouveau Front populaire, parce que,
00:06:48justement, il veut quand même tenir compte du résultat des élections législatives.
00:06:52C'est le bloc qui avait reçu, qui avait obtenu le plus de s'ouvrage.
00:06:56Et donc, nous n'aurons même pas l'occasion d'assister à cette scène, par exemple, d'une
00:07:00Marine Le Pen et d'une Lucie Castex, qui auraient pu en même temps demander l'abrogation
00:07:05des lois sur les retraites.
00:07:06Nous n'aurions, nous n'aurons même pas la possibilité de voir un Laurent Wauquiez et
00:07:10une Marine Le Pen, toujours elles, demander en même temps un nouveau cap sur l'autorité
00:07:16de l'État et, par exemple, l'adoption, comme le proposent maintenant tous les partis de
00:07:21droite, de peines planchées pour toutes les atteintes graves qui sont faites contre les
00:07:27policiers et les gendarmes.
00:07:30Ils vont se dire quoi ? De quoi vont-ils parler très concrètement ?
00:07:32On a hâte de savoir.
00:07:34On va leur laisser évidemment la liberté de choisir de ce dont ils veulent parler.
00:07:38Grosso modo, je pense qu'on a un président de la République qui souhaite parler du fond,
00:07:44qui souhaite parler des voies qui permettraient de trouver un consensus entre les forces
00:07:49politiques, qui permettraient de choisir un gouvernement, un Premier ministre et un
00:07:53gouvernement d'une stabilité minimale pour au moins adopter un budget d'ici la fin de
00:07:57l'année et faire illusion jusqu'à la prochaine dissolution, le 9 juin 2025.
00:08:04Et en face, je pense qu'on aura des leaders politiques qui veulent surtout savoir qui va
00:08:09être Premier ministre et le plus rapidement possible.
00:08:12Déjà, j'imagine que la plupart des leaders politiques qui se présenteront au président
00:08:17de la République vendredi lui demanderont d'accélérer la nomination d'un gouvernement
00:08:22et lui de répondre oui, bien entendu, mais quel Premier ministre ?
00:08:27Avec quelle majorité ?
00:08:28Et c'est là, évidemment, que l'on va se retrouver dans un dialogue de sourds, dans un
00:08:32véritable dialogue de sourds, dans une succession de monologues de dirigeants de
00:08:36partis politiques qui vont dire au chef de l'État, on veut un Premier ministre de notre
00:08:41camp pour mettre en œuvre telle et telle mesure, mais sans avoir la majorité
00:08:46suffisante à l'Assemblée nationale pour s'en assurer le vote et surtout éviter une
00:08:51motion de censure.
00:08:52Et donc, vraiment, j'insiste, à part peut-être Lucie Casse-Tête qui sera flamboyante
00:08:58parce qu'effectivement, cette journée va lui permettre d'exister et de gagner en
00:09:02notoriété au niveau national.
00:09:04Je pense que cette journée sera une déception pour tout le monde et finira sur un
00:09:08constat d'échec, c'est-à-dire le dialogue de sourds entre les différentes forces
00:09:12politiques. Et donc, ne faisons pas semblant, cette rencontre qu'a annoncée
00:09:17maintenant, il y a une semaine, un peu moins d'une semaine, le chef de l'État, c'est en
00:09:21fait une façon pour le président de la République de gagner du temps, de gagner du
00:09:26temps sur le temps, parce qu'il reste complètement coincé suite aux résultats des
00:09:30élections législatives.
00:09:32Donc, il n'y aura pas de fumée blanche, c'est très clair, quand je vous écoute à
00:09:35l'issue de cette réunion.
00:09:36Alors, je pense que le président de la République a un problème, c'est que
00:09:40quelques jours après cette rencontre du vendredi 23 août, il y a l'ouverture des
00:09:44Jeux paralympiques le 28 août et je trouverais quand même particulièrement
00:09:48vexant, pour ne pas dire inconvenant et très irrespectueux, que le président de la
00:09:54République nous a dit, grosso modo, Paris 2024, c'est une parenthèse enchantée, un
00:09:59moment d'unité nationale par rapport à tous les problèmes de notre pays, qu'il
00:10:04nomme un premier ministre quelques jours avant la cérémonie d'ouverture des Jeux
00:10:07paralympiques. Ce serait vis-à-vis des para-athlètes, une forme de, encore une
00:10:12fois, de déni ou de deux poids deux mesures par rapport aux athlètes des Jeux de
00:10:17Paris 2024, la première partie, que de, encore une fois, de nier un petit peu
00:10:22l'importance de cet événement et de nommer entre les deux un gouvernement.
00:10:25Mais en même temps, en même temps, évidemment, la France a besoin d'être
00:10:29gouvernée. La France fait face à des échéances.
00:10:32Je rappelle que mi-septembre, la procédure de mise sous surveillance du budgétaire de
00:10:37la France par l'Union européenne va passer à la vitesse supérieure.
00:10:41Je rappelle qu'à partir de mi-septembre et jusqu'au mois de novembre, les grandes
00:10:45agences de notation financière vont de nouveau noter la France et de
00:10:50mauvaises notes auraient évidemment un impact sur les taux d'intérêt de notre
00:10:55pays et impacteraient très négativement la dette publique de notre pays, qui est
00:11:00déjà dans une situation absolument catastrophique.
00:11:04Je rappelle enfin qu'au 1er octobre, ça arrive très vite, c'est dans un mois et
00:11:09quelques et deux semaines, dans un mois et demi, la France doit signer la
00:11:13garantie financière pour l'attribution des jeux d'hiver dans les Alpes françaises
00:11:21en 2030. La France a jusqu'au 1er octobre pour signer sa garantie financière et un
00:11:26gouvernement qui expédie les affaires courantes ne peut pas signer cet
00:11:32engagement. Bref, je me dis en fait, un président de la République qui serait
00:11:37resté le maître des horloges plutôt que de dissoudre l'Assemblée nationale un 9
00:11:42juin au soir à 21 heures, avant même les résultats définitifs des élections
00:11:46européennes, ce qui a été un manque de respect pour ne serait-ce que tous les
00:11:50organisateurs de ces élections, un maître des horloges se serait peut-être
00:11:55adressé aux Français le 10 juin au soir en disant on va organiser les Jeux
00:12:01olympiques, on va réussir ce très bel événement et au lendemain des Jeux
00:12:04paralympiques, je prendrai, je tirerai les conséquences de mon échec des élections
00:12:10européennes et s'il avait annoncé une dissolution de l'Assemblée nationale au
00:12:14lendemain des Jeux paralympiques, il se serait retrouvé dans une situation
00:12:18politique beaucoup plus confortable pour lui, il aurait pu beaucoup mieux préparer
00:12:21cette échéance et il aurait peut-être eu un résultat encore meilleur que ce
00:12:25qu'il a eu après une campagne quand même extrêmement chaotique. Donc Emmanuel
00:12:29Macron, maître des horloges, toujours président de la République mais de moins
00:12:33en moins maître des horloges. Merci, tout ça pour ça.
00:12:38Effectivement, tout ça pour ça. Commentaire de l'un d'entre vous, je vais te réagir. Véronique, Nathan, Jonathan.
00:12:44Je suis marqué par une chose très rapidement, c'est que comme Michel vient de le rappeler, la
00:12:49prochaine échéance indépendamment des marchés ce sera l'attribution ou non
00:12:54une nouvelle fois des Jeux olympiques d'hiver de 2030.
00:12:58Je trouve ça assez étrange que des Jeux, donc du divertissement indépendamment
00:13:03des performances physiques des champions olympiques, ça c'est une
00:13:07infime minorité des individus, que le divertissement soit la caution
00:13:13d'un budget d'un état. Je trouve ça assez fou et ça marque quelque chose
00:13:18comme un pas supplémentaire vers un changement de société pour ne pas dire
00:13:22de civilisation. Véronique. Je tire deux enseignements de cette réunion de
00:13:27vendredi ou tout au moins de ce qu'elle ne dit pas, mais ce qu'elle dit en
00:13:30filigrane, à savoir qu'on ne s'émeut même plus de ne pas avoir de gouvernement et
00:13:35que la France ne soit pas gouvernée, mais on devrait tous être hystériques
00:13:38en réclamant un premier ministre. Le deuxième enseignement c'est que
00:13:42justement la France peut se passer d'un gouvernement, puisqu'Emmanuel Macron
00:13:48prend son temps et il prend de plus en plus son temps. Alors pour rester tant
00:13:53bien que mal le maître des horloges, on a bien compris que c'était quelque part
00:13:56un aveu d'impuissance et qu'il était coincé, Michel l'a très bien raconté,
00:13:59mais ça veut dire quand même surtout qu'on peut se passer d'un gouvernement
00:14:03parce qu'Emmanuel Macron ne tient pas tant que ça à gouverner. D'ailleurs
00:14:07gouverner ça veut dire faire des réformes d'ampleur, ça veut dire
00:14:09construire un avenir pour la jeunesse, pour les générations qui
00:14:14viennent dans ce pays. Et on a au contraire un président qui déconstruit et qui nous
00:14:18montre qu'il est dans la politique spectacle. Après le grand débat, après les
00:14:22états généraux, on a maintenant ce grand rendez-vous de vendredi, mais on sait
00:14:26qu'on n'en a rien à en attendre parce qu'en fait il a déjà dévoilé son jeu.
00:14:29Il a déjà dit que ce qui l'intéressait c'était effectivement quand même de
00:14:32trouver un premier ministre, mais de garder la main sur l'internationale et
00:14:36sur la défense comme l'avait fait d'ailleurs en son temps François
00:14:38Mitterrand lors des deux cohabitations. Bon voilà on a la réponse, la France peut
00:14:43ne pas être gouvernée et en cela on devrait tous crier au scandale.
00:14:46Et les Français vont entrer de vacances et vont être confrontés aux problèmes santé,
00:14:50éducation, etc. J'en passe et les meilleurs.
00:14:53Nathan Devers, très rapidement parce qu'ensuite on va évoquer la Nouvelle-Calédonie
00:14:56avec Véronique. Mais je pense que les Français ne sont pas des imbéciles et
00:15:00que les politiques les prennent pour des imbéciles.
00:15:02Les Français ont très bien compris dès 20h02 le soir du deuxième tour des
00:15:07élections législatives que quel que soit le premier ministre ça ne changerait
00:15:11rien dans aucun plan de l'action politique puisque vous pouvez mettre
00:15:16Jean-Luc Mélenchon, vous pouvez mettre Marine Le Pen, vous pouvez mettre David
00:15:20Bertrand, vous pouvez mettre peu importe. Dans tous les cas vous avez des
00:15:22gouvernements qui seront impuissants, qui devront exécuter les affaires courantes
00:15:26et qui s'ils prennent la moindre initiative politique se prendront une
00:15:30motion de censure et se feront immédiatement renverser. Donc à la limite
00:15:33que ce soit Gabriel Attal, que ce soit Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse ça
00:15:37ne changera littéralement rien. Et je pense qu'il y a véritablement là
00:15:41vraiment un décalage massif entre ce qui passionne la classe politique, tout
00:15:46parti confondu, et ce qui importe aux Français. Et qu'à un moment la classe
00:15:50politique elle n'est pas là pour venir imposer aux Français ces petites
00:15:54histoires qui n'intéressent qu'elles-mêmes. Et ce décalage là il me
00:15:59semble d'ailleurs que sur ce plan Emmanuel Macron l'a très bien compris.
00:16:02Et que si je vous la montre, c'est pour ce que vous avez dit, les Jeux
00:16:04Olympiques, les Jeux Paralympiques, etc. Mais c'est aussi parce qu'il a bien
00:16:07compris que dans le fond, excepté quelques éditorialistes et quelques
00:16:11politiques, personne ne lui reprochait de ne pas remplacer Gabriel Attal
00:16:15puisque encore une fois ça ne changera rien à aucune loi et à aucun pan de la
00:16:20vie publique. Et justement pour rebondir sur le regard que vous portiez sur la
00:16:25chronique de Michel Taub et l'édito Machiavelli-Jacquier, symbole, on va aller
00:16:29en Nouvelle-Calédonie avec vous parce que le territoire français sombre de
00:16:32plus en plus dans la guerre civile et on a un peu le sentiment que tout le monde
00:16:37s'en moque quoi. Et c'est un peu le reflet du climat actuel.
00:16:39Ça en a tout l'air parce que le processus politique pour ramener la paix
00:16:43est complètement au point mort. Emmanuel Macron ne donne pas le sentiment de
00:16:47s'en soucier et le gouvernement des missionnaires non plus. Alors pourtant
00:16:50franchement la situation est gravissime. La Nouvelle-Calédonie c'est
00:16:54quand même un territoire français où l'on se tire dessus à balles réelles où
00:17:00je vous le rappelle 3600 membres des forces de l'ordre sont mobilisés ainsi
00:17:04que 200 membres de la sécurité civile. Le 15 août, donc c'est à dire il y a
00:17:09seulement quatre jours, un homme a été tué, un autre blessé sur un barrage par
00:17:14des tirs de riposte de gendarmes mobiles. Onzième mort en trois mois. Les violences
00:17:19ont commencé je vous rappelle le 13 mai et c'est pour commémorer le départ de
00:17:24la révolte il y a trois mois que des indépendantistes ont décidé un petit
00:17:27peu de réchauffer les braises si j'ose dire. Les indépendantistes de la cellule
00:17:31de coordination des actions de terrain parce que c'est toujours eux qui
00:17:35remettent de l'huile sur le feu. Et donc cela a commencé le 13 août.
00:17:38Alors outre les altercations qui ont fait un onzième mort, il y a des
00:17:43installations minières qui ont été dégradées. Il y a une église qui a été
00:17:46incendiée, la quatrième en trois mois. Et alors sur le plan économique la
00:17:51situation est vraiment catastrophique. Le gouvernement local estime à plus de
00:17:552 milliards le montant des dégâts depuis le mois de mai.
00:17:57L'état, tenez-vous bien, a déjà versé 20 millions d'euros aux 800 entreprises qui
00:18:03sont totalement sinistrées. Au total l'archipel a déjà bénéficié de plus de
00:18:07250 millions d'euros d'aides. Vous imaginez quand même tout cet argent qui est
00:18:12déversé, la ronde du contribuable, rappelons-le quand même. Et le chômage
00:18:16s'installe, la filière nickel s'effondre et l'île fait face à une vague de départ
00:18:20sans précédent. Ça veut dire que sur place plus personne ne croit en l'avenir
00:18:24de la Nouvelle-Calédonie qui vit d'ailleurs en rythme du couvre-feu entre
00:18:2822h et 5h du matin. Bien sûr interdiction de boire de l'alcool,
00:18:32interdiction du port d'armes mais bon on a bien compris que de toute façon l'île
00:18:36était complètement livrée à elle-même. En fait la seule nouveauté politique de
00:18:40l'été c'est que les effectifs de policiers et de gendarmes que je vous ai
00:18:43cités sont restés constants malgré la tenue des Jeux olympiques. Voilà où on en
00:18:47est Thierry en Nouvelle-Calédonie. Mais ce qui est dingue Véronique lorsque je
00:18:51vous écoute ce sont les moyens déployés et qu'il n'y ait pas de retour au calme.
00:18:55En fait il n'y a pas de retour au calme pour deux raisons. La première c'est que
00:18:58depuis le mois de mai sept indépendantistes demeurent
00:19:02incarcérés en métropole, cinq en prison, deux sous bracelet électronique.
00:19:06Il s'agit toujours donc de membres de la cellule de coordination des actions de
00:19:10terrain. Leur emprisonnement en fait loin de l'île ravive évidemment le
00:19:14ressentiment. Ils ont décidé qu'ils étaient des
00:19:17prisonniers politiques, qu'ils étaient des martyrs de la cause coloniale donc ça
00:19:21n'aide pas pour le dialogue mais de toute façon ils ne veulent pas dialoguer
00:19:24là ce qui se passe en ce moment, ceux qui sont toujours en train de souffler sur
00:19:28les braises. Ce ne sont pas des indépendantistes qui ont des véléités
00:19:31d'indépendance puisque on va rentrer, je vais rentrer dans le détail mais on n'en
00:19:35est plus là. Disons-le, ce sont des délinquants, ce sont des voyous, ce sont
00:19:39des bandits qui pour certains d'ailleurs sont payés par les
00:19:41indépendantistes pour mettre le bazar. Alors rappelons donc qu'il ne faut pas
00:19:45surinterpréter politiquement ce qui relève encore et toujours de pillages et
00:19:50de délinquance. Rappelons aussi que par référendum les habitants de Nouvelle
00:19:55Calédonie ont dit non par trois fois à l'indépendance mais en même temps ces
00:19:59fameux référendums ont réactivé chez certains kanaks une volonté identitaire,
00:20:05un processus identitaire. Ces mêmes kanaks qui à l'heure où nous nous
00:20:10parlons ne digèrent toujours pas la possibilité d'un élargissement du corps
00:20:14électoral qui l'émènerait inexorablement bien entendu à être
00:20:18minoritaire dans la population. Alors la deuxième raison et c'est la plus
00:20:21importante, eh bien on a commencé finalement à en parler tout à l'heure avec
00:20:25Michel Thaube parce que c'est toujours le même sujet, c'est l'absence de mettre en
00:20:30place une véritable politique pour s'en sortir. Il n'y a pas de volonté politique
00:20:34de régler ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie ou tout au moins on est
00:20:37encore une fois dans la politique spectacle à la Emmanuel Macron. Pourquoi ?
00:20:41Parce que la dissolution de l'Assemblée nationale a suspendu le processus de
00:20:46discussion politique qui avait été enclenché mais de toute façon il n'avançait
00:20:50pas. Je vous rappelle que lorsqu'il est venu en Nouvelle-Calédonie le 23 mai
00:20:54Emmanuel Macron a demandé aux responsables politiques de trouver un
00:20:57accord d'ici la fin juin et il avait mandaté trois hauts fonctionnaires venus
00:21:03de métropole pour s'occuper de régler le conflit. Vous imaginez trois parisiens
00:21:08qui débarquent à Nouméa, qui ne connaissent rien de la situation, qui ne
00:21:12connaissent rien finalement de l'écosystème politique et religieux de
00:21:15l'archipel, se préoccuper de régler un conflit qui couvre depuis plusieurs mois.
00:21:20Enfin on voit bien quand même que ça ne marche pas, qu'on marche d'ailleurs sur la
00:21:24tête et Emmanuel Macron et son futur Premier ministre doivent d'urgence
00:21:28s'inspirer de ce qu'a fait Michel Rocard en 1988. En 1988 c'était en
00:21:33core pire si on veut dire que ce que nous vivons actuellement parce qu'il y
00:21:36avait une guerre civile qui avait duré quatre ans, qui a fait 90 morts, qui s'est
00:21:41soldée par le massacre d'Ouvéa et qui a quand même, grâce à Michel Rocard,
00:21:47abouti aux accords de Matignon. Donc en 1988 on a su ramener la paix.
00:21:51Alors qu'avait compris très concrètement Michel Rocard que visiblement
00:21:55Emmanuel Macron n'a absolument absolument pas compris.
00:21:58Alors Emmanuel Macron et son entourage et les hauts fonctionnaires dépêchaient
00:22:02sur place. Il avait compris que l'action politique doit intégrer la
00:22:06dimension spirituelle des canaques pour régler le conflit parce que d'une façon
00:22:10ou d'une autre, qu'ils soient protestants ou catholiques, ils sont tous
00:22:14fortement imprégnés de christianisme. Parmi les 34 personnalités invitées à
00:22:20rencontrer Emmanuel Macron à son arrivée à Nouméa le 23 mai dernier,
00:22:23aucun représentant des cultes n'était invité. Aucun. Tous dans l'entourage de
00:22:31Nouvelle-Calédonie, enfin tous parmi les invités, ont trouvé que c'était
00:22:34totalement saugrenu, qu'il manquait une dimension.
00:22:36Tous savent qu'on ne peut pas composer avec les canaques sans leur parler
00:22:42spirituellement ou religieusement ou tout au moins sans évoquer la notion
00:22:46même de paix sans qu'elle soit reliée à quelque chose de spirituel. Je vous donne
00:22:49un exemple. Rock Vamitan qui est à la fois le président du congrès de la
00:22:54Nouvelle-Calédonie, donc c'est quand même l'un des plus hauts postes, et qui est aussi le
00:22:58président du FNKS, le Front de Libération Nationale Canaques et
00:23:02Socialistes. C'est un chrétien fervent, un catholique fervent. Il cite dans ses
00:23:07meetings politiques l'évangile de Saint Jean et le Deutéronome. Vous voyez où on
00:23:11en est. La religion chrétienne, elle a ses spécificités, elle fait complètement
00:23:16partie du corpus politique des néo-calédoniens et en particulier des
00:23:22canaques. Pourquoi ? Parce que les missionnaires catholiques et protestants
00:23:25sont arrivés en 1843, c'est-à-dire dix ans avant la prise de possession du
00:23:30territoire par la France. Et dans leur histoire, c'est très important parce que
00:23:35les prêtres et les pasteurs ont été en première ligne pour défendre les canaques,
00:23:39pour l'obtention de leurs droits civiques, pour la scolarisation de leurs
00:23:43enfants. Donc il y a un attachement quand même à ce qui est religieux et à une
00:23:48émancipation qui est venue justement d'une tutelle des missionnaires, disons-le.
00:23:53Et pour vous donner un exemple, Jean-Marie Djibahou, qui était la grande
00:23:58figure des indépendantistes et qui est encore évoquée en ce moment par
00:24:03certains indépendantistes, c'était un ancien prêtre catholique. Et
00:24:06celui qui l'a assassiné en 1989, c'était un ancien pasteur. Et les églises, donc
00:24:12protestantes et catholiques, ont joué un rôle majeur pour arriver à réconcilier
00:24:19cette espèce de querelle, de guerre fratricide à l'époque, en 1989. Donc
00:24:24qu'avait compris Michel Rocard ? Il avait compris qu'il fallait vraiment jouer à
00:24:28plein le religieux. Lui-même était protestant, Premier ministre à l'époque,
00:24:32donc. Et il a dépêché pour mettre au point les accords de Matignon en 1988 un
00:24:41chanoine, Paul Gilberto, un pasteur, Jacques Stewart. Ça serait aujourd'hui
00:24:47inconcevable d'imaginer que le Président emmène dans ses valises un
00:24:51prêtre et un pasteur. Vous imaginez donc en 40 ans quand même le chemin qui a
00:24:54été fait pour passer finalement à autre chose qu'une certaine façon de faire de
00:25:00la politique à l'ancienne ou à la papa, comme on dirait aujourd'hui. Mais n'empêche
00:25:02qu'à l'époque ça marchait. Et qu'aujourd'hui on n'a plus les clés pour
00:25:05faire en sorte que ça marche. Donc aujourd'hui, prêtres et pasteurs,
00:25:08d'ailleurs, franchement dans l'archipel, regrettent de ne pas être associés au
00:25:12processus de paix. Il faut savoir que le jour de la Pentecôte, il y a une grande
00:25:15prière occuménique où finalement tous les responsables religieux ne mâchaient
00:25:20pas leurs mots. Ils avaient tous le même message. L'île la plus proche du paradis
00:25:24est devenue l'île la plus proche de l'enfer. Tant de propos politiques sont
00:25:28disqualifiés. Ils ne sont plus audibles. Ils ne sont plus crédibles. Il ne reste
00:25:32que l'autorité de l'évangile. C'est fort quand même. Alors Emmanuel Macron
00:25:36aura-t-il comme Michel Rocard la sagesse de s'en souvenir ? Parce que
00:25:40finalement Michel Rocard a été extrêmement fin dans la façon de
00:25:44percevoir les choses et d'arriver à les régler en appuyant sur ce levier du
00:25:48religieux. Et ça a marché d'ailleurs. À l'époque, ça a vraiment marché. Donc on
00:25:52se rend compte qu'il y a quand même vraiment, au-delà des blocages
00:25:54institutionnels et constitutionnels propres à l'archipel, il y a vraiment une
00:25:58société à réinventer, à vivre ensemble. J'aime pas le mot. Emmanuel Macron parle
00:26:03lui de contrat social à remettre en route. Mais on se rend compte que c'est
00:26:07pas la politique spectacle qui marche et qu'il y a vraiment un impensé, c'est le
00:26:12religieux, à remettre en route. Merci pour cet éclairage Véronique, c'était
00:26:16passionnant. Ce qui est dingue lorsque j'écoute Véronique, c'est qu'on ne sait
00:26:19pas tirer les enseignements du passé. C'est évident, même si le monde a
00:26:23changé, mais quand même. D'abord, je salue le choix de ces dédiccaux par
00:26:28Véronique Jacquet parce que ce sont des heures terribles que vive la Nouvelle-Caïdonie
00:26:31et que vivent aussi les autres Outre-mer parce que ce qui se passe
00:26:36en Nouvelle-Caïdonie est observé de très très près en Guadeloupe, en Martinique, à
00:26:40La Réunion, où vous avez aussi des indépendantistes qui sont sur les
00:26:46braises, j'ai envie de dire. Deux, trois petites choses très très rapidement.
00:26:48Michel Rocard, que j'ai bien connu étant jeune, qui était effectivement je pense
00:26:53un grand homme d'Etat, il a quand même commis une erreur historique majeure.
00:26:57C'est de prévoir trois référendums sur l'indépendance de la
00:27:02Nouvelle-Caïdonie, les deux autres étant prévus qu'en cas de refus du
00:27:07maintien de la République française. Et je trouve que ça a été une erreur
00:27:10politique majeure. Il aurait fallu voter une fois et une seule fois et passer à
00:27:14autre chose. C'était faire le jeu des indépendantistes que de pouvoir remettre
00:27:17sur la table la question de l'indépendance à tous les 4-5 ans.
00:27:21L'autre chose que je voudrais dire c'est que je crains que votre édition n'en
00:27:26reparle dans quelques jours. Bien sûr. Parce qu'il y a une force politique en
00:27:30Nouvelle-Caïdonie qui est l'Union calédonienne, qui est une principale force
00:27:33politique, qui a annoncé en juin dernier, et je trouve que c'est passé sous les
00:27:36radars, ils ont tenu un congrès, ils ont annoncé que le 24 septembre prochain,
00:27:41ça ça va aussi être un sujet pour un gouvernement à nommer
00:27:46urgemment, ils déclareraient l'indépendance de la Nouvelle-Caïdonie et
00:27:51qu'ils allaient choisir une voie d'indépendance immédiate et pas
00:27:56renvoyée dans 6 mois, dans 3 ans, dans 5 ans. Et donc quand vous parlez de
00:28:01guerre civile, je crains malheureusement qu'on y arrive. Parce que si vous avez
00:28:04l'Union calédonienne, qui est une des principales forces politiques, qui déclare
00:28:07de facto et de juré l'indépendance de la Nouvelle-Caïdonie, mais on rentre dans
00:28:13autre chose. Et le dernier point, je voudrais saluer l'importance du religieux en
00:28:17bon Alsacien laïque, mais qui n'a pas peur du dialogue des religions, comme tous
00:28:21les Alsaciens. Je rappelle que sur tous les grands
00:28:24événements majeurs, le religieux est toujours présent. Aux Jeux olympiques, il y a une
00:28:28cérémonie inter-œcuménique, enfin œcuménique de tous les cultes. Les accords d'Abraham
00:28:33qui ont été signés en 2020, entre Israël, le Bahreïn, les Émirats arabes unis, les
00:28:37Etats-Unis. Il y avait un dispositif prévu de dialogue des religions. Cette
00:28:41dimension-là, elle est nécessaire et elle est parfaitement compatible avec la
00:28:44laïcité, à chacun sa place.
00:28:46Est-ce que quelqu'un veut réagir ? Alors c'est très rapide.
00:28:48Moi, je veux bien juste dire un mot.
00:28:49C'est important aussi.
00:28:51Très, très rapidement. C'est qu'en effet, je pense que c'était extrêmement
00:28:55intéressant de vous écouter, notamment sur la question religieuse, qu'il y ait
00:28:59des inégalités, entre guillemets, structurelles en Nouvelle-Calédonie,
00:29:02touchant les Kanaks. Ça me paraît être un point qui doit être discuté, vu en
00:29:07face et sans déni. Mais ce qui me sidère, aussi bien touchant la Nouvelle-Calédonie
00:29:13d'ailleurs que touchant certains pays africains comme le Mali, ce sont des gens
00:29:17qui prétendent lutter pour l'indépendance de leur territoire et qui rentrent en
00:29:22convergence d'intérêts avec les empires les plus coloniaux et les plus brutaux
00:29:27d'aujourd'hui, avec l'Azerbaïdjan qui a fait pas moins qu'une épuration
00:29:31ethnique des Arméniens, dans le Haut-Karabakh, avec la Chine, etc., et qui
00:29:38fait ce qu'on fait, ce qu'on sait aux Ouïghours en les mettant dans des
00:29:40camps de concentration et en les stérilisant, et qui étend évidemment son
00:29:44empire où qu'elle peut, et qui veut le faire à Taïwan. Donc c'est vraiment
00:29:48quelque chose là qui est une contradiction très, très profonde, qu'on observe
00:29:51au Mali, avec des gens qui prétendent lutter contre l'influence française et
00:29:54pour l'indépendance de leur pays et qui se vendent à la Russie. Comment peut-on
00:29:58être indépendantiste et se coucher devant les grands empires coloniaux du
00:30:02XXIe siècle ? Et à ma connaissance, la France a été un empire colonial, mais
00:30:07elle n'est pas le grand empire colonial du XXIe siècle. Il ne faut pas tout
00:30:09inverser. Il faut séparer, faire la part des choses entre l'histoire et la
00:30:13géopolitique présente.
00:30:15Allez, on marque une pause pub et on se retrouve avec vous, Jonathan Cixous.
00:30:19Je serai là.
00:30:20Vous serez là. Allez, à tout de suite.
00:30:22Deuxième mi-temps pour Face Info, avec mes fines lames ce soir, Véronique
00:30:29Jacquet, Michel Thaube, Nathan Devers et Jonathan Cixous.
00:30:33On va poursuivre avec vous, mon cher Jonathan.
00:30:36Vous êtes intéressé à cette note publiée par l'Observatoire de
00:30:39l'immigration et de la démographie, une note provenant de l'ancien directeur
00:30:43de la police aux frontières, qui tire carrément la sonnette d'alarme.
00:30:47Son nom, c'est Fernand Gontier.
00:30:49Et selon lui, la France ne contrôle pas suffisamment ses frontières.
00:30:53Expliquez-nous pour quelles raisons, mon cher Jonathan.
00:30:55Oui, c'est Figaro qui s'en est fait l'écho le premier, pour plusieurs raisons.
00:31:00La première, elle se résume en fait à une simple formule.
00:31:03C'est une faute de moyens.
00:31:05L'État ne débloque pas un budget suffisant pour permettre un contrôle
00:31:08strict et rigoureux de nos frontières intérieures.
00:31:11Les frontières intérieures, c'est les frontières de l'Hexagone, les
00:31:13frontières contenues dans l'espace Schengen, parce qu'on verra un peu
00:31:16plus tard qu'il y a les frontières extérieures.
00:31:18C'est une autre histoire et c'est donc un autre problème.
00:31:21Et pourtant, on l'a vu avec les Jeux olympiques.
00:31:23Quand l'État se donne les moyens d'appliquer sa politique sécuritaire,
00:31:27ça fonctionne et ça fonctionne même très bien.
00:31:30Plutôt pas mal.
00:31:31Oui, à ma connaissance.
00:31:33Là, en l'occurrence, on voit que les agents de la police aux frontières
00:31:37font leur travail, mais ils ne sont pas assez nombreux.
00:31:39Ils manquent de matériel et ils pâtissent aussi d'un problème très français.
00:31:44La jungle administrative dans laquelle différents services effectuent
00:31:48différentes missions et bien sûr, sans en informer les autres.
00:31:52On appelle ça comment une espèce de manque de synergie,
00:31:57de coordination, c'est un manque de coordination.
00:32:01C'est d'ailleurs le terme employé par Fernand Gontier.
00:32:06C'est exactement ça.
00:32:08Parce qu'il y a deux missions qui l'expliquent très bien.
00:32:09D'un côté, il y a la police aux frontières qui s'occupe des personnes
00:32:14et de l'autre, il y a les douanes qui s'occupent des marchandises.
00:32:17Jusque là, tout va bien.
00:32:19Mais il y a en fait une foultitude d'autres services qui sont censés
00:32:23les assister directement ou indirectement.
00:32:26Il s'agit de la police et de la gendarmerie, bien sûr, qui surveille
00:32:30aussi d'ailleurs parfois les frontières et les côtes nationales.
00:32:35Et il y a d'autres services qui travaillent à l'étranger.
00:32:38On appelle ça dans les pays sources, comme on dit.
00:32:42Tout ça, ça fait du monde.
00:32:43Et cette note de l'OID nous apprend quoi?
00:32:46Il n'y a aucun chef pour coordonner toutes ces actions.
00:32:50C'est pour ça, c'est pourquoi Fernand Gontier écrit
00:32:53il y a une tendance des services à s'autonomiser
00:32:56en l'absence d'une organisation structurée.
00:32:59Ça veut dire que chacun fait ce qu'il veut, comme il peut.
00:33:01Donc il y a un manque de moyens, mais ça veut dire quoi très concrètement?
00:33:05Il y a du matériel.
00:33:07Il y a des outils pour travailler correctement.
00:33:10Il y a de nombreux outils qui permettent de détecter la présence
00:33:12de personnes cachées dans les véhicules, par exemple.
00:33:15En disant ça, je pense aux malheureux qui se cachent dans les camions.
00:33:18Ils font la traversée par le tunnel de la Manche.
00:33:21La technologie développée nous permet quoi?
00:33:23Elle permet, par exemple, d'avoir des détecteurs thermiques,
00:33:26des détecteurs de gaz carbonique, mais aussi des détecteurs
00:33:29de battements cardiaques, voire même des, comment dire,
00:33:32des sortes de visionneuses de silhouettes à l'intérieur des cloisons
00:33:36des véhicules.
00:33:37Tous ces outils existent, mais ils ne sont quasiment pas utilisés
00:33:41aux frontières terrestres, aux frontières intérieures.
00:33:45Encore une fois, vous verrez pourquoi je fais cette distinction.
00:33:49Et c'est aussi ce qui est pointé dans ce rapport.
00:33:52Tout ce matériel est surtout déployé dans les ports et dans les aéroports,
00:33:56pas dans ces frontières intérieures qui représentent pourtant,
00:33:59nous dit Fernand Gontier encore, 90% de l'immigration clandestine,
00:34:04le passage de 90% de l'immigration clandestine
00:34:07sur le territoire national.
00:34:09Et puis, l'ancien directeur de la police aux frontières
00:34:12soulève aussi un autre problème qui est aussi lié directement
00:34:15au manque de moyens.
00:34:16Et ça n'est pas un détail.
00:34:17C'est la formation de ces agents.
00:34:20Les nouvelles recrues, par exemple, quand elles arrivent,
00:34:23elles doivent être formées de plus en plus rapidement
00:34:25et elles sont formées en 15 jours, 15 jours maximum
00:34:28pour pouvoir enfin assister des policiers dans leur mission.
00:34:32Et vous imaginez bien que c'est forcément la qualité même du contrôle
00:34:36qui est affectée par cela.
00:34:38L'ancien fonctionnaire de la police en profite aussi pour souligner,
00:34:41je cite encore, la formation de la police nationale et désormais
00:34:45l'académie de police qui a été récemment créée, ont oublié,
00:34:49ou ils mettent oublié entre guillemets, de mettre en place
00:34:52une filière de formation des gardes frontières.
00:34:55Cette formation est à ce jour assurée par la police aux frontières elle-même
00:34:58sur site avec ses propres moyens.
00:35:00En d'autres termes, on apprend le métier entre collègues et sur le terrain.
00:35:03Formidable. Et quelle est la situation aux frontières européennes, Jonathan ?
00:35:07Ce n'est pas beaucoup plus brillant, on dirait.
00:35:09Bon, super.
00:35:10Mais parce qu'il y a un manque de coopération entre les pays membres de l'Union.
00:35:14Pourtant, et c'est là où ça change à l'échelle européenne.
00:35:17Là, il y a un budget conséquent qui a été débloqué et ce jusqu'en 2027.
00:35:21On parle quand même de près de plus ou moins, selon les années,
00:35:25900 millions d'euros par an alloués à Frontex.
00:35:29Vous savez, c'est l'agence chargée de surveiller les frontières de l'Union.
00:35:33Ça permet quand même actuellement d'avoir environ 10 000 gardes frontières,
00:35:37maritimes et côtiers, gardes côtes et gardes frontières déployées sur le terrain.
00:35:41Ça n'est pas rien.
00:35:42Mais là où la situation devient totalement ubuesque, en fait,
00:35:46elle prêterait même à sourire s'il n'y avait pas dans la balance
00:35:48la question des souverainetés nationales et surtout le sort de centaines
00:35:52de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sans ressources absolues.
00:35:56C'est que d'un côté, vous avez Bruxelles qui dépense des milliards
00:36:00pour assurer, surveiller correctement les frontières de l'Europe.
00:36:03Et de l'autre côté, vous avez la doctrine migratoire de la Commission européenne
00:36:08qui empêche que ces frontières soient correctement surveillées.
00:36:12On marche sur la tête et on se souvient de Fabrice Leggeri,
00:36:15le directeur de Frontex, qui avait jeté l'éponge.
00:36:17Il avait démissionné en 2022 parce que la Commission lui reprochait quoi ?
00:36:21En gros, de faire correctement son travail, à savoir refouler les migrants
00:36:25illégaux qui se présentaient aux frontières de l'Europe.
00:36:27Et alors, en deux mots, les conclusions que tire l'ancien directeur
00:36:31de la police aux frontières ?
00:36:33Il y a une conclusion, dirais-je, contrastée, pour ne pas dire en fait
00:36:35de conclusion, parce qu'il y a une conclusion qui concerne les frontières
00:36:39extérieures, donc les frontières européennes.
00:36:41Là, il est plutôt positif.
00:36:43Il dit que la situation est plutôt satisfaisante parce qu'il y a quelques
00:36:4610 000 refoulés par an, même s'il pointe un flux, je cite, atypique
00:36:51et élevé à l'heure actuelle en direction de la Grande-Bretagne.
00:36:54En revanche, la conclusion est nettement plus dramatique si on s'en tient
00:36:58à nos frontières intérieures, les fameuses frontières de l'Hexagone.
00:37:01Il tire, vous le disiez en ouverture Thierry, la sonnette d'alarme.
00:37:05Il estime que la situation est très dégradée pour différents points.
00:37:09Et je vous lis simplement sa conclusion.
00:37:11Il dit la sécurité des Français commence aux frontières,
00:37:14selon l'expression courante.
00:37:15Mais on peut compléter en disant que l'insécurité aussi,
00:37:19l'immigration illégale subie et massive, devient ingérable,
00:37:23dangereuse et déstabilisante pour les démocraties et nos modes de vie.
00:37:28Je vous rappelle qu'il y a quelques mois, le très libéral Royaume de Danemark
00:37:32avait totalement revu sa politique migratoire, jusque là très accueillante,
00:37:37au nom de la cohésion sociale des Danois.
00:37:40Très précisément, le document est consultable sur le site
00:37:45de l'Observatoire de l'immigration et de la démographie.
00:37:49Je doute de vous à moi que certaines personnes au Conseil d'État
00:37:53n'allieront cette note, qui est pourtant d'une clarté et plutôt percutante.
00:37:58Ces gens du Conseil d'État, souvenez-vous, ce sont eux qui, en février dernier,
00:38:01avaient publié, avaient rendu une décision qui désormais interdit
00:38:06d'expulser tout migrant contrôlé illégalement de façon irrégulière
00:38:10et qui se présente aux frontières de l'Europe et de la France en particulier.
00:38:13Merci pour ce focus.
00:38:15C'est encore une fois un dossier
00:38:18ô combien prioritaire pour le futur gouvernement.
00:38:21On n'arrête pas à dégrainer, effectivement, Véronique Jacquier.
00:38:25Oui, pas que pour le futur gouvernement, c'est toute l'Europe.
00:38:28Toute l'Europe, bien sûr, mais en l'occurrence pour le gouvernement français.
00:38:30Il y a eu la réforme asile et immigration au printemps,
00:38:36qui a été votée par tous les pays de l'Union européenne.
00:38:39Et 15 d'entre eux, une fois que c'était voté,
00:38:42alors qu'il a fallu d'ailleurs des mois pour mettre cette réforme au point,
00:38:47une quinzaine de pays européens
00:38:50étaient déjà dans les starting blocks pour dire non,
00:38:52mais on sait que ça ne suffit pas.
00:38:53Donc, la prochaine étape,
00:38:54c'est d'externaliser les demandes d'asile auprès de pays tiers.
00:38:58Donc, on marche complètement sur la tête.
00:39:00On fosse fort pendant des mois sur une réforme dont on sait
00:39:05qu'elle ne sera pas suffisante une fois qu'on la met en vigueur.
00:39:08Donc, qu'est ce qui se passe ?
00:39:10Eh bien, on a l'Italie qui délègue à l'Albanie
00:39:14le fait de s'occuper des ressortissants,
00:39:17des migrants qui ont été repêchés dans les eaux italiennes,
00:39:21mais dont l'Italie ne veut pas s'occuper.
00:39:23On a le Danemark qui rêve de faire comme le Royaume-Uni
00:39:26en externalisant avec les demandes d'asile au Rwanda.
00:39:30Il faut quand même rappeler que les demandes d'asile
00:39:31dans l'Union européenne en 2023, c'est un million.
00:39:36Un million de demandes d'asile.
00:39:37Mais vous voyez ce qui nous attend.
00:39:40Or, d'ailleurs, le grand défi migratoire est devant nous
00:39:43parce que là, ce n'est pas encore toute l'Afrique
00:39:45qui a traversé la Méditerranée.
00:39:46Donc, il faut regarder les choses froidement.
00:39:48Et à mon sens, la seule politique qui vaille,
00:39:51c'est une véritable politique de coopération.
00:39:54C'est qu'est ce qu'on fait pour que ces pays
00:39:56de l'autre côté de la Méditerranée se portent le mieux possible
00:39:59pour garder tout simplement leurs ressortissants
00:40:01et qu'il y ait de fructueuses coopérations ?
00:40:04Michel, un rapide mot ?
00:40:06Deux, trois petits mots.
00:40:07D'abord, il faut dire que Fabrice Leggeri,
00:40:09que vous avez cité, mon cher Jonathan dans votre édito,
00:40:12est aujourd'hui député européen du Rassemblement national.
00:40:17Deuxième élément, il n'a jamais été écrit,
00:40:20et ça, en tant que partisan, je sais quand je dis ça,
00:40:25je reçois des volets de bois vert, mais je le maintiens.
00:40:28Il n'a jamais été écrit dans les textes fondateurs
00:40:29de l'Union européenne que nous devrions être immigrationnistes
00:40:33et ouverts aux quatre vents des produits venant du monde entier
00:40:37et des immigrés venant par millions de partout.
00:40:41Ce n'est pas écrit dans les textes de l'Union européenne.
00:40:43Il y a une déviance de la part de l'Union européenne,
00:40:45notamment de Bruxelles, mais ça ne correspond pas
00:40:49aux textes fondateurs et aux piliers,
00:40:51aux idées initiales de l'Union européenne.
00:40:54Et puis, dernier point, de toute façon,
00:40:55la pression migratoire est déjà tellement importante
00:40:58en Méditerranée et, par exemple, dans la Manche,
00:41:00pour ne pas parler des frontières terrestres,
00:41:03qu'il faudra mettre des moyens beaucoup, beaucoup plus importants
00:41:07si on veut éviter une subversion migratoire.
00:41:11On enchaîne avec vous, mon cher Nathan Devers.
00:41:13On va parler, et vous avez souhaité évoquer,
00:41:15la situation au Moyen-Orient.
00:41:17Les négociations, je l'ai dit, en vue d'obtenir la paix,
00:41:19semblent au point mort, hélas.
00:41:21La situation demeure plus que jamais tendue
00:41:23puisque l'arrivée d'Antony Blinken hier en Israël
00:41:26a même coïncidé avec un attentat terroriste
00:41:28qui n'a fait qu'un blessé léger, heureusement.
00:41:31Oui, cela fait maintenant dix mois, plus de 300 jours
00:41:36que le conflit a commencé à la suite du 7 octobre.
00:41:40Entre Israël et le Hamas, dans la bande de Gaza,
00:41:42et que toute la région, non seulement est déstabilisée,
00:41:46mais retient son souffle,
00:41:47et que toute la société israélienne réclame,
00:41:51bien sûr, le retour des otages.
00:41:53Dans ce contexte, les négociations qui sont dans un…
00:41:56enfin, qui ont connu beaucoup, beaucoup d'échecs
00:41:59au cours des derniers mois,
00:42:00sont peut-être sur le point de connaître un tournant.
00:42:04Et en effet, Antony Blinken, secrétaire d'État américain,
00:42:07s'est rendu en Israël hier.
00:42:09C'était la 9e fois qu'il y allait depuis le début du conflit.
00:42:13Et il y allait dans un contexte où les États-Unis,
00:42:16l'administration Biden,
00:42:17venaient d'approuver une vente d'armes vis-à-vis d'Israël
00:42:22à hauteur d'à peu près 20 milliards de dollars,
00:42:24et comportant notamment 50 avions de chasse F-15.
00:42:28Donc, ce que je veux dire par là,
00:42:30c'est qu'il arrivait tout à la fois dans la région
00:42:32en se posant comme un personnage, entre guillemets, de médiateur
00:42:35ou de quelqu'un qui allait essayer de peser dans les négociations
00:42:38avec tous les partenaires, évidemment, régionaux,
00:42:41et aussi en ayant montré son soutien renouvelé,
00:42:45le soutien renouvelé de son administration
00:42:47vis-à-vis de l'État d'Israël.
00:42:49Mais en effet, comme vous l'avez dit,
00:42:51au moment même à peu près, quelques heures près,
00:42:53où il atterrissait, une explosion a eu lieu
00:42:56dans le sud-est de Tel Aviv,
00:42:57dans une rue qui n'est pas extrêmement fréquentée,
00:43:00et avec quand même une explosion très importante.
00:43:03Et les investigations sont en train de montrer
00:43:05que manifestement, c'était un attentat suicide
00:43:07qui a été revendiqué d'ailleurs par le Hamas et le djihad islamique,
00:43:10et que le terroriste qui s'apprêtait à commettre ces actions
00:43:15voulait le faire dans un stade,
00:43:16donc pour tuer éventuellement des centaines,
00:43:18peut-être plus de gens,
00:43:19parce qu'il y avait un match ce soir-là,
00:43:21grand stade de Tel Aviv,
00:43:22et que probablement il aurait mal activé son explosif
00:43:27qui lui aurait explosé alors qu'il marchait dans la rue.
00:43:32C'est vous dire juste une chose,
00:43:33c'est que la ville de Tel Aviv n'avait pas connu d'attentat à la bombe
00:43:36depuis extrêmement longtemps.
00:43:37Et qu'évidemment, tout cela rappelle le traumatisme de la seconde intifada,
00:43:41sachant que ces dernières années,
00:43:42les attentats qui ont eu lieu à Tel Aviv
00:43:44sont plutôt des attentats à l'arme automatique, au couteau, etc.
00:43:46Mais l'attentat à la bombe, c'est véritablement un traumatisme.
00:43:50Alors, dans ce contexte d'espoir, de traumatisme et de crainte mêlée,
00:43:54Anthony Blinken, comme Biden d'ailleurs,
00:43:56ont fait des déclarations plutôt optimistes,
00:43:58en disant que probablement nous étions dans le moment de la dernière chance,
00:44:03mais dans un moment où pour la première fois depuis plusieurs semaines,
00:44:05il y a quand même un petit espoir de retrouver des otages.
00:44:08Alors, je vous cite Anthony Blinken,
00:44:09c'est un moment décisif, c'est probablement la meilleure,
00:44:13peut-être la dernière occasion de ramener les otages chez eux,
00:44:16d'obtenir un cessez-le-feu et de mettre tout le monde sur la voie
00:44:20d'une paix et d'une sécurité durable.
00:44:22Mais comme souvent, entre les administrations américaines
00:44:26et la réalité du terrain,
00:44:28c'est-à-dire des représentants palestiniens et israéliens,
00:44:30il y a un véritable décalage.
00:44:32Parce que quand vous regardez pour l'instant l'état des négociations
00:44:35qui ont eu lieu à Doha, qui ont patiné,
00:44:37qui n'ont pas donné lieu à un accord signé
00:44:41et qui vont reprendre dans quelques temps.
00:44:43Mais quand vous regardez l'état des négociations,
00:44:45pour l'instant, le Hamas et les négociateurs israéliens
00:44:49se renvoient la balle du fait que ça n'a pas marché.
00:44:52Alors, d'une part, Netanyahou dit que c'est le Hamas
00:44:56qui a fait tout pour, enfin qui a manifesté un refus obstiné, je cite,
00:45:01et qui a fait tout en gros pour avoir des demandes
00:45:03qui étaient impossibles à concilier.
00:45:05Et d'autre part, je vous lis le communiqué du Hamas,
00:45:07nous faisons porter à Netanyahou l'entière responsabilité
00:45:10d'avoir fait échouer les efforts des médiateurs.
00:45:12Bon, en gros, quand on creuse un peu,
00:45:14il y a deux grands sujets de blocage dans ces accords.
00:45:18Le premier sujet de blocage, c'est la revendication du côté du Hamas
00:45:23que l'armée israélienne se retire d'un certain nombre d'endroits
00:45:25stratégiques de la bande de Gaza,
00:45:27à commencer par ce qui s'appelle le couloir de Philadelphie,
00:45:31qui est situé en fait à l'extrême sud de la bande de Gaza,
00:45:33au niveau de la frontière égyptienne.
00:45:36Ça fait quelques mois que l'armée israélienne a pris le contrôle de ça,
00:45:39et notamment le checkpoint de Rafah.
00:45:40Et en fait, elle a découvert, notamment au cours du mois de juillet,
00:45:44qu'il y avait plusieurs tunnels très importants
00:45:46entre la bande de Gaza et l'Égypte,
00:45:48des tunnels où parfois même des véhicules pouvaient passer
00:45:50et que très probablement, un certain trafic d'armes
00:45:53avait été utilisé à travers ces tunnels.
00:45:55Autrement dit que le contrôle du couloir de Philadelphie
00:45:59était jusqu'alors le poumon militaire du Hamas dans la bande de Gaza.
00:46:03Donc, on comprend très bien pourquoi le Hamas n'est pas content du tout
00:46:06qu'Israël détienne ce lieu, et on comprend très bien aussi
00:46:09pourquoi Israël ne veut pas se retirer de ce lieu.
00:46:11Et le deuxième sujet, c'est un sujet plus technique,
00:46:13mais c'est le droit de veto sur les prisonniers délivrés en échange.
00:46:16Parce qu'évidemment, dans les libérations d'otages,
00:46:18ça a toujours été comme ça.
00:46:19D'un côté, vous avez des civils israéliens,
00:46:21et de l'autre, vous avez des gens qui ont souvent été condamnés
00:46:25pour terrorisme, qui ont commis des meurtres,
00:46:27et souvent des meurtres de civils.
00:46:29Et Israël réclame le fait de ne pas pouvoir libérer n'importe qui,
00:46:34sachant, j'y reviendrai dans une seconde,
00:46:36mais que lors de la libération de Gilad Chalit,
00:46:38plusieurs personnes ont été libérées par Israël,
00:46:40qui ont été les mêmes qui ont participé aux attaques du 7 octobre.
00:46:45Quelle est la marge de manœuvre, la marge d'action d'Israël, Nathan ?
00:46:49Alors, depuis le début, Israël se retrouve dans une forme de dilemme
00:46:52à deux ou à trois dimensions.
00:46:55La première dimension, c'est Netanyahou qui l'a dit,
00:46:57et sur ce point, je pense que personne ne peut lui donner tort,
00:47:00même ses ennemis, c'est qu'entre le 6 et le 8 octobre,
00:47:03la carte du Moyen-Orient a radicalement changé.
00:47:05Et ce qui a changé, c'est la conscience que tout était possible dans la région.
00:47:10Jusqu'alors, on pensait que le Hamas se maîtrisait avec une grande barrière
00:47:14qui avait coûté plusieurs milliards de dollars,
00:47:16et avec l'argent du Qatar, on s'est rendu compte que ce n'était pas le cas.
00:47:19Jusqu'alors, on pensait que le Hezbollah était plus ou moins contrôlable,
00:47:23et là, pareil, on se dit, ce qui s'est passé le 7 octobre,
00:47:25ça peut tout à fait arriver du côté du Liban, etc.
00:47:28Donc, nécessité pour Israël, pour des raisons presque défensives.
00:47:31Je rappelle d'ailleurs que le concept d'attaque défensive
00:47:35qui avait été utilisé par l'armée israélienne en 1967
00:47:38est devenu un concept en philosophie politique,
00:47:40vous le retrouvez chez le philosophe spécialiste de la guerre, Michael Walzer.
00:47:43Donc, nécessité de faire ça, de détruire jusqu'au bout
00:47:47les infrastructures du Hamas et le pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza.
00:47:50Nécessité évidemment seconde de tout faire pour libérer les otages.
00:47:54Et ça, je rappelle aussi que c'était la position israélienne
00:47:58et que si l'attaque défensive a des racines en 1967,
00:48:01la libération des otages a aussi des racines dans l'histoire d'Israël,
00:48:04notamment ces dernières années, quand Gilead Chalit avait été retenu
00:48:08longtemps en otage dans la bande de Gaza.
00:48:11Et évidemment, aujourd'hui, il y aurait environ 110 otages
00:48:14retenus par le Hamas.
00:48:15On ne sait pas combien sont vivants et on ne sait pas combien sont morts.
00:48:17Et la troisième dimension est évidemment celle des civils de Gaza.
00:48:22Et j'y reviendrai dans un instant.
00:48:23Mais naturellement, la situation à Gaza est terrible.
00:48:25Alors, si je pouvais résumer la chose de cette manière,
00:48:28je dirais que ça nous rappelle le dilemme que décrivait Dostoyevsky
00:48:31dans les frères Karamazov, dans un chapitre qui est magnifique,
00:48:34où Yvan Karamazov va voir son frère en lui disant
00:48:38imaginons que le bonheur d'une société repose sur la souffrance d'un seul innocent.
00:48:44Imaginons, entre guillemets, que, autrement dit,
00:48:47que la raison d'État rentre en collision avec le bien-être
00:48:53ou la condition ou l'injustice que va vivre une seule personne
00:48:56qui ne l'a pas méritée.
00:48:57Et c'est exactement ça ce qui a lieu dans le débat public israélien
00:49:01depuis le 7 octobre.
00:49:02D'un côté, des partisans de la raison d'État qui estiment
00:49:05qu'il faut accélérer sur les dimensions militaires
00:49:07et ne pas trop transiger sur la négociation.
00:49:10Et de l'autre, des gens qui estiment que, quel qu'en soit le coup,
00:49:13il faut libérer absolument les otages.
00:49:15Alors, j'aimerais juste dire deux choses.
00:49:16C'est que, dans ce contexte, d'une part, les manifestations
00:49:19en faveur de la libération des otages se multiplient à Tel Aviv.
00:49:22Il y a des milliers de personnes là qui ont été ces derniers jours.
00:49:25Et que, de l'autre, le président israélien lui-même,
00:49:27qui n'a pas de pouvoir exécutif, mais qui a un pouvoir symbolique,
00:49:29a déclaré hier qu'il n'y avait pas de cause humanitaire
00:49:33et politique plus grande que cette libération,
00:49:35quel qu'en soit le prix.
00:49:36Donc, lui, il semble être plutôt du côté d'un accord
00:49:38qui mènerait à un cessez-le-feu, à une libération des otages.
00:49:41– Et justement, pour compléter vos propos,
00:49:43une dépêche de l'AFP qui vient de tomber à l'instant
00:49:46dans le cadre de ce plan de trêve à Gaza, Netanyahou,
00:49:48veut la libération du maximum d'otages vivants
00:49:50dès la première phase.
00:49:51Ça vient de tomber, on est pile-poil dans l'inquiétude.
00:49:54– C'est exactement ce que j'étais en train de…
00:49:55– Et donc, justement, quelle pourrait être l'évolution dans la région
00:49:58en cas, on l'espère, de négociations ou quoi ?
00:50:01– Je dirais qu'il y a plusieurs inconnus.
00:50:03Un cessez-le-feu, ce n'est pas la fin de la guerre.
00:50:05Mais évidemment que c'est la première étape vers cette perspective.
00:50:08Que le reproche qu'on peut faire à Israël de toutes les manières,
00:50:10c'est qu'ils n'ont peut-être pas suffisamment pensé
00:50:13quand ils ont commencé la guerre à Gaza,
00:50:16en tout cas, les opérations à Gaza,
00:50:19ils n'ont pas suffisamment parlé de la perspective
00:50:21de ce que deviendrait Gaza demain.
00:50:23En l'occurrence, s'il est évident qu'Israël ne compte pas
00:50:26reconstruire les implantations du Gouj-Ketif,
00:50:29c'est-à-dire des villes qui étaient habitées par des Israéliens
00:50:31dans la bourgogne de Gaza,
00:50:32ce qui n'est pas très clair, c'est la question
00:50:34de la présence militaire israélienne,
00:50:36parce que ce qui n'est pas très clair, c'est la question de savoir
00:50:38qui va diriger et gouverner Gaza dans les prochaines années.
00:50:42Est-ce que nous allons avoir affaire à un anéantissement
00:50:45complet définitif du Hamas ?
00:50:47Est-ce que nous allons avoir affaire à une sorte de mandat officieux,
00:50:51mais d'un pays étranger ?
00:50:52Je ne sais pas, par exemple, des Émirats,
00:50:54ou par exemple de l'Arabie saoudite.
00:50:55Je rappelle quand même qu'avant le 7 octobre,
00:50:57la plupart des infrastructures de la bande de Gaza
00:50:59a été financée par des pays étrangers,
00:51:02et notamment par le Qatar, donc il y avait un entrisme étranger.
00:51:05Ça, c'est la première inconnue.
00:51:07La deuxième inconnue qui va de pair, concernant la Cisjordanie,
00:51:10c'est la question aussi du pouvoir du Hamas en Cisjordanie.
00:51:12Et on n'en parle jamais.
00:51:13Et je pense que c'est une grande erreur de la presse internationale
00:51:15que de ne pas voir qu'en Cisjordanie,
00:51:17une très très grande partie, en fait la large majorité de l'opinion publique,
00:51:20est globalement favorable au Hamas,
00:51:22parce qu'elle conteste l'autorité palestinienne.
00:51:24Il y a des raisons de la contester,
00:51:25il n'y a pas eu d'élection depuis quasiment 20 ans,
00:51:28mais que donc l'autorité palestinienne est suspendue à un fil.
00:51:31J'ouvre une parenthèse pour vous montrer qu'il y a une forme d'équivoque sur cela,
00:51:35pour dire que Rima Hassan, c'est les journalistes du Point
00:51:38qui ont révélé cela, aurait été, je dis, au conditionnaire,
00:51:41parce qu'elle a fait une interview où elle a dit que ce n'était pas tout à fait le cas.
00:51:44Elle a nuancé, oui.
00:51:46Mais les arguments des journalistes du Point sont quand même assez solides,
00:51:48auraient été aperçus, filmés et photographiés,
00:51:51et elles se seraient même mises en scène sur les réseaux sociaux,
00:51:53le 16 août à Amman, dans une manifestation en faveur de la cause palestinienne,
00:51:57où on a vu des drapeaux et des slogans,
00:52:00et où on a entendu des slogans islamistes.
00:52:02Il y a évidemment l'inconnu du Liban, mais je ne veux pas être trop long,
00:52:05mais ce que j'aimerais juste rappeler, c'est que les vraies clés de la situation,
00:52:08elles ne sont ni à Tel Aviv, ni à Gaza, ni à Beyrouth, elles sont à Téhéran,
00:52:12parce que toute cette guerre est financée, organisée, nourrie idéologiquement
00:52:18par la théocratie islamiste du régime de Téhéran,
00:52:22et que je pense qu'en tant que Français,
00:52:24nos pensées doivent être dirigées vers la population civile iranienne,
00:52:28qui fait preuve d'un héroïsme absolu,
00:52:31qui sacrifie littéralement sa vie pour la liberté, pour sa propre liberté,
00:52:35et puis aussi pour la liberté de la région,
00:52:38et pour la possibilité d'un Moyen-Orient
00:52:40qui trouverait les véritables conditions de sa paix.
00:52:43– Merci beaucoup pour cet éclairage ce soir.
00:52:45On ne va pas avoir beaucoup de temps Michel,
00:52:48je peux vous donner la parole si vous le souhaitez.
00:52:50– Très très rapidement.
00:52:51– Mais on va terminer avec vous, alors très rapidement.
00:52:54– Très rapidement, parmi les 1 000 prisonniers palestiniens
00:52:58qui ont été libérés en échange du corps de Gilad Shaït,
00:53:05il y avait l'actuel nouveau président, chef politique du Hamas,
00:53:11et qui est considéré comme un des durs du Hamas.
00:53:15Et il y a une information qui a été très peu relayée,
00:53:18fin juin, début juillet, à Pékin, 14 organisations palestiniennes,
00:53:23dont l'OLP de Marmoud Abbas et le Hamas,
00:53:27ont signé un accord qui est presque historique,
00:53:30par lequel ils s'engagent à gouverner ensemble la dite Palestine,
00:53:33Hamas plus Cisjordanie, et qui là aussi, il ne faut pas en douter un instant,
00:53:40renforce la position des durs, c'est-à-dire du Hamas,
00:53:43et je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites Nathan,
00:53:45en Cisjordanie, les pro-Hamas sont à mon avis de plus en plus nombreux.
00:53:49– Allez, vous allez m'obliger à faire un grand pas,
00:53:51puisque le sujet que vous avez souhaité aborder pour terminer ce Face Info
00:53:56n'a strictement rien à voir, quoique vous allez nous raconter
00:54:00une histoire de quiches Lorraine, vendues à la place d'une quiche au fromage,
00:54:06et ça crée un véritable drame à Vénitieux, chez un boulanger, racontez-nous tout.
00:54:12Et il ne vous reste pas beaucoup de temps pour nous raconter l'histoire ?
00:54:15– Je vais résumer mon propos.
00:54:18Ça pourrait s'appeler la chronique ordinaire de faits divers,
00:54:23qui sont en fait malheureusement des faits de société
00:54:26qu'on voit de plus en plus dans notre société.
00:54:29C'est Radouane Courac, chef du service politique de l'excellent magasin d'entrevues
00:54:33qui a révélé l'affaire, et ça a été repris dans le Parisien,
00:54:3620 minutes et d'autres médias.
00:54:38À Vénitieux, dans la banlieue lyonnaise, une ville dans laquelle d'ailleurs
00:54:42on constate très souvent des problèmes de violence urbaine et d'ordre public
00:54:46qui sont malheureusement récurrents, il y a une boulangerie
00:54:50qui a finalement annoncé qu'elle allait fermer boutique,
00:54:54parce qu'après réflexion le boulanger a décidé qu'il ne pouvait plus tenir.
00:54:58Parce qu'effectivement une de ses collaboratrices a par mégarde
00:55:03vendu à une cliente une quiche au lardon, donc de porc,
00:55:08à la place d'une quiche au fromage.
00:55:10Et vexée, cette cliente est revenue avec ses frères et ses amis,
00:55:15et ensuite sur les réseaux sociaux de façon extrêmement agressive,
00:55:21est revenue à la boulangerie, s'en sont pris physiquement
00:55:24au personnel et au boulanger de cette commune de Vénitieux.
00:55:28La boulangerie a d'abord communiqué sur Facebook,
00:55:34sur la devanture de la vitrine de la boulangerie,
00:55:38que suite à un incident ce matin, notre boulangerie de Vénitieux
00:55:41ne proposera plus de produits à base de porc.
00:55:44Donc première concession de la part du boulanger,
00:55:47c'est qu'en fait, alors qu'il s'agissait juste d'une erreur factuelle,
00:55:51il a annoncé qu'il ne mettrait plus de porc,
00:55:53il ne vendrait plus de produits à base de porc dans sa boulangerie.
00:55:56Et malgré cette annonce, qui était déjà une forme de soumission
00:56:01à un diktat collectif et totalement provocateur et inadmissible,
00:56:07il a finalement annoncé qu'il allait tirer le rideau
00:56:11et essayer le plus vite possible de vendre sa boulangerie.
00:56:15Et en fait, je pense que cette situation est extrêmement grave
00:56:20elle ne se limite pas à Vénitieux, on l'a vu dans d'autres communes de France
00:56:25où il y a eu des faits équivalents, et je pense que cette situation
00:56:29ne doit pas être limitée en termes d'interprétation
00:56:32en ce qui se passe à Vénitieux.
00:56:34Ça veut dire quoi ces faits selon vous ?
00:56:36Selon moi, il y a deux problèmes.
00:56:38D'abord, il y a un problème de droit du commerce, tout simplement.
00:56:42C'est que la liberté de commercer est un principe très important
00:56:47dans une société démocratique, libérale, entre guillemets.
00:56:51Et c'est vrai que ce que l'on constate pour ce boulanger,
00:56:54et d'autres le constatent, c'est que la liberté des commerçants,
00:56:57et je vous invite à lire une très bonne tribune de Sofiane Damani
00:57:01dans mon magazine Opinion internationale qui développe ce point-là,
00:57:05la liberté des commerçants et la diversité des offres
00:57:08qui sont en jeu dans ces quartiers fait partie du tissu économique et social
00:57:12de nos pays développés.
00:57:14Refuser de céder à ces injonctions est un impératif d'une société libre
00:57:20sur le plan commercial.
00:57:22Et y céder constitue une forme de remise en question
00:57:26du principe du droit du commerce.
00:57:29Mais bien entendu, cette pratique sur le plan commercial
00:57:33renvoie à des faits que nous pouvons tous constater,
00:57:36à savoir qu'il y a de plus en plus de quartiers dans nos territoires,
00:57:41dans les grandes villes, dans les villes de taille moyenne,
00:57:44dans les petites villes, où vous ne trouverez plus
00:57:47que des boucheries halal, 100% halal.
00:57:49Et je précise bien sûr que je n'ai strictement rien contre les boucheries halal,
00:57:53bien au contraire, on y mange de très très bons produits,
00:57:56mais le problème c'est l'exclusivité des boucheries halal.
00:57:59C'est cela le problème.
00:58:00On voit de plus en plus des boulangeries qui refusent
00:58:04de mettre de l'alcool dans leurs pâtisseries.
00:58:07On voit des traiteurs chinois qui ne servent plus de porc laqué
00:58:11ni de nem au porc.
00:58:13Et le problème là, ce n'est pas le droit à pouvoir disposer
00:58:18de produits halal.
00:58:20Tous les commerces d'une certaine taille, les grandes chaînes d'épicerie
00:58:23proposent des rayons halal.
00:58:25C'est très bien.
00:58:26Mais le problème c'est le fait de ne plus avoir que ces produits-là.
00:58:29Et c'est ça le problème, c'est qu'en fait, qu'est-ce que l'on constate ?
00:58:33On constate que des minorités ont pris le pouvoir
00:58:37sur une population majoritaire et que des minorités manifestement
00:58:41veulent étendre à l'ensemble de leur territoire où ils vivent
00:58:44l'exclusivité de leurs propres pratiques,
00:58:47que ce soit de consommation, voire même d'habitude vestimentaire,
00:58:52voire même de conviction et d'expression de convictions les plus intimes.
00:58:56Et le fait de voir ces minorités prendre le pouvoir
00:59:00par des actions très concrètes, très simples,
00:59:03que ce soit avec le burkini dans certaines piscines ou sur des plages,
00:59:07que ce soit dans des commerces comme cette boulangerie de Vénissieux,
00:59:11là se pose le problème parce que d'une société de la diversité,
00:59:16on entre dans une société de l'univocité, mais où c'est en fait
00:59:20la loi unique d'une minorité qui s'impose à la majorité
00:59:23et qui ne correspond pas évidemment à une société.
00:59:26Et enfin, c'est une remise en question du principe de laïcité
00:59:30qui impose la neutralité dans l'espace public des convictions religieuses.
00:59:36Alors en fait, pas tout à fait, parce que la laïcité à la française
00:59:40limite cette neutralité aux administrations publiques.
00:59:44Une boulangerie n'est pas une administration.
00:59:47Donc vous me direz, conformément au principe de laïcité à la française,
00:59:50elles ont le droit de faire ce qu'elles veulent,
00:59:53mais la réalité, c'est que la population s'émeut de plus en plus
00:59:56de ne pas disposer de cette diversité de commerce et de services
01:00:00qui permettrait de pouvoir avoir des pâtisseries à base d'alcool.
01:00:05Ça rehausse le goût, pour ceux qui ne le savent pas,
01:00:08et ça concourt à l'excellence de la gastronomie française.
01:00:11Bref, la France, à beau être le pays où le couscous est devenu un plat national,
01:00:16le porc fait autant partie du patrimoine culturel de notre pays,
01:00:19et ceci depuis bien longtemps.
01:00:21– Merci pour cet édito.
01:00:23Petite réaction, il nous reste deux minutes,
01:00:25si l'un d'entre vous ou l'une d'entre vous souhaite s'exprimer, Nathan.
01:00:28– Juste une petite chose à dire, c'est que je trouve que vous avez raison
01:00:31de consacrer un édito à ce sujet, que ce n'est pas une anecdote.
01:00:34En le plus grand, c'est le symptôme d'une forme de prosélytisme.
01:00:37Que l'islam soit une religion orthopraxe où on respecte la loi pour se relier à Dieu,
01:00:41moi, je le comprends parfaitement.
01:00:43C'est pour ça, d'ailleurs, que je ne suis pas contre le port du voile.
01:00:45En revanche, je suis vraiment contre, et parce que, enfin,
01:00:49ce n'est pas que je suis contre, c'est qu'il est extrêmement dangereux
01:00:51que des membres d'une religion ne supportent pas que d'autres individus
01:00:55de la même religion ou d'une autre puissent ne pas croire en leur Dieu
01:00:59et respecter cette loi.
01:01:00Et donc, par exemple, c'est exactement là ce que vous avez décrit,
01:01:04et ça, c'est un phénomène qui doit collectivement nous inquiéter.
01:01:07– Véronique.
01:01:08– Deux choses me marquent.
01:01:09Tout d'abord, le boulanger en question a dit sur Facebook
01:01:12qu'il s'agissait bien d'un fait de société et non d'une agression isolée.
01:01:16Donc, il l'assume.
01:01:17En même temps, il n'est pas défendu.
01:01:20Moi, j'ai le sentiment qu'on a affaire à un homme seul.
01:01:22Et combien de Français doivent se retrouver dans cet homme
01:01:26qui a mené un combat sociétal, culturel et cultuel tout seul ?
01:01:34Mais où sont les responsables politiques pour défendre ce citoyen
01:01:38qui, à l'image de bien des Français, fait face finalement
01:01:41à la communautarisation de son quartier ?
01:01:44Il le dit lui-même, il bat en retraite, il vend son commerce,
01:01:48il va ailleurs parce qu'il n'est plus le bienvenu là où il se trouve.
01:01:51Je vous rappelle qu'à Bruxelles, en Belgique,
01:01:54dans certains quartiers, la vente d'alcool est interdite.
01:01:58Est-ce que c'est ce qui attend la France dans 10 ans,
01:02:01dans certains quartiers et dans certains villages ?
01:02:03Est-ce que c'est ce que nous voulons ?
01:02:05– C'est à craindre, parce que pour faire très vite,
01:02:08ce que vient de nous raconter Michel, effectivement, est un fait de société.
01:02:12Il y a trop d'exemples similaires qui se déroulent partout en France
01:02:15depuis trop longtemps et on en parle, mais on ne le combat pas.
01:02:21Et on ne peut que constater ce qu'on peut appeler
01:02:24ces petites victoires de la charia du quotidien,
01:02:26et c'est terrible en fait.
01:02:29– Merci les amis de m'avoir accompagné dans ce Face Info,
01:02:325 regards, 5 prises de hauteur sur des sujets d'actualité.
01:02:36Je voudrais remercier l'équipe qui m'a entouré,
01:02:38Sébastien Caquineau, Anaïs Thomas, Simon Guillain et Romain Goglin.
01:02:42Et vous pouvez revivre ces éditos sur notre site cnews.fr.
01:02:46Je vous retrouve dans quelques instants pour l'heure des pro 2.
01:02:49A tout de suite, restez avec nous, restez nos fidèles.

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