Face à l'Info Été (Émission du 19/07/2024)

  • il y a 2 mois
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00:00Bonsoir à tous, bienvenue dans Face à l'Info avec moi pendant une heure pour m'accompagner ce soir.
00:00:04Régis Le Saumier, bonsoir.
00:00:05Bonsoir Élodie.
00:00:06Nathan Devers, bonsoir.
00:00:07Bonsoir Élodie.
00:00:07Gabriel Cluzel, bonsoir.
00:00:09Bonsoir Élodie.
00:00:09Et Vincent Roy, bonsoir.
00:00:10Bonsoir Élodie.
00:00:11Au sommaire de votre Face à l'Info ce soir, d'abord on va débuter avec vous, Vincent Roy,
00:00:16on va parler du climat dans l'enseignement.
00:00:17Un climat, on le sait, malheureusement de plus en plus tendu entre les insultes,
00:00:22les menaces contre les professeurs.
00:00:24D'abord, vous allez faire un panorama un peu complet de la situation
00:00:27et puis on verra aussi avec vous s'il y a ou pas des solutions pour tenter de régler ce problème.
00:00:32Gabriel Cluzel, vous allez revenir, vous, sur la journée d'hier à l'Assemblée nationale
00:00:36et sur un point précis, le spectacle navrant auquel on a assisté durant le vote.
00:00:41Le secrétaire de séance Flavien Thermé, député Rassemblement National,
00:00:44surveillait le scrutin tout comme Anad Mansoury, député LRRN.
00:00:48Et un certain nombre de députés du Nouveau Front Populaire n'ont pas voulu leur serrer la main,
00:00:52voire certains leur ont imposé un pierre-feuille-ciseau ou l'ont oisé de manière menaçante.
00:00:57On parlera toujours de l'Assemblée nationale avec vous, Nathan Devers,
00:01:00mais on reviendra plutôt sur le fond, l'élection de Yael Brown-Pivet au perchoir.
00:01:04Alors, on espérait que cette fin de semaine nous éclaire un peu plus sur la future majorité alternative possible,
00:01:10peut-être même sur la future coalition gouvernementale.
00:01:12C'est peut-être même ce qu'espérait Emmanuel Macron.
00:01:14Mais au lieu de ça, on assiste déjà à une contestation du scrutin.
00:01:18Bref, nous ne sommes pas plus avancés.
00:01:20Régis, avec vous, on parlera politique aussi, mais politique américaine,
00:01:23avec d'un côté un Donald Trump qui, après cette tentative d'attentat raté contre lui,
00:01:29semble plus fort que jamais.
00:01:30Mais on se rappelle aussi de ces images de Donald Trump de ce week-end.
00:01:33Point levé, arrangant la foule, ne mettant pas en pause sa campagne.
00:01:36Et puis de l'autre côté, on a Joe Biden qui a attrapé le Covid
00:01:39et dont la rumeur quant à un possible retrait ce week-end est de plus en plus pressante.
00:01:43Et puis pour terminer, ça serait de nouveau avec vous, Vincent Roy.
00:01:46Vous allez nous parler de ce contrat d'engagement au respect des valeurs de la République.
00:01:51Un contrat presque réel, j'allais dire, imposé désormais aux immigrés dans le cadre de la loi immigration.
00:01:56Vous nous expliquerez en quoi cela consiste.
00:01:59Mais pour l'heure, ce qui vous occupe, Vincent Roy, c'est le climat scolaire qui se dégrade.
00:02:04Ah oui, oui, il se dégrade terriblement.
00:02:06Nuages, orages, avis de tempête, je vous en passe des meilleurs.
00:02:10En effet, la médiatrice de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur a reçu 20 400 réclamations en 2023,
00:02:18dont 12 % de plus qu'en 2022.
00:02:21Dans son rapport annuel, Catherine Bechetti-Bizot pointe également la hausse du mal-être au travail des personnels de l'Éducation nationale.
00:02:30C'est 42 % de plus qu'il y a cinq ans et 12 % supplémentaires par rapport à 2022,
00:02:36précise-t-elle dans un rapport en date du 17 juillet dernier.
00:02:40Le contexte social, sociétal, s'est considérablement tendu ces dernières années, note-t-elle,
00:02:46ce qui a entraîné des phénomènes de violence, d'agressions verbales ou physiques,
00:02:50des incivilités qui rejaillissent immanquablement sur l'école et partant l'université.
00:02:56Catherine Bechetti-Bizot propose des pistes pour enrayer le phénomène,
00:02:59que les personnels soient davantage protégés et soutenus par leur hiérarchie,
00:03:03mais aussi mieux formés pour faire face aux conflits,
00:03:06mais aussi pour répondre aux questions que posent et se posent évidemment les élèves.
00:03:11On ne peut plus considérer, y compris pour les enseignants,
00:03:14qu'ils sont juste là pour enseigner leur discipline.
00:03:17Ils ont beaucoup d'autres préoccupations.
00:03:19Il faut les armer, les outiller et les accompagner.
00:03:22Pour cela, estime-t-elle.
00:03:23Ce qu'elle remarque notamment, c'est que les enseignements sont remis en cause,
00:03:29notamment sur des sujets sensibles ou polémiques comme les questions de genre,
00:03:33la laïcité ou l'éducation à la sexualité.
00:03:36Une nouvelle alerte quelques mois après qu'une enseignante a subi des pressions
00:03:41dans les Yvelines, nous allons y revenir,
00:03:42après la diffusion d'une peinture représentant plusieurs femmes nues
00:03:46et qu'un rapport du Sénat avait pointé la terrible solitude
00:03:49des enseignants face aux menaces et agressions.
00:03:51Donc, allons au fond du problème.
00:03:54Sur les 20 400 saisines, soit plus de 20 par jour quand même,
00:03:57plus des trois quarts, 77 %, proviennent des élèves ou des parents d'élèves.
00:04:03Elle concerne en majorité la vie quotidienne et les conflits
00:04:05au sein même de l'établissement, pour 39 %,
00:04:08ce qui fait dire à Catherine Bechet-Tibiseau que la relation école-famille
00:04:12semble se dégrader.
00:04:14Cette situation a sans doute un impact sensible sur le personnel.
00:04:18Il va sans dire, les saisines émanant du personnel lui-même,
00:04:21faisant directement état d'un mal-être au travail,
00:04:23elles sont ces saisines en augmentation de 78 % en cinq ans.
00:04:27C'est-à-dire qu'il y a quand même un problème patent.
00:04:30On ne peut plus considérer, y compris pour les enseignants,
00:04:32qu'ils sont juste là pour enseigner leur discipline, ce que je disais.
00:04:36Il s'agit de véritablement les soutenir,
00:04:38parce que le mal-être n'est plus simplement palpable.
00:04:41Ce n'est pas un sentiment de malaise, c'est vraiment un malaise.
00:04:44Et vous vouliez revenir, justement, Vincent, sur la malencontreuse aventure
00:04:47de l'enseignante des Yvelines dont vous parliez il y a un instant,
00:04:50qui avait présenté à une classe de 6e un tableau du 17e siècle.
00:04:53Oui, alors je voulais y revenir parce que cette histoire,
00:04:56elle est symptomatique de la remise en cause des enseignements
00:04:59pointés par la médiatrice de l'Éducation nationale.
00:05:01Dans le collège Jacques Cartier à Issou, dans les Yvelines,
00:05:04une professeure a présenté à une classe de 6e une œuvre
00:05:07sur laquelle figurent cinq femmes nues.
00:05:09Ce qui a choqué certains élèves.
00:05:11L'enseignante a plus tard été accusée de racisme
00:05:13par des collégiens et leurs parents.
00:05:15La situation a poussé ses collègues à faire valoir leurs droits de retraite.
00:05:19Ça avait fait tout un pas de la caisse, souvenez-vous.
00:05:22Il y a un après Samuel Paty.
00:05:24Ce traumatisme ne s'en ira jamais de la tête des enseignants,
00:05:27comme mente Valérie Higounet, autrice de Crayon noir,
00:05:30qui retrace les derniers jours du professeur d'histoire
00:05:32après la polémique au collège Jacques Cartier à Issou.
00:05:35Donc dans les Yvelines, le lundi 11 décembre dernier,
00:05:37les enseignants ont en effet cessé de faire classe
00:05:40dans cet établissement de 600 élèves après un incident.
00:05:43Durant la leçon portant sur l'art,
00:05:45une professeure de français a présenté un tableau,
00:05:47Diane et Actéon, de Giuseppe Cesariune.
00:05:51Sur cette peinture du 17e siècle,
00:05:53cinq femmes dénudées sont représentées.
00:05:55Des élèves se sont sentis offusqués.
00:05:58Ils ont détourné le regard, se sont dit choqués,
00:06:01raconte Sophie Vénétité, secrétaire nationale du syndicat SNES-FSU.
00:06:07Ils ont aussi affirmé que notre collègue
00:06:09avait tenu des propos racistes à leur encontre.
00:06:13En fait, il s'agissait d'un mensonge.
00:06:16Un parent d'élèves a alors envoyé un courriel au chef d'établissement
00:06:18affirmant que son fils n'avait pas pu s'exprimer
00:06:21et qu'il allait porter plainte, écrivent plusieurs médias locaux.
00:06:25Cet incident est la goutte d'eau qui a fait des bordels vases
00:06:28dans un collège où l'équipe éducative manque de moyens,
00:06:30d'après les témoignages recueillis par l'AFP.
00:06:34Cela fait plusieurs semaines que le climat scolaire s'est dégradé.
00:06:37Des parents d'élèves s'immiscent de plus en plus dans les pratiques pédagogiques,
00:06:42assure Sophie Vénétité.
00:06:43Les collègues ont dit maintenant, ça suffit, on n'est pas soutenus.
00:06:47Ces derniers ont fait valoir, comme je vous l'ai dit, leur droit de retrait.
00:06:50L'écho de leur mobilisation relayée,
00:06:52comme on s'en souvient, par de nombreux médias locaux et nationaux,
00:06:56est remonté jusqu'au ministère de l'Éducation nationale.
00:06:58Et Gabriel Attal, souvenez-vous, s'était rendu sur place
00:07:00pour leur témoigner de son soutien.
00:07:02Une œuvre présentée en classe, des élèves choqués,
00:07:05une professeure accusée de racisme, une rumeur qui hante,
00:07:07une menace de plainte des parents, enfin autant d'éléments
00:07:10qui résonnent à l'esprit de Valérie Higounet.
00:07:12Dans son enquête sur la mort de Samuel Paty,
00:07:14il est retrouvé sous la forme d'une bande dessinée et sortie en octobre dernier,
00:07:18elle retrace les jours précédant l'attentat devant le collège de Conflans-Saint-Honorin.
00:07:21Même si, insiste-t-elle, en histoire rien n'est comparable,
00:07:24mais ce qui m'a frappé à Issou, c'est-à-dire dans les Yvelines,
00:07:27c'est la solidarité des enseignants.
00:07:28Ils ont immédiatement fait front commun.
00:07:31Dans la foulée de sa visite dans les Yvelines,
00:07:33Gabriel Attal, de retour à la capitale, a convoqué la presse au ministère
00:07:37et s'est exprimé ainsi « à l'école française, on ne conteste pas la laïcité,
00:07:40on la respecte, selon les propos qui ont été recueillis par les Parisiens,
00:07:45on ne détourne pas le regard devant un tableau,
00:07:47on ne se bouche pas les oreilles en cours de musique,
00:07:49on ne porte pas de tenue religieuse, bref,
00:07:51on ne conteste ni l'autorité de l'enseignant ni l'autorité de nos valeurs.
00:07:56C'est clair, du moins sur le papier.
00:07:59Dans la réalité, les choses sont hélas bien différentes.
00:08:01Et un récent rapport du Sénat justement sur l'éducation nationale,
00:08:05qu'est-ce qu'il demande ?
00:08:06Est-ce qu'il demande justement à l'État de reprendre la situation en main ?
00:08:09Ah oui, ce rapport sénatorial a pointé le mercredi 6 mars dernier
00:08:13la terrible solitude des enseignants face aux violences à l'école,
00:08:16exhortant l'État et l'éducation nationale à reprendre la main.
00:08:20Face à ce constat accablant,
00:08:22les auteurs du rapport ont formulé 38 recommandations.
00:08:24Dans leur conférence de presse, les deux co-rapporteurs,
00:08:271LR, François-Noël Buffet et Laurent Laffont, de l'Union centriste,
00:08:31ont exhorté l'État à enclencher une démarche proactive
00:08:34et l'éducation nationale à reprendre la main pour défendre la laïcité.
00:08:39La commission d'enquête, lancée en réponse à la demande de la famille de Samuel Paty
00:08:43et renforcée encore après l'assassinat de Dominique Bernard à Arras,
00:08:47s'attardait formellement sur le signalement et le traitement des pressions,
00:08:51menaces et agressions dont les enseignants sont victimes.
00:08:54Au cours de leurs travaux, les parlementaires ont notamment auditionné
00:08:58Michaëlle Paty, la sœur de l'enseignant assassiné en 2020.
00:09:01Le constat le plus marquant, c'est la terrible solitude vécue
00:09:04par les membres du personnel éducatif face à un quotidien marqué
00:09:08par les tensions et par les conflits.
00:09:10C'est à l'armée François-Noël Buffet, Laurent Laffont quant à lui,
00:09:13à noter une méfiance-croissance entre les acteurs de terrain
00:09:16et leur hiérarchie administrative,
00:09:18évoquant un mur dressé entre enseignants et autorités comme le rectorat.
00:09:24Le rapport des deux sénateurs propose 38 recommandations
00:09:27pour promouvoir cette laïcité à la française,
00:09:29mieux former le personnel éducatif et le doter des outils nécessaires
00:09:33pour conduire sa mission à détailler Laurent Laffont lors d'une conférence de presse.
00:09:37Les auteurs du rapport, ces auteurs issus de l'Alliance de droite
00:09:40et du centre majorité au Sénat, proposent ainsi plusieurs mesures
00:09:43sur le volet de la formation pour que l'éducation nationale
00:09:46reprenne la main sur la formation des enseignants
00:09:49en ne faisant plus dépendre la formation initiale de l'université.
00:09:54Ils proposent également de revoir le corpus disciplinaire
00:09:57en cas de menaces et autres pressions,
00:09:58à travers une harmonisation des sanctions au niveau national.
00:10:01Autre recommandation, faire signer chaque année aux parents d'élèves
00:10:05une charte des parents dans laquelle sera rappelé le fait
00:10:08que l'enseignement ne se conteste pas.
00:10:10Enfin, vous voyez où nous en sommes.
00:10:12On est obligé de faire signer une charte aux parents
00:10:15de manière à ce qu'ils ne se mêlent pas des questions d'enseignement.
00:10:18La création de structures dédiées à des élèves poly-exclus
00:10:22ou hautement perturbateurs, qu'on appelait jadis les élèves difficiles,
00:10:25les forts caractères, est également avancée.
00:10:28Plus symbolique, ils prônent l'organisation d'une journée d'hommage
00:10:32obligatoire aux enseignants assassinés dans chaque établissement
00:10:34en début d'année scolaire.
00:10:36Les sénateurs proposent par ailleurs diverses mesures
00:10:38de fluidification du parcours judiciaire des agents victimes d'agressions
00:10:42ou de menaces, comme celle de permettre à l'administration
00:10:44de déposer plainte elle-même en lieu et place de l'agent concerné
00:10:47qui hésite parfois à le faire par peur de représailles.
00:10:50Ce rapport sénatorial a été adopté à l'unanimité en commission au Sénat,
00:10:54mais une partie de la gauche s'est abstenue.
00:10:56Il était présenté quelques jours après les menaces de mort en ligne
00:10:59reçues par un proviseur, on s'en souvient, du lycée Maurice Ravel de Paris,
00:11:03qui avait demandé à une élève de retirer son voile.
00:11:05Un événement qui a illustré les trous dans la raquette de la loi de 2004
00:11:09sur les signes religieux à l'école, comme avait pointé le sénateur Laurent Laffont.
00:11:13Mais là, ce n'est plus des trous dans la raquette qu'il y a,
00:11:16c'est carrément un défaut de cordage.
00:11:18Merci beaucoup, Vincent Roy.
00:11:20C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses dans cet édito, Gabriel,
00:11:22mais deux points qui reviennent quand même très souvent, c'est un,
00:11:24la solitude souvent des professeurs face aux menaces
00:11:27ou face à l'incapacité d'enseigner certaines matières et aussi
00:11:30l'omniprésence de certains parents qui deviennent vraiment un boulet.
00:11:33En fait, pour les enseigner encore bien même,
00:11:35ils vont assigner leur charte des parents, c'est ça ?
00:11:38La charte des parents, oui.
00:11:39Moi, ce qui me frappe, c'est qu'on dit toujours que c'est la mère des batailles.
00:11:42C'est Gabriel Attal, c'est l'expression de Gabriel Attal,
00:11:44donc on a l'impression que tout le monde a les yeux fixés dessus.
00:11:46En réalité, on voit bien que tous ces sujets-là sont rapidement mis sur le tapis.
00:11:49Et moi, pour moi, la preuve la plus patente a été le fait
00:11:53qu'un député du Nouveau Front populaire envisage de remettre en cause
00:11:56la circulaire sur la baïa.
00:11:57On avait fait cette circulaire sur la baïa, un symbole de la fermeté à la française.
00:12:02Et donc, c'était une œuvre de Gabriel Attal.
00:12:04Eh bien, on voit que c'est extrêmement fragile.
00:12:07Nathan Devers, c'est vrai que la solitude et la complexité du métier
00:12:11pour les professeurs, ce n'est pas nouveau.
00:12:12Là, il y a effectivement ce rapport du Sénat.
00:12:14Ce n'est pas non plus le premier à se pencher sur ce sujet.
00:12:16Et on voit que le constat, il est relativement fait, en fait,
00:12:18ce qui bloque les problèmes, etc.
00:12:19Mais on a l'impression qu'il n'y a pas vraiment la volonté politique
00:12:21de trouver une solution.
00:12:23Oui, bien sûr.
00:12:23Alors le constat, moi, je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a dit Vincent.
00:12:26Mais j'ajouterais une chose, c'est qu'il y a une baisse de prestige globale
00:12:30du métier de professeur et qu'il y a une détérioration des conditions de travail
00:12:33des professeurs qui n'a même rien à voir avec les tensions qui ont lieu au travail,
00:12:37qui sont dues même à des raisons économiques.
00:12:40Dans les années 80, le salaire d'un professeur en début de carrière,
00:12:43c'était 2,1 fois le SMIC.
00:12:45Et aujourd'hui, je crois que c'est 1,1,2.
00:12:47Donc, il y a eu vraiment une baisse de niveau de vie des professeurs.
00:12:51Je pense qu'il y a deux choses qu'il faut quand même distinguer.
00:12:53Il y a une première chose, c'est la présence de signes religieux à l'école.
00:12:57Ça, je le dis souvent, mais à mon avis, on peut avoir un regard quand même
00:13:00critique sur la loi de 2004 en constatant, par exemple,
00:13:04qu'elle ne s'applique pas à l'université et qu'à l'université,
00:13:06les choses se passent bien.
00:13:07Et une deuxième, qui là est une entrave à l'esprit de la laïcité,
00:13:10c'est quand le contenu d'un enseignement est contesté par des élèves
00:13:15ou par des parents d'élèves.
00:13:16L'exemple du tableau de Diane et Actéon, les exemples sont légions.
00:13:19Et ça, à mon avis, c'est quelque chose de beaucoup plus grave, de gravissime.
00:13:23Parce que si vous voulez, on voit bien une forme de fanatisme,
00:13:26ça veut dire d'idéologie, où la religion fait entrave à la science,
00:13:30aux arts, à la liberté, aux minorités, à la vie libre, etc.
00:13:33Je pense qu'il est central de faire cette distinction.
00:13:36Moi, ce qui me dérange, ce n'est pas qu'un élève ou qu'une élève
00:13:38vienne avec des signes religieux, c'est que sa foi puisse,
00:13:41ou sa foi ou son idéologie quelconque, d'ailleurs,
00:13:43puisse supprimer la possibilité même de la tolérance,
00:13:47de l'exigence et de l'enseignement.
00:13:49C'est vrai qu'on a souvent chez nous en plateau,
00:13:51notamment Kevin Bossuet, qui est lui-même professeur,
00:13:54qui nous explique à la fois parfois l'incapacité d'expliquer
00:13:57ou même d'exercer certaines matières, et puis aussi la contestation des élèves.
00:14:01C'est-à-dire que les élèves, vous leur racontez une histoire,
00:14:03vous leur racontez des faits et ils vous répondent
00:14:05non, je sais que ça ne s'est pas passé comme ça.
00:14:06Et la discussion est quasiment impossible avec ces élèves-là, en réalité.
00:14:09Oui, et puis, il y a le recul de l'autorité qui manifeste
00:14:12dans tous les compartiments de la société.
00:14:14Mais ce qu'il faut se dire par rapport
00:14:16aux parents d'élèves, par rapport à la hiérarchie,
00:14:20il y a quand même aujourd'hui d'autres paramètres
00:14:24qui viennent s'immiscer dans le drame que vivent ces professeurs,
00:14:28parce que ces professeurs, c'est bien d'en parler.
00:14:31Parfois, certains cas sont médiatisés.
00:14:33Vous avez le proviseur du lycée de Maurice Ravel, la semaine suivante.
00:14:37On a vu beaucoup de cas s'accumuler.
00:14:40Mais il faut toujours se dire que le professeur,
00:14:42il y a un moment, il a ses 30 élèves ou 35 élèves face à lui.
00:14:46La porte se ferme et il est tout seul.
00:14:48Et il est tout seul et il sait que s'exerce au-dessus de lui
00:14:51une pression de sa hiérarchie,
00:14:53puisqu'il n'est pas certain d'être soutenu dans sa démarche.
00:14:57Va-t-il oser parler de tels sujets ?
00:15:00Vous avez évoqué ces peintures de femmes dénudées,
00:15:02mais ça peut être autre chose.
00:15:05Les exemples, malheureusement, sont assez nombreux.
00:15:06Il y a l'enseignement de la Shoah, qui visiblement pose problème.
00:15:12Il y a plein d'endroits et on peut imaginer qu'il y en a plein,
00:15:14parce qu'avec les fameuses idéologies décoloniales, on va dire,
00:15:18il y a beaucoup de choses qui peuvent être mises en question
00:15:21dans les programmes d'histoire, dans les programmes même de français,
00:15:24sur des emplois de termes, etc.
00:15:26Et c'est au professeur et à lui tout seul.
00:15:29Il peut prendre conseil, il peut voir avec ses collègues.
00:15:32Mais il va se retrouver tout seul face à des élèves
00:15:36qui ont cette attitude très nouvelle que nous n'avions pas.
00:15:43Il y avait des fortes têtes, vous avez parlé des caractères, etc.
00:15:46Et pas de là au point de contester ce que disait le professeur, sur le fond.
00:15:50Sur le fond, là, je dirais que c'est un peu une attitude assez générale,
00:15:54qui est très inquiétante.
00:15:55Et puis, il y a les parents d'élèves qui s'immiscent dans la vie de l'établissement.
00:15:59Donc là, tout à coup, on a une sorte de cocktail détonnant
00:16:06pour que le professeur, finalement, se retrouve acculé
00:16:09et n'ose plus rien faire.
00:16:10Et c'est ça, le drame, parce que ne plus oser enseigner,
00:16:13se dire qu'on est quand même dans le pays de Voltaire,
00:16:15dans le pays des Lumières, dans le pays de la raison,
00:16:17et que le fait, justement, d'essayer de transmettre ces valeurs
00:16:21n'est plus possible, ou en tout cas qu'il est perturbé
00:16:24et vraiment problématique.
00:16:26En effet, les solutions des politiques,
00:16:28bon, ça va être ces 38 mesures du Sénat.
00:16:30On va s'attaquer, vous parlez de la question de la baïa,
00:16:36oui, mesures fortes, etc.
00:16:38Et puis, bon, le ministre passe.
00:16:40Il a été ministre de l'Éducation, il est devenu...
00:16:42Bon, voilà.
00:16:43Et en fait, finalement, on se rend compte que le suivi n'est pas fait
00:16:46et que ces professeurs sont dans une situation...
00:16:48Et encore là, on est en plein milieu du mois de juillet,
00:16:51on va voir la rentrée.
00:16:52Est-ce que ça va être à nouveau des cas, justement,
00:16:57d'incivilité, de choses...
00:16:59C'est terrible, oui.
00:17:00On va changer de sujet, mais on va continuer à parler,
00:17:02en fait, d'incivilité.
00:17:03Vous avez fait le lien avec le sujet de Gabriel Cluzel,
00:17:07puisque hier...
00:17:08Il y a un lien, vraiment, je pense, justement,
00:17:10entre les gens qui n'ont pas reçu d'éducation.
00:17:13Cela est parfaitement cadré.
00:17:15Parce qu'hier, lors de l'élection de Gilles-Brune-Pivet,
00:17:18à la présence de l'Assemblée nationale,
00:17:19un certain nombre de députés ont refusé de serrer la main
00:17:22de Flavien Thermey, il a 22 ans,
00:17:24et des députés Rassemblement national des Ardennes,
00:17:25et d'Anna de Mansoury,
00:17:27elle également députée LRN de l'ISER.
00:17:30Ils sont les benjamins de l'Assemblée,
00:17:31et donc ils surveillaient le scrutin.
00:17:33Et pourtant, certains ont refusé,
00:17:35notamment du FN de leur serrer la main,
00:17:37alors que c'est une tradition républicaine, Gabrielle.
00:17:40Oui, alors, on ne va pas se mentir.
00:17:41L'extrême-gauche a toujours eu des problèmes
00:17:43avec le concept de tradition.
00:17:45Donc ça, ce n'est pas nouveau.
00:17:46Mais alors, pour expliquer un petit peu,
00:17:49il s'agit, à ma connaissance, de tous les députés LFI,
00:17:52d'un grand nombre de députés du Nouveau Front Populaire,
00:17:54de façon générale.
00:17:55Et puis même certains macronistes,
00:17:57puisqu'Agnès Pannier-Munacher,
00:17:59je ne sais pas quelle mouche l'a piquée,
00:18:01n'a pas serré la main non plus.
00:18:03Alors, on notera que Mme Simonnet et Mme Autain,
00:18:06elles ont serré la main des deux benjamins.
00:18:09Et du reste, j'ai remarqué qu'elles avaient eu droit
00:18:11à des tweets d'indignation de leur propre camp.
00:18:14Parce que, vous savez, la gauche n'aime pas la police,
00:18:16sauf la police de la pensée.
00:18:17Ça, c'est très important.
00:18:18Et donc, là, en l'occurrence, c'était la police du serrage de main.
00:18:22Alors, il y avait un internaute qui disait à Mme Simonnet,
00:18:25alors, Simonnet, on ne te dérange pas trop.
00:18:28Et notons...
00:18:29Alors, j'étais un peu surprise, je ne le voyais pas comme ça,
00:18:32que François Ruffin, aussi, non plus, n'a pas serré la main.
00:18:36Et c'est vrai que lui qui veut se donner le visage
00:18:39d'une gauche à visage humain, encore une fois,
00:18:43eh bien, c'est un peu surprenant.
00:18:45On dit souvent que c'est le meilleur d'entre eux.
00:18:46Eh bien, finalement, peut-être pas.
00:18:48C'est clair comme les autres.
00:18:50Exactement.
00:18:51Alors, on a bien compris, parce que l'idée n'est pas nouvelle,
00:18:52et puis ce n'est pas la première fois,
00:18:53c'est de jouer, une fois de plus, au Jean Moulin en carton
00:18:57et à Lucie Aubrac en peau de lapin.
00:18:59C'est un acte de résistance garantie, 100 % sans danger.
00:19:02Il n'y a aucun danger.
00:19:04Et puis, certains avaient même imaginé une petite mise en scène
00:19:07pour qu'on parle d'eux.
00:19:08Parce que, forcément, ça marche sur les réseaux sociaux.
00:19:10Evidemment.
00:19:11Donc, par exemple, Sébastien Delogu, député de Marseille,
00:19:14il s'est fait menaçant.
00:19:15Il a dit à Flavien Termé,
00:19:19tu es un fada, tu es fou.
00:19:21Et puis, il a dit à Anan Mansoury,
00:19:24je ne te sers pas la main non plus parce que tu es une facho,
00:19:26mais comme elle est à l'origine LR,
00:19:28il a dit, je ne te mets pas de coups de pression.
00:19:30C'est gentil.
00:19:31C'est bien aimable.
00:19:33Il est bien brave, ce monsieur.
00:19:35Et puis, François Picmal a fait un chiffoumi.
00:19:38J'avoue que j'ai appris le mot, parce que je connaissais Pierre Feuillison.
00:19:41C'est l'autre nom.
00:19:42Je ne le savais pas.
00:19:43Grâce à lui, notre culture générale a monté d'un grand.
00:19:47Et donc, ça se terminait sur un perdu.
00:19:49Il n'a plus tweeté.
00:19:51Voilà, à chaque fois, c'est le Nouveau Front Populaire qui gagne
00:19:54et le RN qui perd.
00:19:56Donc, en plus du camouflet que constitue une main non serrée,
00:20:00eh bien, il y a une volonté claire d'humilier.
00:20:04Et on notera qu'on ne craint pas d'humilier une femme,
00:20:08et une femme racisée, comme on dit aujourd'hui,
00:20:10en la personne d'Anan Mansoury,
00:20:12ce qui est pour le moins surprenant dans la grille de lecture de la gauche.
00:20:15Imaginez si un député de droite avait humilié une femme
00:20:18issue de la diversité.
00:20:19Mais là, c'est la gauche.
00:20:21Il n'y a pas de racisme, il n'y a pas de sexisme.
00:20:22Les féministes dorment dans leur petit lit brelan.
00:20:25Tout va bien.
00:20:27Moi, j'ai été extrêmement surprise,
00:20:32pour aller voir ça,
00:20:33par la petite vidéo explicative de Carlo Martins Bilongo.
00:20:38Il a expliqué son geste.
00:20:39Alors, c'est très simple.
00:20:41C'est tout en subtilité.
00:20:42Vous allez voir.
00:20:43Parce que ce sont des malades du cerveau.
00:20:46Ils ne sont pas des élus normaux.
00:20:47Il ne faut aucun contact avec eux.
00:20:50Donc, en fait, les élus du RN, ce seraient des psychopathes
00:20:54qu'il ne faut même pas toucher,
00:20:55parce que, visiblement, ça pourrait être contagieux.
00:20:57Et donc, la gauche, qui prône le vivre ensemble,
00:21:00le respect des différences,
00:21:01qui célèbre les marges, toujours, normalement,
00:21:04pense qu'il ne faut aucun contact avec les fous ni les gens pas normaux.
00:21:07On croirait une dame patronesse face à Jean Genest.
00:21:10Et il est assez surréaliste de voir, quand même, disons-le,
00:21:14un député visé par une enquête pour des soupçons de blanchiment
00:21:17de fraude fiscale et d'abus de biens sociaux,
00:21:19un antifa fiché S, un ancien dealer, jouer les perles à vertu
00:21:23et craindre de se salir les mains.
00:21:25Mais ça, c'est la France de 2024.
00:21:26Et comme diraient nos paysans, qui sont bien oubliés actuellement,
00:21:29elle marche un peu sur la tête.
00:21:30Et que signifie, au fond, ce refus, en fait, de serrer la main ?
00:21:33Tout d'abord, ce qui est assez clair,
00:21:36c'est que la gauche n'a plus rien à vendre.
00:21:38Elle est vraiment à bout d'arguments.
00:21:39En tout cas, moi, j'ai peut-être raté quelque chose,
00:21:41mais je n'ai entendu aucun échange argumenté dans cette campagne.
00:21:45Donc, on se réfugie dans la posture et puis la pensée magique circulaire.
00:21:49On leur refuse de leur serrer la main parce que ce sont des nazis.
00:21:52Et puisque tout le monde refuse de leur serrer la main,
00:21:54on voit bien que ce sont des nazis.
00:21:56Et puis, je trouvais que le symbole était très fort.
00:21:59C'est vraiment une allégorie du livre
00:22:01« La France périphérique » de Christophe Guy-Louis.
00:22:03Vous savez qu'il l'a écrit dans le Figaro après ses élections.
00:22:07Et c'est vraiment le mépris de la France d'en haut
00:22:09pour celle d'en bas, des déplorables, comme dirait Hillary Clinton.
00:22:13Parce que quand vous voyez un David Girod,
00:22:15qui est le fils d'un notable du Parti socialiste,
00:22:18c'était le maire des Lilas,
00:22:19et David Girod, petit, a sauté sur les genoux de tous les barons de la gauche
00:22:24qui refusent la main tendue du fils d'un boucher des Ardennes,
00:22:28la personne de Flavien Thermé,
00:22:30eh bien, c'est quand même très, très parlant.
00:22:33Et puis, je crois qu'à travers ce rituel
00:22:39de la poignée de main traditionnelle qu'ils n'ont pas voulu donner,
00:22:42il y a un peu tout le rapport de l'extrême-gauche
00:22:44avec la civilité et la politesse,
00:22:47ce qui, en fait, est assez idéologique.
00:22:49La poignée de main, c'est vraiment une vieille civilité.
00:22:52On dit que ça date de l'Antiquité grecque.
00:22:54On en voit sur les stèles du Ve siècle avant Jésus-Christ.
00:22:57Homer en parlait dans l'Iliade.
00:22:58Selon la légende, au temps de la chevalerie,
00:23:00elle était une façon de montrer que l'on venait sans arme à la main
00:23:04et de vérifier que l'autre ne cachait pas un poignard dans sa manche.
00:23:07Et vu l'assemblée à couteau tiré, c'était peut-être pas inutile, en fait.
00:23:11Donc, c'est une vieille civilité,
00:23:13et comme son nom l'indique, ça appartient à notre civilisation.
00:23:16Il y a des civilisations, comme en Asie,
00:23:17qui ne connaissent pas la poignée de main.
00:23:19Mais la France insoumise n'aime rien tant que refuser ces civilités.
00:23:23Et vous vous souvenez, en 2017,
00:23:25pour le premier jour à l'Assemblée nationale,
00:23:27Jean-Luc Mélenchon et ses Insoumis
00:23:29avaient symboliquement refusé de porter la cravate.
00:23:31Jean-Luc Mélenchon avait dit,
00:23:32après les 100 culottes, il y aura maintenant les 100 cravates.
00:23:36Et alors, vraiment, je me souviens, je m'étais dit à l'époque,
00:23:38mais imaginez, même quand on a un peu...
00:23:40On a passé le temps de l'école depuis longtemps,
00:23:42comme Jean-Luc Mélenchon,
00:23:43que ne pas porter de cravate, c'est de l'anticonformisme.
00:23:48Et bien, vraiment,
00:23:49il ne faut pas avoir été à l'école depuis longtemps,
00:23:50c'est plutôt mettre une cravate à l'école
00:23:53qui est vraiment très, très transgressif,
00:23:56parce qu'on s'assure des rucanements.
00:23:59Et puis, ils avaient dit que ce serait le signe du peuple
00:24:02qui rentre à l'Assemblée.
00:24:04Et ça m'avait beaucoup frappée,
00:24:05parce que cultiver le style débraillé,
00:24:08ce n'est pas la marque du prolo, c'est le snobisme du beau.
00:24:12On pourrait dire son luxe,
00:24:14parce que si l'étudiant de la Sorbonne antifa, vous voyez,
00:24:17il peut aller battre le pavé d'Épenaillé,
00:24:21alors que le garçon qui est en CAP de pâtisserie
00:24:24et qui, le matin, bosse dans une école hôtelière,
00:24:27il a sa cravate.
00:24:28Alors, c'est peut-être une cravate Leclerc
00:24:29qui coûte beaucoup moins cher que les accessoires des antifas,
00:24:32mais néanmoins, il ne risque pas,
00:24:35il ne peut pas s'offrir le luxe de se présenter ainsi mal attiffé.
00:24:40Et puis, je me demande, vraiment, je trouve ça presque insultant,
00:24:44si les électeurs de la France insoumise,
00:24:46qu'on pourrait dire la France malmise, finalement,
00:24:48sont fiers d'être représentés par une caricature
00:24:51de la famille Tuche à l'Assemblée.
00:24:53C'est pas parce qu'on a peu de moyens, qu'on n'a pas de droit,
00:24:57pourquoi ils auraient le droit,
00:24:59comme pour leur nouille et leur yaourt,
00:25:00qu'à des élus low-cost, au packaging, peu soyez.
00:25:04Et Alexis Corbière et Jean-Luc Mélenchon fustigeaient
00:25:08ce qu'ils appellent, je me souviens à l'époque,
00:25:10ils étaient amis encore à l'époque, un code vestimentaire.
00:25:13Mais ce code vestimentaire,
00:25:16c'est pas parce qu'on est modeste qu'on ne l'a pas,
00:25:19c'est pas parce qu'on n'a pas des hauts revenus.
00:25:20D'ailleurs, les gens dans tous les milieux populaires
00:25:24s'en dimancheaient, ce qui était bien le signe
00:25:26qu'on faisait la différence entre la semaine et le dimanche.
00:25:30Et c'est ce qui fait qu'on ne va pas à l'enterrement
00:25:32de sa grand-mère en tongs
00:25:34ou au mariage de sa belle-sœur en bleu de travail.
00:25:36Et ça, c'est quand même une dimension commune.
00:25:39Et la refuser ou faire croire que c'est être du peuple
00:25:43que de s'asseoir dessus, c'est vraiment la preuve
00:25:46qu'en réalité, ils n'en font pas du tout partie.
00:25:48Est-ce que, finalement, pour la France insoumise,
00:25:50la politesse serait de droite ?
00:25:51Alors, c'est la question qu'on peut se poser.
00:25:54Et je ne sais pas si vous connaissez cet excellent livre
00:25:58que je vous recommande, qui s'appelle
00:26:00« Politesse et politique » de Frédéric Rouvillois.
00:26:02Et il se demande, justement, en préambule,
00:26:04si la politesse est de gauche ou de droite.
00:26:07Et lui, il se dit qu'en fait, la politesse,
00:26:09elle devrait pencher à gauche, dans la mesure où elle implique
00:26:12un égal respect pour tous.
00:26:14Être poli, ce n'est pas être gentil et obséquieux avec les gens,
00:26:18comme dans « La folie des grandeurs »,
00:26:19avec les gens qui sont au-dessus de vous.
00:26:20C'est être poli avec tout le monde.
00:26:24Les gens qui ne peuvent rien pour vous, et comme les autres.
00:26:28Et même, de préférence, on devrait être encore plus poli et gentil
00:26:33avec ceux qui ne sont pas en haut de l'échelle.
00:26:37Eh bien, pourtant, Jean-Luc Mélenchon a affirmé en 2023
00:26:40« Les leçons de bonne manière sont la traditionnelle
00:26:44des partisans de l'ordre établi pour rétablir la préséance de classe. »
00:26:47Voyez, donc, lui, il considère que la politesse, c'est de droite.
00:26:52Alors, sans doute, parce que c'est vrai que ça implique un respect de nos mœurs,
00:26:55ça implique une espèce de transmission et de respect de l'ordre établi.
00:27:01Toute chose détestable pour elle et fille.
00:27:03Puis, on pourrait dire, en tout cas dans notre civilisation,
00:27:05que c'est la fine pointe de la charité chrétienne,
00:27:08de mettre sa main devant sa bouche quand on baille ou quand on mastique,
00:27:11c'est un peu pour être aimable avec les autres,
00:27:14c'est une charité pour le prochain.
00:27:16Et j'ai été très frappée, je l'ai lue aussi dans ce livre de cette citation
00:27:19de Langley Burke qui dit « les mœurs communes sont plus importantes
00:27:24que les lois dans une nation parce qu'elles sont ce qui a décanté ».
00:27:28Vous voyez, c'est finalement ce qui a été filtré, c'est le précipité,
00:27:32quand la coercition superficielle, quand la loi s'est évaporée.
00:27:36Et vous savez que la baronne Staff, est-ce que vous connaissez la baronne Staff ?
00:27:42C'est un auteur de « Guide du savoir-vivre » du XIXe, très connu.
00:27:45Elle disait, c'était la baronne de Rothschild de l'époque,
00:27:47elle disait que la France était en Europe le pays le mieux élevé.
00:27:50Donc finalement, détruire notre savoir-vivre,
00:27:53c'est une façon de détruire notre civilisation.
00:27:57Et ce qui est très particulier à notre époque,
00:28:00c'est que là encore, il y a eu une inversion autrefois,
00:28:04pour monter l'échelle sociale, on apprenait les bonnes manières,
00:28:08et là, on a des gens qui sont en haut de l'échelle sociale
00:28:11et qui s'appliquent à instaurer un « désavoir-vivre »,
00:28:14mais en même temps, ils veulent imposer le vivre-ensemble.
00:28:17Ils ne sont même pas capables d'assumer à l'Assemblée,
00:28:19on ne va pas se mentir, là encore.
00:28:21Mais évidemment, le savoir-vivre est la condition sine qua non
00:28:25du vivre-ensemble.
00:28:26Et puis enfin, ce qui est le plus dangereux,
00:28:28et ça revient à la notion d'incivilité,
00:28:30c'est que quel est le message qu'ils envoient
00:28:32en commettant ces incivilités ?
00:28:34Parce que c'est vrai, refuser des civilités,
00:28:36finalement, c'est des incivilités.
00:28:37Ils montrent le mauvais exemple à leur électorat.
00:28:41Ils leur disent, si vous avez un maire ou un député RN,
00:28:44ou quiconque de RN dans votre entourage,
00:28:47vous ne lui devez pas la moindre dépolitesse,
00:28:49la civilité élémentaire, non.
00:28:52Donc en fait, c'est un blanc-seing pour l'incivilité générale.
00:28:57Vous ne commettrez plus des incivilités,
00:28:59vous commettrez des actes de résistance.
00:29:01Et donc ça, c'est évidemment très dangereux.
00:29:03Merci beaucoup, Gabrielle.
00:29:04On va devoir marquer une courte pause,
00:29:06mais comme on reparlera quand on se retrouve
00:29:08de l'Assemblée nationale avec vous,
00:29:09Nathan, on pourra refaire un tour de table à ce sujet.
00:29:12Restez avec nous, on se retrouve pour la suite,
00:29:13juste après la pause.
00:29:14A tout de suite.
00:29:16De retour d'En face à l'info,
00:29:17on va continuer à parler de politique avec vous, Nathan Devers,
00:29:21parce que vous avez voulu revenir justement sur l'élection hier
00:29:24de Yael Brown-Pivet à la présidence de l'Assemblée nationale.
00:29:27Oui, je voulais revenir sur cet événement
00:29:30parce que je pense qu'il annonce parfaitement
00:29:32la couleur de l'année que nous allons vivre.
00:29:35Et quand je dis nous, je parle citoyens,
00:29:37et je parle peut-être en particulier ceux qui vont être voués
00:29:41à commenter l'actualité politique de cette année.
00:29:44Je dirais que cette élection,
00:29:46c'est un peu l'acte 1, scène 2 de ce nouveau Parlement.
00:29:50En l'occurrence, pourquoi je dis ça ?
00:29:51Parce qu'au terme des élections législatives,
00:29:54je pense qu'il y a un constat que tout le monde a fait,
00:29:56en tout cas n'importe quel Français doté d'un minimum de bon sens,
00:29:59à savoir que chacun peut dire que ça a été plus ou moins
00:30:03un échec ou une réussite pour les différentes forces politiques,
00:30:05mais qu'en tout cas, aucune force politique en France,
00:30:09là actuellement, n'aura les moyens de mettre en œuvre son programme.
00:30:13Qu'il s'agisse du nouveau Front populaire
00:30:16et du programme qu'ils avaient présenté pendant leur campagne
00:30:18dans le cadre de leur alliance,
00:30:20qu'il s'agisse du macronisme au sens large,
00:30:23alors ils pourront peut-être mettre en œuvre
00:30:25un certain nombre de propositions de loi,
00:30:26mais disons, s'ils veulent refaire du macronisme pur et dur,
00:30:30ce qu'Alain Gérard Slama a appelé l'extrême centre,
00:30:32s'ils voulaient refaire demain une réforme des retraites par exemple,
00:30:35eh bien le gouvernement en question tomberait probablement
00:30:38sous le coup d'une motion de censure,
00:30:39qu'il s'agisse évidemment du rassemblement national.
00:30:43En ce sens, l'année que nous allons vivre,
00:30:45en tout cas, moi, ce que je m'étais dit tout de suite,
00:30:47c'était qu'on va vivre à la fois l'année la plus politique
00:30:50et la moins politique qui soit.
00:30:51La moins politique parce que, comme je viens de le dire,
00:30:54aucune loi ne pourra être votée,
00:30:57et la plus politique parce que, en miroir de cette absence de progrès,
00:31:02de cette absence d'évolution, eh bien, on voit bien, on sent bien
00:31:06que chaque micro-événement, nommer quelqu'un pour un poste,
00:31:09aussi important soit-il, va donner lieu et donne lieu déjà
00:31:12à toutes sortes de névroses, d'intrigues, d'excitations.
00:31:17Donc, on n'a pas des querelles sur des lois, sur des idées,
00:31:20sur des mesures, sur des programmes, sur des idéologies,
00:31:23mais sur des postes avec une fébrilité politicienne
00:31:26qui est inversement proportionnelle à l'importance politique.
00:31:29Et dans ce contexte, l'élection à la présidence de l'Assemblée nationale,
00:31:35c'était exactement l'incarnation totale de cela.
00:31:38Alors, évidemment, la présidence de l'Assemblée,
00:31:41c'est un rôle qui est important, important d'un point de vue symbolique,
00:31:45d'un point de vue étatique, c'est le quatrième personnage de l'État,
00:31:48le président de l'Assemblée nationale.
00:31:50Il a le pouvoir de nommer des membres au Conseil constitutionnel
00:31:53et dans d'autres institutions, je crois à l'ARCOM, etc.
00:31:57Il doit être consulté par le président de la République
00:31:59avant une dissolution, avant d'autres décisions de cette nature.
00:32:02Et puis, évidemment, il a cette importance protocolaire
00:32:06de diriger les séances à l'Assemblée nationale.
00:32:08Mais en dehors de ça, ce que je viens de vous dire,
00:32:11c'est quand même un poste qui est purement protocolaire,
00:32:14qui est essentiellement symbolique.
00:32:16La décision de savoir qui va être à l'Assemblée nationale,
00:32:19c'est un peu comme le nez de Cléopâtre selon Pascal,
00:32:21ça ne change pas la couleur de la France.
00:32:23Ça pourrait être un député LFI, LR, PS, RN ou macroniste,
00:32:29ça changerait l'organisation des séances à l'Assemblée,
00:32:33ça changerait probablement symboliquement,
00:32:35ça aurait une influence aussi pour la formation du gouvernement,
00:32:38j'y reviens dans un instant,
00:32:39mais ça ne change pas fondamentalement les choses.
00:32:41Et évidemment, quand on se bat pour des postes,
00:32:43quand des politiques se battent pour des postes,
00:32:45c'est aussi pour les avantages qui vont de pair avec ces postes.
00:32:47En l'occurrence, je le dis en passant,
00:32:49la présidence de l'Assemblée nationale,
00:32:51c'est sans doute le plus beau logement de fonction de la République.
00:32:53C'est l'hôtel de Lassay qui est sublime.
00:32:55Certains disent qu'il est même plus beau que l'Elysée.
00:32:57Et puis, c'est une rémunération, une indemnité de 7698,50 euros
00:33:03en plus de celle de député.
00:33:05Et donc, c'est dans ce contexte que Yael Broun-Pivet
00:33:07a été réélu, du coup, hier.
00:33:09Oui, exactement.
00:33:10Alors, l'élection a duré cinq heures,
00:33:11digne d'un conclave avec autant d'intrigues,
00:33:14et avec trois grands candidats.
00:33:16André Chassaigne, pour le Nouveau Fonds Populaire,
00:33:18député communiste qui a une grande expérience parlementaire.
00:33:21Yael Broun-Pivet, qui a également une grande expérience
00:33:23puisqu'elle a été présidente
00:33:25et qu'elle a eu à gérer la bordélisation de l'Assemblée.
00:33:28Et Sébastien Chenu, qui est éluigne vice-président
00:33:31de l'Assemblée nationale.
00:33:33Alors, au terme de ce véritable thriller
00:33:35digne de la série The Young Pope,
00:33:37Yael Broun-Pivet a été élu
00:33:39avec 13 voix de plus que André Chassaigne.
00:33:42Et évidemment, cette élection,
00:33:44elle résultait de reports de voix
00:33:46et donc d'alliances, de circonstances
00:33:48faites avec la droite.
00:33:50Et il est évident que cela peut faire penser
00:33:53à une forme de déni politique,
00:33:55à un pouvoir du macronisme.
00:33:57Et c'est en ce sens, je disais,
00:33:59qu'il y a un décalage entre la classe politique
00:34:01qui refuse de voir que personne n'a gagné ses élections.
00:34:03Alors du côté des macronistes, évidemment,
00:34:05ils ont subi des revers électoraux très importants
00:34:07s'agissant des élections européennes,
00:34:09s'agissant du premier tour législatif
00:34:11et le deuxième, ils ont fait un score plus élevé que prévu.
00:34:13Mais enfin, ce n'est quand même pas une merveille.
00:34:15Et cette manière de continuer comme avant,
00:34:17on peut analyser ça comme un signal disant
00:34:19nous ne voulons pas écouter le message
00:34:21qui nous a été livré.
00:34:23Mais ce qui est intéressant,
00:34:25c'est qu'il y a tout autant de dénis
00:34:27du côté des réactions et des réactions critiques
00:34:29de cette réélection d'Yael Brown-Pivet.
00:34:31Je pense par exemple à François Ruffin
00:34:33qui, dénonçant les magouilles
00:34:35entre les macronistes et la droite,
00:34:37a fait un tweet où il dit
00:34:39Yael Brown-Pivet, réélu au perchoir,
00:34:41c'est une défaite pour notre Assemblée
00:34:43et pour la démocratie.
00:34:45Louis Boyard, en ce sens,
00:34:47a également fait une déclaration
00:34:49en parlant de déni de démocratie.
00:34:51Et sur les réseaux sociaux,
00:34:53il y avait une vague, pas forcément
00:34:55légale, parce qu'il y a des députés
00:34:57qui ne sont plus ministres
00:34:59mais qui font office de ministre
00:35:01et qui ont pu voter,
00:35:03ce qui est contestable politiquement
00:35:05mais qui est parfaitement légal.
00:35:07Et donc on a entendu ce genre de critiques
00:35:09sur le mode du déni de démocratie.
00:35:11J'aimerais faire deux remarques.
00:35:13La première, c'est qu'il me semble
00:35:15que le déni vient aussi, là,
00:35:17d'une partie de la gauche
00:35:19qui refuse de voir, qui continue de faire
00:35:21comme si le Nouveau Front populaire
00:35:23existait comme avant
00:35:25et qui, si il accédait demain,
00:35:27imaginons non seulement au perchoir
00:35:29de la présidence de l'Assemblée
00:35:31mais imaginons même à Matignon,
00:35:33ne pourrait pas mettre en œuvre
00:35:35un IOTA, une virgule, de son programme.
00:35:37Faisons une expérience de pensée
00:35:39où Emmanuel Macron nommerait demain
00:35:41Jean-Luc Mélenchon, alors lui,
00:35:43il n'aurait même pas le temps d'agir
00:35:45qu'il y aurait sans doute déjà
00:35:47une motion de censure qui serait votée
00:35:49contre lui. Donc ça, c'est la première chose.
00:35:51On ne peut pas dire qu'il y ait
00:35:53un déni de démocratie dans le fait
00:35:55qu'évidemment, même si, comme je l'ai dit,
00:35:57aucune force politique n'a véritablement
00:35:59gagné, il y en a une qui en ressort
00:36:01stratégiquement un peu plus puissante
00:36:03qu'on ne le pensait, à savoir
00:36:05le macronisme au sens large. Je rappelle quand même
00:36:07que le soir de la dissolution, tout le monde
00:36:09traitait plus ou moins Emmanuel Macron
00:36:11de fou, de quelqu'un qui prenait
00:36:13un risque absolument suicidaire
00:36:15et qu'en l'occurrence, il a la possibilité
00:36:17d'avoir, en faisant toutes sortes
00:36:19d'alliances, une sorte de majorité relative
00:36:21qui n'agira pas mais qui pourra tenir.
00:36:23Et puis, dernière chose, ce n'est pas du tout
00:36:25une démocratie représentative, car c'est
00:36:27précisément le sujet. L'enjeu de la démocratie
00:36:29représentative, c'est qu'en l'absence
00:36:31de démocratie directe, on demande aux
00:36:33représentants du peuple d'agir, de parler
00:36:35et de décider selon le peuple
00:36:37et en fonction du peuple. Or, tel est
00:36:39précisément le problème que nous affrontons
00:36:41aujourd'hui, nous sommes dans un blocage,
00:36:43pas une crise, mais un blocage de la
00:36:45représentation politique. Et justement,
00:36:47quelle leçon on peut en tirer
00:36:49pour la suite des événements ?
00:36:51La leçon, à mon avis, elle est double.
00:36:53La première, c'est qu'à supposer
00:36:55que les politiques décident de sortir
00:36:57de cette logique de déni,
00:36:59ils se retrouvent face
00:37:01à une alternative. Ou bien
00:37:03ils décident, dans l'année qui vient,
00:37:05d'abord de fatiguer
00:37:07les Français avec leurs intrigues
00:37:09politiciennes. Parce que je me trompe peut-être,
00:37:11je ne vais pas parler au nom des Français,
00:37:13ce serait des magots, mais je ne pense pas
00:37:15que ça passionne les gens, fondamentalement,
00:37:17de savoir qui va être au perchoir de l'Assemblée.
00:37:19Comme je ne pense pas que ça passionne les gens
00:37:21de savoir qui va être casteur de l'Assemblée
00:37:23nationale, je pense que si on faisait
00:37:25ça, qui était le précédent
00:37:27casteur, on ne saurait pas ce qu'est un casteur,
00:37:30quels sont les rôles, etc.
00:37:32Donc ça n'intéresse pas les Français.
00:37:34Les Français, ils ont eu trois élections de suite
00:37:36où ils ont fait part, quel que soit leur vote d'ailleurs,
00:37:38d'une souffrance, d'un mal-être
00:37:40relatif au pouvoir d'achat,
00:37:42relatif à la détérioration de leurs conditions de vie,
00:37:44relatif à la détérioration
00:37:46du service public, relatif à l'insécurité,
00:37:48relatif à des craintes climatiques,
00:37:50géopolitiques, etc.
00:37:52Et ils sont, depuis le moment
00:37:54de la dissolution, confrontés
00:37:56à des politiciens qui passent
00:37:58en permanence leur temps à les fatiguer
00:38:00avec des histoires qui ne les regardent
00:38:02pas ou qui ne les intéressent pas.
00:38:04Ça, c'est le premier constat qu'on peut faire.
00:38:06Le deuxième constat, c'est que si
00:38:08les politiques sortaient de cette logique
00:38:10de déni, ils devraient aussi sortir
00:38:12d'une posture d'absolutisme
00:38:14à laquelle nous sommes toutes et tous
00:38:16confrontés depuis la dissolution.
00:38:18Ce que j'entends par absolutisme,
00:38:20ce sont des gens qui, n'obtenant pas
00:38:21leur majorité absolue au terme
00:38:23des élections, parlent de mettre en œuvre
00:38:25rien que le programme, le programme
00:38:27et tout le programme, alors qu'ils étaient
00:38:29les premiers à critiquer en 2022
00:38:31les macronistes qui avaient une majorité relative.
00:38:33Ce que j'entends aussi en un sens
00:38:35par absolutisme, c'est une partie
00:38:37des macronistes qui veut absolument
00:38:39continuer à reformer son bloc
00:38:41en faisant fin de la situation.
00:38:43Et la troisième chose, c'est que là,
00:38:45ce que je décris pour l'instant
00:38:47comme un blocage, et je ne veux pas
00:38:49m'avancer, je ne suis pas devin,
00:38:51mais il y a une très grande tradition
00:38:53parlementaire en France qui est un peu
00:38:55oubliée, qui est un peu mésestimée,
00:38:57mais qui est une tradition qui s'est
00:38:59toujours cassée la gueule sur des crises.
00:39:01La crise de 1940, bien évidemment,
00:39:03la crise de la guerre d'Algérie,
00:39:05la crise de l'Indochine, la crise de la Tunisie
00:39:07qui a fini par être réglée,
00:39:09mais qui, quand elle n'était pas confrontée
00:39:11à des grandes crises mondiales,
00:39:13a quand même tenu, d'abord, présenter
00:39:15un spectacle de stabilité politique,
00:39:17même s'il y avait une instabilité
00:39:19gouvernementale, et a donné lieu aussi
00:39:21à un spectacle de stabilité politique.
00:39:23Et ça supposerait de sortir
00:39:25de cette mentalité dans laquelle
00:39:27les politiciens sont.
00:39:29On ne peut pas être parlementaire
00:39:31avec l'esprit d'un politicien
00:39:33de la Ve République, c'est-à-dire
00:39:35refusant de jouer le jeu
00:39:37de la nuance parlementaire.
00:39:39Merci beaucoup, Nathan Devers.
00:39:41C'est vrai, Vincent Roy,
00:39:43qu'entre le spectacle hier,
00:39:45où il y a ceux qui refusent de serrer
00:39:47la main au secrétaire de séance,
00:39:49ceux qui refusent le résultat,
00:39:51les Français ne sont pas passionnés
00:39:53par ce qui se passe, mais quand même
00:39:55ils auraient envie de s'y intéresser,
00:39:57ça les décourage très vite.
00:39:59Les députés sont en principe là
00:40:01pour montrer l'exemple.
00:40:03Là, s'il y a bourrage des urnes,
00:40:05c'est du très mauvais théâtre.
00:40:07Mais je crois que Nathan a raison,
00:40:09je vais le formuler d'un coup,
00:40:11mais il me semble que le grand vainqueur,
00:40:14enfin vainqueur, il n'y en a pas,
00:40:16c'est quand même Emmanuel Macron,
00:40:18au final.
00:40:21Sur cette séquence-là,
00:40:23parce que, comme vous le disiez
00:40:25à juste titre, il arrive quand même
00:40:27à trouver une majorité relative
00:40:30à la suite de cette dissolution
00:40:34qui va lui permettre, si ce n'est,
00:40:36de gouverner, ça c'est vrai,
00:40:38il n'y aura sans doute pas beaucoup de textes,
00:40:40mais de tenir quand même,
00:40:42de tenir ses troupes,
00:40:44et c'est lui qui sans doute,
00:40:46avec LR Canal Historique,
00:40:48qui tire les marrons du feu d'une certaine façon,
00:40:50il a dissous,
00:40:52et il se retrouve quand même
00:40:54avec Mme Brune-Pivet à l'Assemblée.
00:40:56Je trouve que c'est plutôt
00:40:58bien joué, finalement,
00:41:01pour lui, pas pour les Français,
00:41:03mais pour lui.
00:41:04Ce qu'on a vu hier,
00:41:05et ce dont parlait aussi Gabriel,
00:41:06c'est-à-dire que certains élus qui disent
00:41:08le RN, ce sont des malades mentaux,
00:41:09je ne leur serre pas la main.
00:41:10Tout à l'heure, j'avais un sénateur socialiste
00:41:12qui disait, vu ce qu'il représente,
00:41:13vu ce qu'il pense, hors de question,
00:41:14on leur serrait la main à l'Assemblée ou ailleurs.
00:41:16On a aussi des députés qui donnent
00:41:18des exemples. Demain, vous allez chez un commerçant,
00:41:19vous lui demandez ce qu'il vote avant de dire bonjour.
00:41:21C'est-à-dire qu'il y a un moment,
00:41:22poussé un peu vers l'absurde,
00:41:24on se rend compte à quel point ça ne tient pas.
00:41:25Ça ne tient pas.
00:41:26Et puis surtout, on a oublié,
00:41:28je rajouterai en complément de ce qu'a dit Gabriel,
00:41:31un moment qui, hier, m'a paru absolument incroyable.
00:41:34Ce n'était pas dans l'Assemblée nationale,
00:41:36c'était à Bruxelles,
00:41:38avec Manon Aubry et Ursula von der Leyen,
00:41:43où tout l'argument, finalement,
00:41:45de ne pas serrer la main au RN tombe.
00:41:47C'est-à-dire qu'en fait,
00:41:49elle est fille et démasquée.
00:41:52Ça veut dire qu'on copine avec les puissants.
00:41:55Pour ceux qui n'ont pas vu la séquence en amont,
00:41:57Manon Aubry critique fermement Ursula von der Leyen
00:42:00et quand elle l'est lue,
00:42:01elle la prend dans ses bras,
00:42:02elle lui fait une grande accolade.
00:42:03Elle n'a pas mis une poignée de main.
00:42:04C'est une accolade.
00:42:05Elle n'a pas voulu m'y mettre,
00:42:06on n'a pas l'image aujourd'hui.
00:42:07Mais elle pouvait très bien lui tendre la main.
00:42:10On peut dire félicitations, tout simplement.
00:42:12Voilà, tout simplement.
00:42:13Donc ça prouve cette différence vis-à-vis des puissants
00:42:17qui montrent qu'en fait, tout ça est bidon.
00:42:19Et que finalement, cette exhibition de vertu
00:42:22au moment de passer devant un petit jeune
00:42:25qui doit avoir, je ne sais pas, une vingtaine d'années...
00:42:28Et qui d'ailleurs, à ce moment-là,
00:42:29est censé représenter l'Assemblée
00:42:31et pas du tout son propre parti.
00:42:32Il est secrétaire d'âge,
00:42:33il fait partie des six plus jeunes.
00:42:34Et puis en plus, il s'avère que
00:42:36pour des gens qui n'arrêtent pas de parler du peuple
00:42:38en permanence,
00:42:39et je pense en particulier à Ruffin
00:42:41qui, finalement peut-être,
00:42:43apeuré par les sirènes mélenchonistes,
00:42:46ayant peur d'être exclus,
00:42:48a fait comme les autres, finalement.
00:42:50Eh bien, c'est de la lâcheté absolue.
00:42:51Parce que lui, ce peuple,
00:42:52il veut l'arracher au RN.
00:42:54Il veut lui proposer autre chose.
00:42:55C'est ce qu'il fait sur le terrain.
00:42:57Et là, il a un fils de boucher en face de lui.
00:42:59Typiquement, l'électorat qu'il courtise,
00:43:01il refuse de lui serrer la main.
00:43:03Et on a cette Manon Aubry
00:43:05qui, finalement, embrasse Mme van der Leyen.
00:43:08Tout est dit, je pense.
00:43:09Enfin, le plus impressionnant était quand même,
00:43:11pardon, était quand même M. Delogu.
00:43:13Sébastien Delogu, député à la file des Bouches-du-Rhône.
00:43:14Oui, mais lui, il est dans son rôle.
00:43:16Oui, oui.
00:43:17Non, mais je veux dire, c'est quand même,
00:43:18c'est tout de même assez,
00:43:20c'est un spectacle assez...
00:43:21Oui, mais c'est ce que disait Gabriel.
00:43:22Quand il dit à Nadia Mansoury,
00:43:24parce que c'est une femme,
00:43:25je ne vais pas te mettre coup de pression
00:43:26parce que c'est une femme.
00:43:27C'est-à-dire qu'on est dans l'Assemblée nationale.
00:43:28Oui.
00:43:29Hommes grands, gabarits comme lui, peu importe.
00:43:31Pourquoi un coup de pression ?
00:43:32C'est-à-dire qu'on se demande où il pense être.
00:43:34Ah oui.
00:43:35J'ai été absolument atterré par cette attitude.
00:43:38Et deux petites remarques.
00:43:40Pour terminer un mot chacun
00:43:42On ne peut pas accuser quelqu'un de complicité
00:43:44avec l'extrême droite parce qu'il a serré la main.
00:43:46C'est absurdissime.
00:43:47Quand on regarde...
00:43:48Je pense qu'ils ne prennent pas de pouce la carte au RN
00:43:50directement parce qu'ils ont serré la main de quelqu'un.
00:43:51La question qu'il faut voir,
00:43:52c'est la collusion sur les idées.
00:43:54C'est pas sur le respect minimal
00:43:57qu'on accorde aux individus.
00:43:58Et en effet, vous citiez cet épisode
00:44:00avec Ursula von der Leyen.
00:44:02Mais il y en a un plus ancien, mais qui est très éloquent.
00:44:05C'était quand Jean-Luc Mélenchon, à Marseille,
00:44:07un matin, il y a quelques années,
00:44:09avait déclaré qu'Emmanuel Macron
00:44:11était le plus grand islamophobe de France.
00:44:13Et que le soir même, par hasard,
00:44:15il le croise sur la terrasse d'un restaurant.
00:44:17Et que quand les journalistes se font un plaisir
00:44:20de lui rappeler cette déclaration devant Emmanuel Macron,
00:44:22il dit non, non, non, c'est la chaleur marseillaise,
00:44:24vous pouvez pas croire que j'ai dit ça, etc.
00:44:27Donc c'est en effet, vous citiez la folie des grandeurs,
00:44:29il y a un côté Louis de Funès.
00:44:31Fort avec les faibles, les faibles avec les forts.
00:44:33Et Jean-Luc Mélenchon a déjà serré,
00:44:35il y a des photos, serré la main de Marine Le Pen.
00:44:38Un dernier mot rapide, Jacques, s'il vous plaît.
00:44:40Le problème, c'est que les personnages que joue Louis de Funès,
00:44:42dans ce genre de films,
00:44:44ce sont toujours des personnages riches et de droite.
00:44:46C'est jamais des gens de gauche.
00:44:48Gabriel, je laisse le mot de la fin là-dessus.
00:44:50À l'inverse, ça voudrait dire qu'à chaque fois
00:44:52qu'on serre la main de quelqu'un, on est d'accord avec lui ?
00:44:54Je pense qu'un chef d'État serre la main de tout un tas d'autres chefs d'État.
00:44:57Certains vous disent que même juste dire bonjour à quelqu'un,
00:45:00ça va beaucoup les engager.
00:45:02Ça veut dire qu'à chaque fois qu'ils serrent la main de quelqu'un,
00:45:04c'est donc qu'ils partagent leur corpus d'idéologie.
00:45:07Ils doivent bien dire bonjour à des gens qui votent Rassemblement national.
00:45:09Mais moi, je voulais simplement revenir une minute au sujet de Nathan.
00:45:12J'ai envie de dire chapeau l'artiste en parlant d'Emmanuel Macron.
00:45:16Parce que je vous rappelle la genèse.
00:45:18Dissolution parce que vague du Rassemblement national.
00:45:22Et puis après, le nouveau Front populaire arrive en tête.
00:45:25Et là, in fine, c'est cette phrase du guépard qui a été tellement galvaudée,
00:45:29mais elle est tellement vraie.
00:45:30Il faut que tout change pour que rien ne change.
00:45:32C'est Yael Brown-Pivet qui est à nouveau au perchoir.
00:45:34Il ne nous manque plus que Gabriel Attah ou Elisabeth Borne.
00:45:36Je trouve que c'est le bon comitain pour être Premier ministre.
00:45:38Attention Gabriel, tout peut arriver.
00:45:40Exactement.
00:45:41Et la boucle est bouclée.
00:45:42Et en plus, tout le monde, comme tout le monde aura eu peur,
00:45:44enfin en tout cas, un certain nombre auront eu peur
00:45:46avec la perspective du nouveau Front populaire
00:45:48et son programme parfois s'effrayant.
00:45:51Tout le monde se dira, ah ben en plus, c'est super.
00:45:53J'ai entendu les commentaires DLR ce matin dire
00:45:55on n'allait quand même pas laisser un communiste au perchoir.
00:45:58Donc finalement, on est content.
00:45:59C'est fou.
00:46:00Allez, on va passer à votre éditorialiste parce qu'on va parler avec vous de politique.
00:46:03Mais américaine cette fois, puisque après la tentative d'assassinat contre Donald Trump
00:46:08et après l'annonce du nouveau Covid de Joe Biden,
00:46:11on a l'impression que l'ancien président Donald Trump semble invincible.
00:46:15Oui, on est presque à une semaine justement,
00:46:17vous l'avez noté, de cette tentative d'attentat
00:46:19qui a redessiné, qui a complètement bouleversé
00:46:22la campagne électorale aux Etats-Unis.
00:46:24On va y revenir.
00:46:25Alors d'abord, je voulais revenir sur une anecdote qui m'avait marqué.
00:46:29Dans la précédente élection de Donald Trump,
00:46:32on était le 4 novembre 2016.
00:46:35La soirée électorale est déjà entamée.
00:46:38Donald Trump est assis dans son canapé.
00:46:40Il a, on va dire, un soda light, parce qu'on ne peut pas donner la marque.
00:46:44Ce n'est pas la marque, mais on connaît.
00:46:46C'est sa marque préférée.
00:46:47Il ne boit pas d'alcool, Donald Trump.
00:46:48Et il est devant sa télé, comme beaucoup.
00:46:51Et il voit la carte américaine.
00:46:54Vous savez, il y a un journaliste de CNN qui s'appelle John King
00:46:57qui manie un petit peu.
00:46:59Et c'est des soirées interminables.
00:47:00Parfois, on y passe la nuit.
00:47:01Et là, on va y passer la nuit, justement.
00:47:03Nous, de ce côté de l'Atlantique, et lui, la journée, en tout cas.
00:47:07Et il regarde, les premiers résultats tombent.
00:47:10Ils sont catastrophiques pour lui.
00:47:12Hillary Clinton remporte l'État de New York.
00:47:15Le New Jersey, où on disait que Donald Trump avait des chances, etc.
00:47:19Les États pivots, c'est très, très serré.
00:47:21Mais il semble qu'ils vont aller du côté d'Hillary Clinton.
00:47:26C'est l'Ohio, c'est la Floride, etc.
00:47:30Ils arrivent minuit.
00:47:32Et Donald Trump est toujours avec son staff,
00:47:34réuni en haut de la Trump Tower de New York.
00:47:38Son staff commence à le regarder.
00:47:41Et il y a une sorte de moment
00:47:44où les gens commencent à ramasser leurs affaires.
00:47:47Donald Trump est toujours dans son canapé avec sa canette à la main.
00:47:51Il est à ce moment-là tout seul.
00:47:54Une partie de son staff est déjà partie.
00:47:57Il regarde ceux qui restent.
00:47:58Il leur dit, ce n'est pas encore fini.
00:48:01Stupeur, on se remet à côté de lui.
00:48:05Il est tout seul, il est isolé.
00:48:07Et puis, petit à petit, au fur et à mesure de la nuit,
00:48:12l'Ohio tombe de son côté.
00:48:14Les États, un par un, ça va durer jusqu'au petit matin.
00:48:17L'espoir renaît au fur et à mesure.
00:48:20Les dieux semblent l'écouter.
00:48:22Et au bout de la nuit, il est élu président.
00:48:24Donald Trump, c'est le type qui est capable d'aller
00:48:26au moment où, il faut dire, il est le seul à le dire.
00:48:30Il dit, ce n'est pas encore fini.
00:48:32Est-ce que vous diriez que Donald Trump a de la chance ?
00:48:34Oui, évidemment, il a une sacrée veine.
00:48:36Coup sur coup, déjà, il échappe à quelques millimètres de la mort.
00:48:43Et son adversaire, déjà mal en point,
00:48:45est aujourd'hui confiné, victime du Covid.
00:48:48Le troisième, je crois, chez Joe Biden.
00:48:50Ça fait beaucoup.
00:48:51Mais un Covid qui tombe à un moment incroyable.
00:48:54Un commentateur américain a dit,
00:48:56une balle n'a pas réussi à arrêter Donald Trump,
00:48:58mais le Covid a réussi à stopper Joe Biden.
00:49:01Sous-entendant que peut-être que ce Covid déterminerait son retrait.
00:49:05On ne sait pas encore.
00:49:06Sans parler de ce débat surréaliste
00:49:08qui a vu Biden en plein désarroi.
00:49:11Un cadeau du ciel qui aurait totalement pu être évité par les démocrates.
00:49:14Biden aurait pu dire prétexte,
00:49:17trouver un prétexte pour éviter ce débat
00:49:19qui, tout à coup, alors que nous, on le savait,
00:49:21je veux dire, beaucoup de journalistes le savaient,
00:49:23on le voyait, on voyait les gaffes de Donald Trump,
00:49:26de Joe Biden.
00:49:28Tout à coup, c'est devenu,
00:49:30la sénilité est devenue indiscutable.
00:49:33Alors, Donald Trump a de la chance.
00:49:35Oui, il a eu une chance,
00:49:37de cette chance qu'il faisait dire à Napoléon
00:49:39quand on lui présentait un officier,
00:49:41en lui vantant toutes ses qualités.
00:49:43Il disait, fort bien, mais a-t-il de la chance ?
00:49:46Donald Trump, c'est l'homme qui se relève toujours.
00:49:49Il perd tout, il se refait,
00:49:52un peu comme dans le poème de Ruyard Kipling
00:49:55et qu'il lui confère dans ce poème, justement,
00:49:58la qualité d'homme.
00:50:00Le businessman a plusieurs fois été ruiné.
00:50:02Il n'était pas forcément très doué en affaires, d'ailleurs,
00:50:04mais il est prêt à tout pour remonter sur scène.
00:50:07Il fonce, il déplace des montagnes,
00:50:09il a construit des tours,
00:50:11il a même façonné la skyline de Manhattan.
00:50:13Donc, il a laissé une trace dans le ciel,
00:50:15physiquement, pour exister.
00:50:17C'est quelqu'un qui a toujours été prêt à tout
00:50:19et il a dû d'abord, évidemment, s'élever contre son père
00:50:22qui n'est pas forcément en lui.
00:50:24Bref, il a toujours bouillonné, Donald Trump.
00:50:28Vous disiez, à l'instant, qu'il avait toujours
00:50:30été prêt à tout pour exister.
00:50:32Oui, tout à fait. Je me souviens d'une publicité.
00:50:34Elle remontait à quelques années,
00:50:36mais j'avais vu, quand j'étais correspondant de Paris Match
00:50:38aux Etats-Unis, dans les années 2000,
00:50:41une publicité incroyable
00:50:43pour un fast-food de volatiles dans le New Jersey.
00:50:46On le voyait gigoter en costume
00:50:48avec des danseurs autour déguisés en poulets.
00:50:50Vous voyez, il est prêt à mouiller la chemise pour tout.
00:50:53Alors, il a construit des casinos, il a été endetté,
00:50:56des golfs jusqu'en Californie à Hawaï.
00:50:58À une époque, il possédait une chaîne de télévision de catch,
00:51:01d'où sa popularité, justement, auprès des sports de combat.
00:51:04Aujourd'hui, en business, il a fait feu tout bois.
00:51:07En politique, Donald Trump est l'un des premiers,
00:51:10et ça, c'est important, c'est vraiment clé,
00:51:12à avoir compris la notion d'occupation de l'espace
00:51:15et d'omniprésence.
00:51:16En fait, aux Etats-Unis, on dit
00:51:19La mauvaise publicité n'existe pas,
00:51:22et lui, il incarne ce principe comme aucun autre.
00:51:25Est-ce que vous diriez que c'est l'inverse pour Joe Biden ?
00:51:28Joe Biden, ce qui est terrible,
00:51:30c'est que c'est l'apparatchik washingtonien par excellence.
00:51:32Biden, c'est un routinier.
00:51:34En dehors de prendre le train de Wilmington,
00:51:36d'où il est originaire dans le Delaware
00:51:38pour aller siéger au Congrès dans la capitale,
00:51:40il n'a jamais réellement poussé les portes du destin.
00:51:43Sa vie familiale est marquée par la perte de plusieurs proches,
00:51:46mais il incarne en tout point
00:51:48l'establishment qui le protège
00:51:51au point de l'avoir laissé candidater
00:51:53à la suite de Barack Obama.
00:51:55Il ne faisait de l'ombre à personne, en fait, Joe Biden.
00:51:58Il a tout de même battu Trump
00:52:00au bout d'un mandat plus que chaotique,
00:52:02mais ses parrains politico-médiatiques,
00:52:04et c'est là où c'est très important,
00:52:05ont faim de ne pas voir l'âge avancer en lui
00:52:08et les gaffes s'accumuler.
00:52:10Trump en face était si répulsif
00:52:12qu'ils ont cru qu'au bout du compte,
00:52:14Biden finirait par repasser.
00:52:16C'était acquis.
00:52:17Évidemment, il y a eu la chance de Trump
00:52:19et il y a eu cet attentat qui a tout changé.
00:52:21Est-ce que vous diriez que cet attentat, justement,
00:52:23l'a rendu invincible ?
00:52:24Alors, je dirais qu'il le fait
00:52:26et c'est là où ça va être très, très difficile
00:52:28pour les démocrates.
00:52:29Et on va voir, finalement, à la fin de cette chronique,
00:52:31comme quoi, pourquoi ils sont dans un désarroi total,
00:52:34parce que ça fait entrer Trump véritablement plus qu'avant
00:52:38dans la légende américaine des présidents assassinés ou presque.
00:52:41Donc, finalement, dans l'histoire pour les Etats-Unis.
00:52:44C'est dur de remonter la pente
00:52:46et de se battre à la fois avec toute cette histoire
00:52:49que les Américains chérissent,
00:52:51qui leur est propre, qu'ils l'imaginent.
00:52:53Vous savez, les Etats-Unis, c'est un pays
00:52:55où beaucoup d'Américains sont convaincus
00:52:57qu'ils sont dans le best country in the world,
00:52:59dans le meilleur pays du monde.
00:53:00Et cette histoire, même si elle est tragique,
00:53:02même si parfois elle est complètement bringue ballante
00:53:06avec des présidents un peu bizarres,
00:53:08Hollywood écrit toujours la scène.
00:53:11Et là, Hollywood a déjà, depuis longtemps,
00:53:14écrit le script du retour de Trump, le maudit.
00:53:17Et tout à coup, en fait, il devient du diable.
00:53:20Il devient une icône religieuse parce qu'il est rescapé d'un miracle.
00:53:23Et quel scénario, du coup, ce profil pour les démocrates ?
00:53:26Est-ce qu'on peut penser que la situation est d'ores et déjà désespérée ?
00:53:29Elle est désespérée parce que Joe Biden
00:53:31s'en est quand même rendu compte
00:53:33que la poursuite de cette campagne
00:53:37n'était peut-être pas une bonne chose.
00:53:39Il l'aurait dit, attention avec du inconditionnel,
00:53:43que si ses médecins ne le jugeaient pas apte,
00:53:45il jetterait l'éponge.
00:53:47On sait que beaucoup de ses proches
00:53:49tentent de le persuader actuellement,
00:53:51notamment Nancy Pelosi, la chef du parti,
00:53:53qui l'a appelée personnellement.
00:53:55Alors Hillary Clinton continue à pousser les donateurs
00:53:58parce que c'est un vrai problème aux Etats-Unis.
00:54:00Quand vous menez une campagne,
00:54:02vous avez des donateurs qui vous permettent de financer cette campagne
00:54:04et de financer des campagnes de publicité dans les Etats-clés.
00:54:07Là, aujourd'hui, ça commence à s'assécher côté démocrate.
00:54:10Plus personne n'y croit.
00:54:11Hillary encourage toujours
00:54:13un personnage très influent dans le parti.
00:54:16On murmure qu'un autre candidat
00:54:18pourrait être désigné fin août par les délégués
00:54:21quand ils seront réunis à la convention de Chicago.
00:54:24En attendant, les démocrates
00:54:26sont véritablement en état de décomposition.
00:54:28Mais imaginez,
00:54:30même s'ils désignent une autre personne fin août,
00:54:32ça vous laisse septembre, octobre,
00:54:34l'élection et le 5 novembre,
00:54:36même un peu plus de deux mois.
00:54:38Comment faire campagne contre Trump
00:54:40avec ce qui lui est arrivé,
00:54:42avec cette aura qu'il a en seulement deux mois
00:54:44et gagner ?
00:54:46Les chances sont minces,
00:54:49très minces.
00:54:50Et l'avenir politique des Etats-Unis
00:54:52semble aujourd'hui s'articuler autour de Donald Trump.
00:54:55Merci beaucoup, Nathan.
00:54:56Un mot très rapide avant qu'on passe au dernier édito, s'il vous plaît.
00:54:58Un mot très rapide sur Donald Trump.
00:55:00Il avait dit une phrase très juste le concernant.
00:55:02Il avait dit dans une conférence de presse
00:55:04qu'il pouvait aller sur la 5e avenue
00:55:07tirer au pistolet sur un piéton
00:55:09et qu'il ne perdrait pas une voix dans les sondages.
00:55:12C'est vrai que c'est ce qui est fascinant
00:55:14dans sa trajectoire politique.
00:55:16N'importe quel homme politique,
00:55:18s'il avait fait le quart ou le dixième,
00:55:20le millième de ce que fait Donald Trump,
00:55:22ça aurait été...
00:55:24Je parle de sa trajectoire politique
00:55:26sur les 15 dernières années.
00:55:28Et la deuxième chose, sur la chance,
00:55:30c'est Machiavel qui dit ça dans Le Prince.
00:55:32La chance, c'est une vertu du politique.
00:55:34Ce n'est pas le hasard.
00:55:36C'est quelque chose qui relève en quelque sorte
00:55:38d'une forme de mérite.
00:55:40Merci, Nathan.
00:55:41On va passer au dernier édito avec vous, cher Vincent Roy.
00:55:44Vous allez nous parler d'un contrat d'engagement
00:55:46au respect des valeurs de la République.
00:55:48Le mot est bien pompeux, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
00:55:51Vous savez, République universelle,
00:55:53tu n'es encore que l'étincelle, demain, tu seras le soleil,
00:55:56disait Victor Hugo.
00:55:57Oui, M. Darmanin voulait un contrat d'engagement
00:56:01au respect des valeurs de la République,
00:56:03c'est-à-dire qu'il voulait que les émigrés
00:56:06signent un contrat.
00:56:08Pas un contrat moral, pas seulement un contrat moral,
00:56:11mais un contrat physique, un contrat papier.
00:56:13Ça ne rigole plus.
00:56:14Parmi les décrets publiés ce mardi au journal officiel,
00:56:17l'un d'eux fixe pour les émigrés
00:56:20le contenu de leur nouveau contrat d'engagement
00:56:22au respect des valeurs de la République.
00:56:24Dans un de ses tweets, d'ailleurs, le ministre de l'Intérieur,
00:56:26par intérim, c'est ainsi que l'on doit dire,
00:56:28ou des missionnaires, je ne sais plus ce qu'on doit dire.
00:56:31Gérald Darmanin s'est félicité de la publication
00:56:34le 16 juillet dernier de six nouveaux, je le cite,
00:56:37de six nouveaux décrets de la loi immigration
00:56:39qui s'ajoutent aux mesures de grande fermeté, dit-il,
00:56:42déjà en vigueur depuis son adoption le 18 janvier dernier.
00:56:45Ceux qu'il ne respecterait pas pourraient être expulsés.
00:56:49Alors là, évidemment, je demande à voir,
00:56:52mais restons positifs.
00:56:53Les chiffres ne peuvent que me laisser songeur.
00:56:5722 000 éloignements en un an,
00:57:00alors même que le même M. Darmanin
00:57:02évalue entre 600 et 900 000 le nombre des clandestins en France.
00:57:07D'ailleurs, comment évaluer le nombre des clandestins,
00:57:09vu qu'ils sont clandestins ?
00:57:11La réponse se situe dans la question.
00:57:13Donc M. Darmanin affirme que 2 500 étrangers délinquants
00:57:17ont été expulsés au premier semestre 2024,
00:57:20soit une hausse de 28 %.
00:57:22Évidemment, il ne s'agit là que des sortants de prison
00:57:25et non des centaines de milliers d'illégaux
00:57:27que l'Intérieur peine à expulser,
00:57:29faute de convaincre ou les magistrats
00:57:30qui annulent massivement les procédures
00:57:32ou un manque de coopération de la part de nombreux pays d'origine.
00:57:35Oui, parce qu'expulser sans laisser passer consulaire
00:57:38est un coup d'épée dans l'eau.
00:57:39M. Darmanin ne peut pas donc être rendu responsable de tous les maux.
00:57:43On retiendra surtout, parmi les décrets cités,
00:57:46celui éminemment symbolique
00:57:48qui est relatif au contrat d'engagement
00:57:50au respect des principes de la République
00:57:53auquel tenait beaucoup notre ministre par intérim.
00:57:56De nouvelles règles applicables à tout étranger
00:57:59qui sollicitent un document de séjour,
00:58:01nous dit-il, qu'il s'agisse d'une première demande
00:58:03ou d'un renouvellement.
00:58:04La France a délivré en 2023
00:58:07plus de 326 000 premiers titres de séjour,
00:58:09s'agissant donc du flux annuel.
00:58:11Et selon les services de l'immigration,
00:58:13le stock de titres valides et de documents provisoires de séjour
00:58:16détenus par des ressortissants de pays tiers hors britanniques
00:58:19se situait à plus de 4 millions
00:58:22au 31 décembre 2023 en hausse de 4,4 points
00:58:26par rapport à la fin de 2022.
00:58:28L'immigration familiale,
00:58:30c'est 1 300 000 titres et documents.
00:58:33L'humanitaire, 590 000.
00:58:35L'économique, 386 000.
00:58:37L'étudiant, plus de 338 000.
00:58:39Ainsi, les étrangers titulaires d'un permis de séjour
00:58:42représentent près de 6 % de la population française.
00:58:45Ça, c'est pour le cadre, pour donner les chiffres.
00:58:47Alors, le contrat type version Darmanin
00:58:49est placé en annexe du décret.
00:58:51Libellé comme suit, la France m'a accueilli sur son sol
00:58:55dans le cadre de ma demande de délivrance
00:58:58et de renouvellement d'un document de séjour.
00:59:01Je m'engage solennellement à respecter
00:59:03les principes de la République française.
00:59:05Ils sont ainsi définis.
00:59:07Je m'engage à respecter la liberté personnelle,
00:59:10la liberté d'expression et de conscience,
00:59:12l'égalité entre les hommes et les femmes,
00:59:14la dignité de la personne humaine,
00:59:16la devise et les symboles de la République
00:59:18au sens de l'article 2 de la Constitution,
00:59:21l'intégrité territoriale définie par les frontières nationales
00:59:24et à ne pas me prévaloir de mes croyances ou de mes convictions
00:59:27pour m'affranchir des règles communes
00:59:29régissant les relations entre les services publics et les particuliers.
00:59:33Bon, c'est évidemment très positif.
00:59:35Mais je me suis tout de même posé une question.
00:59:37Pour signer un contrat, faut-il encore en comprendre
00:59:39et la lettre et l'objet ?
00:59:41Si vous maîtrisez mal notre langue, par exemple,
00:59:44vous signez sans comprendre.
00:59:46Si vous la maîtrisez peu,
00:59:47est-ce que vous êtes bien capable de saisir, par exemple, cette formule
00:59:50ne pas me prévaloir de mes croyances ou de mes convictions
00:59:53pour m'affranchir des règles communes ?
00:59:55Enfin, signer n'est pas respecter.
00:59:57En admettant que l'impétrant saisisse toutes les nuances du texte,
01:00:00comment s'assurer qu'il va respecter ses engagements ?
01:00:03Donc il y a là, malgré tout, quand même du contrat moral.
01:00:07Bon, ce que je comprends surtout,
01:00:08c'est que ce contrat est plus symbolique qu'autre chose.
01:00:11Il ne réglera pas tous les problèmes, certes.
01:00:13Mais enfin, les symboles, ça compte.
01:00:15Et puis, il n'est jamais inutile de rappeler
01:00:18et de formaliser ce qui est essentiel.
01:00:20Merci beaucoup, Vincent Roy.
01:00:22Merci aussi à Gabriel Cluzel, Nathan Devers et Régis Le Sommier.
01:00:25Merci d'avoir été les invités de Face à l'Info.
01:00:27Tout de suite, vous retrouvez Eliott Deval pour l'heure des Pro 2.

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