Face à l'Info Été (Émission du 24/07/2024)

  • il y a 3 mois
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00:00Bonsoir et bienvenue dans Face à l'Info. Nous sommes ensemble pendant une heure et on débute comme chaque jour avec le rappel de l'actualité avec vous Simon Guillin.
00:00:09Bonsoir Simon. Bonsoir Élodie et bonsoir à tous. Ça y est les épreuves des JO ont commencé aujourd'hui avec deux matchs de football masculin.
00:00:15Ce soir à 21h, le Mali affronte Israël, un match sous très haute surveillance au Parc des Princes.
00:00:201000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour cette rencontre qui fait d'ailleurs l'objet d'un périmètre antiterroriste.
00:00:26Les Alpes françaises ont été choisies pour accueillir les JO d'hiver en 2030.
00:00:31Pour la quatrième fois de son histoire, la France devrait donc, sauf surprise, organiser les 26e Jeux d'hiver sous réserve de fournir les garanties financières de l'État et des régions.
00:00:40Et puis Benjamin Netanyahou prononcera ce soir un discours devant le Congrès américain.
00:00:44Le Premier ministre israélien s'efforcera de faire pression sur les États-Unis dans un contexte très tendu entre les deux pays.
00:00:50La visite du dirigeant israélien à Washington intervient en pleine effervescence politique aux États-Unis.
00:00:57Merci à vous Simon pour m'accompagner pendant cette heure.
00:01:00Pour l'instant, il ne sont que deux, mais normalement les autres devraient ne pas tarder.
00:01:03Régis Le Sommier, bonsoir.
00:01:05Bonsoir Élodie.
00:01:06Et Arthur de Vatrigan, bonsoir.
00:01:08Bonsoir Élodie.
00:01:09Alors au sommaire de votre face à l'info, on commencera par la diplomatie avec vous, Régis Le Sommier,
00:01:13et les impacts de la campagne américaine sur la guerre en Ukraine.
00:01:18Le colistier de Donald Trump est connu pour ses positions qu'on peut qualifier d'hostiles au financement de ce conflit.
00:01:23Alors que pourrait changer une potentielle réélection de Donald Trump ?
00:01:26Comment il pourrait justifier leur position ? Vous allez tout nous expliquer.
00:01:31On a beaucoup commenté depuis hier l'intervention du chef de l'État,
00:01:34mais il y a un passage qui est peut-être passé inaperçu à tort, car en fait il veut dire beaucoup.
00:01:39Emmanuel Macron qui admet, je cite, que régler la question du chômage de masse n'était pas suffisant.
00:01:44On en parlera avec Albert Zemmou.
00:01:46Alors pourquoi se met à coup de pas et peut-on dire que cette déclaration remet en cause l'essence même du macronisme ?
00:01:52On parlera budget également avec Agnès Verdier-Molinier.
00:01:55Le budget 2025, on ne sait pas qui devra le présenter, mais on sait déjà que ce texte sera évidemment important et à haut risque.
00:02:01Le président de la République en a parlé deux fois hier dans son interview.
00:02:05Agnès nous montrera pourquoi ce budget est sans doute responsable de la dissolution.
00:02:11Avec vous Arthur de Vatrigan, on va parler Jeux olympiques d'une manière un peu différente,
00:02:14puisque vendredi dernier a eu lieu la messe d'ouverture de la trêve olympique à la Madeleine à Paris.
00:02:19C'est une tradition, mais qui a fait bondir la gauche.
00:02:22Alors comment lier laïcité et tradition ? Vous allez nous répondre.
00:02:26Et puis pour terminer, Régis Le Sommier, on parlera de l'Irak.
00:02:2922 ans après l'invasion de l'Irak par les États-Unis, il demande de nouveau un retrait complet des forces américaines.
00:02:34Des discussions ont lieu en ce moment à Washington.
00:02:37Ce n'est pas la première fois que cette demande a lieu, mais les précédentes demandes ont toutes échoué.
00:02:41D'abord, vous nous rappellerez pourquoi. Vous ferez aussi l'état des forces en présence sur place.
00:02:45Face à l'info, c'est parti.
00:02:59Le gouverneur de l'Ohio, je le disais, est connu pour ses prises de position hostile au financement de la guerre en Ukraine.
00:03:05Cette guerre qui dure bientôt depuis deux ans et demi.
00:03:07Alors comment compte-t-il s'y prendre si Donald Trump arrive au pouvoir pour arrêter cette guerre, Régis ?
00:03:12Trump l'a répété plusieurs fois. Il peut arrêter la guerre en Ukraine en 24 heures.
00:03:17Évidemment, c'est le sens de la formule du personnage qu'on connaît.
00:03:22Cet aplomb caractéristique de celui qui imagine toujours que sa personne a une telle importance qu'elle peut déplacer les montagnes.
00:03:29On se souvient en 2016, si ma mémoire est exacte, lors de sa première présidence.
00:03:34Je crois que c'était en novembre 2017.
00:03:38Il s'était rendu en Corée du Nord pour rencontrer Kim Jong-un et ainsi espérer l'amadouer.
00:03:45La rencontre avait eu lieu. On avait beaucoup glosé sur les résultats.
00:03:50Il faut constater qu'elle n'avait pas donné grand-chose.
00:03:53Le même Kim continuant de menacer ses voisins à coup de missile.
00:03:57Mais entre un dictateur vociférant et une guerre dont l'aspect se rapproche de façon inquiétante de la Troisième Guerre mondiale,
00:04:04il y a évidemment une distance.
00:04:06Il faudrait aussi que la Russie accepte les conditions émises par le tandem Trump-Vance,
00:04:11ce qui est loin d'être certain, surtout aujourd'hui.
00:04:14La nomination de J.D. Vance pendant la convention républicaine de Milwaukee a représenté une indication sur la politique internationale
00:04:21qui pourrait être mise en place si Donald Trump est élu.
00:04:24Oui, alors c'est très intéressant.
00:04:25Hasard du calendrier, cette annonce justement de la nomination de J.D. Vance, son discours sur la guerre en Ukraine,
00:04:32je vais en citer quelques extraits un petit peu plus tard,
00:04:35il a coïncidé avec une visite de Sergei Lavrov et de sa conseillère Maria Zakharova à l'ONU à New York,
00:04:43mais également une visite de Viktor Orban à Trump dans sa résidence floridienne de Mar-a-Lago,
00:04:49qui en ce moment tient lieu de Maison Blanche avant la Maison Blanche pour l'équipe Trump.
00:04:53Je m'explique, Trump a toujours adoré cet endroit, un petit peu à la manière de George Bush quand il utilisait Crawford,
00:05:01qu'il appelait d'ailleurs The Second White House, avant sa présidence et pendant sa présidence.
00:05:06Mais Trump, lui, c'est Mar-a-Lago et dans les jours qui viennent d'ailleurs,
00:05:11il est prévu également que Benjamin Netanyahou, dont on a parlé tout à l'heure,
00:05:14qui va faire son discours devant le Congrès, se rende à Mar-a-Lago pour rencontrer Trump.
00:05:19Alors on imagine que Trump veut s'attaquer aussi au dossier de Gaza.
00:05:23Il a d'ailleurs reçu aujourd'hui une lettre de Mahmoud Abbas sur le mode « ne nous oubliez pas ».
00:05:29Trump, on l'imagine, tentera sur ce dossier du Moyen-Orient et d'Israël et de Gaza
00:05:34de réactiver évidemment son œuvre, les accords d'Abraham en faisant pression sur l'Arabie saoudite
00:05:40pour qu'elle établisse des liens avec Israël, le sujet très touchy.
00:05:44On dira juste que l'imminence de ce rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël
00:05:53est la raison principale de l'attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre dernier.
00:05:57Et l'Ukraine alors ?
00:05:58Alors l'Ukraine, je l'ai dit, J.D. Evans n'en a jamais fait mystère.
00:06:02Il souhaite un accord de paix immédiat et des concessions territoriales qui vont évidemment en faveur de la Russie.
00:06:07Le 23 avril dernier, après des mois, vous vous en souvenez, de tractations, d'attermoiements,
00:06:13le Congrès avait voté ce soutien massif de 61 milliards de dollars et débloqué finalement le 23 avril.
00:06:20A l'époque, J.D. Evans avait dit avant le vote, plus il y aura de morts inutiles,
00:06:25moins il y aura de gens pour reconstruire l'Ukraine et moins l'Ukraine sera capable de fonctionner en tant que pays à l'avenir.
00:06:32Comprenez bien, J.D. Evans est un isolationniste, comme Trump, mais peut-être encore davantage.
00:06:37Alors cette inclinaison, elle étonne souvent les Français parce qu'on s'imagine que les Etats-Unis sont, on l'a appelé,
00:06:43ou le super gendarme du monde à une époque, ou le camp du bien qui nous protège, etc.
00:06:49Mais en fait, cette inclination, elle est résumée d'ailleurs dans le slogan « America first »
00:06:55et elle existe, cette tradition, aux Etats-Unis depuis les pères fondateurs.
00:06:59L'idée qu'il faut tourner le dos à l'Europe, après tout, l'Amérique s'est faite pour partie de gens fuyant les persécutions en Europe ou ailleurs,
00:07:06on l'appelait la Nouvelle Jérusalem, elle se boudait une nation de liberté à l'opposé des régimes despotiques européens et des persécutions.
00:07:13Et pour défendre son point de vue, J.D. Evans appuie là où ça fait mal, le manque d'hommes pour combattre.
00:07:19Il dit « Après deux ans de conflits, certains villages ukrainiens n'ont presque plus d'hommes,
00:07:23l'armée ukrainienne a eu recours à la coercition pour obliger les hommes à servir,
00:07:28et les femmes ont organisé des manifestations, et c'est exact, pour exiger le retour de leur mari et de leur père après de longues années de service au front.
00:07:35Alors ça, c'est vraiment le problème principal actuellement des Ukrainiens.
00:07:40Les Russes ont des réserves, les Ukrainiens n'en ont plus, les Russes avancent, les Ukrainiens reculent.
00:07:45De façon plus pragmative, il estime que les fonds utilisés pour l'Ukraine ne bénéficient pas aux Américains
00:07:52et qu'il y a de meilleures manières de les dépenser, d'autant que cette guerre, pour lui, est en passe d'être perdue.
00:07:59Cet argument, très important, il fait mouche auprès des Américains qui montrent une certaine lassitude vis-à-vis de ce conflit
00:08:05et surtout redoutent l'escalade avec la Russie.
00:08:08On imagine que Kiev n'a toujours pas répondu, sans doute n'a souvent pas réagi pour éviter d'insulter l'avenir,
00:08:13mais c'est quand même une mauvaise nouvelle pour Zelensky.
00:08:16Oui, tout à fait, c'est la fin du soutien inconditionnel à l'Ukraine.
00:08:19Vous savez, nous négocierons quand les Ukrainiens décideront qu'il faudra négocier,
00:08:22et nous serons derrière eux, et on va leur donner tous les moyens pour réussir.
00:08:26Mais on sent bien qu'avoir combattu pendant deux ans, les Ukrainiens ne sont plus la priorité des Américains.
00:08:31Ceux-ci, aujourd'hui, préfèrent s'intéresser au sud-est pacifique, à la Chine, ainsi qu'au Moyen-Orient, dans l'ordre des priorités.
00:08:38Vendredi, Donald Trump a dit avoir appelé Volodymyr Zelensky pour lui annoncer, justement, qu'il mettrait fin à cette guerre.
00:08:44Est-ce que la démarche de Donald Trump est de nature à pousser Vladimir Poutine à entrer dans les négociations ?
00:08:49Alors, bien sûr, Poutine regarde ça, évidemment, comme le lait sur le feu.
00:08:52Il cherche, lui aussi, à trouver une issue, même si l'état des troupes russes, je l'ai dit, après deux ans de conflit, est bien meilleur que celui des Ukrainiens,
00:08:59et que ceux-ci peuvent encore tenir des années, ce qui n'est pas le cas de Kiev.
00:09:03Mais Poutine ne doit pas s'attendre non plus à un chèque en blanc de la part de Trump, qui, par exemple, pourra annexer d'autres territoires.
00:09:10L'intervention des États-Unis sous Biden, d'ailleurs, a permis à l'Ukraine de résister, elle a montré de nombreuses faiblesses des Russes.
00:09:18Les États-Unis restent la principale puissance militaire de la planète.
00:09:24N'oublions pas que le budget de la défense russe, qui est en augmentation constante, s'évalue autour de 106 milliards de dollars.
00:09:32Les Américains, pour les Américains, c'est 850.
00:09:35Merci beaucoup, Régis Le Semier, Arthur de Vatrigan.
00:09:37Est-ce que, effectivement, ça pourrait sonner la fin du soutien inconditionnel à l'Ukraine ?
00:09:41Et pourquoi pas faire effet un petit peu boule de neige si Donald Trump finissait par prendre cette décision de se retirer ?
00:09:46Ça, c'est évident, c'est ce que craint le plus Zelensky, mais aussi beaucoup de pays européens, notamment tous les pays frontaliers,
00:09:50qui n'ont qu'une peur, c'est que les Russes, comme à leur habitude, leur roulent dessus.
00:09:54Mais ce qui est intéressant, c'est que ça donne des indications, J.Devon donne des indications sur la politique extérieure, mais aussi intérieure.
00:09:59Parce qu'il appartient à un nouveau courant intellectuel aux États-Unis, qui s'appelle, qui se nomme les post-libéraux,
00:10:05qui est un courant qui, en fait, est nouveau parce qu'il est très critique à l'égard du libéralisme.
00:10:10Il est critique à l'égard du libéralisme, non pas sur les fondements, il reconnaît que les fondements sont bons,
00:10:14mais qu'ils ont été dévoyés au fur et à mesure, et qu'il faut absolument leur adjoindre, si vous voulez, la notion du bien commun.
00:10:21Il y a une morale chrétienne, même catholique.
00:10:24Et d'ailleurs, c'est intéressant, c'est que J.Devon, comme d'autres, ce sont des protestants qui sont convertis au catholicisme.
00:10:28Et donc, on voit une bataille à l'intérieur, autour de Trump, parce que la première période de Trump,
00:10:32ils étaient entourés d'intellectuels très libéraux, américains, classiques.
00:10:36Et là, cette nouvelle vague d'intellos, plus jeunes, qui s'inspirent de John Milbank, qui est l'éthologien britannique,
00:10:41mais d'intellectuels comme Patrick Dinin, qui sont américains, sont en train de prendre un peu le pouvoir.
00:10:45Et donc, ça risque de changer, évidemment, d'un point de vue de la politique extérieure, mais aussi du point de vue de la politique intérieure.
00:10:50– Albert Zenou, bonjour. – Bonjour.
00:10:52– Vous êtes arrivé à nous, vous êtes rédacteur en chef politique au Figaro.
00:10:56Effectivement, on voit aussi que la réélection aux États-Unis, le potentiel de Donald Trump,
00:11:02elle est suivie aussi, parce qu'un certain nombre de pays se disent,
00:11:04en fonction de la stratégie que prendra Donald Trump,
00:11:07et bien forcément, un certain nombre de pays européens aussi se disent qu'il va peut-être falloir revoir notre stratégie.
00:11:11Forcément, l'un va impliquer l'autre.
00:11:13– Forcément, puisque l'Amérique étant la première puissance mondiale,
00:11:17elle donne le « là » au monde qu'on disait libre avant,
00:11:21et donc, ça va forcément influer sur toutes les capitales.
00:11:25Aujourd'hui, il y a une volonté d'aller vers plus de solidarité, mais en même temps, plus de liberté.
00:11:33Il y a un double élément comme ça qui joue dans tous les pays.
00:11:38On sent ça, une volonté d'avoir un peu plus de liberté économique, sociétale,
00:11:45mais en même temps, avoir de la sécurité, et les États-Unis représentent quand même,
00:11:49toujours pour l'Occident, un parapluie.
00:11:52Certains essayent d'en se redextraire, et avoir une sécurité autonome,
00:11:59c'est le cas de la France, parce qu'elle est une puissance nucléaire,
00:12:02que les autres Européens, à part l'Angleterre, qui n'est plus partie de l'UE, n'ont pas.
00:12:10Et donc, les États-Unis ont un rôle fondamental à jouer sur l'Occident,
00:12:16dans cette bataille, aujourd'hui, qui est plus seulement sur l'Est-Ouest,
00:12:21mais c'est « Est-Est », c'est-à-dire que c'est les États-Unis contre l'Asie-Pacifique.
00:12:25Aujourd'hui, on voit très bien que les États-Unis ont priorisé cet axe de développement,
00:12:31et les conflits à venir sont surtout sur cet axe-là.
00:12:36– Et on va continuer, justement, avec vous, Albert Zénou,
00:12:39parce que vous avez choisi de nous parler de l'interview du président de la République, hier,
00:12:43et d'un passage, justement, précisément, parce qu'il admet que, je le cite,
00:12:45« Régler la situation du chômage de masse n'était pas suffisant »,
00:12:48un aveu qui, finalement, remet en cause l'essence même du macronisme.
00:12:52– Oui, la phrase est passée inaperçue, peu de gens l'ont remarquée, cette phrase-là,
00:12:57mais il s'est livré à une sorte de « mea culpa » inhabituelle chez lui,
00:13:04qui remet en partie en cause toute la doxa du macronisme,
00:13:07c'est l'essence même du macronisme, dans sa version chimiquement pure depuis 2017.
00:13:12Je pense, et très sincèrement, c'est ce qu'il dit,
00:13:15qu'en commençant à régler la question du chômage de masse,
00:13:17on réconcilierait la France avec elle-même.
00:13:20Ce n'est pas suffisant, il faut bien mesurer la portée de cet aveu.
00:13:24C'est phénoménal de dire ça pour Emmanuel Macron,
00:13:27c'est toute la théorie macroniste qui en prend un coup.
00:13:30C'est en effet sur cet axiome que s'est construit,
00:13:32non seulement le programme du candidat Macron en 2017,
00:13:35mais toute sa pensée économique, sociale et même politique.
00:13:39Pour lui, l'économie est un levier central pour résoudre tous les problèmes de la société.
00:13:44En gros, si l'économie va, tout va,
00:13:47donc les banlieues, la cohésion sociale, le chômage, bien entendu,
00:13:52mais tout était réglé par ce concept du primat de l'économie.
00:13:58Donc, pour lui, l'oisiveté, qui est la mère de tous les vices,
00:14:05comme dit le proverbe, était battue en brèche par l'activité.
00:14:08Si on avait un travail, il n'y avait pas de problème.
00:14:11C'est la théorie macroniste qui parle du travail de toutes les vertus.
00:14:17On donne du travail à des jeunes qui ne tiennent les murs, comme on dit,
00:14:20et puis ils ont fait des responsables au sens civique ultra-développés,
00:14:24à l'avenir radieux, au vivre-ensemble idéal.
00:14:27En somme, un rêve, mais comme tous les rêves, ça se finit quand on se réveille.
00:14:31Et donc, Emmanuel Macron, finalement, reconnaît que tout ne se résume pas à l'économie ?
00:14:36Non, l'aveu d'hier soir, au-delà de toute cette théorie, ce n'est pas suffisant,
00:14:41c'est ce qu'il a dit et que je répète,
00:14:44mais en prenant en compte ses paroles, il reconnaît qu'il y a autre chose
00:14:48qui se joue dans la société, que les Français sont traversés
00:14:51par des sentiments plus complexes, parfois contradictoires.
00:14:54Jusqu'à présent, Macron s'en tenait à une vision un peu idéalisée de l'économie,
00:14:58comme je le disais, en sous-estimant l'apport de la culture,
00:15:01de la sociologie, de la géographie.
00:15:04Je caricature un petit peu, bien entendu, ce n'est pas aussi net que ça,
00:15:09mais en tous les cas, il y avait ce sentiment que l'économie est la base de tout.
00:15:14Pour ça, il faut citer Antonio Gramsci,
00:15:17qui est le grand penseur du marxisme au début du XXème siècle.
00:15:21Journaliste du Figaro qui cite Gramsci,
00:15:24donc c'est toujours bien de citer un penseur marxiste,
00:15:27mais il était quand même hétérodoxe,
00:15:30mais qui a théorisé l'influence de la superstructure sur l'infrastructure,
00:15:34de l'apport culturel, intellectuel, à la superstructure, à l'économie.
00:15:39Jusqu'à présent, Emmanuel Macron faisait un peu fille de cette théorie,
00:15:44puisque lui pensait toujours que l'économie était la base de tout
00:15:48et qu'elle résoudrait tous les problèmes.
00:15:51Mais en même temps, avec cette théorie,
00:15:55on peut même régler, selon Emmanuel Macron,
00:15:58une chose qui était très importante,
00:16:01qu'il n'a peut-être pas vue, c'est l'insécurité culturelle,
00:16:04qui fait redouter aux Français, notamment,
00:16:07de voir leur modèle culturel disparaître.
00:16:10Il suffit de lire les romans de Nicolas Mathieu ou de G. David,
00:16:13qui montrent bien que l'importance de cet attachement à la terre,
00:16:20cet attachement aux valeurs qui sont liées à une région,
00:16:26à une économie, à tout un ensemble de choses,
00:16:32font qu'il est très important de respecter cet apport culturel.
00:16:37Ça va du principe que quand on n'a plus rien,
00:16:44l'appartenance à une nation, à un pays, à une histoire glorieuse,
00:16:51c'est ce qui permet d'avoir quelque chose en plus.
00:16:55Et ça, Emmanuel Macron l'a toujours un peu laissé de côté.
00:16:59Et ce n'est pas étonnant que les populistes se soient embarqués
00:17:04dans cette histoire et ont compris depuis belle durête
00:17:07que cette insécurité culturelle était très importante.
00:17:10On le voit aux Etats-Unis avec Donald Trump,
00:17:13et ce n'est pas innocent qu'il ait pris G. David comme colistier,
00:17:18mais on le voit avec Giorgia Meloni en Italie,
00:17:20Milley en Argentine, et bien entendu Marine Le Pen en France.
00:17:26Est-ce qu'on peut dire qu'avec cette phrase,
00:17:28il a envoyé un signal à la droite ?
00:17:30Hier soir, en reconnaissant que l'économie ne peut pas tout,
00:17:33Emmanuel Macron a fait un nouveau pas vers la droite,
00:17:36dont une bonne partie n'a jamais partagé ce concept d'économie
00:17:40qui régirait tout, et notamment pour cette partie de la droite
00:17:44qui pense que l'identité culturelle n'est pas une quantité négligeable.
00:17:49Macron a mis le en même temps un peu de côté,
00:17:53mais comme il est capable de dire tout et son contraire
00:17:56dans des intervalles assez rapprochés, tout est possible.
00:17:59Sans doute qu'il joue une partie de son avenir sur cette notion,
00:18:05puisqu'il veut donner un gage à la droite.
00:18:08On a vu hier soir que la candidature de Lucie Castex
00:18:13a été écartée rapidement, balayée d'un revers de manche.
00:18:17Il n'en veut pas.
00:18:19On voit bien qu'il cherche absolument à avoir une coalition avec la droite,
00:18:24si possible une coalition avec participation,
00:18:27mais pour l'instant on n'en est encore qu'à des impacts législatifs.
00:18:31Mais en tous les cas, il n'entend pas faire coalition avec la gauche.
00:18:36Il a même reconnu hier soir que dans les 13 propositions
00:18:40qu'ont faites Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez,
00:18:43il y avait des bonnes choses.
00:18:45Donc tout est possible.
00:18:47Mais pour Macron, reconnaître que le primat de l'économie
00:18:50n'est pas assez évident est déjà un premier pas important.
00:18:53Mais sera-t-il suivi d'autres ? C'est toute la question.
00:18:57Merci beaucoup Albert Zénoud.
00:18:59Je salue Agnès Verdier-Mollinier qui nous a rejoint.
00:19:02Directrice de l'IFRAB, je vous fais réagir à cette édito.
00:19:05L'économie n'est pas tout finalement, Agnès.
00:19:07J'ai envie de réagir sur la phrase sur le chômage de masse.
00:19:10La question c'est est-ce qu'on est vraiment sorti du chômage de masse ?
00:19:14Je ne suis pas complètement sûre qu'on en soit totalement sorti.
00:19:17Parce qu'en réalité, pourquoi est-ce qu'on a des très bons chiffres sur le chômage ?
00:19:20Parce que toute une partie des personnes qui touchent des aides sociales
00:19:23ne sont pas comptées aujourd'hui comme chômeurs,
00:19:25puisqu'ils ne sont pas forcément tenus à faire des recherches d'emploi actives.
00:19:29Et au sens du Bureau international du travail,
00:19:32quand on leur pose la question, vous auriez besoin d'un travail ?
00:19:36Oui. Mais est-ce que vous êtes en train d'en chercher un ?
00:19:38Non. Vous n'êtes pas compté dans les chômeurs.
00:19:40Donc déjà, il y a le halo du chômage en France
00:19:43où il y a deux millions de personnes,
00:19:44qui est énorme par rapport aux autres pays.
00:19:46Par ailleurs, on a fait baisser le chômage à coût de subventions sur l'apprentissage.
00:19:51Alors on peut considérer que l'apprentissage,
00:19:53c'est quand même beaucoup mieux d'être apprenti dans une entreprise
00:19:56que de faire un emploi aidé dans une administration.
00:19:59Néanmoins, on a quand même un sujet sur ce coût énorme de l'apprentissage
00:20:04et sur ces apprentis autour du million
00:20:07qui finalement viennent faire baisser mécaniquement aussi le chômage,
00:20:11mais de manière très coûteuse pour nos finances publiques.
00:20:14Donc sur la question d'est-ce qu'on est vraiment totalement sortis du chômage de masse,
00:20:19moi je ne dirais pas coco-rico sur le sujet.
00:20:22Je dirais coco-rico que le jour où il y aura une obligation
00:20:24pour tous ceux qui n'ont pas d'emploi
00:20:27et qui auraient besoin d'un emploi pour vivre,
00:20:29seraient obligés de chercher un emploi
00:20:31et donc de rentrer dans les statistiques du chômage.
00:20:33Et alors là, ce sera une autre histoire.
00:20:35Parce que quand on additionne les deux,
00:20:36on est plutôt autour de 11%.
00:20:39Quand les Allemands sont, quand on additionne les deux, autour de 7%.
00:20:42Vous voyez, ce n'est pas tout à fait la même histoire.
00:20:44Régis, vous voulez réagir ?
00:20:45Moi je voulais réagir en disant que j'ai l'impression,
00:20:47alors on a appelé ça à l'époque, c'était 2002,
00:20:51le moment où Lionel Jospin a été battu par Jean-Marie Le Pen au premier tour.
00:20:57Il avait des chiffres du chômage qui étaient excellents.
00:21:00On a dit c'est le syndrome Lionel Jospin.
00:21:03Le syndrome Lionel Jospin, ça veut dire
00:21:05qu'on pense qu'en réduisant le chômage, on va améliorer la vie des gens.
00:21:08Or, les préoccupations des gens ne sont pas que de nature économique.
00:21:12Et là, on a eu l'impression qu'Emmanuel Macron, quelque part, découvrait ça.
00:21:16Avec, vous avez raison, cette idée, cette vision économique,
00:21:20le primat de l'économie surtout.
00:21:22Et qu'en fait, en réalité, la raison de l'accumulation des échecs électoraux,
00:21:27parce qu'il y en a quand même trois de suite,
00:21:29ce n'est pas un coup de semonce.
00:21:32On peut dire oui, c'est les élections européennes,
00:21:33c'est les élections des fouloirs,
00:21:35c'est toujours les extrêmes qui gagnent, etc.
00:21:37Non, là, il y a tout sur coup trois élections qui désavouent le président.
00:21:42Et là, peut-être que ça lui a donné un sentiment d'humilité.
00:21:47C'est-à-dire qu'il a reconnu, d'ailleurs, sa défaite, d'une certaine façon,
00:21:51même en nous expliquant comment les choses allaient se passer
00:21:53et que finalement, il était incontournable.
00:21:56Mais en tout cas, il a peut-être compris que, oui, l'insécurité,
00:22:01oui, l'immigration, oui, un certain nombre de thèmes
00:22:05qui touchent les gens dans leur vie sont parfois plus importants
00:22:08que la baisse des chiffres du chômage
00:22:10et que c'est aussi des paramètres sur lesquels il faut agir
00:22:14et que, voilà, clairement, sa politique n'a pas été efficace.
00:22:18Je crois que les Français n'ont jamais vraiment vibré
00:22:20à la baisse du nombre de chômeurs.
00:22:22C'est très important.
00:22:23Tout le monde prend conscience que...
00:22:25Oui, ça ne fait pas seul un projet politique d'enfants.
00:22:28Ça ne remue pas les foules.
00:22:30Non, mais c'est vraiment ce que Jospin croyait en 2002
00:22:32et il a été désavoué.
00:22:34Je vous avais vu réagir, Arthur, quand Régis Le Sommier
00:22:37parlait notamment peut-être d'humilité du chef de l'État.
00:22:40Oui, parce que j'ai quand même eu l'impression
00:22:42qu'il mettait en cause plus sa majorité et donc pas lui
00:22:45et plus ceux qui ont fait campagne et ses équipes que lui-même.
00:22:48Disons que c'est un premier pas.
00:22:50J'ai l'impression qu'il commence à dire que ses équipes
00:22:52ont peut-être raté quelque chose.
00:22:53Peut-être un premier pas vers l'humilité.
00:22:55Concernant le chômage, on peut avoir un emploi
00:22:57et avoir du mal à boucler les fins de mois.
00:22:59Et quand on voit le prix de l'énergie aujourd'hui
00:23:01et toutes les matières premières qui augmentent,
00:23:03qu'on a un emploi mais qu'on crève la dalle
00:23:05et qu'on n'arrive pas à passer autre temps que travailler
00:23:08par exemple avec ses enfants, sa femme et sa famille,
00:23:10ça n'épanouit pas non plus.
00:23:11On a peut-être accusé un peu trop rapidement Emmanuel Macron
00:23:14d'avoir la colonne vertébrale d'un spaghetti trop cuit
00:23:16mais si vous regardez, depuis ce qu'il est là,
00:23:19il est l'héritier d'un courant politique
00:23:21qui est quand même le sensibilisme.
00:23:22C'est ce qu'il caractérise le plus.
00:23:24Et je ne suis pas certain qu'on se défait aussi facilement
00:23:26de cet héritage-là.
00:23:27Et malgré tout, je vois quand même chez lui
00:23:29à chaque fois une prise de parole,
00:23:31en tout cas sur le temps plus long,
00:23:33c'est-à-dire sur un quinquennat et demi,
00:23:34que pour lui, l'émancipation de la personne
00:23:36passe par le progrès, qui est un progrès technique,
00:23:38qui est un progrès économique et qui n'est pas du tout
00:23:40un progrès qui passe par la culture,
00:23:42qui passe par le territoire, qui passe par la famille,
00:23:44qui passe en fait juste par les racines
00:23:45de ce que nous sommes devenus.
00:23:47Donc là, j'y vois plus une stratégie politique.
00:23:49En effet, il a dit hier qu'il refusait la candidature
00:23:52de la candidate du Nouveau Front Populaire
00:23:55et qu'il a fait clairement un appel du pied
00:23:57à son autre parti qui est la droite,
00:23:59le centre droit, on va dire, ex-socialiste,
00:24:00plutôt de reconverti au centre droit,
00:24:02le centre droit et ce qu'il reste des Républicains.
00:24:04Et clairement, je lui vois plus un clin d'œil à ça
00:24:06en disant, bon, les gars, regardez,
00:24:08je vais dans votre sens, maintenant on travaille.
00:24:10C'est vrai qu'Agnès Verdier-Molini,
00:24:11il ne faut pas non plus confondre le chauffemage
00:24:13et le pouvoir d'achat parce qu'en fait,
00:24:14dans les préoccupations des Français,
00:24:16c'est le pouvoir d'achat qui remonte souvent très haut.
00:24:19Comme le disait très justement Arthur,
00:24:21il y a plein de personnes qui, malheureusement,
00:24:22travaillent et ne bouclent pas les fins de mois
00:24:24et n'ont accès à aucun loisir.
00:24:25Et donc, cette colère-là, elle ne se règle pas
00:24:27qu'en réduisant le taux de chômage.
00:24:29Tout à fait.
00:24:30Le problème qu'on a en France,
00:24:31c'est qu'on a, par rapport au travail,
00:24:34un poids énorme de l'État
00:24:36et des dépenses sociales
00:24:38qui pèsent en fait sur nos revenus tous les mois.
00:24:40Alors, on s'en rend plus ou moins compte,
00:24:42mais quand l'employeur paye 100 en France,
00:24:44on a à la fin 46 euros dans la poche,
00:24:47alors qu'en moyenne dans l'Union européenne,
00:24:49c'est 58.
00:24:50Alors que quand vous faites tout le tour
00:24:51des pays européens,
00:24:52certains pays sont à 70.
00:24:54Ils sont à 70 sur 100
00:24:56que les personnes gardent dans la poche.
00:24:57Mais pourquoi ?
00:24:58Parce qu'on a une cascade de cotisations,
00:25:01de CSG, etc., qui est énorme.
00:25:03Et quand on regarde qu'à la fin,
00:25:05on a encore des déficits publics,
00:25:07il faut quand même se poser la question.
00:25:08Comment se fait-il qu'avec notre travail,
00:25:11tous les mois finalement,
00:25:12on finance toutes ces dépenses publiques
00:25:14et qu'on ait le sentiment,
00:25:16un, que les services publics se dégradent,
00:25:19en qualité,
00:25:20et on n'a même pas le droit de l'évaluer,
00:25:21parce que ça, on l'a beaucoup travaillé
00:25:23à la Fondation IFRAP.
00:25:24On montre que dans plein de pays,
00:25:25on a plein de data, plein de données
00:25:27pour dire est-ce que tel ou tel hôpital
00:25:29est meilleur que tel autre, etc.
00:25:31Chez nous, c'est hyper difficile
00:25:32d'avoir des informations là-dessus.
00:25:34Et puis de l'autre côté,
00:25:35ce qui reste dans la poche est très faible.
00:25:37Donc à un moment,
00:25:38le deal de ce modèle, il n'est pas bon.
00:25:40Et d'ailleurs, il engage quoi ?
00:25:42Le déclassement.
00:25:43Et ça, c'est un sentiment très fort
00:25:44quand même chez nos concitoyens.
00:25:46L'impression finalement qu'on perd des points
00:25:48par rapport aux autres pays.
00:25:49Et ça, c'est très simple.
00:25:51On peut l'expliquer très simplement
00:25:52dans les années 80,
00:25:53on était 11e en richesse par habitant.
00:25:55Maintenant, on est 25e.
00:25:57Donc c'est sûr que par rapport
00:25:59aux autres pays du monde,
00:26:01on a clairement reculé.
00:26:03Donc on a beau dire,
00:26:04il y a plein de millionnaires en France, etc.
00:26:06Mais ce sont des millionnaires
00:26:07qui sont seulement de petits millionnaires
00:26:09qui ont peut-être une maison
00:26:10dont le prix a augmenté,
00:26:11parce que le prix du mètre carré a augmenté,
00:26:13mais la maison, elle n'a pas changé.
00:26:15Et derrière, on ne s'aperçoit pas
00:26:16que dans plein d'autres pays autour de nous,
00:26:18il y a beaucoup plus de centimillionnaires,
00:26:19il y a beaucoup plus d'entrepreneurs
00:26:21qui ont développé des entreprises,
00:26:22qui ont créé des emplois dans les territoires.
00:26:24Et c'est ça le mauvais deal.
00:26:26C'est que l'économie,
00:26:27là où ça marche,
00:26:28là où ça crée finalement
00:26:29de l'enthousiasme, etc.,
00:26:30c'est quand ça crée des emplois
00:26:32et des emplois qui payent.
00:26:33Le problème, c'est que nous on a fait,
00:26:35comme on a trop de charges sur le travail,
00:26:37on a fait des allégements de charges
00:26:38au niveau du SMIC.
00:26:39Eh bien, on a smicardisé la France.
00:26:41Et ça, Gabriel Attal l'avait dit
00:26:42dans son discours de politique générale
00:26:44qu'il voulait désmicardiser.
00:26:45Mais pour désmicardiser,
00:26:46il faut faire quoi ?
00:26:47Il faut réindustrialiser.
00:26:48Il faut créer des entreprises
00:26:49qui payent bien.
00:26:50Mais qu'est-ce qu'on a fait, nous ?
00:26:51Comme on a fait des allégements
00:26:52au niveau du SMIC,
00:26:53eh bien, on a matraqué
00:26:54au niveau des charges
00:26:55les hauts salaires.
00:26:56Donc, résultat,
00:26:57toutes les boîtes
00:26:58qui sont internationalisées,
00:26:59elles ont embauché
00:27:00les hauts salaires
00:27:01de l'autre côté de la frontière.
00:27:02D'ailleurs, il y a plein
00:27:03de transfrontaliers
00:27:04qui font l'aller-retour
00:27:05tous les jours.
00:27:06Donc, à un moment,
00:27:07il faut se dire les choses
00:27:08telles qu'elles sont.
00:27:09Notre système
00:27:10avec notre modèle social
00:27:11hyper cher
00:27:12qui soit-disant aide tout le monde,
00:27:13eh bien, finalement,
00:27:14il pénalise tout le monde.
00:27:15Donc, à la fin,
00:27:16il faut essayer
00:27:17de faire le bilan de tout ça
00:27:19de manière non pas idéologue
00:27:21mais cohérente,
00:27:22chiffrée,
00:27:23et se dire, bah tiens,
00:27:24c'est bizarre.
00:27:25Dans les pays du nord de l'Europe,
00:27:26ils avaient un état de providence.
00:27:27Ils l'ont fait bouger.
00:27:28Ils l'ont fait muter
00:27:29pour qu'il soit moins lourd,
00:27:30moins taxé,
00:27:31mais aussi plus efficace
00:27:33et aussi pour faire rester
00:27:34les entreprises dans leur pays.
00:27:35C'est ce qu'a fait la Suède,
00:27:36par exemple,
00:27:37quand ils ont décidé,
00:27:38et c'est les sociodémocrates
00:27:39qui l'ont fait en 2004,
00:27:41de mettre à zéro la taxation
00:27:42sur les successions
00:27:43pour les entreprises.
00:27:44En disant, bah voilà,
00:27:45les entreprises,
00:27:46c'est d'intérêt général.
00:27:47Quand on la transmet
00:27:48d'une génération à l'autre,
00:27:49bah on paye zéro à l'État.
00:27:51Mais ça,
00:27:52en France,
00:27:53proposer ça,
00:27:54quelque chose comme ça,
00:27:55tout de suite,
00:27:56c'est une proposition repoussoire,
00:27:57alors que ça va
00:27:58dans le sens de l'intérêt général.
00:27:59Donc, on a une vision
00:28:00de l'intérêt général
00:28:01qui n'est pas toujours d'équerre.
00:28:03On va marquer une pause
00:28:04et on se retrouve évidemment
00:28:05dans Face à l'Info
00:28:06pour la suite des éditos.
00:28:07On parlera notamment
00:28:08de budget avec vous,
00:28:09Agnès Verdier-Molinier.
00:28:10A tout de suite.
00:28:15De retour pour la deuxième partie
00:28:16de Face à l'Info.
00:28:17On va parler de budget
00:28:18avec vous,
00:28:19Agnès Verdier-Molinier,
00:28:20puisque le président de la République
00:28:21l'a clairement évoqué
00:28:22deux fois hier.
00:28:23Il souligne d'ailleurs
00:28:24que, je cite,
00:28:25le pays a besoin
00:28:26d'un gouvernement
00:28:27pour prendre les décisions,
00:28:28préparer un budget.
00:28:29Et il faut dire
00:28:30que ce budget 2025
00:28:31n'est déjà pas comme les autres.
00:28:32Oui, Elodie,
00:28:33c'est clairement
00:28:34un budget hors normes.
00:28:35On n'a jamais vu ça.
00:28:36Et c'est vrai que...
00:28:37Et c'est pas rassurant.
00:28:38Non, mais en fait,
00:28:39on n'en a pas tellement parlé
00:28:40ces derniers temps.
00:28:41Mais finalement,
00:28:42si on fait le budget
00:28:43finalement,
00:28:44si on fait le bilan,
00:28:45une grande partie
00:28:46de la décision
00:28:47de la dissolution
00:28:48est vraisemblablement
00:28:49liée à cette question
00:28:50du budget 2025.
00:28:51Pourquoi ?
00:28:52Parce que
00:28:53le président de la République
00:28:54savait qu'il y aurait
00:28:55des gros problèmes
00:28:56pour faire passer ce budget
00:28:57qui est un budget,
00:28:58forcément,
00:28:59où il y a des économies dedans
00:29:00à faire.
00:29:01C'est difficile à faire passer.
00:29:02Il pensait
00:29:03qu'il y aurait peut-être
00:29:04une motion de censure
00:29:05que derrière,
00:29:06forcément,
00:29:07il faudrait potentiellement
00:29:08dissoudre.
00:29:09Et donc,
00:29:10il a anticipé cela.
00:29:11Mais finalement,
00:29:12on se retrouve
00:29:13dans une situation
00:29:14
00:29:15on n'a toujours pas
00:29:16de majorité,
00:29:17où, finalement,
00:29:18la dissolution
00:29:19n'a pas servi
00:29:20à grand-chose
00:29:21et on est presque
00:29:22encore plus perdu
00:29:23qu'avant.
00:29:24Et pourquoi être certain
00:29:25que le gouvernement
00:29:26tomberait à l'automne ?
00:29:27Parce que là,
00:29:28clairement,
00:29:29ce budget
00:29:30est tellement compliqué
00:29:31à boucler,
00:29:32avec tellement d'enjeux,
00:29:33avec tellement de dissensions
00:29:34déjà
00:29:35au niveau
00:29:36de l'Assemblée nationale
00:29:37et ce n'est pas que
00:29:38le budget 2025
00:29:39qui est en jeu.
00:29:40C'est la Sentier financier
00:29:41de la France,
00:29:42c'est la soutenabilité
00:29:43de la dette,
00:29:44c'est la question aussi
00:29:45sous-jacente
00:29:46de la procédure
00:29:47pour déficit excessif.
00:29:48De nouveau,
00:29:49nous, la France,
00:29:50en procédure
00:29:51pour déficit excessif
00:29:52au niveau
00:29:53de la Commission européenne
00:29:54et
00:29:55Moody's,
00:29:56dernièrement,
00:29:57l'agence de notation,
00:29:58a dit
00:29:59qu'elle surveille
00:30:00trois choses pour la France.
00:30:01La présentation
00:30:02d'une trajectoire
00:30:03en temps et en heure
00:30:04pour le 20 septembre
00:30:05auprès de la Commission
00:30:06parce que dans le cadre
00:30:07de cette procédure
00:30:08pour déficit excessif,
00:30:09il faut qu'on montre
00:30:10bien nos comptes publics.
00:30:11Je rappelle qu'on est
00:30:12à 5,5 de déficit
00:30:13en 2023.
00:30:14Qu'on a déjà
00:30:15en 2024,
00:30:16on a déjà
00:30:17un niveau de déficit
00:30:18de 113 milliards
00:30:19rien que pour l'État
00:30:20à fin mai.
00:30:21Et donc,
00:30:22on voit
00:30:23qu'on est
00:30:24dans une situation
00:30:25où c'est hyper compliqué.
00:30:26Ils attendent
00:30:27du côté
00:30:28des agences de notation
00:30:29une trajectoire cohérente,
00:30:30respecter le fait
00:30:31de baisser
00:30:32le déficit public
00:30:33et donc,
00:30:34ça,
00:30:35pour l'instant,
00:30:36on va
00:30:37faire
00:30:38une nouvelle dégradation
00:30:39de la France.
00:30:40Donc,
00:30:41ça,
00:30:42pour l'instant,
00:30:43on est encore
00:30:44totalement
00:30:45dans le brouillard.
00:30:46Donc,
00:30:47le Président,
00:30:48en fait,
00:30:49va demander aux partis
00:30:50de s'entendre
00:30:51en gros pour
00:30:52voter un budget,
00:30:53pour baisser
00:30:54le déficit,
00:30:55respecter nos
00:30:56engagements européens
00:30:57et éviter
00:30:58une nouvelle dégradation
00:30:59de la France.
00:31:00Exactement.
00:31:01Mais le sujet
00:31:02maintenant,
00:31:03c'est qu'on a
00:31:04presque envie
00:31:05de se dire
00:31:06que c'est cocasse
00:31:07et qu'il faut faire
00:31:08un milliard de dépenses
00:31:09supplémentaires
00:31:10alors que c'est le moment
00:31:11où il faut faire
00:31:12des économies.
00:31:13Donc,
00:31:14on est complètement
00:31:15à contre-temps
00:31:16et on se dit
00:31:17mais on a perdu 2 ans.
00:31:18On a perdu 2 ans
00:31:19parce que
00:31:20c'est en 2022
00:31:21qu'il aurait fallu
00:31:22faire une coalition.
00:31:23Il y avait toute la possibilité
00:31:24d'avoir une majorité
00:31:25absolue en 2022.
00:31:26Et nous,
00:31:27à la Fondation IFRAP,
00:31:28on a sorti une étude
00:31:29en juin 2023.
00:31:30C'était il y a plus
00:31:31d'un an maintenant
00:31:32pour dire programme
00:31:332023-2027
00:31:34pour une coalition.
00:31:35A l'époque,
00:31:36on disait
00:31:37attendez,
00:31:38il y a des enjeux
00:31:39budgétaires énormes.
00:31:40Il faut absolument
00:31:41qu'il y ait
00:31:42un travail de fond
00:31:43qui soit fait
00:31:44sur nos finances publiques
00:31:45et on ne peut pas passer
00:31:46ce genre de choses
00:31:47sans majorité
00:31:48vraiment claire
00:31:49pour le faire
00:31:50à l'Assemblée nationale.
00:31:51Et on a bien compris
00:31:52que du côté
00:31:53de la présidence
00:31:54de la République,
00:31:55il n'y avait pas vraiment
00:31:56d'allant à l'époque
00:31:57pour une coalition.
00:31:58Tout d'un coup,
00:31:59la coalition devient
00:32:00d'actualité
00:32:01alors que c'est quasiment
00:32:02impossible d'en faire une.
00:32:03Et du côté de la droite,
00:32:04il n'y avait pas non plus
00:32:05l'idée de dire
00:32:06qu'il fallait pousser
00:32:07à faire une coalition.
00:32:08Résultat,
00:32:09par rapport à d'autres pays
00:32:10qui auraient fait une coalition
00:32:11tout de suite
00:32:12avec les résultats de 2022.
00:32:13On a perdu
00:32:14deux ans pour la France,
00:32:15deux ans pour nos finances publiques,
00:32:16on a emmagasiné
00:32:17des déficits
00:32:18et on a finalement
00:32:19pénalisé
00:32:20l'image de notre pays.
00:32:21Ce qui est hyper grave
00:32:22dans la situation
00:32:23où on doit emprunter
00:32:24plus de 300 milliards d'euros
00:32:25sur les marchés
00:32:26pour faire tourner
00:32:27la Maison France.
00:32:28Parce que l'argent
00:32:29qui arrive tous les ans
00:32:30pour financer la France
00:32:31est en plus
00:32:32à moitié
00:32:33financé évidemment
00:32:34par des financeurs
00:32:35non résidents.
00:32:3652% de la dette
00:32:37est quand même détenue
00:32:38par des non résidents.
00:32:39Maintenant,
00:32:40il faut trouver
00:32:41une coalition
00:32:42pour faire
00:32:43ce genre de réforme.
00:32:44C'est-à-dire
00:32:45baisse des dépenses,
00:32:46baisse du déficit,
00:32:47baisse de la dette.
00:32:48Et pourtant,
00:32:49on n'en a pas entendu
00:32:50beaucoup parler
00:32:51pendant la campagne
00:32:52des législatives.
00:32:53On n'en a pas entendu
00:32:54du tout parler.
00:32:55C'est ça qui est incroyable.
00:32:56Nous, on a chiffré
00:32:57les programmes,
00:32:58vous le savez.
00:32:59On a montré
00:33:00que tous les programmes
00:33:01étaient plutôt
00:33:02trop dépensiers
00:33:03un peu du programme
00:33:04du surplace.
00:33:05En gros,
00:33:06il n'y avait rien.
00:33:07Alors que nous,
00:33:08à la Fondation IFRAP,
00:33:09on a documenté
00:33:1030 milliards d'euros
00:33:11d'économie pour 2027.
00:33:12On montre que c'est possible,
00:33:13mais il faut faire
00:33:14quelque chose
00:33:15de hyper ambitieux.
00:33:16C'est-à-dire
00:33:17geler,
00:33:18faire une année blanche
00:33:19sur toutes les dépenses.
00:33:20C'est-à-dire
00:33:21les dépenses de retraite
00:33:22supplémentaires,
00:33:23non.
00:33:24Les dépenses
00:33:25d'aides sociales,
00:33:26l'indexation des aides sociales,
00:33:27non.
00:33:28L'augmentation
00:33:29des rémunérations publiques,
00:33:30non.
00:33:31Pas très populaire
00:33:32de se retrouver
00:33:33dans une situation
00:33:34où il y a
00:33:35tellement d'enjeux
00:33:36sur la France,
00:33:37sur le risque
00:33:38quand même
00:33:39d'entraîner
00:33:40la France
00:33:41dans une crise de la dette.
00:33:42On l'a regardé
00:33:43sur tous les pays
00:33:44qui ont eu
00:33:45à un moment
00:33:46une augmentation
00:33:47des taux,
00:33:48que ce soit la Grèce,
00:33:49que ce soit le Portugal,
00:33:50que ce soit l'Irlande,
00:33:51quand ça commence
00:33:52à monter,
00:33:53alors là,
00:33:54pour l'instant,
00:33:55c'est assez stable,
00:33:56autour de 3%
00:33:57sur la dette
00:33:58à 10 ans de la France.
00:33:59Mais quand ça commence
00:34:00à monter,
00:34:01c'est quand même
00:34:02dans le tube
00:34:03quand vous avez
00:34:04déclenché la crise.
00:34:05On l'a vu
00:34:06quand la première ministre
00:34:07britannique
00:34:08avait commencé
00:34:09à faire des promesses
00:34:10et des promesses non financées.
00:34:11Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:34:12Tout d'un coup,
00:34:13il y a eu une augmentation
00:34:14des taux sur la dette
00:34:15au Royaume-Uni
00:34:16et ça leur a coûté
00:34:17une centaine de milliards
00:34:18de livres.
00:34:19Donc nous,
00:34:20en plus,
00:34:21on n'est pas tout seul.
00:34:22On peut entraîner
00:34:23toute la zone euro
00:34:24dans notre risque
00:34:25sur la dette.
00:34:26Donc ça contamine
00:34:27aussi potentiellement
00:34:28les autres pays.
00:34:29Donc les arbitrages
00:34:30qui se présentent
00:34:31devant nous,
00:34:32ils sont absolument
00:34:33fondamentaux.
00:34:34Qu'est-ce qui va se passer
00:34:35selon vous
00:34:36pour ce budget 2025 ?
00:34:37C'est assez intéressant
00:34:38parce qu'il y a
00:34:39un rapport du Conseil
00:34:40d'analyse économique
00:34:41qui vient de sortir aujourd'hui.
00:34:42Je ne sais pas
00:34:43si vous l'avez vu.
00:34:44Pour une fois,
00:34:45ils disent
00:34:46qu'il va falloir
00:34:47faire des économies
00:34:48parce que d'habitude,
00:34:49ce n'est pas trop
00:34:50ce genre de rapport.
00:34:51Ils ont plutôt tendance
00:34:52à dire que finalement,
00:34:53on ne dépense pas tant que ça,
00:34:54etc.
00:34:55Mais là,
00:34:56ils disent clairement
00:34:57qu'il faut y aller.
00:34:58Ils reprennent quasiment
00:34:59toutes les propositions
00:35:00que nous,
00:35:01on a faites
00:35:02dans notre proposition
00:35:03d'une trentaine de milliards
00:35:04d'euros d'économies.
00:35:05Ils en trouvent
00:35:06en gros une quinzaine
00:35:07en disant
00:35:08qu'en gros,
00:35:09c'est une année blanche
00:35:10sur les dépenses.
00:35:11Mais ce qui est assez incroyable,
00:35:12c'est qu'ils disent
00:35:13qu'il faut
00:35:14un portage politique
00:35:15très fort.
00:35:16Mais qui va faire
00:35:17ce portage politique
00:35:18très fort
00:35:19aujourd'hui
00:35:20en la matière ?
00:35:21Et c'est là
00:35:22qu'on se dit
00:35:23qu'en fait,
00:35:24il n'y a que deux solutions.
00:35:25Soit on va
00:35:26vers un gouvernement technique
00:35:27comme ça a été le cas
00:35:28parfois dans d'autres pays,
00:35:29notamment en Italie,
00:35:30quand il y avait déjà
00:35:31des grosses secousses
00:35:32là-bas aussi
00:35:33sur ce genre
00:35:34de questions budgétaires.
00:35:35Soit finalement,
00:35:36on va avoir
00:35:37un gouvernement
00:35:38démissionnaire
00:35:39qui va rester
00:35:40aux manettes
00:35:41pendant beaucoup plus longtemps
00:35:42qu'on imagine.
00:35:43Mais le problème,
00:35:44c'est qu'on a
00:35:45un problème de fond,
00:35:46c'est qu'on n'est pas
00:35:47capable de partager
00:35:48ce genre de sujet.
00:35:49C'est-à-dire que
00:35:50quand on parle
00:35:51parfois à des politiques
00:35:52sur ce qu'ils proposent
00:35:53pendant les campagnes électorales,
00:35:54on leur dit
00:35:55oui, mais il y a
00:35:56tous ce problème
00:35:57de la dette.
00:35:58Ah oui, mais ça,
00:35:59ça, ça ne fait pas
00:36:00une élection.
00:36:01Oui, mais est-ce
00:36:02qu'à un moment,
00:36:03on va reconnaître
00:36:04les vrais sujets ?
00:36:05Parce que voyez,
00:36:06demain, si on a
00:36:07le FMI qui vient,
00:36:08comme en Grèce,
00:36:09comme en Portugal,
00:36:10comme en Irlande,
00:36:11ce ne sera pas
00:36:12des petites coupes
00:36:13d'économies
00:36:14à 15 milliards
00:36:15qu'il faudra faire
00:36:16ou à 30
00:36:17ou à 70
00:36:18d'ici 2027.
00:36:19Ce sera beaucoup plus.
00:36:20Qu'est-ce qu'ils ont fait
00:36:21dans ces pays-là ?
00:36:22Ils ont baissé
00:36:23les salaires
00:36:24des agents publics
00:36:25de 20 milliards
00:36:26voire 30 %.
00:36:27Ils ont baissé
00:36:28les pensions.
00:36:29Enfin, c'est là
00:36:30que je trouve ça
00:36:31totalement inconséquent,
00:36:32finalement,
00:36:33de ne pas
00:36:34parler des vrais sujets.
00:36:35Alors finalement,
00:36:36on en parle
00:36:37au détour d'une phrase.
00:36:38Oui, il y a
00:36:39un énorme sujet.
00:36:40C'est l'éléphant
00:36:41dans la pièce.
00:36:42C'est le budget 2025.
00:36:43Il est responsable
00:36:44de la dissolution.
00:36:45Mais finalement,
00:36:46ça reste un sujet
00:36:47qu'on n'aborde
00:36:48pas tant que ça
00:36:49dans le fond
00:36:50et sur lequel
00:36:51on n'apporte pas
00:36:52les bonnes réponses.
00:36:53Et ce qu'il faut
00:36:54espérer,
00:36:55c'est que
00:36:56d'ici
00:36:57le mois de septembre,
00:36:58on va avoir
00:36:59le budget
00:37:00qui sera présenté
00:37:01au Parlement,
00:37:02etc.
00:37:03On aura trouvé
00:37:04des solutions
00:37:05pour rétablir
00:37:06un peu la situation
00:37:07et pour permettre
00:37:08de passer
00:37:09les économies
00:37:10absolument nécessaires
00:37:11pour l'année prochaine.
00:37:12Sans quoi,
00:37:13c'est vrai qu'on risque
00:37:14d'avoir une sanction
00:37:15sur la France
00:37:16et une sanction
00:37:17par nos investisseurs.
00:37:18Ce qui est encore
00:37:19plus grave.
00:37:20Merci beaucoup
00:37:21Agnès Verdier-Molinier.
00:37:22C'est vrai que
00:37:23Albert Zénoud
00:37:24n'a pas eu
00:37:25le budget
00:37:26et Emmanuel Macron
00:37:27a donc décidé
00:37:28d'y soudre.
00:37:29Alors,
00:37:30ceci dit,
00:37:31ça ne simplifie pas
00:37:32vraiment la situation
00:37:33au fond.
00:37:34Non, pas du tout.
00:37:35Contrairement,
00:37:36ça l'accomplit.
00:37:37Il avait une majorité
00:37:38relative
00:37:39mais relativement forte.
00:37:40Là,
00:37:41il se trouve
00:37:42avec une majorité
00:37:43relative
00:37:44mais pas relativement
00:37:45mais très faible.
00:37:46Il peut constituer
00:37:47une coalition
00:37:48avec la droite
00:37:49mais qui serait
00:37:50relative là aussi
00:37:51mais...
00:37:52On ne voit pas bien
00:37:53l'involvement
00:37:54au gouvernement.
00:37:55Pourquoi s'entendre
00:37:56à l'Assemblée
00:37:57pour le gouvernement ?
00:37:58Il y a quelque chose
00:37:59qui n'est pas encore très clair
00:38:00du côté de la droite
00:38:01notamment.
00:38:02Pour l'instant,
00:38:03la droite est d'accord
00:38:04pour faire
00:38:05ce fameux pacte législatif
00:38:06donc soutenir le gouvernement
00:38:07sans participation
00:38:08parce que derrière,
00:38:09il y a beaucoup de choses
00:38:10qui sont en jeu
00:38:11notamment le leadership
00:38:12de la droite
00:38:13et tout le monde
00:38:14a en vue qu'une seule chose
00:38:15c'est 2027
00:38:16et la prochaine élection présidentielle.
00:38:17Donc,
00:38:18les tenants de la droite
00:38:19notamment Laurent Wauquiez
00:38:20ne veulent pas
00:38:21aller au secours
00:38:22de Emmanuel Macron
00:38:23en participant
00:38:24de façon active
00:38:25à un gouvernement
00:38:26et en s'en rendant
00:38:27comptable
00:38:28du bilan
00:38:29à la fin
00:38:30de l'année
00:38:31ou des trois années
00:38:32qui vont venir.
00:38:33Donc,
00:38:34c'est un mélange
00:38:35très compliqué
00:38:36mais on sent quand même
00:38:37que la droite
00:38:38est prête
00:38:39à faire quelque chose
00:38:40parce que
00:38:41une partie
00:38:42et une grande partie
00:38:43de l'électorat
00:38:44de droite
00:38:45ne comprendrait pas
00:38:46que les LR
00:38:47ne s'associent pas
00:38:48à l'ensemble
00:38:49de l'Assemblée.
00:38:50Donc,
00:38:51l'Assemblée
00:38:52ne s'associe pas
00:38:53au centre
00:38:54et au centre droit
00:38:55pour éviter la gauche.
00:38:56En gros,
00:38:57c'est tout
00:38:58mais pas ça.
00:38:59Donc,
00:39:00ce serait difficile
00:39:01je pense
00:39:02d'aller contre
00:39:03cette volonté
00:39:04de l'électorat.
00:39:05D'autant
00:39:06qu'il ne reste pas
00:39:07énormément
00:39:08d'électorats
00:39:09à la droite.
00:39:10Donc,
00:39:11il s'agit
00:39:12de les garder
00:39:13quand même bien au chaud
00:39:14et d'essayer
00:39:15de les faire grandir.
00:39:16Mais,
00:39:17pour ça,
00:39:18ça va être compliqué.
00:39:19C'est vrai
00:39:20qu'il y a
00:39:21un budget
00:39:22à préparer
00:39:23qui,
00:39:24au moment
00:39:25où on se parle,
00:39:26devrait déjà
00:39:27être bien avancé
00:39:28pour le futur
00:39:29gouvernement.
00:39:30Oui,
00:39:31parce que
00:39:32les élections législatives
00:39:33nous ont rappelé
00:39:34que la stabilité
00:39:35de nos institutions
00:39:36était due
00:39:37aux faits majoritaires.
00:39:38Là,
00:39:39en effet,
00:39:40c'est encore pire
00:39:41et on n'est pas sûr
00:39:42de grand-chose
00:39:43sauf d'une chose,
00:39:44c'est que le projet
00:39:45de loi de finances
00:39:46va être assez sportif.
00:39:47Si le Parlement
00:39:48peut adopter
00:39:49et faire voter une loi,
00:39:50elle peut aussi refuser
00:39:51d'adopter la loi de finances.
00:39:52Et si elle refuse d'adopter,
00:39:53si le Parlement refuse
00:39:54d'adopter la loi de finances,
00:39:55ce n'est pas compliqué.
00:39:56L'État n'a plus le droit
00:39:57de prélever d'impôts
00:39:58et n'a plus le droit
00:39:59de dépenser d'argent.
00:40:00Donc,
00:40:01ça va être assez intéressant
00:40:02et si on regarde
00:40:03d'un point de vue,
00:40:04s'il n'y a pas de coalition possible,
00:40:05vous avez trois options
00:40:06et ça va être assez amusant
00:40:07à traiter.
00:40:08Première option,
00:40:09c'est que le gouvernement
00:40:10ou le futur gouvernement
00:40:11soit technique
00:40:12ou nouveau
00:40:13dépasse volontairement
00:40:14les délais de 70 jours
00:40:15pour déposer ça.
00:40:16Je ne vous raconte pas
00:40:17ce qui va se passer derrière.
00:40:18La deuxième possibilité,
00:40:19c'est qu'on dépose
00:40:20encore plus tardivement
00:40:21le projet de loi
00:40:22et comme ça,
00:40:23ça permet de voter
00:40:24sur des mesures
00:40:25en disant
00:40:26on vote sur ça
00:40:27et donc on peut dépenser
00:40:28de l'argent
00:40:29ou récolter là-dessus.
00:40:30Et la troisième option,
00:40:31c'est l'article 16.
00:40:32Je pense qu'on va vivre
00:40:33un moment qu'on n'a pas
00:40:34encore vécu
00:40:35sous la cinquième
00:40:36avec le projet de loi de finances
00:40:37et ça va être
00:40:38politiquement intéressant
00:40:39et d'un point de vue
00:40:40du citoyen,
00:40:41très angoissant.
00:40:42Un dernier mot là-dessus
00:40:43Agnès Verdier-Molinier ?
00:40:44Oui,
00:40:46mais pas que
00:40:47par les citoyens,
00:40:48par tous les financiers,
00:40:50tous ceux qui prêtent
00:40:51à la France,
00:40:52les agences de notation,
00:40:53la Commission européenne,
00:40:54nos partenaires européens.
00:40:56Et effectivement,
00:40:57on peut être amené
00:40:58à dépasser le délai
00:40:59de 70 jours,
00:41:00ce qui nous emmènerait
00:41:01à passer potentiellement
00:41:02par ordonnance
00:41:03à condition
00:41:04que quand même
00:41:05le Parlement donne
00:41:06l'autorisation
00:41:07de prélever l'impôt.
00:41:08Donc il y a quand même
00:41:09beaucoup d'éléments
00:41:10qui sont complexes.
00:41:12Si on se retrouve
00:41:13sur l'article 16,
00:41:14effectivement,
00:41:15on peut le faire jouer
00:41:16pour même quelques minutes.
00:41:19Mais bon,
00:41:20ça ne donne pas quand même
00:41:21une très très bonne image.
00:41:23Et l'impact politique.
00:41:24Donc,
00:41:25il y a quand même
00:41:26énormément d'inconnues
00:41:27dans tout ça.
00:41:28On peut aussi se retrouver
00:41:29avec un gouvernement
00:41:30démissionnaire
00:41:31qui adopte le budget.
00:41:33Et là,
00:41:34c'est aussi très complexe.
00:41:36On a regardé
00:41:37tous les détails.
00:41:38Donc,
00:41:39il faut se dire que
00:41:40de toute façon,
00:41:41on aura un budget 2025,
00:41:42quoi qu'il arrive.
00:41:43Mais néanmoins,
00:41:44le chemin hyper périlleux
00:41:46pour y arriver
00:41:47d'ici le 31 décembre
00:41:49va être très compliqué
00:41:51et peut aussi
00:41:52impacter beaucoup
00:41:53finalement nos finances publiques.
00:41:55Un mot chacun,
00:41:56Régis Albert ?
00:41:57L'enjeu dans cette coalition
00:41:59qui se présente,
00:42:01qui est encore schématique,
00:42:03mais qui pourrait advenir
00:42:04entre Emmanuel Macron
00:42:06et les macronistes
00:42:08et la droite,
00:42:09l'enjeu politique,
00:42:10c'est de s'assurer
00:42:11la neutralité
00:42:13bienveillante, entre guillemets,
00:42:15du RN.
00:42:17Accepter que la droite
00:42:19et le centre gouvernent
00:42:21et que le RN ne se précipite pas
00:42:23dans des motions de censure
00:42:25et fasse tomber le gouvernement,
00:42:27notamment au moment du budget.
00:42:29L'enjeu, il est de cet ordre-là.
00:42:31Commencer à trouver
00:42:32des moyens,
00:42:33des coalitions
00:42:35qui pourraient passer
00:42:37avec un assentiment
00:42:40le RN regarde ailleurs
00:42:42et on laisse passer la loi.
00:42:44Sauf qu'un gouvernement démissionnaire...
00:42:46Qu'est-ce qui empêcherait le RN ?
00:42:48Pourquoi ?
00:42:49Qu'est-ce qui inciterait le RN
00:42:50à agir ainsi ?
00:42:51Puisqu'ils ont déjà décidé
00:42:53d'aller dans le sens de l'LFI
00:42:55sur la loi de la retraite.
00:42:57Ils vont même utiliser
00:42:58leur niche parlementaire
00:42:59dès octobre
00:43:00pour proposer quelque chose
00:43:02qui peut abroger cette loi
00:43:04plus rapidement encore
00:43:05que l'LFI.
00:43:07Donc finalement...
00:43:09Au nom du sérieux,
00:43:11l'intérêt supérieur de l'État.
00:43:14Je ne sais pas si on y arrivera.
00:43:16Je me mets à leur place.
00:43:18De leur point de vue,
00:43:19vous avez deux vice-présidents
00:43:20dans la dernière mandature
00:43:22où on était à 89 députés
00:43:24ou 88 députés LR.
00:43:26Là, vous en avez 123
00:43:28et vous n'avez plus de vice-présidents,
00:43:29vous n'avez plus de participation.
00:43:31On vous a bloqués.
00:43:32Quelque part, je ne vois pas pourquoi
00:43:34ils joueraient le rôle...
00:43:36L'enjeu du RN,
00:43:38c'est de s'institutionnaliser
00:43:40et de montrer leur sérieux.
00:43:42Et donc, dans cette optique-là,
00:43:44dire qu'on accepte
00:43:46de jouer à peu près le jeu
00:43:48en ne dépensant pas
00:43:50une motion de censure
00:43:51ou ne la votant pas
00:43:53s'il devient de la gauche,
00:43:54ça peut se défendre
00:43:56devant des électeurs
00:43:58qui sentent aussi
00:44:00l'impératif d'avoir un budget,
00:44:02de faire passer un minimum de lois.
00:44:04Mais après,
00:44:06c'est un sentiment que j'ai.
00:44:08Si jamais il y avait
00:44:10un gouvernement démissionnaire
00:44:12qui présentait un budget,
00:44:14il ne peut pas être touché
00:44:16par une motion de censure
00:44:18puisqu'il est déjà démissionnaire.
00:44:20Donc là, il y a quand même aussi
00:44:22une opportunité potentielle
00:44:24pour éviter, on est d'accord,
00:44:26le renversement d'un gouvernement
00:44:28qui, en étant démissionnaire,
00:44:30ne peut pas être renversé.
00:44:32Un gouvernement démissionnaire
00:44:34qui restera aussi longtemps...
00:44:36Mais l'État tournerait.
00:44:38Autre chose, il peut très bien y avoir
00:44:40un Premier ministre qui est nommé
00:44:42par le Président de la République,
00:44:44mais qui n'arrive pas à faire
00:44:46cette coalition que souhaite
00:44:48le Président de la République.
00:44:50Cette coalition n'importe pas
00:44:52la majorité absolue.
00:44:54Ce Premier ministre pourrait être nommé,
00:44:56ne pas réussir à constituer un gouvernement.
00:44:58Tant que le gouvernement nouveau
00:45:00n'est pas nommé, le gouvernement démissionnaire
00:45:02qui continue à gérer les affaires courantes de la France.
00:45:04On va faire le deuil d'une majorité absolue.
00:45:06Donc il peut encore se passer
00:45:08énormément de choses sur ces questions budgétaires
00:45:10et je crois que la rentrée va être budgétaire
00:45:12à 100%.
00:45:14On va parler Jeux olympiques avec vous,
00:45:16Arthur de Vatrigan.
00:45:18Je suis sérieux.
00:45:20Allez, on change un peu effectivement de sujet
00:45:22puisque la traditionnelle trêve olympique
00:45:24a commencé vendredi dernier
00:45:26déjà par une messe en l'église de la Madeleine.
00:45:28La trêve olympique, je le rappelle,
00:45:30est une tradition qui est très ancienne
00:45:32puisqu'elle existait déjà dans l'enfance grecque
00:45:34des Jeux olympiques, à l'époque où Athènes et Sparte
00:45:36se tiraient la bourre sur la piste,
00:45:38quelques décennies avant la guerre du Péloponnèse.
00:45:40Donc ce n'est pas récent.
00:45:42Le principe était simple, c'est qu'on fait une trêve,
00:45:44quelques semaines, on arrête les guerres des royaumes
00:45:46pour permettre aux athlètes et aux spectateurs
00:45:48de garantir la sécurité aux athlètes et aux spectateurs.
00:45:50Ce que n'a toujours pas compris la France insoumise
00:45:52mais le jour où elle comprendra quelque chose,
00:45:54je pense que je serai médaillé olympique du lapdance.
00:45:56En tant qu'elle, elle est plus récente parce que, déjà,
00:45:58il ne vous aura pas échappé que le Christ ne s'était pas encore révélé
00:46:00à ce moment-là et surtout, il aurait fallu attendre
00:46:02que Coubertin, pétri de culture antique
00:46:04et animé par l'idéal aristocratique,
00:46:06relance l'idée olympique
00:46:08dans sa forme moderne,
00:46:10évidemment, en 1896 à Athènes.
00:46:12Et le jeune baron, catholique comme le bon Dieu,
00:46:14voulut également qu'une messe
00:46:16ouvre les nouveaux Jeux.
00:46:18Et au passage, d'ailleurs, c'est au père Henri Didon,
00:46:20dominicain de son état,
00:46:22qui célébra la messe à qui on doit la devise olympique
00:46:24plus vite, plus haut, plus fort.
00:46:26Mais revenons au présent.
00:46:28C'est donc vendredi 19 juillet
00:46:30que la fameuse trêve olympique s'est officiellement
00:46:32ouverte par la messe,
00:46:34célébrée en l'église de la Madeleine,
00:46:36en la présence d'une centaine de fidèles,
00:46:38de nombreux officiels, comme le président international
00:46:40du comité olympique, de nombreux représentants
00:46:42diplomatiques, mais aussi de Rachid Alati,
00:46:44toujours ministre de la culture et jamais loin quand il y a des photographes,
00:46:46était également présent
00:46:48au premier rang la ministre des Sports
00:46:50Amélie Odea Castera et
00:46:52le maire de Paris, Anne Hidalgo.
00:46:54Les mauvaises langues disent qu'après avoir pataugé dans
00:46:56la Seine, se trouver à proximité d'un curé dans les jours
00:46:58qui suivent, ce n'est pas forcément une mauvaise idée, surtout
00:47:00si vous êtes de gauche. En tout cas, notre ministre
00:47:02des Sports, toute guirette, fredonnait le latin
00:47:04avec les onces d'Aya Nakamura.
00:47:06Et madame Hidalgo, elle, avait gardé sa
00:47:08combinaison néoprène sous sa robe bleu nuit
00:47:10de peur d'être touchée par la grâce.
00:47:12Mission réussie, puisqu'elle a sorti de la messe,
00:47:14elle déclare, on a beau être dans une église,
00:47:16le message était universel.
00:47:18Merci Hidalgo. Donc on ne lui fera pas l'affront
00:47:20de répondre qu'il n'est pas plus universel que le christianisme
00:47:22étant donné que c'est une religion incarnée,
00:47:24c'est-à-dire que le message s'incarne dans toutes les cultures,
00:47:26passons, ou on va peut-être juste lui demander
00:47:28de trouver les racines de la déclaration
00:47:30des droits de l'homme, ça l'occupera un peu,
00:47:32qui sait, personne n'est à l'abri
00:47:34d'être touché par une révélation. Mais comme on pouvait
00:47:36s'y attendre, évidemment, qu'il dit christianisme,
00:47:38il dit levée de boucliers, de gauchistes qui sont toujours
00:47:40en retard de deux guerres, et aussi des collabos
00:47:42de l'islamisme, jamais avare en
00:47:44lamentation tout en causant de laïcité.
00:47:46Donc le totem était à nouveau sorti,
00:47:48c'était alors comme ça, on a interdit le hijab,
00:47:50on peut faire des messes, la sainte laïcité,
00:47:52tout ça, Voltaire, le grand architecte, les lumières
00:47:54se retournent dans leur tombe, c'est vraiment affreux.
00:47:56Mais justement, comment articuler
00:47:58laïcité, ouverture par une messe, et la décision
00:48:00par exemple de la ministre des sports, Amilou Déac,
00:48:02d'interdire le port du voile aux athlètes françaises
00:48:04lors des épreuves de Paris
00:48:062024, au nom de la, je cite,
00:48:08neutralité absolue du service public ?
00:48:10Et d'ailleurs, une polémique qui continue encore aujourd'hui, parce qu'une athlète
00:48:12française, vous souhaitez le porter, qui est de confession
00:48:14musulmane, souhaitez le porter lors de la cérémonie d'ouverture.
00:48:16Donc je sais que les traditions
00:48:18comme les racines sont quelque chose qui donnent
00:48:20beaucoup d'urticaire à de nombreuses personnes,
00:48:22malheureusement pour eux, mauvaise nouvelle,
00:48:24c'est que la France est gangrenée depuis au moins Clovis,
00:48:26c'est-à-dire que si la maladie du christianisme a eu
00:48:28le temps de se propager, il suffit d'ouvrir
00:48:30une carte de France, vous regardez le nom des villes,
00:48:32et je ne sais pas combien commencent
00:48:34par saint, je ne parle pas non plus des noms
00:48:36de fromage, ni des croix vertes des pharmacies qui
00:48:38clignotent, ni des cloches prosélytes qui braillent
00:48:40dans nos villages du matin, midi et soir, et quant à
00:48:42nos calendriers, nos vacances stigmatisantes,
00:48:44je ne vous raconte pas le massacre. Mais vous aurez tout de même
00:48:46remarqué que jamais on n'a autant parlé
00:48:48de laïcité depuis
00:48:501989 avec l'affaire du voile de Creil.
00:48:52C'est une tradition,
00:48:54d'ailleurs le concept de laïcité,
00:48:56c'est un peu comme le concept de vivre ensemble,
00:48:58c'est des trucs qui apparaissent soudainement et puis on se dit
00:49:00je ne sais pas d'où ça vient, mais ça a apparu.
00:49:02Et c'est une tradition, vous avez
00:49:04l'Abaya en septembre, le Burkini l'été,
00:49:06et puis on ne sait toujours pas d'où ça vient et pourquoi.
00:49:08Donc on va peut-être rappeler quelques vérités
00:49:10sur la laïcité, même quitte
00:49:12à relancer les crises hémorrides au Laïkar,
00:49:14donc déjà la laïcité, ce n'est pas une arme,
00:49:16ce n'est pas un projet de société, c'est un outil.
00:49:18La laïcité,
00:49:20ça signifie la neutralité de l'État,
00:49:22l'État est neutre en matière de religion
00:49:24et de tête laïque parce que justement, la société
00:49:26ne l'est pas. Ensuite, on va rappeler
00:49:28que la laïcité n'est pas une invention, n'est pas
00:49:30tombée du ciel comme ça, rucadée dans la grande loge,
00:49:32mais qu'elle est le produit d'une histoire
00:49:34millénaire, c'est-à-dire grecque, judéo-chrétienne,
00:49:36et qu'elle n'est pas arrivée en 1905.
00:49:40Ensuite, on va rappeler du temporal et du spirituel
00:49:42n'a pas été inventé par la République et que l'État
00:49:44dans toute son histoire a toujours séparé
00:49:46Église et État.
00:49:48Il y avait une coopération très forte et la loi de 1905
00:49:50a mis fin à cette coopération.
00:49:52Ensuite, vous savez, on entend souvent des
00:49:54critiques au-delà des frontières, de gens qui ne
00:49:56comprennent pas ce que c'est que la laïcité. En effet,
00:49:58si la laïcité est une particularité française,
00:50:00c'est parce que justement, la France
00:50:02est, ou du moins était, chrétienne.
00:50:04Et on va rappeler également
00:50:06que la laïcité était taillée à la mesure du
00:50:08christianisme. Un des penseurs, un des concepteurs
00:50:10de la laïcité, c'était Émile Combes. Et Émile Combes,
00:50:12qui n'était pas très catholique, avait quand même
00:50:14passé deux thèses de lettres, une sur
00:50:16Saint-Thomas d'Aquin et une sur Saint-Bernard.
00:50:18Donc, il connaissait un peu le sujet. Et si on
00:50:20revient à l'histoire, là pour le coup,
00:50:22juste rappeler aussi qu'elle a été stricte,
00:50:24brutale, voire même liberticide,
00:50:26en expulsion des congrégations, rupture
00:50:28unilatérale du concordat, spoliation du bien
00:50:30du clergé. C'était quand même autre chose que le dévoilement
00:50:32d'une petite fillette à l'école. Et ce n'est
00:50:34qu'après la Grande Guerre que les choses se sont
00:50:38réunies. Puisque les catholiques avaient montré autant
00:50:40d'enthousiasme que les laïcs et a envoyé leurs gamins
00:50:42à la boucherie, forcément, dans une tranchée,
00:50:44ça crée des liens, ça réconcilie.
00:50:46Et les deux aimaient la France, son histoire
00:50:48matérielle, son histoire immatérielle. Et la question
00:50:50qu'on peut se poser, c'est que si ça se reproduit
00:50:52aujourd'hui, qu'est-ce qui se passerait ?
00:50:54Donc, il n'y a pas de problème avec la religion en France
00:50:56comme certains l'affirment. Exactement.
00:50:58Il n'y a pas de problème avec la religion parce que la religion,
00:51:00ça ne veut rien dire.
00:51:02C'est un fourre-tout, si vous voulez, c'est un préservatif que
00:51:04les intellectuels, les journalistes,
00:51:06les politiques utilisent pour éviter de se taper
00:51:08un procès en discrimination. Parce que si vous
00:51:10vous mettez dans le même sac
00:51:12hindouisme, islam, bouddhisme, judaïsme,
00:51:14tous les christianismes, ça ne veut strictement
00:51:16rien dire, on est d'accord.
00:51:18Donc on ne parle pas non plus de croyance ou de
00:51:20rite ou de dôme, parce qu'il n'y a pas besoin de Dieu ou de transcendance
00:51:22pour ça. On le voit tous les jours avec l'écologie,
00:51:24avec le progressisme, avec les syndromes de l'homme.
00:51:26On est dans un sacré différent.
00:51:28Le problème et le sujet,
00:51:30tout le monde le sait et on en parle peu, c'est
00:51:32évidemment l'islam et c'est pourquoi on a un problème
00:51:34avec la laïcité depuis 89.
00:51:36Et le second problème, c'est ce qu'explique
00:51:38parfaitement bien le philosophe Rémi Brague,
00:51:40c'est qu'on regarde l'islam avec des
00:51:42lunettes chrétiennes. Donc forcément, ça ne peut pas
00:51:44marcher, parce qu'on ne pourra jamais comprendre
00:51:46l'islam si on compare au christianisme, d'où
00:51:48l'absurdité de mettre sur le même plan une messe
00:51:50et le voile d'une athlète aux Jeux Olympiques.
00:51:52On va rappeler que l'islam
00:51:54n'est pas qu'une religion, c'est un ensemble
00:51:56de normes qui règlent la vie humaine et qui
00:51:58légifèrent la morale individuelle. Or, qui est
00:52:00à l'origine de ces normes ? C'est Dieu, donc forcément
00:52:02c'est le seul législateur, et Dieu, il est forcément
00:52:04au-dessus de Jupiter, même s'il s'appelle Macron.
00:52:06Alors on pourrait dire que chez les catholiques, c'est pareil,
00:52:08évidemment, sauf qu'il n'y a pas dans le christianisme
00:52:10des règles divines qui légifèrent
00:52:12la morale individuelle, sinon
00:52:14une seule règle, qui est celle de la conscience.
00:52:16Donc là, on est sur un plan différent.
00:52:18Donc on comprend bien que traiter
00:52:20le sujet de l'islam dès qu'il y a un sujet de voile,
00:52:22d'abaya, est absurde
00:52:24si on le traite comme une religion, parce que c'est
00:52:26une religion, mais c'est aussi une culture, c'est une
00:52:28histoire, c'est des lois, c'est-à-dire une civilisation.
00:52:30L'islam ne pose pas
00:52:32un problème religieux, mais c'est un problème
00:52:34de coexistence de deux systèmes.
00:52:36Or, pour ceux qui ont un peu étudié la
00:52:38chose, ou qui vivent dans ces quartiers, ou qui ont
00:52:40étudié l'histoire, c'est quand même deux civilisations
00:52:42que tout oppose. Or jamais dans l'histoire du
00:52:44monde, deux civilisations ont coexisté longtemps
00:52:46sur le même sol, sans que l'une finisse
00:52:48par tuer l'autre. C'est pourquoi il serait
00:52:50bon quelquefois de rappeler que
00:52:52la France doit son identité à l'alliance
00:52:54du trône et de l'autel sur les fonds baptismaux de Reims,
00:52:56car aucune société n'existe
00:52:58sans cadre, aucune société
00:53:00n'a d'avenir sans passé, et aucune société
00:53:02n'a d'identité sans culture. Alors, comme
00:53:04disait un ancien ministre, qu'il est toujours, même s'il a
00:53:06enlevé sa cravate, un coup d'œil à l'enrétroviseur
00:53:08et ça va bien se passer.
00:53:10Merci Arthur de Vatrigan. C'est vrai, Albert Znouk,
00:53:12que malheureusement, là, on voit des polémiques un peu
00:53:14pour tout et n'importe quoi. On a vu effectivement
00:53:16sur les réseaux sociaux ne pas comprendre
00:53:18pourquoi Rachida Dati, Anne Hidalgo, Amélie
00:53:20Doudou ou Déacassera ont participé
00:53:22à cette messe. Et systématiquement, quand il y a ce genre
00:53:24de sujet qui touche à la religion, ça devient
00:53:26extrêmement épidermique.
00:53:28Oui, c'est, comme l'a dit
00:53:30Arthur, depuis 89,
00:53:32la laïcité a pris une autre
00:53:34dimension.
00:53:36Et
00:53:38l'islam
00:53:40qui est
00:53:42pas seulement une religion, mais c'est aussi
00:53:44une civilisation,
00:53:46a été
00:53:48dévoyé par cet islam politique
00:53:50qui cherche à imposer
00:53:52un mode de vie,
00:53:54une
00:53:56croyance.
00:53:58C'est un islam qui est revendicatif,
00:54:00qui est offensif
00:54:02et ce qui a changé
00:54:04depuis 99, c'est qu'il a changé.
00:54:06On sait très bien que le
00:54:08port du voile,
00:54:10c'est un signe politique.
00:54:12C'est pas seulement... Bien sûr que les
00:54:14jeunes filles ou les femmes qui portent
00:54:16le voile ont l'impression que
00:54:18c'est une décision personnelle.
00:54:20Mais on sait très bien que derrière,
00:54:22il y a une volonté de montrer la puissance
00:54:24et la présence de l'islam
00:54:26en Europe et en Occident.
00:54:28Et donc, il y a
00:54:30cette dimension-là.
00:54:32Ce qui fait que les sujets
00:54:34touchant à la religion
00:54:36deviennent épidermiques.
00:54:38Et avec une gauche
00:54:40qui a fait alliance parfois
00:54:42avec cet islamisme,
00:54:44ça donne des cocktails explosifs.
00:54:46On va maintenant repartir
00:54:48à l'international avec vous, Régis Le Sommier,
00:54:50parce que presque 22 ans
00:54:52après l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis,
00:54:54le gouvernement irakien demande
00:54:56aux Américains de quitter le pays.
00:54:58Pourquoi cette demande ?
00:55:00Est-ce que les Américains n'étaient pas venus pour libérer l'Irak
00:55:02d'un dictateur et apporter en théorie la démocratie ?
00:55:04Ça, c'était en effet il y a
00:55:0622 ans.
00:55:08Le temps passe vite.
00:55:10Il y a quand même un certain vertige
00:55:12au fait que les Américains sont
00:55:14présents sur le sol irakien depuis 22 ans.
00:55:16Il y a un papier
00:55:18qui m'avait frappé à un éditorial
00:55:20dans le journal Le Monde
00:55:22un peu après
00:55:24le début
00:55:26de l'invasion russe
00:55:28de l'Ukraine.
00:55:30Ce papier était signé
00:55:32Rassam Salameh, le père
00:55:34d'ailleurs de Léa Salameh,
00:55:36qui est un grand diplomate libanais.
00:55:38Il expliquait que ce que faisaient
00:55:40les Russes, leur façon de se comporter,
00:55:42comme les Azerbaïdjanais un peu avant,
00:55:44comme les Iraniens d'une certaine façon,
00:55:46provenait justement
00:55:48de cette invasion de l'Irak de mars 2003
00:55:50qu'il appelait ça en fait
00:55:52la dérégulation de la force.
00:55:54Ça voulait dire quoi ? Ça voulait dire que les États-Unis
00:55:56jusqu'à présent, jusqu'à ce moment-là
00:55:58étaient quelque part
00:56:00peu ou prou, même s'il y avait
00:56:02beaucoup de choses
00:56:04à leur reprocher, mais une sorte
00:56:06de super gendarme planétaire
00:56:08qui finalement remettait un petit peu
00:56:10tout le monde d'accord,
00:56:12condamnait en effet les États voyous,
00:56:14comment mettait à l'index
00:56:16tel ou tel, avait un rôle
00:56:18quelque part moral, même si
00:56:20je vous dis, tout ça est à prendre avec des pincettes.
00:56:22Ce qui s'est passé avec la guerre en Irak,
00:56:24c'est pour ça qu'elle est importante, et pour ça que
00:56:26je parle de ce sujet aujourd'hui,
00:56:28c'est que cette dérégulation de la force
00:56:30ça a voulu dire quoi ?
00:56:32Ça a voulu dire aux Iraniens, aux
00:56:34Nord-Coréens, aux
00:56:36Azerbaïdjanais, finalement
00:56:38les États-Unis se comportent
00:56:40comme un État voyou, parce que je rappelle que cette guerre
00:56:42dont on parle est une guerre illégale,
00:56:44une guerre qui a été basée sur
00:56:46des mensonges, tout ça est établi
00:56:48et pour laquelle d'ailleurs personne n'a jamais
00:56:50été condamné. George Bush aujourd'hui
00:56:52passe une retraite tranquille à peindre
00:56:54des portraits de présidents
00:56:56et des chiens, voilà, à Crawford
00:56:58au Texas. Donc là, il ne sera jamais
00:57:00inquiété. Alors, en effet,
00:57:02vous l'avez dit,
00:57:04l'Irak demande aux États-Unis
00:57:06donc c'est signe encore plus
00:57:08d'échec, parce qu'il y a encore des soldats américains
00:57:10là-bas. Ce n'est pas la première fois que l'Irak
00:57:12le demande. Un épisode similaire
00:57:14s'était produit en 2010
00:57:16à l'époque, c'était le gouvernement de
00:57:18Nouri al-Maliki
00:57:20qui avait été renforcé par la victoire sur
00:57:22Al-Qaïda grâce aux méthodes de la
00:57:24contre-insurrection qui étaient mises en place
00:57:26par David Petraeus et les Américains.
00:57:28Il s'était senti un peu poussé des ailes,
00:57:30le gouvernement chiite, et il avait demandé
00:57:32aux Américains de partir.
00:57:34Barack Obama, finalement,
00:57:36était assez d'accord puisque c'était la promesse
00:57:38de la campagne, c'était de ramener les boys à la maison.
00:57:40Je rappelle que Obama et Trump
00:57:42ont été élus sur des programmes anti-guerre avant tout.
00:57:44Ce n'est pas tellement le côté
00:57:46star et le côté séducteur
00:57:48d'Obama qui a fait son élection,
00:57:50mais c'est ce contraste, justement,
00:57:52entre un président qui a promis
00:57:54de ramener les boys à la maison.
00:57:56Donc, les Américains sont retirés du pays.
00:57:58Et que s'est-il passé ?
00:58:00Eh bien, Daesh.
00:58:02Alors, Al-Qaïda, pas tout à fait vaincu,
00:58:04s'est métamorphosé en une
00:58:06redoutable entité, jouant
00:58:08sur plusieurs continents, maniant les réseaux sociaux
00:58:10pour balancer une propagande
00:58:12ultra-violente qu'on connaît,
00:58:14et attirer ainsi des recrues au Sham,
00:58:16donc au Levant, et aussi en Irak.
00:58:18Le gouvernement irakien s'est évidemment
00:58:20trouvé pris de court, les Américains
00:58:22étaient partis, Daesh a conquis
00:58:24coup sur coup Ramadi, Fallujah, Tikrit,
00:58:26le fieste de Saddam Hussein, Mossoul,
00:58:28une ville de 2 millions d'habitants
00:58:30qui a été conquise avec 500 combattants
00:58:32à peine, l'armée irakienne n'a absolument
00:58:34pas tenu ses positions,
00:58:36voire elle était complice avec Daesh.
00:58:38Sans l'intervention des milices chiites
00:58:40à l'époque, inféodées à l'Iran,
00:58:42le groupe s'emparait de Bagdad,
00:58:44ce qui fait que les Etats-Unis
00:58:46s'étaient bien débarrassés de Saddam Hussein,
00:58:48mais à la place, ils voyaient s'installer
00:58:50grâce au gouvernement chiite
00:58:52qu'ils avaient eux-mêmes, dont ils
00:58:54avaient eux-mêmes préparé l'élection,
00:58:56des sbires des Iraniens, et en particulier
00:58:58les gardiens de la Révolution.
00:59:00Cette guerre en Irak leur avait coûté
00:59:022 milliards de dollars et quelques
00:59:045 000 soldats américains
00:59:06pour finalement laisser le pays à l'Iran.
00:59:08Sans oublier, bien sûr, Daesh.
00:59:10Les Américains renvoyèrent aussitôt
00:59:12des forces spéciales, de l'aviation,
00:59:14et grâce aux miliciens chiites
00:59:16avec lesquels, je le rappelle, les Américains
00:59:18ont combattu à cette époque-là,
00:59:20ils ont pu reprendre une à une ces villes.
00:59:22Depuis combien de soldats sont
00:59:24stationnés dans le pays ?
00:59:26Environ 2500. Ils sont
00:59:28en Anbar, c'est-à-dire à l'ouest, la province
00:59:30de l'Ouest, et également dans le Kurdistan irakien.
00:59:32Le problème, c'est qu'entre-temps,
00:59:34les relations entre l'Iran
00:59:36et les États-Unis se sont considérablement
00:59:38dégradées, notamment avec le retrait
00:59:40de l'accord sur le nucléaire à l'époque de
00:59:42Trump, et que ces mêmes Américains
00:59:44et les quelques 900 autres
00:59:46qui sont stationnés en Syrie, essentiellement
00:59:48pour bloquer le pétrole syrien,
00:59:50et damer le pion à Bachar el-Assad et à ses alliés
00:59:52russes, sont devenus des cibles.
00:59:54Notamment, le premier épisode
00:59:56de ciblage des soldats américains,
00:59:58ça a été l'assassinat sur ordre de
01:00:00Trump, de Rassam Soleimani,
01:00:02qui était le chef des Gardiens de la Révolution,
01:00:04et également de Mohamed al-Mohandis,
01:00:06qui était le chef des miliciens chiites irakiens.
01:00:08Alors, plus récemment,
01:00:10c'est les frappes iraniennes
01:00:12sur Israël qui ont été
01:00:14l'objet où, à ce moment-là,
01:00:16à cette époque-là, ces soldats sont
01:00:18devenus à nouveau des cibles
01:00:20parfaites pour une revanche des
01:00:22Iraniens, ou du Hezbollah libanais,
01:00:24ou de leurs alliés.
01:00:26Qu'est-ce que font aussi aujourd'hui les Irakiens pour demander leur départ ?
01:00:28Alors, des discussions ont lieu,
01:00:30c'est intéressant parce qu'elles ont lieu en ce moment à Washington,
01:00:32entre Iraniens et
01:00:34Américains. Alors, pour les premiers,
01:00:36les Irakiens,
01:00:38les troupes doivent
01:00:40impérativement commencer leur retrait
01:00:42cette année, et ils doivent s'achever
01:00:44en septembre 2025.
01:00:46Le problème pour les Américains, c'est de ne pas
01:00:48donner l'impression de partir
01:00:50sous la pression des miliciites,
01:00:52toujours sous influence iranienne.
01:00:54Le but des Iraniens est bien sûr à l'inverse,
01:00:56de voir partir le grand Satan,
01:00:58et de clamer victoire.
01:01:00Le rôle officiel des troupes américaines
01:01:02est toujours de lutter contre Daesh,
01:01:04et la menace du groupe existe,
01:01:06évidemment on se souvient des attaques de Moscou,
01:01:08dans le Caucase récemment, en Iran,
01:01:10et pour la première fois la semaine dernière,
01:01:12Daesh a attaqué le sultanat d'Oman,
01:01:14qui est en général une terre plutôt
01:01:16très pacifiste, et qui
01:01:18sert dans la diplomatie de la région.
01:01:20Donc sa capacité de nuire est loin d'avoir disparu,
01:01:22mais la pression des Iraniens est plus forte,
01:01:24et pour le premier ministre Mohamed
01:01:26Shia al-Soudani, qui est le nouveau
01:01:28premier ministre, qui a longtemps
01:01:30manœuvré entre les deux alliés
01:01:32devenus franchement adversaires,
01:01:34si ce retrait est acté, ce sera
01:01:36une victoire politique, pour lui,
01:01:38à domicile, et dans la région.
01:01:40En fait, on se rend compte
01:01:42que plus personne, en dehors d'Israël,
01:01:44de quelques pays du Golfe, ne souhaite que les Américains
01:01:46restent. Alors on peut parler
01:01:48de la réactivation du vieux slogan
01:01:50issu de la guerre du Vietnam,
01:01:52mais c'est bien de ça dont on parle.
01:01:54Ce qui est quand même intéressant, je vais conclure
01:01:56là-dessus par une anecdote
01:01:58qui concerne
01:02:00Colin Powell, au moment de
01:02:02l'invasion américaine en Irak,
01:02:04George Bush,
01:02:06qui sentait que Powell était celui
01:02:08de son équipe qui était le plus réticent
01:02:10à cette invasion, lui avait demandé
01:02:12« Qu'est-ce que vous en pensez, franchement ? Dites-moi, Colin,
01:02:14qu'est-ce que vous en pensez ? On va aller en Irak,
01:02:16qu'est-ce que vous en pensez ? » Et Colin Powell lui avait
01:02:18répondu « Vous savez, c'est la règle du magasin
01:02:20de porcelaine. Vous cassez quelque chose,
01:02:22cette chose vous appartient. »
01:02:2422 ans plus tard, l'Irak est toujours
01:02:26quelque part sous influence américaine.
01:02:28Merci beaucoup Régis Le Sommier, merci
01:02:30aussi Albert Zenmou, Agnès Verdier-Moulier
01:02:32et Arthur de Vatrigan d'avoir été mes invités
01:02:34dans Face à l'Info. Tout de suite, vous retrouvez
01:02:36Eliott Deval pour l'heure des pros. À demain.

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