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Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00 Bonsoir et bienvenue à tous, je suis ravie de vous retrouver pour une nouvelle édition de Face à l'Info.
00:05 On a beaucoup de thèmes à vous soumettre avec nos chroniqueurs, ce sera dans un tout petit instant le temps de prendre connaissance des dernières informations avec Adrien Fontenot ce soir, bonsoir.
00:12 Cinq jours après la mort d'Enzo, agressé au couteau et tué pour un mauvais regard à la haïma l'herbe, une marche blanche en l'honneur de l'adolescent de 15 ans se tenait aujourd'hui dans la petite commune de L'Heure, marche que vous avez pu suivre en direct sur CNews il y a quelques instants.
00:27 Jean-Marc Reyser à nouveau devant la justice, déjà condamné deux fois aux assises pour viol et pour assassinat.
00:33 Il est aujourd'hui mis en examen dans l'enquête sur la disparition de François Zoman survenu en 1987 à Strasbourg.
00:39 Acquitté en 2001 pour le meurtre de la jeune femme, il est cette fois poursuivi pour séquestration ou détention arbitraire criminelle.
00:45 Fin juin, Jean-Marc Reyser a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assorti de 22 ans de sûreté pour l'assassinat de Sophie Le Tanne en 2018.
00:53 Et puis 8 à 10 milliards seront nécessaires sur 10 ans pour renouveler les forêts face aux changements climatiques.
00:58 Annonce faite par le ministre de l'agriculture Marc Fenault qui promet un vaste programme d'intervention sur plus d'un million d'hectares.
01:04 Cet investissement sera partagé entre les propriétaires privés et détenteurs de 75% de la forêt et l'Etat français.
01:11 Et j'ai grand plaisir à accueillir à nouveau ce soir Eugénie Bastier autour de cette table.
01:16 Bonsoir Eugénie, vous allez bien ?
01:18 Bonsoir, ça va.
01:19 C'est très bien d'être au rendez-vous. Merci à vous Nathan Devers de nous accompagner également ainsi que Raphaël Stainville.
01:24 Tandis qu'on accueille dans cet exercice, dans ce format, Régis Le Sommier.
01:29 Et au sommaire, ce soir, voici vos choix.
01:32 A peine nommé à son nouveau poste, Aurore Bergé crée la polémique avec sa proposition de réduire le congé parental tout en le rémunérant mieux.
01:39 Mais au-delà, n'est-ce pas d'une vraie politique familiale dont nous aurions besoin ?
01:43 Cette chronique sera signée Eugénie Bastier.
01:45 Pour commencer.
01:47 Alors qu'avait lieu aujourd'hui la marche blanche pour Enzo, 15 ans, tué d'un coup de couteau pour un mauvais regard,
01:52 Raphaël Stainville reviendra sur ce que l'indifférence totale d'une partie de la classe politique traduit
01:56 et relève une forme d'accoutumance à ces agressions sauvages et gratuites.
02:01 Et c'est peut-être ça le plus terrible.
02:03 Eugénie qui reviendra épingler le tweet de Sandrine Rousseau qui fait le lien entre les incendies,
02:08 conséquences du réchauffement climatique et la consommation de viande,
02:11 avec elle on tentera de démêler le vrai du faux et montrer que l'agro-pastoralisme a aussi des vertus.
02:17 Nathan Devers de son côté s'intéresse à un phénomène des plus inquiétants
02:21 et qui fait un peu plus disparaître les femmes de la société afghane,
02:24 l'interdiction par les talibans des salons de beauté.
02:27 L'effacement sera bientôt total, c'est sans doute ce qu'il nous dira.
02:30 Enfin nous partirons aux Etats-Unis avec Régis Le Saumier.
02:34 Qu'est-ce qui pousse donc les californiens à bouder la douceur de vivre de la côte pacifique
02:39 pour aller en Floride, à l'opposé, état tout aussi sympathique mais avec des valeurs bien différentes.
02:45 Voilà c'est parti.
02:47 Et donc on commence avec vous Eugénie Bastier.
03:02 Elle n'a pas mis beaucoup de temps à s'illustrer, à faire parler d'elle, au Rorberger.
03:06 Alors réduire le congé parental pour mieux l'indemniser, est-ce une bonne idée ?
03:11 Vous êtes penchée sur la question.
03:12 Oui c'est ce qu'a dit Aurore Pergé dans une interview à West France, à peine nommée.
03:16 Elle a dit "Trop de mères et de pères renoncent au congé parental parce qu'il est trop faiblement indemnisé.
03:20 Alors pourquoi pas ne pas réfléchir ensemble à un congé parental plus court
03:24 mais mieux indemnisé pour laisser un vrai choix aux familles."
03:27 Alors aussitôt la gauche s'est indignée en disant qu'elle voulait revenir sur des acquis sociaux,
03:32 qu'elle voulait effectivement gréver le choix des familles.
03:35 Bon Sandra de Grousseau, je vais en reparler, mais elle aussi a commis un tweet en disant que
03:39 "Vous ne pouvez pas faire une pause dans votre massacre du système social,
03:42 même quelques semaines, qu'on ait le temps de respirer un peu.
03:44 Vous cherchez quoi en fait à mettre le feu partout ?"
03:46 Moi je croyais que quand on était écolos, il ne fallait pas faire d'enfants pour sauver la planète.
03:49 Mais visiblement, il faut aussi que les enfants soient subventionnés par l'État à 100%.
03:54 La France Insoumise l'a taclé, superbe démarrage d'Aurore Pergé.
03:58 Boris Vallaud du PS dit "On vous paie plus pour être moins longtemps avec votre enfant, ça vous dit ?"
04:04 avec ironie, etc.
04:05 Alors évidemment, c'est une polémique partie au cœur du tour, qui à mon avis est un faux débat,
04:09 parce qu'effectivement, beaucoup de gens confondent en réalité congé parental et congé maternité ou paternité.
04:16 Et c'est vrai qu'en France, le congé parental est très faible, c'est 418 euros par mois jusqu'à 3 ans.
04:23 Donc en fait, très peu de gens y ont recours.
04:26 D'ailleurs, 94% des bénéficiaires sont des mères, alors ça ce n'est pas un problème en soi, on y reviendra.
04:31 Et il y a un consensus qui se dégage ces dernières années parmi les experts,
04:35 qui affirme qu'il faut changer cela, qu'il faut changer ce congé parental et l'allonger.
04:39 C'était le cas du rapport de Julien Damon et Christelle Edemann, remis à Elisabeth Borne en 2021,
04:43 qui lui prônaient une prestation d'une durée de 6 à 12 mois mieux rémunérée.
04:48 D'autres proposent une prestation de 9 mois rémunérée à 75% du salaire.
04:52 C'est ce qui se dégagerait, ce qui serait potentiellement la proposition que reprendrait Aurore Pergé.
04:56 Donc effectivement, on voit que c'est une solution qui permettrait aux parents de pouvoir s'occuper de leurs enfants
05:02 dans la première année, dans les premiers mois de naissance, ce qui est une demande forte de la société
05:06 et qui est essentielle quand on sait qu'effectivement, beaucoup de choses se jouent dans les premiers mois de l'enfant.
05:11 Alors ça nous donne peut-être aussi l'occasion de s'interroger sur la manière dont la France se situe
05:15 par rapport à d'autres pays et peut-être même en Europe, pour commencer.
05:19 Oui, alors la France est à la traîne, aussi bien en termes de congés maternités que de congés parentaux.
05:24 Alors évidemment, on ne va pas comparer aux Etats-Unis parce qu'aux Etats-Unis, ça n'existe pas.
05:27 Il n'y a quasiment aucun congé maternité.
05:30 C'est en train de changer un petit peu.
05:31 Même si selon les Etats, ça commence un petit peu à changer, effectivement.
05:34 En France, le congé maternité est bien rémunéré, mais assez court par rapport à d'autres pays européens,
05:39 notamment les pays de l'Est et les pays du Nord de l'Europe.
05:42 Et c'est surtout par le congé parental qu'on se distingue, puisque ce congé parental est extrêmement mal rémunéré.
05:47 On est à la 22e place sur les 40 pays que compte l'OCDE, ce qui pour un pays comme la France,
05:52 qui est censé avoir un système social très dépensier et quand même pas un très bon grand.
05:56 En Suède, par exemple, vous avez 32 semaines supplémentaires rémunérées partiellement pour chacun des parents.
06:01 En Allemagne, vous avez l'un ou l'autre des parents qui ont droit à 14 mois de congé rémunéré à 65 %.
06:06 En Norvège, c'est 49 semaines à 100 % ou 59 semaines à 80 %.
06:12 Donc on voit bien que les solutions existent.
06:14 Alors évidemment, le congé parental n'est pas le seul problème,
06:17 parce que sinon la Suède et l'Allemagne auraient des taux de fécondité des femmes extraordinaires.
06:22 On voit bien que ce n'est pas le seul problème de la politique familiale.
06:24 Il y a encore une dizaine d'années, l'OCDE mettait la France au pinacle des politiques familiales de l'Occident.
06:33 Et ce n'est plus du tout le cas, notamment parce que son taux de fécondité était assez élevé, au-dessus de 2.
06:39 Or, ce taux de fécondité a baissé et passé en dessous de 2 dans les dix dernières années,
06:43 notamment parce qu'il y a eu la fin de l'universalité des allocations familiales,
06:47 qui a été cassée par François Hollande en 2015.
06:49 Ce qui fait que maintenant, les allocations familiales sont réservées aux familles les plus pauvres,
06:54 et les familles aisées n'y ont plus droit.
06:56 Et ça a enclenché une baisse de la natalité, puisqu'on a eu quasiment une baisse de 100 000 naissances en dix ans par an.
07:03 Ce qui est énorme, et qui a fait baisser la France en dessous du taux de fécondité de 2.
07:09 Donc c'est un vrai changement.
07:10 C'est le seuil de renouvellement de la population.
07:13 Alors plus largement, n'est-ce pas, d'une politique familiale volontariste, dont nous aurions réellement besoin aujourd'hui ?
07:19 Oui, d'ailleurs c'est très intéressant, parce que pendant le petit rémaniement,
07:23 qui n'était pas grand-chose, qui s'est passé il y a une dizaine de jours,
07:26 on a vu la réapparition du ministère des Familles, qui avait disparu,
07:30 puisque Emmanuel Macron, en 2017, l'avait supprimé.
07:32 C'est intéressant, parce que le ministère de la Famille n'a pas toujours existé.
07:35 Il est né en 1978, c'est la droite qu'il avait installée, la droite justice cardiaque, avec Simone Veil.
07:40 Avant, on pensait, finalement, on distinguait l'état de la famille,
07:45 il n'y avait pas la politique de l'intime, comme elle existe aujourd'hui.
07:47 Ensuite, il y a eu un ministère de la Famille,
07:49 qui s'est transformé sous François Hollande, après le mariage pour tous, en ministère des Familles,
07:54 parce qu'il fallait être inclusif, et que la famille, c'était peut-être un peu excluant.
07:57 Et Emmanuel Macron l'a supprimé en 2017, pour le remplacer par un ministère des Solidarités,
08:02 et de la Santé. Bizarre, on dit des Solidarités, et on ne dit pas des Santés.
08:07 Je ne sais pas pourquoi, c'est une sorte d'inclusivité, le langage inclusif et ses mystères.
08:11 Mais ça a été remplacé en...
08:13 Donc là, il y a un retour du ministère des Familles, intéressant,
08:15 surtout que ça vient après les émeutes, où Emmanuel Macron a parlé du rôle de la famille
08:20 dans l'éducation des Incans, en pointant du doigt les parents qui étaient responsables.
08:24 Est-ce qu'il y aurait eu une prise de conscience, au sommet de l'État, de l'importance de la famille ?
08:28 C'est ce qui reste à prouver.
08:30 On verra avec Aurore Berger.
08:32 Mais c'est vrai que la France aurait besoin d'une véritable politique familiale,
08:37 notamment pour relancer la natalité, qui est au cœur de notre pacte social.
08:41 On l'a vu pendant la réforme des retraites, on le voit sur la question de l'immigration.
08:44 Si nous ne faisons pas d'enfants, nous sommes obligés d'avoir recours à l'immigration
08:48 pour le travail, pour les emplois.
08:52 Donc c'est une question absolument primordiale.
08:55 J'invite Aurore Berger à se saisir de ce problème de la natalité.
09:01 C'est un problème démographique.
09:02 Quand on sait que 30% des femmes en âge de procréer en France disent ne pas vouloir d'enfant,
09:07 c'est un véritable problème, un problème majeur dans notre société.
09:09 C'est un chantier dont on devra se saisir, Aurore Berger, bien au-delà du congé parental.
09:13 Il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine.
09:15 Voilà qui est rondement mené.
09:17 Je vais vous faire réagir.
09:18 Raphaël Stainville, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour promouvoir une politique nataliste,
09:23 une politique de la famille plus volontariste, pour reprendre le propos d'Eugénie ?
09:27 D'abord, une remarque sur ce que vient de dire Eugénie.
09:31 C'est que la question que pose Aurore Berger, elle pose à mon sens plusieurs problèmes.
09:37 Est-ce que c'est une demande des femmes ? Est-ce que c'est une demande des hommes ?
09:40 Est-ce que c'est une demande des entreprises ? Honnêtement, je n'en sais rien.
09:43 Mais en fait, ce qui me semble le plus fondamental, c'est est-ce que c'est dans l'intérêt de l'enfant ?
09:47 Et ça, je pense que cette question n'est pas suffisamment abordée et étayée par la ministre.
09:54 Peut-être se pencher sur l'aspect du maternage.
09:56 Oui, parce qu'en fait, je pense que les femmes seront ravies de pouvoir peut-être gagner plus.
10:01 Mais la question, c'est toujours, je pense que c'est une politique familiale, doit aussi prendre en compte d'abord l'intérêt de l'enfant.
10:08 Donc, je pense que cette dimension-là a été un peu exclue de la pensée de la ministre.
10:13 Et après, une politique familiale, elle ne peut pas reposer exclusivement sur les allocations,
10:20 surtout dans un contexte où, on le sait, la France est contrainte budgétairement.
10:26 Mais en revanche, le chantier est immense, fondamental.
10:29 Et on l'a vu, ça a été rappelé par Eugénie, notamment au moment des retraites,
10:33 qui était l'espèce d'impensée de tous les débats qu'on a eus autour des retraites,
10:38 où on a parlé d'âge pivot, de plein de choses.
10:41 Mais le système tel qu'il était bâti ne repose finalement que sur la part des actifs et des inactifs.
10:50 Et par conséquent, il faut une politique de natalité.
10:52 Peut-être une question...
10:53 Non, juste une suggestion. On peut se donner deux objectifs quand on est à la tête de l'hémicycle de la famille.
10:56 C'est soit imposer l'égalité au sein des foyers, ce qui peut être une tentation,
11:00 c'est-à-dire effectivement vouloir dire ce qu'ont fait récemment les progressistes.
11:05 C'est-à-dire qu'en fait, on donne le congé paternité aux hommes, et finalement, on baisse et on n'améliore pas les droits des femmes.
11:10 Au nom de l'égalité.
11:12 Soit on se dit qu'on veut véritablement relancer la natalité, on veut vraiment laisser les gens libres.
11:17 Je crois que c'est la solution pour moi la plus juste.
11:19 C'est de laisser les gens libres.
11:20 Et tant pis si le congé parental, c'est 95% des femmes qui le prennent et 5% des hommes.
11:25 L'important, c'est de donner le choix et de ne pas essayer de s'ingérer dans les choix des familles en forçant les hommes, par exemple, à prendre ce congé paternité.
11:31 De toute façon, dans les faits, depuis qu'il y a eu des changements opérés,
11:33 on a vu que statistiquement, ça n'a pas changé grand-chose.
11:36 Les hommes n'ont pas pris plus de congés parentaux.
11:38 Qu'est-ce qu'il y a derrière, Nathan Devers ?
11:41 C'est une remise au travail pour aller encore plus vers un plein emploi et une productivité accrue ?
11:50 Quelle est son intention ?
11:52 Sans avoir consulté, parce qu'en fond, elle dit ça, certes, au détour d'une interview,
11:55 mais elle ne s'est pas vraiment penchée sur la question.
11:57 Pour cause, elle vient d'arriver à son poste.
11:59 Oui, elle dit ça sur le mode de "j'envisage une possibilité, un plan de travail".
12:04 J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt votre éditorial.
12:08 C'est un domaine où j'ai plus d'incertitudes que de certitudes.
12:11 Et notamment, la grande incertitude que j'ai, c'est est-ce qu'il y a vraiment une possibilité
12:15 d'avoir une action politique qui va avoir un impact sur le fait que les Français
12:18 et les Françaises vont avoir envie de faire des enfants ?
12:21 Parce que j'ai l'impression que si vraiment, fondamentalement, dans notre société,
12:24 on fait de moins en moins d'enfants, et surtout, on a de moins en moins ce désir-là,
12:27 ce n'est pas seulement pour des raisons de congés, de statuts officiels.
12:32 Il y a un contexte quand même. Le décrochage en France, c'est 2015.
12:36 Le décrochage de la normalité des courbes, c'est 2015.
12:39 C'est le moment où François Hollande change la politique familiale.
12:42 Et il y a des effets des politiques familiales, notamment en Hongrie.
12:44 Tout le monde dit que ça ne marche pas, mais si, ça commence à marcher.
12:46 Donc il y a une corrélation.
12:48 Est-ce qu'il n'y a pas une singularité, c'est vraiment une interrogation,
12:50 est-ce qu'il n'y a pas une singularité aussi qui est due au rapport avec la question de l'immobilier ?
12:54 Ça veut dire que très concrètement, aujourd'hui, quand on habite dans une grande ville,
12:57 faire des enfants, ce n'est pas une question de congés, de lois, de statuts, de politique familiale.
13:01 C'est quand même une question de moyens.
13:02 C'est une question de moyens et même d'impossibilité au sens presque spatial.
13:05 C'est-à-dire que faire des enfants, c'est vivre entassé dans un espace saturé
13:09 où c'est déjà impossible d'habiter seul dans une grande ville, à fortiori avec des enfants.
13:14 Et à mon avis, face à cela, on a un mouvement sociétal profond
13:18 qui est en train de travailler les sociétés occidentales
13:21 avec des explosions de l'immobilier depuis 30 ans.
13:24 Et je vois mal l'impact réel que pourrait avoir une politique de la famille aussi ambitieuse soit-elle.
13:30 Même avec les familles qui quittent les grandes villes pour aller vers les zones rurales,
13:36 il y a quand même une lame de fond aussi de ce point de vue-là.
13:38 Je pense qu'il y a aussi un discours no-kid qui est porté par une frange des écologistes.
13:45 C'est pour ça que je vais pointer du doigt les contradictions de Sandrine Rousseau,
13:48 même de la LFI, qui passent leur temps à dire que, en tout cas dans ces mouvements-là,
13:51 que faire des enfants c'est une alienation pour la femme et c'est une destruction de la planète.
13:55 Et ce discours est portant dans les jeunes générations.
13:57 Un tiers des jeunes femmes ne veulent plus faire d'enfants.
13:59 Donc il faudrait aussi qu'on voyait que sur le service public de l'information,
14:02 les médias publics, la propagande no-kid a une importance énorme.
14:06 Il y aurait peut-être aussi quelque chose à faire, envoyer un autre message,
14:09 un message peut-être plus positif, plus d'accueil de la vie dans nos sociétés.
14:13 - Régis, un petit commentaire ?
14:15 - Non, moi je crois qu'il y a en effet, il y a d'abord redonner envie aux Français,
14:19 comme vous l'avez dit, de faire des enfants.
14:21 Et ça, ce n'est pas évident parce qu'en fait, ce phénomène-là,
14:25 enfin ces phénomènes-là, ce n'est pas des phénomènes nouveaux.
14:27 On est quand même dans une...
14:29 Alors vous expliquez que la natalité a décroché à partir de 2015
14:33 à cause d'une nouvelle politique, en tout cas d'un changement sous François Hollande.
14:39 Mais il y a quand même ce contexte qui fait qu'on fait moins d'enfants.
14:42 Il existe depuis pas mal de temps.
14:44 Et là, il faudrait vraiment qu'il y ait une inflexion politique.
14:48 Ce n'est pas simplement en entendant Emmanuel Macron dire
14:51 qu'il faut que les parents s'occupent de leurs enfants pour pas qu'il y ait des meutes.
14:54 Il semble en effet qu'il y ait un intérêt pour la famille.
14:58 Vous dites qu'on n'avait pas vu ce ministère et qu'on le revoit à nouveau.
15:03 - Oui, un intérêt pour la famille, mais pas pour la natalité.
15:05 Là, il s'agit d'encourager aussi un peu la natalité.
15:07 - Personnellement, si vous voulez, pour ce que j'entends d'Aurore Berger,
15:10 je pense que c'est plus un coup de com' ou une manière de faire parler de soi,
15:14 ce qui arrive malheureusement assez fréquemment avec certains ministres,
15:17 pas pour dire "voilà, j'existe, donc je fais mon petit coup de com' pour venir
15:21 et puis après on verra comment je vais l'étayer".
15:24 - On va passer à l'édito de Raphaël Stainville.
15:27 Après, une fois qu'on les a, les enfants sont source d'angoisse et on a peur pour eux.
15:32 Cinq jours après la mort tragique d'Enzo, 15 ans, point nerdé, on le rappelle, pour un regard.
15:37 Il y a eu cette marche blanche qui a eu lieu d'ailleurs en fin d'après-midi.
15:41 On a pu la suivre en partie sur l'antenne.
15:43 Ça s'est passé à l'AM ALERT dans l'heure.
15:45 Rappelez-nous de quoi ce jeune garçon a été victime.
15:50 - Que s'est-il passé pour qu'un gamin de 15 ans, c'est important,
15:54 en pleine journée dans un petit village d'à peine 1500 âmes, meure comme ça, pour rien ?
16:00 Alors, samedi dernier, en plein jour, alors qu'Enzo marchait,
16:03 se promenait avec des amis dans une petite ruelle de son village,
16:06 il croise la route de deux autres jeunes garçons sensiblement du même âge que lui.
16:12 Alors, ces garçons n'habitent pas la commune, s'en suent un échange de regards,
16:16 le ton monte et l'un des deux adolescents porte un coup de couteau au thorax d'Enzo.
16:20 Enzo parvient à se traîner jusqu'à la caserne des pompiers située à une centaine de mètres
16:24 de l'endroit où il se situait.
16:26 Et malgré les efforts des personnes présentes pour essayer de le ranimer,
16:30 Enzo meurt quelques minutes plus tard.
16:32 Alors, les deux jeunes prennent immédiatement la fuite à la bord d'une voiture sans permis
16:36 et ils ne tardent pas heureusement à être interpellés.
16:39 Ils sont alors présentés devant un juge. L'un d'eux est mis en examen pour homicide volontaire,
16:43 le second pour non-assistance à personne en danger.
16:46 Et donc le principal accusé, mineur, âgé de moins de 16 ans,
16:49 en cours au maximum 15 ans de prison.
16:52 Alors, je ne vais pas ouvrir le débat justement sur l'excuse de minorité,
16:56 sur l'abaissement de la majorité pénale.
16:59 D'autres le feront et des politiques vont s'emparer à n'en pas douter de ces questions-là.
17:04 Mais vraiment, moi ce qui m'intéresse, c'est de me pencher sur les raisons de ce silence médiatique
17:10 que l'on a pu voir ces derniers jours.
17:12 Comment peut-on expliquer cette quasi indifférence médiatique et politique aussi ?
17:17 Parce qu'on s'indigne parfois à géométrie variable.
17:20 Alors, avant de vous répondre précisément, permettez-moi de vous raconter une petite histoire.
17:24 Je réfléchissais à la manière de m'emparer, de me saisir de ce drame d'Enzo
17:29 et je me suis aventuré à regarder sur Internet le profil des donateurs de la cagnotte
17:34 que certains ont lancée pour justement aider la famille d'Enzo,
17:39 notamment dans ses frais de justice et pour l'organisation des funérailles de ce jeune garçon.
17:45 Et là, je vais dire que j'ai été interloqué, surpris, et d'une certaine manière très fier,
17:50 de constater que parmi les donateurs, figurait le nom d'un de mes fils.
17:55 Ce garçon, c'est mon fils, il a 16 ans et qu'est-ce qui fait qu'un ado de 16 ans,
18:02 qui ne roule pas sur l'or, qui lorsqu'il a un peu d'argent de poche,
18:06 l'utilise plus volontiers pour s'amuser avec ses amis,
18:09 qu'est-ce qui fait qu'un ado de 16 ans donne le peu qu'il a pour soutenir la famille d'Enzo ?
18:14 Alors, quand j'ai vu son nom, je l'ai appelé.
18:16 Je lui ai d'abord demandé si c'était bien lui.
18:18 Je l'ai questionné pour comprendre et avec le ton de l'évidence, il m'a dit que c'était juste normal.
18:23 Normal de manifester sa compassion pour la famille d'Enzo,
18:25 normal de se sentir ébranlé par la mort d'Enzo.
18:29 Et pour cause, Enzo, ça aurait pu être lui.
18:32 Mais ce qui ne me lasse pas de me surprendre, de m'étonner, de m'inquiéter même,
18:36 c'est que si mon fils a pu se sentir concerné, ébranlé,
18:41 il m'est apparu assez évident que finalement, la mort d'Enzo était largement indifférente à un grand nombre.
18:51 Est-ce que vous avez vu un tweet de Jean-Luc Mélenchon ?
18:54 Est-ce que vous avez vu un tweet de Louis Boyard ?
18:57 Est-ce que vous avez vu un tweet de Sandrine Rousseau ?
19:00 Est-ce que vous avez vu plus généralement un tweet de député de la France Insoumise ou d'un député écologiste ?
19:06 Il n'y en a pas.
19:08 Et s'il n'y avait qu'eux, il n'y avait pas plus de commentaires du président
19:13 pour exprimer sa compassion et son émotion, pas plus de commentaires de la part du ministre de l'Intérieur.
19:17 C'est vrai des politiques comme de la presse d'ailleurs,
19:21 qui dans sa grande majorité, semblent ne pas s'être intéressés à la mort d'Enzo.
19:25 TF1 en a parlé, CNews, la PQR d'abord, mais sinon, trois semaines après la mort de Nahel,
19:32 qui est mort après avoir refusé de tempérer,
19:36 la mort tragique et scandaleuse d'Enzo ne rencontre aucun écho.
19:41 Il faut dire que les campagnes ne se sont pas embrasées, contrairement aux banlieues,
19:44 ce qui explique peut-être le peu d'intérêt médiatique pour cette mort tragique.
19:48 Alors selon vous, que traduit ce silence aujourd'hui ?
19:52 Plusieurs choses.
19:54 Médiatiquement d'abord, je pense que si les médias n'en parlent pas,
19:58 c'est d'abord parce qu'ils s'obstinent à n'y voir qu'un fait divers,
20:01 dans une sorte de déni constant.
20:04 Politiquement ensuite, il y a plusieurs choses.
20:07 Par-delà les victimes que la gauche, en l'occurrence Nahel, ou la droite,
20:12 Enzo, choisissent d'honorer.
20:14 On se souvient justement que les députés de la France Insoumise,
20:17 écrit Eric Coquerel en tête, et des députés écolos,
20:21 notamment Sandrine Rousseau, s'étaient rendus à la manifestation interdite,
20:25 l'hommage rendu à Nahel,
20:28 où des participants scandaient "la police assassine",
20:33 sans qu'aucun parlementaire ne s'en émeuve et ne s'en indigne.
20:38 Ou ne quitte la manifestation.
20:40 D'ailleurs, on peut noter que si la droite,
20:43 certaines personnalités de droite, ont rendu hommage à ce jeune homme,
20:47 à Enzo, ce n'est pas une immense majorité.
20:50 Comme si aujourd'hui, les figures de la droite,
20:54 avaient une peur du procès en instrumentalisation,
20:58 qui pourrait leur être fait, si jamais ils s'emparaient de ce que,
21:02 par exemple, un Eric Zemmour va volontiers appeler d'un francophile.
21:07 - Vous faites référence à l'affaire Lola ? - Exactement.
21:10 Et donc, par-delà les victimes que la gauche ou la droite choisissent d'honorer,
21:14 ce que je trouve vraiment fascinant et inquiétant,
21:17 c'est que ce silence montre que l'on s'habitue à cet enchevagement.
21:21 Pourtant, chaque jour, ce sont près de 120 attaques au couteau
21:24 qui ont lieu en France, à en croire les données.
21:26 Alors, elles sont un peu anciennes.
21:28 Ce sont les données de l'INSEE pour la période 2015-2017,
21:31 et il n'y a pas lieu de croire qu'elles aient beaucoup changé ces derniers temps.
21:36 Il faut bien comprendre ce que ça signifie, 120 attaques au couteau par jour.
21:41 Ça représente 44 000 agressions à l'arme blanche par an.
21:46 Alors, certes, le nombre de homicides a baissé,
21:48 mais le nombre de tentatives de homicide a explosé.
21:52 En 10 ans, ils ont quasiment triplé.
21:55 D'un millier de tentatives de homicide en 2011,
21:58 on est passé, en 2021, à plus de 3 000.
22:01 Alors, que traduisent ces chiffres ?
22:03 Ce que l'on a compris, c'est l'ensauvagement ou la décivilisation,
22:06 comme a pu l'exprimer le président.
22:10 Vous vous souvenez de ce livre de Laurent Auberton,
22:13 La France orange mécanique ?
22:15 La France orange mécanique a été publiée en 2013.
22:18 A l'époque, ce livre avait été accueilli soit par le silence,
22:22 soit par le mépris, soit par l'invective,
22:25 par une grande part de la presse,
22:27 qui avait vu un brûlot d'extrême droite.
22:30 Je me souviens que les presses, à l'époque,
22:33 avaient titré La France orange mécanique ou La vérité si je mens,
22:36 alors même que ce journaliste n'avait fait que compulser
22:39 tous les faits divers qu'il pouvait trouver
22:42 dans la presse quotidienne régionale.
22:44 Mais ce n'est pas Auberton, en fait, qui est d'extrême droite.
22:47 C'est la réalité qui est devenue extrême.
22:49 Dans la France d'Emmanuel Macron,
22:51 on meurt désormais pour un simple regard.
22:53 À 15 ans, donc.
22:55 Qui veut réagir ? Qui souhaite réagir ?
22:57 C'est vrai que ce silence en devient gênant
23:00 quand on est prêt à dégainer à tout va
23:03 sur des choses qui peuvent paraître aussi futiles
23:06 que la viande ou que les consommateurs de viande.
23:09 Là, ça aurait peut-être mérité un peu plus
23:12 des mois de la part de nos élus,
23:15 de la représentation nationale, quand même.
23:18 À l'heure de Twitter, on tweet toute la journée,
23:21 on peut quand même se fendre d'un truc
23:23 pour soutenir la famille, à minima.
23:25 Oui, ça là-dessus, je suis totalement d'accord avec vous.
23:27 C'est-à-dire que je pense que les gens
23:30 qui sont des responsables politiques
23:32 et qui tweetent régulièrement pour exprimer
23:34 leurs condoléances, etc.,
23:36 auraient dû naturellement le faire.
23:38 Je m'interroge sur la nature du silence en question,
23:40 c'est-à-dire sur la nature de la parole
23:42 qui aurait pu exister à la place de ce silence.
23:45 Si c'est une parole, en effet,
23:47 d'exprimer ce qu'il y a d'absolument horrible
23:50 dans le fait que vous venez de raconter,
23:52 ce récit glaçant,
23:54 c'est une parole de soutien à la famille,
23:56 de soutien aux proches,
23:58 de soutien même aux habitants du village
23:59 qui, j'imagine, sont sous le choc,
24:00 évidemment, là, je suis entièrement d'accord, je signe.
24:03 En revanche, si c'est partir estimer
24:06 que la parole qui aurait dû avoir lieu
24:08 et qui n'a pas lieu, et qui donc est un silence,
24:10 c'était une analyse politique,
24:12 comme vous avez dit d'ailleurs,
24:13 dans la France d'Emmanuel Macron,
24:15 je ne pense pas qu'il y a un...
24:17 Si vous voulez, je pense que des faits
24:19 tragiques comme celui-ci,
24:20 moi, je n'aime pas le mot "divers"
24:21 parce que ça donne l'impression
24:22 que c'est juste des faits pas importants,
24:23 des faits tragiques,
24:24 je pense que c'est extrêmement délicat
24:26 d'en tirer des conclusions politiques.
24:28 En revanche, le faire de manière statistique
24:30 et globale, d'ailleurs, comme vous l'avez fait
24:32 avec des chiffres sur 10 ans, sur 5 ans,
24:34 et voir de manière globale,
24:36 c'est autre chose.
24:37 Mais quand on est confronté à un fait tragique,
24:39 on est sous le coup de l'émotion,
24:40 on est sous le coup du choc,
24:41 on est sous le coup de l'indignation,
24:42 et je ne suis pas sûr que ce soient
24:43 les meilleurs affects
24:44 pour avoir une réflexion politique,
24:45 quelle qu'elle soit.
24:46 Non, mais ce qu'il vous dit,
24:47 c'est que ça traduit quand même
24:48 un processus dont même
24:50 le président Emmanuel Macron
24:52 reconnaît l'existence,
24:54 c'est-à-dire une décivilisation.
24:55 Il faut quand même se pencher sur ça
24:56 en tant que phénomène sociétal.
24:57 Non, mais moi je suis...
24:58 Oui, non, mais vous avez...
25:00 Oui, Régis pour réagir à ça.
25:02 Je ne suis pas tout à fait...
25:03 Je comprends ce que dit Nathan,
25:05 mais le fait, ce qui est plus grave,
25:07 ce qui me paraît plus grave dans cette histoire,
25:09 et ça se voit de façon récurrente,
25:12 on a évoqué l'affaire Lola tout à l'heure,
25:14 on a évoqué Nahel,
25:16 et on évoque Enzo maintenant,
25:17 c'est qu'on regarde
25:19 quelle est l'origine de la personne,
25:21 on regarde qui sont les agresseurs,
25:23 et en fonction de l'un ou de l'autre,
25:25 on réagit ou pas.
25:26 Si Enzo est d'origine française,
25:29 enfin de souche, on va dire,
25:31 eh bien ça n'est pas intéressant,
25:34 ça n'est pas...
25:35 Et systématiquement,
25:37 c'est toujours la France insoumise
25:38 qui est en tête,
25:39 qui est porteur de ce qui est bon
25:42 et de ce qui n'est pas bon,
25:43 et les autres s'alignent derrière.
25:45 Et quelque part, ce que disait Raphaël
25:47 sur les leaders de droite qui ont peur,
25:49 un petit peu aussi,
25:51 il y a quand même une énorme lâcheté derrière,
25:53 alors que ces faits divers là,
25:55 quelque part, devraient être traités,
25:57 je dirais, de la même façon,
25:58 ils ne devraient pas y avoir
26:00 quand un jeune prend un coup de couteau
26:02 et il meurt,
26:03 quand un jeune est abattu par un policier.
26:05 C'est une vie qui s'en va.
26:07 Or, on a l'impression qu'il y en a
26:09 qui ont plus de poids que d'autres,
26:10 il y a des cadavres qui pèsent plus que d'autres,
26:12 et c'est ça qui, à mon avis,
26:13 est scandaleux,
26:14 c'est cette interprétation
26:15 systématiquement politique du fait divers
26:18 qui est considérée ou pas considérée,
26:21 je suis à peu près sûr
26:22 que malheureusement,
26:23 cette affaire d'Enzo
26:24 sera oubliée d'ici une semaine.
26:26 On va s'interrompre quelques minutes,
26:28 c'était un peu lourd pour commencer cette ranche,
26:31 mais on va tenter de revenir à,
26:33 à, bah, tiens,
26:34 à quelque chose d'un peu plus,
26:35 non pas futile,
26:36 mais peut-être qui est un peu plus cocasse,
26:39 c'est ce tweet de Sandrine Rousseau
26:41 en retour de pub avec vous,
26:43 Eugénie, à tout à l'heure.
26:44 Ravi d'être de retour pour la suite de Face à l'info.
26:52 On va partir sur un tout autre sujet avec vous,
26:55 Eugénie Bassier,
26:56 avec cette question,
26:58 manger de la viande provoque-t-il des incendies ?
26:59 En tout cas,
27:00 vous souhaitez revenir à ce tweet
27:01 qu'on évoquait tout à l'heure de Sandrine Rousseau
27:03 qui lit le phénomène des incendies,
27:05 des catastrophes qu'on voit un peu partout
27:07 dans le pourtour méditerranéen ces dernières heures,
27:09 liées au réchauffement climatique
27:11 et à la consommation de la viande.
27:13 Elle en a profité pour attaquer ses détracteurs.
27:16 Oui, elle dit
27:17 « La consommation de viande est une des causes
27:18 de ce qui se passe en Algérie, Espagne, Grèce, Chine, Arizona et partout.
27:22 Se prendre en photo,
27:23 tout sourire avec un morceau de viande aujourd'hui,
27:25 c'est cracher à la figure de celles et ceux qui fuient,
27:27 brûlent, meurent de chaleur. »
27:28 Alors, on savait que le battement d'aile d'un papillon au Brésil
27:31 pouvait provoquer une tornade au Texas.
27:33 Maintenant, on apprend que manger un burger à Paris
27:34 peut provoquer un incendie à Athènes.
27:36 C'est l'effet domino.
27:39 Mais en fait, ce que dit ce tweet,
27:42 c'est vraiment un biais de simplification
27:44 qui est assez coutumier de la personne qui est Sandrine Rousseau,
27:48 mais qui est assez coutumier des écologistes en eux-mêmes aujourd'hui,
27:52 qui a des effets contre-productifs.
27:54 D'abord parce que ça crée une globalisation des problèmes
27:57 et une forme d'impuissance.
27:58 Si, effectivement, il y a une espèce d'effet en chaîne domino,
28:01 il y a une culpabilisation des individus
28:03 et en même temps un sentiment d'impuissance généralisé.
28:05 Et le problème aussi que suscite Sandrine Rousseau
28:08 et ses consoeurs et confrères,
28:10 c'est qu'ils dégoûtent les gens de l'écologie.
28:11 D'ailleurs, c'est le phénomène qui est arrivé avec Sandrine Rousseau.
28:14 Vous vous souvenez qu'elle avait fait toute une polémique
28:16 autour de la viande, du barbecue et de la masculinité toxique.
28:18 Comme si elle n'avait pas assez de raisons, on va y revenir,
28:20 pour diminuer la consommation de viande,
28:22 elle l'avait corrélée au patriarcat, à la masculinité toxique.
28:28 Elle avait mis de l'idéologie là où il ne devrait y avoir
28:30 que du pragmatisme et du consensus.
28:31 Et donc, effectivement, elle a suscité par retour
28:34 une forme de ricanement généralisé
28:36 et des gens qui lui envoient des photos d'eux
28:38 en train de manger de la viande en disant
28:39 "Ah ah, Sandrine, t'as vu, on mange un steak".
28:42 C'est vraiment le drame de la polarisation idéologique,
28:47 c'est-à-dire qu'une polarisation extrême, écolo-bétassonne
28:51 provoque en retour, en réflexe, une espèce d'exaltation de la viande,
28:55 du culte de la viande, qui n'a aucun effet bénéfique globalement,
28:58 mais au contraire, crée justement un espèce d'attachement à la viande
29:02 comme emblème de résistance à cet écologisme-là.
29:04 Je trouve ça complètement stupide.
29:06 L'assiette est devenue un enjeu idéologique,
29:08 là où il devrait y avoir du pragmatisme.
29:10 On devrait d'ailleurs s'accorder scientifiquement sur le fait que,
29:13 oui, on peut manger un peu moins de viande, on ne va pas en mourir,
29:16 et qu'on peut en manger de meilleure qualité
29:18 et pas de la viande industrielle.
29:19 C'est un consensus qui pourrait se dégager
29:21 et ce consensus est ruiné par les postures des uns et des autres.
29:24 Et Sandrine Rousseau, en fait, dessert la cause qu'elle prétend servir.
29:28 Alors, ceci dit, on ne peut pas nier,
29:30 ça a été prouvé scientifiquement, que la viande,
29:32 enfin, je veux dire, que les bovins polluent.
29:34 Oui. Alors, l'élevage industriel et intensif
29:38 est une cause de dégradation de l'environnement
29:41 et pas seulement d'ailleurs à travers le méthane
29:43 que recrachent les bovins dans l'atmosphère,
29:46 mais aussi parce qu'il y a une pollution des sols,
29:48 qu'il y a une occupation de l'espace, etc.
29:51 Mais attention quand même aux généralisations abusives
29:54 et aux chiffres tronqués qui sont aujourd'hui répandus
29:57 par certains écologistes.
29:59 Je pense par exemple aux chiffres que l'on trouve absolument partout
30:01 dans toutes les associations écologistes
30:03 de 15 000 litres d'eau pour produire 1 kg de viande.
30:07 D'abord, c'est très disparate selon les animaux dont on parle
30:10 et c'est un chiffre absolument faux,
30:12 puisque ce chiffre, vraiment, c'est de la manipulation de la statistique,
30:16 puisque 95 % de ces 15 000 litres d'eau
30:18 sont en fait de l'eau qui va retourner dans le cycle de la pluie.
30:22 C'est de l'eau de pluie, en fait, qui retourne dans le cycle de l'eau
30:24 et qui, en fait, n'est pas gaspillée.
30:26 En réalité, il faut 50 litres d'eau utile,
30:28 c'est-à-dire qu'on ne peut pas remplacer,
30:30 pour produire 1 kg de bœuf.
30:32 On n'est quand même pas dans les mêmes proportions.
30:34 Un autre exemple qu'on avance,
30:36 on dit que le sol serait mieux utilisé pour la culture des végétaux
30:39 que pour l'élevage des animaux.
30:40 Mais en réalité, et notamment en France,
30:42 parce que nous, nous n'avons une capacité d'agir que sur la France,
30:45 l'élevage occupe majoritairement des terres non cultivables,
30:48 notamment des prairies, des montagnes, des stèpes, etc.
30:51 Et d'ailleurs, plusieurs études menées par l'INRA en France
30:56 ont montré les bénéfices environnementaux des prairies, par exemple,
30:59 des prairies qui sont consacrées à l'élevage.
31:01 Et surtout, dernier argument,
31:03 et qui est un argument qu'on peut utiliser dans plusieurs domaines,
31:06 c'est que la production de viande aujourd'hui dans les pays européens
31:08 ne cesse de diminuer.
31:10 En réalité, elle explose, cette production, en Asie,
31:12 en Chine et en Inde, évidemment.
31:14 Et en fait, on est avec nos petits bras à essayer de se priver de steak,
31:18 mais en fait, ça ne changera pas globalement le cours des choses.
31:21 Il faut agir surtout dans ces pays-là.
31:23 Alors c'est quand même l'occasion de rappeler aussi que l'élevage,
31:25 en France, fait partie du patrimoine et d'un certain art de vivre.
31:30 Vous l'aurez appelé tout à l'heure.
31:32 Tout à fait. L'agro-pastoralisme, par exemple,
31:34 c'est-à-dire l'élevage en pleine terre dans les prairies,
31:37 a souvent et même un rempart contre les incendies et les feux de forêt
31:40 dont parle Sandrine Rousseau, puisqu'il dessine les paysages,
31:43 il permet qu'il n'y ait pas de ces grandes plaines à l'infini
31:45 ou ces grandes forêts qui brûlent d'un coup d'allumette.
31:49 C'est un rempart aux feux de forêt.
31:51 Et puis surtout, aujourd'hui, il y a un vrai problème en France
31:53 avec notre agriculture, c'est qu'on importe de plus en plus notre viande.
31:57 40% des volailles, 50% des ovins, 25% de la viande de bœuf en France
32:02 est importée de pays qui ont des normes environnementales
32:05 bien moins exigeantes que les nôtres.
32:07 Et l'élevage en France a perdu 11% de son cheptel en 6 ans.
32:12 Donc c'est énorme. En fait, on est en train de ruiner notre propre élevage
32:16 pour aller importer des produits qui sont moins 10 ans environnementaux.
32:21 L'élevage de paysans est en voie de disparition en France.
32:23 Et surtout, il faut bien réfléchir.
32:25 Le monde rêvé de Sandrine Rousseau, c'est-à-dire un monde où il n'y a quasiment plus de viande.
32:28 C'est un monde sans élevage, sans élevage paysan,
32:32 avec des paysages en France qui sont absolument ruinés.
32:35 Et puis, on aura toujours besoin de protéines.
32:37 Alors, qui va nous les fournir ? Ce sera la viande artificielle.
32:39 C'est la viande cellulaire. C'est un marché en pleine explosion,
32:42 constitué à peu près à 1 000 milliards de dollars d'ici 2040,
32:46 qui atteindra certainement la part du marché de viande animale en 2040.
32:51 C'est un marché énorme.
32:52 Pour le coup, la viande cellulaire, vous ne pouvez pas la fabriquer dans un champ par des paysans.
32:56 Tout est fait en usine.
32:57 Et c'est que de l'industrie, que du capitalisme, que du commerce hors sol.
33:03 C'est ça, le monde rêvé de Sandrine Rousseau.
33:05 Et je pense que c'est absolument dramatique.
33:07 Donc, il faut absolument réfléchir à une agriculture raisonnée.
33:11 Il faut absolument préserver l'élevage paysan.
33:14 Manger certainement moins de viande, mais de meilleure qualité.
33:17 Mais ce n'est pas avec ces slogans hasardeux,
33:19 et cette culpabilisation de nos agriculteurs et des individus,
33:22 qu'on parviendra à avancer d'un iota sur cette question pourtant cruciale.
33:25 Nathan, un élevage vertueux, c'est possible ?
33:28 Il ne faut pas tomber dans les extrêmes ?
33:30 Oui, mais c'était surtout sur la phrase de Sandrine Rousseau à laquelle je voudrais réagir.
33:36 Parce que je pense que Sandrine Rousseau est une des personnes,
33:39 sans doute les plus intelligentes du monde médiatique aujourd'hui,
33:42 qui a très très bien compris, d'ailleurs elle réussit tous ses coups,
33:45 qu'est-ce qu'elle fait ?
33:46 Elle fait toujours des interventions.
33:47 Mais non, je pense exactement l'inverse.
33:49 Qu'est-ce qu'elle fait déjà ?
33:50 Elle fait des interventions qui fonctionnent sur la base du court-circuit intellectuel.
33:53 Il y a un phénomène, vous l'avez très bien rappelé, qui est global, qui est complexe,
33:57 et avec plein de causes différentes.
33:59 Et elle prend deux causes qui ont un lien évidemment causal,
34:02 c'est qu'ils sont au sein d'un même phénomène multifactoriel,
34:05 et elle les met ensemble et elle crée ce court-circuit.
34:07 Pourquoi elle fait ça ?
34:09 Parce qu'en fait, elle gagne tout le temps.
34:11 Quand elle a fait regarder cette polémique sur le barbecue et le patriarcat,
34:14 aujourd'hui, X mois après, évidemment, que maintenant,
34:17 elle a créé une association d'esprit,
34:19 où même les gens qui s'opposent à elle, même les gens qui se moquent d'elle,
34:22 même les gens qui disent qu'elle est caricaturale,
34:24 quand ils font un barbecue, ils vont évidemment l'associer,
34:27 intellectuellement, de manière même inconsciente,
34:29 à ce qu'a dit Sandrine Rousseau sur le patriarcat.
34:31 En ce moment, il y a des feux, énormes, on voit ce qui se passe en Grèce.
34:33 Là, elle crée une hyper-culpabilisation,
34:37 en disant, je ne sais pas si ce soir parmi nous,
34:39 quelqu'un va manger de la viande, évidemment qu'on va penser à ça,
34:41 et on va se dire, ah, il y a un lien, selon Sandrine Rousseau,
34:44 entre ces feux en Grèce, et donc, ce que je veux dire,
34:46 c'est qu'il y a une forme de grande habileté dans ce qu'elle fait.
34:48 Je pense qu'elle encourage, par ses tweets, la consommation de viande.
34:51 Mais du coup, comme elle n'est pas populaire, les gens...
34:53 Donc, elle encouragerait une forme de prise de conscience,
34:57 parce que qui dit réfléchir, dit peut-être remettre en question certaines choses.
35:00 Je ne sais pas où vous voulez en venir, en fait.
35:02 Là où je veux en venir, c'est que je pense que le sujet majeur sur Sandrine Rousseau,
35:05 c'est que c'est une universitaire qui a eu, pendant une quinzaine d'années,
35:09 une carrière où elle était à peu près sur les mêmes idées qu'aujourd'hui.
35:12 Mais seulement, elle les formulait de manière nuancée et beaucoup plus complexe.
35:16 Et en fait, ça suscitait l'indifférence généralisée.
35:18 Aujourd'hui, c'est de la politique.
35:19 Et donc, quiconque s'exprime dans le débat public sur ces sujets-là,
35:22 de manière nuancée et complexe, et sur tous les sujets, il n'est pas écouté.
35:25 Et puis, à un moment, elle a compris que si elle adoptait un ton caricatural
35:29 et un ton, si vous voulez, très polémique tout le temps,
35:31 eh bien, on discutait toujours ce qu'elle dit.
35:33 Donc, je pense que Sandrine Rousseau n'est que le miroir de tout un débat politique
35:37 qui est de qualité, si vous voulez, vraiment diminuée.
35:40 Elle a tout compris, de ce point de vue-là ?
35:42 Elle a tout compris, mais...
35:43 Elle maîtrise les codes, quoi.
35:44 Sandrine Rousseau a une vertu, moi, je pense,
35:46 et en l'occurrence, avec cette histoire de barbecue, ça a été...
35:50 Elle a ressuscité Fabien Roussel, qui, du coup, s'est exprimé
35:56 et a dit que lui, il aimait la bonne chair...
35:58 Il se passe pour Franchot, Yardoumaz...
36:00 Et du coup, il y a eu une gauche qui s'est un peu réveillée
36:03 par rapport à, justement, à cette intoxication progressive.
36:05 On a vu des gens dire "non, non, là, ça ne va pas,
36:09 peut-être que ça a fait sans doute augmenter la consommation de viande,
36:13 en fait, in fine", parce que des gens se disent
36:16 "on s'attaque à notre mode de vie, on se met en position de défense,
36:19 donc, par réflexe, on va contre Sandrine Rousseau".
36:22 Mais ce qui est quand même incroyable, c'est que ce personnage se trouve,
36:26 et au-delà de ces polémiques, au centre du monde des idées aujourd'hui.
36:31 C'est-à-dire que c'est elle qui donne le là, par ses excès,
36:35 et du coup, on crée le débat autour, et on se positionne par rapport à elle.
36:39 C'est un peu une sorte de...
36:41 - Mais on a une sorte de sujet de société.
36:43 - Oui, ça oui, mais c'est elle qui s'en empare.
36:45 Et autour de ça, finalement, elle existe complètement et elle est...
36:48 - En quelques secondes, allez-y.
36:50 - Juste une micro-phrase, je pense que Régis a tout à fait raison,
36:52 et qu'en fait, dans le débat médiatique, celui qui gagne un débat médiatique,
36:55 c'est celui qui impose sa question, même si tout le monde se moque de lui
36:57 sur sa réponse. Et d'ailleurs, c'est exactement ce qu'avait fait Eric Zemmour
37:00 quand il était à l'époque sur le service public,
37:02 et qu'il était dans un combat culturel de droitisation,
37:04 où il posait des questions. Et tout le monde disait que ses réponses
37:07 étaient scandaleuses, nauséabondes, etc., mais il disait "j'avance,
37:10 et je suis en train de gagner de la bataille des idées",
37:12 ce qu'il a objectivement fait, c'est-à-dire qu'il a contribué énormément
37:14 à la droitisation du débat public, parce qu'il posait des questions.
37:16 Et c'est exactement ce que fait Sandrine Rousseau dans l'autre sens.
37:19 - Est-ce que vous allez apporter votre pierre à l'édifice, ou au fond...
37:24 - Je vous passe. - Vous passez votre tour ?
37:26 OK, ça tombe bien, parce qu'il nous reste 20 minutes.
37:29 - Vous avez compris. - On va enchaîner avec Nathan.
37:31 Alors Nathan, rien à voir avec la viande et la pollution
37:36 et le réchauffement climatique. Vous voulez nous parler de l'Afghanistan.
37:40 Il y a des choses très graves qui sont en train de se confirmer.
37:43 On a beaucoup dit que les talibans d'aujourd'hui n'étaient pas ceux d'hier.
37:47 En fait, ce sont les mêmes.
37:50 - Oui, alors ça fait à peu près maintenant deux ans
37:52 que les États-Unis se sont retirés d'Afghanistan,
37:55 et que les talibans sont rentrés à Kaboul, et qu'ils ont pris le pouvoir.
37:58 On se souvient du choc que ça avait été pour tout le monde à l'été 2021,
38:04 notamment cette fameuse image de l'avion décollant de l'aéroport de Kaboul,
38:09 et des gens qui s'accrochaient au train d'atterrissage,
38:13 et certains même qui tombaient au moment du décollage et qui mouraient.
38:15 Et on se disait, et là il y avait eu vraiment une émotion mondiale,
38:19 de se dire que c'est une image qui résume un pays,
38:22 en tout cas une grande partie de ce pays, qui se sent abandonné.
38:25 Et c'est vrai que depuis, on parle assez peu de ce qui se passe en Afghanistan,
38:30 et que quand les talibans sont arrivés au pouvoir,
38:33 je parle sous le contrôle de Régis qui me corrigera si je dis des erreurs,
38:37 mais quand les talibans sont arrivés au pouvoir,
38:39 deux choses, premièrement, en effet, ils se présentaient comme dédiabolisés,
38:43 enfin c'était pas leur... j'en peux un élément de langage français,
38:46 mais bon, on comprend ce que je veux dire,
38:48 par rapport au pouvoir des talibans entre 1996 et 2001,
38:51 et deuxièmement, ils ont bien compris,
38:53 ils ont été intelligents sur ce plan stratégique,
38:55 que le débat occidental médiatique étant ce qu'il est,
38:59 c'est-à-dire extrêmement superficiel,
39:00 pendant deux-trois mois, il fallait rester discret,
39:02 et après, ils allaient pouvoir mettre en place ce qu'ils allaient mettre.
39:05 Donc c'est ce qu'ils ont plus ou moins fait,
39:07 c'est-à-dire que pendant les premières semaines,
39:09 ils ont continué, il y avait énormément de journalistes, etc.,
39:12 de montrer cette image-là, et puis depuis,
39:15 alors on assiste à une situation où on est,
39:18 je ne sais pas si on est revenu totalement à la situation de 1996 à 2001,
39:22 mais en tout cas, on est dans un recul des droits humains
39:24 qui est extraordinairement clair.
39:25 Donc d'abord, il y a un État, un Émirat islamique d'Afghanistan
39:28 qui a été fondé, donc c'est un Émirat islamique.
39:30 Je vous donne quelques exemples de situations des droits humains en Afghanistan,
39:35 avec la proclamation d'un ministère pour la promotion de la vertu
39:38 et la répression du vice, qui a remplacé un ministère des femmes,
39:41 avec évidemment des arrestations arbitraires, des tortures d'opposants,
39:46 et puis aussi, quelque chose d'important,
39:48 c'est un retour de quelque chose qui avait traumatisé l'Afghanistan
39:51 entre 1996 et 2001, c'est les exécutions ou les flagellations publiques,
39:56 notamment dans des stades.
39:57 Et ça peut être pour des homicides, mais ça peut être pour des vols,
40:00 ça peut être pour des relations sexuelles illégitimes,
40:03 pour des violations des normes sociales,
40:05 et donc là, vous avez des exécutions, des flagellations,
40:07 des sévices qui sont infligés de manière publique.
40:10 Et, dernier aspect évidemment, recul absolu de la liberté d'expression,
40:13 un certain nombre d'organes de presse qui avaient été fondés
40:15 au moment de la présence américaine, qui ont plié boutique
40:19 ou qui sont gravement réprimés.
40:21 Évidemment, ce recul des libertés est particulièrement visible
40:24 lorsqu'il s'agit des droits des femmes.
40:27 Oui, alors le droit des femmes, c'est presque le symbole de la situation
40:31 et je pense même que c'est le paramètre qu'il faut prendre en compte
40:35 pour voir quelle est la position, si vous voulez, des talibans,
40:38 parce que ça résume tout.
40:40 Donc, le fait est d'abord, pour quelques éléments de contexte,
40:43 quand il y a eu la présence américaine en Afghanistan,
40:46 il y a eu une augmentation des libertés des femmes
40:49 qui a eu une répercussion notamment dans les classes favorisées,
40:53 dans la bourgeoisie, notamment dans les grandes villes, à Kaboul.
40:55 Donc, des femmes qui allaient à l'université,
40:57 des femmes qui devenaient journalistes, des femmes qui devenaient chanteuses
40:59 et si vous voulez, un début de société civile, un peu entre guillemets…
41:03 Non, je vais retirer, j'allais dire un peu à l'occidental,
41:05 ce n'est pas à l'occidental, mais en tout cas, de manière…
41:07 avec des libertés.
41:09 Et, depuis que les talibans sont arrivés, vous avez eu,
41:12 je cite des dates, fin décembre 2022,
41:14 le ministère de l'enseignement supérieur avait dit
41:16 que les universités devenaient fermées aux femmes,
41:19 pour deux raisons, c'est que les étudiantes ne respectaient pas
41:22 le code vestimentaire et qu'elles n'arrivaient pas toujours
41:25 à l'université accompagnées, vous savez, d'un accompagnateur masculin
41:29 et que donc, fermeture de l'université aux femmes.
41:31 C'est une première grande régression.
41:33 Deuxième grande régression, un certain nombre de métiers,
41:35 notamment dans l'administration, qui sont interdits aux femmes.
41:37 Troisième grande régression, et là vraiment,
41:39 on rentre dans quelque chose de médiéval,
41:41 les femmes qui ont interdiction d'accès dans des parcs, jardins,
41:45 salles de port, etc.
41:47 Donc, ça veut dire que les femmes qui deviennent les invisibles,
41:49 les aliénées et les absentes de la société afghane.
41:54 Et, si vous voulez, tout un travail de démancipation
41:57 qui a pris une vingtaine d'années, qui est réduit à néant.
41:59 Et, donc, dernière chose, c'est pour ça que j'en parle aujourd'hui,
42:02 c'est que l'Afghanistan a décidé qu'ils allaient fermer
42:05 tous les salons de beauté.
42:07 Donc, fermeture effective dès maintenant,
42:09 pour deux motifs toujours tout aussi absurdes.
42:12 Le premier, c'est que c'était trop cher,
42:14 notamment dans l'organisation des mariages,
42:16 que les femmes allaient dans les salons de beauté.
42:18 C'était vraiment se mettre en danger financièrement.
42:20 Et, deuxièmement, évidemment, conformité à la loi islamique.
42:22 Là où c'est extrêmement triste, c'est que finalement,
42:24 je n'ai pas dit que le voile intégral était devenu obligatoire
42:27 en Afghanistan, ce qui est logique,
42:29 et que, donc, les salons de beauté, c'était le dernier espace
42:31 d'une certaine forme de beauté intime,
42:33 d'une beauté qui ne provoquait même pas, entre guillemets,
42:36 la logique de l'islamisme.
42:39 Et donc, si vous voulez les fermer, là, me semble-t-il,
42:41 c'est un peu le terminus, c'est l'étape totale du paroxysme
42:44 d'une situation où les femmes n'ont plus aucune liberté.
42:47 Alors, certains pourront vous opposer au fait que,
42:49 dans chaque pays, on est libre de s'auto-déterminer.
42:53 Qu'en pensez-vous ?
42:54 Oui, c'est vrai que c'est un discours qui revient
42:56 de plus en plus, ce discours, entre guillemets,
42:58 souverainiste, consistant à dire que les droits de l'homme
43:01 sont une sorte de modèle culturel
43:04 qui a été créé par une civilisation, l'Occident, l'Europe, l'Amérique,
43:08 et qu'il n'y a pas de raison pour que ces droits de l'homme
43:10 s'imposent de manière universelle.
43:12 L'argument qui explique, à mon avis, que ce discours
43:14 se renforce aujourd'hui, c'est qu'il est vrai, historiquement,
43:17 en Afghanistan, mais surtout en Irak,
43:19 que les droits de l'homme ont pu être invoqués
43:21 pour des intérêts qui n'avaient rien à voir,
43:23 c'est-à-dire des intérêts économiques, géopolitiques, etc.,
43:26 la fameuse guerre en Irak initiée par George Bush.
43:29 Il est vrai aussi qu'en Afghanistan, je pense,
43:31 et là, Régis en parlera beaucoup mieux que moi,
43:33 mais que l'erreur, sans doute, des Américains,
43:35 ça a été de croire qu'en injectant massivement de l'argent
43:38 et des armes et des discours sur les droits de l'homme,
43:40 ils allaient faire en sorte d'implanter les droits de l'homme
43:42 dans une société. Non, ils l'ont implanté, disons,
43:45 dans la bourgeoisie, dans une très grande partie,
43:47 mais si vous voulez, notamment dans les villes,
43:49 et tout le reste de l'Afghanistan n'était pas du tout
43:51 dans cette situation-là. Cela dit, me semble-t-il,
43:54 la grande, presque perversion intellectuelle
43:57 de ce raisonnement-là, c'est que quand on dit
43:59 "chacun doit faire chez lui comme il l'entend",
44:02 quel est le critère qui permet de savoir
44:04 si un pays vit selon sa propre norme ?
44:06 Quel critère autre que démocratique peut décider
44:09 de dire, si vous voulez, quand vous avez un dictateur
44:11 dans un pays qui impose une loi,
44:13 eh bien, vous pouvez estimer, avec cet argument souverainiste,
44:16 qu'il vit à la manière que le pays respecte
44:18 sa propre loi, si vous voulez, c'est du droit positif pur,
44:20 mais si vous n'avez pas un critère,
44:22 le seul critère qui peut permettre de décider ça,
44:24 c'est la démocratie. Donc autrement dit,
44:26 je pense qu'à l'intérieur même du logiciel
44:28 de ce discours-là souverainiste, en fait,
44:30 il y a presque une sorte d'impensée,
44:32 c'est que pour faire ça, ça se supposerait
44:34 d'intégrer une universalité des droits de l'homme.
44:36 Et à mon avis, et je finirai là-dessus,
44:38 je conclurai là-dessus, tout le travail intellectuel
44:40 à faire de ces prochaines années, c'est qu'il est vrai
44:42 que historiquement, les droits de l'homme
44:44 ont conduit à une certaine forme de colonisation.
44:46 D'ailleurs, la colonisation française était faite
44:48 par des gens, souvent à gauche, qui voulaient
44:50 universaliser les droits de l'homme. Cela dit,
44:52 il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
44:54 Ça veut dire qu'il faut, à mon avis, faire un travail
44:56 de conscience, de se dire, qu'est-ce qui,
44:58 dans la colonisation coloniale, relevait
45:00 d'une fausse universalisation, et qu'est-ce qui,
45:02 cependant, dans les droits de l'homme, reste universel,
45:04 universalisable et transcendantale, en quelque sorte.
45:06 - Régis, il y a plusieurs choses
45:08 dans ce qu'il dit,
45:10 et très intéressant. On rappelle quand même
45:12 que vous avez longtemps travaillé
45:14 sur le terrain, vous avez fait beaucoup de reportages
45:16 en Afghanistan, c'est un pays que vous connaissez
45:18 très bien, vous y êtes retourné encore récemment.
45:20 Est-ce que, pour reprendre
45:22 peut-être la chronologie de ce qu'il nous raconte,
45:24 est-ce que c'est vrai que les talibans,
45:26 d'une certaine manière, avancent masqués ? C'est-à-dire qu'ils ont essayé
45:28 de montrer, de faire bonne figure au début
45:30 pour ne pas s'attirer les foudres de l'Occident,
45:32 et puis ils avancent leur agenda,
45:34 comme on dit, petit à petit.
45:36 - Oui, je pense que Nathan a totalement bien résumé
45:38 leur approche, c'est-à-dire que les talibans,
45:40 quand ils sont arrivés en 96,
45:42 ils venaient des campagnes,
45:44 ils ne savaient pas ce qu'était une télé,
45:46 ils ne savaient même pas,
45:48 quand on les associait à l'époque,
45:50 quand il y a eu les attentats
45:52 sur les tours du World Trade Center
45:54 en 2001, ils ne savaient même pas ce qu'était
45:56 New York, la plupart des talibans.
45:58 Donc si vous voulez, c'était du rural,
46:00 extrêmement archaïque,
46:02 et d'ailleurs, ils ont été chassés
46:04 du pouvoir en 2001, à cause, justement,
46:06 de ces attentats.
46:08 Puisque les kamikazes ont été
46:10 recrutés en Afghanistan par Ben Laden,
46:12 on ne va pas refaire l'histoire. Non, là, ils ont,
46:14 pendant 20 ans, comme
46:16 tous les autres afghans, ils ont bénéficié
46:18 d'un contact avec l'Occident.
46:20 C'est-à-dire qu'en particulier dans les villes,
46:22 dans les grandes villes, surtout Kaboul,
46:24 un peu moins le Jalalabad et
46:26 Kandahar, qui sont restés
46:28 beaucoup plus archaïques, mais à Kaboul,
46:30 on a vécu à l'unisson
46:32 de la planète, grâce, quelque part,
46:34 aux troupes qui étaient d'occupation
46:36 qui venaient là, aux libertés
46:38 qui ont pu exister,
46:40 au gouvernement afghan, qui avait pris
46:42 une structure qui ressemblait d'ailleurs
46:44 au pouvoir américain, il avait un peu les mêmes...
46:46 Donc il y avait une sorte de copie
46:48 du système américain,
46:50 et à côté de ça, évidemment,
46:52 énormément de corruption qui a toujours été le problème.
46:54 - On a beaucoup dit que ça n'avait pas fonctionné, y compris
46:56 la formation des policiers,
46:58 des militaires, parce qu'il y a
47:00 trop de clans...
47:02 - Non, mais il y a la question tribale
47:04 qui est fondamentale, que les Américains
47:06 ont voulu laisser de côté, mais il y a surtout
47:08 la question du gouffre financier.
47:10 Les Américains ont
47:12 investi 1000 milliards de dollars
47:14 en Afghanistan en 20 ans, tout ça
47:16 a disparu aux mains des
47:18 seigneurs de guerre et de structures
47:20 complètement archaïques qui existent toujours,
47:22 avec lesquelles les talibans composent aujourd'hui.
47:24 Pour revenir sur ce qu'ils ont
47:26 fait là, ils ont eu
47:28 des portables, ils ont vu ce qui se passait
47:30 ailleurs, et ils ont vu aussi comment
47:32 se faisait la communication.
47:34 C'est pour ça que nous, quand on allait
47:36 les voir avant leur retour au pouvoir,
47:38 ils étaient dans les campagnes,
47:40 ils nous accueillaient,
47:42 on était... Quand on allait
47:44 voir les talibans, c'était toujours extrêmement dangereux,
47:46 il y avait le côté gouvernemental,
47:48 et puis il fallait passer côté taliban, et ensuite
47:50 il fallait revenir, il y avait des sortes de frontières à l'intérieur
47:52 de l'Afghanistan. Aujourd'hui, ils sont toujours
47:54 conscients de ça, mais ils n'ont
47:56 jamais, quand vous leur dites, fondamentalement,
47:58 moi j'ai eu des discussions avec des chefs
48:00 talibans, quand vous leur dites
48:02 "Est-ce que vous avez changé ?
48:04 Est-ce que vous allez
48:06 recommencer à édicter
48:08 vos lois ?" Parce que vous savez,
48:10 la société, sous les
48:12 talibans, quand on en est
48:14 arrivé, par exemple, à interdire
48:16 les sarvolants,
48:18 parce que
48:20 on pouvait voir...
48:22 Il y avait tout un tas de lois,
48:24 et les lois devenaient de plus en plus dures,
48:26 et c'est ce qui est en train de se passer en Afghanistan,
48:28 chaque fois que j'y vais,
48:30 que j'y retourne, à chaque fois,
48:32 il y a des nouvelles
48:34 tracasseries supplémentaires.
48:36 Et pour l'histoire des beauty salons,
48:38 pour les femmes,
48:40 ce qu'il faut comprendre, c'est que la
48:42 femme en Afghanistan n'a aucune
48:44 existence dans l'espace public.
48:46 Quand elle porte la burqa, d'ailleurs,
48:48 c'est presque, je vais dire paradoxalement, un instrument
48:50 de liberté, parce que ça lui permet
48:52 d'aller au marché sans son marathe,
48:54 sans avoir un homme avec elle,
48:56 parce qu'elle est entièrement invisible.
48:58 Donc elle n'existe pas.
49:00 Dans le beauty salon, elle fait
49:02 ce qu'elle veut, c'est-à-dire, elle arrive,
49:04 il y a les autres femmes, elle n'est plus
49:06 au regard de l'homme.
49:08 Donc ce qui est extrêmement cruel
49:10 dans cette... c'est que c'est vraiment le dernier
49:12 espace de liberté.
49:14 Voilà. Et donc, on a
49:16 repris... ça a mis deux ans,
49:18 mais on a repris le même cycle
49:20 qu'en 1996, avec cette
49:22 espèce d'enfermement de la
49:24 femme qui, finalement, aujourd'hui, est régénérée.
49:26 - Régis, je reste avec vous,
49:28 parce que c'est votre édito à suivre.
49:30 Donc reprenez un peu vos esprits,
49:32 vous voulez un petit peu d'eau, peut-être, pour enchaîner ?
49:34 Alors on va repartir dans l'autre sens,
49:36 pour le coup, alors, chez les Américains,
49:38 pour parler d'un phénomène assez
49:40 inquiétant.
49:42 C'est pas vraiment un exode, encore, mais
49:44 une forme de transhumance qui se confirme, quand même.
49:46 - Oui, alors, les transhumances aux États-Unis,
49:48 c'est pas quelque chose de nouveau.
49:50 Dans les États, il y a eu
49:52 de toutes les époques...
49:54 Mais là, je vais vous parler,
49:56 en fait... J'ai fait cette
49:58 chronique, c'est presque un divorce, en fait.
50:00 Je vais vous parler du divorce de l'Amérique.
50:02 Je vais vous parler de deux États.
50:04 Je vais prendre deux États.
50:06 La Californie.
50:08 La Californie, je vais d'abord
50:10 commencer par la Californie, parce que, d'abord,
50:12 c'est un État qui m'est cher. J'ai deux
50:14 enfants qui habitent là-bas,
50:16 et c'est presque un peu
50:18 ma deuxième patrie. Cinquième
50:20 économie du monde, le pays
50:22 le plus attractif pendant
50:24 des années, depuis la ruée
50:26 vers l'or. Alors, il y a eu la période
50:28 de la Grande Dépression, où il y a eu un peu moins de population,
50:30 mais si vous voulez,
50:32 la Californie a toujours fasciné.
50:34 C'est le bout de la route, c'est
50:36 la dernière frontière, c'est
50:38 le Far West. Il y a toujours eu
50:40 une attraction extraordinaire de villes comme
50:42 Los Angeles, San Francisco, etc.
50:44 L'idée que
50:46 l'Amérique commence à l'Est
50:48 et qu'elle se termine à l'Ouest,
50:50 dans un écrin
50:52 de splendeur, parce que c'est un pays
50:54 extrêmement beau. - Alors, que se passe-t-il, justement ?
50:56 - Depuis 2021,
50:58 211 000
51:00 Californiens ont quitté la Californie.
51:02 Vous me direz, il y a 39 millions d'habitants en Californie,
51:04 donc ce n'est pas beaucoup. - Ça va encore.
51:06 - Ça va encore, mais c'est la première fois que
51:08 la population américaine fuit
51:10 la Californie. Et ce qui est plus intéressant,
51:12 et c'est là où
51:14 l'édito est fondée
51:16 et là, il y a quelque chose à trouver,
51:18 c'est qu'ils vont, 5 sur 6,
51:20 vont en Floride. Alors,
51:22 qu'est-ce qu'ils vont faire en Floride ? C'est ça la vraie
51:24 question. L'an dernier,
51:26 alors, donc 5 sur 6,
51:28 plus de 50 % des nouveaux permis
51:30 de conduire en Floride,
51:32 permis de conduire aux États-Unis, c'est la carte d'identité,
51:34 sont
51:36 des anciens Floridiens, qui,
51:38 aujourd'hui, voilà, des anciens Californiens,
51:40 par contre. - Californiens, oui.
51:42 - Alors, qu'est-ce qui motive ce départ ? - Alors,
51:44 traditionnellement, la Floride est
51:46 attractive. C'est un pays
51:48 en position très basse sur les sociétés,
51:50 sur les biens, sur les personnes. Par exemple,
51:52 il n'y a pas d'impôt sur le revenu
51:54 de la part de l'État de Floride. Il y a un impôt
51:56 fédéral, mais il n'y a pas d'impôt sur le revenu.
51:58 Il y a aussi la question,
52:00 la Californie devient chère,
52:02 l'augmentation du coût de la vie est énorme,
52:04 à Los Angeles en particulier,
52:06 le prix des habitations est énorme,
52:08 ça, c'est la première raison,
52:10 enfin, c'est la raison invoquée souvent,
52:12 mais il y a aussi la divergence
52:14 idéologique, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
52:16 vous avez deux, je vais les
52:18 prendre comme emblème, deux gouverneurs,
52:20 Ron DeSantis
52:22 en Floride et Galvin
52:24 Newsom en Californie, qui sont
52:26 aux antipodes politiquement.
52:28 Aux antipodes politiquement, c'est-à-dire
52:30 qu'il y en a un qui a favorisé,
52:32 qui était l'ancien maire de San Francisco,
52:34 rien que ça, ça veut dire ce que ça veut dire, c'est-à-dire
52:36 que c'est quelqu'un qui a favorisé
52:38 la pénétration en Californie et
52:40 la diffusion d'une idéologie
52:42 d'extrême-gauche,
52:44 mais d'extrême-gauche à l'américaine, qui au départ
52:46 était quand même dans le respect de l'ordre,
52:48 etc., et qui, peu à peu, a commencé
52:50 à dévorer la Californie
52:52 et dévorer tout l'Ouest américain.
52:54 Je m'explique, il y a eu
52:56 la mort de George Floyd, qui a été extrêmement
52:58 révélateur, et à ce
53:00 moment-là, il y a eu un point de bascule
53:02 où des hommes politiques, finalement, se sont mis
53:04 à défendre ce qu'on peut qualifier
53:06 d'idéologie "waukiste", on a parlé
53:08 de Sandrine Rousseau,
53:10 mais qui, là-bas, prend des
53:12 configurations. Alors, c'est pas nouveau,
53:14 les campus universitaires
53:16 en Californie ont été à la tête,
53:18 ont été Berkeley
53:20 en 68,
53:22 UCLA, etc. Moi, j'ai fait
53:24 un stage, je vous donne un exemple personnel,
53:26 en 91,
53:28 à UCLA, déjà,
53:30 j'avais été surpris de ça,
53:32 la fac avait
53:34 interdit la publication
53:36 dans la bibliothèque
53:38 du livre "Moby Dick"
53:40 d'Hermann Melville, parce qu'il n'y avait pas
53:42 de femmes sur le balenier.
53:44 C'était un livre qu'on a considéré comme sexiste.
53:46 Imaginez que dans l'Angleterre
53:48 du 18e siècle, il y avait
53:50 beaucoup de femmes sur les baleniers,
53:52 mais non, il n'y en avait pas. Mais pour
53:54 l'interprétation des féministes, déjà à l'époque,
53:56 qui étaient aux avant-gardes et qui
53:58 pilotaient les facs,
54:00 ça a commencé. Et là, ça a pris
54:02 des proportions absolument incroyables.
54:04 Il y a eu, évidemment, d'autres mouvements,
54:06 Black Lives Matter, les mouvements qui
54:08 proposaient aussi de désarmer
54:10 la police, d'arrêter de financer
54:12 la police. Alors, ça a marché
54:14 modérément, mais voilà. Et à côté
54:16 de ça, vous avez cette Floride,
54:18 avec un gouverneur qui est aux antipodes, qui s'appelle
54:20 Ron De Santis, qui est candidat aux élections
54:22 présidentielles, qui
54:24 talonne Donald Trump, mais enfin,
54:26 Donald Trump a encore un peu de marge, et qui lui,
54:28 eh bien,
54:30 propose justement de faire un
54:32 Eldorado de l'anti-wokisme.
54:34 Donc, vous avez deux Amériques qui se séparent
54:36 complètement. - Quel type de population
54:38 s'en va ? - Alors, essentiellement,
54:40 c'est des Blancs non hispaniques
54:42 qui sont 35%
54:44 en Californie. Les Blancs
54:46 sont minoritaires en Californie.
54:48 Enfin, Blancs non hispaniques,
54:50 même avec la population hispanique,
54:52 sont minoritaires aujourd'hui.
54:54 Essentiellement, ils ont autour de la cinquantaine.
54:56 C'est des gens qui ont des carrières
54:58 derrière eux, qui sont, qui ont
55:00 d'ailleurs un potentiel économique
55:02 assez important. La Floride, d'ailleurs,
55:04 est en train de développer
55:06 des industries de technologie,
55:08 des industries aussi de conquête spatiale.
55:10 Donc, tout ce que la Californie
55:12 faisait, la Floride est en train de le faire.
55:14 Donc, il y a une grosse compétition économique aussi.
55:16 Et ce qui est quand même
55:18 très intéressant, parce qu'aujourd'hui,
55:20 ce mouvement, je vais parler
55:22 de divorce, c'est peut-être un petit peu excessif,
55:24 on n'y est pas encore, mais
55:26 on a des États aux États-Unis
55:28 qui commencent à colporter
55:30 en soi des valeurs
55:32 totalement irréconciliables
55:34 avec les autres. Ce qui se passait
55:36 avant... - On voit bien à propos de l'IVG
55:38 aussi. - Bien sûr. Mais vous savez...
55:40 - Des sécessionnismes... - Bien sûr.
55:42 Vous avez... On ne peut pas encore
55:44 parler de sécession. Mais pour ce qui est de la Floride,
55:46 la Floride, autrefois, était ce qu'on appelait un "swing state",
55:48 c'est-à-dire un État qui
55:50 tantôt penchait à gauche,
55:52 et faisait le président.
55:54 La Californie, Ronald Reagan était républicain,
55:56 il a été gouverneur de Californie.
55:58 Donc, la Californie, elle aussi, était à droite.
56:00 Donc, si vous voulez,
56:02 aujourd'hui, ce phénomène, et c'est là
56:04 où c'est inquiétant pour l'Amérique, pour le
56:06 devenir de l'Amérique, ces valeurs communes
56:08 qui faisaient qu'au nom des valeurs
56:10 américaines, à chaque élection,
56:12 on se réconciliait,
56:14 on disait "l'un a gagné",
56:16 "on a eu des mots", etc. Mais au nom
56:18 des valeurs et de ce qu'en présence l'Amérique,
56:20 on arrête. Aujourd'hui, vous avez encore
56:22 les deux tiers des électeurs
56:24 de Trump qui
56:26 continuent à croire que Joe Biden
56:28 a volé l'élection et qu'il a été
56:30 élu illégitimement. Donc, vous voyez,
56:32 le glissement est en train
56:34 de se faire et il est incarné par ces deux États.
56:36 - Merci beaucoup, c'est très intéressant. Vous avez réussi
56:38 à vraiment nous faire vivre le truc jusqu'au bout.
56:40 Merci à tous les quatre. C'est déjà la fin de l'émission.
56:42 Dans un instant, on cède la place à
56:44 l'heure des pro 2, avec
56:46 Eliott Devel et ses invités. Et puis je reviendrai
56:48 pour soir info, pour la suite
56:50 du programme sur l'antenne de CNews.
56:52 A tout à l'heure.
56:54 ♪ ♪ ♪