Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h
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00:00Bonsoir à tous et bienvenue dans Face à l'Info. Nous sommes ensemble pendant une heure et pour m'accompagner ce soir, Véronique Jacquier, bonsoir.
00:08Bonsoir Élodie, bonsoir à tous.
00:09Philippe David, bonsoir.
00:10Bonsoir Élodie, bonsoir à tous.
00:12Paul Melun est avec nous, bonsoir Paul.
00:13Bonsoir.
00:14Et Vincent Roy, comme chaque soir, bonsoir cher Vincent.
00:16Bonsoir Élodie, vous êtes en forme ?
00:17Très bien et vous ?
00:18Parfait.
00:19Vous êtes calé sur les éditos, vous en avez deux aujourd'hui, Vincent.
00:21Oui mais je sais, vous m'avez gratifié de deux fois plus de travail que les autres, ce que je trouve très injuste d'une certaine façon.
00:26Vous êtes le re-élu du jour, il faut le voir comme ça.
00:28On commence les éditos dans un instant mais tout de suite le reste de l'information avec Mickaël Dos Santos. Bonsoir Mickaël.
00:33Bonsoir Élodie, bonsoir à tous.
00:35Un surveillant pénitentiaire de la prison de Laon, agressé par un détenu à l'ouverture de sa cellule,
00:40Ali Riza Pola, condamné à perpétuité pour complicité après l'attentat de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher.
00:46Il a légèrement blessé avec un tesson de bouteille en criant à la Ouagbar.
00:50Le parquet national antiterroriste s'est saisi des faits.
00:53Melvin Jaminet visait par une enquête pour menace de mort à raison de l'origine.
00:58Annonce faite par le parquet de Paris.
01:00Le rugbyman avait tenu des propos jugés racistes dans une vidéo publiée sur son compte Instagram.
01:05« Je te jure, le premier arabe que je croise sur la route, je lui mets un coup de casque »,
01:09avait déclaré l'international français avant de s'excuser pour ses propos qu'il a qualifiés d'honte.
01:14Et puis enfin, la rencontre de la Ligue des Nations de football belgique-israël ne se jouera pas sur le sol belge.
01:20Après Bruxelles, toutes les villes du pays ont refusé de l'accueillir pour des raisons de sécurité.
01:24En juin dernier, les autorités l'avaient jugé à haut risque en raison des tensions liées au conflit israélo-palestinien.
01:29Le match pourrait donc se jouer le 6 septembre prochain à Budapest.
01:35Merci beaucoup Mickaël Dos Santos.
01:37Au sommaire de ce Face à l'Info, ce soir on commencera avec vous, Vincent Roy, et on va parler des résultats du bac.
01:43Toujours plus de réussite à cet examen, mais qu'est-ce que ça cache au fond ?
01:47On aimerait penser évidemment que c'est parce que le niveau des élèves est meilleur.
01:51Mais on sait bien que les classements internationaux disent le contraire.
01:53Comment peut-on avoir des résultats excellents alors que le niveau s'effondre ?
01:57Et puis Vincent, vous vous pencherez aussi sur le niveau des professeurs.
02:01On parlera politique avec vous Véronique Jacquier.
02:04Demain, les postes à responsabilité seront soumis au vote des députés.
02:07On parle de la prestigieuse présidence de l'Assemblée, mais aussi des vice-présidences ou présidences de commissions.
02:12Alors d'abord, vous nous en direz plus sur ces postes et surtout sur les manœuvres qui se trament en coulisses.
02:17Assez loin, il faut le dire, de l'idéal de démocratie.
02:21Avec vous Philippe David, on va parler de la violence verbale en politique.
02:25Vous allez partir d'un tweet où l'insoumise Sophia Chikirou compare le hollandisme au « punaise de lit ».
02:30Au-delà d'une comparaison immonde, vous lirez entre les lignes de cette déclaration et de ce qu'elle dit aussi de l'état d'esprit de son auteur.
02:38Paul Melun reviendra pour nous sur la tentative d'assassinat qui a visé Donald Trump ce week-end.
02:42D'abord en nous expliquant pourquoi elle est évidemment un moment marquant pour la campagne.
02:46Mais vous reviendrez aussi sur ce qu'elle dit des divisions au sein de la société américaine.
02:51Et puis je le disais, Vincent, aujourd'hui vous avez deux éditos.
02:53Et pour le dernier, vous allez mêler histoire et tourisme quelque part.
02:57Une jolie sortie à prévoir pour cet été.
02:59L'appartement de Madame Dubary, dernière favorite de l'week-end, vient d'être restauré au cœur du château de Versailles.
03:04Alors on va se replonger avec vous à la fois dans l'histoire de ce personnage et surtout dans l'ambiance, dans la grande époque de Versailles.
03:10Face à l'info, c'est tout de suite.
03:25On commence donc avec vous Vincent Roy et les résultats du bac.
03:27Alors il y a quelque chose d'assez paradoxal.
03:29C'est que finalement, plus les résultats sont bons, plus le niveau est mauvais.
03:33C'est un bon résumé.
03:34Mais oui, meilleurs sont les résultats et pire est le niveau.
03:37C'est exactement proportionnel.
03:40Alors figurez-vous que près de 85% d'admis au bac, toute série confondue en 2023, contre 86,1% l'année précédente.
03:51Ce qui est intéressant lorsqu'il annonce ces chiffres, c'est que Papandiaï, vous savez l'inénarrable Papandiaï,
03:56alors en poste rue de Grenelle, s'était félicité d'un regain de sélectivité.
04:02J'adore l'expression.
04:03Après rattrapage, l'écart s'était pourtant tassé pour ne plus atteindre que 0,2 point.
04:09Pendant ce temps-là, comme on disait dans les films humains, les professeurs des classes préparatoires, ECG, Exprepa, HEC,
04:16déploraient la baisse du niveau en mathématiques depuis la réforme du bac.
04:20Les faits ne sont pas nouveaux.
04:21Sous couvert de ne laisser personne sur le bas-côté, c'est un véritable nivellement ou tassement vers le bas
04:27qui s'est mis en place au gré des réformes.
04:29Parmi les plus notables, la limitation du redoublement aux cas exceptionnels,
04:33la raréfaction des classes bilingues en sixième,
04:37l'enseignement tardif de notions de grammaire fondamentales,
04:40comme le complément d'objet indirect.
04:42Vous me direz, c'est très difficile le complément d'objet indirect.
04:44Il n'y a finalement qu'à plus en servir.
04:46On peut s'en passer après tout.
04:48Bon, commençons par les chiffres 2024.
04:51600, parce qu'il faut mettre un cadre.
04:53684 200 candidats sont reçus, soit un taux de réussite de 91,4% en hausse de 0,4 points
05:02par rapport à celui de la session de juin 2023.
05:05Le taux de réussite au baccalauréat général est de 96,1% en hausse de 0,4 points.
05:12Tout est en hausse.
05:13Donc tout le monde l'a finalement quasiment.
05:14Oui, c'est le but de l'opération.
05:16Le taux de réussite au baccalauréat technologique est de 90,3% en hausse de 0,5 points par rapport à l'an dernier.
05:23Et le taux de réussite au baccalauréat professionnel est de 83,4% en hausse de 0,6 points,
05:30qui dit mieux, par rapport à la session de juin 2023.
05:34Tous les ans, c'est en somme la même histoire triste.
05:38Les résultats du bac sont excellents, mais le niveau des élèves s'effondre.
05:43Il y a manifestement une relation de cause à effet.
05:45Meilleurs sont les résultats, plus le niveau est indigent.
05:48Qu'est-ce à dire ?
05:49Qu'on surnote, qu'on surcote, qu'on masque la réalité.
05:53Oui, Lacan disait jadis, le réel, c'est quand on se cogne.
05:57Personne n'a envie de se cogner.
05:58Il faut absolument éviter les coups au moral.
06:01Alors, on biaise, on trafique les chiffres, c'est-à-dire les résultats.
06:05On s'affranchit d'une réalité pénible qui nous conduirait à un constat navrant.
06:10Mais le on, c'est qui le on ?
06:12En France, nous le savions déjà grâce à la Rochefoucauld,
06:14le soleil ni la mort ne se regardent en face.
06:16Le soleil, ni la mort, ni les résultats réels du bac,
06:21ni le niveau de nos chères têtes blondes.
06:23Un bandeau sur les yeux, et en avant toute,
06:26il fallait dégager une classe d'âge du secondaire, c'est fait.
06:29Il s'agissait de faire place aux nouveaux impétrants, c'est encore fait.
06:34Le niveau des élèves baisse, on l'a bien compris,
06:36mais qu'en est-il de celui des professeurs ?
06:38Excellente question.
06:40Commençons donc par le début, toujours très pertinent, c'était l'audit.
06:43Les professeurs seraient-ils moins bons ?
06:45A cette interrogation liminaire, vous sont pesant de cacahuètes.
06:48Condition d'exercice difficile, mobilité géographique contrainte,
06:51salaire trop bas, manque de reconnaissance de la société,
06:54le métier d'enseignant n'attire plus, il rebute même,
06:58et au concours de l'enseignement, la pénurie est devenue la règle.
07:01En 2023 au CAPES, par exemple, malgré un léger regain des inscriptions par rapport à 2022,
07:06il manquait encore 18,5% de candidats par rapport à 2021.
07:11Au global, ces derniers sont de 30 à 40% moins nombreux que dans les années 2000,
07:15conséquence, le niveau baisse.
07:17Pour continuer à répondre aux besoins, les jurys doivent ouvrir leur recrutement
07:21et reculer le seuil au-delà duquel un candidat est jugé trop faible pour être admis.
07:26On recule, on recule, trois fois, qu'est-ce à dire ? On capitule.
07:29Le second degré est le plus touché, particulièrement pour des matières
07:33comme les lettres classiques, la physique-chimie, l'espagnol, l'allemand et les mathématiques.
07:38Dans cette dernière discipline, le seuil d'admissibilité est ainsi passé de
07:439,5 sur 20 pour 4000 candidats en 2006 à 8 sur 20 pour 2000 candidats en 2021.
07:51Chute des notes, chute des impétrants.
07:54Le premier degré n'est pas en reste, la barre d'admission au concours était de
07:585,45 sur 20 dans l'académie de Créteil et 7 sur 20 dans celle de Versailles.
08:05Partout, la consigne est désormais de notes élarges, c'est notes et bas, dans les choux
08:10et d'éviter de sortir les candidats dès l'écrit.
08:14Trop sanctionner l'orthographe est également totalement déconseillé.
08:18Et cette baisse du niveau d'exigence n'est que la partie émergée de l'iceberg.
08:21Pour répondre aux besoins, les rectorats recourent à des contrats actuels,
08:24recrutés à partir d'un bac plus 3, là où un enseignant du secondaire doit désormais
08:28posséder un master.
08:29Ici, pas de seuil d'admissibilité, ni de test écrit, mais un entretien de motivation
08:34parfois téléphonique uniquement.
08:37On vous prend au téléphone, c'est le cas de le dire.
08:39Téléphoner, oui, ça marche.
08:41Une formation ensuite de 7 jours, pour le meilleur et pour le pire.
08:44Témoignait d'ailleurs un professeur d'histoire dans un excellent article du Point,
08:48qui a connu son collège d'affectation la veille précisément de l'affectation
08:52et qui a inventé son cours toute la journée.
08:55Il a improvisé le cours.
08:56Et dans quelle discipline la baisse du niveau et son effondrement sont-ils le plus patent ?
09:00Ah là, la situation est proprement alarmante pour ce qui est du niveau des Français.
09:04La QV 2024 du Bac est aussi navrante que les précédents pas d'embellie, loin sans faux.
09:09Les copies des épreuves de Français confirment une situation de délitement.
09:13Les jeunes Français ne maîtrisent plus notre langue.
09:16Une ignorance couverte par le ministère d'éducation qui pipote les moyennes générales.
09:21Comme nous le dit Corinne Berger, journaliste, excellente journaliste pour le magazine Causeur.
09:26Nous allons là parler d'élèves de séries générales, c'est-à-dire le haut du panier.
09:31Tous les exemples que je vais vous donner sont tirés de copies 2024.
09:36Ne me donnez pas en croire vos oreilles, c'est à peine croyable.
09:39Conjugaison, grammaire et vocabulaire approximatifs, mais corrections bienveillantes.
09:43Cueillette, orthographique, au hasard des copies pour les plaisirs.
09:47Les mots les plus courants ne sont plus maîtrisés.
09:49Journée, é, tonalité, é, dimension avec un t.
09:54Adolescent, ça c'est une perle, a, d, o, l, e, deux s, a, n, t.
09:59Ça fait adolescent finalement à la fin.
10:01Oui, d'une certaine façon.
10:02Délaisser, d, é, l, e, deux s, e, r.
10:05Transparaître, alors transpar plus être, le verbe être ça fait transparaître.
10:10La plupart avec un s, lorsque, là c'est le l qui est apostrophe, et hors que ensuite.
10:16Rimbaud, dont le nom figurait en toutes lettres sur les sujets, devient Rimbaud EAU, Rimbaud EAUD et Rimbaud BAU.
10:25Il arrive même qu'Arthur, Rimbaud, d'ailleurs, s'émancipie.
10:29Ce qui est un néologisme assez extraordinaire.
10:32L'orthographe grammaticale est tout aussi catastrophique.
10:36Écoutez plutôt, ses sentiments, ce sont, c'est eux, se sont développés, e, r.
10:41Ses ordres sont très contestés, a, i, e, n, t.
10:44Leur amour est séparé, e, r, par une barrière qui l'est, l, e, s, t, empêche d'être ensemble avec deux s.
10:53L'exception, c'est une phrase écrite en français correct.
10:58La conjugaison maintenant, Ophélie se noie, y, e, et nous essaierons, e, deux s, a, y, r, o, n, s.
11:07Passons maintenant à la syntaxe.
11:09Madame Claire de Duras laisse au lecteur la capacité à celui-ci de réfléchir.
11:15On est content.
11:17On sent un amour dont il meurt d'envie de partager et avec elle.
11:21C'est un moment de remise en question sur si elle peut faire partie de son cœur.
11:27Édouard a su nous faire, e, f, a, i, r, rentrer dans son histoire d'amour,
11:33ainsi que de nous questionner à comment a-t-il réussi à prouver son amour.
11:37C'est une merveille.
11:39L'écrasante majorité des copies présente des défaillances linguistiques majeures.
11:43Bien évidemment, les inspecteurs chargés des consignes de correction
11:47prennent soin de rappeler que seul doit être pénalisé l'usage d'une langue nuisible à la compréhension.
11:53Or, tout ce que je viens de vous dire se comprendait aisément.
11:56Tous les exemples cités étaient donc compréhensibles.
11:58Ce n'est plus à l'élève, comprenez-vous, parce que c'est ça la grande nouveauté.
12:02Ce n'est plus à l'élève de s'adapter au niveau.
12:05L'élève est une victime, sans doute, d'un système trop rigide.
12:08C'est au niveau à dégringoler, une gageure.
12:11Maintenant, c'est le tour des lacunes lexicales.
12:14Alors, vous avez vagabondeur, code sociétaire, vulgarisme.
12:18Passons aux erreurs grammaticales.
12:20L'adjectif « loin », « loin » serait un adjectif, et puis un adverbe « moment ».
12:25« Moment » serait un adverbe.
12:27Oui, ça se termine en « ment » aussi, après ta conclusion.
12:29Bon, ça, on peut…
12:30Je rigole.
12:31Vous êtes d'accord, ça se comprend.
12:32Je comprends.
12:33Venons-en au passage lunaire.
12:35Le registre lyrique bat son plein grès.
12:37Le silence exprime Louis.
12:39Ça, c'est quand même formidable.
12:41La duchesse réfléchit, ce qui est un privilège que seule la noblesse détient.
12:45Ça, j'aime beaucoup.
12:47La métaphore « ciel d'azur » désigne un ciel assombri.
12:50Le lieu forme l'intérieur du cadre par l'isotopie du château.
12:55Merveilleux.
12:56Du côté de la dissertation, il y a des merveilles.
12:58Nous pourrions nous demander s'il recueille des fleurs du mal de Baudelaire,
13:01aussi est-il allé plus loin ?
13:04Les Français sont en pleine guerre contre la Prusse, qui sont bien plus supérieures.
13:11Le jeune poète, toujours Baudelaire, découvre un renouveau d'émotion à tout va,
13:15dont il laisse un intérêt léger avec l'amour d'un été.
13:18Ça, on a du mal à comprendre.
13:20Ce n'est pas la seule chose qu'on n'a pas compris.
13:22Il y a des césures à l'hémistiche au début des vers.
13:26Et puis enfin, un poème écrit en prose, mais avec des vers.
13:29Voici, encore une fois, l'annonce d'un plan de dissertation.
13:33Nous traiterons cela dans une première partie, où oui, Rimbaud ira loin.
13:37Ensuite, non, Rimbaud n'ira pas loin.
13:39Et enfin, une conclusion.
13:41C'est un plan.
13:43Résultat, 7,5 sur 20.
13:48On a pu dire encore, Rimbaud arrêtera la poésie et se tournera vers le trafic d'armes.
13:55Son oeuvre sera publiée après sa mort, c'est-à-dire postpartum.
13:59Et n'oublions pas…
14:01Ce n'est pas drôle, mais c'est drôle.
14:03Oui, c'est drôle.
14:05Mais ce n'est pas rassurant.
14:07Et n'oublions pas qu'il fut surnommé l'homme au sommeil de vent, devant D.E.V.A.N.P.
14:11Corinne Berger, qui a recensé ses pairs, nous explique.
14:15Mon autre copie a obtenu 7,5 de moyenne.
14:18L'inspection a fixé un objectif de 10,
14:21afin de s'aligner sur les résultats de la session 2023.
14:25L'examen perd son sens, sa valeur et son crédit.
14:28L'élève est méprisé parce qu'on le trompe.
14:30Le professeur est humilié parce qu'on s'assoit sur son expertise.
14:34C'est de cela qu'il s'agit.
14:36Et celui qui ne souscrit pas cette gigantesque escroquerie est sommé de rentrer dans le rang.
14:42On s'est émerveillé de l'âge de la plus jeune candidate du BAC cette année.
14:46Je ne préjuge pas les qualités de cette jeune fille,
14:48mais comment s'étonner qu'on puisse s'y présenter à 9 ans
14:51quand on mesure l'effondrement du niveau.
14:53Les copies parlent d'elles-mêmes et d'ici peu,
14:55ça devrait être jouable pour un enfant de 5 ans.
14:58Voilà, Elodie, où nous en sommes dans le pays de la littérature.
15:01D'ailleurs, l'est-il toujours ?
15:03Tout cela ne doit pas avoir beaucoup d'importance.
15:05Écoutons ce qu'avait d'ailleurs prophétisé le grand écrivain américain Philip Roth dans Exit le fantôme.
15:10La littérature sera bientôt comme une radio qui émettra dans le vide.
15:14C'est effectivement du vide et uniquement du vide
15:17dont je viens de vous parler, ma chère Elodie.
15:19Merci, Vincent. C'est vrai qu'on rigolait parce que les exemples sont absolument ubuesques,
15:23mais en réalité, Paul Molin, ce n'est pas drôle du tout,
15:26parce que quand on voit ce que nous dit Vincent,
15:28il conseille que malheureusement, on explique que finalement,
15:30il vaut mieux s'adapter un peu à l'élève, tant pis s'il ne parle pas très bien français,
15:33mais après tout, si on le comprend, il peut écrire en phonétique
15:35et faire des phrases comme il parle, ce n'est pas gênant.
15:38C'est même très inquiétant, c'est-à-dire que la pédagogie
15:40de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle
15:43a opéré une forme de rupture avec ce qu'était la pédagogie jadis,
15:46notamment avant mai 68, etc.
15:48C'était le par cœur, la verticalité dans le savoir et dans la connaissance,
15:52le respect aux professeurs, etc.
15:54Je ne dis pas qu'il n'y avait pas d'excès là-dedans aussi, d'ailleurs.
15:56Oui, il y a peut-être un équilibre.
15:58Il y a peut-être un équilibre à trouver, accessoirement,
16:00entre cette vision, je dirais, purement verticale de l'éducation et de l'instruction
16:04et cette vision déconstructionniste qui vient nous dire
16:07qu'effectivement, adolescents, 2S, ANT, ma foi, s'ils veulent l'écrire comme tel,
16:12il y a même des professeurs, je l'ai entendu dire,
16:14qui vont dire, mais à la fois, c'est un peu créatif, c'est adhémiargotique,
16:18c'est intéressant.
16:19Oui, il invente sa langue, c'est mignon.
16:20Non, ce n'est pas mignon.
16:21On s'accorde tout sur une langue commune,
16:24c'est ça qui doit faire le ciment de notre nation
16:26et nous emmener vers l'avenir.
16:28Donc, je trouve ça très inquiétant
16:30et quand on voit les ministres de l'éducation successifs
16:32qui se réjouissent à chaque fois en disant
16:34« On a eu de bons résultats au baccalauréat,
16:36on est très contents, dormez en paix, braves gens »,
16:39on voit bien la déconnexion avec le réel
16:41et l'inquiétude légitime qu'on peut avoir quant au niveau de nos élèves.
16:43D'autant que leurs enfants, eux, sont à l'école Alsacienne.
16:45Oui, évidemment.
16:46David, un mot rapide avant qu'on passe à l'histoire de Véronique.
16:48Un mot très rapide.
16:49Je me demande, quand on voit le niveau du bac,
16:51Jacques Martin étant décédé,
16:52s'il ne faudrait pas nommer Stéphane Collaro,
16:54ministre de l'éducation, vous vous rappelez,
16:55l'école des fans, tout le monde avait gagné.
16:57Donc, c'est un peu pareil.
16:58C'était moins inquiétant, parce que même s'il chantait mal,
16:59au fond, ce n'était pas très grave.
17:01J'ai une question.
17:02Vous avez beaucoup parlé de l'orthographe.
17:03Pour la culture générale, aucun n'a écrit que Rimbaud.
17:06C'était un ancien béret vert qui a fait le Vietnam,
17:08incarné par Sylvester Stallone à l'écran.
17:10Non, non, on n'en a pas.
17:12Ils n'auraient pas mis Rimbaud et Vietnam
17:14aux mêmes façons.
17:15Par manque de connaissances, déjà.
17:17Peut-être qu'ils ont vu les films avec Stallone.
17:19C'est pour ça qu'ils disent Rimbaud.
17:21C'est affligeant quand on voit le niveau.
17:24Véronique, un petit mot avant de passer à votre histoire.
17:26C'est affligeant, c'est inquiétant.
17:29Il y a un sujet qui n'est jamais abordé,
17:31qui est un corollaire de tout ce qu'on vient d'évoquer.
17:35C'est l'angoisse des enfants
17:38qui sont face à ce déficit d'enseignement.
17:41Il y a une vraie crise de sens chez les ados,
17:44chez les étudiants,
17:45parce qu'on ne les a pas instruits avec une verticalité.
17:49On ne leur a pas laissé de chance aussi.
17:51On ne les a pas fait grandir.
17:53Il n'y a pas de notion d'émancipation.
17:55Mais au fait, j'apprends ça pourquoi ?
17:58J'ai entendu un enfant me dire
18:00« enfin, m'enseigner l'histoire, ça sert à quoi ? »
18:02On en est là.
18:03C'est-à-dire qu'on a des profs tellement indigents
18:05que non seulement il n'y a plus d'appétence,
18:07mais il n'y a même plus d'adhésion.
18:09Comment voulez-vous qu'ensuite on fabrique des élites pour un pays ?
18:12Quand je dis ça, ce n'est pas péjoratif.
18:14On a besoin d'élites, on a besoin de gens.
18:16On va prendre l'exemple de Charles Péguy.
18:17Il venait d'un milieu extrêmement modeste.
18:19C'est à lui qu'on doit l'expression « les hussards de la République ».
18:22Il avait été repéré pour sa grande intelligence par son instituteur.
18:25Ensuite, il a pu aller au lycée.
18:27Il a fait normal supérieur.
18:29C'est l'esprit brillant qu'on connaît.
18:31Mais toujours est-il qu'il y avait des profs aussi
18:36qui étaient capables de faire émerger une élite,
18:39une classe en charge après d'instruire les autres.
18:42C'était aussi une réussite à la française.
18:44Et maintenant, on se gargarise de tomber au fond du trou.
18:46On va passer maintenant avec vous Véronique
18:49à un tout autre sujet.
18:50On va parler de l'Assemblée nationale
18:51puisque jeudi va être élu le ou la nouvelle présidente de l'Assemblée.
18:55Et puis, vendredi, les six vice-présidents,
18:56les présidents de commissions et les casters.
18:59Comment ça se passe concrètement, Véronique ?
19:01Parce qu'on sait que toutes les sensibilités
19:03sont déjà en train de manœuvrer pour obtenir ces postes-clés.
19:06C'est l'effervescence.
19:07C'est le temps des grandes manœuvres.
19:08Mais en fait, c'est aussi le temps des gros sabots.
19:10Pourquoi ?
19:11Parce que les députés Renaissance ont décidé,
19:13hier en réunion, rien que ça,
19:15en réunion de groupe,
19:16que ni les députés de la France insoumise
19:20ni les députés Rassemblement national
19:22ne devaient, selon eux, accéder à des postes internes à l'Assemblée.
19:27C'est juste totalement totalitaire.
19:29C'est un déni de démocratie absolue.
19:31Surtout lorsque l'on sait que ces fameux macronistes
19:34ont quand même fait élire des députés de la France insoumise
19:37et fait perdre des sièges au Rassemblement national
19:40avec les fameux désistements lors des élections.
19:42Alors, on rappelle l'article 10 du règlement de l'Assemblée nationale.
19:45Il est très clair pour expliquer à tous ce qu'est la démocratie.
19:49L'élection des vice-présidents, des caisseurs et des secrétaires
19:53a lieu en s'efforçant de reproduire au sein du bureau,
19:56le bureau de l'Assemblée nationale,
19:58la configuration politique de cette Assemblée.
20:01Autre manœuvre, c'est celle qu'on a vue poindre cet après-midi
20:05qui est liée à la démission du gouvernement de Gabriel Attal,
20:09accepté par Emmanuel Macron.
20:1117 ministres deviennent députés.
20:14Ils ont été élus ou réélus le 7 juillet dernier.
20:17Ils peuvent donc prendre part au vote du président de l'Assemblée nationale
20:22et des autres postes stratégiques.
20:24Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont plus ministres,
20:27ils font office de ministres.
20:29Vous voyez la subtilité ?
20:31C'est à ce titre qu'ils peuvent retrouver leur siège de député à l'Assemblée.
20:37La situation est inédite, évidemment,
20:39puisque nous avons un Premier ministre démissionnaire
20:42qui est en même temps le président d'un groupe,
20:45le groupe Ensemble pour la République, à l'Assemblée.
20:48Selon l'article 23 de la Constitution,
20:50les fonctions de membres du gouvernement sont incompatibles
20:54avec l'exercice d'un mandat parlementaire.
20:56C'est la séparation des pouvoirs.
20:58Donc, est-ce qu'on peut dire qu'on mêle-mène la Constitution aujourd'hui ?
21:01Oui, on vit qu'il y a une configuration totalement folle,
21:04sauf si les ministres députés ont un petit peu de décence
21:07et ne prennent pas part au vote jeudi.
21:11Pour l'instant, la petite musique qui monte,
21:13c'est que les membres du gouvernement n'ont pas l'intention de rester en retrait.
21:16Ils gèrent l'ordinaire jusqu'à la désignation d'un nouvel exécutif.
21:19Ils n'impulsent pas de politique nouvelle.
21:21En fait, ils gèrent les affaires courantes.
21:23Donc, ils peuvent effectivement, en tant que députés, voter.
21:28Je vous rappelle 17 voix de la Macronie
21:31qui vont donc prendre part au vote.
21:33Ce n'est pas rien.
21:34Et comment se passent concrètement les prises de postes ?
21:37Le premier d'entre eux, c'est la présidence de l'Assemblée nationale,
21:40la fameuse bataille pour le perchoir.
21:42Il faut quand même rappeler que le président de l'Assemblée nationale,
21:44c'est le quatrième personnage de l'État.
21:46Après, bien entendu, le président de la République,
21:48le Premier ministre et le président du Sénat.
21:51En principe, il représente la majorité politique du moment.
21:54Où est la majorité ?
21:56Ça va être un travail pas évident.
21:58Et il est réputé pour être au-dessus de tous les groupes politiques.
22:02En fait, il a un rôle de sous-pape, par moment.
22:05Il a un rôle d'arbitre, par ailleurs.
22:07Il préside, bien entendu, les séances dans l'hémicycle,
22:10mais aussi le bureau qui s'occupe du volet administratif de l'Assemblée.
22:14Tout est stratégique. De toute façon, à nous, nous ne l'aurons pas.
22:16Et alors ça, c'est très important.
22:18Vous pensez bien, c'est quand même le nerf de la guerre aussi.
22:20Il a un pouvoir de nomination au Conseil constitutionnel.
22:24Il choisit trois membres sur neuf.
22:26Ce n'est pas rien.
22:27Alors, comment est-il élu ?
22:29Tous députés votent à bulletin secret.
22:31Un premier tour, majorité absolue ou pas.
22:34Deuxième tour, majorité absolue ou pas.
22:36S'il n'y a pas de majorité absolue, troisième tour.
22:38Et là, évidemment, le président est élu à la majorité relative.
22:41Alors, Yael Brown-Pivet est candidate à sa succession,
22:44mais elle incarne, évidemment, le camp présidentiel finissant.
22:48Donc, elle, elle s'accroche, si j'ose dire, s'accroche au perchoir.
22:52Mais Emmanuel Macron voudrait un président, évidemment,
22:56qui n'émane pas du Nouveau Front populaire.
22:58C'est ce qui se trame en ce moment aux coulisses.
23:00Donc, la Macronie a un plan B.
23:02Qui serait le joker de Yael Brown-Pivet
23:04si elle n'arrive pas à se faire élire au deuxième tour.
23:08Il s'agit de Valérie Letart, une centriste, une proche de Jean-Louis Borloo,
23:12qui a été élue députée du Nord
23:14et qui cocherait toutes les cases en termes de consensus.
23:17Voilà. Alors, ce qui se corse en ce moment,
23:19c'est que pour cette fameuse élection au perchoir,
23:22la Macronie a décidé de passer par une primaire.
23:24Donc, Yael Brown-Pivet dit « Moi, je suis prête ».
23:27Mais elle espérait avoir dans son escarcelle
23:29Horizon et Le Modem.
23:32Et eux envisagent de présenter un candidat
23:34parce que, voyons, en ce moment, on n'a pas tellement envie
23:36de faire de cadeaux au président de la République.
23:38Donc, demain matin, c'est la primaire.
23:40On vient de voir la galère, si j'ose dire,
23:42pour la présidence de l'Assemblée.
23:44Mais ce n'est pas le seul poste qui est à distribuer.
23:46Non. Alors, je vous ai parlé de la bataille du perchoir.
23:48Évidemment, c'est le plus emblématique,
23:50c'est le plus prestigieux, disons les choses.
23:52Mais vendredi, il y a l'élection des six vice-présidents,
23:55des trois casters qui participent à la gestion de l'Assemblée,
23:58qui sont notamment en charge des services financiers,
24:00poste très, très stratégique,
24:02l'un des plus beaux postes de la République, d'ailleurs.
24:04Le poste de caster avec celui de la commission.
24:06Il donne accès à des très bons bureaux à l'Assemblée nationale.
24:08Voilà. Il y a aussi les douze secrétaires
24:10du fameux bureau de l'Assemblée.
24:12Alors, comment ça se passe pour le vote ?
24:14Il faut savoir que pour la répartition
24:16de tous les postes que je viens d'évoquer,
24:18chaque groupe parlementaire reçoit
24:20un nombre de points en fonction
24:22de son importance au sein de l'hémicycle.
24:25Et le poste de président de l'Assemblée nationale
24:29compte pour quatre points.
24:31Le vice-président, deux points.
24:33Chaque caster, deux points et demi.
24:35Et un point pour le poste de chaque secrétaire.
24:38Ça veut dire que, par exemple, si vous avez un caster
24:40et que dans votre groupe, vous avez déjà
24:42le président de l'Assemblée nationale,
24:44ça fait quand même déjà six points et demi en moins
24:47pour les autres postes.
24:49Donc, ça veut dire que vous savez que vous perdez
24:51dans les commissions, vous savez que vous perdez
24:53sur d'autres postes qui peuvent être importants
24:55au sein du bureau de l'Assemblée.
24:57La répartition doit s'efforcer de respecter
24:59la parité homme-femme et la configuration politique
25:02de l'Assemblée. Enfin, quand tout se passe bien,
25:04quand on sait où il y a une majorité,
25:05quand on sait où il y a une opposition.
25:06Alors, conflit en vue, pourquoi ?
25:08Ça va être chaud parce que les députés
25:10de la France Insoumise ne veulent pas
25:12que des élus Rassemblement National
25:15soient nommés au bureau.
25:17Bon, conflit également en vue pour l'attribution
25:19des trois postes de caster,
25:21alors que Sébastien Chenu, Rassemblement National,
25:24qui était vice-président de l'Assemblée,
25:26a déjà fait savoir qu'il voulait un poste de caster
25:28pour son groupe.
25:30Pourquoi conflit en vue ?
25:32Parce que l'un des postes de caster sur les trois
25:34doit revenir à l'opposition
25:36et les deux autres à la majorité.
25:38Ça, c'est impératif pour respecter l'équilibre des pouvoirs.
25:40On le rappelle encore une fois,
25:42où est l'opposition, où est la majorité,
25:44on est tous dans le flou.
25:46Et je vous rappelle que juridiquement,
25:48il y a presque un loup, puisque au sens strict
25:50du règlement, le groupe qui a le plus
25:52de députés, c'est le Rassemblement National.
25:54Alors que pour l'instant, chacun fait
25:56comme s'il n'existait pas.
25:58Alors même si les quatre gauches s'unissent,
26:00ça aussi il y a une subtilité à comprendre,
26:02il faut savoir qu'ils ne constituent pas un groupe parlementaire,
26:04ils n'en ont pas fait la démarche,
26:06pour l'instant c'est un intergroupe.
26:08Donc les 186 députés du Nouveau Front Populaire
26:10en soi n'ont pas la force
26:12qu'ils prétendent avoir
26:14dans toutes ces tractations.
26:16A partir du moment d'ailleurs où on est sortis
26:18de la bipolarisation de la vie politique française,
26:20il faut comprendre que tout devient
26:22compliqué et que c'est un sacré casse-tête.
26:24Alors un dernier mot, il y a les huit commissions,
26:26notamment les huit commissions
26:28de la fameuse Commission des Finances,
26:30répartition des députés
26:32à la proportionnelle, et ce sont
26:34ces députés dans ces commissions
26:36qui élisent chacun leur président.
26:38Très stratégique évidemment la Commission
26:40des Finances qui revient toujours à l'opposition
26:42parce qu'elle a un rôle de contrôle
26:44parlementaire, soit sur les amendements,
26:46soit sur les propositions de loi
26:48évidemment pour pas que ça coûte trop cher
26:50aux finances publiques. Là encore on comprend
26:52qu'il y a une question d'équilibre. Bref,
26:54dans la mesure où en ce moment le Nouveau Front Populaire
26:56est une arnaque électorale
26:58puisqu'on se rend compte aujourd'hui
27:00encore qu'ils sont incapables de se mettre d'accord
27:02sur n'importe quoi, y compris sur le nom
27:04à proposer pour un poste de Premier ministre,
27:06on se demande jusqu'où ils vont être
27:08capables d'aller
27:10dans le fait de tout
27:12conflictualiser, y compris
27:14par l'obtention des postes. Donc bien
27:16malin est celui qui pourra prévoir
27:18ce qui va sortir du chapeau.
27:20Merci Véronique. On va marquer une courte
27:22pause et puis on fera un petit tour de table justement
27:24sur les postes.
27:26On marque une pause, on s'interrompt deux secondes
27:28et retrouvez-nous justement, on continuera à parler de ce sujet.
27:30A tout de suite dans Face à l'Info.
27:35On va reprendre bien sûr le fil de nos éditos
27:37mais je voulais qu'on revienne sur ce que vous disiez
27:39juste avant la pause Véronique Jattier.
27:41Philippe David, quand on entend ce que nous dit Véronique,
27:43c'est-à-dire que déjà, la base,
27:45il faut des postes pour la majorité et pour l'opposition.
27:47On n'a ni majorité ni...
27:49Et on ne sait pas vraiment du coup qui est l'opposition,
27:51c'est-à-dire qu'ils vont se marier à l'Assemblée jeudi.
27:53Marier n'est peut-être pas le bon terme d'ailleurs.
27:55En entendant l'excellente édito de Véronique, je me pose une question.
27:57En 2017, il n'y avait pas un candidat qui parlait
27:59du nouveau monde, de la vieille politique,
28:01qui avait tout renouvelé ?
28:03Ça a renouvelé.
28:05La vieille politique,
28:07elle reposait sur une bipolarisation quand même.
28:09Il y avait la droite, il y avait la gauche, les choses étaient claires.
28:11C'était également théoriquement
28:13la fin des, on va dire des
28:15combinaciones, comme disent les Italiens, etc.
28:17Non, parce que je rappelle par exemple quand même que c'est sous
28:19le quinquennat de Nicolas Sarkozy qu'il y a eu une révision constitutionnelle
28:21pour par exemple donner un poste
28:23de caster à l'opposition.
28:25La présidente de la Commission des Finances
28:27à l'opposition, tout ça pour aller un petit peu plus loin.
28:29Mais là où Philippe n'a pas...
28:31Non mais je sais ce que tu veux dire, mais...
28:33Mais Emmanuel Macron,
28:35le nouveau monde, désolé, si c'est ça le nouveau monde,
28:37c'est pas très ragoutant.
28:39Il n'a pas tout à fait tort, c'est qu'il avait quand même prophétisé
28:41là, finalement,
28:43le fait que la gauche et la droite
28:45n'existaient plus.
28:47C'est ça ? Oui !
28:49Et il a tout atomisé en un résultat.
28:51Et vous avez une question pour Véronique ?
28:53Oui, j'avais une question pour Véronique.
28:55Je passe pas le bac là.
28:57Elle a dit qu'on avait 17 ministres démissionnaires
28:59qui étaient devenus députés
29:01et qui, pour l'heure, faisaient office
29:03de ministre. Moi, comme ce qui m'intéresse
29:05c'est le pognon, je voudrais savoir s'ils sont toujours payés
29:07avec notre argent ? Je pense.
29:09Ah !
29:11Ils sont toujours payés avec notre argent.
29:13Ils ne sont plus ministres.
29:15Ils ne sont plus ministres ? Oui.
29:17Ils sont démissionnaires, ils gèrent les affaires courantes,
29:19ils ont encore un bureau, accès à leur bureau.
29:21Ils ont encore un bureau, effectivement.
29:23Ils ont un bureau, ils ont été élus députés, une paie de député
29:25plus la paie de ministre. Ils ont un bureau,
29:27je peux même vous donner une simplité,
29:29il n'y aura pas de question au gouvernement
29:31puisqu'on n'est pas dans un mode de fonctionnement
29:33normal, puisqu'on est dans un intérim,
29:35finalement. Mais,
29:37ils vont siéger
29:39comme députés. En revanche,
29:41si on leur pose une question qui a trait
29:43au périmètre de leur ministère,
29:45ils descendent,
29:47ils quittent leur siège,
29:49ils vont sur le banc du ministre,
29:51sur le banc du gouvernement,
29:53pour répondre. C'est-à-dire, en fait, ils changent de casquette.
29:55Ils peuvent se poser des questions à eux-mêmes, en forme de schizophrénie.
29:57Ils pourraient se poser des questions à eux-mêmes.
29:59C'est fait d'eau, c'est fait d'eau.
30:01C'est du théâtre, on sort par une porte, on rentre par une autre.
30:03Un dernier mot, Paul Melun,
30:05quand on entend tout ça, c'est un peu décourageant.
30:07Est-ce que les Français ont vraiment voulu de ça,
30:09de ces combinaisons d'appareils ?
30:11Parce que, comme le disait Véronique, normalement, tout est fait
30:13pour que l'Assemblée ressemble
30:15aux députés, et donc à ceux qui les ont élus,
30:17en théorie. C'est-à-dire qu'on n'a pas à dire pas de LFI,
30:19pas de RN. La France ne va pas, en quelques jours,
30:21devenir le grand pays des coalitions,
30:23alors que, depuis
30:251958 et la constitution par le
30:27général De Gaulle et Debré, on sait très bien que
30:29la France a ce besoin de verticalité,
30:31ce système un peu golobonapartiste
30:33qui repose sur l'homme ou la femme providentiel.
30:35Or, là, on cherche la providence,
30:37c'est-à-dire que vous avez une tripartisation
30:39et on la trouve pas, d'ailleurs,
30:41c'est bien ça le problème. On a une tripartisation
30:43de la vie politique qui rend
30:45absolument ingouvernable le pays,
30:47et, en plus de cette tripartisation,
30:49il y a le phénomène du barrage républicain
30:51et cette espèce de vision, je dirais,
30:53excluante vis-à-vis, notamment, du RN,
30:55disant, reprochant à Mme Brown-Pivet,
30:57par exemple, d'avoir confié deux vice-présidences,
30:59une à Mme Laporte, une à M. Chenu,
31:01lors de la précédente mandature. Ce qui n'est pas
31:03normal de lui reprocher ça, puisque, de fait,
31:05Vox populi, Vox dei, les Français ont voté
31:07aussi pour le RN,
31:09donc le RN est fondé à occuper
31:11un certain nombre de ses postes. Donc, effectivement,
31:13on avance dans un flou total
31:15que Véronique nous a plutôt bien restitué,
31:17mais maintenant, on ne sait pas vraiment...
31:19Vérou, ça va aller, oui, Véronique a
31:21beaucoup de mérite, parce que, très franchement, moi, depuis quelques jours,
31:23je m'y perds un peu.
31:25Allez, on va changer de sujet avec vous, Philippe David,
31:27vous nous parlez des propos violents
31:29émis par à la fois des politiques et aussi
31:31des journalistes qui, pour certains,
31:33sont, on peut le dire, en roue libre.
31:35Absolument, Élodie. Un tweet publié à 23h
31:37hier soir a fait couler beaucoup d'encre
31:39et de commentaires sur le réseau d'Elon Musk,
31:41un tweet que je vous lis in extenso.
31:43« Le hollandisme, c'est comme les punaises
31:45de lit. Tu as employé les grands
31:47moyens pour t'en débarrasser,
31:49tu y as cru quelques temps,
31:51et tu as repris une vie saine, à gauche,
31:53mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau
31:55et ça sort de partout, il va falloir
31:57recommencer, le texte étant
31:59agrémenté d'un gifre montant un enfant
32:01qui se gratte. Jusque-là,
32:03vous imaginez, probablement comme moi,
32:05vu la violence du propos, que c'est le tweet
32:07anonyme d'un troll à 300 abonnés,
32:09mais pas du tout, vous le voyez à l'écran,
32:11il s'agit d'un tweet de Sofia Chikirou,
32:13députée LFI de Paris, qui vient d'être réélue.
32:15Oui, donc, effectivement, on est assez loin
32:17du troll anonyme que vous citiez.
32:19Oui, absolument, Élodie, et la violence du tweet est double.
32:21Tout d'abord, elle attaque un de ses alliés,
32:23François Hollande, qui, faut-il le rappeler,
32:25a été élue députée le 7 juillet,
32:27sous l'étiquette du Nouveau Front Populaire.
32:29Et plus grave,
32:31elle fait le parallèle avec les punaises de lit,
32:33les punaises de lit étant, j'ai été chercher
32:35la définition, des insectes
32:37nuisibles qui piquent et sucent le sang
32:39de leurs hôtes, tout en causant de
32:41fortes démangeaisons et des dermatites,
32:43c'est-à-dire des maladies de peau.
32:45Si on pouvait résumer la formule, François Hollande
32:47et l'Hollandie sont des nuisibles qui pompent
32:49le sang du Nouveau Front Populaire,
32:51et causent des maladies qui provoquent de fortes démangeaisons
32:53au pur du Nouveau Front Populaire,
32:55c'est-à-dire ceux qui prêchent
32:57ourbi et torbi, l'évangile, non pas
32:59selon Saint-Luc, mais selon Saint-Jean-Luc.
33:01– C'est certain que comparer des humains
33:03ou même ses alliés à des insectes nuisibles,
33:05ce n'est pas franchement une comparaison sympathique.
33:07– Oui Elodie, surtout quand il s'agit d'amis,
33:09je mets bien évidemment…
33:11– Mais t'es beaucoup de guillemets,
33:13faites-le comme ça vraiment.
33:15– Amis politiques. Quand vous lisez ce tweet,
33:17vous pouvez imaginer ce que Sofia Chikirou
33:19peut penser de ses adversaires
33:21situés de l'autre côté de l'échiquier politique,
33:23en particulier à droite, et ne parlons même pas
33:25du Rassemblement National.
33:27Mais le pire est cette volonté de déshumaniser
33:29même plus l'adversaire,
33:31mais celui qui ne suit pas à la virgule près
33:33votre doxa, une déshumanisation
33:35qui n'est pas la première
33:37ces derniers jours. – Est-ce qu'il y a eu
33:39d'autres cas, notamment par des politiques ?
33:41– Alors par des politiques, je ne sais pas,
33:43je n'ai pas pu ausculter tous les réseaux sociaux
33:45de tous les politiques, mais par des journalistes, oui.
33:47La semaine dernière, la journaliste
33:49Sabrine Awas, qui officie sur le média décolonial
33:51Parole d'honneur, a tweeté
33:53pour légender la photo du groupe parlementaire
33:55du Rassemblement National devant le Palais-Bourbon,
33:57je cite,
33:59« Explosion démographique pour les députés
34:01RN au sein de l'Assemblée Nationale.
34:03Objectif des prochaines années, appeler le dératiseur
34:05et les grands remplacés par la Nouvelle-France. »
34:07C'est une insoumise par
34:09de punaises de lit pour ses partenaires électoraux,
34:11une indigéniste compare ses adversaires
34:13à dératiser,
34:15c'est-à-dire à exterminer, puisque c'est ce que font
34:17les dératiseurs, et à les
34:19grands remplacés. Je cite le tweet,
34:21« C'est quand même cocasse de voir une militante
34:23décoloniale prôner la colonisation.
34:25Cependant, vu le tollé que son tweet a reçu,
34:27l'intéressé a fini par le remplacer.
34:29Il faut dire que de tels propos
34:31doivent, à mon avis, tomber sous le coup de la loi. »
34:33Et est-ce que vous pensez, Philippe, que cette violence
34:35verbale, ou la violence qu'on voit sur les réseaux sociaux,
34:37jette de l'huile sur le feu ?
34:39Bien évidemment ! Comment voulez-vous que
34:41des esprits faibles ne veuillent pas
34:43se donner dans la surenchère pour avoir leur fameux
34:45quart d'heure de gloire roi rolien ?
34:47Comment voudrais-je vous
34:49que des gens ne répriment pas leur bas instinct
34:51en voyant des personnalités publiques
34:53n'ayant aucune limite, aucun
34:55sur moi, pour utiliser un terme de psychanalyse,
34:57à visage découvert et sans la moindre
34:59vergogne, comparer des humains à
35:01des parasites, que ce soit des punaises
35:03ou des rats ? Mais le plus intéressant
35:05est de voir le peu de réactions à ces propos.
35:07Je vous laisse imaginer
35:09si une personnalité non issue de la
35:11mouvance insoumise ou décoloniale avait
35:13tenu des propos de cette takabie,
35:15le tollé qu'il ou elle aurait provoqué.
35:17Souvenez-vous le « ce qui ne sent rien »
35:19d'Emmanuel Macron, qui avait suscité
35:21les commentaires les plus outrés des insoumis.
35:23Des insoumis dont je n'ai vu aucun député
35:25condamner les propos largement aussi
35:27graves de Sophia Chikirou sur les hollandistes.
35:29Mais peut-être ont-ils peur de subir le sort
35:31de Raquel Garrido, Daniel Simonnet,
35:33Alexis Corbière ou Hendrick Davy,
35:35purger des investitures lors des dernières
35:37législatives pour « déviationnisme »
35:39comme on disait pour les dissidents
35:41de l'ex-URSS. En revanche,
35:43je vous laisse imaginer si un adversaire
35:45avait qualifié une personnalité
35:47éléphi de cette manière, nous aurions eu droit
35:49bien évidemment au retour de la bête immonde
35:51aux heures les plus noires de notre histoire
35:53et bien entendu au retour du fascisme et du nazisme.
35:55Oui, mais certains vous diront aussi que
35:57par exemple sous la 3ème ou 4ème République
35:59il y avait des propos particulièrement
36:01odieux dans l'hémicycle. Est-ce que les
36:03réseaux sociaux ouverts à tous ont changé la donne ?
36:05Oui, c'est vrai. La violence verbale
36:07était très forte sous la 3ème et la 4ème République
36:09mais le niveau des politiques
36:11était tel que celui qui tirait
36:13le premier se faisait dézinguer
36:15du tac au tac. Pour preuve, tiens, je vais prendre un exemple.
36:17Ce député poujadiste antisémite
36:19qui avait hurlé à Pierre Mendès-France
36:21dans l'hémicycle, circoncis,
36:23s'était vu répondre immédiatement
36:25« je vois que votre femme est trop bavarde »
36:27ce qui avait immédiatement clôturé l'échange
36:29et renvoyé l'auteur du propos dans sa fange.
36:31Écoutez les débats de l'Assemblée nationale
36:33aujourd'hui, vous constaterez que
36:35le niveau n'est plus le même du tout.
36:37Et vous n'êtes pas très optimiste pour le débat
36:39politique à venir, Philippe, j'ai l'impression ?
36:41Non, Élodie, j'espère simplement qu'après avoir
36:43écouté mon propos, tant les téléspectateurs
36:45que vous sur le plateau n'avez pas un coup de café.
36:47Pas très quand même optimiste
36:49mais c'est vrai, Véronique, on a beaucoup parlé
36:51et on va reparler dans un instant dans la tentative
36:53d'assassinat contre Donald Trump, à quel point cette violence
36:55verbale, qu'elle soit entre
36:57hommes politiques ou qu'elle soit sur les réseaux sociaux
36:59participait à cette montée
37:01de la violence qui mène parfois à la violence physique. Comme le disait
37:03Philippe, malheureusement, ces propos peuvent tomber
37:05aussi dans des esprits dérangés
37:07ou un peu fragiles qui vont passer là quand ils
37:09entendent ce genre d'appel à la haine, en fait,
37:11tout simplement. Non mais tout à fait,
37:13on touche le fond à cause de l'effet
37:15réseau sociaux avec cette désinhibition
37:17totale
37:19et avec cette absence
37:21de fabrication des élites politiques,
37:23on n'est plus en capacité de fabriquer des élites politiques
37:25puisque plutôt que de choisir
37:27le métier de politique,
37:29c'est mieux de le faire quand on a un autre métier, comme ça
37:31on est capable de connaître la vraie vie. Et toujours est-il
37:33qu'on préfère par exemple aller gagner de l'argent
37:35dans une banque ou réussir dans la finance
37:37parce que finalement, aller en politique
37:39aujourd'hui, c'est se prendre des coups
37:41du matin au soir, c'est rendre compte de ce qu'on
37:43gagne, c'est rendre compte aussi
37:45de la transparence absolue
37:47donc il y a de moins en moins de candidats quand même
37:49et donc de moins en moins d'élus, il faut quand même
37:51le dire. Mais cette violence
37:53a toujours existé et
37:55tout simplement pour galvaniser
37:57le militant. Ça fait partie
37:59aussi de cette part animale de l'homme
38:01qui existe, qui fait partie aussi peut-être
38:03de la partie noire du politique
38:05que d'en user
38:07pour galvaniser
38:09les troupes. Maintenant ça
38:11me fait penser au livre de Frédéric
38:13Rouvillois, le politologue
38:15dont le dernier ouvrage est
38:17Politesse et politique, et où il explique
38:19très finement que plus
38:21une société est civilisée
38:23plus quand même ces combats
38:25se passent d'une façon
38:27polissée et où la politesse
38:29trouve subtilement toute sa place
38:31en termes de stratégie. Ça c'est intéressant.
38:33Faudrait que Sofia Cherico lise
38:35l'ouvrage. Et on voit
38:37le peu de fois où notamment les Insoumis
38:39dont on parlait à l'instant font preuve
38:41on va dire d'humanité, quand par exemple
38:43Sandrine Rousseau déplore la tentative
38:45d'assassinat contre Donald Trump. On sait bien qu'elle n'est pas d'accord
38:47avec lui. Elle souligne juste qu'il mérite
38:49un prompt rétablissement et que la violence n'a pas sa place.
38:51Quand on regarde en dessous de sa
38:53réaction, elle se prend
38:55des réactions de tout son camp qui sont
38:57effarées que Sandrine Rousseau puisse dire prompt rétablissement
38:59à Donald Trump. C'est-à-dire qu'on voit que pour eux
39:01cette attitude tout simplement républicaine ne devrait
39:03même pas exister. Oui, écoutez
39:05moi je veux bien qu'on accuse les politiques
39:07de cela, et vous avez sans doute raison, mais on voit
39:09ça aussi dans la société où l'humain
39:11disparaît quand même beaucoup.
39:13Vous avez une altercation avec quelqu'un
39:15dans la rue pour n'importe quoi, vous en arrivez vite
39:17aux mains. Les noms d'oiseaux
39:19volent
39:21comme les
39:23hirondelles au printemps.
39:25Je crois que c'est le rapport
39:27à l'humain. Allez dans d'autres
39:29capitales d'Europe, allez
39:31j'en sais rien, allez en Espagne,
39:33allez en Grèce, etc. Vous verrez
39:35que le rapport à l'autre est très différent.
39:37Ils ne sont pas encore totalement
39:39comme nous, arrivés à ce
39:41niveau de bassesse. Je crois que c'est le rapport à l'autre
39:43qui a changé dans notre société
39:45par rapport par exemple aux années
39:4750. Je crois que c'est de cela
39:49qu'il faut parler. C'est de la
39:51patte humaine. Il me semble que l'humain a de
39:53moins en moins d'importance et que la personne
39:55que vous avez devant vous compte
39:57moins en tant que personne aujourd'hui
39:59qu'elle ne comptait hier. Alors
40:01après tout, comme tous les coups
40:03sont permis, tous les maux sont permis,
40:05y compris les plus violents, et c'est bien dommageable.
40:07Juste avant votre édito, Paul Mollen,
40:09est-ce que vous êtes d'accord avec ce que disait justement à l'instant
40:11Vincent Roy sur la violence, oui en politique
40:13mais aussi dans la société où on déshumanise un peu
40:15tout le monde et donc la violence arrive facilement
40:17parce qu'on ne voit plus un être humain finalement face de soi.
40:19Oui, c'est-à-dire qu'on aurait tort de considérer
40:21notre personnel politique comme n'appartenant
40:23pas à la société. Ils en sont
40:25le prolongement et ils n'appartiennent
40:27pas à l'Olympe
40:29ou à une sorte d'élite totalement déconnectée du
40:31réel. Ils sont le prolongement. Et effectivement
40:33le Président de la République avait eu quand même une bonne intuition
40:35lorsqu'il avait parlé de décivilisation.
40:37Le problème c'est qu'il n'en a pas tiré les conséquences intellectuelles
40:39et politiques mais en tout cas
40:41sur le constat il avait raison et ce n'est pas le premier à formuler
40:43ce constat et je vois dans l'intervention
40:45de Madame Chikirou, dans la violence
40:47de ses propos et dans
40:49la mauvaise qualité de son intervention
40:51un prolongement de la décivilisation
40:53dans l'espace politique. Et donc
40:55c'est vrai que ça va plutôt bien faire la transition avec ce dont
40:57je vais vous parler parce qu'effectivement
40:59là aussi il y a des marqueurs de décivilisation
41:01quand on observe les États-Unis qui sont très préoccupants.
41:03Justement on passe à votre édito
41:05Paul Mulin parce qu'on va reparler de la tentative
41:07d'assassinat qui a visé Donald Trump.
41:09En quoi elle est selon vous un événement
41:11marquant, certes pour la campagne mais plus largement
41:13pour l'Amérique ? Nous en parlions il y a quelques
41:15instants effectivement avec le billet de Philippe.
41:17Je pense que d'abord pour la campagne c'est
41:19l'acmé, le sommet d'une vie politique américaine
41:21qui est en déliquescence. Tous les
41:23observateurs internationaux et
41:25français se sont accordés à dire que
41:27lorsqu'on regardait CNN, lorsqu'on écoutait
41:29Fox News, quand on regardait aux États-Unis
41:31outre-Atlantique le niveau du débat
41:33mais la violence, des invectives, des
41:35attaques étaient absolument terribles
41:37ces dernières semaines. Et là, de part
41:39et d'autre, j'entendais après l'attaque
41:41de Donald Trump, les pro-Trump nous dire
41:43c'est les démocrates qui ont été
41:45très violents. C'est vrai et d'ailleurs
41:47ils ont hitlérisé si je puis dire Donald Trump
41:49ce qui peut-être a peu poussé à l'acte
41:51un certain nombre de personnes qu'il considérait comme
41:53un dément, un fasciste, etc.
41:55Mais dans l'autre sens aussi, les militants
41:57républicains n'étaient pas à court
41:59de fake news, d'attaques
42:01terribles et terrifiantes sur Joe Biden, sur
42:03sa famille, sur sa vie privée, etc.
42:05Donc aujourd'hui, toutes les barrières sont tombées
42:07et finalement ce tireur
42:09il commet l'acte ultime de violence
42:11et même s'il s'agit d'un acte isolé, ça
42:13résulte quand même d'une impossibilité
42:15de débat. Par son acte, il a rendu
42:17visible l'échec du débat
42:19sain et apaisé, le débat qu'une
42:21grande démocratie, la première peut-être du monde
42:23devrait garder. Donc pour l'Amérique
42:25il y a bien entendu,
42:27on le sait, de nombreux précédents. Donc
42:29là aussi, j'allais pas dire rien de nouveau
42:31sous le soleil, mais il se trouve que depuis
42:33Abraham Lincoln, en passant par Ronald Reagan
42:35bon la tentative a été ratée pour Ronald Reagan
42:37jusqu'à effectivement
42:39Kennedy, il y a eu un certain nombre de violences
42:41et ça questionne bien sûr le
42:43rapport que les Etats-Unis entretiennent aux
42:45armes à feu, à leur diffusion et plus
42:47généralement à la violence qui
42:49règne dans ce pays et aux différentes
42:51tueries, celle d'Orlando, toutes les autres, qui nous montrent
42:53à quel point il y a un problème de violence aux Etats-Unis.
42:55Mais c'est pas le seul problème, c'est pas le
42:57seul sujet. C'est pour ça que je voulais vous parler
42:59des fractures profondes qui règnent
43:01en Amérique, ces fractures qui
43:03elles-mêmes ont fait d'ailleurs, paradoxalement
43:05le succès de Donald Trump, puisque Donald
43:07Trump, il a réussi à parler à une
43:09Amérique dans laquelle on ne parlait
43:11plus et à laquelle on ne parlait plus. Le fermier
43:13du Midwest n'a pas la même vie
43:15que le New-Yorkais qui est
43:17banquier d'affaires. Il y a deux Amériques, pour
43:19pas dire, il y en a même plusieurs. Il y a des fractures
43:21géographiques, il y a des fractures culturelles,
43:23il y a une peur panique du grand remplacement
43:25aux Etats-Unis aussi,
43:27un peu comme en France d'ailleurs. Il y a
43:29le sujet de l'immigration, il y a ce mur
43:31avec le Mexique que Donald Trump avait
43:33continué et que Joe Biden a en
43:35fait immini avec Kamala Harris
43:37poursuivi. Donc l'unité de l'Amérique
43:39n'a jamais été aussi affaiblie.
43:41Il y a quelque chose qu'on a beaucoup décrypté
43:43aussi avec ces images, c'est la réaction
43:45de Donald Trump qui a été assez impressionnante.
43:47Qu'est-ce qui vous a interpellé vous-même ?
43:49Moi, si vous voulez, le coup de feu
43:51est évidemment, comment dirais-je,
43:53pour le coup une détonation politique
43:55et visuelle absolument extravagante
43:57mais l'attitude de Donald Trump
43:59m'a paru quasiment plus incroyable
44:01que l'attaque dont il a fait l'objet.
44:03Quand on a vu cette scène,
44:05non seulement il ne s'effondre pas, il se baisse
44:07pour esquiver et il comprend qu'il a quelque chose
44:09à l'oreille et puis ensuite,
44:11une poignée de secondes plus tard,
44:13on le voit se redresser
44:15et lever son poing et crier
44:17« Fight, fight, fight, se batte, se batte, se batte »
44:19et ça donne, si vous voulez, une impression, d'ailleurs
44:21dont les Américains raffolent, une impression
44:23quasiment christique. Surtout quand on voit
44:25cette photo avec le drapeau américain
44:27qui flotte derrière, ça avait
44:29vraiment un décor de l'attaque
44:31absolument incroyable. La réaction du public
44:33aussi, il y avait vraiment tout dans cette scène
44:35épique qui semblait refléter
44:37l'Amérique, à la fois
44:39dans ses forces mais aussi
44:41dans ses excès. En fait, on avait vraiment le sentiment
44:43quand on regardait ces images que l'histoire
44:45était en train de s'écrire
44:47sous nos yeux. Autre enseignement selon moi
44:49dans la réaction de Donald Trump, c'est pas seulement
44:51pendant l'attaque, c'est aussi après.
44:53Vous avez vu à Milwaukee pour la convention républicaine
44:55j'ai eu l'impression de déceler
44:57vous me direz si vous êtes d'accord avec moi
44:59un nouveau Trump, c'est-à-dire qu'il
45:01m'est apparu moins agité, plus
45:03fixé dans le sol qu'avant
45:05moins frénétique et il est
45:07arrivé comme ça, c'était donc
45:09le 15 juillet, c'était hier, il est entré
45:11sur ce son God bless the USA
45:13qui est de Lee Greenwood et qui est une chanson qui est
45:15très forte, qui avait quasiment, j'ai trouvé
45:17dans cette scène, une dimension mystique
45:19c'est-à-dire je me suis relevé
45:21l'Amérique est forte avec toute la dimension
45:23divine, tellurique
45:25mystique qu'il y a derrière tout ça
45:27c'était vraiment très impressionnant. Je pense que l'enseignement
45:29depuis cette attaque, c'est que Trump
45:31ne semble faire finalement qu'un avec
45:33l'identité américaine et ça c'est à la fois
45:35très intéressant, ça peut même être un peu dangereux
45:37mais il est vrai qu'un
45:39grand leader comme Donald Trump ou que
45:41d'autres grands chefs d'Etat puissent faire un avec l'unité
45:43avec l'identité de leur
45:45pays et réunir Donald Trump
45:47on a vu dans ces images et même d'ailleurs
45:49dans cette dernière prise de position, une forme
45:51d'unité entre lui et l'identité
45:53profonde de son pays. Il a tout pris, des
45:55Yankees en passant par la
45:57mondialisation, les années dollars
45:59l'argent, le télérophordisme, on a l'impression
46:01si vous voulez, qu'il concentre en lui
46:03toute l'Amérique et ça
46:05c'est vraiment incontestablement
46:07un marqueur et je pense aussi de dire
46:09qu'il y a un nouveau Trump qui a
46:11émergé hier à Milwaukee. Mais est-ce que justement Donald
46:13Trump qui sort renforcé pourrait
46:15réunir cette
46:17Amérique aussi désunie dont vous avez parlé
46:19juste à l'instant ? Ben oui, là je vais être un peu moins
46:21flatteur en tout cas, un peu moins
46:23je ne vais pas vous faire le panégyrique de Donald
46:25Trump ce soir, vous en doutez, mais en tout cas
46:27ce n'est pas parce qu'il incarne ou qu'il prolonge
46:29l'identité de son pays que ça va suffire
46:31tellement les défis de l'Amérique sont
46:33immenses. C'est d'ailleurs
46:35assez symbolique car Trump a choisi un
46:37vice-président qui incarne
46:39cette étude des fractures
46:41américaines et qui à la fois propose des
46:43solutions assez radicales. Je pense que ça mérite qu'on fasse
46:45un petit détour par ce vice-président
46:47qu'a trouvé Donald Trump, il s'agit
46:49de James David Vance, c'est un écrivain
46:51il a écrit un best-seller
46:53que je vous invite à lire qui s'appelle
46:55Illibili Elegy, où
46:57il traite finalement de cette Amérique
46:59blanche, ouvrière
47:01dans l'Ohio, c'est sa vie d'ailleurs
47:03vraiment la pauvreté
47:05le dénuement, cette Amérique qui a
47:07subi la désindustrialisation, qui a subi
47:09la mondialisation, qui a peur
47:11pour son insécurité. Et lui il en
47:13est, si vous voulez, un analyste
47:15avec des accents, je trouve, quand on le lit
47:17un peu Zola ou alors pour être plus récent
47:19Christophe Guy lui, c'est-à-dire qu'il donne cette analyse
47:21et le fait que Donald Trump confie
47:23à cet homme la vice-présidence
47:25et qu'il en fasse la pierre angulaire de sa
47:27campagne, ça nous dit quelque chose de son
47:29décryptage, en tout cas des fractures américaines
47:31et cet homme effectivement
47:33s'est extrait de ce milieu, il a étudié
47:35à Yale, etc. et c'est
47:37un transfuge de classe, un grand
47:39écrivain, un intellectuel qui est soucieux de défendre
47:41l'Amérique pauvre, blanche et patriotique et on ne
47:43doit pas laisser ce choix au hasard
47:45effectivement. Après, évidemment,
47:47je vous vois, cher Vincent, il a commis
47:49toutes sortes d'excès. Non, c'est un bon écrivain
47:51mais par contre, autant
47:53que tu sois de la littérature américaine,
47:55c'est pas Paul Auster non plus, c'est très différent
47:57mais en tout cas, si vous voulez, ce qui
47:59est intéressant à dire, c'est que
48:01c'est pas un choix qui est au hasard, c'est-à-dire que
48:03il y a derrière cela l'idée de dire
48:05il faut trouver les voies pour
48:07réconcilier ces différentes Amériques et d'abord
48:09il faut les comprendre et les réfléchir et je pense que
48:11c'est un peu la même chose d'ailleurs partout en Occident
48:13c'est pour ça que je voulais prendre cet exemple
48:15parce que les USA, les Etats-Unis sont face
48:17à une crise sociale, identitaire et culturelle
48:19sans précédent, que le camp
48:21démocrate de Joe Biden n'a pas réussi
48:23à trouver les remèdes face à cela
48:25et que aux Etats-Unis, la seule alternative
48:27pour le moment en tout cas, elle s'appelle Trump
48:29donc pas sûr qu'un seul homme puisse
48:31faire revivre cette première puissance du monde qui
48:33vacille et qui doute d'elle-même mais une chose est sûre
48:35Donald Trump, qu'on l'aime ou qu'on le déteste
48:37incarne l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui
48:39avec ses défauts mais aussi
48:41avec une forme de permanence.
48:43Merci beaucoup Paul Mellin, je voyais
48:45acquiescer Vincent Roy quand Paul disait que c'était
48:47sans doute un nouveau Trump à la fois
48:49sur le fond et sur la forme.
48:51C'est effectivement frappant quand
48:53il est reparti en meeting
48:55si j'ose dire, enfin en donnant d'ailleurs
48:57la main
48:59à Vance
49:01effectivement et c'était un homme
49:03alors on a dit beaucoup qu'après
49:05il avait fait venir sa fille, qu'il avait beaucoup réfléchi
49:07et par conséquent, on utilise ce terme
49:09puis je ne veux pas dire grand-chose, qu'il avait beaucoup décompensé
49:11je ne sais pas ce que veut
49:13dire exactement ce terme
49:15je vois ce qu'il veut dire mais enfin bon
49:17je ne sais pas s'il est très adapté, en tous les cas
49:19il a mené une sorte
49:21d'introspection et c'est effectivement
49:23une sorte de nouveau Trump qu'on avait
49:25beaucoup plus consensuel alors qu'il a
49:27organisé la violence d'une certaine manière
49:29la violence politique et là on avait un homme
49:31devant nous, enfin devant nous
49:33à la télévision tout le moins
49:35on avait un homme qui
49:37effectivement était plutôt pacifié
49:39avec une volonté de réunir
49:41donc un autre Trump là, à la faveur
49:43si j'ose dire, et l'expression n'est pas très
49:45jolie, à la faveur de
49:47cet attentat. Véronique ?
49:49Oui, moi je pense que c'est toujours le même Trump
49:51mais il a gagné une dimension évidemment
49:53et il a montré d'ailleurs
49:55qu'il était très fort, enfin c'est une bête politique
49:57absolument incroyable, vous imaginez
49:59être à deux doigts de mourir et se relever tout de suite
50:01tout le monde ne le ferait pas. Non, oui
50:03il a montré qu'il transcendait le drame
50:05qu'il transcendait la situation
50:07de fait, ça lui a donné
50:09le fait que lui-même était transcendé
50:11était capable de se transcender, alors les Américains
50:13sont très friands de ça, j'ai lu
50:15que c'était maintenant le candidat fétiche
50:17des évangéliques parce que lui-même a joué
50:19sur le fait qu'il aurait pu mourir et qu'il était toujours là
50:21donc c'est presque Trump le ressuscité
50:23et donc il est en train d'écrire
50:25une nouvelle
50:27histoire de sa vie politique
50:29avec les Américains qui font qu'effectivement
50:31ça lui donne des points en plus
50:33pour gagner la prochaine présidentielle
50:35on ne peut pas dire qu'il va le gagner, il peut se passer beaucoup de choses
50:37d'ici là. Oui mais ça a changé effectivement
50:39Philippe David, ça a changé la donne et comme
50:41le disait Paul, ça remet une autre image
50:43aussi de Donald Trump qui lui-même d'ailleurs
50:45semble s'être dit que ce
50:47climat de violence qu'il a pu aussi
50:49auquel il a participé lui-même
50:51se dit on se calme un petit peu et on reprend
50:53autrement la campagne. Oui surtout quand on échappe à la mort
50:55quand même de très peu. Oui ça fait sans doute réfléchir
50:57le samedi dernier. Mais je voudrais
50:59revenir sur ce qu'a dit Paul qui est très intéressant, il y a vraiment
51:01une Amérique coupée en deux et
51:03c'est comme la France en fait, les perdants
51:05de la mondialisation votent républicains
51:07les gagnants de la mondialisation
51:09votent démocrates. Je vais prendre deux exemples
51:11en 2016, Trump a
51:13gagné je crois tous les états de ce
51:15qu'on appelle la Rust Belt, la ceinture
51:17de la rouille qui va des Grands Lacs
51:19jusqu'à l'Atlantique via la Pennsylvanie
51:21parce que la rouille, parce que c'est les zones de sidérurgie
51:23d'industrie automobile etc
51:25Hillary Clinton de mémoire ne s'était
51:27rendue, ne s'était même pas rendue
51:29dans certains de ses états tant elle était certaine
51:31que les démocrates ayant toujours gagné
51:33elle gagnerait. Et un état qui prouve
51:35à quel point ça a changé
51:37la Californie
51:39qui est le symbole de la Silicon Valley
51:41d'Apple etc, votait républicain
51:43ils ont un gouverneur illustre
51:45qui s'appelait Ronald Reagan qui a fait deux mandats
51:47à la Maison Blanche et aujourd'hui la Californie
51:49vole très largement dans les démocrates
51:51parce qu'elle a complètement viré
51:53et un dernier mot
51:55quand Paul vous parlait
51:57des américains qui ont peur d'être grand remplacés
51:59le grand remplacement il a déjà eu lieu aux Etats-Unis
52:01c'est les indiens qui ont été les premiers
52:03à être grand remplacés, c'est vrai
52:05Allez on va terminer avec vous Vincent Roy
52:07vous avez choisi de nous parler mi-histoire
52:09mi-tourisme ce soir, c'est ça ?
52:11Oui enfin, toujours politique
52:13de toute façon, mais enfin c'est un événement
52:15effectivement, l'appartement de Madame Duvary
52:17dernière favorite de Louis XV, vient d'être
52:19restauré au coeur même du
52:21château de Versailles, elle y vivra de 1770
52:23jusqu'à sa mort
52:25non, jusqu'à la mort du monarque
52:27en 1774
52:29précipitez-vous, parce que c'est la grande
52:31découverte du moment, un Versailles
52:33intime vous sera dévoilé
52:35c'est assez rare, c'est pas les grands
52:37et riches et fastueux appartements
52:39là ce sont les petits appartements
52:41mais c'est proprement somptueux, la restauration
52:43vient de s'achever, 15 pièces
52:45sur 350 m² restituées
52:47dans les moindres détails
52:49voici la grâce si vous voulez, l'élégance
52:51cocorico, la poésie de l'architecture
52:53des derniers feux de l'Ancien Régime
52:55vous êtes tous les trois des gens extrêmement cultivés
52:57je ne vous rappellerai pas
52:59la phrase de
53:01M. Talleron sur l'Ancien Régime
53:03qui n'a pas connu l'Ancien Régime
53:05ne sait pas ce qu'est la douceur de vivre
53:07alors, Jeanne Dubary
53:09parlons-en une seconde, devait incarner
53:11tout ce que, j'essaie de dire, la révolution
53:13aime, mais j'ai envie de vous dire, tout ce que la gauche
53:15aime, on pense d'emblée à sa naissance
53:17infâme, à son défaut d'origine
53:19et pourtant, le procès
53:21en féminisation que fera la révolution
53:23à la monarchie, lui sera entre autres
53:25fatal, parce que la révolution
53:27en fait
53:29c'est la morale, laquelle est contenue
53:31dans le mouvement des Lumières qui plaident
53:33pour la socialisation des sentiments
53:35les Lumières, c'est pas seulement
53:37le droit naturel, la raison
53:39le contrat social de Rousseau
53:41c'est aussi les contes de Gessner, les Lumières
53:43c'est la socialisation du sentiment
53:45lequel est très largement emprunt
53:47de morale, on va tuer
53:49au nom de la morale sous la révolution
53:51on va tuer pour soulager la misère
53:53du peuple, il est souffrant le peuple
53:55dira Robespierre
53:57il faut plaider sa cause, nous sommes les frères
53:59des infortunés, il fera
54:01le même Robespierre, du vice et de la vertu
54:03les destins de la terre, le peuple
54:05lui, il est du côté de la vertu
54:07la morale, toujours et d'abord
54:09c'est elle qui sépare les bons
54:11et les méchants, les patriotes
54:13et les traites, ça n'a pas pris une ride
54:15bientôt, les riches et les pauvres
54:17est-ce que cela ne vous rappelle rien
54:19d'immédiatement contemporain
54:21bonnes gens du plateau de CNews
54:23en 1793
54:25le 21 novembre
54:27c'est-à-dire le premier primaire
54:29en deux, au club des Jacobins
54:31le député du tiers état d'Arras
54:33c'est-à-dire Robespierre, en appelle
54:35à la vengeance céleste d'un dieu
54:37de providence contre les tyrans
54:39ce dieu est consolateur par nature
54:41c'est parti, la consolation
54:43est du côté de la terreur
54:45voici comment on peut justifier
54:47la violence d'état
54:49dans l'inventaire de la bibliothèque
54:51de madame Dubarry
54:53Crébillon-Fisque côtoie les comptes moraux
54:55d'Hydrault, il fallait trancher
54:57dont acte, la femme est contre-révolutionnaire
54:59et partant, la sexualité
55:01aussi
55:03l'une des premières mesures demandées par les députés
55:05du tiers parisien aux élections
55:07de mars 1789 dans les cahiers
55:09de doléances, c'est l'enfermement systématique
55:11de toutes les prostituées parisiennes
55:13il y en avait entre
55:1530 et 40 milles, la morale privée
55:17va donc s'appliquer
55:19à la vie publique
55:21un peu de politique maintenant, vous me direz
55:23je fais que ça depuis le début, revenons en arrière
55:25la question de la révolution
55:27ne se pose pas, ça
55:29ça me semble une chose importante, ne se pose pas
55:31dans la seconde moitié du 18ème siècle
55:33en termes d'égalité
55:35ce mot excite la société
55:37française depuis lors mais ça n'existait pas
55:39mais en termes politiques
55:41sur la question de l'exercice du pouvoir
55:43l'absolutisme monarchique
55:45d'un côté, incarné par Louis XV
55:47et que va soutenir Jeanne du Barry
55:49de l'autre, une sorte d'aristocratie
55:51oligarchique qui serait représentée
55:53par les pères de la nation, en qui
55:55les parlementaires du parlement de Paris
55:57se voient, d'où cette guerre de tranchées
55:59durant tout le siècle
56:01entre les parlements et l'exercice du pouvoir
56:03royal, elles sont là
56:05les causes de la révolution, elles ne sont pas
56:07dans l'égalité, cette notion viendra
56:09plus tard, en 1789
56:11au moment de la convocation des états
56:13généraux, dans ce que le remarquable
56:15historien Furet appellera le tournant
56:17égalitaire, précisément
56:19pour des raisons d'anachronisme
56:21explique l'historien Emmanuel de Varesquiel
56:23qui est un spécialiste, notamment de
56:25Talleyrand, mais aussi de Madame Bovary
56:27la question du féminisme ne
56:29s'oppose pas, celle de l'émancipation
56:31des femmes s'oppose en revanche, autour de la figure
56:33de Jeanne, émancipation juridique
56:35dans les usages et l'apparence des femmes
56:37et d'ajouter, il ajoute, la révolution
56:39c'est le passage du goût grec
56:41au goût romain
56:43le goût grec, c'est le goût féminin
56:45de la fin du 18e siècle, c'est Vigée Lebrun
56:47et le goût romain, c'est celui des hommes
56:49c'est David, et pour moi, c'est pompier
56:51mais c'est une autre affaire, on passe de l'un à l'autre
56:53point de lendemain, la fête est finie
56:55Jeanne du Barry, une ambition
56:57féminin, c'est le titre de son livre
56:59et plus qu'une biographie, c'est un grand livre
57:01on l'a compris, sur les fondements même de la révolution
57:03nous sommes là dans les soutes même
57:05de l'événement
57:07alors est-ce qu'elle trouve les clés pour ouvrir les bonnes portes
57:09il faut saluer son travail d'enquêteur
57:11c'est un détective privé de grand talent
57:13à preuve, il va retrouver le véritable père de Jeanne
57:15et sa fille Betsy
57:17mais d'abord, il nous donne à comprendre comment
57:19et c'est tout l'intérêt du livre, une fille de lingère
57:21accède au lit du monarque
57:23le plus puissant du monde
57:25en exerçant sur le dit monarque
57:27une influence considérable et notamment une influence politique
57:29d'où la légende noire
57:31de Madame du Barry, d'où les haines
57:33qui vont se déchaîner contre elle
57:35ce que nous allons voir à l'oeuvre, c'est la montée en puissance
57:37pour la première fois de l'opinion publique
57:39les pamphlets qui seront publiés sur elle
57:41sont terribles, des campagnes de presse
57:43d'une violence inouïe vont s'exercer contre elle
57:45pour des raisons sociales, là on l'a compris
57:47mais aussi pour des raisons politiques
57:49car Jeanne est du côté de Louis XV quand il va
57:51mener ses réformes les plus hardies
57:53et notamment le renvoi des parlements
57:55c'est-à-dire l'abolition des charges héréditaires
57:57des parlementaires
57:59outre sa stupéfiante beauté et son charme
58:01Du Barry avait l'intelligence du charme
58:03ajouté un air de liberté
58:05un sens des situations, de l'esprit
58:07de l'humour, un naturel contenu dans les usages
58:09c'était beaucoup, c'était trop
58:11il fallait lui couper la tête
58:131793 ça sera fait
58:15il nous reste son intérieur, enfin pas
58:17celui de sa tête
58:19mais son petit appartement quand même de
58:21350 mètres carrés, vous l'avez compris
58:23allez, c'est une magnifique visite pour l'été
58:25Merci beaucoup Vincent Roy
58:27vous aurez sans doute donné des idées à ceux qui nous ont suivis
58:29ce soir, merci Véronique
58:31Philippe, Paul et Vincent d'avoir été dans Face à l'info
58:33tout de suite vous retrouvez Eliott Deval
58:35pour l'heure des pro 2 et moi je vous retrouve demain
58:37pour Face à l'info