Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h
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00:00:00Bonsoir à les 19h, soyez les bienvenus, je suis très heureux de vous retrouver, c'est votre face à l'info, mon équipe du soir.
00:00:07Et bien là, ils ont parfaitement bien travaillé, comme il se doit, leur chronique du coups humains.
00:00:12Comme toujours, je vous les présente avec moi, Céline Pina, politologue, journaliste à Causeur.
00:00:16Bonsoir.
00:00:17Bonsoir Thierry.
00:00:18Vincent Roy.
00:00:19Bonsoir Thierry.
00:00:20Bonsoir Vincent Roy.
00:00:21Olivier Dardigolles.
00:00:22Présent.
00:00:23Soyez les bienvenus. Présent.
00:00:24Comme à l'école.
00:00:25Bonsoir.
00:00:26Bonsoir.
00:00:27Pierre-Marie Saeb.
00:00:28Bonsoir.
00:00:29Bonsoir à tous.
00:00:30Elle est là, elle est avec nous.
00:00:32Le retour.
00:00:33Féliciter Kindoki pour faire un premier tour dans la formation.
00:00:35Je suis très heureux de vous retrouver.
00:00:36Félicitez.
00:00:37Sachez-le.
00:00:38Bonsoir Thierry, moi aussi très heureuse de vous retrouver.
00:00:39Bonsoir à tous.
00:00:40L'Ukraine revendique le contrôle de 74 localités en Russie après avoir lancé la semaine dernière une offensive surprise
00:00:48qui a poussé des dizaines de milliers de civils à fuir.
00:00:51Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirme que malgré des combats difficiles et intenses,
00:00:56l'avancée de ses forces dans la région de Kursk se poursuit.
00:00:59Un homme a été poignardé à mort à Besançon dimanche soir.
00:01:02Selon les témoignages, un conflit aurait éclaté pour un motif dérisoire autour de la possibilité d'avoir des chaises
00:01:08pour profiter du frais le soir devant un immeuble.
00:01:10L'agresseur, qui n'était pas connu des services de police, est un jeune d'origine malienne.
00:01:15Il réside en France depuis 2022 sous le statut de mineur non accompagné.
00:01:1928 départements sont placés en vigilance orange aux orages, pluies et inondations par Météo France.
00:01:25Les zones concernées se situent principalement dans la moitié est et sud-est de la France.
00:01:29Les Pyrénées-Atlantiques, la Haute-Garonne, le Gerche et les Hautes-Pyrénées
00:01:33sont par ailleurs également placés en vigilance pluie et inondation.
00:01:36Le reste du pays est en vigilance jaune à l'exception de la Bretagne, de la Manche et du Nord-Pas-de-Calle.
00:01:44Merci beaucoup, félicité.
00:01:46Face à l'info, ça démarre.
00:01:48A la une ce soir, on commencera avec Vincent Roy.
00:01:52Grand amateur de sport et qui a été choqué, pour ne pas dire davantage,
00:01:56par le manque d'encouragement, de félicitations d'une partie de la gauche.
00:02:00Pas toute la gauche, c'est important de le dire.
00:02:02Il est important de le préciser pour nos athlètes tricolores qui ont brillé au JO de Paris.
00:02:07Patriotisme, chauvinisme.
00:02:09Vincent Roy reviendra ce soir sur ces notions qui ont un sens dans ces célébrations.
00:02:14Ou pas, d'ailleurs. On se posera la question et il y répondra.
00:02:18Si avec Vincent Roy, on aura évoqué le manque d'appétence d'une certaine gauche pour les médailles
00:02:23ou pour reprendre en cœur la Marseillaise, Olivier Dertigolle, lui, aime les médailles.
00:02:28Il aime nos sportifs.
00:02:29Et bien ce soir, dans sa première chronique, il va tenter de décrocher la médaille d'or du meilleur chroniqueur politique.
00:02:35Que dis-je ? Du meilleur pronostiqueur politique.
00:02:39Il va devoir répondre à deux questions.
00:02:41Un, quand Emmanuel Macron va nommer un Premier ministre.
00:02:44Et deux, qui va-t-il nommer ? Sacré challenge pour Olivier.
00:02:48Mais Olivier ne craint rien. Même pas peur, Olivier Dertigolle.
00:02:54Avec Céline Pina, on va déjà vous parler de la rentrée des classes.
00:02:57Pas celle des écoles, des collèges ou des lycées, mais celle de nos universités.
00:03:02Quoique, le thème choisi par Céline Pina ce soir concerne les manifestations pro-palestiniennes
00:03:07qui ont notamment, vous le souvenez, touché en avril Sciences Po Paris.
00:03:10Pour Céline, derrière ces manifestations, il y a l'Iran.
00:03:13L'Iran qui a des liens très forts avec le monde universitaire et les milieux d'extrême-gauche en France.
00:03:19Céline va tout nous expliquer.
00:03:22Avec Pierre-Marie Sèvres, on va revenir sur une histoire, un fait divers qui va nous amener à nous poser une question.
00:03:27Oui, et sans dévoiler l'histoire de Pierre-Marie Sèvres, il s'agit de l'histoire d'un agriculteur
00:03:31qui a tué un voleur, qui a fait une tentative de braquage dans sa ferme avec d'autres complices.
00:03:36L'agriculteur s'est défendu, il s'en est suivi toute une procédure.
00:03:39La question à laquelle va tenter de répondre ce soir dans Face à l'Info Pierre-Marie Sèvres,
00:03:44a-t-on, oui, a-t-on le droit de se défendre en France en 2024 ?
00:03:47J'attends avec une certaine impatience la réponse de Pierre-Marie.
00:03:51Et puis enfin, pour terminer, sur une note plus légère, avec Olivier d'Artigolles,
00:03:56on va revenir sur les bancs de l'école primaire, on va revenir à la cantine avec les copains et les copines.
00:04:01Il va nous parler d'une marque mythique.
00:04:03On a tous bu dans les verres de cette célèbre marque Duralex.
00:04:07Duralex, qui fait partie de notre patrimoine industriel, qui aurait pu disparaître,
00:04:11c'était sans compter la volonté des salariés qui ont repris l'entreprise sous la forme d'une SCOP,
00:04:15une société coopérative et participative.
00:04:18Une nouvelle page s'ouvre pour le plus grand bonheur des salariés.
00:04:21C'est ce que nous dira Olivier.
00:04:37Vincent Roy, vous n'êtes pas venu en tenue sportive, mais j'ai une question à vous poser.
00:04:41Pourquoi une partie de la gauche n'a-t-elle ni le goût ni médaille, ni de la marseillaise ?
00:04:46Et pourquoi une partie de la gauche, j'ai bien dit une partie de la gauche, je prends mes précautions,
00:04:50n'est-elle pas plus patriote ?
00:04:52Oui, n'est-elle pas ou plus patriote.
00:04:55Tout est dans le pas ou dans le plus, et plutôt dans le plus là.
00:04:58Alors écoutez, pour planter le décor, plusieurs tweets m'ont alerté.
00:05:03Le dernier en date est celui d'Aurélien Saint-Aul, le député éléphi de la 11e circonscription du 92,
00:05:10Bagneux, Malakoff, Montrouge.
00:05:12Je le cite,
00:05:13« S'exalter pour des athlètes souvent inconnus de nous quelques minutes auparavant,
00:05:17c'est un des grands plaisirs des JO. »
00:05:19Nous dit-il jusqu'ici, tout va bien.
00:05:21« En user pour faire valoir son propre patriotisme, c'est ridicule. »
00:05:26Là, ça se gâte un peu, il faut l'avouer.
00:05:28« Et pour mettre en cause celui d'autrui, c'est inept et infâme. »
00:05:32Inept et infâme, les mots sont forts.
00:05:35Allons voir maintenant ce qu'écrivait, il y a juste trois jours,
00:05:39Nathalie Arthaud sur son compte Twitter.
00:05:41« Sans surprise, on peut rajouter à toutes les médailles de la France le chauvinisme.
00:05:47Il n'y en a eu que pour les sportifs français, nous dit-elle.
00:05:51Bien difficile de suivre les autres athlètes, il fallait des cocoricos et des marseillaises. »
00:05:56Alors ce qui m'a intéressé là, c'est la dernière phrase.
00:05:59« Il fallait des cocoricos et des marseillaises. »
00:06:01Comme si, à toute force, il s'agissait d'en rajouter.
00:06:03Comme si, au fond, il s'agissait de ne pas fêter nos athlètes.
00:06:08Ou alors qu'il fallait le faire à Mivoi ou Mezzo-Voce.
00:06:12Deux notions se détachent de ces deux tweets.
00:06:15Patriotisme et chauvinisme.
00:06:17La seconde, chauvinisme, péjorativement, dépend de la première.
00:06:21Comme nous l'allons voir.
00:06:22Il n'est pas inutile d'en donner des définitions assez précises.
00:06:25Le patriotisme, c'est l'attachement sentimental à sa patrie,
00:06:30se manifestant par la volonté de la défendre ou de la promouvoir.
00:06:34Le chauvinisme, c'est un patriotisme qui aurait mal tourné, d'une certaine façon.
00:06:39C'est un patriotisme exclusif, excessif, dénigrant systématiquement tout ce qui est étranger
00:06:46au profit d'une admiration inconditionnelle pour ce qui est national.
00:06:51Le chauvinisme ressort donc d'un patriotisme exclusif, donc d'un nationalisme.
00:06:58Troisième notion dont il nous faut parler, le nationalisme.
00:07:01Alors nationalisme est d'une nature différente,
00:07:03parce que c'est un mouvement politique d'individus,
00:07:05je dis bien mouvement politique d'individus,
00:07:08qui prennent conscience de former une communauté nationale
00:07:11en raison des liens, la langue, la culture,
00:07:14qui les unissent et qui peuvent vouloir se doter d'un état souverain.
00:07:17Jusqu'ici, il n'y a rien de très méchant, dira-t-on.
00:07:20Mais il existe une autre définition du nationalisme,
00:07:22laquelle ressort de la théorie politique même,
00:07:25théorie politique qui affirme la prédominance de l'intérêt national
00:07:30par rapport aux intérêts des classes et des groupes qui constituent la nation
00:07:34ou par rapport aux autres nations de la communauté internationale.
00:07:38Il est bon donc, pour débuter, de ne pas confondre le patriotisme et le chauvinisme,
00:07:43comme on l'a vu, et encore moins de ne pas les confondre avec le nationalisme.
00:07:46Pourquoi ? Parce que ni dans le patriotisme, ni le chauvinisme
00:07:52ne sont précisément des notions politiques, si vous voulez.
00:07:56Et pour faire court, le patriotisme, c'est comme la peur,
00:08:00ça prend par le ventre, ça vient du ventre.
00:08:03Alors, on a les bases pour tout comprendre,
00:08:05et là, seuls Aurélien Asseintoul et Nathalie Arthaud se sont insurgés
00:08:08contre le supposé chauvinisme des Français.
00:08:11Non, bien entendu, ils ne furent pas seuls à bouder le plaisir
00:08:15de voir nos athlètes médaillés.
00:08:17Le député et les filles de Seine-et-Marne, Arnaud Saint-Martin,
00:08:21s'est plaint du traitement des JO par le service public,
00:08:24par France Télévisions et Radio France, qui sont les détenteurs des droits de diffusion.
00:08:29On le cite encore, la couverture chauviniste des JO
00:08:33sur le service public audiovisuel et ailleurs est pénible.
00:08:37Tout est cadré en fonction des performances espérées des sportifs français.
00:08:42Feu, l'idéal internationaliste, on va y revenir, porté en théorie par l'olympisme,
00:08:48l'heure est à la régression nationaliste.
00:08:51Manifestement, la joie nationale ne fait pas battre le cœur d'Arnaud Saint-Martin,
00:08:56qui porte par ailleurs un nom très dix-huitième,
00:08:57mais manifestement, il n'a pas lu le grand mémorialiste Chanfort,
00:09:00qui parle bien du cœur en disant qu'il faut soit qu'il se brise, soit qu'il se bronze.
00:09:04Mais Vincent, il nous a tous semblé que c'est plutôt le silence sur les JO et nos athlètes
00:09:08qui fut caractéristique d'une partie de la gauche française.
00:09:11On ne va pas se mentir.
00:09:13En effet, il est capital de parler d'une partie de la gauche française.
00:09:16Il n'est pas question ici d'ensembleliser pour créer un néologisme ou d'essentialiser.
00:09:21Attention, l'article vous écoute avec loin d'attention.
00:09:23À preuve Fabien Roussel qui se félicite que nous soyons cinquième au tableau des médailles.
00:09:28Il doit passer pour un furieux patriote, ou pire pour un chauvin,
00:09:31ou pire pour un nationaliste et pourquoi pas pour un populiste.
00:09:34Mais là, les mots finissent par me manquer.
00:09:36Mais revenons au silence ou à la discrétion de certains.
00:09:38Prenons Mathilde Panot, au hasard, qui a cependant retweeté,
00:09:42elle a retweeté le compte Equipe France après des médailles, donc Cocorico.
00:09:47Mais trois tweets à son actif sur les JO m'ont paru particulièrement signifiants.
00:09:52Le premier pour applaudir la délégation palestinienne
00:09:55lors de son passage sur la scène pendant la cérémonie d'ouverture.
00:09:59Silence sur la délégation française.
00:10:03Le deuxième tweet pour encenser la cérémonie d'ouverture
00:10:06et là, je cite Mathilde Panot, sublimer notre héritage révolutionnaire.
00:10:10Forcément, puisque durant la cérémonie d'ouverture,
00:10:12la France débutait non pas en 1789, mais en 1794.
00:10:16Le troisième, un message de soutien au directeur artistique de la cérémonie, Thomas Joly,
00:10:22à la DJ féministe et activiste LGBTQ plus Barbara Butch
00:10:28et à la boxeuse algérienne Imane Khedif contre les réactionnaires de tous bords.
00:10:34Je cite encore, les partis sont pris, c'est net, clair et précis.
00:10:38Pour Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise
00:10:42ou de Manuel Bompard, le député éléfi des Bouches-du-Rhône,
00:10:46le silence, lui, est total sur les JO,
00:10:49comme sur Léon Marchand, sur Teddy Riner, sur les Frères Lebrun.
00:10:53Rien, désespérément rien.
00:10:56Même Sébastien Delogu, élu des Bouches-du-Rhône,
00:11:00félicita les athlètes français.
00:11:02Chez Mélenchon, chez Bompard, rien, silence total.
00:11:06Je suis sûr qu'Olivier Tarticol va réagir juste après.
00:11:08Est-ce que les JO, mon cher Vincent, referment pour une partie de la gauche
00:11:11un système de valeurs opposées au leur ?
00:11:13On peut se poser la question légitimement.
00:11:15En tous les cas, il est permis d'en douter.
00:11:17Les valeurs des JO, patriotisme, compétition,
00:11:21célébration des inégalités de performance, capitalisme même.
00:11:25Madame Arthaud, c'est intéressant.
00:11:27Elle a pris la liste des médailles et elle a dit
00:11:30« Dans la liste des médailles, quels sont les pays pauvres ? »
00:11:33Elle commence par prendre l'Inde en pays pauvre et en taille d'habitant.
00:11:36Elle voit que l'Inde a très peu de médailles.
00:11:38Elle voit par exemple que les pays riches,
00:11:41qui ont beaucoup moins d'habitants que l'Inde, ont des médailles.
00:11:44Elle crie au capitalisme, évidemment.
00:11:47Arnaud Saint-Martin, le député LFI de Seine-et-Marne,
00:11:50affirme par exemple que l'heure est à la régression nationaliste.
00:11:57Les JO mettraient-ils les nations en compétition plutôt que les athlètes
00:12:02et viendraient à rebours ou à revers de l'idéal d'une sorte de paix universelle ?
00:12:08Les sélistes sympathisants de gauche Mathieu Slama critiquent
00:12:12« les gens qui soutiennent de facto les Français plutôt que les autres ».
00:12:17Il est agacé par, je cite encore, « cet espace d'unanimisme forcé, dépolitisant ».
00:12:23Là, c'est intéressant, parce que la volonté est de mettre de la politique partout.
00:12:26Le 25 juillet dernier, la France insoumise lançait une commission d'enquête populaire
00:12:32sur les implications sociales, économiques et écologiques des JO.
00:12:35On attend les conclusions, c'est pour la rentrée.
00:12:37Mais Alma Dufour, députée insoumise de Seine-Maritime, dénonce une dépense colossale.
00:12:43Elle regrette notamment les investissements énormes réalisés pour rendre la Seine baignable
00:12:47alors qu'il pleut dans les lycées et qu'il y a des problèmes d'ascenseur et d'insalubrité dans les HLM.
00:12:53L'élu et les filles de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé estiment pour sa part, dans le Huffington Post,
00:12:58que derrière les belles images des JO 2024, des tonnes de gamins ne peuvent pas accéder au sport.
00:13:04Pour les insoumis donc, pour faire très clair, l'olympisme et sa devise,
00:13:09sitius, altius, fortius, plus vite, plus haut, plus fort, qui valorise le dépassement de soi et l'excellence,
00:13:15ne seraient pas portés par des valeurs nobles.
00:13:18Il y a une culture de la gauche radicale anti-sport compétitif.
00:13:23La glorification de la performance en d'autres termes, la performance nationale,
00:13:27serait perçue comme renforçant une idéologie néolibérale du chacun pour soi
00:13:31et un désintérêt pour les athlètes qui ne viennent pas de notre pays,
00:13:34au détriment des valeurs collectives et solidaires.
00:13:37Les attitudes nationalistes et patriotiques, vous voyez les deux termes sont confondus,
00:13:42les états participants viendraient atténuer l'idéal, encore une fois,
00:13:45de cette paix universelle réclamée par une partie de cette gauche française.
00:13:50Un positionnement idéologique que le politologue français Philippe Marrière explique.
00:13:54Il existe une culture de gauche radicale anti-sport compétitive
00:13:58qui associe les événements sportifs au consumérisme capitaliste.
00:14:02Pour elle et filles, les JO de Paris et les autres compétitions avant eux,
00:14:07renverraient donc au nationalisme, au sexisme,
00:14:10à un esprit de compétition individualiste.
00:14:13Mais question, mon cher Vincent, est-ce que le patriotisme et la gauche ont toujours fait mauvais ménage ?
00:14:18Attendez, alors voilà, en fait, tout le but de l'édito, c'est à ça que je voulais en venir,
00:14:23parce que je voulais interroger l'histoire.
00:14:25Allez ouffé !
00:14:26Je voulais interroger l'histoire pour savoir un petit peu d'où tout cela venait.
00:14:33Et parce qu'il m'apparaissait que ce conflit entre patriotisme et une partie de la gauche
00:14:38était un conflit idéologique tout neuf.
00:14:41Parce que le patriotisme et les filles y voient un nationalisme,
00:14:46mais pas le patriotisme et le PS.
00:14:48Souvenez-vous de Jules Ferry ou d'Ernest Renan après la défaite de 1871.
00:14:52Souvenez-vous de François Hollande après les attentats meurtriers de Charlie Hebdo.
00:14:57Il exhortait les Français à pavoiser leurs fenêtres du fagnon tricolore.
00:15:02À l'instar de Ferry ou de Renan, il invoquait l'âme française face aux djihadistes.
00:15:07Souvenez-vous encore devant la perspective d'un très long et très difficile combat contre le terrorisme,
00:15:14François Hollande arborait son fagnon officiel aux trois couleurs dont il était,
00:15:18comme son statut l'indiquait, le dépositaire, le porte-drapeau de la République.
00:15:23C'était lui en France.
00:15:25Il ne vous aura pas échappé, et cette notion est capitale,
00:15:28que nous ne sommes ni en Italie, ni en Allemagne, ni au Royaume-Uni, ni en Espagne.
00:15:33Que c'est la monarchie qui a fait l'État, et que c'est l'État qui a fait la nation.
00:15:38Ailleurs, dans les autres pays que je viens de citer, c'est l'inverse.
00:15:41C'est la nation qui a fait l'État.
00:15:43Ce n'est pas tout à fait la même limonade.
00:15:45Le patriotisme est né de la Révolution 1789, donc de la gauche.
00:15:50Les soldats de l'an II, Danton, Carnot, Kellerman, Hoche, en sont, avec d'autres, des illustrations.
00:15:56La conscience du patriotisme est sortie des guerres de la Révolution, puis de l'Empire,
00:16:01puis de l'Empire, même si l'idée de nation s'esquisse, si vous voulez, vers Philippe-Auguste,
00:16:08pour culminer avec Louis XIV.
00:16:10Après l'Empire, sous la Restauration, ce sont les Républicains.
00:16:14République universelle, tu n'es encore que l'étincelle, demain tu seras le soleil.
00:16:19Mais Hugo était pas né.
00:16:20Donc sous la Restauration, ce sont les Républicains, la gauche donc, qui ravivent des couleurs.
00:16:24Bref, durant tout le XIXe siècle, le patriotisme, il est à gauche.
00:16:29On pourrait même arguer que le jacobinisme est un héritage du patriotisme.
00:16:33C'est ainsi jusqu'à l'affaire Dreyfus qui va détricoter tout ça, d'une certaine façon,
00:16:37et fait tout bousculer.
00:16:38Le boulangisme bruit les cartes, la suite, vous la connaissez.
00:16:41La gauche, en France, demeure fondamentalement patriote, même si le nationalisme, peu à peu,
00:16:47va prendre le pas.
00:16:48Entre les deux guerres, le PC voit tout rouge.
00:16:51Il n'y a plus de blanc, il n'y a plus de bleu, mais les internationalistes sont aussi des pacifistes
00:16:58et des patriotes.
00:17:00C'est la droite qui va se diviser entre nationalistes et municois.
00:17:03A la libération, la gauche porte le drapeau tricolore.
00:17:06Allons vite.
00:17:07Vous m'avez dit qu'on n'avait pas le temps.
00:17:09Oui, je dis ça.
00:17:10Je regarde l'horloge, vous savez.
00:17:12Bon, nous on va y aller.
00:17:13Le PS de Mitterrand, il est européen, il est européiste, mais il est patriote.
00:17:23C'est dire qu'une seule partie de la gauche aujourd'hui fait fi du patriotisme qu'elle afflige de tous les maux,
00:17:29mais c'est finalement une histoire moderne, un parti pris idéologique immédiatement contemporain.
00:17:35C'est ce qu'il fallait démontrer.
00:17:37Merci.
00:17:38Merci beaucoup.
00:17:39Ça va, vous avez suivi dans mon temps ?
00:17:40C'est bien.
00:17:41Parfait.
00:17:42C'était bien.
00:17:43Je voudrais ajouter la figure de Jaurès.
00:17:45Bien sûr.
00:17:46Ajouter la figure de Jaurès et sa défense d'un patriotisme de concorde, de paix et de justice qui l'opposait à un nationalisme belliqueux.
00:17:54Bien sûr.
00:17:55Que ceux qui, à gauche, doutent de ça, retournent vers la lecture du grand Jaurès.
00:17:59C'est la raison pour laquelle on ne peut pas associer la gauche à un anti-patriotisme primaire.
00:18:07D'abord parce qu'historiquement, ce serait faux de le penser.
00:18:09Et deux, il ne faut parler que d'une petite partie de la gauche, une minorité à gauche qui, évidemment, prend beaucoup de place.
00:18:16Mais il ne faut pas confondre les notions.
00:18:18Monsieur Dartigold, est-ce que vous êtes prêt pour le challenge que je vous ai fixé ?
00:18:23Nos téléspectateurs vous attendent puisqu'il y a deux questions essentielles.
00:18:27La première que je vais vous poser, Emmanuel Macron va-t-il nommer un nouveau Premier ministre dans les prochains jours ?
00:18:33Attention, la France vous regarde.
00:18:35Donc c'est quand ?
00:18:37Ah oui, c'est ça.
00:18:38Je vous reconnais bien là, Thierry Cabane, à la recherche d'un scoop.
00:18:42Vos jeunes années de journalisme sont restées intactes.
00:18:46Cette passion pour l'exclusivité, pour l'alerte AFP, pour cette information.
00:18:52Après une double défaite assez sévère européenne et législative, Emmanuel Macron avait décrété une trêve olympique et politique.
00:19:04On s'en souvient, le pays était alors divisé.
00:19:09On pourrait même dire plus que jamais.
00:19:11Le climat général était aux tensions, aux ressentiments, aux polémiques, aux disputes, aux chicayas, comme on dit dans mon sud-ouest.
00:19:18Et puis, la fée Olympie, d'un coup de baguette magique, a transformé, je reprends Estanguet, un Béarnais, un peuple d'irréductibles râleurs, en supporters déchaînés qui ne peuvent plus s'arrêter de chanter.
00:19:36Dans le journal L'Équipe, le président Macron déclare, ouvrez les guillemets, le message qu'ont envoyé les Français est très cohérent avec les JO, travailler ensemble.
00:19:47Avant ces Jeux Olympiques, la date du 12 août était inscrite à l'agenda comme une sorte de fin de CDI.
00:19:57Encore un moment, M. Le Bourreau aurait pu dire Gabriel Attal, pour l'exécutif démissionnaire depuis le 17 juillet, 17 juillet,
00:20:07pour permettre aux ministres députés d'aller voter le lendemain, le 18, pour essayer d'assurer ce qui a été fait, l'élection de Gaël Braun, pivé au perchoir.
00:20:17Mais ça, c'était avant. Avant la vasque olympique qui s'élève dans les cieux, avant la liesse populaire, avant que le journal El País écrive « la France semble avoir pris des vacances d'elle-même ».
00:20:33Ou encore le Wall Street Journal, vous voyez mes références, la plus grande surprise des Jeux, même les Français ne trouvent rien à redire.
00:20:46Alors Emmanuel Macron peut avoir la tentation, si ce n'est de Venise, de gagner encore un peu de temps. Il n'y aura rien cette semaine.
00:20:55Elle est consacrée à la suite de ces JO, qu'est-ce que tout cela était beau et grand, et aux enjeux mémoriels du 80e anniversaire du débarquement en Provence,
00:21:07de la libération de Bormes-les-Mimosas dans le Var, c'est une commune où se situe le fort de Brégançon.
00:21:15Après le pont du 15 août, et c'est là où ça devient intéressant, Emmanuel Macron pourrait consulter séparément les chefs de partis et les présidents des groupes parlementaires,
00:21:26à la recherche d'une coalition qu'il veut solide et pérenne. Les Jeux paralympiques commencent le 28 août et s'achèveront le 8 septembre.
00:21:36Tic-tac, selon la jolie musique du temps qui s'écoule, cela peut donc être la semaine prochaine, ou pas.
00:21:48Il faudrait quand même un nouveau ministre de l'Éducation d'ici la rentrée scolaire, il faudrait quand même un ministre des Finances pour élaborer un projet de loi 2025
00:22:00qui n'est pas simple à élaborer et qui doit être posé sur le bureau du Parlement, Assemblée nationale et Sénat le 1er octobre.
00:22:09Alors question essentielle, cruciale, qui, mais qui pour remplacer Gabriel Attal ? Je vous attends !
00:22:16Je vous reconnais bien là cher Thierry, toujours à la recherche de ce groupe, mais décidément on ne vous changera pas.
00:22:23Jamais !
00:22:24Du dernier nom qui circule dans les milieux informés, je vais essayer de le trouver, de le sortir du chapeau.
00:22:33Cela ne sera pas Tony Estanguet, il a besoin d'un peu de repos, ni d'Antoine Dupond, ni Léon Marchand, à l'Élysée.
00:22:41La communication des derniers jours a consisté à peindre un portrait sépia du candidat idéal, un parfum de cohabitation, que ces choses-là sont bien dites.
00:22:52Une personnalité pouvant parler à la gauche régalienne et à la droite sociale et qui ne s'attaquerait pas au totem du macronisme,
00:23:01notamment la fiscalité et la réforme des retraites.
00:23:04Qui connaît bien le Parlement et qui ne se présenterait pas aux prochaines élections de 2027.
00:23:13Je vous vois commencer à évacuer certains profils, à en faire rentrer d'autres, poursuivons.
00:23:19La partie n'est pas simple pour Emmanuel Macron.
00:23:22D'autant que cela s'agite au sein du bloc central et présidentiel.
00:23:27Gérald Darmanin, ce matin, dans le Figaro, ou encore le patron du groupe Horizon,
00:23:33prenne le large et parle sans avoir consulté le château.
00:23:38Emmanuel Macron, comme jadis le pauvre Ruttebeuf, doit se dire que sont mes amis devenus,
00:23:44que j'avais d'aussi prétenus et tant aimés.
00:23:46Ils ont été trop clairsemés, je crois le vent les a ôtés.
00:23:50L'amour est morte.
00:23:52Alors des noms circulent, plus que d'autres.
00:23:55Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve.
00:23:58Mais il y a un problème.
00:23:59Quand on regarde ces deux profils, aucun d'entre eux ne tue le match, ou à gauche, ou à droite.
00:24:06Ils sont même, si ce n'est isolés, tout au moins, ils ne sont pas en odeur de sainteté.
00:24:12Pour le premier, chez LR.
00:24:13Pour le second, dans le parti socialiste, encore vampirisé par les LFistes.
00:24:20Lucie Casté, justement, pour le Nouveau Front Populaire, ne lâche pas l'affaire.
00:24:25Au final, le président pourrait être tenté par une personnalité peu connue
00:24:30pour créer un effet de surprise, à défaut de provoquer un effet waouh comparable au JO.
00:24:37Vous allez me dire, cher Thierry, que je n'ai répondu à aucune des deux questions.
00:24:42Quel médaille je vais vous décerner ?
00:24:44Quand et qui.
00:24:45Mais je me suis attaché à bien le faire.
00:24:47Normalement, à la fin de l'envoi, le Gascon touche.
00:24:51Sauf que là, que voulez-vous ?
00:24:53Le président lui-même a-t-il aujourd'hui même la réponse à ces deux questions ?
00:24:59Depuis Brégançon, le président Macron doit peut-être penser au très regretté Henri Cueil qui disait
00:25:06« il n'est pas de problème qu'une absence de solution ne finisse par résoudre ».
00:25:11Quand Mitterrand disait qu'il fallait laisser du temps au temps,
00:25:15on sentait qu'il y avait de l'épaisseur, qu'il y avait du Machiavel,
00:25:19qu'il y avait la volonté d'une décantation.
00:25:22Avec Emmanuel Macron, on se dit que c'est plutôt la déconfiture.
00:25:26Bon, médaille d'or, d'argent, de bronze ou de chocolat ?
00:25:30Je colle le bronze.
00:25:33La formule « laisser du temps au temps » n'est pas de Mitterrand, elle est de Cervantes.
00:25:38Et elle a été reprise et traficotée par Borgès.
00:25:43Oui.
00:25:44Mais c'est une formule qu'on trouve dans le Quirote.
00:25:48Et que politiquement, on attribue un peu au Mitterrandisme.
00:25:52Allez les amis, pub et on se retrouve avec Céline Pinard.
00:25:55A tout de suite.
00:26:00La deuxième partie de Face à l'info était toujours avec moi,
00:26:03Céline Pinard, Pierre-Marie Sèvres, Vincent Roy et Olivier Dartigolle.
00:26:07On va commencer avec vous cette deuxième partie, ma chère Céline.
00:26:10On va parler de la rentrée, alors que certains se demandent
00:26:13si la rentrée scolaire universitaire verra le retour des mobilisations pro-palestiniennes.
00:26:18Vous voulez nous parler ce soir de la main de l'Iran,
00:26:21derrière ces fameuses manifestations qui sont tout, tout, sauf spontanées.
00:26:27Une séquence justement l'a illustré.
00:26:29Alors qu'en avril, Sciences Po Paris était occupée par des militants pro-palestiniens,
00:26:34l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique,
00:26:38avait utilisé les images, notamment de la rue Saint-Guillaume,
00:26:42envahies par les drapeaux palestiniens, pour sa propre communication.
00:26:47Il avait écrit « Voyez ce qu'il se passe dans le monde,
00:26:50dans les pays occidentaux, en Angleterre et en France,
00:26:53les gens sortent en grand nombre pour scanner des slogans contre Israël et l'Amérique.
00:26:59Alors l'ayatollah ne prend pas de précautions oratoires.
00:27:02Il ne s'étend pas sur la Palestine, dont il se moque éperdument.
00:27:06Il dit clairement quelles sont ses cibles, Israël, l'Amérique et les pays occidentaux.
00:27:12Et ce n'est pas un hasard si l'Iran a choisi de reprendre les images
00:27:16des mobilisations pro-palestiniennes liées à l'extrême-gauche.
00:27:20Le régime utilise en effet ces groupuscules ultra-politisées
00:27:24dans le but de déstabiliser les démocraties européennes.
00:27:27Selon Emmanuel Razavi, grand reporter spécialiste du Moyen-Orient
00:27:31et auteur de « La fâche cachée des molas »,
00:27:34l'Iran n'est pas à l'origine des manifestations en tant que telle,
00:27:38mais par ses financements et son influence,
00:27:40il fournit le discours et la vision du monde qui va avec.
00:27:43Quels sont les indices qui lui font deviner le soutien de l'Iran
00:27:46derrière ces fameuses manifestations ?
00:27:49Il suffit d'écouter les mots d'ordre de ces manifestations.
00:27:52La glorification du terrorisme assimilé à de la résistance.
00:27:56La réactivation de la haine antisémite.
00:27:58L'imaginaire islamique qui s'y déploie.
00:28:01Bien des éléments visuels, bien des discours n'appartiennent absolument pas
00:28:05à notre tradition historique ou culturelle.
00:28:08Et à commencer d'ailleurs par le fait d'éliminer complètement
00:28:11le drapeau français dans ces manifestations
00:28:14pour le remplacer par le drapeau palestinien.
00:28:17C'est un affront symbolique que ne sauraient tolérer
00:28:19par exemple des pays comme la République islamique d'Iran.
00:28:22Et c'est vu par les observateurs islamistes
00:28:25comme le signe de notre affaiblissement
00:28:27et de notre incapacité à défendre ce que nous sommes.
00:28:30Cette substitution de drapeau au cœur de la campagne des Européennes
00:28:34de la France insoumise est une victoire morale et mentale des islamistes.
00:28:40L'Iran a également des liens très forts, on le voit,
00:28:43avec le monde universitaire et les milieux d'extrême gauche en France.
00:28:46Oui, on se souvient que la prise de pouvoir de l'ayatollah Roménie
00:28:49avait été plébiscitée par nombre d'intellectuels.
00:28:52En premier lieu d'ailleurs Michel Foucault.
00:28:55Et c'est celui qui s'est probablement fourvoyé le plus dans cette compromission
00:28:59car lui a théorisé carrément la fusion entre la révolution marxiste
00:29:04et le réveil islamiste.
00:29:06Ce qui le fascine en fait c'est l'existence de l'ouma.
00:29:09C'est l'idée de communauté au-delà des personnes, des ethnies et des nations.
00:29:14C'est la disparition des individus dans un tout organique.
00:29:18C'est la destruction du pluralisme politique dans le dogme religieux.
00:29:22Ce qui le fascine finalement c'est la dimension fasciste et totalitaire de l'islamisme.
00:29:27Pour lui il s'agit de mettre fin à l'organisation démocratique
00:29:31et au matérialisme du monde capitaliste
00:29:34en utilisant l'énergie du religieux et la combativité de la foi.
00:29:39On retrouve cela en partie dans la glorification du Hamas
00:29:43comme force de résistance au-delà même du bien et du mal.
00:29:46Mais Céline, la référence ne date-t-elle pas un petit peu ?
00:29:50On peut se poser des questions ?
00:29:51Tout à fait, mais en fait ces raisons ont été réactivées
00:29:54grâce à la proximité du régime iranien avec les frères musulmans.
00:29:58L'organisation des frères musulmans a la main mise sur la formation des imams en France.
00:30:03Elle contrôle une grande partie des réseaux des mosquées
00:30:06mais elle s'intéresse particulièrement à la jeunesse et au mouvement étudiant.
00:30:10Dans nombre de facultés, les organisations liées aux frères musulmans
00:30:14sont les alliés de l'UNEF aux élections étudiantes.
00:30:17Les frères sont également très introduits dans les milieux universitaires
00:30:21notamment par le biais des conseils visant à promouvoir la diversité
00:30:24ou à lutter contre les discriminations
00:30:27ou tout simplement par la forte adhésion du milieu universitaire au gauchisme politique.
00:30:32Comment les repérer ?
00:30:34Eh bien par exemple, tout ce qui est fait pour mettre en avant l'islamophobie,
00:30:38la tentative d'interdire toute critique de l'islam au sein, par exemple, des universités
00:30:45ou la promotion du voile, par exemple, sont des indicateurs forts du niveau d'antrisme islamiste.
00:30:50Par des réseaux associatifs et militants, l'Iran fait passer ces mots d'ordre
00:30:55et ces éléments de langage comme la priorité de ses combats
00:30:58et il le fait avec d'autant plus d'efficacité qu'il en a besoin.
00:31:02En fait, l'Iran est derrière l'organisation du pogrom du 7 octobre,
00:31:06pas seulement en tant que financeur mais aussi en tant qu'entraîneur du Hamas.
00:31:09Or, il veut effacer le souvenir de ce pogrom,
00:31:12car celui-ci entre en résonance avec le traumatisme de la Shoah en Europe
00:31:16et de ce fait, dessert sa tentative de déstabilisation.
00:31:20Donc, il a besoin d'imposer un narratif antisémite
00:31:24où les Israéliens sont présentés comme les bourreaux du peuple palestinien.
00:31:28Pour cela, il est nécessaire que son négationnisme et ses mensonges soient validés.
00:31:34Or, l'université est le lieu où on forge les représentations culturelles et politiques,
00:31:40d'où l'importance de peser sur la constitution des savoirs.
00:31:44Cela permet ensuite aux propagandistes de se référer à des études académiques
00:31:49pour diffuser ce qui est en fait de l'ordre de la construction militante.
00:31:53Alors, cette proximité entre la République d'Iran et les frères musulmans
00:31:57ne se hortelle pas au fait que les Iraniens sont chiites,
00:32:00alors que les frères musulmans, comme vous le savez, viennent de l'islam sunnite ?
00:32:04Alors, la République d'Iran a historiquement toujours entretenu des liens très forts avec les frères musulmans.
00:32:10Et leur alliance, elle va justement se nouer autour de la question palestinienne.
00:32:14Dans les années 50, l'aryatollah Roumeni est proche de Nawab Safavi,
00:32:19qui est le chef des Fédaïn-el-Islam, lequel est très proche lui-même de Saïd Kulb,
00:32:24qui est le théoricien le plus représentatif des frères musulmans.
00:32:29Donc, ça va être les idées et les théories des frères
00:32:33qui vont constituer les piliers de la révolution islamique iranienne.
00:32:37Or, cette idéologie a une vision impérialiste de l'islam,
00:32:42lequel est voué à conquérir le monde.
00:32:44Cette vision panislamique a besoin d'une cause unificatrice
00:32:49et d'un imaginaire partagé par tout le monde musulman.
00:32:53Et cela tombe bien, parce que la cause palestinienne va fournir cette valeur unificatrice,
00:32:59parce qu'elle est à la fois un récit mobilisateur
00:33:02et elle fournit également un ennemi contre lequel se lever, qui sont les juifs.
00:33:07Dans ce cadre impérialiste et conquérant,
00:33:09la présence d'un État juif sur une terre musulmane est vécue comme un blasphème.
00:33:14Et voilà pourquoi il est du devoir de tout musulman de détruire l'État d'Israël,
00:33:18selon les islamistes.
00:33:21La ré-islamisation de la cause palestinienne,
00:33:24comme vecteur du pan-arabisme porté par les frères musulmans,
00:33:27passe donc par la réactivation de l'antisémitisme le plus violent.
00:33:31Et porte en elle une logique d'extermination,
00:33:34puisque le sionisme est présenté comme une entité diabolique.
00:33:38Dans le but de devenir le leader du monde musulman,
00:33:42ce qui était l'objectif de Roménie à l'époque,
00:33:45il a adopté la doctrine des frères musulmans
00:33:49qui lui permettait d'unifier chiites et sunnites.
00:33:53Du coup, la Palestine est devenue un levier mobilisateur,
00:33:56les juifs et l'Occident sont devenus les ennemis absolus.
00:34:00Cette trilogie est au cœur de la communication des étudiants radicalisés,
00:34:05comme on l'a vu à la fin de l'année,
00:34:08et c'est pour ça que l'aléatoire Roménie est si impliqué
00:34:11dans la promotion de la cause palestinienne
00:34:14et dans le salut des mobilisations étudiantes.
00:34:16L'influence de l'Iran est liée également aux liens tissés
00:34:19entre le régime et l'extrême gauche, Céline.
00:34:21Oui, leurs liens principaux viennent de leur logique révolutionnaire.
00:34:25Ils doivent non seulement renverser le pouvoir en place,
00:34:28mais surtout briser le consensus qui permet la stabilité sociale et politique.
00:34:33La démarche révolutionnaire est pour cela une démarche violente.
00:34:37En fait, elle a besoin de la destruction.
00:34:40C'est le passage obligé vers l'avènement de l'endemain qui chante.
00:34:44Donc la phase de terreur et de massacre
00:34:46est complètement partie prenante de toute la démarche.
00:34:49En Iran, par exemple, les militants communistes et les militants islamistes
00:34:54se sont d'abord rencontrés à l'université, puis en prison.
00:34:57Parce qu'en général, ils ont été déportés ensemble.
00:35:00Ils ont approfondi les liens à ce moment-là.
00:35:03Et leur alliance s'est formée sur une logique simpliste
00:35:05qui était les ennemis de nos ennemis sont nos amis.
00:35:08Mais cette alliance de circonstances, en fait, elle a fonctionné.
00:35:12C'est avec les communistes qu'en 1979, Roménie va prendre le pouvoir.
00:35:17Mais il ne faudra pas un an avant que l'ayatollah n'édite une fatwa
00:35:21qui condamne à mort ceux qui l'ont aidé.
00:35:24En un an, on est passé de la lune de mienne aux noces sanglantes.
00:35:28Emmanuel Razavi fait également un lien entre les stratégies russes
00:35:33de déstabilisation de nos sociétés et l'activité de l'Iran
00:35:38au sein des organisations pro-palestiniennes.
00:35:41Oui, il se trouve qu'en fait, la Russie forme les agents iraniens
00:35:45depuis très longtemps.
00:35:46Il y a un vrai lien entre les deux services secrets russes
00:35:49et les deux partagent la même volonté de déstabilisation
00:35:53des sociétés occidentales.
00:35:54Mais finalement, on va retrouver au final le même chemin qu'à l'époque
00:35:58où le communisme était un rêve totalitaire à dimension planétaire.
00:36:02Et on peut partager la même interrogation.
00:36:04C'est-à-dire, qu'est-ce qui pousse une partie de cette jeunesse
00:36:08à s'en prendre à une société démocratique, certes imparfaite,
00:36:12mais qui leur garantit quand même droit, liberté, autonomie,
00:36:17pour devenir les portes-drapeaux d'organisations terroristes
00:36:20comme le Hamas ou d'États autoritaires et violents
00:36:24comme l'Iran ou la Russie.
00:36:26Alors que les sociétés que produisent ces pays et leurs idéologies
00:36:31sont inégalitaires, violentes et autoritaires.
00:36:34Exactement tout ce que ces jeunes disent vouloir combattre.
00:36:38Est-ce qu'il y a une petite réaction autour de ce plateau
00:36:40sur l'édito de Céline Pina, Pierre-Marie Sèvres ?
00:36:43Moi, je n'ai pas du tout envie de donner raison aux Iraniens.
00:36:46Mais là où ils ont raison, c'est que s'ils viennent attaquer
00:36:48les sociétés occidentales, étudiantes, etc.,
00:36:51c'est qu'ils ont vu qu'il y avait une vulnérabilité.
00:36:54Je doute que les Iraniens s'attaquent aux universités chinoises ou indiennes.
00:36:59À mon avis, ils ont beaucoup plus de mal.
00:37:01Or, civilisationnellement, parce qu'on est dans un moment
00:37:04assez charnière et assez particulier de la civilisation occidentale,
00:37:07ils ont bien vu que c'était le moment de jouer dans nos universités,
00:37:11chez nos étudiants qui sont en perte de repère.
00:37:13On ne sait plus ce que c'est que la France,
00:37:15on ne sait plus ce que c'est que...
00:37:17On n'a plus notre ordre des priorités.
00:37:19Vous savez, Saint-Thomas disait, d'abord on aime sa famille,
00:37:22ensuite on aime ses amis, ses voisins, ensuite son pays, etc.
00:37:25Là, on a complètement perdu cet ordre des priorités.
00:37:27Et donc, malheureusement, ils ont vu.
00:37:30D'un autre côté, ça nous permet de voir qu'on est vulnérable là-dessus,
00:37:33et ça nous permet de nous dire, d'allumer une petite cloche,
00:37:35il y a un problème au niveau profond dans les valeurs
00:37:39de notre société démocratique.
00:37:41Je trouvais très audacieux, dans la chronique de Céline,
00:37:45qu'elle cite Foucault, parce qu'effectivement,
00:37:48je n'ai pas oublié les thèses de Foucault à ce moment-là,
00:37:53et aujourd'hui, il a quand même régné sur l'université,
00:37:58et effectivement, certains fascismes ne lui faisaient pas peur.
00:38:02C'est bien d'aujourd'hui de relire à neuf Foucault,
00:38:07et de pouvoir être, d'une certaine manière, son exégète d'un moment,
00:38:12face à l'info.
00:38:14Olivier ?
00:38:15Ces deux réactions rapides, après un édito avec beaucoup d'érudition.
00:38:19La première chose, c'est un souvenir.
00:38:21Le combat pour la cause palestinienne,
00:38:23qui est un combat juste en termes de droit international,
00:38:25a longtemps été porté par des organisations laïques.
00:38:28Et le religieux est venu après.
00:38:31Mais pendant longtemps, les organisations palestiniennes
00:38:34avaient là-dessus une démarche très claire.
00:38:39Malheureusement, et y compris au sein du pouvoir israélien actuel,
00:38:44les organisations islamistes,
00:38:47qui sont le pire pour les Palestiniens eux-mêmes,
00:38:52ont été soutenues pour des enjeux de rapport de force.
00:38:57Pour résumer, le Hamas, à un moment donné,
00:39:00a été l'interlocuteur choisi.
00:39:02Ça, c'est la première chose.
00:39:03La seconde chose, il ne faut jamais oublier
00:39:05qu'il existe au sein de la gauche des forces encore vives,
00:39:09parfois le dos au mur, c'est vrai, parfois en difficulté,
00:39:12qui portent toujours la solution à deux États
00:39:15et qui insistent sur le droit pour Israël
00:39:19à vivre en sécurité, à vivre dans ses frontières.
00:39:24Et donc, moi, je souhaite toujours
00:39:26que quand on aborde ces sujets-là,
00:39:29on puisse aussi parler de ces militants progressistes
00:39:33qui existent encore, qui témoignent, qui se battent,
00:39:38parfois peut-être qu'ils pourraient le faire plus fortement.
00:39:41Mais il ne faut pas oublier que cette dimension-là,
00:39:44cette identité-là, elle reste toujours vivante à gauche.
00:39:46C'est vrai, mais elle a été, je pense, ternie.
00:39:50Parce qu'aujourd'hui, plus personne ne sait
00:39:52qui est progressiste, ce qui est.
00:39:54Et en fait, l'alliance avec LFI
00:39:56a fait porter toute l'opprobre antisémite
00:39:59et l'opprobre liée à la violence politique à toute la gauche.
00:40:03Et ce qui fait que finalement, alors que moi, j'ai des amis,
00:40:07et on sait qu'il y a des gens,
00:40:09ils n'ont pas énormément d'autres choix,
00:40:11parce qu'à un moment donné, se retrouver sans situation,
00:40:15quand vous avez une cinquantaine d'années,
00:40:17tout le monde n'est pas en capacité de se reconstruire.
00:40:19Donc, il y a des gens qui sont complètement coincés.
00:40:21Mais de fait, cette alliance bellétaire avec LFI
00:40:24a touché, a abîmé toutes ces dimensions-là.
00:40:27Et c'est vrai que c'est dommage.
00:40:29Allez, on va changer de sujet avec vous,
00:40:31mon cher Pierre-Marie Sèvres.
00:40:33Ce soir, vous vous interrogez suite à un fait divers.
00:40:36Je m'explique.
00:40:37Poursuivi par la justice pour avoir tiré sur un cambrioleur,
00:40:40un agriculteur obtient un non-lieu.
00:40:42La question que vous vous posez,
00:40:44a-t-on le droit de se défendre en France en 2024 ?
00:40:48Vaste sujet.
00:40:49Alors, vous vous en souvenez peut-être,
00:40:51c'était le 25 mars 2022.
00:40:53Ce soir-là, un agriculteur de 35 ans se couche tout simplement.
00:40:56Il est seul dans sa maison avec sa petite fille de 3 ans.
00:40:59Et au moment d'éteindre la lumière,
00:41:00il entend des coups sourds en bas de sa maison, au rez-de-chaussée.
00:41:05D'un coup, l'homme qu'on va appeler Alexandre
00:41:07se précipite en bas.
00:41:08Et là, il comprend qu'il s'agit de plusieurs personnes
00:41:10qui tentent clairement de pénétrer chez lui.
00:41:12Alexandre saisit une carabine
00:41:14et effectue un premier tir de sommation
00:41:16en direction du groupe,
00:41:17mais sans les viser directement.
00:41:18Ça a été reconnu dans le procès,
00:41:20dans l'ordonnance du juge d'instruction.
00:41:22Le groupe change alors de tactique
00:41:24et tente de pénétrer par une autre entrée.
00:41:26Alexandre sent le piège se refermer sur sa fille et lui.
00:41:30Et visiblement d'ailleurs, les hommes à qui il a affaire
00:41:32n'ont pas peur de la violence
00:41:33puisqu'un tir de sommation ne les effraie pas.
00:41:35Alors, il tire directement sur un des cambrioleurs.
00:41:37Il se croit en légitime défense.
00:41:39Et là, les hommes reculent.
00:41:40Alexandre entend des voix.
00:41:41Les témoins aussi entendent des voix.
00:41:43Et quelques instants plus tard,
00:41:44on entend un véhicule partir en trombe.
00:41:46Un homme a été touché.
00:41:48Il a été déposé par ses complices dans un hôpital à quelques kilomètres
00:41:51et il est décédé dans la nuit.
00:41:53On a d'ailleurs appris plus tard que l'homme décédé
00:41:55avait été condamné en Italie il y a seulement quelques années
00:41:57pour assassinat, qui est le plus grave crime
00:42:00dans le code pénal de droit commun,
00:42:02et qu'il faisait d'ailleurs l'objet
00:42:03d'un mandat d'arrêt international,
00:42:05étant originaire des Balkans.
00:42:06Alors, si on revient dans la maison d'Alexandre,
00:42:08les gendarmes arrivent,
00:42:09ils sont rapidement arrivés sur place
00:42:10et ils ont arrêté Alexandre,
00:42:12puisqu'il y a mort d'homme,
00:42:13et un magistrat l'a placé en garde à vue
00:42:15pendant 24 heures.
00:42:16À la fin de cette garde à vue,
00:42:17Alexandre a été mis en examen pour meurtre
00:42:20et est placé sous contrôle judiciaire
00:42:22en attendant son procès.
00:42:23C'est-à-dire qu'il est libre,
00:42:25avec un certain nombre de restrictions,
00:42:27notamment l'interdiction de retourner dans sa maison,
00:42:29qui a été placée sous scellé.
00:42:31Et en droit, la procédure ensuite,
00:42:33c'est quand il y a un potentiel crime,
00:42:34il y a un juge d'instruction qui est nommé
00:42:36et qui mène l'enquête,
00:42:37avec les policiers évidemment.
00:42:39Et suite à son enquête,
00:42:40il prend une décision quant au fait
00:42:41de tenir un procès ou pas,
00:42:43s'il estime qu'il y a bien eu un crime
00:42:44qui a été commis ou pas.
00:42:45Et donc c'était là qu'il y avait
00:42:46un vrai point fort,
00:42:49est-ce que la légitime défense va être retenue ?
00:42:51Et donc là, il y a quelques heures,
00:42:53le juge d'instruction a rendu son ordonnance.
00:42:55C'est une ordonnance de non-lieu.
00:42:57C'est-à-dire qu'il estime que la légitime défense
00:42:59était bien...
00:43:01On était bien en présence de légitime défense.
00:43:03Voilà, exactement.
00:43:04Et les conditions étaient réunies.
00:43:05Et ni le parquet, ni les victimes
00:43:07n'ont fait appel.
00:43:08Alors, on peut s'en réjouir,
00:43:10c'est une bonne nouvelle.
00:43:11Mais très franchement,
00:43:12est-ce que ce n'est pas un peu
00:43:13le monde à l'envers,
00:43:14ce que je vous raconte là ?
00:43:15Est-ce que ceux qui devraient être interrogés
00:43:17par un juge d'instruction,
00:43:18ce ne seraient pas les cambrioleurs par hasard ?
00:43:20Est-ce que ce n'est pas eux
00:43:21qui seraient à l'origine
00:43:22de toute cette affaire ?
00:43:23S'ils n'avaient pas décidé
00:43:24de commettre ce délit,
00:43:25Alexandre dormirait sur ses deux oreilles,
00:43:27il n'aurait pas vécu deux ans
00:43:29de contrôle judiciaire
00:43:30avec interdiction de retourner chez lui,
00:43:31et l'homme qui est décédé
00:43:33ne serait pas mort.
00:43:34Alors, Pierre-Marie,
00:43:35est-ce que cette affaire
00:43:36est un cas isolé ?
00:43:37Et question, est-ce qu'il y a eu
00:43:39une espèce de...
00:43:40Pardonnez-moi l'expression,
00:43:41un bug dans le système ?
00:43:42Alors, c'est ça qui est inquiétant.
00:43:43C'est que ce n'est pas un bug
00:43:44dans le système, visiblement.
00:43:45Il y a des dizaines d'affaires
00:43:46de ce genre en droit français.
00:43:48Je veux vous citer deux affaires.
00:43:49Alors, la première avait fait
00:43:50beaucoup de bruit,
00:43:51c'était il y a une dizaine d'années,
00:43:52elle avait choqué la France entière,
00:43:53et la deuxième a fait
00:43:54beaucoup moins de bruit,
00:43:55mais moi, elle m'a choqué,
00:43:56et je veux vous en parler
00:43:57parce que je trouve
00:43:58qu'elle est très révélatrice.
00:43:59Donc, la première affaire
00:44:00dont je veux vous parler,
00:44:01elle a eu lieu en septembre 2013,
00:44:02beaucoup d'entre nous
00:44:03s'en souviennent,
00:44:04c'était un bijoutier,
00:44:05le bijoutier de Nice,
00:44:07on l'avait appelé Stéphane Turc,
00:44:09qui avait été braqué
00:44:10au fusil à pompe.
00:44:11Et au moment où ces deux braqueurs
00:44:13s'enfuyaient à scooter,
00:44:14le bijoutier avait visé
00:44:16avec une arme à lui,
00:44:17avait tiré et avait atteint
00:44:19un des deux jeunes braqueurs.
00:44:20Celui-ci étant décédé,
00:44:22Stéphane Turc avait été poursuivi
00:44:23pour meurtre,
00:44:24et il encourait jusqu'à 30 ans
00:44:25de prison.
00:44:26Il a été poursuivi par la justice
00:44:27pendant cinq ans.
00:44:28Il n'a pas été condamné
00:44:29pour meurtre, au final,
00:44:30au bout de cinq ans,
00:44:31donc en 2018,
00:44:32mais pour violence volontaire
00:44:33ayant entraîné la mort
00:44:34sans intention de la donner.
00:44:35Il a été condamné pour ça
00:44:36à une peine de cinq ans
00:44:37de prison avec sursis.
00:44:39C'est une peine, certes,
00:44:41en partie symbolique,
00:44:42mais ça reste une peine
00:44:43très lourde pour un honnête homme,
00:44:44j'ose l'expression,
00:44:45qui travaille tout simplement
00:44:46pour manger,
00:44:47c'est un commerçant.
00:44:48Donc ça, c'est la première affaire.
00:44:49La deuxième affaire,
00:44:50on en a beaucoup moins
00:44:51entendu parler,
00:44:52mais pour moi,
00:44:53elle est particulièrement grave.
00:44:54Elle a eu lieu en mars 2020
00:44:55dans les Pyrénées-Orientales,
00:44:56dans le sud de la France,
00:44:57et c'était un monsieur âgé
00:44:58de 86 ans
00:44:59qui dormait tout simplement
00:45:00chez lui.
00:45:01Il avait déjà été cambriolé
00:45:02de nuit il y a quelques années,
00:45:04et depuis,
00:45:05il gardait un couteau de cuisine
00:45:06à côté de son lit.
00:45:08Ça le rassurait un petit peu.
00:45:10Mais cette nuit-là,
00:45:11en pleine nuit,
00:45:12il est à nouveau réveillé
00:45:13par un bruit suspect,
00:45:15je cite,
00:45:16« semblable à un obus »
00:45:17selon la presse.
00:45:18Il se lève,
00:45:19il serre son couteau
00:45:20contre lui,
00:45:21et il part explorer sa maison
00:45:22en pleine nuit.
00:45:23Et donc, d'après le récit
00:45:24qui a été fait par la presse,
00:45:25le vieux monsieur perçoit alors
00:45:27dans sa véranda
00:45:28un homme dans l'obscurité.
00:45:30L'homme s'approche de lui
00:45:32et l'aurait, je cite,
00:45:34« saisi par le pyjama »
00:45:35et fait tomber son dentier.
00:45:37L'habitant,
00:45:38attiré de son sommeil,
00:45:39donne alors des coups de couteau
00:45:40vers l'intrus
00:45:41et il l'atteint cinq fois.
00:45:42Donc, le cambrioleur
00:45:43a été gravement touché,
00:45:44il ressort en titubant
00:45:46et il s'effondre
00:45:47à quelques dizaines de mètres
00:45:48dans le jardin.
00:45:49Il est mort.
00:45:50Mais lorsque la justice s'en mêle,
00:45:51c'est l'habitant,
00:45:52pourtant à mes yeux
00:45:53la vraie victime,
00:45:54en tout cas au moins
00:45:55chronologiquement la première,
00:45:56qui est poursuivi.
00:45:57Il est même mis en examen
00:45:58pour meurtre.
00:45:59Le juge d'instruction
00:46:00retient finalement
00:46:01la légitime défense,
00:46:02comme dans le cas
00:46:03dont je vous ai parlé en Charente,
00:46:04à long gré.
00:46:05Mais la famille du cambrioleur,
00:46:06la famille, en l'occurrence,
00:46:07quand il y a une ordonnance
00:46:08de non-lieu,
00:46:09peut faire appel.
00:46:10C'est assez peu,
00:46:11assez rarement le cas.
00:46:12Elle ne l'a pas fait
00:46:13dans l'affaire de Charente
00:46:14dont je vous ai parlé en premier
00:46:15parce que la famille,
00:46:16elle est évaporée dans la nature.
00:46:18Mais là, en l'occurrence,
00:46:19la famille du cambrioleur,
00:46:20je note d'ailleurs
00:46:21que c'était un cambrioleur
00:46:22chevronné,
00:46:23a fait appel
00:46:24de cette décision-là.
00:46:25Donc au final,
00:46:26il aura fallu près de deux ans
00:46:27pour que la Cour d'appel de Montpellier
00:46:28reconnaisse enfin
00:46:29qu'un homme de 86 ans,
00:46:31tiré de son sommeil
00:46:32par un cambrioleur multirécidiviste,
00:46:34a bien agi en légitime défense.
00:46:36Et pendant toute la procédure,
00:46:37moi c'est ça qui me choque le plus,
00:46:38la maison a aussi été placée sous scellée.
00:46:41Donc le vieil homme de 86 ans
00:46:43a dû louer,
00:46:44pratiquement 90 aujourd'hui,
00:46:45a dû louer un petit appartement
00:46:46à quelques centaines de mètres
00:46:47de sa maison
00:46:48pendant deux ans.
00:46:50Alors cette affaire,
00:46:51elle a en commun
00:46:52avec la première dont je vous ai parlé
00:46:53en Charente,
00:46:55d'avoir vu les gentils,
00:46:56je peux dire gentils
00:46:57parce qu'ils ont gagné leur procès,
00:46:58gagnés.
00:46:59Mais en réalité,
00:47:00pour des gens
00:47:01qui sont sans casier,
00:47:02qui sont réveillés de nuit,
00:47:03qui travaillent dans leur commerce
00:47:05pour vivre,
00:47:06qui ne demandent rien à personne,
00:47:07toute cette procédure judiciaire,
00:47:08toute cette machine judiciaire,
00:47:10je vous ai dit garde à vue,
00:47:11contrôle judiciaire,
00:47:12procès,
00:47:13arriver comme un accusé
00:47:14à un procès,
00:47:15ça coûte à quelqu'un
00:47:16qui n'est pas habitué
00:47:17et qui n'a jamais demandé
00:47:18de le faire ça.
00:47:19Toute cette procédure-là,
00:47:20c'est déjà une sanction.
00:47:21Et d'ailleurs,
00:47:22je veux vous parler
00:47:24je ne vais pas vous redire toute l'affaire
00:47:25mais en une phrase,
00:47:26vous vous souvenez peut-être
00:47:27de l'affaire de Jean-Louis Leroux,
00:47:28un agriculteur dans la Marne
00:47:29qui avait tiré sur un cambrioleur,
00:47:30ça faisait 10 ans
00:47:31qu'il était cambrioleur,
00:47:32il avait été cambriolé
00:47:33à peu près 80 fois,
00:47:34jamais les gendarmes
00:47:35n'avaient arrêté un suspect.
00:47:36Un soir,
00:47:37il tire sur un cambrioleur.
00:47:38Jean-Louis Leroux
00:47:39a fait deux semaines
00:47:40de détention provisoire,
00:47:41c'est-à-dire de prison.
00:47:42Dites-moi,
00:47:43tout cela est dramatique
00:47:44et très grave,
00:47:45mais est-ce que le plus grand danger
00:47:46ne serait-il pas à venir ?
00:47:47Est-ce qu'on peut se poser
00:47:48la question aujourd'hui ?
00:47:49Alors oui,
00:47:50vous l'avez dit,
00:47:51c'est gravissime d'abord
00:47:52pour les personnes concernées.
00:47:53D'ailleurs,
00:47:54on est potentiellement tous
00:47:55des personnes concernées
00:47:56par ce genre d'affaires,
00:47:57c'est bien ça qui fait en sorte
00:47:58que l'opinion à chaque fois
00:47:59se hérisse quand on voit
00:48:00ce genre de faits.
00:48:01Mais la légitime défense,
00:48:02ce n'est pas uniquement,
00:48:03si on va plus loin,
00:48:04un droit à faits divers.
00:48:05C'est aussi et surtout
00:48:06un droit politique
00:48:07à la base
00:48:08de tous nos autres droits.
00:48:09En tout cas,
00:48:10on peut le penser.
00:48:11Un droit garant de la responsabilité,
00:48:12de la liberté individuelle,
00:48:14c'est-à-dire de votre liberté
00:48:15à vous et à moi.
00:48:16C'est ainsi ce que prétendait
00:48:17un philosophe
00:48:18qui s'appelle John Locke,
00:48:19bien connu,
00:48:20un des tout premiers théoriciens
00:48:21du libéralisme,
00:48:22un des premiers d'ailleurs.
00:48:23Moi, quand j'étais en cours,
00:48:24je me souviens,
00:48:25c'était un des premiers
00:48:26qu'on appelait humaniste.
00:48:27C'est vrai, je m'en souviens aussi,
00:48:28mais c'était hier.
00:48:29Voilà, exactement,
00:48:30presque au même moment.
00:48:31Il disait que la légitime défense
00:48:32servait à protéger
00:48:33nos droits inaliénables,
00:48:34c'est-à-dire nos droits
00:48:35à la propriété,
00:48:36à la vie,
00:48:37à la liberté.
00:48:38Et d'ailleurs,
00:48:39les pères fondateurs américains,
00:48:40vous savez que les États-Unis
00:48:41ont été un petit peu
00:48:42un pays fondé sur…
00:48:43à partir de rien,
00:48:44sur des grands principes européens,
00:48:46ils ont vraiment fait
00:48:47du droit à la légitime défense
00:48:48un droit sacré.
00:48:49Je vais vous citer
00:48:50Alexander Hamilton,
00:48:51un des pères fondateurs,
00:48:52qui disait
00:48:53« Lorsqu'un gouvernement
00:48:54trahit le peuple »
00:48:55– il parlait du gouvernement britannique
00:48:56à l'époque –
00:48:57« en accumulant trop de pouvoir
00:48:58et en devenant tyrannique,
00:48:59le peuple n'a pas d'autre choix
00:49:00que d'exercer son droit
00:49:01originel d'autodéfense,
00:49:02celui de combattre le gouvernement »
00:49:03en 1774-76.
00:49:04John Adams,
00:49:05militant forcené
00:49:06de l'indépendance américaine,
00:49:07c'est une anecdote intéressante,
00:49:08qui a été
00:49:09deuxième président
00:49:10de la République américaine
00:49:11après George Washington,
00:49:12était avocat.
00:49:13Et lors de sa carrière d'avocat,
00:49:14il avait même défendu
00:49:15un soldat britannique,
00:49:16alors que lui,
00:49:17il était américain,
00:49:18contre des patriotes américains
00:49:19pour faire respecter
00:49:20précisément
00:49:21le droit à la légitime défense.
00:49:22Et donc,
00:49:23il déclare à ce propos-là
00:49:24une petite citation
00:49:25« Nous parlons de liberté
00:49:26et de propriété,
00:49:27mais si nous supprimons
00:49:28la loi de la légitime défense,
00:49:29nous supprimons
00:49:30le fondement
00:49:31des deux droits
00:49:32et de la légitimité
00:49:33de l'indépendance américaine.
00:49:34»
00:49:35Donc,
00:49:36nous supprimons
00:49:37le fondement des deux.
00:49:38Et si nous renonçons à cela,
00:49:39le reste n'a que
00:49:40très peu de valeur
00:49:41et c'est pourquoi
00:49:42ce principe doit être
00:49:43strictement respecté.
00:49:44C'était une justification
00:49:45à sa défense
00:49:46de ce soldat britannique
00:49:47qui ne portait pas
00:49:48dans son cœur
00:49:49idéologiquement,
00:49:50on va dire.
00:49:51Et donc,
00:49:52le résultat de toute cette doctrine
00:49:53très forte aux Etats-Unis,
00:49:54c'est par exemple
00:49:55le deuxième amendement
00:49:56aux Etats-Unis,
00:49:57le droit au port d'armes,
00:49:58qui nous paraît certes étrange
00:49:59et d'ailleurs,
00:50:00on peut le penser
00:50:01quand on est européen,
00:50:02quand on voit la grande,
00:50:03grande violence,
00:50:04l'objectif principal
00:50:05de cet amendement,
00:50:06ce n'était pas
00:50:07de faire en sorte
00:50:08que tout le monde
00:50:09se tire dessus,
00:50:10c'était de défendre
00:50:11la liberté des Américains
00:50:12au sortir de leur guerre
00:50:13d'indépendance.
00:50:14Et d'ailleurs,
00:50:15quand je regarde à l'inverse,
00:50:16les Etats totalitaires
00:50:17comme la Russie soviétique
00:50:18avaient une vision
00:50:19très différente
00:50:20de la légitime défense.
00:50:21Pour ces Etats-là,
00:50:22la légitime défense
00:50:23c'était uniquement,
00:50:24juridiquement ça a du sens,
00:50:25uniquement un moyen
00:50:26de maintenir
00:50:27l'ordre social.
00:50:28Ce n'était pas du tout
00:50:29comme aux Etats-Unis
00:50:30un moyen de protéger
00:50:31certains droits individuels
00:50:32comme c'est le cas,
00:50:34ou en Europe de l'Ouest continentale.
00:50:35Alors Pierre-Marie,
00:50:36comment faire pour protéger
00:50:37ce droit philosophiquement
00:50:39si important ?
00:50:41Alors moi je pense que
00:50:42nous pouvons tous agir,
00:50:43évidemment à notre petite échelle,
00:50:46mais même avant ça,
00:50:47avant d'agir individuellement,
00:50:49il faut aussi que nos législateurs
00:50:51fassent preuve
00:50:52de créativité juridique.
00:50:53Et donc j'ai quelques idées
00:50:54à leur proposer.
00:50:55Par exemple,
00:50:56je vous propose l'ajout
00:50:57d'une présomption
00:50:58de légitime défense.
00:50:59Alors en droit,
00:51:00une présomption,
00:51:01on va dire que c'est
00:51:02un petit avantage juridique
00:51:03si on veut rester simple.
00:51:04Et si vous bénéficiez
00:51:05d'une présomption
00:51:06légitime défense,
00:51:07alors le juge aura besoin
00:51:08d'une preuve plus forte
00:51:09s'il veut vous condamner.
00:51:10Donc en principe,
00:51:11ça devrait vous protéger
00:51:12en partie.
00:51:13D'ailleurs,
00:51:14toutes ces présomptions
00:51:15sont bien précises.
00:51:16Il faut rentrer dans
00:51:17un cas bien précis.
00:51:18Et par exemple,
00:51:19il existe une présomption
00:51:20légitime défense
00:51:21lorsque vous repoussez de nuit
00:51:22une personne entrée
00:51:23par effraction chez vous.
00:51:24Ça c'est toujours bon à savoir.
00:51:25C'est d'ailleurs probablement
00:51:26en partie ce qui a pu expliquer
00:51:27les décisions de non-lieu
00:51:28dans les deux cas
00:51:29dont je vous ai cités.
00:51:30C'est parce qu'il y avait
00:51:31cette présomption-là.
00:51:32On pourrait, par exemple,
00:51:33étendre cette présomption.
00:51:34On pourrait l'étendre deux jours.
00:51:35C'est à réfléchir.
00:51:36Il faut que des juristes
00:51:37se penchent sur le sujet.
00:51:38On pourrait l'étendre deux jours
00:51:39à toute personne
00:51:40qui casse un carreau
00:51:41pour rentrer chez vous.
00:51:42Est-ce qu'il n'y a pas...
00:51:43Il peut y avoir
00:51:44un léger avantage juridique
00:51:45qui vous protégerait
00:51:46si vous vous défendez.
00:51:47Il serait aussi possible,
00:51:48on l'entend de temps en temps
00:51:49dans le débat public,
00:51:50d'étendre cette présomption
00:51:51aux policiers.
00:51:52Et oui,
00:51:53les policiers sont des serviteurs
00:51:54de l'État.
00:51:55L'État leur remet une arme
00:51:56et une mission
00:51:57très particulière,
00:51:58très exorbitante
00:51:59du droit commun
00:52:00qui est de maintenir
00:52:01l'ordre public.
00:52:02On peut penser que cette position,
00:52:03cette mission très particulière
00:52:04mérite une présomption
00:52:05légitime défense.
00:52:06Ce qui, évidemment,
00:52:07cette présomption
00:52:08pourrait être oubliée
00:52:09si le policier
00:52:10commet vraiment une faute.
00:52:11Dans tous les cas,
00:52:12la présomption
00:52:13ne résiste pas
00:52:14à une faute claire
00:52:15et facilement identifiable.
00:52:16Et puis,
00:52:17dernière suggestion,
00:52:18on pourrait aussi ajouter
00:52:19un droit,
00:52:20un concept de droit
00:52:21qui nous vient du droit germanique
00:52:22qui s'appelle le droit
00:52:23à la défense excusable
00:52:24en Allemagne,
00:52:25en Autriche,
00:52:26en Suisse
00:52:27et qui permet au juge,
00:52:28lorsqu'il estime uniquement
00:52:29que c'est justifié,
00:52:30c'est son interprétation à lui,
00:52:31on appelle ça
00:52:32l'appréciation in concreto,
00:52:33en droit,
00:52:34il peut dire,
00:52:35quand c'est justifié,
00:52:36que la panique engendrée
00:52:37par la situation
00:52:38qu'il a sous les yeux
00:52:39suffit à caractériser
00:52:40la légitime défense
00:52:41alors même que
00:52:42peut-être que
00:52:43toutes les conditions juridiques
00:52:44ne seraient pas réunies.
00:52:45Et puis,
00:52:46même quand je disais
00:52:47que nous pouvons tous agir,
00:52:48surtout,
00:52:49ne jamais oublier
00:52:50que le droit
00:52:51reflète en pratique
00:52:52les mœurs des citoyens
00:52:53qui composent une société
00:52:54et donc faire entendre
00:52:55son mécontentement,
00:52:56afficher son soutien
00:52:57à des personnes
00:52:58qui sont poursuivies injustement,
00:52:59ce sont des vrais moyens
00:53:00de faire progresser
00:53:01le droit à la légitime défense.
00:53:02Merci pour tout cela.
00:53:03Petite question,
00:53:04petit commentaire rapidement
00:53:05parce que
00:53:06notre ami Olivier Dardigolle
00:53:07tire d'impatience.
00:53:08J'imagine
00:53:09les téléspectateurs
00:53:10qui viennent de vous écouter
00:53:11et j'imagine
00:53:12les gens qui sont chez eux
00:53:13et ils se disent,
00:53:14cette nuit,
00:53:15quelqu'un rentre chez moi,
00:53:16je fais quoi ?
00:53:17Je m'en vais ?
00:53:18Je m'en vais,
00:53:19je m'en vais,
00:53:20je m'en vais,
00:53:21je m'en vais,
00:53:22je m'en vais,
00:53:23je m'en vais.
00:53:24C'est vrai ?
00:53:25Si vous vous défendez,
00:53:26moi je…
00:53:27Je m'en vais dans la chambre,
00:53:28je te laisse voler,
00:53:29qu'est-ce que je fais ?
00:53:30Parce que concrètement…
00:53:31Mais vous avez raison,
00:53:32c'est un vrai problème.
00:53:33Qu'est-ce qu'on fait ?
00:53:34Ce sont des questions
00:53:35qui découlent très naturellement
00:53:36de votre…
00:53:37À part prier.
00:53:38C'est certain que
00:53:39si vous vous défendez pour de vrai,
00:53:40vous allez avoir des ennuis
00:53:41avec la justice,
00:53:42que vous le vouliez ou non
00:53:43et ça ne dépend même pas
00:53:44des juges en l'occurrence,
00:53:45c'est la procédure pénale
00:53:47Est-ce qu'in concreto,
00:53:48la légitime défense
00:53:49peut amener
00:53:50à l'invasion du Capitole ?
00:53:51Je ne sais pas.
00:53:52Peut-être qu'il faudrait
00:53:53un peu calmer.
00:53:54Juste avant, juste avant.
00:53:55Oui mais est-ce que ex abrupto,
00:53:56il ne faut pas se barrer
00:53:57quand quelqu'un rentre chez vous
00:53:58parce qu'à priori…
00:53:59Bien sûr.
00:54:00Allez les amis.
00:54:01Pas du tout.
00:54:02Si vous êtes taillé comme moi,
00:54:03vous y allez
00:54:04et au point,
00:54:05vous les chassez.
00:54:06Je suis le maître des horloges
00:54:07les amis,
00:54:08je suis le maître des horloges
00:54:09et on va terminer
00:54:10sur un sujet plus léger
00:54:11mais ultra important.
00:54:12On va retourner à la cantine
00:54:13avec Olivier Dardigolle
00:54:14mais avant toute chose,
00:54:15puis-je me permettre…
00:54:16Sans boulettes de pain jeté,
00:54:17ce n'est pas drôle.
00:54:18Oui c'est vrai.
00:54:19Je n'ai pas prévu les yaourts
00:54:20ni les petits pois.
00:54:21Les petits suisses.
00:54:22Et les petits suisses.
00:54:23Mais puis-je me permettre,
00:54:24puis-je me permettre
00:54:25devant tous les spectateurs
00:54:26qui nous regardaient,
00:54:27ils sont nombreux,
00:54:28mon cher Olivier,
00:54:29quel âge avez-vous ?
00:54:3025 ans.
00:54:31Dans les années…
00:54:3214.
00:54:33Dans les années à l'école primaire
00:54:34avec les copains et les copines,
00:54:35on pouvait répondre
00:54:36à cette question
00:54:37en regardant
00:54:38les images
00:54:39et en regardant
00:54:40les photos
00:54:41et en regardant
00:54:43en retournant le verre
00:54:44donc à la cantine,
00:54:45un verre Duralex.
00:54:46Depuis,
00:54:47j'ai appris
00:54:48que ce numéro
00:54:49censé donner l'âge
00:54:50de son utilisateur
00:54:51était celui
00:54:52du moule
00:54:53qui avait produit
00:54:54le verre réputé
00:54:55incassable.
00:54:56Cette marque
00:54:57fait partie
00:54:58du patrimoine français,
00:54:59un fleuron,
00:55:00pour prendre l'expression
00:55:01qui va le mieux
00:55:02à ce type de production
00:55:03car ce verre n'était pas
00:55:04que sur les tables
00:55:05de la cantine
00:55:06de la communale
00:55:07mais aussi
00:55:08chez nos grands-parents
00:55:09dans le panier
00:55:10pour le pique-nique
00:55:11de leur famille
00:55:12le dimanche.
00:55:13Mais ce fleuron
00:55:14aurait pu disparaître.
00:55:15Un redressement judiciaire
00:55:16en 2020,
00:55:17puis en 2022,
00:55:18comme de très
00:55:19nombreuses entreprises,
00:55:20la verrerie Duralex
00:55:21qui est depuis
00:55:22presque une centaine
00:55:23d'années
00:55:24dans le Loiret,
00:55:25plus précisément
00:55:26à la chapelle
00:55:27Saint-Mesmin,
00:55:28a pris de plein fouet
00:55:29la crise énergétique
00:55:30et l'augmentation
00:55:31colossale des prix.
00:55:32D'ailleurs,
00:55:33peut-être il faudra
00:55:34revenir un jour
00:55:35sur la manière
00:55:36dont certains
00:55:37distributeurs d'électricité
00:55:38se sont comportés
00:55:39avant et après
00:55:40la crise énergétique.
00:55:41Le four avait dû être
00:55:42mis à l'arrêt
00:55:43pendant plusieurs mois.
00:55:44L'avenir industriel
00:55:45était suspendu
00:55:46à la bonne volonté
00:55:47d'un repreneur
00:55:48mais avec la menace
00:55:49d'une casse sociale
00:55:50avec une réduction
00:55:51d'effectifs.
00:55:52Alors la suite,
00:55:53que s'est-il passé ?
00:55:54Le 26 juillet dernier,
00:55:55après avoir analysé
00:55:56trois offres de reprise,
00:55:57le tribunal de commerce
00:55:58d'Orléans
00:55:59a décidé
00:56:00de remettre
00:56:01les clés
00:56:02du site industriel
00:56:03dans les mains
00:56:04des salariés.
00:56:05L'avenir
00:56:06industriel
00:56:07était suspendu
00:56:08à la bonne volonté
00:56:09d'un repreneur
00:56:10mais avec la menace
00:56:11d'une casse sociale
00:56:12avec une réduction
00:56:13d'effectifs.
00:56:14La reprise
00:56:15de l'entreprise Duralex
00:56:16se fait sous la forme
00:56:17d'une SCOP,
00:56:18une société coopérative
00:56:19et participative,
00:56:20comme cela s'est fait
00:56:21pour notre marque célèbre
00:56:22le T Fralib.
00:56:23Pour assurer
00:56:24cette offre
00:56:25auprès du tribunal de commerce,
00:56:26150 salariés
00:56:27de l'entreprise
00:56:28ont financé
00:56:29à hauteur de 500 euros
00:56:30pour le capital de départ.
00:56:31C'est une belle initiative,
00:56:32c'est une belle histoire
00:56:33et est-ce que ça a été suffisant ?
00:56:34Non,
00:56:35ce premier apport
00:56:36de 75 000 euros
00:56:37a dû être complété
00:56:38par un bancaire
00:56:39mais plus déterminé encore,
00:56:40il y a un soutien déterminé
00:56:41et concret
00:56:42de la région-centre Val-de-Loire
00:56:43qui a doublé
00:56:44l'apport des salariés
00:56:45et de la métropole
00:56:46qui a racheté
00:56:47le site
00:56:48et les locaux.
00:56:49Le jour de la reprise
00:56:50en SCOP,
00:56:51les salariés ont lancé
00:56:52un appel
00:56:53via les réseaux sociaux
00:56:54et cet appel
00:56:55acheté Duralex
00:56:56a été très fortement relayé
00:56:57aussi bien que le site
00:56:58de commande en ligne
00:56:59a été
00:57:00momentanément fermé
00:57:01du fait d'une
00:57:02trop forte affluence
00:57:03avec une hausse
00:57:04de 300 %
00:57:05des commandes.
00:57:06En plein été,
00:57:0745 000 verres
00:57:08produits par jour.
00:57:09C'est à lire aujourd'hui
00:57:10dans le journal Humanité.
00:57:11La SCOP a décidé
00:57:12de réinvestir
00:57:1375 %
00:57:14des bénéfices
00:57:15dans des investissements
00:57:16pour l'usine
00:57:17sur les 3 prochaines années
00:57:18afin d'être à l'équilibre.
00:57:19L'avenir industriel
00:57:20s'est donc dégagé
00:57:21avec la possibilité
00:57:22de nouvelles embauches
00:57:23et dans 5 ans,
00:57:24c'est leur objectif
00:57:25que tous les employés
00:57:26soient devenus
00:57:27des salariés actionnaires.
00:57:28Et là, on le voit,
00:57:29la casse sociale,
00:57:30c'était pas une facilité.
00:57:31Il y avait
00:57:32des salariés
00:57:33qui étaient
00:57:34dans la casse sociale
00:57:36Il y avait
00:57:37une autre solution.
00:57:38En effet,
00:57:39avant cette reprise en SCOP,
00:57:40l'un des éventuels repreneurs
00:57:41avait indiqué
00:57:42sa volonté
00:57:43de baisser
00:57:44le salaire
00:57:45des femmes
00:57:46au service
00:57:47du conditionnement.
00:57:48Celle qui donc
00:57:49prépare les verres
00:57:50avant l'expédition.
00:57:51Pour lui,
00:57:52ces petites mains
00:57:53qui touchaient
00:57:542100 euros bruts
00:57:55devaient être
00:57:56payées au SMIC
00:57:57et pas davantage.
00:57:58Cela avait
00:57:59provoqué
00:58:00une très grande
00:58:01indignation
00:58:02pour les salariés
00:58:03qui étaient
00:58:04dans cette
00:58:05indignation
00:58:06chez les Duralex
00:58:07qui ont alors décidé
00:58:08de prendre
00:58:09leur avenir en main.
00:58:10C'est une belle histoire
00:58:11industrielle
00:58:12et humaine
00:58:13vivre et travailler
00:58:14au pays
00:58:15comme on disait
00:58:16il y a encore
00:58:17quelques années,
00:58:18pouvoir vivre
00:58:19dignement
00:58:20de son salaire,
00:58:21être fier
00:58:22de ce que peut faire
00:58:23la main
00:58:24qui est le prolongement
00:58:25du cerveau
00:58:26et pouvoir avoir
00:58:27son mot à dire
00:58:28sur les choix stratégiques
00:58:29de son entreprise.
00:58:30Car on l'oublie
00:58:31trop souvent,
00:58:32les salariés
00:58:33sont les spécialistes
00:58:34de leur activité.
00:58:35J'ai souvenir
00:58:36de la chanson
00:58:37du texte
00:58:38de Caussimon
00:58:39chanté par Léo Ferré
00:58:40sur les spécialistes.
00:58:41Alors,
00:58:42cela reste un défi
00:58:43pour les Duralex.
00:58:44Des recrutements
00:58:45de commerciaux
00:58:46pour renforcer
00:58:47le pôle marketing
00:58:48sont envisagés.
00:58:49Les petits écoliers
00:58:50français
00:58:51vont très certainement
00:58:52pouvoir continuer
00:58:53à deviner leur âge
00:58:54au fond des verres.
00:58:55Je termine par une petite anecdote
00:58:56qui m'a fait sourire.
00:58:57J'étais en train d'écrire
00:58:58ce texte
00:58:59cet après-midi.
00:59:00Un copain m'a appelé.
00:59:01On s'est dit
00:59:03on s'est donné des nouvelles.
00:59:04Il me disait
00:59:05qu'est-ce que tu fais ?
00:59:06J'ai dit je parle
00:59:07de l'entreprise Duralex.
00:59:08Il m'a dit
00:59:09j'ai un souvenir.
00:59:10Je te le donne.
00:59:11J'ai l'autorisation
00:59:12d'en faire écho
00:59:13sans me donner son nom.
00:59:14C'est un souvenir.
00:59:15Il a 10-11 ans.
00:59:16Il est à Monin.
00:59:17Monin, c'est en Béarn.
00:59:18C'est dans le Jure-en-Son.
00:59:19Il est le mercredi
00:59:21sous la surveillance
00:59:22normalement de ses grands-parents.
00:59:24Il s'est donc échappé
00:59:25à cette surveillance.
00:59:26Avec un copain
00:59:27de sa classe,
00:59:28ils vont dans la cuisine.
00:59:30Pour la première fois
00:59:31de leur vie,
00:59:32ils ont fait
00:59:33certainement d'autres bêtises.
00:59:34Mais celle-là,
00:59:35ils s'en souviennent.
00:59:36Ils ont goûté
00:59:37une bouteille de Jure-en-Son
00:59:38qui était ouverte.
00:59:39Ils se sont servis
00:59:40donc deux verres.
00:59:41Peut-être qu'ils étaient
00:59:42si ce n'est pas ivres
00:59:43mais un peu pompettes
00:59:44à 10-11 ans.
00:59:45Surtout que selon le Jure-en-Son,
00:59:47ça peut faire des effets rapides.
00:59:49Ils ont remis
00:59:50la bouteille à sa place.
00:59:52Mais il m'a dit
00:59:53on s'est fait avoir
00:59:54avec les verres Duralex.
00:59:55On se souvient très bien.
00:59:56Mes grands-parents avaient ça
00:59:57parce qu'on avait oublié
00:59:58de les rincer.
00:59:59Bon, il y a eu
01:00:00une petite correction
01:00:01mais ça, c'est normal.
01:00:02Duralex, c'est de l'ex.
01:00:05Il y a une chute.
01:00:06Il y a une chose
01:00:07qui est étonnante.
01:00:08Évidemment,
01:00:09comme Olivier Dardigolle
01:00:10commence par dire
01:00:11que ces verres
01:00:12que nous avons tous connus,
01:00:13ces verres sont incassables.
01:00:14S'ils sont incassables,
01:00:15il y en a déjà beaucoup,
01:00:16pourquoi continue-t-on
01:00:17à en fabriquer ?
01:00:18Mon atout, c'est sourire.
01:00:19C'est vrai.
01:00:20Parce que l'enfant
01:00:21a une capacité de destruction
01:00:22qui va au-delà de l'incassable.
01:00:23Au-delà de l'incassable.
01:00:24Quand vous avez
01:00:25ces petites bêtes
01:00:26là chez vous,
01:00:27vous en rendez compte
01:00:28très vite.
01:00:29Et sur le site,
01:00:30maintenant,
01:00:31dans la production,
01:00:32ce n'est plus
01:00:33l'ancien verre.
01:00:34Il n'y a pas de modèle.
01:00:35Ils ont fait quelque chose
01:00:36très modernisé.
01:00:37C'est très tendance en plus.
01:00:38Pierre-Marie.
01:00:39Moi, je trouve
01:00:40très intéressant.
01:00:41Ça me fait quand même penser.
01:00:42Je trouve que c'est
01:00:43un très beau modèle.
01:00:44Je me souviens
01:00:45que De Gaulle disait
01:00:46qu'il voyait deux modèles,
01:00:47le communisme
01:00:48et le capitalisme
01:00:49et qu'entre les deux,
01:00:50il voyait la participation.
01:00:51Regardez,
01:00:52on a un exemple
01:00:53comme quoi c'est peut-être
01:00:54vraiment une spécialité française.
01:00:55C'est un exemple
01:00:57sur les déclarations
01:00:58de De Gaulle
01:00:59concernant le capitalisme.
01:01:00C'est très intéressant.
01:01:01C'est très instructif
01:01:02sur la répartition
01:01:03dans la valeur produite.
01:01:04On n'aura pas le temps
01:01:05ce soir.
01:01:06Évidemment,
01:01:07on en reparlera.
01:01:08En tous les cas,
01:01:09c'est un bel exemple
01:01:10à suivre, Céline.
01:01:11Oui.
01:01:12Cet exemple de participation
01:01:13des salariés.
01:01:14C'est déjà produit,
01:01:15mais ça,
01:01:16c'est assez symbolique.
01:01:17La SCOP.
01:01:18En fait,
01:01:19je trouve que c'est
01:01:20quelque chose
01:01:21qui fait rêver.
01:01:22Moi, je me souviens
01:01:23de l'histoire d'Élipe
01:01:24qu'on nous présentait
01:01:25et malheureusement,
01:01:26souvent,
01:01:27au bout d'un moment,
01:01:28ça s'étouffe
01:01:29un petit peu.
01:01:30Mais c'est dommage
01:01:31parce que je trouve
01:01:32que c'est...
01:01:33Quand on voit
01:01:34ce qui s'est passé
01:01:35chez Duralex,
01:01:36on comprend que les gens,
01:01:37leur travail a du sens.
01:01:38Et on ne peut pas
01:01:39mettre en avant
01:01:40la valeur travail
01:01:41si on ne retrouve pas
01:01:42aussi le sens du travail
01:01:43et le respect du travailleur.
01:01:44Et là, je trouve que
01:01:45dans cette histoire,
01:01:46il y a cette fierté
01:01:47de gens qui se lèvent
01:01:48et qui font leur boulot
01:01:49et qui font leur travail
01:01:50et qui font leur travail
01:01:51et qui font leur travail
01:01:52et qui font leur travail
01:01:53et qui font leur travail
01:01:54et qui font leur boulot
01:01:55parce que, pour eux,
01:01:56ça a du sens
01:01:57et pour nous, du coup,
01:01:58ça en a aussi.
01:01:59Parce que les gens
01:02:00qui se précipitent
01:02:01et qui font sauter
01:02:02le site de vente,
01:02:03ça dit quelque chose.
01:02:04Allez, on va le terminer
01:02:05par cette belle histoire.
01:02:06Et c'est vrai.
01:02:07Merci de m'avoir accompagné
01:02:08dans ce...
01:02:09Et comme vous connaissez
01:02:10la formule célèbre d'Olivier,
01:02:11il dit toujours
01:02:12les verres, c'est bien
01:02:13de les fabriquer
01:02:14mais c'est mieux de les boire.
01:02:15Avec modération.
01:02:16Et ça n'a pas de loi.
01:02:17Oui, ça n'a pas de loi.
01:02:18Merci les amis
01:02:19de m'avoir accompagné
01:02:20et je tiens à remercier
01:02:21l'équipe qui m'entoure
01:02:22pour préparer cette émission.
01:02:23Adrien Fontenot
01:02:24et Tom Vialla.
01:02:25Je vous retrouve
01:02:26dans quelques instants
01:02:27pour leur dépôt.
01:02:28A tout de suite.