Face à l'Info Été (Émission du 12/08/2024)

  • il y a 3 semaines
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h
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00:00:00Bonsoir, il est 19h, 19h20, c'est le rendez-vous que vous attendez si fidèlement tous les soirs,
00:00:06c'est votre Face à l'Info version été.
00:00:08Je suis très heureux de vous présenter cette belle émission.
00:00:11D'ailleurs, j'adresse un petit coucou à Christine Kelly.
00:00:13Christine, la rentrée, c'est le 26 août, 26, sur CNews.
00:00:19Et oui, il reste 14 jours.
00:00:20Voilà un petit clin d'œil à notre amie Christine qui nous regarde peut-être tout de suite.
00:00:25Je vous présente l'équipe qui m'entoure ce soir.
00:00:27Céline Pinard, politologue, journaliste à Causeur.
00:00:30Très élégante, Céline.
00:00:32Très chic.
00:00:32Oui, j'ai fait un effort, j'en ai marre.
00:00:35Je vis à la campagne, je suis toujours en thong.
00:00:38Donc là, je me suis dit, pour passer à la télé, je m'habille.
00:00:41Voilà, très chic.
00:00:42Félicitations, Michel Taubes, éditorialiste politique.
00:00:44Soyez bienvenue.
00:00:45Bonsoir, cher Thierry.
00:00:46Alexandre Devecchio, journaliste.
00:00:47Bonsoir.
00:00:48Très élégant également.
00:00:49Merci.
00:00:50Nathan Devers, écrivain.
00:00:51Bonsoir, Thierry.
00:00:52Toujours le bienvenu dans ce rendez-vous.
00:00:54On va peut-être se faire un tour de l'information
00:00:57avec Adrien Frontenot, que je salue.
00:00:59Le retour, Adrien Frontenot.
00:01:00Bonsoir, Adrien.
00:01:01Le tour de l'info.
00:01:02Très élégant aussi, il faut le dire.
00:01:03Merci.
00:01:04C'est la fin de la parenthèse olympique.
00:01:06Retour de la politique.
00:01:08Cette lettre de Lucie Castel, la candidate du Nouveau Front populaire.
00:01:11Amatignon s'est adressée aux députés et sénateurs des groupes républicains
00:01:14dans un courrier.
00:01:15Elle propose un plan et cinq grandes priorités.
00:01:17De l'écologie à la santé en passant par l'éducation,
00:01:20la justice sociale et surtout le pouvoir d'achat.
00:01:22La gauche qui souhaite toujours une hausse du SMIC
00:01:24et l'abrogation de la réforme des retraites.
00:01:26En Grèce, les incendies ne faiblissent pas
00:01:28et les flammes se rapprochent d'Athènes.
00:01:29A Chalandry, une des plus grandes banlieues du nord-est de la capitale,
00:01:32quelques-uns des 70 000 habitants ont été pris et de quitter leur logement.
00:01:36Cinq autres localités ont déjà été évacuées, de même que deux hôpitaux.
00:01:39Notez que la France va apporter son aide à la Grèce
00:01:41avec l'envoi de 180 sapeurs-pompiers de la sécurité civile,
00:01:4455 camions et un hélicoptère, a annoncé ce lundi Gérald Darmanin.
00:01:49Et puis les appels à une trêve à Gaza se multiplient.
00:01:51La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni
00:01:53affirment qu'il ne peut plus y avoir aucun délai supplémentaire pour le cesser le feu.
00:01:57Ce week-end, l'armée israélienne a frappé Gaza et notamment une école
00:02:00où elle affirme que des combattants palestiniens se cachaient.
00:02:02Tzahal qui assure avoir tué 31 d'entre eux dans ses frappes.
00:02:06Merci beaucoup mon cher Dayan.
00:02:08Allez, face à l'info, c'est parti.
00:02:10Au sommaire ce soir, on commencera avec Céline Pina.
00:02:14Céline a suivi, comme beaucoup de Français, ces Jeux Olympiques
00:02:18avec beaucoup d'attention évidemment.
00:02:19Certes, Céline aime le sport,
00:02:21mais elle a regardé ces Jeux avec un regard qui lui appartient.
00:02:24Pour elle, ces Jeux Olympiques ont insufflé une grande bouffée de fraîcheur,
00:02:28bouffée de fraîcheur dont on avait grand besoin.
00:02:31Elle nous dira pourquoi.
00:02:32Autre thème que nous allons évoquer ce soir,
00:02:34avec cette question qui est sur toutes les lèvres.
00:02:36Et maintenant, et oui, et maintenant,
00:02:39au lendemain de ces Jeux Olympiques, de cette cérémonie de clôture,
00:02:42de cette parenthèse enchantée qui nous a fait rêver, tant rêver.
00:02:46On était bien, c'est vrai, on était tellement bien.
00:02:49Loin des injures politiques, des petites phrases d'assassin,
00:02:51Michel Taub va casser l'ambiance.
00:02:53Avec cette fin des JO, c'est la fin de la trêve politique.
00:02:57Et puis, vous le verrez ce soir,
00:02:59toutes nos thématiques s'enchaînent de manière merveilleuse.
00:03:02C'est une logique parfaite.
00:03:03Fin de la trêve politique avec Michel Taub.
00:03:05Débat des grands chantiers et début des grands chantiers,
00:03:09ou plutôt reprise des grands chantiers pour Emmanuel Macron,
00:03:12nous dira Alexandre Devecchio.
00:03:14Avec oui, cela ne vous a pas échappé.
00:03:16Première urgence, trouver un Premier ministre.
00:03:18Puis dans la foulée, un gouvernement.
00:03:20Certains évoquent un gouvernement technique.
00:03:22Alexandre n'y croit pas deux secondes.
00:03:25Pourquoi ?
00:03:25Eh bien, il a ses raisons.
00:03:27Il va nous les donner.
00:03:28Nathan Devers, lui, reviendra sur ses Jeux olympiques.
00:03:31Pour lui, ils ont été un vrai beau succès dans des plaies à certains rabat-joie,
00:03:36à certains esprits chagrins.
00:03:38La France et Paris ont mis la barre haute, même très haute.
00:03:41La pression est maintenant sur Los Angeles en 2028.
00:03:45Comment ? Comment surpasser Paris ?
00:03:47Pourtant, pourtant, oui, pourtant, l'inquiétude était grande.
00:03:50On avait peur côté sécurité.
00:03:52On avait peur des grèves annoncées.
00:03:55Le climat avant ces Jeux était tendu, pour ne pas dire davantage,
00:03:58sans oublier le contexte international.
00:04:00Et même, même, la pluie s'était invitée le jour de la cérémonie d'ouverture.
00:04:05C'est pour vous dire, tout a marché.
00:04:07Il va falloir en tirer des leçons.
00:04:09Nathan Devers nous parlera de l'héritage.
00:04:11L'héritage, le mot à la mode avec ces JO, le mot que tout le monde revendique.
00:04:16On terminera cette émission avec Céline Pina.
00:04:18Céline qui a souhaité revenir sur les émeutes qui ont touché le Royaume-Uni.
00:04:22Ces émeutes liées au départ, il ne faut pas l'oublier,
00:04:24surtout ne pas l'oublier à la mort de trois fillettes à Southport.
00:04:28Que nous disent ces émeutes ?
00:04:29La multiculture faisait partie de l'ADN du Royaume-Uni.
00:04:33Or, indiscutablement, une page est en train de se tourner.
00:04:36Un enjeu majeur pour le tout nouveau Premier ministre britannique.
00:04:39Il est arrivé il y a un mois.
00:04:40Oui, juste un mois.
00:04:41Un mois et une crise majeure déjà à gérer.
00:04:43Avec en toile de fond une tonne de mensonges déversés par les réseaux sociaux.
00:05:02Et on commence donc avec vous, ma chère Céline Pina.
00:05:05Vous avez, comme beaucoup de nos compatriotes, je l'ai dit,
00:05:07suivi avec un grand intérêt ces Jeux Olympiques.
00:05:10On sait que vous êtes une grande sportive.
00:05:12Mais vos raisons profondes n'étaient pas que sportives,
00:05:15puisque vous m'avez dit avoir le sentiment de renouer avec le réel à l'occasion de ces Jeux.
00:05:20Expliquez-nous tout, j'ai hâte de vous écouter.
00:05:23Eh bien justement, Thierry, ces Jeux sont arrivés
00:05:25alors que nous étions en plein psychodrame politique.
00:05:28Depuis la campagne des Européennes, l'état de décomposition de notre système
00:05:32a semblé s'accélérer sans qu'aucun remède à la crise n'apparaisse à l'horizon,
00:05:37ajoutant les perspectives de déclin à la consternation face à la médiocrité des acteurs.
00:05:42Face à cela, ces Jeux politiques ont insoufflé une grande bouffée de fraîcheur.
00:05:46D'abord parce que personne ne s'interroge sur la légitimité
00:05:49de ceux qui portent les couleurs de leur pays.
00:05:51S'ils en sont arrivés là, c'est à force de travail acharné,
00:05:55grâce à leurs talents, grâce à leurs entraînements.
00:05:58Ils doivent leur place à leurs performances et à leurs résultats.
00:06:02La compétition les départage en plus de façon claire et sans équivoque.
00:06:07Il y a les talents, mais il y a aussi, à la fin, des vainqueurs et des perdants.
00:06:11Et personne ne conteste la réussite de l'autre ou ne refuse sa propre défaite.
00:06:16Enfin, quand un compétiteur se comporte mal et s'avère incapable de respecter son adversaire,
00:06:22il est immédiatement sanctionné et exclu.
00:06:26Et cela rassure quant à l'existence d'une justice immanente.
00:06:30Un tel spectacle participe donc à l'intelligibilité du monde, car il s'appuie sur le réel.
00:06:35La performance est mesurée car elle est mesurable,
00:06:38elle est tangible et elle est matérielle, concrète.
00:06:42Ce faisant, elle redonne consistance au monde.
00:06:44Les athlètes évoluent dans un monde de réalité physique
00:06:47où la volonté permet la performance mais tient compte du réel.
00:06:51Or, notre monde politique est devenu celui où tout est possible au nom de l'idéologie
00:06:56et où le réel et ses limites sont transformés en marqueurs d'appartenance,
00:07:00bien souvent à l'extrême droite.
00:07:02Cela alimente des affrontements idéologiques complètement déconnectés des réalités
00:07:06et traumatise nombre de citoyens qui ont l'impression que le monde politique
00:07:10est devenu complètement fou et incapable de prendre en compte
00:07:14ce qui existe au nom de ce qui devrait être.
00:07:17Dans ces Jeux Olympiques donc, les affrontements ont lieu,
00:07:19mais ils sont limités dans le temps et aboutissent à un résultat.
00:07:23Et surtout, s'il y a des injustices dans le sport comme ailleurs finalement,
00:07:26elles ne nourrissent pas de haine inextinguible et on n'y diabolise pas son adversaire.
00:07:31Ce milieu hyper compétitif s'est montré au final plus respectueux des individus
00:07:37que le milieu politique qui n'a que la bienveillance et le bien à la bouche,
00:07:42mais qui in fine a souvent des mots très péjoratifs à l'égard de sa population,
00:07:46qu'il accuse bien souvent de tentations fascistes, racistes quand elle vote,
00:07:51et qu'il culpabilise quand elle témoigne de son inquiétude face à l'insécurité
00:07:55et au déclin économique qu'elle subit.
00:07:57Les Jeux Olympiques donc, c'est le retour du tangible,
00:08:00alors que l'état gazeux de notre système politique
00:08:03est profondément déstabilisant pour les individus.
00:08:06Là où personne ne comprend comment des personnalités violentes, peu équilibrées,
00:08:11qui sèment la haine ou le désordre, comme Jean-Luc Mélenchon ou son entourage,
00:08:14les deux logus, Giroud et Autryma Hassan,
00:08:17peuvent se retrouver propulsés à de hauts niveaux de responsabilité,
00:08:21aucun des sportifs de ces Jeux n'a usurpé sa place.
00:08:25Ce monde de la compétition, pour dur qu'il soit, s'avère au final rassurant.
00:08:30Il est cohérent, il a du sens, là où le monde politique paraît devenir complètement fou.
00:08:35Alors une philosophe a même vu dans cet esprit sportif
00:08:38un grand nom au politiquement correct.
00:08:42Oui, il s'agit de Julia De Finesse dans le Figaro.
00:08:45Elle voit dans le sport une façon de résister à l'idéologie politiquement correcte.
00:08:50Comment ? Elle nous le dit.
00:08:51Rien de plus hiérarchique qu'un podium,
00:08:53de plus distinctif qu'une médaille, de plus sélectif qu'un chronomètre.
00:08:57La réalité du quotidien n'est donc pas tendre,
00:09:00mais ce qui est assumé et valorisé dans le sport est nié dans nos sociétés,
00:09:04où ceux qui pensent appartenir au camp du bien confondent égalité de droit
00:09:08et équivalence de compétence.
00:09:10Autrement dit, le fait que si nous sommes égaux dans l'exercice de nos droits,
00:09:14nous sommes différents et nos capacités et nos talents nous distinguent.
00:09:18Nous sommes égaux, mais nous ne nous valons pas, nous explique-t-elle.
00:09:22Rien non plus n'est moins relatif que le sport.
00:09:24Celui-ci met en avant la différenciation.
00:09:26En compétition, pour gagner, il faut faire la différence et accepter le combat.
00:09:31L'affrontement, même s'il est ritualisé, est réduit à sa violence symbolique.
00:09:36Le combat est vu comme une émulation et pas simplement comme une domination.
00:09:42En ce sens, il remet la question du mérite et de l'effort au cœur de la réussite,
00:09:46là où une forme de bien-pensance a tendance à voir la différenciation
00:09:50uniquement comme le fruit d'un privilège et non comme le produit d'un travail.
00:09:55Vous parliez aussi de l'acceptation des limites autant que du dépassement de soi.
00:10:00Expliquez-nous.
00:10:01Car le sport ne se vit pas en théorie, mais dans un environnement physique.
00:10:05Même si les athlètes sont hors normes, ils sont contraints et soumis aux limites du corps.
00:10:10Tout n'est pas possible, tout n'est pas affaire de volonté et surtout en concours par catégorie.
00:10:16La question du sexe est primordiale dans cet environnement,
00:10:19car le fait d'être de karyotype XX ou XY a une incidence dans le développement des êtres humains.
00:10:25Et les mâles et les femelles ne sont pas dotés de la même constitution,
00:10:28donc capables des mêmes performances.
00:10:30C'est la fin de la fiction de l'autogénération et du désir comme seule mesure du souhaitable.
00:10:36La volonté n'est pas illimitée et non, le ciel n'est pas la seule limite.
00:10:41On ne peut donc pas être et se recréer par la puissance de sa volonté, chère Céline.
00:10:46Non, et pire même, cette idée que l'on pouvait réinventer l'homme,
00:10:50le reconfigurer, a souvent donné dans l'histoire les pires résultats.
00:10:54Le rêve de l'homme nouveau est un rêve totalitaire
00:10:57et le désir de rééducation aboutit souvent à des désirs sanglantes.
00:11:01Mais là aussi, le sport peut offrir une consolation.
00:11:04Il montre que le bonheur n'est pas dans l'abolition de la contrainte,
00:11:07mais dans le travail, dans la durée, dans le fait d'être capable de s'étonner soi-même en se dépassant,
00:11:13mais sans nier le réel ni la contingence matérielle.
00:11:17Il offre des perspectives là où le rêve de totale liberté wokiste mène à l'illusion et à l'échec.
00:11:23Car si tout est possible et que l'on n'en fait rien, c'est donc que l'on est nul et pas à la hauteur.
00:11:29Dans le sens de l'effort en revanche, le chemin a autant d'importance que le but car il en fait partie.
00:11:35Il n'est pas un fantasme lié au refus du réel, il aide donc à grandir, à se construire et à s'accepter.
00:11:43Après le spectacle de cours de récréation qu'ont donnés nos élus et notre président lors des législatives et des européennes,
00:11:49cela se faisait du bien de se retrouver enfin dans le monde des adultes.
00:11:53Au combien ? Petite réaction rapide avant d'écouter Michel Thau.
00:11:56Quelqu'un souhaiterait agir ? Nathan, Alexandre, Michel ?
00:12:00Il y a peut-être deux aspects.
00:12:02En effet, vous avez raison, je pense, de souligner cette question importante,
00:12:07c'est aussi la question que Pascal Praud dit souvent, si les règles du sport s'appliquaient à la politique.
00:12:13Qu'en serait-il de notre rapport à la hiérarchie ?
00:12:17Il est vrai que dans le sport, il y a deux choses qui ne sont pas forcément admissibles quand on parle de politique.
00:12:26La première chose, c'est ce que vous avez dit, le caractère indubitable, incontestable du podium.
00:12:31Le fait qu'on classe et le fait que ce classement crée une hiérarchie entre les gens.
00:12:37Mais la deuxième chose, c'est est-ce que ce classement-là, il est perçu à travers la notion de mérite ?
00:12:43Je ne suis pas si sûr que quand on pense à un sportif qui va faire un sprint sur dix secondes qu'il a préparé pendant quatre ans,
00:12:50qu'il y a évidemment des facteurs qui relèvent du hasard, son état de santé le jour même, la manière dont il a dormi la nuit,
00:12:56est-ce que sa cheville n'est pas un peu abîmée la veille ?
00:12:59Bon, est-ce que le fait qu'il gagne ou qu'il perde, qu'il soit premier, deuxième ou troisième,
00:13:04est-ce qu'on va analyser ça en convoquant le vocabulaire du mérite ou en convoquant un vocabulaire un peu plus occulte
00:13:11qui est à la fois celui peut-être de la chance, qui est à la fois celui de la naissance dans un corps qui était disposé à faire du sport
00:13:17et évidemment celui de l'entraînement et du travail.
00:13:19Mais en tout cas, quand on parle des sportifs, j'ai l'impression qu'on ne met pas tout sur le compte du travail
00:13:24et que souvent dans la notion de méritocratie, on tend dans une société à justifier et à légitimer les inégalités
00:13:32uniquement en invoquant le travail.
00:13:34Je ne dis pas que ça n'existe pas, mais je dis que ce n'est pas nécessairement le seul critère.
00:13:37Allez, on enchaîne avec vous Michel Thaube.
00:13:40J'étais un peu méchant en disant que vous avez cassé l'ambiance, vraiment.
00:13:44J'ai été un peu taquin, parce que c'est vrai, clope de fin avec cette cérémonie clôture.
00:13:51Et puis, c'est la fin de la trêve politique en quelque sorte et c'est ça que vous voulez évoquer avec nous ce soir.
00:13:58Alors effectivement, c'est la fin des Jeux Olympiques.
00:14:00Il y a les Jeux Paralympiques, il ne faut pas oublier, à la fin du mois, dans 15 jours.
00:14:05Mais effectivement, je voulais vraiment assister sur un point.
00:14:08On a tous vécu effectivement une parenthèse argentée, une fête extraordinaire, une très, très belle réussite.
00:14:15Il faut en convenir et s'en réjouir.
00:14:18Mais je crains que de prolonger cette fête ou de donner l'illusion qu'on va prolonger cette fête,
00:14:23comme le fait Emmanuel Macron depuis maintenant déjà 24 heures, au-delà du 11 septembre,
00:14:29c'est-à-dire au lendemain des Jeux Paralympiques, serait une erreur politique et même une injure,
00:14:35j'ai envie de dire, à tous les Français qui souffrent et qui n'ont peut-être pas profité de cette bulle enchantée qu'ont été les Jeux Olympiques.
00:14:43On pourrait, par exemple, pour cette bulle, parler des acteurs économiques dont certains ont profité des Jeux Olympiques,
00:14:47mais beaucoup sont passés totalement à côté, même dans Paris, Intramuros.
00:14:52Non, Paris 2024, ça a été une fête nationale extraordinaire.
00:14:58Ça a été un moment d'union nationale, c'est certain, mais une union nationale autour de quoi ?
00:15:03Autour de nos sportifs et autour d'un spectacle extraordinaire qui a été sublimé par la tenue des Jeux Olympiques.
00:15:12L'idée géniale, c'était que les épreuves, beaucoup des épreuves se passent dans Paris, dans les plus beaux lieux de notre pays.
00:15:18Paris, on pourrait citer également Marseille, la Polynésie, donc des lieux qui montrent la beauté de la France.
00:15:25Effectivement, union nationale, oui, on a vécu une union nationale, mais autour et dans la limite de quoi ?
00:15:32Du sport, de nos sportifs et évidemment de la beauté de la France qui a été sublimée par la tenue des Jeux Olympiques.
00:15:40Michel, c'est surtout l'appel au consensus que les Jeux devraient inspirer aux personnels politiques
00:15:44qui essaient de promouvoir Emmanuel Macron et que vous souhaitez ce soir dénoncer sur ces news.
00:15:52Alors, effectivement, je pense que depuis l'issue des élections législatives,
00:15:58Emmanuel Macron essaye de s'accrocher à une idée qu'il distille tout au long de ces rares interventions qu'il a pu faire depuis,
00:16:07déjà, les solutions de l'Assemblée nationale et surtout depuis l'issue des élections législatives.
00:16:14Il essaye de faire passer l'idée que le consensus qu'a constitué les Jeux Olympiques
00:16:20pourrait se prolonger dans une forme de consensus politique qui fasse nation
00:16:24et que, effectivement, cette union nationale qui s'est faite autour des Jeux Olympiques pourrait inspirer la vie politique.
00:16:31Et il somme un petit peu nos dirigeants politiques des différents blocs de l'Assemblée nationale
00:16:36de s'inspirer de ce consensus qu'ont montré les Jeux Olympiques.
00:16:43Et je pense qu'il s'agit là d'une illusion, d'une illusion clairement et par intérêt entretenue par le chef de l'État.
00:16:49Je viendrai après. Mais il s'agit d'une illusion. Et la première illusion de ce consensus,
00:16:56c'est qu'en fait, l'idée même d'un consensus en politique, dans la politique française, ne correspond pas à nos traditions politiques.
00:17:04Nous ne sommes pas en Allemagne. Nous ne sommes pas dans ces pays où lors des élections législatives à la proportionnelle,
00:17:10vous avez l'obligation pour des partis politiques de négocier, de s'entendre sur un programme de gouvernement.
00:17:17On ne peut pas imaginer un programme de gouvernement demain entre le bloc du Nouveau Front populaire et le bloc, par exemple,
00:17:25constitué par la Macronie. On ne peut pas imaginer un programme de gouvernement commun, évidemment,
00:17:32entre le Rassemblement national et ses alliés d'Éric Soti et la Macronie.
00:17:36Donc, effectivement, cette idée de consensus à laquelle appelle le chef de l'État, c'est une illusion qu'il essaye d'entretenir par intérêt,
00:17:44mais qui ne correspond pas à notre pays. Et deuxième élément, Emmanuel Macron croit peut-être qu'on pourrait gouverner la France
00:17:53comme on a organisé les Jeux olympiques. Il est vrai, aujourd'hui même, il a reçu à l'Élysée tous les organisateurs de Paris 2024.
00:18:01Il avait derrière lui Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, le président du Grand Paris. Mais autant on peut réunir des forces politiques différentes
00:18:09pour organiser les Jeux olympiques, on ne peut pas faire autant pour gouverner la France. Emmanuel Macron le sait bien, évidemment.
00:18:18J'ajoute que l'idée, cette idée du consensus comme si la France était comme une société de spectacle avec des événements organisés ne va pas aussi
00:18:29pour une raison qui est beaucoup plus profonde dans notre vie politique. C'est qu'en fait, autant il y a une union nationale sur l'organisation
00:18:39de Paris 2024, l'enjeu en valait la chandelle, autant je pense que la France n'est pas unie aujourd'hui comme l'illusion, comme le chef d'État
00:18:49voudrait le faire croire. Et pourquoi la France n'est pas unie ? La France n'est pas unie parce qu'elle est profondément divisée.
00:18:55Elle est divisée en trois blocs qui sont irréconciliables et qui ne peuvent pas ensemble se retrouver pour gouverner la France.
00:19:02Trois blocs qu'on retrouve aujourd'hui à l'Assemblée nationale, qui sont évidemment le bloc de la droite nationaliste qui est pour un retour du souverainisme
00:19:11et un coup de barre sur le plan du régalien. Évidemment, à l'autre extrême, le nouveau front populaire qui, lui, évidemment pour une France très jacobine,
00:19:22ultra-wockiste et très étatiste. Et entre les deux, une forme de centrisme de plus en plus dilué, centrisme qui est d'ailleurs l'autre mot
00:19:32que pourrait employer le chef de l'État quand il appelle à une forme de consensus. L'idée même du consensus politique dans notre pays,
00:19:39c'est une idée profondément centriste, mais dont on a connu ces dernières années, évidemment, les limites avec l'action du gouvernement.
00:19:48Et c'est pourquoi je pense que lorsque le chef de l'État demande aux Français et aux personnels politiques plus précisément de s'inspirer de la réussite de Paris 2024,
00:19:57de s'inspirer de l'état d'esprit de Paris 2024, il ne fait que illusion parce que cela ne correspond pas à l'état de la vie politique.
00:20:05Et on va le voir très, très vite dans les semaines qui viennent. Et je voudrais d'ailleurs terminer en reprenant les mots qu'il a eus aujourd'hui et qui sont saisissants.
00:20:15Dans son intervention à l'Élysée, devant les forces vives du pays qui ont organisé Paris 2024 avec autant de succès, il a eu ces mots que je trouve presque hallucinants.
00:20:28Et qui montrent bien dans quelle bulle le chef de l'État a vécu ces dernières semaines, voire ces derniers mois.
00:20:35Il a dit au fond, parlant évidemment des quinze jours que nous avons tous vécu, au fond, on n'a pas envie que la vie reprenne ses droits parce que la vraie vie,
00:20:45c'est ce qu'on a vécu ces dernières semaines. C'est ça la vraie vie, a-t-il ajouté.
00:20:52Eh bien non, Monsieur le Président, ce n'est pas cela la vraie vie. Et je pense que très rapidement, les réalités de notre pays, ce n'est pas la vie politicienne,
00:21:01c'est la réalité, la colère de nos concitoyens. C'est les difficultés sociales, les difficultés économiques, la perte de rayonnement de la France dans le monde
00:21:09qui vont vite nous rattraper. Et cette parenthèse enchantée va vite se refermer.
00:21:15C'est une petite réaction sur les propos tenus par Michel Taubes et notamment sur l'analyse effectuée par Emmanuel Macron ce matin devant les forces vivres
00:21:27qui ont organisé et qui ont participé au succès de ces Jeux olympiques.
00:21:32En fait, je comprends ce qu'il veut dire quand il parle de la vraie vie. Et effectivement, c'est faux. C'est-à-dire que face à un événement qui transcende les énergies,
00:21:42qu'il soit dramatique ou qu'il soit positif, à la fin, ça aplanit tout. Autrement dit, les querelles, les tensions, tout ça a l'air de disparaître.
00:21:51Or, en fait, elles ne disparaissent pas. C'est que souvent, on passe soit en mode survie, soit en mode festif. Et dans les deux cas, on élimine une partie de ses besoins
00:21:59et de ses angoisses. Mais la vraie vie, malheureusement, c'est ce qui vous amène à faire face au quotidien et à être dans un quotidien dans lequel vous pouvez vous battre
00:22:08parce que vous êtes à peu près sûr de qui vous êtes, de l'environnement qui vous entoure. Et vous pensez que vous partagez un certain nombre de valeurs, finalement,
00:22:16avec tous les êtres qui forment votre société politique. Et c'est ça qui a disparu ou qui est en train de disparaître. Et c'est ça qu'Emmanuel Macron rêverait de recréer.
00:22:26Mais force est de constater qu'il n'en a sans doute ni les épaules ni la capacité et qu'il ne sait même pas vraiment comment s'y prendre.
00:22:33Nathan, petite réaction.
00:22:36Quand on parle de la vraie vie, ça rappelle peut-être d'abord Proust. On retrouvait la vraie vie, la seule vie réellement vécue, c'est la littérature.
00:22:47Et c'est aussi un peu Rimbaud, la vie est ailleurs. Dans les deux cas, il s'agit de dire la vraie vie n'est pas forcément ce qu'on entend par un concept très pragmatique
00:22:58de ce qui constitue une bonne vie. Et c'est vrai que moi, j'avais plutôt tendance à reprocher au macronisme pour l'instant, d'avoir une vision extrêmement pragmatiste du monde.
00:23:09C'est-à-dire que pour eux, ce qui était bien, c'était ce qui était efficace. Et finalement, on l'a vu souvent dans les grands débats idéologiques, chaque fois qu'ils agissaient
00:23:17pendant la crise sanitaire, pendant la réforme des retraites, bref, chaque fois qu'ils prenaient une décision, ils le faisaient toujours en invoquant non pas un idéal,
00:23:26non pas une grande idée, non pas une prise de position idéologique, mais une logique presque d'algorithme de dire c'est comme ça, c'est obligatoire, etc.
00:23:35Qu'il y ait un petit peu de romantisme du côté d'Emmanuel Macron et qu'il se dise peut-être que finalement, c'est ça le plus important, parce que dans un siècle,
00:23:44on se souviendra des Jeux Olympiques à Paris plus que du remaniement qui sera probablement oublié dans dix ans. En soi, je ne le lui reprocherai pas.
00:23:53Le problème, c'est qu'évidemment, le romantisme et la politique, ça a toujours fait deux, et toute l'histoire de France le démontre.
00:23:59Alexandre, sans empiéter sur, évidemment, Emmanuel Macron qui va devoir se mettre au travail, mais on en parlera juste après la pause publicitaire dans cette émission.
00:24:08Quel regard avez-vous porté sur cette déclaration, effectivement, magnifique ?
00:24:15Moi, je le trouve complètement hors sol parce qu'effectivement, ne tenant pas compte des réalités quotidiennes de beaucoup de Français qui doivent terminer la fin du mois
00:24:26et pour qui c'est une souffrance réelle tous les jours. Et ensuite, moi, je ne le comprends pas comme Nathan. C'est-à-dire que Nathan dit que c'est du romantisme.
00:24:35Et moi, je crois que dans la tête d'Emmanuel Macron, c'est au contraire la continuité de sa vision du monde. C'est-à-dire les Jeux Olympiques se sont bien passés
00:24:42grâce au bon travail finalement de l'administration, de la technocratie. Et finalement, dans la vraie vie, il faudrait nous laisser faire, nous foutre la paix et oublier la politique.
00:24:55On peut le comprendre aussi comme ça. Je ne sais pas qui a une raison. Mais c'est une autre lecture des choses. Et je pense que oui, dans sa tête, ça veut dire laisser faire l'administration.
00:25:08La bonne politique, c'est la politique où l'administration fait et où les Français ont les passions politiques autour. On s'en fiche.
00:25:16– Michel Taubes.
00:25:17– En fait, deux choses. Je pense que les appels du chef de l'État à trouver les voies d'un consensus dans la vie politique française, en fait, c'est un double déni de réalité.
00:25:27C'est un déni de réalité d'abord de la façon dont fonctionne la politique française. C'est ce que je voulais dire.
00:25:32– C'est un déni de la démocratie même d'une certaine manière.
00:25:34– Et en tout cas, de la démocratie à la française qui est dans le débat, la contextualité, l'opposition des valeurs.
00:25:41Donc le Président Ai-Puing ne va quand même pas demander aux socialistes d'abander leurs idées marxisantes qui se sont rapprochées de Jean-Luc Mélenchon,
00:25:50ni au Rassemblement national de céder sur leur volonté de mesures beaucoup plus nationalistes. Donc il n'y aura pas de consensus possible.
00:25:58Mais au-delà de cette dimension politicienne, politique, il y a un déni de réalité parce que je trouve que le Président de la République,
00:26:09et ça lui correspond, je trouve, dans son tête, il a une vision parfois littéraire, je trouve, de la politique.
00:26:15C'est-à-dire, il aime bien faire des longs discours, de grands discours.
00:26:17Vous allez voir, cette semaine, il va faire plusieurs discours comme il le fait tous les ans pour la célébration du débarquement de Provence à Bormes-les-Mimosas.
00:26:28Et puis déjà dans deux jours. Et à chaque fois, c'est le même rituel. Il y a un discours assez littéraire, mais qui est en fait une vision qui se met entre lui et la réalité.
00:26:40Et je trouve que les Jeux olympiques ont offert au chef de l'État une extraordinaire occasion d'être dans le déni de la réalité parce que la réalité des Jeux olympiques,
00:26:50qui était si belle, si extraordinaire, grâce à nos sportifs, quand même, avant tout, et grâce à la beauté de Paris, à Jean Tourzy, une très belle organisation.
00:27:00Mais cette réalité-là n'est pas la réalité de toute la France. Et dernier exemple, étant parisien, mais venant, ayant passé moins de deux jours hors de la région parisienne,
00:27:12je peux vous dire qu'il y a beaucoup de Français qui ont vu cette réalité des Jeux olympiques à la télévision, mais qui n'ont pas du tout profité des fruits,
00:27:21notamment au niveau du tourisme, au niveau de l'activité économique, et qui donc ressortent un peu de cette période avec une forme de colère en se disant
00:27:29« Mais finalement, on a tous eu un très beau spectacle, mais est-ce que la France réelle en a véritablement profité ? »
00:27:36Encore plus sur l'aspect sécuritaire. Il y a l'aspect économique. Je ne comprends pas d'où sortent les chiffres en disant qu'il y a une augmentation de la fréquentation des restaurants, des hôtels.
00:27:51Là encore, on a l'impression qu'ils ne fréquentent pas les mêmes personnes que nous. Ça m'arrive de discuter avec les taxis.
00:27:57J'avais un restaurateur aujourd'hui.
00:27:59Ils sont tous effondrés.
00:28:01Il y a une chute du chiffre d'affaires.
00:28:04Donc là, il y a un décalage. Je pense qu'il y a une forme de mensonge.
00:28:07D'ailleurs, ils disent que ça a augmenté, mais ils ne disent pas par rapport à quand.
00:28:10Donc ça, je serais curieux de le savoir. Je pense qu'on joue avec les chiffres.
00:28:15Et après, pour abonder dans ce qui a été dit, il n'y a pas que l'aspect économique.
00:28:18On a vécu aussi une parenthèse enchantée parce qu'on avait une ville sûre et propre.
00:28:23Et malheureusement, on l'a déjà dit et redit, mais quand il n'y aura plus 45 000 policiers déployés, ce sera plus compliqué.
00:28:31Nathan, très rapidement, est-ce qu'on doit partir en pub ?
00:28:33Très rapidement, si on fait une analyse de politiques politiciennes très cyniques,
00:28:37il est vrai quand même qu'Emmanuel Macron a réussi ses paris.
00:28:40Quand il a fait la dissolution, tout son camp lui disait
00:28:43« Vous allez tuer le macronisme, Maître Jordan Bardella, à Matignon. »
00:28:46Ça ne s'est pas passé et son camp ne s'en est pas si mal tiré par rapport à la défaite historique qu'on annonçait.
00:28:51Ensuite, les Jeux Olympiques lui ont permis, j'y reviendrai dans mon édito,
00:28:55de faire de la récupération politique, qui était presque légitime, c'était de bonnes guerres.
00:28:59Il n'est pas exclu qu'il arrive à construire un gouvernement de coalition
00:29:04qui soit une sorte de macronisme élargi, un peu plus fragile qu'en 2022,
00:29:07mais qui globalement ne change pas grand-chose à ce qu'il y avait jusqu'alors.
00:29:11Quand même, pour un romantique, il ne perd pas le nord.
00:29:15Il ne perd pas le nord.
00:29:16Allez, on marque une pause dans ce Face à l'info.
00:29:19On se retrouve avec Alexandre de Véghio.
00:29:21Oui, il y a du boulot pour Emmanuel Macron.
00:29:23Oui, effectivement.
00:29:24J'ai réduit votre édito à ça.
00:29:27Il va falloir bosser.
00:29:28Il y a un Premier ministre à nommer, il y a un gouvernement.
00:29:30Bref, vous allez tout nous raconter et votre état d'esprit aussi.
00:29:34Allez, on marque une pause.
00:29:35A tout de suite.
00:29:39Merci de nous accueillir chez vous.
00:29:41Il est un peu plus de 19h30, c'est Face à l'info.
00:29:44Saison été, évidemment.
00:29:46Mes invités du soir, Céline Pinard, Nathan Devers, Michel Thaube et Alexandre de Véghio.
00:29:50On va commencer avec vous et on va plutôt poursuivre avec vous, mon cher Alexandre,
00:29:54parce que, évidemment, j'ai réduit votre tribune.
00:29:58Il va falloir qu'Emmanuel Macron travaille.
00:30:00Évidemment, c'est l'enjeu majeur.
00:30:02C'est-à-dire que, pour faire sens à l'édito de Michel Thaube en disant
00:30:06que c'était la fin de la trêve politique, conséquence puisque tout est parfaitement huilé.
00:30:10Il faut trouver un Premier ministre.
00:30:12Et puis, il faut également, dans la foulée, trouver un gouvernement.
00:30:15Et ça, c'est l'enjeu du moment.
00:30:17Oui, et ce n'est pas gagné en réalité, parce que Michel Thaube a parfaitement raison.
00:30:21Après la parenthèse enchantée, le mur du réel qui est, je dirais,
00:30:26à la fois un mur politique, mais là où ça se complique encore plus,
00:30:30c'est que c'est aussi un mur institutionnel et technique.
00:30:34Et paradoxalement, je crois qu'un gouvernement technique,
00:30:37au moins dans un premier temps, ne résoudrait pas les choses.
00:30:41Puisque si on est totalement pragmatique,
00:30:44remplacer le ministre des Affaires étrangères par le secrétaire général du Quai d'Orsay,
00:30:49si vous voulez, c'est tout à fait faisable.
00:30:51Vous pouvez remplacer le ministre de l'Intérieur par le préfet de police de Paris.
00:30:55Par contre, vous ne pouvez pas remplacer le ministre de l'Économie et des Finances
00:30:58par le directeur du budget, puisqu'il va falloir,
00:31:01le premier acte politique du nouvel gouvernement,
00:31:03ça va être de faire voter le budget.
00:31:06Et ça, c'est un acte politique.
00:31:08Et en fait, s'il n'y arrive pas, le gouvernement est immédiatement renversé.
00:31:14Je crois que pour le moment, et c'est ça la difficulté d'Emmanuel Macron,
00:31:18aucune majorité au Parlement se dégage pour voter le budget,
00:31:21parce que personne n'y a intérêt.
00:31:23Alors, on évoque des hommes providentiels.
00:31:25On peut les prendre un par un, si vous voulez.
00:31:27Mais je crois que même Léon Marchand n'y arriverait pas, si vous voulez.
00:31:31Prenons Xavier Bertrand, par exemple.
00:31:34Il appelle un républicain.
00:31:36D'accord. Est-ce que les socialistes, le nouveau Front populaire
00:31:41aurait intérêt à soutenir Xavier Bertrand ?
00:31:44Est-ce que les Républicains eux-mêmes ont envie de soutenir Xavier Bertrand ?
00:31:48On voit bien que celui qui mène la dent chez les Républicains, c'est Laurent Wauquiez.
00:31:52Donc on voit bien tout de suite que c'est une solution qui,
00:31:55politiquement peut-être qui ferait consensus dans les médias,
00:31:57mais au moment de voter au Parlement, ce sera très compliqué.
00:32:00Idem avec Bernard Cazeneuve.
00:32:03On voit pas très bien pourquoi Marine Le Pen,
00:32:06pourquoi Laurent Wauquiez voteraient Bernard Cazeneuve,
00:32:08mais on voit même pas très bien pourquoi le nouveau Front populaire,
00:32:10qui a choisi une Premier ministre, voterait pour Bernard Cazeneuve,
00:32:15qui est finalement loin aujourd'hui du centre de gravité de la gauche,
00:32:19qui est de plus en plus à gauche.
00:32:20En réalité, Bernard Cazeneuve, il aurait le soutien du camp du Président de la République.
00:32:25Et c'est tout.
00:32:26Donc ça se complique.
00:32:27Après, on parle de personnalités extérieures comme Christine Lagarde.
00:32:32Mais là encore, on dit c'est une technicienne.
00:32:36Ce n'est pas vrai.
00:32:37Elle a été ministre de Nicolas Sarkozy.
00:32:39On voit mal, là encore, le nouveau Front populaire adouber,
00:32:43si vous voulez, une ancienne ministre de Sarkozy,
00:32:45qui plus est ancienne patronne du FMI.
00:32:50À un moment donné, ça a un sens politique.
00:32:52Et on voit bien qu'il y a une forme de...
00:32:53C'est comme un Rubik's Cube.
00:32:55Et on ne voit pas très bien comment les pièces vont s'assembler
00:32:58pour avoir une majorité pour voter ce premier budget.
00:33:03Donc concrètement, ce n'est pas très positif et très engageant.
00:33:05C'est-à-dire qu'on est dans une impasse totale.
00:33:07On est face à un mur, si je puis dire.
00:33:10Oui, c'est ce que j'ai commencé par là, par le mur politique.
00:33:13J'imaginais qu'on était très positif jusqu'à ce soir.
00:33:16Je ne crois pas qu'il y ait, si vous voulez,
00:33:18de personnalité comme ça qui pourrait dégager une majorité.
00:33:25Là où le président de la République va devoir être habile,
00:33:28il va devoir justement faire de la politique.
00:33:30On parlait de son côté gestionnaire, jupitérial.
00:33:34Il va falloir trouver un chemin pour convaincre,
00:33:36si vous voulez, les parlementaires de lui donner une majorité.
00:33:43Il y a sans doute trois chemins qui s'ouvrent à lui.
00:33:48Le premier m'a été soufflé, je dois te dire,
00:33:50ce qui a été à César, par Alain Minc.
00:33:52Mais si vous voulez, je suis rarement d'accord avec Alain Minc.
00:33:55Mais quand le champion du cercle de la raison vous dit
00:33:57attention, il faut moins être jupitérien.
00:34:00Il faut faire preuve d'habileté politique.
00:34:01Emmanuel Macron est comme un boxeur, si vous voulez,
00:34:04il m'a expliqué qu'il y a une main liée dans le dos.
00:34:06Donc, il ne peut plus faire preuve d'autoritarisme.
00:34:08Il va falloir trouver un chemin.
00:34:10Et Alain Minc a, à mon avis, une théorie qui se tient.
00:34:16C'est-à-dire que lui, il pense que l'une des clés,
00:34:19c'est notamment de faire en sorte de diviser le Nouveau Front populaire,
00:34:24de ramener les socialistes qui sont, pour partie sociodémocrate
00:34:28et un peu plus proche du camp présidentiel,
00:34:30et un peu plus proche des Républicains,
00:34:32les convaincre de l'abstention.
00:34:34Mais pour cela, encore une fois, il faut une méthode.
00:34:37Les socialistes, pour l'instant, sont unis au Nouveau Front populaire.
00:34:42Et il n'y a pas de raison qui change, d'autant plus que c'est eux
00:34:45qui ont proposé Lucie Castex, c'est leur candidat.
00:34:48Donc, Alain Minc dit, en réalité, Emmanuel Macron doit respecter
00:34:54la tradition démocratique et républicaine et appeler,
00:34:58dans un premier temps, la candidate, finalement,
00:35:01de ceux qui sont arrivés en tête, aux législatives.
00:35:05Il peut l'appeler, d'ailleurs, en fixant une condition toute simple,
00:35:08celle d'avoir la confiance du Parlement.
00:35:10On verrait assez rapidement qu'elle n'obtiendrait pas la confiance du Parlement.
00:35:14Mais au moins, Emmanuel Macron éviterait les procès en déni de démocratie
00:35:20et permettrait aux partis socialistes, si vous voulez, de pouvoir se dégager
00:35:24en disant, ce n'est pas nous qui sommes des sociotraîtres, si vous voulez,
00:35:28c'est le fait qu'il n'y a pas de majorité qui se dégage,
00:35:30il n'y a pas de majorité au Parlement.
00:35:33Et donc là, éventuellement, il pourrait s'abstenir pour soutenir
00:35:37soit un gouvernement technique, soit un gouvernement un peu plus social,
00:35:42démocrate, qui pourrait convaincre, effectivement, des Républicains
00:35:46jusqu'aux écologistes.
00:35:48Mais là encore, voilà, c'est un chemin.
00:35:52C'est un chemin compliqué.
00:35:53Ça dépend beaucoup de la bonne volonté des socialistes.
00:35:56– Alors, l'autre chemin possible ?
00:35:58– Oui, il y a un autre chemin possible qui n'est pas…
00:36:00– Il y a trois voies, donc moi je vous écoute.
00:36:02– Il y a trois chemins, moi je vois trois chemins, mais alors…
00:36:05– On veut le deuxième.
00:36:06– Le premier tient énormément à la bonne volonté des socialistes,
00:36:09mais à le mérite d'être démocratique et doit reposer sur l'habileté
00:36:13d'Emmanuel Macron dans un premier temps.
00:36:15Le deuxième est beaucoup plus autoritariste.
00:36:17Alors là, on verrait revenir le retour d'Emmanuel Macron jupétérien,
00:36:22mais sur le plan technique, ça tient.
00:36:27C'est-à-dire avoir recourir à l'article 16 de la Constitution.
00:36:30C'est quelque chose qui tourne dans les cercles macronistes.
00:36:34Le recours à l'article 16, c'est finalement donner les pleins pouvoirs
00:36:38au président de la République pendant quelques temps.
00:36:45Il peut le faire sans la signature du Premier ministre, des ministres.
00:36:49Les conditions posées sont…
00:36:53Ça peut rentrer dans le cadre des conditions qui sont posées.
00:36:55D'une part, il y aurait une menace grave et immédiate
00:36:58des institutions de la République, de l'indépendance de la nation,
00:37:00de l'intégrité de son territoire ou de l'exécution de ses engagements internationaux.
00:37:04Donc là, non, ça ne rentre pas dans ce cadre-là,
00:37:07mais ça peut rentrer dans l'interruption du fonctionnement régulier
00:37:10des pouvoirs publics constitutionnels.
00:37:12Donc constitutionnellement, c'est faisable,
00:37:15d'autant plus qu'il faut demander l'avis du Conseil constitutionnel
00:37:18seulement 60 jours après.
00:37:22Donc si vous voulez, le président de la République,
00:37:23c'est une décision souveraine qu'il peut prendre
00:37:27et qu'il peut prendre pour un très court laps de temps.
00:37:30En réalité, c'est là l'idée des Macronistes,
00:37:33c'est-à-dire que ce ne serait pas six mois comme l'avait fait
00:37:35le général de Gaulle au moment du coup d'État militaire en Algérie.
00:37:40Ça n'a été utilisé qu'une seule fois par le général de Gaulle,
00:37:43en 62, au moment où il y avait une crise,
00:37:46ou en 61 pour être exact, au moment où on était dans une crise totale
00:37:50et où effectivement, on pouvait considérer que l'intégrité
00:37:54des institutions était menacée.
00:37:58Il l'avait pris pour six mois, mais il peut très bien dire
00:38:01qu'on le prend pour un mois, le temps de faire voter le budget.
00:38:05Donc ça, c'est une solution techniquement faisable
00:38:07auxquelles certains pensent, certains conseillent.
00:38:10Alors, on a vu ce que ça donnait parfois d'écouter les conseillers,
00:38:14mais qui, politiquement, est quand même très difficile
00:38:16parce que là, le procès en déni de démocratie
00:38:19interviendrait immédiatement et, si vous voulez,
00:38:23le nouveau Front populaire ou même le Rassemblement national
00:38:26pourraient lancer en réponse une procédure de destitution
00:38:31du président de la République.
00:38:32Là aussi, compliqué à mettre en place, mais si on lit les textes,
00:38:36on peut effectivement considérer que le président de la République
00:38:40a pris une forme de pouvoir dictatorial.
00:38:43En tout cas, ce serait l'argument.
00:38:44Alors, sans doute, ils n'auraient pas la majorité pour le faire,
00:38:47mais, si vous voulez, on serait dans le contexte
00:38:50d'une véritable crise de régime.
00:38:52Donc, les choses sont extrêmement complexes
00:38:55et, à mon avis, on n'est pas sortis de la crise.
00:38:57Alors, on est 1, 2 et 3 ?
00:38:593. Oui, en fait, je me suis emporté
00:39:01parce que je vous ai fait l'hypothèse la plus dramatique.
00:39:03Je voulais finir par là, en troisième position.
00:39:07Le retour à la réalité, on a bien rêvé d'en penser.
00:39:10Il y avait une autre hypothèse à laquelle je ne crois pas beaucoup.
00:39:13J'avais parlé de l'abstention des socialistes
00:39:16parce qu'effectivement, l'abstention des socialistes,
00:39:19il n'y a pas de motion de ce surpossible,
00:39:20si vous voulez, simplement avec les Insoumis
00:39:23et le Rassemblement national.
00:39:24Donc, ça laissait la main au gouvernement,
00:39:26au moins pour faire des petites choses.
00:39:28Il y a une autre solution possible,
00:39:30c'est effectivement l'abstention du Rassemblement national,
00:39:33ce qui supposerait, à l'inverse,
00:39:34de mettre un gouvernement de droite,
00:39:37par exemple un Laurent Wauquiez,
00:39:39qui ferait une politique très à droite
00:39:41et le Rassemblement national serait l'arbitre des élections.
00:39:44Ça marche sur le plan technique et mathématique.
00:39:47Ça marche beaucoup moins bien sur le plan politique
00:39:49puisque après le front républicain
00:39:51entre les deux tours des législatives,
00:39:53c'est quand même très compliqué d'expliquer aux électeurs,
00:39:57par exemple de la France insoumise,
00:39:59du nouveau front populaire ou du centre,
00:40:01qu'ils ont fait barrage pour ensuite avoir une politique
00:40:04finalement compatible avec celle du Rassemblement national.
00:40:07Et alors, vous savez, dans les siècles parisiens,
00:40:11parfois on évoque la démission d'Emmanuel Macron.
00:40:14On évoque ça, mais bon.
00:40:16On vous parlait du scénario le plus dramatique
00:40:18où il y a une procédure, les gens l'oublient,
00:40:20il y a une procédure dans la constitution
00:40:22de déchéance du président de la République.
00:40:25Sans même lancer cette procédure,
00:40:26on pourrait imaginer que face au chaos politique
00:40:30dans lequel on se trouve,
00:40:31une des solutions serait finalement
00:40:33qu'Emmanuel Macron donne sa démission.
00:40:35Le problème, c'est que ça ne résoudrait pas grand-chose
00:40:38puisqu'il est interdit de dissoudre
00:40:43moins d'un an après une dissolution.
00:40:46Donc, même si demain, Emmanuel Macron donnait sa démission,
00:40:49qu'on avait une élection présidentielle
00:40:52avec un président qui aurait un nouveau souverain,
00:40:54qui serait relégitimé,
00:40:55eh bien, ce président n'aurait pas davantage de majorité.
00:40:59Donc, la démission d'Emmanuel Macron, elle peut intervenir,
00:41:02mais il faudrait qu'elle l'intervienne après un an,
00:41:05si vous voulez, de chaos institutionnel.
00:41:08Voyant que les sondages ne lui permettent pas
00:41:11d'avoir de majorité en cas de nouvelle dissolution,
00:41:14il pourrait effectivement remettre sa démission
00:41:16et permettre effectivement de retrouver du souffle
00:41:21avec une nouvelle élection.
00:41:23Mais vous voyez que ça nous annonce
00:41:26une année extrêmement mouvementée,
00:41:28d'autant plus qu'il y a un facteur dont je n'ai pas parlé,
00:41:31c'est le facteur extérieur.
00:41:33Les marchés financiers qui ont été assez cléments avec la France,
00:41:37je pense ne vont pas voir d'un très bon oeil
00:41:40le fait qu'on n'ait pas de gouvernement.
00:41:43Il y aurait une solution sympathique,
00:41:45c'est justement ne pas avoir de gouvernement du tout.
00:41:47Moi, j'ai trouvé ça pas mal pendant les Jeux olympiques,
00:41:50que les ministres ne fassent pas semblant
00:41:53de faire autre chose que de la communication.
00:41:54C'était reposant, mais hélas, ça ne marche pas.
00:41:58Ça a marché en Belgique pendant plus d'un an,
00:41:59mais c'était avec un système fédéral.
00:42:02C'est techniquement pas faisable.
00:42:04Ce qu'il est intéressant de voir tout de même,
00:42:06c'est que le président de la République
00:42:08s'est mis dans une situation lui-même extrêmement compliquée,
00:42:11y compris pour sa fonction.
00:42:12Et sans doute parce qu'en procédant à la dissolution,
00:42:15il a fait quelque chose finalement de gravissime.
00:42:19Il est le garant des institutions.
00:42:20Il est le garant de l'instabilité du pays.
00:42:22Il est là pour rassembler le pays.
00:42:24Et en faisant une dissolution,
00:42:27il a choisi d'aggraver les divisions.
00:42:30Et par là même, il aggrave ses propres difficultés, je pense.
00:42:35Merci, Alexandre.
00:42:37Allez, on va parler des Jeux olympiques avec Nathan Devers,
00:42:41qui est tombé sous le charme des Jeux olympiques.
00:42:43Et surtout, on voit que la France et Paris
00:42:46ont mis la barre là, là, très, très haut.
00:42:49Et il y a une certaine pression sur Los Angeles.
00:42:53Qui aurait pu imaginer que nous allions mettre la pression à Los Angeles ?
00:42:58S'il y a bien une ville qui, pour tout un tas de raisons,
00:43:01n'a pas peur d'organiser des spectacles,
00:43:03s'il y a bien une ville qui est peut-être à elle-même un spectacle
00:43:06et qui n'est peut-être rien d'autre qu'un immense spectacle,
00:43:09et ce n'est pas une critique quand je dis cela,
00:43:11eh bien figurez-vous que cette ville semble avoir été impressionnée
00:43:16par les Jeux olympiques comme le monde entier,
00:43:17mais même avoir un peu peur maintenant à l'idée que les siens,
00:43:21les prochains, donnent l'impression de quelque chose de moins important.
00:43:26Comme si, là, c'était Los Angeles qui avait le...
00:43:29On dit souvent que la France était menacée
00:43:31de devenir une sorte de province des États-Unis.
00:43:34Là, c'est Los Angeles qui a presque le complexe de la province vis-à-vis de Paris.
00:43:38J'aimerais, justement, commencer en vous lisant
00:43:41ce qui était en une, aujourd'hui, du Los Angeles Time,
00:43:46l'édito d'un journaliste qui s'appelle David Wharton, que je vais vous lire.
00:43:50« Aucune autre ville au monde ne peut faire ce que Paris a fait
00:43:53au cours des trois dernières semaines »,
00:43:54il mentionne la beauté de toutes les épreuves, la cérémonie, etc.
00:43:59Les Jeux d'été de 2024 ont soulevé une question importante.
00:44:02Comment Los Angeles peut-il surpasser cela ?
00:44:06Et le président du comité olympique qui organise les Jeux de 2028
00:44:13a reconnu lui-même que c'était un défi très, très difficile
00:44:17qui leur inspirait une forme de timidité et d'intimidation.
00:44:22Alors, c'est ça qui est quand même incroyable.
00:44:24Ces lignes-là que je viens de vous lire,
00:44:26je pense que personne n'aurait pu imaginer qu'elles seraient écrites
00:44:30il y a deux mois et qu'objectivement, à peu près personne,
00:44:32il y avait des gens qui disaient que ça allait bien se passer,
00:44:34mais personne n'a dit « ça va être absolument extraordinaire ».
00:44:37Et je pense qu'au sens où Marc Bloch parlait d'étranges défaites,
00:44:41une défaite qui était, c'était incomparable puisque c'était la défaite de 40,
00:44:46mais une défaite que personne n'avait vu venir,
00:44:48que les élites ne voyaient pas,
00:44:49et une défaite qui en disait très, très long sur une grande malédiction française,
00:44:53on pourrait parler aussi d'étranges victoires,
00:44:55mais d'étranges au sens positif du terme,
00:44:57ça veut dire une victoire imprévue
00:44:59et une victoire qui nous en apprend aussi peut-être très, très long
00:45:02sur l'état actuel de la France.
00:45:03Alors, imprévue pourquoi ?
00:45:05Inutile de le rappeler, mais je vais juste le rappeler quand même quelques éléments.
00:45:09D'abord, il y avait énormément de gens qui étaient contre, par principe,
00:45:12l'idée qu'il puisse y avoir des Jeux olympiques.
00:45:15Moi, j'en faisais partie d'avoir des critiques là-dessus.
00:45:17Je disais que je préférais une exposition universelle, mais peu importe.
00:45:19Des gens qui nous disaient que ce serait un gouffre financier,
00:45:21que ce serait une catastrophe, etc.
00:45:23Deuxièmement, contexte international où avec la guerre entre l'Ukraine et la Russie,
00:45:29avec les menaces de déstabilisation russe sur la France,
00:45:31avec depuis le 7 octobre toutes les menaces d'attentats islamistes qui existent en France,
00:45:35il y avait naturellement la crainte que ce soit une situation très, très dangereuse
00:45:40en matière d'attentats et de terrorisme.
00:45:42Et surtout, ce choix de faire une cérémonie d'ouverture en pleine ville sur la Seine,
00:45:46il y avait des gens pour dire que c'était un choix, à l'époque, criminel.
00:45:50Il y avait aussi, souvenons-nous, dans les craintes qui ont,
00:45:52surtout depuis les dernières semaines, les risques de grève.
00:45:55Le préavis de grève déposé par certains danseurs de la cérémonie d'ouverture.
00:46:00Il y avait ensuite la dissolution, on en a longuement parlé,
00:46:02et la mauvaise atmosphère qui s'est répandue dans le pays.
00:46:05Le sabotage de trains, de la SNCF, de rails, le matin même.
00:46:08Et la météo.
00:46:10Dix minutes avant le commencement de la cérémonie d'ouverture,
00:46:12je pense que nous étions tous en train d'être absolument effrayés sur les nerfs
00:46:17et se dire ça va être une catastrophe.
00:46:18Résultat, ça a été l'inverse.
00:46:19Dès que ça a commencé, forme de miracle, miracle laïque,
00:46:23mais miracle de la beauté absolue et de la réussite totale.
00:46:26Alors Nathan, est-ce qu'on peut en tirer des leçons politiques
00:46:29ou est-ce seulement la réussite d'un événement sportif ?
00:46:33Alors, il me semble que c'est évidemment un événement sportif.
00:46:36Et évidemment qu'un événement sportif, c'est du symbolique.
00:46:39Et qu'il ne faut pas, si vous voulez, lui donner trop d'importance
00:46:41et que ce serait ridicule, complètement démagogique et même irresponsable
00:46:45de dire que c'est formidable en oubliant tous les...
00:46:48Si vous voulez, de dire que c'est formidable et en oubliant
00:46:50qu'il y a des problèmes de pouvoir d'achat, de la dette, etc.
00:46:54Mais ce symbole, il est très important, je pense pour une raison.
00:46:56C'est que c'est la première fois depuis extrêmement longtemps
00:47:00qu'il n'y avait pas eu un moment où le pays était en communion.
00:47:04Ça veut dire où tous les individus faisaient fi de leurs différences idéologiques,
00:47:09de leurs différences sociales, de leurs différences de perception de la France
00:47:13pour partager exactement le même sentiment.
00:47:16Et je vous le disais ce matin, mais par exemple dans ma génération,
00:47:19il est vrai que les seuls moments de communion française
00:47:21que nous avons connus pour l'instant, c'était des drames.
00:47:23C'était le soir du Bataclan, c'était l'attentat de Charlie Hebdo,
00:47:26c'était l'attentat de Nice et que c'est la première fois,
00:47:29je pense que ma génération découvre véritablement
00:47:32une situation où tous les Français vivent au diapason.
00:47:35Ça, ça donne évidemment une portée politique à la chose.
00:47:38Deuxièmement, il me semble que politiquement, inutile même de les nommer,
00:47:42mais tous les acteurs politiques qui ont joué au Cassandre
00:47:45en disant que ça allait être une catastrophe.
00:47:47Alors, on a vu certains qui parlaient d'humiliation de la France.
00:47:50Au Rassemblement national, dans les jours qui ont précédé les Jeux olympiques,
00:47:54on disait que ce seraient des Jeux olympiques sans public,
00:47:56que c'était humiliant même le choix de Ayanna Kamoura, etc.
00:48:00Et puis, il y avait d'autre part aussi, notamment à la France insoumise,
00:48:03beaucoup de gens qui disaient que c'était des Jeux olympiques,
00:48:06qu'il allait être une sorte de spectacle Potemkin,
00:48:08que c'était des Jeux qui faisaient oublier toute la réalité sociale, etc.
00:48:11Et je pense qu'objectivement, on peut constater,
00:48:14d'ailleurs, le Rassemblement national a arrêté de critiquer les Jeux olympiques
00:48:16dès qu'ils ont vu que ça marchait,
00:48:18que quand Emmanuel Macron dit dans l'équipe que l'esprit de défaite a perdu,
00:48:22eh bien, il montre très bien comment il entend revisiter politiquement la chose.
00:48:26Mais il y a une autre dimension politique qui, à mon avis, est très intéressante
00:48:30et qui n'a pas été dite.
00:48:32Il y a un individu qui avait un peu prévu le spectacle auquel nous avons assisté
00:48:38dans un texte lointain, qui est Rousseau.
00:48:40Rousseau a écrit un livre très, très beau qui s'appelle La lettre sur les spectacles.
00:48:43Il se pose la question de savoir quelle doit être la place des spectacles dans une République.
00:48:48Et il critique, en fait, énormément le théâtre.
00:48:50Parce que le théâtre, il dit que ce qui est insupportable pour lui politiquement,
00:48:53c'est que c'est un spectacle où vous avez des gens qui sont sur scène
00:48:56et le peuple est réduit dans un état de passivité.
00:48:58Il doit juste voir ce qui se passe et donc il est inerte.
00:49:01Il ne se joue rien sur le plan du corporel.
00:49:03Et vous avez une division comme ça entre les acteurs et le public,
00:49:06c'est-à-dire entre le souverain et les sujets.
00:49:08Et Rousseau écrit, ce qu'il faut, c'est créer des fêtes républicaines.
00:49:13Plantez au milieu d'une place un piquet couronné de fleurs,
00:49:17rassemblez-y le peuple et vous aurez une fête.
00:49:19Faites mieux encore, donnez les spectateurs en spectacle.
00:49:23Rendez-les acteurs eux-mêmes.
00:49:25Faites que chacun se voit et s'aime dans les autres afin que tout s'en soit mieux uni.
00:49:30Un spectacle où on ne peut plus distinguer qui est acteur et qui est spectateur,
00:49:34n'est-ce pas ce que nous avons vu ?
00:49:35Est-ce que le personnage principal des deux semaines que nous avons vécues,
00:49:38au-delà des athlètes, au-delà des artistes de la cérémonie d'ouverture,
00:49:41ce n'était pas le peuple ?
00:49:42Le peuple de Paris qu'on voyait et le peuple de France qu'on voyait,
00:49:45par exemple, dans cette épreuve de cyclisme,
00:49:48qui était absolument magnifique avec le peuple qui était réuni.
00:49:51Est-ce que ce n'était pas les fan zones ?
00:49:52Est-ce que ce n'était pas le Club France ?
00:49:53Est-ce que ce n'était pas fondamentalement l'acteur premier ?
00:49:55Et je dis une dernière chose, Rousseau, dans la lettre sur les spectacles,
00:49:59dit que la fête républicaine par excellence, c'est la compétition sportive
00:50:02parce que précisément, on fait peuple à travers le physique et pas à travers la raison.
00:50:07Et ce retour avec Rousseau était passionnant.
00:50:10Très rapidement parce que...
00:50:12En fait, c'est compliqué parce qu'il y a à la fois la fête physique
00:50:16et il y a le fait que pour la plupart des gens, tout ça se passe à travers un écran.
00:50:20Donc pour le coup, le spectateur et la passivité,
00:50:24c'est comme ça que la plupart des gens ont vécu ces Jeux Olympiques,
00:50:27tout simplement parce qu'ils sont conçus pour être diffusés,
00:50:30pas forcément pour être vus.
00:50:32Finalement, c'est certains privilégiés qui ont pu avoir cet accès à la fête.
00:50:37Pour la plupart des gens, tout se passe à travers un écran.
00:50:40Très, très raisonnable.
00:50:42Et Nathan, parce qu'en fait, ensuite, on va se terminer avec Céline.
00:50:45Il faut qu'elle ait un peu de temps.
00:50:46Nathan Denard m'a donné un énorme coup de vieux
00:50:49parce qu'il disait que sa génération n'avait jamais connu ce type de communion.
00:50:53Je suis un peu plus vieux que toi.
00:50:54Moi, j'ai connu France 98.
00:50:56C'était exactement la même chose.
00:50:58Que dois-je dire ?
00:51:01Ça ne s'est pas bien fini parce qu'en 2001,
00:51:03le Stade de France était envahi au moment de France-Algérie.
00:51:06Et en 2002, Jean-Marie Le Pen arrivait au second tour de l'élection présidentielle.
00:51:11Rousseau est meilleur philosophe que stratège politique, je pense.
00:51:16Nathan, est-ce que vous êtes capable de dire en quelques mots l'héritage ?
00:51:18Parce qu'il faut laisser un peu de temps à Céline pour sa dernière...
00:51:23Écoutez, en deux mots.
00:51:25Normalement, héritage et événement, c'est incompatible.
00:51:28Ça, c'est le mot que tout le monde utilise aujourd'hui.
00:51:29Aujourd'hui, oui.
00:51:30Incroyable.
00:51:31Mais normalement, c'est incompatible.
00:51:32Parce qu'un événement comme ça, un spectacle,
00:51:33c'est précisément fait pour faire de l'audience sur le moment,
00:51:36pour créer quelque chose qui soit dans le présent immédiat.
00:51:40Et ça ne s'inscrit pas dans un héritage.
00:51:41L'optimisme retrouvé, premièrement.
00:51:43Deuxièmement, la notion de spectacle avec quand même la volonté de changer durablement Paris,
00:51:47notamment dans la Seine.
00:51:49Et troisièmement, je pense véritablement, le sens de la fierté.
00:51:52Nous avons découvert que Michel Houellebecq avait peut-être tort
00:51:55d'imaginer que la France deviendrait un pays musée.
00:51:57Que nous sommes beaucoup plus que ça.
00:51:59Que Paris ne deviendra pas Venise, mais restera une fête.
00:52:01Merci beaucoup.
00:52:03On termine avec vous, ma chère Céline.
00:52:05On va prendre la direction du Royaume-Uni.
00:52:07J'ai souhaité revenir sur ces émeutes dont on a beaucoup parlé sur notre antenne.
00:52:12Avec peut-être la fin d'un système où la multiculture faisait partie de l'ADN de nos voisins britanniques.
00:52:18Et il semblerait que les choses soient en train de changer, ma chère Céline.
00:52:22Et oui Thierry, l'Angleterre illustre d'une manière particulièrement explosive
00:52:26la fameuse phrase de Gérard Collomb qui avait dit
00:52:30« Aujourd'hui on vit côte à côte et je crains que demain on ne vive face à face. »
00:52:34Et on a le sentiment que c'est ce que les Anglais sont en train de découvrir,
00:52:38sur leurs yeux absolument pas émerveillés.
00:52:40En effet, suite au massacre de trois petites filles dans une école de danse à Southport,
00:52:44par un immigré de deuxième génération,
00:52:47les émeutes extrêmement violentes ont opposé une partie des classes populaires,
00:52:51défavorisées du nord de l'Angleterre,
00:52:54à la fois à des milices islamistes organisées,
00:52:57mais aussi et surtout aux forces de l'ordre.
00:53:00Ces émeutes, attisées par l'extrême droite, exprimaient violemment le rejet de l'islam
00:53:04et d'une immigration vue comme incontrôlée et remettant en cause
00:53:08les habitudes culturelles et les mœurs de la nation anglaise.
00:53:13Oui, et donc ?
00:53:15Et donc ? Eh bien par exemple, on a dit beaucoup que ces émeutes étaient liées à des mensonges,
00:53:21notamment des versets sur les réseaux sociaux
00:53:23qui expliquaient que la personne à l'origine de ce meurtre
00:53:26était un migrant islamiste qui venait tout juste de débarquer à Londres,
00:53:30ce qui n'était pas le cas.
00:53:32Et par ailleurs, les drames n'excluant jamais leur part de ridicule,
00:53:35on a eu droit à des mises en scène totalement déplacées.
00:53:38Je pensais à Raphaël Arnault qui se filmait dans la gare
00:53:41comme s'il allait refaire la guerre d'Espagne
00:53:44et expliquant pompeusement qu'il venait soutenir les camarades antiracistes locaux
00:53:48face aux attaques ciblées de l'extrême droite.
00:53:51Le problème est qu'il est évidemment hors de question
00:53:54d'approuver ou d'excuser ces émeutes extrêmement violentes.
00:53:58Mais ce que dit en revanche la tentative des travaillistes anglais
00:54:02de les traiter comme un réveil du fascisme
00:54:04et de criminaliser tous ceux qui expriment un ras-le-bol
00:54:08peut se révéler un remède franchement pire que le mal.
00:54:11En effet, s'il est vrai que c'est un mensonge qui a mis le feu aux poudres,
00:54:15il se trouve que ce type de manifestation ne se fonctionne que s'il rencontre finalement
00:54:20des représentations fermement ancrées chez ceux à qui il s'adresse.
00:54:24A défaut d'être vrai, il doit donc être crédible,
00:54:27ou compatible en tout cas avec une certaine vision du monde.
00:54:30Et il se trouve que le multiculturalisme empêche bien toute intégration
00:54:34et est effectivement générateur de tensions communautaires.
00:54:38De ce fait, beaucoup de personnes immigrées, même nées en Angleterre,
00:54:42grandissent dans un environnement mental, intellectuel et comportemental
00:54:46qui n'a rien d'occidental.
00:54:48L'acquisition de la nationalité ne dit alors rien de l'intégration
00:54:52ni du partage de l'esprit et de la loi des pays où les personnes sont accueillies.
00:54:57Elle peut même engendrer une forme d'hostilité
00:55:00si la communauté d'appartenance est travaillée par un mouvement politique radical
00:55:04ou religieux comme c'est le cas avec l'islam.
00:55:08Or le fait que le gouvernement britannique ait très vite évacué la compassion
00:55:12à l'égard des enfants et des familles meurtries
00:55:15pour recentrer tout son discours sur la mise en accusation de la population
00:55:19de petits blancs présentés comme racistes et comme illégitimes
00:55:24dans l'expression de sa colère est extrêmement contre-productif
00:55:28d'autant que cette histoire fait remonter l'échec du multiculturalisme.
00:55:31Alors expliquez-nous pourquoi Céline ?
00:55:34Parce que la réaction politique est liée au profond déni à l'égard de la crise
00:55:39tant culturelle qu'économique que vit aujourd'hui l'Angleterre.
00:55:43Et cela, ça se voit à différents niveaux.
00:55:46On a beaucoup parlé des mensonges déversés sur les réseaux sociaux et ils sont exacts
00:55:50mais on a moins parlé de la censure de la presse et de la désinformation du gouvernement
00:55:56et qui ne date pas de cette affaire.
00:55:58Le premier déni porte sur la difficulté de faire coexister
00:56:02des visions du monde incompatibles sur le même sol.
00:56:05Dans un environnement multiculturaliste,
00:56:07les communautés ethniques ou religieuses vivent selon leurs règles et coutumes avant tout.
00:56:12L'attentat islamiste de Londres en 2005, par exemple, s'était réveillé extrêmement éclairant sur ce point.
00:56:18Le criminel était un Anglo-pakistanais qui était né, qui avait été éduqué en Angleterre.
00:56:24Mais il vivait totalement replié sur sa communauté
00:56:27et toutes ses références appartenaient à une autre sphère culturelle que celle de l'Occident.
00:56:33Il n'avait rien acquis de la socialisation anglaise.
00:56:37Et une telle organisation sociale empêche effectivement à la fois l'intégration
00:56:41et donc le partage de l'idée même du commun.
00:56:44Il n'y a plus conscience de l'existence d'un intérêt général qui concernerait tout le monde.
00:56:50Et donc vous parlez de censure, de désinformation de la part de la presse et du gouvernement.
00:56:56Oui, on peut s'étonner de voir à quel point le discours du premier ministre
00:57:01n'a pas tout de suite arrêté les révoltes alors qu'il a été extrêmement ferme,
00:57:05voire même extrêmement violent à l'égard de ceux qui ont commis ces émeutes.
00:57:09Et ce n'est pas un hasard non plus si les émeutes ont surtout frappé le nord de l'Angleterre.
00:57:15Pourquoi ? Parce que ces assassinats d'enfants blancs des classes populaires britanniques
00:57:20sont rentrés en résonance avec un événement atroce qui a eu lieu il y a quelques années.
00:57:25Un scandale étouffé à la fois par la presse, par l'État et par la justice.
00:57:30Dans les années 2010 jusqu'à quasiment 2015 et 2016, des gangs pakistanais ont sévi
00:57:36et ont violé des dizaines voire des milliers d'enfants issus des classes blanches défavorisées.
00:57:42Des enfants qui ont été violés à partir de 11 ans à peu près.
00:57:45Or il a fallu très longtemps pour démanteler ces réseaux.
00:57:48Pourquoi ? Tout simplement parce que les politiques ont craint que de tels faits
00:57:53n'alimentent un racisme extrêmement violent, ont voulu protéger la communauté pakistanaise
00:57:59et surtout se sont plus positionnés en fonction des susceptibilités communautaristes
00:58:04que d'une exigence de justice.
00:58:07Et les gamines et leurs familles ont été abandonnées à leur sort.
00:58:11Et par exemple c'est le cas de Rotterdam, de Telford, de Dursfield.
00:58:15A Telford, ce sont près de 1000 familles qui ont été touchées, 1000 jeunes filles
00:58:19qui ont été concernées par ces actes de viol sur plusieurs années.
00:58:23Et le conseil municipal a choisi d'ignorer leur plainte par crainte d'accusation de racisme.
00:58:29Non seulement l'omerta a été totale, mais le même lorsque les procès ont eu lieu,
00:58:33la justice a exigé que la presse n'en parle pas ou en parle le moins possible.
00:58:38Et elle a été entendue et des journaux comme le Guardian, comme le Times
00:58:43ont à peine raconté ces histoires.
00:58:46Voir par exemple en France, le Nouvelle Obs, lui avait carrément titré sur un scandale
00:58:51qui alimentait les délires de la fachosphère.
00:58:55Or, ce qui est intéressant, c'est de voir les traces traumatiques qu'ont laissées toutes ces histoires
00:58:59et ce qui est encore plus intéressant, c'est de savoir qu'à l'époque,
00:59:02le procureur général au Royaume-Uni et l'actuel Premier ministre
00:59:06taillaient un lien très fort entre ces histoires et les émeutes qui ont éclaté.
00:59:12Ainsi, tandis que des gangs pédophiles ont pu sévir en toute impunité
00:59:16parce qu'ils étaient d'origine étrangère,
00:59:18la justice anglaise a même imposé une telle censure lors des procès
00:59:22qu'un militant d'extrême droite, qui n'était pas n'importe qui,
00:59:25c'était un fondateur de l'EDL qui est mis en cause dans les émeutes actuelles,
00:59:29avait brisé la loi du silence en racontant ce qui s'était passé.
00:59:32Il a été condamné à 13 mois de prison pour entrave à la justice.
00:59:37Pendant ce temps, les petits blancs, eux, se sont sentis complètement abandonnés
00:59:41et cela a alimenté un ressentiment extrêmement fort.
00:59:45Et aujourd'hui encore, la presse anglaise minimise et censure
00:59:50les manifestations islamistes qui ont eu lieu dans tout le pays,
00:59:53des manifestations qui ont d'autant plus inquiété
00:59:56qu'elles font le relais de la crise liée aux conflits israélo-palestiniens
01:00:01et de manifestations extrêmement violentes d'islamistes complètement décomplexés.
01:00:07Tout cela a traumatisé l'Angleterre
01:00:09et explique finalement la situation dans laquelle nous nous trouvons.
01:00:13Et ça sera ma dernière question Céline, c'est un deux poids, deux mesures selon vous.
01:00:17Oui, il y a deux poids, deux mesures parce que notamment dans une étude
01:00:22par exemple sur l'état de l'Angleterre, on a vu qu'en 2020,
01:00:25seuls 13% des enfants blancs pauvres suivent des études supérieures
01:00:29contre 59% des étudiants noirs et 64% des asiatiques.
01:00:34On voit bien que le privilège blanc pour ces personnes du nord de l'Angleterre n'existe pas.
01:00:40Donc on nous a souvent vanté l'Angleterre comme le paradis de l'immigration réussie
01:00:44grâce au multiculturalisme, sauf que ce secret qui consistait à accueillir
01:00:49une population étrangère sur son sol sans avoir aucune exigence d'intégration
01:00:53vient de montrer ses limites et vient de montrer que l'incompatibilité
01:00:58entre deux modèles de société est en train de générer des violences explosives
01:01:03qu'aujourd'hui même la police n'arrive quasiment plus à gérer.
01:01:06Merci les amis, on arrive à la fin de cette émission.
01:01:09C'est un plaisir de vous avoir à mes côtés.
01:01:12Merci pour votre fidélité, merci à Sébastien Caquineau et à Julien Dureau
01:01:16qui m'ont aidé à préparer cette émission.
01:01:18Je vous retrouve dans quelques instants pour l'heure des pros.
01:01:20A tout de suite.

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