Avec Johannes Richard, Sébastien Chabal, Joël Mauvigney, Jauffrey Mauvigney et Philippe Juglar.
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NewsTranscription
00:00Métro, partenaire des restaurateurs et commerçants indépendants, vous présente...
00:04Sud Radio, 10h-11h, Fernaud fait le marché.
00:08Bonjour à tous et bon dimanche mes amis.
00:11Alors, je ne veux pas casser l'ambiance de ce beau dimanche matin de printemps,
00:15mais j'ai une nouvelle un peu difficile à vous annoncer.
00:19Cette semaine, on a eu les chiffres, les chiffres de la restauration française.
00:24Ils ne sont pas bons. Enfin, en tout cas, ils ne sont pas bons pour la restauration traditionnelle.
00:28Vous savez, la restauration assise, comme on dit.
00:32En revanche, c'est le fast-food, le concept, la petite restauration qui tire son épingle du jeu
00:37et qui passe devant la restauration traditionnelle.
00:41Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:43Et si le fast-food volait au secours de la restauration traditionnelle ?
00:48C'est possible ça ? Oui, c'est possible.
00:50Sud Radio, Fernaud fait le marché.
00:53C'est possible si les champions s'en occupent.
00:56Et figurez-vous que j'ai avec moi dans l'émission, par téléphone ce matin, deux champions.
01:01Et on commence par Johannes Richard. Bonjour, Johannes.
01:05Et bonjour à tous.
01:06Johannes Richard, champion du monde de hamburger.
01:10Vous vous souvenez peut-être qu'on avait eu une petite conversation au moment de son retour de Dallas
01:16où il avait été battre les Américains sur leur terrain.
01:19C'est ça, Johannes ? Je ne dis pas de bêtises ?
01:21Exactement. C'est ça, c'est au mois de novembre dernier.
01:24Moi de novembre avec Greg, Grégory Cohen qui était avec nous.
01:28Voilà. Alors, Johannes, vous n'êtes pas seul dans cette aventure.
01:34Parce qu'on va découvrir votre idée.
01:38Vous êtes accompagné d'un autre grand champion, alors qu'on connaît moins pour ses hamburgers.
01:43C'est Sébastien Chabal. Bonjour Sébastien.
01:46Bonjour, bonjour à tous.
01:48Alors Sébastien, d'abord je vous dis bienvenue à Sud Radio.
01:52La radio du rugby quand même, ça fait sens.
01:54Exactement.
01:55De ce point de vue-là.
01:56On entend souvent parler de rugby sur mon radio.
01:59C'est bien.
02:00J'espère que vous êtes un auditeur fidèle.
02:02Alors, vous deux, je dis vous deux et pas seulement parce que vous êtes trois en fait dans l'aventure.
02:08On va en parler dans une seconde.
02:10À l'instigation de Johannes, je disais, vous volez au secours presque de la restauration traditionnelle
02:18en faisant rentrer le hamburger partout.
02:21C'est un peu simple, hein, Johannes, mais vous allez m'expliquer comment.
02:24Ouais, concrètement, c'est un peu ça.
02:27Mais je pense que je vais laisser la parole à Sébastien qui va expliquer ça.
02:31Il le fait bien mieux que moi.
02:33Ah oui ? Vous pensez qu'il est plus doué du point de vue prise de parole ?
02:37Ouais, il s'y débrouille bien.
02:39Alors Sébastien, ces fameux burgers de Jo, de quoi s'agit-il ?
02:44C'est une initiative intéressante.
02:46On pense qu'elle est intéressante parce qu'elle reçoit pour l'instant un très bon accueil.
02:51Alors, pour résumer un peu le concept qu'on a imaginé,
02:55il faut revenir un peu en arrière lors de notre rencontre,
02:58juste avant que Johannes parte à Dallas.
03:00Donc, on a équipé de vêtements avec la marque Johannes pour qu'il arrive comme une team,
03:08voilà, comme une vraie équipe pour aller conquérir ce team qui est assez brillant,
03:13et en fait, on est tous les deux originaires du même endroit, de la terre.
03:19Nos racines sont terriennes et en plus, on a pas mal joué autour d'un ballon qui rebondit dans tous les sens.
03:25Ah oui, j'ai entendu parler, oui.
03:27Et en fait, on s'est dit qu'une fois rentré, on a eu la chance,
03:33en plus de par le talent de Johannes qui remporte son titre,
03:35qu'on ferait quelque chose ensemble.
03:37Parce que moi, j'adore la gastronomie, j'adore manger, je suis assez gourmand.
03:41Généralement, quand on arrête l'entraînement, c'est le moment où on commence un peu à s'envelopper,
03:46chez les rugbymen.
03:48Le corps se transforme, vous avez raison.
03:50Le centre de gravité descend.
03:52C'est ça.
03:54Ce qui est pas mal pour les mêlés, mais à part ça, c'est pas génial.
03:58Ça servait mieux dans une vie précédente.
04:00Et en fait, assez naturellement et basiquement,
04:04on s'est dit qu'on allait lancer une franchise de burgers.
04:09On avait deux lieux, deux titres,
04:11qui étaient complètement différents
04:13et qui pouvaient poser le modèle de la franchise pour le déployer plus tard.
04:23Non, je l'ai rencontré un peu avant.
04:25Alors en fait, pour refaire un peu l'histoire,
04:27j'ai un de mes associés, qui s'appelle Tony Mathis.
04:31C'est le troisième dont je parlais.
04:33C'est le troisième.
04:35C'est lui qui a rassemblé les pièces du puzzle,
04:37pour être tout à fait honnête et rendre à César ce qui appartient à César,
04:41à jouer au rugby dans le même club que Joannès, aux Angles.
04:45Dans le Gard.
04:46Et en fait, c'est comme ça qu'on s'est rencontrés.
04:48Moi, j'ai rencontré la première fois Joannès
04:50lors du dernier testing, avant qu'il ne s'envole pour Dallas.
04:53Et c'est là que j'ai découvert cette création qui était canon.
04:57Vous avez tout goûté, évidemment.
04:59Oui, et beaucoup, et plusieurs fois.
05:01Et c'est là qu'on s'est dit qu'on allait faire quelque chose.
05:05Quand on est rentrés, comme je vous l'expliquais, on a décidé de lancer une franchise.
05:08Et ce midi-là, où on décide de lancer la franchise,
05:12je vais bouffer chez un copain à Lyon qui a un super resto,
05:15mais qui est dans la rue de derrière.
05:16Vous voyez, cette fameuse rue où, pour attirer le client,
05:18le client ne passe pas naturellement.
05:20Et c'est compliqué.
05:22En fait, ce midi-là, on est deux.
05:23Je suis moi, et puis la personne avec qui j'avais rendez-vous.
05:26Et en fait, dans l'après-midi, je rappelle mon copain Juju.
05:29Je lui dis, mais Juju, en fait, on lance la franchise de burger avec Joannès.
05:32Il faut que tu prennes la franchise.
05:34Je lui dis, parce que toi, le soir, tu as ton conseil,
05:36tu as ta personne.
05:37Et il me dit, c'est une très bonne idée.
05:39Et en fait, je dis ça à Tony le soir,
05:42parce qu'on se passe un peu de coup de fil
05:44pour faire le point sur nos affaires tous les soirs.
05:46Et Tony me dit, c'est une bonne idée.
05:48Il me renvoie un SMS quelques temps plus tard,
05:50quelques heures plus tard, en me disant...
05:52Et le SMS dit exactement, je viens d'avoir une idée dingue,
05:56mais je crois qu'elle est trop dingue.
05:58Quand un associé vous dit ça...
06:00Alors, on a plein d'idées sangrenues.
06:03Il y en a beaucoup qui ne vont pas au bout.
06:05Parce qu'on est assez créatif, mais il faut l'être, je pense.
06:07Et en fait, Tony me dit, on veut lancer une franchise.
06:11On va apporter une nouvelle offre, un nouveau concept,
06:14mais on va rentrer en concurrence frontale.
06:16On va rentrer dans la mêlée et ça risque de prendre du temps.
06:18Ça va coûter beaucoup d'argent.
06:20Et le temps qu'on se développe, déjà, c'est pas gagné.
06:22Même si on a Joannès et qu'on a une garantie, c'est quand même compliqué.
06:25Il me dit, en fait, ce que tu as proposé à Juju,
06:28on peut le proposer à tous les restaurants en France.
06:30Le temps d'une à deux journées par mois.
06:33On crée vraiment un événement.
06:35On apporte la carte, les restaurateurs switchent leur carte
06:38ou agrémentent leur carte des burgers de Joannès.
06:43Par rapport à une franchise où il faut, évidemment,
06:46avoir une ancienne entièrement dédiée à la marque,
06:49par exemple des burgers de Jo,
06:50avec le matériel que ça demande, l'investissement que ça représente,
06:53là, vous rentrez dans toutes les cuisines.
06:56Quand je disais que le fast-food arrive au secours de la restauration traditionnelle,
07:00parce que, Joannès, vous me dites si je me trompe,
07:04vous allez apporter vos recettes et votre savoir-faire de burger
07:08pour intermittemment, je dirais,
07:11peupler les restaurants avec une carte un peu alternative.
07:14Ouais, en fait, c'est un peu ça.
07:16Tu l'as bien résumé, en fait.
07:18Si tu veux l'idée et la bonne image,
07:21c'est le foodtruck qui s'invite dans ta ville.
07:23Souvent, tu as le foodtruck.
07:25Il est plein tous les mercredis.
07:27Nous, en fait, c'est un peu l'idée.
07:28Nous, quand tu dis qu'on vole au secours,
07:30on ne vole pas au secours.
07:31Ça, c'est trop prétentieux.
07:32Mais en tout cas, on propose une offre,
07:34une solution alternative aux restaurateurs
07:36pour se différencier, créer des vêtements,
07:38ouvrir une offre nouvelle.
07:39Du coup, nous, on fera un peu le foodtruck
07:42qui débarque dans ta ville ce jour-là, en fait.
07:44Et peut-être se faire connaître aussi,
07:46parce qu'évidemment, on vient pour goûter
07:48le burger champion du monde, par exemple,
07:50mais en même temps, on découvre la carte du restaurant autour,
07:53un restaurant qu'on n'avait même pas aperçu dans sa ville.
07:55Bien sûr, bien sûr.
07:57C'est l'idée.
07:59Le mec va venir pour manger le burger,
08:00mais à côté, il va regarder la carte.
08:02« Putain, l'adobe, elle me donne envie.
08:04Je reviendrai jeudi prochain,
08:05parce que jeudi, il y a l'adobe. »
08:06Et voilà, quoi.
08:07L'idée, c'est vraiment de ramener le client
08:09chez le restaurateur et de recréer du lien, en fait.
08:12L'idée, c'est qu'au lieu d'être en concurrence,
08:14on va devenir partenaire avec le restaurateur.
08:16C'est vraiment l'objectif.
08:18C'est de créer des relations,
08:19de ramener le client chez le restaurateur.
08:21Pour faire simple, si on est restaurateur intéressé,
08:24j'imagine qu'il y a une sorte d'abonnement.
08:27Il y a une entrée dans ce système
08:30et après, une sorte de redevance sur le chiffre d'affaires, c'est ça ?
08:33Oui, le modèle est assez simple.
08:36L'événement se passera le premier mercredi de chaque mois.
08:39On commencera en janvier.
08:40Alors en janvier, on ne va faire qu'un événement,
08:41le 15 ou le 16 janvier.
08:43Et après, c'est le premier mercredi de chaque mois qui est obligatoire
08:47pour tous les restaurateurs, simultanément.
08:50Et le troisième mercredi sera facultatif.
08:53Vous l'avez dit, le restaurateur peut prendre le concept
08:57parce qu'il a envie de se différencier,
08:59parce qu'il a envie de se faire connaître,
09:00parce qu'il a envie de créer des événements,
09:01parce qu'il a envie d'offrir une nouvelle offre à ses clients,
09:03parce qu'il veut faire plaisir aussi à sa cuisine
09:06qui aura l'opportunité de préparer les recettes de Joannès.
09:10Ça aussi, c'est canon.
09:12Il y a plein de raisons pour lesquelles un restaurateur peut prendre le concept.
09:16Sébastien, il y a un grand paradoxe
09:19dans la jeunesse actuelle qui adore les burgers
09:22et qui en même temps milite pour le véganisme, le végétarisme,
09:25le moins mais mieux.
09:26Comment est-ce que vous résolvez ce paradoxe ?
09:31Parce que la viande, elle n'a pas toujours bonne presse.
09:33Oui, mais on a deux recettes végées qui sont vraiment canons.
09:37Alors souvent sur les cartes, c'est de moins en moins vrai.
09:41Et tant que...
09:42Il y a un plat végé juste parce qu'il faut cocher une case, en fait.
09:45Et Joannès, il a créé deux burgers végés
09:50qui sont juste des plats en soi.
09:52Ils ne sont pas juste pour coucher la carte.
09:54Oui, pas des faire-valoir, quoi.
09:56Non, pas du tout.
09:58Franchement, les deux végés
10:01me feront presque oublier que j'aime la viande.
10:04Alors, Joannès, avant de nous quitter,
10:08parlez-moi justement de ces burgers végés.
10:10Qu'est-ce qu'il y a dedans ?
10:11Qu'est-ce qu'on trouve dans un burger végétal ?
10:13Déjà, je ne savais même pas que ça existait.
10:15Comme l'a dit Seb,
10:17souvent, l'option végé dans les restos,
10:21elle est là pour cocher une cave.
10:22Alors, moi, je ne suis pas végé,
10:24mais je voulais vraiment...
10:25Alors, donnez-moi envie !
10:26Il y a quoi dedans ?
10:27Il y a une belle galette de falafel maison, en fait.
10:31Ah oui, pas mal ça.
10:33Bien assaisonnée.
10:34Et après, on a une sauce, façon sauce blanche un peu,
10:37mais à la grecque, on a rajouté des olives kalamata.
10:39Oui.
10:40On a fait une petite salade d'herbes fraîches
10:44avec de la coriandre, du cerfeuil,
10:47avec une petite huile d'herbe un peu attidulée.
10:51Ça va, vendu.
10:52Allez, vendu, vendu, vendu.
10:53Ça marche.
10:54Je suis preneur.
10:56Bon, merci.
10:57Merci beaucoup, messieurs.
10:58Merci, Sébastien Chabal.
11:00Juste, ce qu'on n'a pas dit,
11:01c'est que pour vraiment apporter au restaurateur,
11:03il n'y a qu'un restaurant par ville qui est choisi.
11:06Pour lui apporter une exclusivité.
11:07Ah, ça, c'est bien, ça.
11:08On ne va pas en mettre un dans la rue derrière.
11:12Non, ça ne marche pas.
11:13Ça ne marche pas.
11:14Il n'est pas au service du restaurateur.
11:15Ainsi, la visibilité, elle est respectée.
11:18Parce que c'est quand même ça, le plus,
11:20pour le restaurateur qui choisira d'être dans les burgers de Joe.
11:23C'est comme ça que ça s'appelle.
11:24D'être un compagnon de Joe.
11:26Un compagnon de Joe.
11:27Super.
11:28Voilà.
11:29Et on traquera l'enseigne.
11:31Et au moment du premier mercredi,
11:33je serai sur le coup pour aller déguster.
11:35Vous pourrez nous trouver assez facilement
11:37parce que le 1er janvier,
11:38on devrait être présent dans 1000 restaurants.
11:40Bon, on a le temps de s'y faire d'ici là et d'attendre les burgers.
11:43Merci beaucoup Sébastien.
11:44Merci Joannès.
11:45Merci à vous.
11:46Et à très vite dans toute la France.
11:49Puisque je crois qu'il y a une grosse ambition.
11:51Et c'est très bien.
11:52Nous, on se retrouve dans une minute
11:54avec un autre métier plutôt carné.
11:58Un beau métier de l'artisanat français.
12:00A tout de suite.
12:01Métro, partenaire des restaurateurs et commerçants indépendants,
12:04vous présente.
12:05Sud Radio, 10h-11h.
12:07Fergneau fait le marché.
12:09Allez mes amis, retour en studio.
12:11On a quitté le burger de Jo,
12:13Joannès Richard et de son amie Sébastien Chabal.
12:17Et on va s'occuper d'un autre produit carné.
12:19On va être moins burger, plus saucisse.
12:21C'est normal, on va parler de charcuterie.
12:24Sud Radio, Fergneau fait le marché.
12:27Enfin, quand je dis saucisse, c'est un petit peu réducteur.
12:29Il n'y a pas que de la saucisse dans la charcuterie.
12:31En tout cas, j'ai le plaisir d'avoir ce matin
12:34avec nous, par téléphone, Joël Mauvignier,
12:37qui est le président du CNCT,
12:39c'est le Comité National de la Charcuterie.
12:42Et attendez, j'ai bouffé la moitié du truc.
12:45Alors, c'est quoi ?
12:47La Confédération Nationale des Charcutiers Traiteurs.
12:50C'est ça ?
12:51Exactement.
12:52Oh là là.
12:53Oh là là, président.
12:55Les acronymes, c'est terrible.
12:57Parce que parfois, c'est un rallonge
12:59et on s'y perd un tout petit peu.
13:01Alors, Joël Mauvignier,
13:03vous n'êtes pas que le président de la CNCT,
13:06cette Confédération Nationale,
13:07vous êtes également le président de la CGAD.
13:11Ça, c'est quoi ?
13:12C'est les commerces de détail, c'est ça ?
13:15Confédération Générale d'Alimentation en Détail,
13:18qui comprend 18 professions,
13:20dont les pâtissiers, les boulangers,
13:22mais aussi la restauration,
13:24avec l'UMI, le GHR.
13:29Ça fait 440 000 entreprises.
13:31Écoutez, Joël, je vais vous poser une question tout de suite,
13:34parce que vous êtes également
13:35meilleur ouvrier de France charcutier traiteur.
13:38Charcutier traiteur à Mérignac, à côté de Bordeaux.
13:41Pour ceux qui connaissent l'aéroport,
13:43c'est juste à côté.
13:45Vous avez le temps de faire tout ça dans votre vie ?
13:48Écoutez, déjà, c'est une volonté
13:51de pouvoir être un syndicaliste convaincu
13:55pour faire la promotion.
13:58Et puis, c'est une entreprise
14:01qu'a créée mon père il y a 62 ans.
14:04Et donc, j'ai repris l'affaire.
14:07Et là, j'ai la chance d'avoir un fils
14:09qui a repris l'affaire aussi.
14:11Oui, qui est meilleur ouvrier de France également,
14:14votre fils Geoffray.
14:16Vous savez quoi ?
14:17On lui passera un petit coup de fil tout à l'heure,
14:18qu'on aura un peu causé ensemble,
14:20pour savoir comment il tient boutique.
14:22Alors, je le disais,
14:24vous êtes le président de cette belle institution
14:28qui tient les charcutiers traiteurs,
14:30artisanaux, les artisans charcutiers.
14:33Exactement.
14:34Évidemment.
14:356500.
14:36Combien ?
14:376500 entreprises.
14:39Ah, pas mal.
14:40Voilà.
14:41Alors, moi, je peux raconter la petite histoire,
14:43Joël, il se trouve que moi,
14:45je suis dans une belle association
14:47qui défend l'andouillette de tradition,
14:49on a déjeuné ensemble dans l'école
14:51que vous dirigez, en tout cas que vous présidez également,
14:55le fameux CEPROC à Paris,
14:57qui est l'école de la charcuterie.
14:59Et en parlant avec vous,
15:01je me suis dit,
15:03on parle souvent de la cuisine,
15:05on parle souvent maintenant de la pâtisserie,
15:08la boulangerie en braille derrière,
15:10pour les grands métiers de bouche
15:12qui font valoir les atouts de la France à l'étranger,
15:16et on oublie parfois la charcuterie,
15:18enfin, on oublie trop souvent, à mon goût,
15:20et en parlant avec vous, je me suis dit,
15:22on va en parler ce matin.
15:24Faire un petit état des lieux, justement, de cette profession.
15:26Alors, vous dites 6500 artisans,
15:286500 entreprises,
15:30est-ce que la charcuterie se porte bien en France ?
15:33Écoutez, Vincent,
15:35déjà, merci de nous donner la parole,
15:37mais la charcuterie artisanale
15:41se porte pas trop mal.
15:43Voilà.
15:44Je ne suis pas toujours en disant,
15:46aujourd'hui, je fais un constat,
15:50ça se porte bien.
15:52Tout simplement parce qu'on a su aussi se diversifier,
15:56et qu'on a su aussi alléger
15:58nos charcuteries en sel, en gras, etc.
16:02Donc voilà.
16:04On se porte bien parce que
16:06la charcuterie, Vincent,
16:08se mange à tout moment,
16:10et particulièrement en famille et entre amis.
16:13Et à l'apéro,
16:14c'est quand même un sport national français.
16:16Oui.
16:17Et c'est mieux.
16:19Une bonne charcuterie, un bon pain, un bon vin,
16:22quoi de meilleur.
16:23Franchement, on ne fait pas beaucoup mieux.
16:25Ah, un peu le fromage, quand même.
16:27Mais c'est vos copains, les fromagers.
16:30Tout le monde est mes copains.
16:32Joël Mauvignier,
16:34je vous pose cette question parce que,
16:36du point de vue de l'image,
16:38et on sait que l'image est importante aujourd'hui,
16:40surtout avec les réseaux sociaux et la jeunesse,
16:43vous êtes quand même entre deux murs,
16:46je dirais, murs de la honte, presque.
16:49D'un côté, les vegans et les végétariens
16:52qui sont, je dirais,
16:55qui tirent à bout les rouges
16:57sur évidemment tous les produits carnés
16:59et les métiers qui les mettent en œuvre.
17:02Et de l'autre côté,
17:04l'industrie,
17:06l'industrie charcutière,
17:08la filière industrielle du port
17:10qui ne travaille pas.
17:12Avec beaucoup de vertus, ce produit.
17:14Donc vous êtes un petit peu pris entre deux feux.
17:17Oui, mais bon,
17:19on a l'habitude,
17:21ça fait des années et des années
17:23qu'on a été confronté à beaucoup de choses.
17:25Et qu'on a toujours su rebondir.
17:27Moi, ce que je peux dire, c'est que
17:29le problème vegan et végétarien,
17:32il y a beaucoup d'effets de mode.
17:34C'est pas pour ça qu'aujourd'hui,
17:36au contraire, on vend plus de charcuterie qu'avant.
17:39Donc il y a quand même aussi
17:41une notion chez le consommateur
17:43qui veut se faire plaisir
17:45et qui pousse nos boutiques
17:47pour avoir une bonne tâche de charcuterie
17:50artisanale
17:52au contraire
17:54de certains produits industriels.
17:57Il y a de bons produits industriels,
17:59mais il faut les connaître.
18:01On parlerait d'un jambon sec
18:04qui, au bout de trois mois,
18:06est vendu
18:08comme un Serrano et tout ça.
18:10C'est abominable de voir des choses comme ça.
18:13Une bonne térine, un bon jambon blanc.
18:16Donc voilà.
18:18Il y a un problème de mode.
18:20Vous savez, Vincent, c'est comme le bio.
18:22Le bio, vous le savez.
18:24Aujourd'hui, qu'est-ce qui est vraiment bio ?
18:27Moi, je suis respectueux avec le bio
18:29à condition qu'il soit 100% bio de A à Z.
18:32Mais si j'importe des produits du Brésil
18:36qui ne sont pas bio pour faire manger
18:38mon cochon, etc.,
18:40il n'est pas bio, le truc.
18:43Je comprends.
18:45Ils sont moins regardants que nous,
18:47souvent, les pays lointains
18:49sur les filières bio,
18:51sur les contrôles.
18:53On a le problème puisque nous,
18:55on est transformateur en chair cuite.
18:57La chair et les cuites,
18:59c'est le charcutier.
19:01Il faut le dire.
19:03Charcutier, ça veut dire chair cuitié.
19:06Exactement.
19:08Et comme nous avons un panel de compétences,
19:11je le dis humblement,
19:13avec 450 produits au travers de la France
19:15de charcuterie,
19:17quand on parle du canard avec la grippe aviaire
19:19qu'il y a eu particulièrement dans ma région
19:21en Aquitaine, etc.,
19:23ça n'a pas empêché
19:25les gros industriels à mal façon,
19:27parce que je le dis,
19:29d'importer du canard
19:31qui vient de Pologne, etc.,
19:33avec des élevages
19:35abominables.
19:39Moi, je me bats aussi
19:41sur le franco-français.
19:43Nous, les artisans,
19:45on travaille qu'avec des produits franco-français.
19:47On ne va pas chercher nos cochons
19:49à l'étranger.
19:51Économie de proximité.
19:53Si vous me branchez là-dessus,
19:55je sais que vous êtes regardant,
19:57vous êtes Aquitain,
19:59vous avez des amitiés du côté du Pays Basque,
20:01pour vos cochons,
20:03mais il y a
20:05des cochons moins reluisants.
20:07J'ai une grand-mère bretonne,
20:09elle ne va pas aimer ce que je dis,
20:11mais en Bretagne, on fait aussi du porc français,
20:13mais qui est à peine mieux
20:15que ce qu'on trouverait à l'étranger.
20:17Donc, il faut encore choisir à l'intérieur de son pays.
20:19Il faut choisir à l'intérieur
20:21de son pays.
20:23Il est évident,
20:25on en a parlé la semaine dernière,
20:27vous citiez le repas qu'on a fait ensemble
20:29avec les produits franco-français.
20:31OK, mais si on veut faire
20:33de la bonne charcuterie,
20:35c'est avec un cochon qui est
20:37levé plein air ou la belle rouge,
20:39etc. Pourquoi ?
20:41Parce que même s'il coûte plus cher,
20:43oui, il coûte plus cher, mais le rendement,
20:45il n'y a pas photo.
20:47Un produit qui n'est pas de bonne qualité,
20:49il va se transformer, il va faire de l'eau
20:51parce qu'il n'aura pas de muscles,
20:53etc. à l'intérieur.
20:55Quand il n'est pas piqué à l'eau,
20:57il n'est pas piqué à l'eau.
21:01Je pense que là-dessus,
21:03le charcutier qui est artisan,
21:05je ne dirais pas, attention,
21:07je ne peux pas dire que 100% de mes artisans
21:09sont topissimes, je ne peux pas le dire,
21:11mais la grande majorité,
21:13oui.
21:15En tout cas, 100 fois mieux que l'industrie.
21:17Oui, pourquoi ?
21:19Parce qu'on n'est pas au CAC 40,
21:21Vincent, vous le savez très bien.
21:23On est des bosseurs,
21:25on est des bosognieux,
21:27mais on veut satisfaire notre consommateur.
21:29Et ça, c'est le remerciement
21:31qu'on peut avoir, c'est quand
21:33notre client nous dit, c'était super, c'était bon,
21:35vous avez régalé la famille,
21:37vous avez régalé mes amis.
21:39C'est ça qui est important.
21:41Bien sûr que c'est important.
21:43Restez avec moi, Joël,
21:45on va sauter une petite page
21:47de publicité, comme on dit,
21:49et on se retrouve pour continuer à parler
21:51des bons cochons français
21:53mis en oeuvre par nos artisans, vos artisans.
21:55Métro, partenaire des restaurateurs
21:57et commerçants indépendants, vous présente
21:59Sud Radio, 10h-11h,
22:01Fergnaud fait le marché.
22:03Allez, on se retrouve en studio,
22:05matinée de champions,
22:07matinée de cochons, et oui,
22:09parce que, enfin, pas tant de cochons,
22:11le temps est magnifique, mais en revanche,
22:13le produit, le cochon,
22:15on l'adore, et je suis avec
22:17Joël Mauvignier, le président
22:19du CNCT, Confédération Nationale,
22:21des charcutiers traiteurs, et on parle
22:23de cochons, du cochon et du métier de charcutier
22:25en France. Joël,
22:27on se disait
22:29que la situation, elle est plutôt
22:31pas trop mauvaise pour les artisans
22:33aujourd'hui, malgré
22:35les flèches
22:37qui sont tirées de tous côtés
22:39pour différentes raisons,
22:41c'est vrai que le cochon n'a pas toujours bonne presse,
22:43mais c'est un
22:45produit,
22:47la charcuterie, le produit charcutier,
22:49dans son ensemble, vous disiez plus de 450
22:51produits dans vos officines,
22:53qui est quand même très basé
22:55sur une notion
22:57de région, je veux dire,
22:59c'est très territorial, le cochon, les recettes
23:01en tout cas, à partir de cochons, ça ressemble
23:03à nos régions.
23:05Exactement, dans les 450
23:07produits que j'énonçais,
23:09qu'il y a en France, bien entendu,
23:11il y a tout un tas
23:13de produits régionaux.
23:15Un particularisme, on peut dire.
23:17Exactement, c'est-à-dire que le boudin
23:19qu'on fait dans le sud-ouest, le boudin noir
23:21qu'on fait dans le sud-ouest, ne sera pas le même
23:23qu'il est fait en Bretagne, ou dans
23:25le nord, ou en Alsace.
23:27Donc c'est ça aussi, notre
23:29particularité, et la
23:31richesse de notre métier. Il y a une
23:33interprétation qui va se faire par région,
23:35par coutume, qui peut monter
23:37aussi à nos
23:39grands-parents, etc.
23:41Alors, vous
23:43mettez en avant, évidemment, le travail
23:45du charcutier français.
23:47Bon, ce n'est pas le seul
23:49pays qui
23:51trouve un vrai terrain
23:53de charcuterie riche.
23:55On peut dire qu'en Europe, il y a d'autres
23:57pays qui utilisent le cochon, mais
23:59plus souvent en salaison que vraiment
24:01en travail de charcuterie, non ?
24:03Oui, Vincent,
24:05vous le savez très bien, c'est que
24:07le charcutier ne peut pas se traduire en
24:09anglais. Donc le charcutier, c'est vraiment
24:11franco-français.
24:13Il y a en Allemagne,
24:15en Italie, alors en Allemagne,
24:17les pays nordiques, ça va être des
24:19produits surtout avec de la pâte fine
24:21et de la fumée.
24:23C'est-à-dire des pâtes qui sont faites
24:25au cutter, des pâtes à glace
24:27par exemple, pour avoir des pâtes très fines.
24:29On prend l'exemple de la saucisse de
24:31Francfort, par exemple. Voilà,
24:33le lagnac, le Francfort, etc.
24:35Et puis après, il y a des produits
24:37de l'Italie
24:39et de l'Espagne, où c'est
24:41vraiment à cause du climat,
24:43où on va travailler le sec.
24:45Parce que ça se conservait.
24:47On cherchait la conservation, en fait, par le sel.
24:49Tout est là.
24:51Mais les 450 produits
24:53qu'on fait de charcuterie
24:55partout
24:57dans la France, dans la métropole,
24:59c'est vraiment typique.
25:01C'est atypique.
25:03Ça ne se reproduit pas parce qu'ils n'ont pas
25:05la culture aussi. Ils n'ont pas cette culture-là.
25:07C'est intéressant ce que vous avez dit.
25:09Vous avez dit que c'est typique et atypique.
25:11C'est extraordinaire à la fois.
25:13C'est-à-dire typique de nos régions
25:15et atypique dans le paysage mondial.
25:17Exactement.
25:19Je pèse mes mots.
25:21J'entends bien et j'espère
25:23que vous pesez juste comme les tranches
25:25de jambon au magasin.
25:27Alors justement, puisqu'on parle du magasin,
25:29de votre boutique de Mérignac,
25:31je disais tout à l'heure que vous êtes à la fois
25:33le président de cette confédération des charcuteries
25:35des traiteurs, de la CGAD.
25:37Et là sont les commerces de détail
25:39de l'alimentation.
25:41Vous n'avez pas le temps d'être chez vous.
25:43Heureusement, et ça c'est coup de bol,
25:45ceux qui nous écoutent et qui sont artisans
25:47et qui, par exemple restaurateurs
25:49ou dans d'autres métiers de bouche,
25:51avoir un fils
25:53et qui est à la hauteur, c'est très important.
25:55Je vais passer un coup de fil. C'est Geoffray.
25:57Il est avec nous. Bonjour Geoffray.
25:59Bonjour M. Guirnaud.
26:01Vous entendiez votre père vanter
26:03les mérites de la charcuterie française.
26:05Alors vous êtes,
26:07et c'est assez extraordinaire aussi,
26:09la troisième génération
26:11puisque c'est votre grand-père qui a créé
26:13le magasin. Vous êtes
26:15meilleur ouvrier de France
26:17charcutier comme votre papa Joël.
26:19Depuis quand vous
26:21vous êtes mof ?
26:23Depuis 2015.
26:25Est-ce que c'est quelque chose
26:27qui était induit
26:29quand on rentre dans l'entreprise
26:31familiale que son père
26:33est meilleur ouvrier de France ?
26:35Est-ce que dès le plus jeune âge, ça vous
26:37chatouillait la tête ?
26:39Non, je ne dirais pas dès le plus jeune âge
26:41parce que je suis rentré un peu tard dans le métier.
26:43Mais voilà,
26:45j'ai tellement l'amour de ma famille
26:47en premier lieu et après
26:49en second lieu, l'amour du métier
26:51que pour moi, il était inconcevable
26:53de voir la famille
26:55Mauvigny s'arrêter
26:57à la deuxième génération.
26:59Parce que le respect du père, j'imagine
27:01et de son col bleu-blanc-rouge.
27:03Tout à fait.
27:05Après, j'ai eu la chance
27:07de pouvoir être élu en 2015
27:09mais ça, c'est un plus.
27:11Même si je me suis battu pour,
27:13le principal
27:15pour moi a été de pérenniser cette affaire
27:17familiale qui est juste
27:19fabuleuse, je trouve,
27:21à mon égard.
27:23Joël, en écoutant votre fils
27:25Geoffrey, je me dis
27:27que dans les métiers de bouche,
27:29la transmission, c'est un sacré challenge.
27:31Alors vous, vous avez la chance,
27:33vous avez mis en œuvre
27:35cette école du CEPROC dont je parlais,
27:37cette école de la charcuterie
27:39à Paris, mais
27:41ce qu'on apprend
27:43ou ce qu'on enseigne dans les écoles,
27:45ça manquera
27:47toujours d'avoir
27:49un papa ou un maître d'apprentissage
27:51à côté de soi qui vous montre
27:53les gestes en one-to-one
27:55comme on dit.
27:57Tout à fait Vincent, de toute façon,
27:59il n'y a pas de secret,
28:01on est des artisans, on est des manuels.
28:03Bien sûr qu'il faut avoir un cerveau
28:05pour faire travailler les mains,
28:07et le geste est primordial.
28:09L'école est un complément.
28:11Ce qui compte, c'est le maître d'apprentissage,
28:13c'est le tuteur
28:15qui en même temps
28:17va donner
28:19une chance à un gamin qui va pouvoir
28:21s'épanouir dans le métier.
28:23Aujourd'hui, il a un atteu dans l'entreprise,
28:25il a un atteu
28:27qui forme, moi je suis à plus de 60,
28:29et ça continue,
28:31mais c'est fabuleux
28:33parce qu'il faut transmettre,
28:35il faut avoir la passion de ça aussi.
28:37– Mais Joël, excusez-moi,
28:39j'entends votre discours
28:41qui est celui du président
28:43de tous les charcutiers,
28:45mais qu'est-ce que pense
28:47le papa de son fils
28:49dans l'entreprise ?
28:51Comment vous le voyez,
28:53votre fils Geoffrey ?
28:55– Écoutez, moi je pense,
28:57il pourrait dire le contraire,
28:59je pense qu'on a réussi une super transition.
29:01Geoffrey n'a pas,
29:03je ne l'ai jamais forcé
29:05à faire mon métier,
29:07je lui avais dit,
29:09si il s'en souvient sur une route
29:11avec les traiteurs,
29:13je lui avais dit, l'entreprise est à toi
29:15à condition que tu le veuilles,
29:17tu pourras faire tous les métiers du monde
29:19dans l'entreprise, il faut que tu le veuilles
29:21du fond du cœur,
29:23parce que sinon tu ne réussiras pas.
29:25Après moi, je ne vis que du bonheur Vincent,
29:27transmettre à son fils,
29:29le fils qui porte
29:31le col bleu blanc rouge,
29:33c'est lui qui est aux manettes aujourd'hui,
29:35c'est lui qui a la responsabilité
29:37du personnel, des clients et tout,
29:39moi je suis le papa heureux.
29:41– Vous avez conscience Geoffrey
29:43d'être un exemple
29:45peut-être pour tous ces jeunes
29:47qui sont au CEPROC ou dans les écoles de charcuterie
29:49en France,
29:51dans des lycées hôteliers,
29:53est-ce que vous avez conscience de ça,
29:55qu'on vous regarde comme un exemple
29:57à suivre d'une transmission réussie ?
29:59– Alors,
30:01je ne sais pas si on peut dire
30:03exemple mais…
30:05– Et alors, comment ça s'appellerait autrement ?
30:07– Non mais bon, voilà,
30:09j'aime bien l'humilité,
30:11donc voilà,
30:13c'est pour ça que je me permets de dire,
30:15peut-être un exemple pour certains,
30:17d'autres non, mais voilà,
30:19le but dans tout ça
30:21c'est que tout le monde trouve son compte,
30:23son bonheur,
30:25c'est sûr que je souhaite
30:27à tout le monde
30:29que
30:31la pérennisation
30:33d'une entreprise familiale
30:35c'est vraiment un pur bonheur,
30:37parce que moi je travaillais mon père,
30:39je travaillais ma mère, récemment ma femme est rentrée
30:41aussi dans l'entreprise,
30:43c'est…
30:45quand vous travaillez dans la joie, la bonne humeur
30:47et surtout
30:49quand vous travaillez dans le métier que vous aimez,
30:51je pense qu'il n'y a pas plus beau
30:53dans la vie quoi,
30:55on y passe pas mal de temps quoi.
30:57– Ça me touche ce que vous dites,
30:59parce que j'ai l'impression,
31:01cher Joël, que
31:03même si on va avoir l'air peut-être
31:05de vieux cons à dire ça,
31:07mais les valeurs familiales
31:09ça reste un ciment
31:11absolument inégalable dans ces métiers
31:13de l'artisanat, des métiers de bouche, non ?
31:15– Ah ben pour moi c'est…
31:17ça fait partie de notre ADN quoi,
31:19la famille, vous le savez Vincent,
31:21déjà quand je parle, la famille des charcutiers en tant que président,
31:23pour moi c'est une famille,
31:25et en plus quand t'as l'entreprise
31:27c'est familial et tout,
31:29comme il le dit,
31:31on a fait ce choix-là
31:33d'être chef d'entreprise,
31:35on a des contraintes et tout, mais c'est que du bonheur quoi.
31:37– Oui, parce que je ne veux pas
31:39décourager ceux qui sont peut-être
31:41sans succession,
31:43mais la famille,
31:45on peut se la créer,
31:47la famille c'est celle des charcutiers avant tout,
31:49donc ce que vous dites à votre fils,
31:51pourriez-vous le dire à chacun de vos adhérents ?
31:53– Tout à fait, je le dis,
31:55et les jeunes que je côtoie,
31:57que vous connaissez aussi,
31:59que je côtoie, je leur fais passer le message,
32:01tout est accessible, c'est une histoire de volonté.
32:03– Il faut que ça parte du cœur,
32:05comme vous avez dit à votre fils.
32:07– Oui, et moi je suis en train de travailler aussi
32:09sur la reprise d'entreprise,
32:11à fond la caisse,
32:13parce qu'il manque des sous à certains jeunes
32:15pour reprendre l'entreprise,
32:17mais j'y travaille,
32:19parce que pérenniser ce beau métier
32:21dans l'Hexagone,
32:23c'est phénoménal,
32:25le client il attend ça aussi.
32:27– Merci Joël,
32:29et merci du travail que vous faites
32:31pour maintenir haut
32:33le cochon français,
32:35dans toute sa beauté,
32:37parce que c'est un marqueur fort
32:39de notre culture à table,
32:41ce travail de la charcuterie
32:43et du traiteur bien sûr,
32:45mais la charcuterie c'est la base.
32:47Merci aussi Geoffrey d'avoir été avec nous,
32:49je vais vous laisser retourner au labo,
32:51le dimanche matin en plus,
32:53souvent il y a du monde en boutique,
32:55faut pas taisoir avant le déjeuner du dimanche.
32:57Merci messieurs, je vous souhaite un beau dimanche
32:59à tous les deux,
33:01et à tout bientôt.
33:03– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
33:34– Il est avec nous ce matin Philippe Juglard,
33:36le président de l'AFPA,
33:38l'agence pour la valorisation des produits agricoles,
33:40et venu de bien loin souvent.
33:42Bonjour Philippe.
33:44– Bonjour.
33:46– Vous à l'origine, vous êtes négociant de café,
33:48de métier,
33:50comment est né l'AFPA ?
33:52– Ecoutez absolument par hasard,
33:54vous savez les grandes idées viennent souvent par hasard,
33:56on est au début des années 2000,
33:59j'ai un ami qui me demande
34:01de penser à une animation
34:03pour un salon extraordinaire
34:05qu'il montait qui était le salon des terroirs du monde,
34:07il voulait que je fasse une dégustation de café,
34:10et le café à l'époque n'était pas du tout à la mode,
34:12c'était pas du tout comme aujourd'hui,
34:14c'était la mode des baristas etc,
34:16c'était un produit un peu vieux, un peu poussiéreux,
34:18j'ai dit écoute non, moi je te propose plutôt
34:20de s'intéresser aux huiles d'olive,
34:22et on a lancé de rien, une dégustation d'huile d'olive,
34:24qui a eu un succès qui nous a dépassé nous-mêmes,
34:27parce qu'on a eu en fait la chance
34:29de rencontrer l'intérêt
34:31de celui qui est toujours le président
34:33de notre jury, Christian Pinatel,
34:35l'homme des mets,
34:37des mets en Haute-Provence,
34:39absolument,
34:41et deuxième rencontre c'était les Espagnols
34:43qui avaient vraiment un problème d'image
34:45de leur huile d'olive en France à l'époque,
34:47il y avait encore des histoires rémanant
34:49d'huile frelatée etc,
34:51et qui sont venus
34:53se faire juger à Paris,
34:55et ça a été un très beau succès,
34:57et nous avons démarré notre concours
34:59d'huile d'olive, que nous avons donc répété,
35:01et répété, puis on a appris le métier,
35:03parce qu'organiser des concours, c'est pas facile,
35:05il y a plein de choses rap,
35:07et puis après ça, je suis revenu
35:09sur mes amours, sur le café,
35:11puis sur le thé, puis sur le chocolat.
35:13Et le cacao aussi ?
35:15Le chocolat, le chocolat.
35:17Donc cacao transformé.
35:19Voilà, on ne s'attache pas
35:21aux produits transformés localement.
35:23D'accord.
35:25Il y a peut-être une raison économique,
35:27c'est-à-dire que les pays producteurs peuvent peut-être
35:29participer à la valeur ajoutée de la transformation,
35:31mais ce n'est pas tellement ça.
35:33En fait, on s'est aperçu que
35:35plus le produit est transformé près de l'agriculteur,
35:37plus vous pouvez avoir
35:39des produits exceptionnels.
35:41Et ça, on l'a appris en France ou en Italie.
35:43Pourquoi les vins français sont aussi extraordinaires ?
35:45Parce que, pour grande partie,
35:47ils sont élaborés au château
35:49ou à côté de la propriété.
35:51Et puis vous voulez dire qu'il n'y a pas que la matière première,
35:53il y a le savoir-faire,
35:55le process, mais pourtant...
35:57Et l'amour !
35:59Oui, mais dans des pays qui sont
36:01souvent économiquement en difficulté,
36:03en tout cas pour ces producteurs,
36:05ces agriculteurs, je pense au cacao
36:07ou au café dans certaines régions,
36:09ou la vanille par exemple,
36:11parfois ils n'ont pas accès à tous les savoir-faire
36:13qui permettraient de valoriser le produit.
36:15Comment est-ce que vous arrivez
36:17à résoudre cette équation ?
36:19Alors, premièrement, comment dire...
36:21Ces pays, effectivement,
36:23qui ont des souffrances économiques
36:25et sociales très souvent très lourdes,
36:27sont tout de même des pays en développement.
36:29Et aujourd'hui,
36:31il y a l'accès
36:33au savoir-faire
36:35technologique dans ces pays.
36:37Ce ne sont pas des technologies
36:39non plus extrêmement compliquées.
36:41En fait, tout le process, si vous voulez,
36:43c'est de passer d'un homme qui est producteur
36:45d'une matière première, donc il vend son café
36:47ou son cacao avec des normes
36:49physico-chimiques, à un homme
36:51qui va être passionné par le goût de son produit.
36:53Et son attitude change complètement.
36:55La clé m'a été donnée un jour,
36:57c'était en région parisienne, parce qu'on a notre
36:59concours d'huile végétale,
37:01et un producteur
37:03de tournesols de l'Île-de-France,
37:05vous voyez les plaines d'Île-de-France,
37:07la culture industrielle,
37:09un jour ce monsieur s'est amusé à mettre
37:11une petite presse pour faire son huile
37:13de tournesol. Et il m'a dit
37:15« Vous savez, Julien, depuis que je bois
37:17mon sang, je peux plus regarder de la même façon. »
37:19« Je bois mon sang » !
37:21C'est beau comme image, hein ?
37:23Cet or liquide
37:25qui lui coulait dans le gosier.
37:27Philippe Juglard, vous parliez
37:29des huiles végétales, et notamment les huiles d'olive,
37:31puisque vous venez de rendre le palmarès
37:33de vos dégustations d'huile d'olive.
37:35Alors, j'ai eu accès,
37:37avec des médailles d'or,
37:39d'argent ou de bronze, comme souvent,
37:41j'ai pas vu beaucoup
37:43de Français. Est-ce que ça veut dire que les Français
37:45ne se présentent pas parce que ça reste
37:47un outil de promotion ?
37:49Alors, deux choses.
37:51D'abord, la production d'huile d'olive en France
37:53est extrêmement réduite.
37:55Si on compare à celle de l'Italie
37:57ou à celle de l'Espagne. Et elle se fait
37:59dans des régions merveilleusement touristiques
38:01où la commercialisation
38:03se fait sans problème. Je ne dirais pas
38:05qu'elle se fait sans problème, mais elle se fait plus facilement
38:07que lorsque vous êtes à la tête d'une coopérative
38:09espagnole qui doit écouler plusieurs dizaines
38:11de milliers de litres sur le marché international.
38:13Donc, il y a moins besoin de cette reconnaissance.
38:15La deuxième raison,
38:17très objective aussi, c'est que
38:19nul n'est prophète dans son pays, et les Français
38:21en tant que tels, ils ont le concours,
38:23par exemple, les concours
38:25agricoles qui existent.
38:27Le concours général agricole, par exemple.
38:29Ils ne sont jugés que les huiles françaises,
38:31donc elles sont jamais mises en comparaison avec d'autres huiles.
38:33Voilà. Alors, cette année,
38:35il y en a eu un peu plus parce que les Français
38:37sont les promoteurs
38:39d'une qualité
38:41d'une qualité un peu spécifique
38:43qu'on ne retrouve pas en Italie ou en Espagne
38:45qui est la qualité
38:47du goût à l'ancienne.
38:49Oui, c'est-à-dire les olives maturées,
38:51ce qu'on appelle fruité,
38:53le fruité noir, avant.
38:55Ce qu'on appelle fruité noir, on n'a plus le droit de l'appeler fruité noir
38:57parce que le comité oligole
38:59l'interdit, mais en fait, tout est là,
39:01effectivement. C'est la fermentation
39:03qui va donner ce goût, notamment.
39:05Exactement. Et ce que savent faire
39:07les Français, contrairement
39:09aux Algériens, par exemple, c'est de contrôler
39:11cette fermentation et donc d'assurer
39:13d'une année sur l'autre des huiles à l'ancienne
39:15tout à fait agréables
39:17sans avoir le fameux goût de chômé
39:19qui était un goût qui gênait
39:21beaucoup de dégustateurs.
39:23Exactement. Vous avez tout compris.
39:25Donc, aujourd'hui,
39:27dans votre palmarès, on trouve essentiellement
39:29de l'huile espagnole,
39:31de l'huile italienne,
39:33de façon très traditionnelle,
39:35de la grecque également chez vous,
39:37en fait, c'est tout le tour de la Méditerranée
39:39qu'on retrouve chez vous.
39:41Dans le concours dont nous donnons
39:43les résultats à cette période de l'année,
39:45ce sont toutes les huiles
39:47qui sont arrivées sur le marché,
39:49qui ont été pressées en tout début
39:51de l'année. Elles sont toutes fraîches,
39:53toutes belles, toutes sympathiques.
39:55Et nous allons faire une deuxième session
39:57en septembre avec les huiles
39:59du sud du monde.
40:01C'est-à-dire le sud
40:03de l'Amérique latine,
40:05le sud de l'Afrique et l'Australie.
40:07Mais soyons clairs, Philippe Juglard,
40:09comme tout concours,
40:11ce sont les huiles qui se sont
40:13présentées. C'est-à-dire, ce n'est pas
40:15comme un guide qui va prélever
40:17des huiles anonymement
40:19dans des domaines. Vous,
40:21au contraire, il faut faire acte de candidature.
40:23Il faut faire acte de candidature.
40:25C'est d'ailleurs comme ça que
40:27cette association AVPA
40:29vit, c'est la participation au concours
40:31et l'adhésion à notre association
40:33qui nous permettent d'organiser
40:35tout ça. Donc, viennent
40:37ceux qui ont envie de venir.
40:39Et j'ajouterais
40:41même que nous avons
40:43un jury qui est
40:45spécifiquement francophone. C'est une des conséquences
40:47auxquelles elle est arrivée.
40:49On a testé, on s'est dit, on va faire un concours
40:51international, donc on va avoir un jury international.
40:53Ça ne marche pas.
40:55Et qui sont les jurés, d'ailleurs ? Ce sont des professionnels ?
40:57Alors, nous avons deux étapes
40:59de jury. Il y a d'abord des professionnels
41:01de l'huile,
41:03qui travaillent toute l'année
41:05et qui savent percevoir
41:07les défauts, les qualités, etc.
41:09Et qui ont un goût de professionnel.
41:11Et vous savez sans doute que le goût des professionnels
41:13est en général assez éloigné
41:15du public.
41:17Donc, nous avons une deuxième phase.
41:19Une fois que le jury professionnel
41:21a éliminé ce qui n'avait aucun intérêt,
41:23on regarde toutes les huiles intéressantes
41:25qu'on a rangées par catégorie homogène
41:27de façon à comparer ce qui est comparable.
41:29Oui, j'ai vu. Différents fructés.
41:31Voilà, exactement.
41:33Douce, suave, enfin je ne sais pas.
41:35Il y a plein de caractères.
41:37Oui, il y a plusieurs catégories.
41:39Et dans chaque catégorie, on va passer
41:41dans un deuxième jury qui sont des
41:43amateurs du goût, donc des gens qui savent
41:45déguster. Et qui vont
41:47dire leur préférence.
41:49Ce qui va nous permettre de donner les médailles d'or,
41:51d'argent et de bronze.
41:53D'accord, assez objectivement. Un beau palmarès.
41:55Et vous faites la même chose avec le café,
41:57avec le thé, avec le chocolat,
41:59toute l'année en fait.
42:01C'est votre boulot. C'est notre boulot.
42:03Tous les ans, on a nos quatre concours.
42:05Le café a été
42:07le concours que nous avons lancé
42:09après les huiles, mais des années après.
42:11Parce qu'il a fallu que les pays producteurs
42:13se mettent enfin à transformer leur café.
42:15Donc maintenant, nous avons des cafés
42:17torréfiés à l'origine
42:19qui viennent se faire déguster à Paris.
42:21Et alors là, vous savez, c'est absolument extraordinaire.
42:23Là, on est sur la huitième année.
42:25L'amélioration de la qualité
42:27en huit ans est prodigieuse.
42:29Le fait pour les producteurs
42:31de pouvoir travailler
42:33leur fermentation et leur torréfaction
42:35sur place, nous donne
42:37aujourd'hui des tasses de café de
42:39Colombie ou de Costa Rica
42:41qu'on n'aurait pas imaginé il y a dix ans.
42:43C'est fabuleux.
42:45Merci beaucoup. Excusez-moi, mais le temps nous
42:47a fui entre les doigts,
42:49nous a coulé,
42:51comme le sable, comme les grains de café.
42:53Mais vous savez quoi ?
42:55Je vous repasserai un coup de fil au moment
42:57du palmarès des cafés,
42:59parce que je suis très amateur
43:01et ça m'intéresse beaucoup, et savoir comment
43:03on le retrouve sur les paquets
43:05que l'on va acheter après, parce que
43:07le consommateur, lui, est intéressé.
43:09En tout cas, il y a un site de l'AFPA,
43:11A-V-P-A, que je vous conseille d'aller voir
43:13si vous êtes intéressé par ce palmarès
43:15et par les autres.
43:17Et il est grand temps pour vous
43:19d'aller faire le marché ce matin.
43:21Il vous a donné envie d'huile d'olive, j'en suis sûr,
43:23si ce n'est pas encore fait.
43:25Et vous pourrez réécouter cette émission et toutes les autres
43:27en podcast sur sudradio.fr,
43:29sur Youtube et sur notre application
43:31Sud Radio, sur iOS et
43:33Android. Voilà, merci
43:35beaucoup Philippe Giglard. Je vous laisse
43:37avec les infos de 11h et après
43:39l'ami Alexandre Devecchio, en toute vérité.
43:41Et je vous souhaite un très beau dimanche
43:43de printemps sur Sud Radio.
43:51Au revoir.