• il y a 10 mois
À 9h20, le créateur de mode Alexandre Mattiussi, fondateur de la marque AMI, est l'invité de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-22-janvier-2024-8910200

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Transcription
00:00 Léa, ce matin vous recevez un créateur de mode !
00:02 Bonjour Alexandre Matussi !
00:04 Bonjour Léa !
00:05 Merci d'être avec nous ce matin.
00:06 Si vous étiez une ville, un chiffre et un défaut, vous seriez quoi ?
00:11 Alors, la ville, je ne vais pas hésiter une seule seconde, Paris évidemment.
00:16 Un chiffre, le 9, qui est un chiffre porte-bonheur pour moi.
00:21 Pourquoi ?
00:22 Depuis toujours, je me suis rendu compte très jeune qu'il y avait du 9 dans mon prénom,
00:27 dans mon nom de famille, dans les adresses, les dates de naissance, mon père, ma mère,
00:31 tout le monde, tout le temps.
00:32 Et c'est vrai que c'est devenu une espèce de superstition que parfois je triche un peu
00:37 pour être honnête.
00:38 Vous inventez le 9 quand il n'est même pas là.
00:40 J'essaye de m'arranger pour que ça tombe sur un chiffre 9.
00:42 Et un défaut ?
00:43 Un défaut, mon Dieu, je n'ai que des qualités.
00:46 Oui, je pense que peut-être l'impatience, mais qui n'en est pas vraiment un défaut.
00:52 C'est le défaut gentil, quand on n'a pas de défaut.
00:55 Je suis un gentil garçon.
00:56 Vous êtes comme Audrey Tautou qui nous a dit tout simplement « je n'ai pas de défaut ».
00:59 Exactement.
01:00 Si vous étiez une couleur ?
01:01 Une couleur, ça serait très difficile de choisir.
01:05 Je dirais le noir peut-être, celui du trait de crayon, le dessin.
01:08 Je pensais que vous alliez dire le rouge.
01:10 Le rouge, c'est la couleur du cœur iconique agrémenté d'un grand A qui est votre signature
01:15 et qu'on retrouve sur tous les vêtements de la marque Ami.
01:17 Cette marque que vous avez fondée il y a 13 ans, d'où vous êtes le président.
01:20 Ami est devenue en quelques années une des plus grandes success stories de la mode française.
01:24 C'est plus de 350 salariés, des points de vente sur tous les continents, 33 rien
01:29 qu'en Asie.
01:30 80% du chiffre d'affaires d'Ami est réalisé à l'étranger.
01:33 Un chiffre d'affaires qui a dépassé les 300 millions d'euros en 2023.
01:36 Alors que la semaine de la mode masculine s'est clôturée hier soir, on avait envie
01:39 d'en savoir plus sur vous, sur ce qui vous fait courir, sur quoi repose le succès d'Ami.
01:44 D'abord, le nom de la marque.
01:46 Pour ceux qui ne savent pas, Ami, il y a un double sens.
01:49 D'abord A-Alexandre, Mi-Matussi, mais il y a aussi un hommage à l'amitié.
01:55 Bien sûr, bien sûr.
01:56 En fait, moi je venais de maison de couture où j'ai appris mon métier pendant 10 ans.
02:02 Et je me suis souvent retrouvé déconnecté en tant que styliste avec le produit que je
02:08 dessinais, avec le vêtement que je dessinais.
02:09 Donc on était comme ça, à dessiner des choses un peu folles.
02:12 Et puis avec cette frustration qui m'envahissait parfois à me dire "qui va porter ces fringues-là ?"
02:20 La déconnexion entre les fringues.
02:23 Oui, la déconnexion.
02:24 Soit avec la créativité, soit avec le prix, soit avec l'histoire aussi.
02:28 C'est assez étonnant quand on lit votre histoire.
02:30 Ça me fait penser à Ralph Lauren qui disait "je ne crée pas des vêtements, je crée
02:33 des rêves".
02:34 Et vous, pas du tout.
02:35 Vous racontez quand vous bossiez chez Givenchy, le PDG vous disait "alors Alexandre, c'est
02:38 quoi l'histoire de ta collection ?" Et vous répondiez en haussant les épaules "il
02:41 n'y a pas d'histoire, je fais des pantalons et des chemises".
02:44 Exactement.
02:45 Alors c'est vrai que j'ai peut-être un peu changé de point de vue aujourd'hui,
02:47 mais mon approche reste la même.
02:50 J'ai envie de voir mes vêtements portés.
02:53 Mon plus grand bonheur n'est pas du tout narcissique.
02:56 Je suis dans cet acte de générosité.
02:59 J'aime l'idée que je puisse rendre heureux les gens à travers un vêtement que j'ai
03:05 dessiné.
03:06 Les gens, c'est les stars, parce que ça a contribué.
03:08 Vous avez une espèce de galaxie de stars qui vous adorent et qui portent vos vêtements.
03:12 Jay-Z, Vincent Cassel, Isabella Gianni, Charles Trampling, Laila Bechtel, Laetitia Cassa.
03:17 Je peux faire une liste qui est énorme.
03:19 C'est aussi ça qui vous a popularisé.
03:21 Mais il y a aussi beaucoup d'anonymes.
03:23 Vous dites "il n'y a rien qui me fait plus plaisir que quand dans la rue je marche et
03:26 il y a quelqu'un qui me reconnaît".
03:27 Je trouve que j'ai l'air idiot tout le temps parce que je suis toujours content et
03:30 toujours surpris.
03:31 Hier, j'étais en terrasse de café encore et je me retrouve à sourire aux gens qui
03:35 portent mes vêtements.
03:36 La moitié d'entre eux ne me connaissent pas.
03:38 J'ai un air un peu bête comme ça, à les regarder parfois même pointant du doigt
03:43 le bonnet ou le pull que j'ai dessiné.
03:45 Ça me rend encore très très heureux et je suis très reconnaissant pour ça évidemment.
03:50 Alors cette dernière collection, "Automne-hiver 2024-2025", vous l'avez présentée jeudi
03:53 dernier au Tennis Club de Paris.
03:55 Vous décrivez cette collection comme celle, je vous cite, "de la sagesse".
03:57 Elle a pour origine une sensation très intime que j'ai ressentie ces derniers temps,
04:01 celle d'être au bon endroit, au bon moment.
04:04 Ça veut dire quoi ? Qu'avant vous n'étiez pas sage ou qu'avant vous n'étiez pas
04:07 au bon endroit ?
04:08 Non, je pense que la vraie victoire, personnelle pour le coup dans cette histoire, c'est
04:13 d'être aligné, d'être face à soi-même et d'être dans cette reconnaissance.
04:18 Ça prend du temps, j'ai 43 ans aujourd'hui.
04:20 On a des métiers un peu schizo quand même où se mélange beaucoup de narcissisme aussi,
04:26 on se regarde quand même pas mal le nombril.
04:28 Comment on lutte contre ça ? Quand toute la journée, contre la superficialité de
04:32 la mode.
04:33 Vous avez quand même ce truc-là, vous et tous, dans une forme effectivement de narcissisme,
04:39 mon chéri, ma chérie, ça a doublé de la pression que vous avez, doublé de la concurrence
04:44 que vous avez.
04:45 Comment on se protège de ça ?
04:46 On choisit son camp.
04:47 Moi j'ai choisi mon camp, c'est celui du bien-être, celui du bonheur, celui du
04:50 plaisir de faire ce métier parce que ça me rend très heureux.
04:53 Je dis toujours et je compare toujours mon métier à celui d'un chef.
04:56 J'entre en cuisine tous les matins et je cuisine.
05:00 Et cette collection, c'est vrai que dans les comparaisons que j'aime toujours à
05:04 faire, c'était six mois de cuisson et on a sorti le plat du four jeudi soir.
05:08 Cette fois-ci, plus que d'autres fois, ça sentait très très bon en cuisine.
05:13 Il y avait une odeur.
05:14 Pourquoi cette fois-ci un peu plus ?
05:15 Parce que moi j'ai perdu mon papa il y a quelques semaines.
05:19 C'est-ce que j'allais vous dire.
05:20 Est-ce que c'est lié à la maladie et à la perte de votre père ?
05:23 Oui, bien sûr.
05:24 Évidemment, je dis toujours, amis, vie au rythme du battement de mon cœur.
05:26 C'est une grosse boîte maintenant.
05:28 On est 600 salariés.
05:29 Vous êtes 600 salariés maintenant, je me suis trompé.
05:32 C'est ça, c'est devenu une machine.
05:34 Avec un nouvel actionnaire chinois.
05:36 Exactement.
05:37 Plus complètement indépendant.
05:38 Oui, mais indépendant plus que jamais.
05:40 Parce que l'actionnaire, encore une fois, il faut mettre les choses en perspective.
05:44 C'est quelqu'un qui s'assoit à ma table, qui est invité pour quelques années à
05:47 m'accompagner, à réfléchir à notre histoire.
05:49 Mais je suis très libre.
05:50 Et donc la mort de votre père a pesé sur cette collection.
05:54 Oui, parce qu'il y a quand même quelque chose de fantastique d'être…
05:58 Alors moi, j'ai la chance, en plus je l'ai écrit sur Instagram, j'ai mis un petit
06:02 mot il y a quelques jours, à quelques minutes du défilé.
06:05 J'ai eu la chance d'être élevé par des parents extraordinaires.
06:08 Extraordinaire, ça veut dire quoi ?
06:09 Des parents aimants qui m'ont soutenu dès le départ.
06:13 Et j'avais cette reconnaissance-là.
06:15 Ce show était aussi un hommage.
06:16 Alors un hommage avec tout ce que ça veut dire là-dedans.
06:20 Mais dire merci, surtout merci de m'avoir accompagné.
06:23 Merci d'avoir cru en moi.
06:24 Et du coup, ça donne une responsabilité, ça donne envie de faire les choses bien.
06:27 Vous êtes né en 1980 en Normandie, vous avez grandi à la campagne.
06:30 Enfant à 4 ans, vous voulez être danseur.
06:32 Vous êtes le Billy et Eliott du village dites-vous.
06:34 Danser, je ne pensais qu'à ça.
06:36 J'imposais un spectacle tous les dimanches à mes parents et à mon frère.
06:39 Vous les souliez quoi ?
06:40 Oui, mais je crois vraiment que ça reste un bon souvenir.
06:44 Enfin, plus pour moi que pour eux peut-être.
06:45 Il faudrait leur demander.
06:46 Mais en fait, je fais la même chose tous les 6 mois en convoquant tout le monde.
06:50 Vous voyez, c'est des métiers quand même un peu dingues.
06:53 Tous les 6 mois, on se rejette dans l'arène.
06:56 On invite tout le monde.
06:58 Et puis maintenant, on est des millions à regarder ce défilé.
07:00 Il y a 6 millions de vues sur Instagram en quelques jours.
07:03 Donc, il y a quand même ce truc où on se dit qu'il faut être très fort.
07:07 Il faut avoir confiance en soi.
07:08 Et donc, petit, je dansais.
07:10 Petit, vous dansiez.
07:11 Et petit, on vous traitait de pédale dans le village.
07:13 Oui.
07:14 Mais vous dites que ce n'est pas grave.
07:16 Je ne me suis pas senti...
07:18 Non, j'étais dans ma bulle vraiment.
07:20 Les pédales qui passaient par-ci, par-là étaient...
07:23 Je n'ai peut-être pas pris ça pour des compliments, mais ça ne m'a pas empêché en tout cas.
07:28 Peut-être parce que vos parents vous aimaient.
07:30 Très fort.
07:31 C'est peut-être ça la réponse.
07:32 Vous avez passé le concours de l'Opéra Gardien.
07:34 Vous allez jusque là.
07:35 Sauf que là, vous dites, je me retrouve face à 500 jeunes avec des revolvers dans le regard.
07:39 Et là, vous faites tout pour rater le concours volontairement.
07:42 À ce moment-là, vous dites, je ne peux pas.
07:43 Je ne peux pas.
07:44 Je ne sais pas pour ça que je fais ou que j'ai envie de faire ce métier-là.
07:47 En tout cas, je n'avais pas appréhendé ce truc.
07:51 La compétition.
07:52 La compétition.
07:53 Et même encore aujourd'hui, je ne me sens en compétition avec personne.
07:56 Mais c'est ce que j'allais vous dire.
07:57 C'est-à-dire que vous arrêtez le métier de danseur.
07:59 Vous plantez le concours de l'Opéra Gardien parce que vous dites, je n'ai pas supporté la compétition.
08:03 Le côté compétitif, pardon, mais la mode est ultra violente et compétitive également.
08:08 Encore une fois, j'ai choisi mon camp.
08:10 C'est celui de me protéger, de protéger ma famille, mes équipes.
08:14 Il y a tellement de choses à faire déjà si on commence à regarder le travail.
08:18 Je le regarde parce que je suis curieux et que j'adore ça.
08:20 C'est quand même intéressant d'observer un peu comment on se situe aussi sur l'échiquier.
08:26 Parce que c'est un échiquier.
08:28 Mais non, je me sens très indépendant aussi dans ma façon de faire les choses.
08:32 Olivier Roustin, le créateur de « Balmain » dit dans « Le Monde » ce week-end,
08:35 « On est encensé un jour, oublié le lendemain.
08:37 Il n'y a plus la bienveillance d'autrefois pour les couturiers. »
08:40 Vous êtes d'accord avec lui ?
08:42 Non, je ne sais pas. Je ne me rends même pas compte de tout ça.
08:45 Je ne pense pas beaucoup à ça en vrai.
08:47 C'est vrai que je suis sur mon bateau comme ça au quotidien.
08:49 C'est un voyage de tous les jours.
08:52 On s'amuse. Moi, je me marre vraiment beaucoup.
08:54 Et en plus, je ne suis pas dans l'œil… Je n'ai pas l'impression.
08:58 Vous n'avez pas l'impression d'être…
08:59 Non, moi, je ne m'emmerde pas trop.
09:01 On ne vous emmerde pas.
09:02 Je suis assez tranquille en vrai.
09:03 Ensuite, après avoir abandonné la danse, vous vous tournez vers la mode, l'école de mode.
09:07 Puis vous travaillez chez Givenchy, chez Dior, chez Marc Jacobs.
09:09 Vos idoles sont Jean-Paul Gaultier et Thierry Mugler.
09:12 Et la voix de votre enfance, la voix de la mode de votre enfance, c'est Viviane Blassel qui racontait la mode sur TF1.
09:17 On l'écoute au défilé Thierry Mugler.
09:19 « Le charme ne s'achète pas, on le sait. Mais il peut s'apprivoiser avec un peu de goût.
09:25 C'est toute la raison d'être de la haute couture qui s'est amusée aujourd'hui à nous montrer sa diversité. »
09:30 Je pense que j'ai apporté un certain modernisme dans les matières.
09:34 Des recherches très contemporaines.
09:37 Et puis le retour à la vraie attitude couture.
09:41 Réaffirmer la symbolique de la couture.
09:43 Couture attitude, signé Thierry Mugler,
09:47 qui souligne que ses créations sont portables par toutes les femmes, sans exception,
09:51 à condition qu'elles sachent aller vers l'extrême.
09:54 Viviane Blassel, magnifique voix de la mode.
09:57 C'était en 1998 sur le défilé Mugler.
09:59 Vous dites qu'on parle trop, nous les créateurs de mode, en écoutant Thierry Mugler.
10:03 Pourquoi ?
10:04 Parfois je suis gêné.
10:05 On nous demande toujours c'est quoi votre inspiration.
10:08 Moi j'ai plutôt tendance à...
10:10 Je suis bavard en plus, donc il ne faut pas me tendre le micro.
10:14 Mais je trouve que la mode doit se voir, doit se porter.
10:18 Et finalement on ne doit pas beaucoup en parler.
10:21 Sinon ça fait un peu quoi ? Un porcel ?
10:24 Il y a des choses bien plus intéressantes à commenter.
10:27 C'est pour ça que je ne dis jamais que la mode est un rêve.
10:30 Je ne suis pas là pour créer du rêve.
10:33 Je trouve ça très prétentieux de dire ça d'ailleurs.
10:35 Créer du désir peut-être c'est autre chose.
10:37 Et donner envie de porter des choses qui de toute façon vont peut-être vous rendre heureux.
10:41 Ça on voit si le vêtement rend heureux, je ne sais pas.
10:45 Ami à l'origine était une marque pour hommes.
10:47 En 2018 vous lancez aussi les femmes.
10:49 Vous dites que la femme Ami doit ressembler à l'homme Ami.
10:51 Elle porte les mêmes vestes, les mêmes pantalons.
10:53 Elle aime emprunter des pièces au vestiaire masculin.
10:56 Ça veut dire qu'une femme habillée avec les codes de l'homme est plus sexy à votre goût ?
11:02 La femme est un homme comme les autres.
11:04 C'est vrai que c'était la vraie surprise de mon histoire.
11:07 Les femmes se sont invitées spontanément dans le vestiaire de l'homme.
11:11 J'ai toujours fantasmé à l'idée de devenir un créateur femme.
11:16 Parce que c'est un terrain de jeu extraordinaire.
11:18 Beaucoup plus intéressant, en tout cas beaucoup plus excitant que l'homme.
11:21 L'homme qui est d'une certaine manière habillé un peu toujours de la même manière.
11:25 Un pull, un sweatshirt, un pantalon, une veste et une cravate.
11:28 Il y avait une vraie surprise à découvrir mes femmes, je vais les appeler comme ça,
11:33 à venir finalement piocher des vêtements dans l'homme.
11:36 Vous faites défiler des femmes et des hommes de toutes les couleurs, de tous les âges.
11:39 J'y tiens de toutes les formes.
11:41 C'est-à-dire des femmes qui font du 34 mais aussi des femmes qui font du 42.
11:44 C'est important pour vous que tous les corps soient représentés ?
11:47 Évidemment.
11:48 Parce que pendant longtemps, beaucoup de femmes ne se reconnaissaient pas dans la mode.
11:52 En disant "ce n'est pas pour moi".
11:53 Et moi, les femmes qui m'inspirent, elles n'ont pas que 20 ans.
11:56 Enfin, je veux dire, elles ont 20 ans aussi parfois.
11:58 Mais comme les hommes, Vincent Cassel, Isabelle Adjani, Charlotte Rampling que vous citiez tout à l'heure.
12:03 Ce sont des gens que je trouve magnifiques et qui ont une place dans mon histoire.
12:08 Et qui l'ont d'autant plus dans mes défilés et avec mes vêtements.
12:11 Ça serait bizarre de les sortir de cet endroit-là au moment où on doit communiquer encore sur cette idée de jeunesse éternelle.
12:18 Sur des mannequins de 18 et 20 ans.
12:20 Isabelle Adjani, parlez-moi d'elle.
12:22 Je vois que vous souriez.
12:24 Elle a une place particulière chez vous.
12:28 Ce n'est pas seulement l'ambassadrice de votre mode.
12:31 Elle défile pour vous, etc.
12:32 Mais il y a quelque chose de particulier.
12:33 Elle, elle dit qu'on a quelque chose de mystique en commun.
12:36 C'est quoi ?
12:37 Vous savez, il y a toujours cette reconnaissance dans toute histoire d'amour, si j'ose l'appeler comme ça.
12:42 On passe par la reconnaissance, puis la connaissance, puis la naissance, puis le sens.
12:47 Et c'est vrai qu'il y a eu une reconnaissance immédiate avec Isabelle.
12:53 Je ne savais pas d'où ça allait nous venir déjà.
12:56 Parce que c'est ça qui est magique dans une relation.
12:58 Et c'est vrai que je l'admire beaucoup.
13:01 Je la respecte énormément.
13:02 Je trouve qu'elle est intelligente.
13:04 C'est ce que j'allais vous dire.
13:05 Son mot.
13:06 C'est sans doute une des actrices les plus intelligentes.
13:08 C'est la femme les plus intelligente.
13:10 Oui, elle a choisi chaque mot et arrive toujours bon moment.
13:14 Tout est choisi.
13:15 Tout est choisi et tout est pensé.
13:16 Elle vous a demandé de réaliser, parce que maintenant c'est aussi le cinéma, vous produisez des courts-métrages et même des longs-métrages.
13:23 Elle vous a demandé de réaliser le clip tiré de son magnifique nouvel album fait avec Obispo, son duo avec Christophe "Où tu ne m'attendais pas".
13:32 J'irai où tu iras Pour être juste là
13:41 Pour, tu ne m'attendais pas
13:49 Pour, tu ne m'attendais pas
13:57 Juste là
14:04 Ça fait du bien d'entendre la voix de Christophe.
14:10 Le clip, vous l'avez réalisé. On peut le voir sur Youtube.
14:15 Alexandre Mathus, il est impromptu à présent. Vous répondez très rapidement, sans réfléchir.
14:20 Il y a "Ami homme, ami femme, à quand ami enfant ?"
14:23 Bientôt.
14:24 Vous allez le faire ?
14:25 Oui.
14:26 Vous êtes le chef des modes, le style jamais. Coco Chanel avait raison.
14:29 Oui.
14:30 Le vêtement que vous auriez rêvé, inventé ? Saint Laurent c'était la chemise blanche, Gautier c'était le jean. Et vous ?
14:35 La salopette.
14:37 Ah la salopette.
14:38 Ah ouais, je trouve ça trop bien.
14:39 Le retour de la taille basse, c'est pour quand ?
14:40 C'est déjà le retour de la taille basse. Je ne sais pas si je vous le confirme.
14:45 Je suis nul en mode. Un jour vous ferez autre chose que de la mode ?
14:48 Oui.
14:49 Quoi ?
14:50 Du cinéma.
14:51 Qu'est-ce qui vous indigne ?
14:53 Tout ce qui se passe en ce moment, pour être honnête.
14:56 Comme quoi ?
14:57 Cette guerre, cette guerre me terrifie.
14:59 Laquelle ? L'Ukraine ou le Proche-Orient ?
15:01 Proche-Orient.
15:02 La dernière fois que vous avez pleuré ?
15:05 J'ai pleuré quelques minutes avant mon défilé, jeudi soir.
15:11 En pensant à votre peur ?
15:12 Exactement.
15:13 Alcool, drogue, sexe, quels sont vos vices ?
15:15 Tous.
15:17 Tous, on prend les trois ?
15:19 Non mais vous voyez ce que je veux dire ? La vie quoi.
15:21 La politique, vous suivez ou surtout pas ?
15:23 Surtout peu.
15:25 Yves Saint Laurent ou Karl Lagerfeld ?
15:27 Yves Saint Laurent.
15:28 Jean-Paul Gaultier ou Thierry Mugler ?
15:30 Jean-Paul Gaultier.
15:31 Isabelle Adjani ou Charlotte Rampling ?
15:33 Isabelle Rampling.
15:35 BNC ou Rihanna ?
15:37 Rihanna.
15:38 Antoine Griezmann ou Kylian Mbappé ?
15:40 Mbappé.
15:41 Pourtant Griezmann il s'habille en ami.
15:43 Oui je sais, mais il faut couper, on le refait.
15:46 Mais Mbappé il s'habille aussi en ami.
15:48 Ah je ne savais pas.
15:49 Emeline Paris ou Barbie ?
15:50 Emeline Paris.
15:52 Parce que vous êtes dedans.
15:53 Exactement.
15:54 Kate Moss ou Laetitia Castor ?
15:55 Laetitia Castor.
15:56 Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
15:58 Amitié.
15:59 Et l'amour dans tout ça ?
16:01 Tout le temps.
16:02 Vous avez envie d'avoir des enfants ?
16:04 Oui.
16:05 Et Dieu dans tout ça ?
16:06 C'est drôle parce que ça arrive.
16:09 Dieu, je ne sais pas, c'est très nouveau pour moi.
16:13 On la garde comme ça la réponse.
16:15 Merci Alexandre Matussi d'avoir été avec nous.
16:17 Merci infiniment.
16:18 Très belle journée à vous.

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