• il y a 20 heures
La comédienne Julie Depardieu était l'invitée de Léa Salamé mardi 11 mars, à l'occasion de la diffusion de la série “Alexandra Ehle”, sur France 3.

Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20

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Transcription
00:00France Inter, le 7-10.
00:07Et Léa, ce matin, vous recevez une actrice.
00:09Et bonjour Julie Depardieu.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue sur Inter.
00:13Merci.
00:14On est ravies de vous recevoir.
00:16Merci beaucoup.
00:17Moi aussi.
00:18Si vous étiez un compositeur, un livre et une plante, vous seriez qui ? Vous seriez
00:22quoi ?
00:23Alors la plante, je choisis le pétunia parce que c'est la fleur modeste qui travaille
00:28tous les jours.
00:29Ce n'est pas une espèce de crâneuse que tu t'en occupes toute l'année, ça ne fait
00:32que une semaine de fleurs et encore.
00:34Le pétunia, c'est tout le temps.
00:36Elle ne se la pète pas.
00:37Oui, elle est modeste.
00:38Elle bosse.
00:39Elle bosse.
00:40Voilà.
00:41Et elle ne demande pas grand-chose.
00:42Un peu d'eau quoi.
00:43Oui, oui.
00:44Un livre.
00:45Eh bien justement.
00:46Alors là, j'ai écouté passionnément le débat.
00:49Sur la lecture.
00:50Je souffre parce que j'ai des incarnations de la non-lecture devant mon nez.
00:55Vos enfants.
00:56C'est hyper dur.
00:57Oui, c'est dur.
00:58Et justement, j'ai acheté le livre que vous avez dit, Joël l'extraordinaire visiteur.
01:02Et donc, on fait un chapitre chacun.
01:04Ah, vous le faites ? Vous vous bossez pour les emmener vers la lecture ?
01:09C'est dur.
01:10Là, ça l'intéresse.
01:11Mais si vous voulez, c'est du temps aussi qu'on doit prendre pour eux.
01:15Alors, quel livre choisissez-vous ? Joël Dicker ou autre chose ?
01:19Non, non, non.
01:20Oui, Joël Dicker bien sûr.
01:21Mais moi, je choisis le livre que je n'ai pas lu parce que sûrement que je n'étais
01:24pas mature pour le lire.
01:25Mais là, je découvre Proust.
01:28Et je veux me plonger dans toute la recherche.
01:30Vous commencez la recherche à 51 ans ?
01:34Ah oui.
01:35Et c'est pas trop dur ?
01:37Mais non.
01:38Par contre, des fois, tu lis deux fois, trois fois la phrase parce qu'il y a tellement
01:42de...
01:43T'as un déficit d'attention pour lire Proust.
01:45Il faut relire.
01:46Et si vous étiez un compositeur ?
01:47Eh bien, résolument, Beethoven.
01:49Oui, mais il a une vie de merde.
01:52Je ne veux pas sa vie.
01:53Oui, quelle tristesse, quelle douleur, quelle souffrance.
01:56Mais quelle extase.
01:57Quelle extase.
01:58On va en parler de Beethoven dans un instant.
02:00Mais d'abord, on va commencer...
02:01Enfin, on pourrait commencer par Beethoven parce qu'on pourrait commencer par tout avec
02:04vous.
02:05Vous êtes imprévisible.
02:06Vous êtes éclectique, Julie Depardieu.
02:07Parce que vous êtes à la fois loufoque et singulière et sinistre comme un médecin
02:14légiste dans une des séries de cartes le plus à la télé, Alexandra L, qui a d'ailleurs
02:19un épisode inédit ce soir sur France 3 à 21h.
02:23Et vous êtes émouvante dans un tout autre registre quand vous lisez les lettres d'amour
02:26des grands compositeurs de musique.
02:29Ça, c'est au théâtre.
02:30Et puis vous êtes passionnée quand vous parlez de votre passion pour l'opéra et le
02:33classique.
02:34En fait, vous n'êtes jamais là où on pense vous trouver.
02:36Quand même, j'ai toujours une radio et je parle toujours de la même chose.
02:39Et j'écoute toujours Beethoven et je regarde, ah ouais, j'ai toujours les mêmes frissons.
02:43Vous vous rendez compte ?
02:44J'ai une vie palpitante.
02:45Oui, mais enfin, on ne vous aurait pas vu en médecin légiste.
02:47Non, pas du tout.
02:48Et vous non plus.
02:49Vous ne nous auriez pas vu en médecin légiste.
02:51Non, je dis, personne n'y croira.
02:53Et je me disais, comme je ne passe pas beaucoup d'essais, contrairement aux Américains,
02:57je me dis, ça doit être génial de passer plein d'essais.
02:59Moi, pas du tout.
03:00Et là, je l'ai passé.
03:01Je me disais.
03:02On ne prendra jamais.
03:03Non.
03:04Et ils vous ont prise.
03:05Et ils ont bien fait.
03:06Puisque cette série, Alexandraël, qui existe depuis sept ans, est un gros carton.
03:11C'est quand même plus de cinq millions de téléspectateurs en audience combinée avec
03:15le replay et tout.
03:16Mais enfin, c'est des scores qu'on n'atteint pas.
03:19Et surtout, ça dure.
03:20Comment expliquer ça ?
03:21Alors même que vous disiez, effectivement, quand vous ne regardiez pas de séries, les
03:25affaires criminelles, très peu pour vous, et puis vous disiez, personne ne va croire
03:29que je suis un médecin.
03:30Ce qui est vrai, spontanément, tout de suite, on ne vous imagine pas un médecin.
03:34Et ça marche.
03:35Je pense que c'est parce qu'au départ, le personnage était moins loufoque et c'était
03:42une fille qui avait des intuitions.
03:43Et c'est vrai que je pense que je suis plus contente.
03:46J'ai un peu évolué vers une personne avec plus de fantaisie qu'au début où, franchement,
03:54j'étais pénétrée par des intuitions.
03:57C'est vrai que j'avais revu le premier épisode, comme ça, par hasard, dans la nuit
04:01un jour.
04:02J'avais dit, oh là là, heureusement que ça a changé ! Et que c'est un peu plus
04:05de la comédie.
04:06Mais c'est vrai que je ne sais pas pourquoi.
04:07Je pense qu'on n'en fait pas beaucoup, on n'en fait pas 25, on en fait deux par
04:12an.
04:13Donc ça reste très modeste.
04:14On vous en parle dans la rue, Alexandraël, de votre rôle ?
04:16Oui, mais surtout un public.
04:18Le meilleur des publics, c'est les femmes de plus de 60 ans, pardon messieurs.
04:23Il est fidèle, ce public.
04:26Et puis il a ouvert un livre, les femmes de plus de 60, 70.
04:32Et c'est vrai que je fais des lectures et c'est souvent ces femmes-là qui disent
04:36« Ah, ben oui, on vous voit dans les livres ».
04:38Et je lis passionnément les lettres de Clara et Robert, ça me fait encore des fantasies.
04:43Ce soir, c'est le feu sacré.
04:47Un homme est retrouvé mort avec un tatouage de Saint Agathe sur le corps.
04:50Saint Agathe, c'est la patronne des incendies et du feu.
04:52Et vous allez découvrir plein de choses sur cet homme mort.
04:55Vous y croyez à toutes ces histoires ?
04:57Oui, écoutez, je crois que c'est vraiment des prétextes pour faire avancer l'intrigue.
05:04Moi, je crois aux rapports humains, j'adore les scènes où on s'engueule avec mon frère.
05:11J'aime plus les scènes.
05:12Après, il faut bien un prétexte.
05:14Et souvent, les intrigues, non, je n'y crois pas, je ne comprends rien, souvent.
05:17Oui, vous comprenez rien.
05:18Vous avez appris des choses sur la mort, sur le delà, sur toutes ces choses-là, en bossant
05:22ce rôle-là ?
05:23Non, non, pas trop.
05:25Qu'est-ce que j'ai appris avec le temps ?
05:27Qu'en fait, je suis sûre que c'est bien, la mort.
05:30Ah, vous pensez que c'est bien après ?
05:31Il y a une chance sur deux, quand même.
05:33Et pourquoi vous dites « je suis sûre » ?
05:35Parce que, déjà, peut-être que ça m'arrange.
05:38Et je suis sûre, et pourquoi pas ?
05:41Et pourquoi il n'y a qu'une dimension, pourquoi il n'y en a pas deux, trois, quatre ?
05:44Vous voyez, il y a plein de trucs qu'on ne voit pas.
05:45Donc vous êtes sûre, on va dire qu'on est sûre que c'est bien.
05:47Oui, et puis pourquoi pas ?
05:48Saint-Augustin le disait, il a écrit, il a eu une expérience de mort imminente.
05:53Il dit « c'est encore plus magnifique que ce que vous imaginez ».
05:57Mais j'en suis sûre.
05:58Tu atteins la béatitude, ce que tu peines à avoir dans la vie, sauf une seconde par an.
06:04Oui, enfin, pour l'instant, on est dans la vie, on est bien vivant, et c'est bien aussi.
06:07On vous retrouve aussi sur scène, en ce moment, en tournée dans toute la France.
06:11D'abord, il y a eu le succès de Misia Serre, Reine de Paris, votre spectacle.
06:16Et là, maintenant, ça s'appelle Vive l'Amour, tout simplement, où vous faites découvrir
06:20les lettres d'amour des plus grands compositeurs, en musique, accompagnées de Juliette Turel
06:23et à la flûte, et d'Hélène Couvert au piano.
06:26Et on découvre les passions entre Clara et Robert Schumann, entre Marie Dago et Franz Liszt,
06:32entre Georges Sand et Frédéric Chopin, et aussi Mozart, qui écrivait à sa femme
06:37deux fois par semaine, voire trois fois par jour.
06:41Alors, vous vous rendez compte ce qu'il fait toute la journée.
06:43Et on a les lettres, on lit deux, trois lettres de quand il a 35 ans, c'est-à-dire qu'il
06:48va mourir, dans deux, trois, quatre mois.
06:51Et il ne prend que des nouvelles de Constance.
06:54Et il fait des blagues.
06:55Et il est trop mignon.
06:57Mais tu te dis, comment fait-il ?
07:00Donc, pour déclarer, il écrit « La Flûte Enchantée », il écrit deux ou trois oeuvres
07:05en même temps.
07:06Plus, il écrit à sa femme, qui est en cure thermale parce qu'elle a perdu deux enfants.
07:11Et il ne fait que s'enquérir d'elle et lui dire qu'il l'aime.
07:15Mais sur le mode badin, sur le mode...
07:17Saskia de Villecourt-Boulanger De tous ces compositeurs que vous aimez tant,
07:21lequel vous a le plus touché ?
07:22Quelles sont les lettres qui vous le touchent le plus quand vous les lisez ?
07:26Je crois que c'est Clara Robert.
07:28C'est l'amour absolu, le mythe de la caverne.
07:31Tu veux l'autre moitié de ton orange.
07:34Tu vois ça depuis qu'il lui écrit.
07:37Il rencontre Clara, elle a huit ans.
07:39Et donc au début, je me dis, Robert a 17 ans, il regarde cette femme, il sait que c'est
07:44sa moitié.
07:45Beethoven aussi, dont on apprend des choses dans le spectacle.
07:49On apprend qu'il a eu une histoire d'amour avec une femme qui restait inconnue de tous.
07:52Oui, mais en fait, l'histoire d'amour, ce n'est pas assez grand-chose.
07:55Il n'est que désolé.
07:57Il n'y arrive pas.
07:58C'est un homme qui a 29 ans, commence à être sourd et il devient handicapé.
08:02Donc, qu'est-ce que vous voulez faire d'une relation avec une femme quand tu n'entends
08:05rien et que ton métier, c'est musicien ?
08:07Ça a été une immense souffrance, les femmes pro-lui, Beethoven.
08:10Horrible.
08:11J'adore Beethoven, mais je ne veux pas du tout de sa vie.
08:14C'est monstrueux.
08:15Et en même temps, il est arrivé à transcender cet état.
08:18On te dit, Beethoven te fait croire en Dieu quand même.
08:22Dans tous ses mouvements de symphonie, il a une douceur comme s'il entendait puissance
08:27mille alors qu'il n'entend rien.
08:29Je ne vous ai pas choisi Beethoven, je vous ai choisi Malher, Gustav Malher.
08:33Il a dédié la dagéto de sa cinquième symphonie à sa femme, Alma, aussi puisqu'on parle d'amour.
08:39C'est un poème d'amour musical sans parole qui est magnifique.
08:52On a besoin de parler d'amour en ce moment ?
09:19Ah oui, résolument.
09:21On a besoin de voir le meilleur de l'être humain parce que ce qu'on est en train de
09:25voir, c'est désolant quand même.
09:27Et donc, moi, je trouve que dans le spectacle, vive l'amour en plus.
09:30C'est moi qui le fais, mais on essaye de faire une parenthèse, en chanter le meilleur
09:34de l'être humain en une heure.
09:36A quand une lecture de lettres d'amour entre Julie Depardieu et Philippe Catherine ?
09:41Je ne sais pas, mais on ne s'écrit plus.
09:48Oui, mais ça c'est au bout de 15 ans, on ne s'écrit plus au bout de 15 ans.
09:50Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
09:51Mais c'est dommage, parce qu'à la fin du spectacle, justement, vive l'amour, je dis
09:55« et vous, à quand remonte l'écriture ou la réception de votre dernière lettre
10:00d'amour ? »
10:01Tu t'aperçois que c'est il y a vachement longtemps.
10:02Et vous, c'était il y a combien de temps ?
10:03Moi, il y a mille ans, parce que moi, je n'ai jamais tellement écrit, j'en ai reçu
10:07un peu.
10:08Je me souviens, c'était un fax et il est tout effacé.
10:09Le fax, ça ne tenait pas.
10:11Quinze ans d'amour quand même, et ça tient ?
10:15Alors là, comment vous expliquer ?
10:17Je ne sais pas.
10:18Moi non plus.
10:19Tu ne sais pas pourquoi ça ne marche pas, tu ne sais pas pourquoi ça marche.
10:22Il y a un moment, moi je ne sais pas, mais justement, ce week-end, on l'a vu écrit
10:27dans un journal.
10:28Oui, vous avez une interview un peu people à gala, Louis Depardieu, ce qui ne vous ressemble
10:34pas, mais pourquoi pas ?
10:35J'ai fait ce qu'on me demande, et c'est titré « 15 ans d'amour ».
10:38Et là, vous avez eu peur ?
10:40Oui, on était de l'autre côté du lave-vaisselle, et on a dit « 15 ans d'amour », on est
10:45surpris.
10:46Est-ce qu'il est aussi décalé, drôle, loufoque, fou, dans la vraie vie qu'il est
10:51le jeudi matin quand il est en face de vous, et en général, il se pose en face ?
10:56Non, je crois qu'il fait des concentrations pour vous réserver le meilleur de lui-même.
11:02Sinon, il est très facile à vivre, mais non, il ne fait pas le « show ».
11:06Le « show » ?
11:07Non, non.
11:08Il vous a dit ce matin « tu vas sur mon lieu de travail ».
11:10Oui, il me l'a dit.
11:11Et il m'a fait votre chronique hier soir.
11:14Qu'il va nous faire jeudi, qu'on va découvrir en public, à l'antenne, et ce sera en public.
11:19Est-ce que vous écoutez de l'opéra avec lui ? Est-ce qu'il partage votre propre passion
11:22de l'opéra ?
11:23Oui, je pense, mais bon, des fois il est un peu saoulé, c'est normal.
11:26L'opéra, vous l'avez découvert un jour, quand vous étiez toute jeune, grâce à un
11:30catalogue de ventes par correspondance.
11:32Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
11:33Oui, comme tous les ados, je commandais des sous-vêtements sur la route de tous les trois
11:36Suisses.
11:37Et un jour, c'est Noël, et je reçois un cadeau.
11:40Ma mère me dit « va mettre la table ». Je sentais le dîner compliqué, ça dépend
11:46des familles, mais Noël c'est toujours des moments où on ne s'attend pas à ce
11:49qu'il peut se passer.
11:50Et je dis « oui, deux secondes et les deux heures ». Pour faire reculer, j'écoute
11:54le disque en entier, et je me souviens, c'était « La plage 3 », c'était « L'archidarem
11:59la mano » de Giovanni Mozart, quand Mozart drague Zerlin.
12:03Et ça m'a rendu dingue.
12:05Et depuis ce jour-là, je suis devenue obsédée.
12:07C'est un coup de foutre.
12:08Ça a été un éblouissement.
12:09Oui, un choc.
12:10« L'archidarem la mano, la mi dirai di si. »
12:19Tu vois, elle la drague, et c'est dégueulasse ce qu'il fait.
12:22C'est dégueulasse ce qu'il fait ?
12:23C'est considéré oui, parce qu'il est très riche, elle est paysanne, elle va se marier,
12:28il veut la mettre dans son lit.
12:30Et moi je suis charmée par ça, donc qu'est-ce que je fais ?
12:33Qu'est-ce que vous faites ?
12:34Je ne sais pas.
12:35A l'époque où j'ai découvert ça, je ne comprenais rien.
12:37Elle dit « Voreil et non voreil ».
12:40« Je veux, je ne veux pas ».
12:41C'est une femme.
12:42Et puis il y a eu Wagner.
12:45Et quand vous découvrez Wagner, il faut que vous preniez l'avion pour aller à Bayreuth.
12:50D'ailleurs, j'ai rencontré Philippe juste après.
12:53Je lui ai dit « Tu sais, moi je reviens de Bayreuth, je suis complètement, j'étais
12:57sous influence Wagneriste. »
12:58Et d'ailleurs vous disiez « Je ne croyais plus à rien » à ce moment-là, quand vous
13:02avez rencontré Philippe Catherine.
13:03C'est peut-être ça.
13:04C'est peut-être Bayreuth.
13:05C'est peut-être que je ne croyais plus à rien.
13:08Il faut toujours arriver en disant de toute façon.
13:11Vous dites que ce sont peut-être des gouttes vieilles dames, l'opéra, le classique.
13:14Mais depuis, ce sont les seules émotions qui me saisissent.
13:17Elles viennent du classique.
13:18Alors il y a le classique, le classique tout le temps, le classique, l'opéra.
13:22Et puis il y a une exception, c'est ça.
13:33Auréle San, pourquoi ?
13:41Bien sûr que j'adore Auréle San.
13:43J'adore Auréle San.
13:45J'adore Auréle San parce qu'a priori, il a un style, on reconnaît sa voix au bout
13:50d'une seconde.
13:51Et je pense qu'on aime les chanteurs pour leurs défauts.
13:53On aime Maria Callas parce que c'est un défaut, mais bouleversant.
13:58C'est quoi son défaut à Maria Callas ?
14:00C'est la vinaigrette.
14:02Quand on sait au bout d'une seconde que cette voix...
14:05Et ce n'est qu'un défaut.
14:08Et c'est ce défaut qu'on va porter au nu et qui va nous attacher.
14:13Auréle San aussi, il n'a pas une voix de chanteur.
14:17Qu'est-ce qu'une voix de chanteur ?
14:18Eh bien pourtant, c'est les chanteurs qu'on reconnaît au bout d'une seconde.
14:22Et quel auteur ! Le balzac du rap !
14:26Oui, c'est vrai.
14:28Julie Depardieu, vous n'aviez jamais pensé à devenir comédienne.
14:31Malgré votre famille, non.
14:33Pas comédienne.
14:34Et quand on vous propose, à 24 ans, de jouer dans Montecristo.
14:38C'était le Montecristo de José Daillon.
14:41Vous y allez, mais ce n'est pas votre truc.
14:44Non, mais parce que je me disais, bon allez, tout le monde fait ça.
14:47Je me sentais différente.
14:49Je me sentais beaucoup moins intéressante que tous les gens qui voulaient qu'on les regarde.
14:53Moi, j'étais très...
14:54Comme le Pétunia, je vous dis...
14:56Vous n'aviez pas besoin qu'on vous regarde ?
14:58Je voyais bien que ce n'était pas forcément génial tout le temps.
15:02Je voyais quand même la rançon du truc.
15:04Quand tu es très proche de quelqu'un qui a beaucoup de succès...
15:07Comme par exemple, Gérard Depardieu.
15:08Allez, c'est cité.
15:09Alors qu'il avait énormément de succès, ça te rend un peu méfiant.
15:13Dans Montecristo, dans lequel vous jouez avec votre père, il y a aussi votre frère,
15:17Guillaume, mort il y a 17 ans.
15:20Et j'avais envie de rentendre sa voix ce matin avec vous, si vous en êtes d'accord.
15:24Il est au micro de Rebecca Manzoni.
15:27Tout ce qu'on ne dit pas et tout ce qu'on ne voit pas
15:30est ce qu'il y a de plus important.
15:33Et donc...
15:35C'est très difficile de jouer sur cet équilibre, justement,
15:38parce que c'est comme ça qu'on arrive à transmettre un véritable sentiment.
15:41Un sentiment, c'est toujours double, au minimum.
15:44Voire triple, quadruple.
15:47Un tic peut vous trahir.
15:50Tout ce qui nous échappe, finalement, est sur la pellicule.
15:53Je ne pense pas qu'on puisse énormément tricher
15:56avec une scène ou quelque chose.
15:59Des fois, c'est important, si c'est trop violent
16:02ou pour le confort de tout le monde.
16:05Mais en même temps, je ne suis pas un homme de confort.
16:08Je n'aime pas tellement.
16:11Dès qu'ils sont un peu installés, je me méfie.
16:16Ce n'était pas un homme de confort.
16:19Il y a une émotion, même dans sa voix.
16:22C'est un torrent.
16:25Vous pensez qu'il est en voyage et qu'il va revenir ?
16:28Oui, c'est ce que je dis.
16:31Je me souviens, quand j'étais plus jeune, j'étais hyper nihiliste.
16:34Je me disais que tous les gens qui croient à la vie après la mort, c'est nul.
16:37Je me disais que ça les arrange.
16:40Et je ne pensais jamais que je dirais ça un jour.
16:43Mais j'en suis sûre.
16:47Vous lui parlez ?
16:50Non, parce que dans mes rêves, je dois lui parler inconsciemment.
16:53Mais je pense qu'il est bien.
16:56Et je n'en suis pas folle, ce n'est pas moi qui l'invente.
16:59Je vois quelqu'un de mieux que dans la vie.
17:02A Gala, toujours, vous disiez à 50 ans, avoir trouvé une forme d'apaisement.
17:05A 30 ans, je ne me ratais pas.
17:08A 50 ans, je laisse couler, j'ai un regard moins dur sur moi.
17:11Heureusement !
17:14Je ne me trouve pas génial.
17:17Mais je suis moins en train de dire « ouais, t'as fait ça ».
17:20Les impromptus, 20 ans de psychanalyse vous avez fait ?
17:23Non, 12.
17:26Ça aide ou pas ?
17:29Oui, ça aide à mettre des mots.
17:32Mozart ou Beethoven ?
17:35Vous suivez l'actualité ?
17:38En ce moment, c'est dur.
17:41Le meilleur de l'être humain n'est pas là.
17:44Al Pacino ou Robert de Niro ?
17:47Ni l'un ni l'autre ?
17:50Je préfère Mahler.
17:53Casse-noisette ou le lac des cygnes ?
17:56Le lac.
17:59La chirurgie esthétique, c'est oui ou c'est jamais ?
18:02J'ai déjà fait des choses que je regrette.
18:05Parce que tu penses toujours que ta vie va changer avec un millimètre de néanmoins.
18:09Je regrette de mettre tant pris la tête sur des conneries.
18:14Quelle mère êtes-vous ?
18:17Je ne sais pas.
18:20Ils vont forcément se plaindre.
18:23L'autre fois, je les ai amenés chez l'ostéo.
18:26Le mec me dit « le côté droit ».
18:29Je fais « ouais, c'est quoi ? ». « C'est la mère ».
18:32« Le côté droit, c'est la mère ».
18:35La dernière fois que vous avez pleuré, je lui ai parlé.
18:38Il n'y a pas longtemps.
18:41J'ai encore démonté de l'arme sur la radio.
18:44Vous vous baladez tout le temps avec une radio ?
18:47Oui, tout le temps.
18:50J'ai démonté sur « Malheur ».
18:53Et Dieu dans tout ça ?
18:56Il est partout pour moi.
18:59Il est surtout dans les compositeurs.
19:02Les compositeurs que vous célébrez.
19:05Vous êtes ce soir sur la scène du Petit Marigny
19:08pour des lectures consacrées à Proust
19:11aux côtés de Guillaume Gallienne et Thibaut de Montalembert.
19:14Deux stars de Proust, alors j'espère être au niveau, je vous jure.
19:17Et vous serez aussi à la télé, vous vous dédoublez avec Alexandre Hael
19:20sur France 3 à 21h10, épisode inédit qui s'appelle « Le feu sacré ».
19:23J'étais très heureuse de vous recevoir.
19:26Sur le lieu de travail de moi.
19:29Merci.

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