Ben Mazué, auteur, compositeur, interprète, était l'invité de Léa Salamé sur France Inter, mardi 25 mars.
Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20
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00:00Et à ce matin, vous recevez un chanteur.
00:02Bonjour Ben Mazuet.
00:03Bonjour.
00:04Merci d'être là sur Inter.
00:06Vous savez que vous avez plein de fans dans l'équipe de la matinale
00:08qui voulaient absolument vous recevoir et vous entendre et qui sont ravis ce matin.
00:13Si vous étiez un personnage historique, un livre et un plat, vous seriez qui ?
00:17Vous seriez quoi ? Le personnage historique ?
00:20Si j'étais un personnage historique, je pense que je serais Jeanne Dubary.
00:23Pourquoi ?
00:24Parce que...
00:26Déjà parce que je crois que je l'ai découverte à travers votre radio, à travers Philippe Collin.
00:30Comme je suis ici, ça me fait penser à elle.
00:32Ensuite, parce que j'ai toujours été fasciné par les transfuges de classe
00:34et elle, c'est quand même le transfuge de classe ultime.
00:37À une époque, au XVIIIe siècle, où c'était peut-être encore plus difficile qu'aujourd'hui.
00:40Et puis passer comme ça des bordels à la cour de Versailles,
00:45d'une femme de rien à une femme politique puissante, sans négliger l'amour.
00:49Et finir guillotiné par une mort romanesque.
00:52Oui, je suis fasciné par cette dame.
00:54Vraiment, vous connaissez bien.
00:55C'est long les trucs de Philippe Collin.
00:56Oui, c'est long, il faut s'accrocher.
00:58Non mais c'est super.
00:59Un livre ?
01:00Un livre, je ne pense pas que je serai un roman.
01:04Je pense que je serai un livre de cuisine.
01:06Déjà parce que la cuisine, c'est ma pièce préférée dans une maison.
01:11Et ensuite parce qu'un livre de cuisine, quand on le consulte,
01:14c'est parce qu'on a envie de faire une recette, c'est parce qu'on a envie de recevoir.
01:16C'est parce qu'il y aura un moment convivial.
01:17J'aime bien l'idée d'être consulté pour des moments conviviaux.
01:20Et il y a un livre de cuisine qui vous inspire particulièrement ?
01:22Oui, il y en a un qui m'inspire particulièrement.
01:24C'est celui que m'a fait ma grande sœur,
01:27parce qu'elle a mis toutes les recettes de mes parents, de mes grands-parents.
01:30C'est elle qui vous a fait le livre de cuisine ? Fantastique.
01:32Et justement, un plat ?
01:34Je suis bien tombée, parce que vous aimez bouffer.
01:37Un plat, je dirais la blanquette de ma mère.
01:40La blanquette de ma mère que je n'ai jamais su refaire,
01:43malgré le fait qu'il y a la recette,
01:44parce que je pense qu'elle ne savait pas bien faire une recette.
01:50Je pense qu'elle n'a jamais vraiment su expliquer une recette,
01:52y compris pourquoi elle était si formidable.
01:55Mais c'était ça, le repas familial du dimanche dans la famille Mazuet ?
01:57C'était la blanquette de votre mère ?
01:59Ça pouvait être plein de choses,
02:00mais elle faisait une blanquette super vite,
02:02et super bien, et super bonne.
02:04Et du coup, c'est à ça que je pense là.
02:05La famille est au cœur de votre nouvel album, Ben Mazuet.
02:09C'est le cinquième après Paradis, qui s'était vendu à 150 000 exemplaires.
02:12Vous aviez reçu la victoire du meilleur concert.
02:14Vous aviez enchaîné une tournée dans tous les énigmes de France.
02:17Partout, partout, c'était complet.
02:18Paradis était un album de rupture,
02:20rupture douloureuse avec la mère de vos enfants.
02:22Famille est un album de réconciliation,
02:24un album où vous continuez à ausculter les émotions humaines
02:27avec quelque chose d'apaisé, de serein, de lumineux.
02:31Vous dites d'ailleurs que cet album est le point culminant de votre vie musicale.
02:35Alors je vous dis tout de suite, faites attention,
02:37parce que quand on atteint le point culminant de sa vie musicale,
02:40après, c'est la chute.
02:41Je ne vous l'espère pas.
02:43C'est possible, alors j'ai l'impression que c'est toujours l'impression
02:45qu'on a, nous, en tant qu'artistes, quand on fait un album.
02:47On a toujours l'impression d'arriver à un point culminant,
02:50parce qu'on a l'impression qu'il n'y en aura pas après,
02:52parce qu'on a tellement donné, on a tellement exigé de nous
02:55d'aller au fond de nous-mêmes en termes d'inspiration,
02:58de précision dans les arrangements, etc.
03:01que moi, j'ai toujours la sensation que ce sera le dernier.
03:02Et j'espère toujours avoir cette sensation-là.
03:04Donc, ce ne sera pas le dernier ?
03:08On ne sait pas.
03:09Vous dites que la famille, c'est des gens qui vous acceptent,
03:11qui vous pardonnent et qui vous subliment.
03:14C'est ça, votre définition de la famille ?
03:17C'est exactement ça, c'est dans le spectacle que je dis ça,
03:20parce que, comme le spectacle s'appelle « Famille »,
03:23je me suis posé cette question de savoir ce que ça voulait dire,
03:26famille, au-delà du sang.
03:28Et c'est vrai que cette idée de pardon,
03:30cette idée d'acceptation et en fait, l'idée aussi qu'on est quelqu'un
03:33de meilleur, dans le sens de plus réussi, quand on est en famille,
03:37je pense que c'est des notions importantes,
03:39même si, je suis d'accord avec vous,
03:42même si vous ne me l'avez pas encore dit,
03:43la famille aussi, c'est le lieu de tous les nœuds,
03:45c'est de ça dont on parle quand on va chez le psy, évidemment.
03:48Vous êtes d'accord avec moi, mais je ne vous l'ai pas encore dit,
03:50mais la famille, c'est aussi le lieu de tous les nœuds.
03:52Oui, bien sûr.
03:54C'est aussi étouffant.
03:55Et ce qui est amusant, c'est que vous avez cité,
03:58je vous ai entendu dans une émission dire,
04:00prendre la référence du livre de Blondine Rinkle, « La faille »,
04:04elle, pour elle, c'est un livre sur la famille,
04:06mais la famille comme étouffement,
04:08la famille comme quelque chose de mortifère.
04:11Ce n'est pas du tout ce qui résonne quand on écoute votre album à vous.
04:15Non, pas du tout, pas du tout, mais alors vraiment pas du tout.
04:17Alors, quand même, dans ma chanson qui s'appelle « Famille »,
04:19il y a toujours le revers de ce que ça peut représenter.
04:22Je dis que c'est le lieu des douceurs et des souffrances,
04:25des bonheurs et des douleurs,
04:26que c'est un endroit dans lequel je me sens bien,
04:28dans lequel je reviens.
04:30Je n'ai pas quitté mon pays pour rester avec eux,
04:32mais parallèlement à ça, il y a plein de données que je n'ai pas.
04:35C'est là que j'ai tous mes bleus et mes nœuds.
04:37Mais en effet, par rapport au livre de Blondine Rinkle
04:39dont vous avez parlé, et en plus, c'est à votre interview
04:42que j'ai entendu qu'elle parlait de ça,
04:44j'ai l'impression que moi, de toute façon,
04:47dans ma manière d'écrire, c'est toujours pour rendre hommage.
04:50J'ai choisi l'angle de rendre hommage à la famille
04:53plutôt que de taper dessus.
04:55Comme vous l'avez entendu à ce micro,
04:57effectivement, je vous ai pris un extrait où elle parle
05:00des gens qui écoutent.
05:01Elle dit « il n'y a rien de plus sexy », c'est ça qu'elle dit.
05:04Il n'y a rien de plus sexy qu'un homme ou qu'une femme
05:06qui écoute, qui sait écouter.
05:08Je crois que c'est une vraie qualité quand même,
05:11celle d'être attentif, de pouvoir se mettre en sourdine.
05:14Je dirais même que ce serait une manière de réhabiliter la virilité,
05:17que de dire que ce serait ça, être viril, c'est pouvoir...
05:20Savoir écouter.
05:21Oui, savoir écouter, savoir se taire un peu, regarder l'autre,
05:25le voir, chercher à voir l'autre.
05:29C'est sexy, quelqu'un qui sait écouter ?
05:32Je trouve ça, sûrement.
05:35Et c'est surtout super de proposer
05:37des nouvelles définitions de la virilité.
05:39Moi, c'est ça qui m'a plu dans cette interview que vous avez faite.
05:42C'était de proposer aussi des nouveaux outils
05:45pour dire, voilà ce que c'est qu'un homme viril.
05:47Parce que c'est aussi dans la déconstruction,
05:49il y a aussi cette question, qu'est-ce que c'est un homme viril ?
05:51Et c'est un homme qui écoute, ça me va, ça.
05:54La déconstruction et la nouvelle définition de la virilité,
05:57elle est présente dans l'album à travers une chanson surprenante.
06:01Tony Micheli, vous étiez fan de la série Madame et Serville,
06:04la série télé des années 80, où Tony Micheli était l'homme de ménage
06:09qui s'occupait de tout à la maison, pendant que la femme était business woman,
06:14femme de pouvoir, et lui gérait tout.
06:17C'est votre idéal d'homme ?
06:20Il était aussi particulièrement beau,
06:23joyeux, sympa, toujours joyeux, toujours heureux.
06:27Il avait l'air de vraiment s'amuser à faire ce qu'il faisait.
06:30Il n'avait pas du tout l'air de subir.
06:31Et je pense que c'est ça que je trouvais fabuleux chez lui,
06:33c'était cette manière joyeuse et non subie de vivre la famille.
06:37Et en effet, il y avait quelque chose de très précurseur dans cette série quand même,
06:39parce qu'on parle des années 90.
06:41Il était hyper visionnaire, même 80, c'était les années 90.
06:44Hyper visionnaire et pour autant très populaire.
06:46Ce n'est pas facile d'être pionnier et populaire.
06:48On a souvent tort d'avoir raison trop tôt.
06:50Eux, ils ont réussi à être pionniers et populaires.
06:52Et donc, en y repensant effectivement 30 ans plus tard,
06:54je me suis dit non mais quand même, incroyable ce Tony Micheli.
06:57Il y a une chanson très forte dans l'album, c'est Cette guerre.
07:11Alors, c'est quoi cette guerre dont tu ne parles à personne ?
07:27C'est toutes les guerres qu'on tait.
07:31On en a tous, j'ai l'impression, des guerres qu'on tait.
07:33Ça parle d'une phrase au départ de Robin Williams qui disait
07:37quand vous voyez quelqu'un qui est en colère face à vous,
07:41avant de vous énerver, dites-vous que, si ça se trouve,
07:44il est en train de mener une guerre dont il ne vous parle pas.
07:46Donc, soyez toujours gentil.
07:47Et c'est vrai qu'aussi en médecine, c'est ce qu'on apprend.
07:50On dit attention, parfois derrière la colère, il faut voir la détresse.
07:54Et je trouve que parfois, on a vite fait de juger,
07:57on a vite fait le compte des autres.
07:58Et donc, cette chanson, c'était aussi de dire que voilà,
08:01on a tous des guerres qu'on mène et qu'on tait.
08:07C'est lesquelles vos guerres ?
08:08C'est lesquelles ? Je reviens à cette question.
08:10Bah, les miennes.
08:12Vos guerres que vous taisez.
08:13C'est celles que je tais, donc du coup, je vais continuer à les taire
08:15parce que c'est toujours un peu honteux, c'est toujours un peu difficile.
08:18Mais les guerres dont je parle en général dans cette chanson,
08:22je pense aux addictions, bien sûr, parce que c'est les premières auxquelles on pense.
08:26Mais il y a aussi les ambitions déchues qui sont parfois difficiles.
08:29Je sais pas, l'image qui me vient en vous parlant,
08:31c'est l'image d'un éditeur qui a toujours rêvé d'être écrivain
08:35et qui mène cette guerre et qui peut réussir autant qu'il veut en tant qu'éditeur.
08:38Il sera quand même un peu toujours cet écrivain raté, frustré.
08:41Et c'est une guerre difficile à mener.
08:44Il y a les troubles alimentaires aussi.
08:47Pourquoi c'est quelque chose qui vous touche et vous dites,
08:50vous l'avez vécu, c'est une des guerres dont on a du mal à parler ?
08:55Parce que c'est un secret.
08:58Vraiment, c'est un secret et pour le coup, ça touche beaucoup de familles.
09:01Et j'ai l'impression que c'est un problème qu'on essaie de régler en famille.
09:05C'est souvent des parents avec leurs enfants qui sont démunis, qui sont perdus,
09:08des frères et des sœurs qui regardent leurs frères et leurs sœurs en se disant
09:10« Mais comment on va sortir de là ? On sait pas très bien le faire. »
09:14Et ça dévaste des familles, ça a l'air comme ça d'un petit problème.
09:19Manger. Et en fait, en vérité, ça pose des énormes problèmes.
09:22Moi, ça est arrivé dans ma famille, ça arrive dans beaucoup de familles.
09:25Et comme l'album s'appelle « Familles »,
09:26c'est vrai que ce qui a guidé ma plume dans cette guerre qu'on tait,
09:28c'est clairement les troubles du comportement alimentaire.
09:31Et puis, c'est l'ancien médecin, puisque vous avez commencé comme médecin.
09:34Un médecin généraliste qui parle quand il parle des troubles alimentaires aussi.
09:38C'est des sujets qui vous touchent particulièrement aussi, non ?
09:40Oui, c'est ça. Alors, les addictions aussi, toutes les guerres dont on parle pas.
09:43Et puis, dans un service de médecine, les addictions et les troubles du comportement alimentaire sont dans le même endroit.
09:49Vous avez deux fils, Ben Mazuet, mais votre rêve secret, ça aurait été d'avoir ?
09:53D'avoir une fille, oui.
09:54Oui, d'avoir une fille. Vous révélez ça dans la chanson sans doute la plus jolie de l'album.
09:59Votre préférée, je crois, Cécile Gagnant, qui est un double hommage à Cécile de Claude Nougarau
10:04et à Mistral Gagnant de Renaud.
10:06Donc, ça donne Cécile Gagnant et on écoute, évidemment.
10:09Oh, ma chérie, mon soleil
10:15Oh, mon amour, me merveille
10:21Donc, tu n'existeras jamais
10:24Que dans mes rêves et mes pensées
10:27Je t'aurais seulement imaginé
10:30Et toi, la fille que j'aurais jamais
10:33Parce que j'aurai jamais de fille, maintenant, je le sais
10:36Je suis trop vieux, c'est passé
10:38Les enfants, nouveau-né, c'est crevant
10:40Puis tes frères sont trop grands
10:41Oui, tes frères sont trop grands
10:43Oui, tes frères sont trop grands
10:46Et c'est leur meilleur moment
10:48Ils ne sont pas tout le temps sur leur tête
10:50Ils ne sont pas encore cruels
10:52Ils ne vivent pas comme à l'hôtel
10:56Oh, ma chérie, mon soleil
11:00« Ma chérie, mon soleil » qui n'existe pas, donc
11:02puisque vous n'avez pas eu de fille
11:04Vous avez eu deux fils
11:05Et dans l'album, vous dites, et dans la chanson, vous dites
11:07« Les garçons sont une sale race de chacal puant »
11:12Je le dis parce que
11:16c'est vrai que la cour d'école, en tout cas, en primaire
11:20elle est assez conservatrice
11:22et les garçons sont d'un côté, les filles de l'autre, souvent
11:25C'est bien dommage, d'ailleurs
11:26Et dans ce moment-là, il y a une petite guerre un peu mignonne
11:28Moi, j'en suis, à ce moment-là, de ma vie de parent
11:31Donc c'est à ça que je pense
11:32Maintenant, je ne pense pas que tous les garçons
11:35sont toujours une sale race de chacal puant
11:37Et puis
11:38Vous pensez qu'on peut les éduquer ?
11:40Les garçons ?
11:40Oui
11:41Bien sûr, oui
11:42Et puis, dans ce couplet-là, puisque c'est un couplet
11:47où je dis que j'aurais élevé ma fille comme un garçon
11:50Et après, dans le couplet d'après, j'ai dit que j'avais élevé mes garçons comme des filles
11:52Pour dire que finalement, tout ça, ce n'est pas si important
11:55Et qu'au final, l'important, c'est qu'ils soient bien dans leur basket
11:57qu'ils soient garçons ou filles
11:58C'est un détail
11:59D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment voulu m'épancher
12:01sur le fait que je n'avais pas de filles
12:02Ce n'est pas grave du tout
12:03J'ai des enfants et tout va bien
12:04Maintenant, voilà, c'est toujours un petit rêve
12:07parce que, notamment, dans ce que je fais dans la vie
12:09c'est-à-dire la chanson française
12:10il y a beaucoup de chansons de père pour leurs filles
12:13et beaucoup moins de pères pour leurs fils
12:14Donc c'est vrai qu'il y a quelque chose
12:16Il y a un romantisme autour du rapport père-fille
12:19Et puis, à l'amour
12:20Dans la chanson « C'est l'heure », vous dites
12:22« J'ai dans mon lit la femme de ma vie
12:24Elle s'était barrée, puis elle m'a repris
12:26J'essaie de l'aimer comme il faut depuis »
12:28C'est comment aimer comme il faut ?
12:34Alors, je vais revenir un peu à la phrase de Blandine Riquel
12:37dont vous m'avez parlé au début
12:38Je pense déjà écouter
12:40En tout cas, pour moi, c'était ça la clé
12:42parce que je prends beaucoup de place
12:45Globalement, je parle beaucoup
12:47Je pense qu'un peu comme pas mal d'artistes, je m'écoute beaucoup
12:51Déjà, laisser de la place
12:53A l'autre
12:54Lui laisser la capacité de s'épanouir
12:58d'être sans être dépendant
13:01de continuer à s'appartenir
13:03Ce n'est pas évident
13:04Mais on peut aimer, désaimer et réaimer ?
13:07Ça existe ?
13:09Je pense qu'on peut aimer, se quitter
13:11et se remettre ensemble
13:12Désaimer, je ne suis pas sûr
13:14Quand on désaime, c'est que c'est fini
13:17J'ai l'impression, oui
13:18J'ai l'impression que le fait de ne plus aimer
13:20c'est un motif de rupture totale
13:23Ben Mazuet, vous avez un parcours singulier
13:25Vous dites avoir monté les marches les unes après les autres
13:28Au début, les médias ne vous calculaient pas
13:30Et c'est vraiment la scène
13:31Vous avez parcouru la France avec vos chansons partout
13:34et vous avez créé ce lien que vous avez avec votre public
13:36qui est ultra fidèle
13:38Vous avez vraiment une communauté
13:40et j'en ai dans mon équipe de la matinale
13:43Et aujourd'hui, vous hallucinez toujours
13:44que vos chansons soient reprises dans les mariages
13:47et que ça marche
13:48et que vous remplissiez des zénithes
13:50Ça vous étonne ?
13:52Ça m'étonne complètement
13:55et en plus, ça me donne un abord avec la scène un peu particulier
13:59puisque ce n'est que sur scène que j'ai grandi
14:02et donc à chaque fois que je monte sur scène, c'est pour convaincre
14:04Il y a des artistes qui ont eu un énorme succès
14:08par l'intermédiaire d'un album, etc.
14:11Donc la scène, ça peut être un bonbon pour eux
14:13Pour moi, la scène, c'est convaincre
14:15Chaque fois que je monte sur scène, c'est pour convaincre les gens
14:17Donc j'ai un track qui est monumental
14:19et aussi, je mets une importance énorme au concert
14:21puisque c'est un peu mon vaisseau amiral
14:24C'est là que je viens convaincre les gens un peu un par un
14:26et effectivement, je les ai convaincus un par un
14:28Et ils vous suivent depuis ?
14:30Voilà, on se suit, on se connaît bien
14:32Et les concerts, enfin Mathilde qui travaille à la matinale
14:34qui est fan de vous, me dit que c'est un vrai stand-up
14:36C'est-à-dire que vous parlez, vous racontez votre vie
14:38vous parlez avec les gens, puis il y a les chansons
14:40C'est vraiment, ce n'est pas juste
14:42je viens faire mes chansons, merci, au revoir
14:44Il se passe quelque chose
14:44Mais ça vient aussi de ce que je vous disais
14:46C'est-à-dire que comme j'ai commencé par la scène
14:48j'ai fait beaucoup de premières parties
14:49et quand on fait une première partie, les gens ne savent pas ce qu'ils viennent de voir
14:51Et donc, il faut un peu les mettre dans des chaussons
14:53leur raconter ce qu'on va chanter
14:54C'est pour ça que j'ai beaucoup raconté mes chansons
14:56et que c'est devenu un peu un spectacle de conteur
14:58Il faut dire qu'il y a des tubes chez vous
15:00Moi, j'ai choisi mes deux préférés à moi
15:02C'est très subjectif
15:16Stop, ça y est, j'arrête de penser
15:18Je vais courir, je vais marcher
15:22Stop, allez, j'arrête de presser
15:24Je vais courir, je vais marcher
15:26Je vais sourire, je vais me relever
15:28J'attends
15:30De ton envie qu'elle ressuscite
15:32J'attends
15:34De ta colère qu'elle se décie
15:36J'attends
15:38De mon espoir qu'il se décie
15:40Maintenant
15:42A prendre les choses en main
15:44A prendre les choses en main
15:46J'attends
15:48De ton désir qu'il réussit
15:50J'attends
15:52Deux enfants qui se séparent
15:54J'attends
15:56Et puis dans cet album, ça c'était avec Pomme
15:58J'attends et
16:00Quand je marche
16:02Voilà, deux de vos tubes
16:04C'est mon choix personnel
16:06Et puis dans cet album, il y a la chanson
16:08sans doute la plus touchante, Ben Mazuet
16:10qui s'appelle La valse de mamie
16:12C'est vraiment la voix de votre grand-mère
16:14Pourquoi elle est si touchante
16:16cette chanson ?
16:18Alors, c'est la grand-mère
16:20C'est l'arrière grand-mère de mes enfants
16:22C'est la grand-mère de la mère de mes enfants
16:24C'est pas la mienne
16:26Mais bon, c'est un peu la mamie de tout le monde
16:28dans cette famille désormais
16:30Moi, ce qui me plaît beaucoup
16:32dans cette personne
16:34en entier, c'est que
16:36elle a l'air d'être prête
16:38Elle dit, moi la vie, je l'ai vécue, elle est super
16:40Elle a été super, mais maintenant, je suis prête à mourir
16:42Tout va bien
16:44Et ça me fait beaucoup de bien d'imaginer qu'il y a un moment dans la vie
16:46où on peut être suffisamment serein
16:48pour se dire, ben voilà, ça y est, c'est bon, je suis prêt
16:50Moi, j'ai toujours l'impression qu'on arrive à la mort
16:52en se disant, mais attendez, il a manqué ça
16:54il y a ça que j'ai pas vu, pas pris
16:56En fait, non, elle me donne la sensation qu'on peut aller jusqu'
16:58à un moment où on se dit, je suis au bout
17:00Et c'est très rassurant, pour moi, qu'elle existe
17:02Vous qui avez travaillé en service de soins paléatiques
17:04Justement, ouais
17:06Et vous avez un avis sur le débat, le grand débat
17:08sur la fin de vie, sur faut-il une voix
17:10pour aller plus loin, ou c'est pas clair
17:12chez vous, dans votre tête ?
17:14Alors, j'ai pas d'avis particulier, moi, ça fait dix ans
17:16que j'ai arrêté ça, et en plus, j'ai l'impression
17:18qu'il est passé à ce micro
17:20des experts bien plus importants
17:22et renseignés que moi, donc non
17:24Vous avez accepté
17:26de nous chanter cette chanson
17:28La valse de Mamie, que vous allez nous interpréter
17:30dans une seconde, après les impromptus
17:32La psychanalyse, vous avez déjà fait,
17:34Ben Mazuet ?
17:37La première chose que vous faites le matin ?
17:39Je bois un litre d'eau
17:41Nice ou Paris ?
17:43Nice
17:45Gainsbourg ou Goldman ?
17:47Grand corps malade ou Gaël Fay ?
17:49Elle est dure, celle-là !
17:51Impossible
17:53C'est vrai que vous avez une boucle
17:55en commun, qui s'appelle
17:57Benjamin Biolay, la boucle ?
17:59Parce qu'on a perdu la victoire de la musique face à lui, c'est pour ça
18:01Qu'est-ce qui vous indigne ?
18:07Je crois
18:09l'injustice en gén...
18:11L'injustice, c'est Miss France comme réponse
18:13C'est Miss France, là c'est impossible
18:15Vous votez ? Oui
18:17TikTok ou Instagram ?
18:19Instagram. L'intelligence artificielle, vous l'utilisez
18:21ou ça vous fait peur ?
18:23J'aimerais bien l'utiliser pour faire un album de reprise
18:25de chansons qu'on n'a jamais entendues
18:27d'artistes déjà morts, ce serait cool, non ?
18:29Et Dieu dans tout ça, Ben Mazuet ?
18:33J'aime bien
18:35J'aime bien l'idée d'un mystère
18:37Le nouvel album s'appelle
18:39Famille, vous serez en tournée partout en France
18:41et là je vais vous demander de prendre votre guitare
18:43pour nous interpréter la valse
18:45de Mamie
19:0597 ans, je vois tes yeux
19:07qui s'émerveillent, il y a 10 ans
19:09j'étais déjà très très vieille
19:1130 ans que je suis la doyenne, j'ai fini
19:13le jeu, je m'étonne, moi-même j'ai fait
19:15tous les niveaux, je vais éteindre
19:17la console maintenant et fermer les
19:19rideaux, j'ai gagné contre le sort
19:21j'ai même battu la mort
19:23c'est pas elle qui me fauche
19:25c'est moi qui l'attends presque
19:27en paix avec le monde
19:29avec la bête immonde
19:31c'est pas elle qui me fauche
19:33c'est moi qui l'attends presque
19:35vous vous faites du souci
19:37vous avez peur pour moi
19:39j'entends tous vos soupirs
19:41quand vous parlez de moi
19:43mais je vais bien, je vais bien
19:45entendez
19:47comme je vais bien
20:03magnifique
20:05la valse de mamie
20:07famille
20:09merci Ben Mazur
20:11une très belle journée à vous