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Hassan Guerrar, réalisateur du film Barbès, Little Algérie, est l'invité de Léa Salamé.

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Transcription
00:00Bonjour Hassan Guérard, merci d'être avec nous ce matin, si vous étiez une langue,
00:07un monument et une station de métro, vous seriez quoi ?
00:10Pour la langue je dirais l'algérien, parce que quand on parle algérien, on parle moitié
00:16français, moitié algérien.
00:18Si j'étais une station, je serais Barbès.
00:21Et un monument ?
00:22Et si j'étais un monument, l'enseigne de Tati.
00:25L'enseigne de Tati ! Hassan Guérard, le grand public ne vous connaît pas, il ne
00:29sait pas, le grand public, que vous êtes un des attachés de presse les plus influents
00:33et les plus mythiques du cinéma français.
00:35Ça fait 40 ans que vous défendez des films auprès des médias, des journalistes, que
00:39vous vous occupez des sorties, des plans com, des films de Patrice Chéreau, de Claude Miller,
00:44d'Abdellatif Kéchiche, de Céline Sciamma ou encore d'Audrey Diouan.
00:47Vous avez bâti la réputation de certains films comme La haine ou La vie d'Adèle.
00:53Augustin Trappenard dit de vous « La vie d'Adèle lui doit son destin, il n'y
00:58aurait pas de Kéchiche sans Guérard ». Quand vous aimez un film, vous vous battez
01:02pour qu'on en parle, tous les programmateurs de Paris vous connaissent et connaissent aussi
01:05vos coups de griffe, vos colères.
01:07M le magazine du monde vous a consacré un très long portrait la semaine dernière,
01:11La légende de Barbès.
01:12Ça c'est pour le contexte, pour que les gens sachent de qui on parle quand on parle
01:17d'Hassan Guérard.
01:18Mais là c'est la première fois que vous passez dans la lumière en présentant votre
01:20premier film comme réalisateur, Barbès Little Algérie, qui sort demain.
01:25Comment vous vous sentez à la veille de la sortie ? C'est comment d'être dans
01:29le rôle du réalisateur ? Est-ce que c'est plus angoissant, plus flippant, plus excitant
01:32aussi ?
01:33C'est très, très, très angoissant parce que j'ai quand même un métier qui était
01:38au départ attaché de presse, c'était très, très facile d'envoyer les autres.
01:41On arrive, on vend très, très bien.
01:46À partir du moment où on connaît très bien son produit, on le vend.
01:49Mais à l'idée de me vendre moi, aujourd'hui, sur le film et donner mon intimité comme
01:56ça au public, c'est très, très dur pour moi.
02:00Pourquoi ? Parce que je suis extrêmement pudique, on aime bien parler des autres, on aime bien
02:06donner.
02:07Mais j'ai un problème, je pense que j'ai énormément peur de recevoir ce que je viens
02:14de vivre là sur une trentaine de villes.
02:17Le public qui vient et qui me raconte toutes leurs histoires et surtout ne me demande pas
02:23de photo ni d'autographe, il me dit juste « je t'aime ». Et le fait qu'on me
02:28dise « je t'aime », je pense que sur ce film, tout l'amour que je n'ai jamais
02:33eu de mes parents, de ma vie, des trucs, c'est la première fois où je me sens aimé.
02:42Je vois ton regard, Léa, où vraiment je sens tellement d'amour et je n'ai jamais
02:49eu ça de ma vie, même pas ma mère, même pas mon père, même pas mes frères.
02:53Je suis assez bouleversée de ce qui se passe et je ne comprends pas d'être là aujourd'hui
03:01à France Inter où on m'accueille les bras ouverts avec énormément d'amour.
03:07Je suis extrêmement touché, bouleversé et vraiment, je veux vous dire merci.
03:13On vous accueille parce que le film le mérite.
03:15C'est un film attachant, émouvant, intime, vivant, comme on vous entend ce matin.
03:20C'est l'histoire d'un homme et d'un quartier.
03:22Le quartier, c'est Barbès dont vous dites qu'il est à la fois le quartier le plus
03:25connu et le plus méconnu de la capitale.
03:27L'homme, c'est Malek, votre alter ego, un Algérien débarqué en France dont on
03:31devine assez vite qu'il a une histoire familiale tourmentée, comme vous, avec votre mère
03:37qui a des problèmes avec sa mère, qui a laissé en Algérie des fantômes, des conflits.
03:42Malek est interprété par Sofiane Zermany, qui est le rappeur Fianso, alors qu'il explose
03:47littéralement devant votre caméra, il crève l'écran, vraiment, c'est l'éclosion
03:51d'un acteur.
03:52Il se passe quelque chose avec… Vous me connaissez rappeur et là, on le découvre
03:55vraiment acteur.
03:57Alors, ce qui est très drôle, c'est que moi, je ne connais absolument pas Fianso.
04:01Je cherchais un acteur, il y a eu un acteur à qui je l'avais proposé avant, qui m'a
04:06rendu le plus grand service, qui est Roche Dizem, en me refusant le rôle, en m'expliquant
04:11qu'il était trop vieux pour le rôle.
04:13Je voudrais juste, aujourd'hui, lui dire merci.
04:16Grâce à lui, j'ai cherché quelqu'un et la première personne que j'ai vue et
04:21pour moi, sur lequel j'ai eu un vrai coup de cœur, qui s'appelle Sofiane Zermani,
04:26alias So sur le tournage.
04:29Je l'ai regardé, pardon, je vais vous dire pourquoi je l'ai pris, je sais que je vais
04:34devancer votre question, je vais vous dire pourquoi je l'ai pris.
04:37En fait, quand j'ai vu son regard, il a un regard d'une intensité.
04:42Quand vous regardez son regard, vous sentez qu'il y a une fêlure et surtout pour le
04:46beurre aujourd'hui, il est d'une modernité rare et c'est un énorme, énorme comédien
04:53et je ne comprends pas que les metteurs en scène ne l'ont pas appelé avant pour un
04:58premier rôle.
04:59Là, ils vont voir votre film, il suffit qu'on regarde votre film pour vraiment voir la puissance,
05:05l'intensité et ce qui se passe dans les yeux de Sofiane Zermani pour comprendre.
05:10Et puis, je le disais, c'est aussi l'histoire d'un quartier, celui que Rachida chantait
05:15si bien.
05:16Il n'y a jamais, jamais de problème.
05:43Voilà ce qu'écrit l'autrice d'origine algérienne Sophia Aouine sur Barbès dans
05:54Rhapsodie des Oubliés qui a eu le prix de flore il y a quelques années.
05:57Barbès, goutte d'or, Paris 18e, une planète de martiens, un refuge d'éclopés, de cassos,
06:03d'âmes fragiles, de vieux arabes, d'avants avec des turbans sur la tête et des têtes
06:08d'avant, de grosses mamans avec leurs gros culs et leurs gros chariots qui te bloquent
06:12le passage quand tu veux traverser le boulevard.
06:14On l'écoute.
06:15Barbès, c'est le marché aux voleurs, on appelait ça comme ça, c'est le marché
06:20du trabendo.
06:21Le trabendo, c'est un mot en algérien qui prend ses sources d'ailleurs dans l'espagnol
06:25qui veut dire trafic.
06:26Vous arrivez au métro Barbès, c'est Malboro, Malboro, c'est le lieu des cigarettes qui
06:31sentent le foin.
06:32Je vous déconseille d'en acheter d'ailleurs.
06:34C'est un lieu de trafic en tout genre et ça ne changera jamais, je crois qu'on aura
06:40beau essayer de gentrifier le quartier, de mettre une brasserie pour les bourgeois
06:44aujourd'hui, la brasserie Barbès, ça ne changera vraiment jamais parce que ça fait
06:47partie de l'apport culturel de toutes ces couches d'immigration.
06:52Je vais compléter sa réponse, c'est effectivement ce qu'elle dit et totalement vrai.
06:59Mais moi, ce que j'ai vu sur la première pandémie, c'est de la solidarité, de l'amour,
07:06des gens qui sont dans un instinct de survie, des gens qui sont dignes.
07:10C'est pour ça que dans le film, c'est vrai que je raconte la misère avec la drôlerie.
07:15Pourquoi ? Parce que ces gens-là, à partir du moment où ils ont du pain, du lait, un
07:20toit, comme on dit chez nous, l'alhamdoulilah, et puis surtout j'ai appris, ces gens se regardent,
07:27s'écoutent.
07:28Je vais juste vous donner un exemple qui pour moi définit Barbès, que ce soit un Algérien,
07:35que ce soit un Français, que ce soit un Roumain, quelqu'un qui débarque à Barbès
07:39qui n'a pas à manger.
07:40Il va n'importe où et là, il rentre dans un café, j'ai faim.
07:45Là, vous avez tout le restaurant qui se lève, mais non, ce n'est pas les clients qui vont
07:49payer.
07:50C'est le patron qui vient vous voir et qui vous dit, tu sais, il vient tous les jours.
07:54Donc lui offrir une shorba, ce n'est pas grand-chose et c'est ça que j'ai rencontré
07:58à Barbès.
07:59Et c'est ça que vous montrez dans ce film où d'ailleurs, vous n'embellissez pas les
08:01choses.
08:03Il y a la violence, il y a la misère, il y a aussi les rires et il y a la solidarité.
08:06Votre acteur Malek est comme vous, c'est-à-dire que ça se passe pendant le Covid.
08:11Il accueille son petit neveu venu d'Algérie, qui va habiter chez lui et qui ne peut pas
08:15rentrer en Algérie parce qu'il y a le Covid, il n'y avait plus d'avion.
08:18Et lui, il va donner à l'église Saint-Bernard, il va donner aux pauvres.
08:22Il y a aussi ce que vous avez fait vous pendant le Covid, c'est-à-dire que vous donniez
08:26à l'église Saint-Bernard, vous donniez dans cette association, vous avez voulu montrer
08:30toutes ces choses qui ne sont plus à la mode aujourd'hui, la solidarité, le mélange
08:35des cultures, tout ça, il y a dans votre film, sans masquer pour autant la réalité
08:40des choses.
08:41Vous dites d'ailleurs, il y a les bons flics et les mauvais flics, ce n'est pas un manichéisme,
08:45une vision manichéenne de la police, à tel point à Saint-Guerrard que même le Figaro
08:51a aimé votre film sur Barbès.
08:53C'est dire, je lis la critique de Jean-Christophe Buisson, ce film est à la fois une fable
08:57joviale, une comédie sociale, un drame urbain, un hymne humaniste, mais qui échappe à toute
09:02lourdeur démonstrative, le film d'Assane Guérard lui ressemble, généreux, tendre,
09:06malin.
09:07Et c'est vrai que c'est, je vais dire, on pourrait se dire que votre film, il va être
09:11encensé par Télérama, mais même le Figaro, il dit du bien de ce film, parce qu'effectivement,
09:15il y a tout.
09:16C'est un film vivant et vibrant.
09:19C'est surtout un film qui parle à tout le monde, c'est surtout un film apatrite, c'est
09:24comme une musique, ça n'a pas de frontières.
09:27Donc à partir du moment où on arrive à raconter quelque chose, et je pense que je l'ai fait
09:32vraiment, vraiment avec amour, je pense que je ne me suis pas vraiment rendu compte de
09:37ce que j'ai fait.
09:38À partir du moment où vous donnez de l'amour aux gens, je pense que les gens sont touchés.
09:44C'est très, très beau ce que dit le Figaro.
09:47Je suis très, très fier aussi que Télérama va faire une jolie critique.
09:51Pourquoi ? Parce que c'est des journalistes surtout qui connaissent le cinéma.
09:56D'ailleurs, je ne comprends pas ces journalistes de Télérama qui devraient, à mon avis, réaliser
10:00des films, parce que je pense qu'ils décortiquent les films beaucoup mieux que nous.
10:05Télérama que vous appelez Téléramoche ?
10:07Ah mais ça, j'appelle Téléramoche parce que c'est avec amour.
10:11Je charrie Fabienne Pascoe, que je trouve qui est une grande dame et surtout, pourquoi
10:18je l'appelais Téléramoche ?
10:19L'ancienne patronne de Télérama, Téléramoche.
10:22Pourquoi je l'appelais Téléramoche ?
10:24Parce que c'est la femme la plus rock'n'roll que je connaisse.
10:27Parce que vous ne connaissez pas Laurence Bloch encore, qui est encore plus rock'n'roll
10:30que Fabienne Pascoe.
10:31Je vais vous dire deux choses sur Laurence Bloch.
10:33Elle m'a aidé pour revenir au film.
10:35Je l'ai appelé un jour, je t'en supplie, aide-moi pour cette église, aide-moi pour
10:40récupérer un peu d'argent, juste pour donner à manger à ces gens-là qui ont faim.
10:45Et il y a un QR code à la fin sur le générique, si on veut aider à l'association Saint-Bernard
10:49pour donner aussi.
10:50C'est un film qui dit aussi à Sengar beaucoup de l'exil et de la douleur que porte en lui
10:55pour toujours celui qui a quitté son pays.
10:57Écoutez à ce propos Rachid Benzine, qui a participé au scénario de votre film,
11:00ce qu'il dit sur l'exil.
11:02Il y a quelque chose qui meurt dans l'exil.
11:04Il y a quelque chose qui n'arrive pas à se dire.
11:06Et en travaillant sur cette thématique, j'ai été rencontré plusieurs pairs, Français,
11:12Italiens, Polonais, Maghrébins, Africains.
11:15Et il y en a un qui m'avait dit une fois, quand il m'avait raconté la douleur de l'exil,
11:19les souffrances qu'il a eues, les humiliations parfois.
11:22Je lui ai dit « Mais pourquoi vous n'avez pas raconté cela à vos enfants ? »
11:25Et il m'a dit cette phrase terrible.
11:27« Je n'ai pas voulu alors dire le cartable de mes enfants avec des pierres. »
11:32Waouh !
11:34Waouh ! Qu'est-ce que vous voulez que je dise derrière ça ?
11:36C'est tellement magnifique.
11:39Rachid a vraiment travaillé sur la question.
11:42D'ailleurs, je voudrais le remercier.
11:43Je lui dois vraiment ma première version.
11:46D'ailleurs, juste pour revenir au scénario,
11:49j'ai eu la chance de démarrer avec Audrey Diwan qui m'a ramené le côté français.
11:55Rachid qui m'a ramené la structure et le côté un peu musulman
12:00et le côté entre guillemets intello puisque nous avons un poème de Darwish.
12:05Ça, je lui dois.
12:06Et j'ai travaillé aussi avec Peter, là où c'était formidable.
12:10C'est quelqu'un qui avait fait 20 ans de Samu social.
12:13Donc, il savait de quoi je parlais.
12:15C'est tout ce qu'on voit dans le film.
12:17Et effectivement, vous avez travaillé parce que vous dites « je ne savais rien faire ».
12:20Moi, je viens de la rue, vous dites.
12:21Moi, je ne savais ni lire ni écrire.
12:23Alors moi, quand j'ai commencé à tâcher de presse,
12:25je vivais dans des squads.
12:27Je ne savais pas lire.
12:28Je ne savais pas écrire.
12:30Je crois que je suis comme ces barbétiens.
12:33J'ai eu un vrai instant de survie.
12:35Je dois mon éducation au cinéma.
12:38Je le dois aux journalistes cinéma
12:40qui m'ont appris à dire bonjour,
12:42qui m'ont appris à dire au revoir.
12:44Alors, je ne sais plus dans quel sens ça se met,
12:46mais de mettre un couteau à droite et une fourchette à gauche,
12:50peu importe.
12:51Mais je dois vraiment mon éducation, pas à ma famille.
12:55Je le dois au cinéma.
12:57Et là, vous m'avez dit dans le couloir avant de rentrer,
12:59vous étiez très ému en disant « je vais parler de mon film pour la première fois devant un micro d'Inter ».
13:04Alors que je viens de la rue, moi.
13:06J'étais un clodo, moi.
13:07Qu'est-ce que vous me dites ?
13:08Écoutez, moi, j'étais un SDF.
13:11J'étais livré à moi-même à l'âge de 10 ans.
13:15On ne va pas aller dans le sordide.
13:19On ne va pas aller dans le sordide,
13:20mais on devine en voyant votre film qu'il y a beaucoup de choses
13:22que vous n'avez pas dites et pas racontées encore à Saint-Gerard.
13:25Sur la mer, sur le...
13:27C'est très compliqué pour moi, la mer.
13:29Vous savez, on va faire très simple parce que je suis extrêmement pudique
13:32et je n'ai pas très envie d'en parler.
13:34J'ai fait le film pour une phrase, pour deux choses.
13:37Une phrase, quand Malek dit « comme tu n'as pas voulu de moi quand je suis arrivé,
13:42comme tu m'auras jeté avant de partir ».
13:44C'est les derniers mots que j'ai dit à ma mère.
13:46Elle est morte trois mois après.
13:47Ensuite, j'ai fait aussi ce film parce que je suis tombé par hasard devant cette église.
13:53Moi, on m'a donné, quand j'étais dans la rue,
13:56quand je me suis battu envers, contre tous, on m'a donné.
14:00Aujourd'hui, j'ai 57 ans.
14:02Comme on dit chez nous, je suis musulman.
14:06C'est des offrandes.
14:08Et moi, j'avais envie d'essayer de partager ce que j'ai eu
14:12et surtout de donner, de rendre heureux ces gens-là
14:16et juste leur donner un petit peu de sourire.
14:19Et si j'ai réussi ça, j'ai gagné.
14:21Votre film est dédié aux binationaux.
14:23C'est dur d'être un binational.
14:25Vous n'êtes pas français en Algérie.
14:30Vous restez un Algérien en France.
14:33Je reste un Algérien en France.
14:35En même temps, être binational,
14:37c'est que j'ai réussi à récupérer la culture des deux pays.
14:43Donc le meilleur.
14:47Vous ne vous êtes pas toujours appelé Hassan d'ailleurs.
14:49Au début, dans le cinéma, on vous appelait François.
14:52On disait « c'est François Guérard ».
14:54Pourquoi ?
14:55Alors, Guérard est mon nom.
14:57C'est sur mon passeport.
14:59François, à l'époque, quand on a démarré,
15:01dans les années 80, de s'appeler Kamel, Momo,
15:04on ne trouvait même pas où dormir.
15:06C'est pour ça que je me suis retrouvé dans des squats.
15:09Et je me souviens, quand je travaillais
15:12chez ce distributeur où on m'appelait Hassan,
15:16où j'étais coursier,
15:19je peux le dire, je crois que je ne l'ai jamais dit,
15:21j'avais quelqu'un tous les jours qui était une secrétaire
15:23après-déjeuner et qui a dit « ah bah tiens,
15:25l'Arabe qui vient voler le travail des Français ».
15:28Ça, je l'ai eu pendant 5 ans tous les jours.
15:31À partir du moment où Jacques Létienne l'a appris,
15:33a décidé que je deviendrais attaché de presse.
15:36Comment je suis devenu attaché de presse ?
15:38Parce que quand vous faites à l'époque des courses,
15:41vous les donnez, par exemple, « Léa, j'ai un paquet à vous porter »,
15:44on vous le donnait directement.
15:46Et comme je suis quelqu'un qui aime les gens,
15:50qui a besoin d'amour et donc j'ai besoin de parler,
15:52donc du coup, je connaissais tout le monde
15:55et du coup, on m'a fait cette place
15:57et j'ai commencé à être attaché de presse,
15:58je ne savais même pas lire et écrire.
16:00Il vous a dit « on va t'appeler François ».
16:03On m'a dit « il faut que tu choisisses un prénom ».
16:06J'ai dit « il en est hors de question ».
16:08On m'a dit « comment tu veux t'appeler ? ».
16:10J'ai dit « Mickey », parce que Mickey, pour nous,
16:12c'est un peu l'idiot de Dostoyevsky.
16:14Et là, on m'a dit « mais pourquoi pas Donald ? ».
16:16« Non, tu décourriras vendredi dans le film français,
16:18comment tu t'appelles ? ».
16:20Le premier journaliste était très drôle.
16:22« Bonjour, je voudrais parler à François Guérard ».
16:24Bon, là, il n'y a pas de François Guérard.
16:26Il y a Guérard, mais il n'y a pas François.
16:27Et donc, pour finir, pardon.
16:29Et pour finir, j'ai dit « ok,
16:31si je dois sacrifier mon prénom
16:33pour pouvoir travailler,
16:35mais je ne cacherai jamais que je suis algérien,
16:38je veux juste terminer,
16:40juste dire qu'il y a quand même trois personnes
16:42à cette époque-là, dans les années 80.
16:44Il y a Yamina Benguigui,
16:46qui a ouvert pour les Algériens.
16:48Il y a un comédien, un comique
16:50qui s'appelle Smaïne,
16:52qui a ouvert les bannes et qui a permis
16:54à toutes ces personnes d'arriver.
16:56Moi, on m'a demandé de sacrifier mon prénom.
16:58Je l'ai fait. Pourquoi ?
17:00Parce que je n'étais pas visible.
17:02Pour finir, et le troisième, c'est Roche Dizem.
17:04Les questions impromptues.
17:06Pour finir, rapidement, vous répondez.
17:08La Chorba en boîte ou pas en boîte ?
17:10Alors ?
17:11Non, en une seconde !
17:13Alors, pas en boîte.
17:14Jamais en boîte.
17:15Je vous la ferai.
17:16Réalisateur ou attaché de presse ?
17:17J'aime vraiment être attaché de presse
17:19et Inch'Allah, je ferai un deuxième film.
17:21Si vous étiez une actrice, vous seriez qui ?
17:24Isabelle Adjani ou Catherine Deneuve.
17:26La personne qui vous a le plus impressionnée
17:28dans vos 40 ans dans le cinéma ?
17:30Qui vous a bluffée ?
17:32Catherine Deneuve.
17:33Celle qui vous a déçue ?
17:40Je ne sais pas.
17:41Alcool, sexe, drogue, quels sont vos vices ?
17:47Pétard.
17:48Mais rien d'autre.
17:49Et Dieu dans tout ça ?
17:51Il est dans mon cœur.
17:53Le film s'appelle Barbès, Little Algérie.
17:56Ça sort demain.
17:58Merci.
17:59Je voudrais remercier mon distributeur
18:01qui s'est battu pour avoir des salles.
18:05Les exploitants.
18:06Il y a énormément de films.
18:07J'ai très peu de salles.
18:09Vraiment, regardez dans le Paris-Campagne.
18:12Allez voir l'amour ouf
18:14qui a 3 milliards de salles
18:16et qui le mérite.
18:17Allez voir demain Barbès, Little Algérie.
18:20Grosse sortie demain.
18:21Grosse journée de sortie.
18:22Allez au cinéma, il fait moche.
18:23Merci Léa.
18:24Merci Nicolas.

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