Gaël Morel : "J'ai imaginé mon film sur un lit d'hôpital"

  • il y a 9 heures
À 9h20, le cinéaste Gaël Morel est l'invité de Léa Salamé. Son nouveau long-métrage "Vivre, mourir, renaître" sort en salle ce mercredi. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mardi-24-septembre-2024-2164541

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00:00Et Léa, ce matin, vous recevez un réalisateur.
00:03Bonjour Gaël Morel.
00:04Bonjour.
00:05Merci d'être avec nous ce matin sur Inter.
00:07Si vous étiez un chanteur, un roman, une ville et une décennie, vous seriez qui ?
00:13Vous seriez quoi ? Alors un chanteur d'abord.
00:15Alors sans hésiter, Étienne Dao.
00:16Oui.
00:17Parce que j'adore sa voix, j'adore ses textes, j'adore sa classe.
00:21Et puis c'est quelqu'un avec qui j'ai grandi, c'est vraiment un compagnon de route.
00:25Un roman ?
00:26Lord Jim.
00:27Parce que j'aime ce personnage masculin qui n'est pas dans un triomphalisme ni dans le
00:33virilisme et qui porte comme ça une mélancolie en lui qui est totale.
00:41Si vous étiez une ville ?
00:43Paris.
00:44Parce que je suis provincial et que pour moi, Paris, c'est une promesse de liberté, d'affranchissement.
00:49Et elle a tenu tous ses paris.
00:51Elle a tenu sa promesse ?
00:53Toutes ses promesses.
00:54Toutes ?
00:55J'adore la parcourir à pied.
00:56Là, je suis venu à pied vous voir depuis le centre et j'adore, j'adore Paris.
01:00Et si vous étiez une décennie ?
01:02La prochaine.
01:04Les 2030 ?
01:07Voilà, pour se projeter.
01:09François Truffaut disait « je fais des films pour réaliser mes rêves d'adolescent,
01:13pour me faire du bien et si possible pour faire du bien aux autres ». Est-ce que vous
01:18aussi comme Truffaut, que vous adorez, vous faites des films pour vous faire du bien et
01:21pour faire du bien aux autres ?
01:23Me faire du bien évidemment parce que c'est une passion et que cette passion, elle s'exprime
01:29par la fabrication du film et en l'occurrence faire du bien aux autres, peut-être que dans
01:34le dernier, il y a cette volonté qui était par exemple pour moi de faire de personnages
01:38séropositifs, des héros qui gagnent à la fin.
01:42Votre film, le dernier donc, qui sort mercredi, s'appelle « Vivre, mourir, renaître ».
01:48Et il nous a fait, je vous le dis tout de suite, beaucoup de bien dans l'équipe de
01:51La Matinale.
01:52C'est un film qu'on a tous aimé, quel que soit notre âge et notre genre dans l'équipe
01:57de La Matinale.
01:58Les jeunes qui travaillent dans l'équipe de 20 ans ont adoré votre film, les plus
02:02âgés ont adoré votre film et on est très heureux d'en parler ce matin.
02:06Il a été présenté au festival de Cannes et d'Angoulême.
02:08Il paraît qu'à Cannes, Catherine Deneuve applaudissait debout à tout rompre ce film-là.
02:13C'est un film d'amour incandescent, rythmé, solaire, sur un trio.
02:18Deux garçons, une fille, trois possibilités.
02:20Un trio amoureux dans les années 90 où plane la menace du sida.
02:25C'est un film sur le temps qui passe et le temps qui reste.
02:27Un film sur l'amour qui naît, qui se transforme et qui dure.
02:31Aimer c'est bien, savoir aimer c'est mieux, disait Chateaubriand.
02:35C'est ça votre film ? C'est savoir aimer ?
02:37D'une certaine manière, c'est vraiment un film sur le sentiment amoureux.
02:42C'est-à-dire le sentiment amoureux, qu'il soit homosexuel, bisexuel, hétérosexuel.
02:48C'était vraiment une volonté de raconter ces différentes manières d'aimer.
02:53Et puis aussi l'amour parental, parce qu'il y a quand même un petit garçon.
02:57Un personnage important qui est un petit garçon.
02:59Et je voulais que ce trio soit dynamisé aussi par cette présence.
03:03Ce n'est pas juste un triangle amoureux.
03:07C'est aussi l'amour filial qui peut être différent aussi.
03:10On le voit dans le fait film.
03:12Emma et Samy vivent ensemble et ils s'aiment.
03:14Ils ont donc ce petit garçon qui s'appelle Nathan.
03:16Mais leur vie va être bousculée quand un jeune photographe, Cyril,
03:19installe son atelier dans le même immeuble qu'eux.
03:22Et que Cyril et Samy vont vivre une passion sensuelle et amoureuse tout en continuant.
03:27Samy continue à aimer, à vivre avec Anna.
03:29Anna accepte la relation de Cyril et Samy, mais elle prévient qu'elle ne veut rien voir, rien savoir.
03:34Alors nous, évidemment, on regarde votre film et on pense à ça.
03:37Elle avait des bagues à chaque doigt, des tas de bracelets autour des poignets.
03:43Et puis elle chantait avec une voix qui s'y tombe en jola.
03:49Elle avait des yeux, des yeux nopales, qui fascinaient, qui fascinaient.
03:53Alors c'est Julie Jim, mais teinté de Brokeback Mountain.
03:59Oui, parce que dans Julie Jim, on est dans un amour strictement hétérosexuel.
04:04Alors que là, bon, chaque personnage a une sexualité différente.
04:07Il y a un personnage homo, un personnage bi, un personnage hétéro.
04:11C'est vrai que dans Julie Jim, c'est hétéro et puis ça se termine très mal.
04:15Oui, alors que dans votre film, on ne spoil pas.
04:18Ce qui est intéressant dans ce film, c'est qu'il raconte une période particulière des années SIDA,
04:22peu représentée au cinéma, c'est les années 90.
04:24C'est-à-dire ces années transitoires où être séréopositif ne voulait pas dire forcément une mort certaine
04:30dans des conditions atroces comme dans les années 80.
04:32C'est vrai que le SIDA, au cinéma, c'est les nuits fauves de Cyril Collard,
04:38c'est 120 abattements par minute, c'est Philadelphia.
04:42Et c'est le début de l'épidémie quand on parlait de cancer gai, quand c'était une mort atroce.
04:47Vous, c'est ces années 90 qui ont été peu représentées.
04:50C'est le début des trithérapies.
04:52C'est le début de l'espoir.
04:53On pouvait être séropo et pas forcément mourir à la fin.
04:56C'est ça que vous avez voulu montrer.
04:58Disons que le film commence là où les autres, en effet, se terminaient.
05:01Donc, qui ne prenaient pas en compte les trithérapies et qui condamnaient à une mort certaine les personnages principaux.
05:10Et moi, je suis de la génération qui arrive après, qui a 10-12 ans quand on découvre le SIDA
05:17et qui a 15 ans quand on sait comment s'en préserver, si tant est possible de s'en préserver, justement.
05:25Et je voulais parler vraiment de cette génération-là qui est la mienne.
05:30Les années 90, c'était avant les portables.
05:32On se laissait des mots dans les boîtes aux lettres.
05:34C'était avant les photos numériques dans le portable.
05:37Donc, quand on faisait des tirages.
05:39En fait, on a oublié, quand on regarde votre film, qu'il y avait une poésie des années 90.
05:43C'est vrai que c'est des années assez décriées.
05:45On dit que c'était la mauvaise génération.
05:49Et il y a une vraie poésie dans ces années-là.
05:52C'est vrai que je garde une vraie nostalgie sur cette façon qu'on avait de rentrer en contact.
05:59Et puis, le fait de savoir que la personne qu'on croisait, elle n'était pas trouvable facilement.
06:05Et presque, quelqu'un qu'on croisait pouvait être perdu définitivement.
06:10Ça a créé une forme d'intensité.
06:12Et puis, comme ça, sur le consulter ses messages, sur le répondeur.
06:16Des fois, c'était vraiment...
06:18Ça accaparait notre temps, notre attention.
06:22Enfin, il y avait tellement de choses qui étaient très différentes.
06:25Mais ce n'est pas pour dire que c'était mieux.
06:26C'était une autre façon de rentrer en contact, de tomber amoureux même.
06:30Et je pense qu'Internet a vraiment révolutionné quelque chose en nous, jusqu'à nous modifier.
06:34Ça nous a modifié presque génétiquement dans la manière qu'on a d'approcher l'autre.
06:39Mais encore une fois, ce n'est pas du tout pour dire que c'était mieux ou moins bien.
06:42Il y a un charme désuet à cette rencontre, à ces petits mots dans les boîtes aux lettres,
06:46à ces répondeurs qu'on écoute, à ces messages qu'on laisse.
06:49C'est vrai, c'est fini.
06:52Oui, mais je pense que demain, on trouvera peut-être très poétique des échanges de SMS.
06:57Oui, on verra.
06:58C'est une histoire d'amour, en tout cas, qui est modifiée et qui est intensifiée par la maladie.
07:02Il faut vivre vite, aimer vite, faire l'amour, créer.
07:05Parce que la menace de la mort est là quand même, même s'il y a des traitements.
07:09Comment composer avec l'incertitude du temps qui reste ?
07:12C'est la question que pose votre film.
07:13Et puis, il y a cette scène si belle dans le film où Samy et Cyril courent dans la rue
07:17pour essayer de trouver un distributeur de préservatifs.
07:20Et pour faire l'amour, ils courent, ils s'embrassent et ils s'aiment sur cette musique-là.
07:44« Modern Love » de Bowie, évidemment.
07:46Cette scène dans votre film est une référence ou plutôt une réponse
07:50cinématographique à une autre scène culte du cinéma,
07:53« Mauvais Sang » de Léo Scarax.
07:55Qu'est-ce que vous avez voulu dire à Léo Scarax dans cette réponse cinématographique ?
08:02C'est un film « Mauvais Sang » que j'ai vu quand j'avais 14-15 ans.
08:07Donc, on est en pleine épidémie, pour le coup, du sida.
08:10Et il y a Le Pen qui parle de sidatorium, de sidaïque.
08:16Et dans le film « Mauvais Sang », il fait référence à un virus qui s'appelle le STBO,
08:22qui tue les gens qui font l'amour sans amour.
08:29Et donc, ça touche là un couple hétérosexuel.
08:32Et je trouvais que c'était très malvenu, à ce moment-là,
08:36de faire de la poésie un peu moralisatrice.
08:40Parce que je trouvais que d'une certaine manière,
08:41ça voulait dire que les gens qui avaient cette maladie l'avaient bien cherché.
08:45Et c'est quelque chose qui m'avait...
08:47Je trouvais ça, pour faire une autre référence qui plaira à Léo Scarax,
08:51je trouvais ça dégueulasse.
08:53Et je trouvais dégueulasse aussi que ce ne soit pas,
08:56au moins qu'il n'y ait pas un bémol qui soit mis dans la presse par rapport à ça.
09:01Je trouvais ça aussi dégueulasse.
09:02Et vraiment, je trouvais ça malvenu.
09:07Et je voulais faire cette réponse à ma manière.
09:08Je me suis dit, voilà, j'aimerais bien que maintenant,
09:11cette chanson de Modern Love, elle résonne pour certains sur un couple homo
09:15qui court faire l'amour.
09:17En se protégeant.
09:19Et c'était la seule manière de se protéger.
09:22Et qui font l'amour avec fougue et avec protection.
09:26Et qui s'amusent.
09:27C'était important aussi que cette scène, ils aient le sourire, ils aient la fougue.
09:30Parce que je trouve qu'il ne faut pas représenter le sexe
09:35comme si on allait à la potence.
09:37Je trouve que des fois, on a vraiment l'impression que c'est dramatique.
09:41Mon Dieu, alors que ça va, c'est de la joie.
09:43En traduit de consentant, c'est la joie.
09:45Ça fait partie des choses les plus belles de l'humanité.
09:47Donc, je voulais remettre de la joie, de la drôlerie dans cet acte.
09:52Et je vais vous dire, c'est un film qui donne envie de faire l'amour, votre film.
09:55Ah bah super !
09:56Avec jeu et avec amusement et avec quelque chose d'assez léger.
10:00Sans doute aussi grâce à vos trois acteurs.
10:02Je suis obligée, alors là vraiment, je vais les citer avec joie.
10:05Vos trois acteurs siplants de grâce, de charisme et de sensualité.
10:09Théo Christine, Loulan Pro, c'est Victor Belmondo.
10:12Trois premiers rôles.
10:13Il n'y en a aucun qui a un rôle au-dessus de l'autre.
10:16Vous avez voulu les traiter, les filmer à égalité, les trois.
10:19Pour moi, c'était comme une chimère.
10:21C'est-à-dire qu'ils étaient composés de ces trois corps-là.
10:23Et c'est vraiment un trio que j'ai filmé.
10:26Et je dois dire que j'étais subjugué dès la rencontre par leur beauté,
10:31leur incandescence, leur fougue, leur juvénilité.
10:34Et j'ai été bien chanceux, franchement, de les avoir à ce moment-là de leur vie.
10:39Parce que je pense que c'est des états comme ça, des états de grâce
10:42qui sont très fugitifs, comme la jeunesse.
10:45Et là, vous les avez sublimés dans ce film-là.
10:49Victor Belmondo qui commence à avoir sa petite cote, sa petite carrière.
10:53C'est vrai que je l'ai lu dans d'autres articles,
10:55mais c'est le plus beau rôle que vous lui donnez dans ce personnage de photographe homosexuel
10:59avec quelque chose qui passe dans le regard de la fois de sensuel,
11:02de doux, d'enfantin et de bon.
11:05C'est comme je le voyais.
11:07En fait, je n'ai jamais fait d'essai avec eux.
11:09Je n'ai pas fait de casting avec chacun d'entre eux.
11:11Je les ai rencontrés dans un bar.
11:13On a marché.
11:14Parce que pour moi, un acteur, c'est un regard, une silhouette, une démarche.
11:17Et je n'ai pas besoin d'avoir un casting, de faire un casting comme ça,
11:21vous savez, avec des textes.
11:22C'était vraiment une évidence.
11:23Ils me sont apparus d'une façon très évidente.
11:26Et j'ai essayé de restituer ce que j'ai senti d'eux.
11:29Vous parlez aussi dans ce film du rapport entre l'art et la maladie.
11:32Le photographe, Victor Belmondo, Cyril,
11:35paradoxalement, la maladie lui donne un élan créateur.
11:37Il dit « J'ai envie depuis que je sais que je suis malade.
11:39Je ne fais plus de la photo pareil.
11:41Je suis un meilleur photographe qu'avant. »
11:42Parce qu'il y a l'urgence.
11:44Et sans spoiler, mais quand il y a le traitement,
11:48il perd un peu son inspiration.
11:51Oui, ça, c'était par rapport à...
11:53C'est des questions que je me pose d'une manière un peu absolue
11:56sur la nécessité de l'urgence pour faire mes films,
12:01d'en trouver toujours une.
12:03Donc, plus le temps passe, plus c'est compliqué.
12:06Alors, l'urgence chez vous,
12:08sans doute pourquoi ce film revêt une lumière et une force particulière,
12:11c'est que vous l'avez tourné, Gaëlle Morel,
12:13alors que vous affrontiez vous-même la maladie, un cancer qui a affecté...
12:17J'en parle parce que vous en parlez librement.
12:20Je vous ai demandé si vous en parliez,
12:21mais vous en parliez dans le dossier de presse.
12:23Et vous dites,
12:24« J'ai passé des longs moments à l'hôpital pour soigner mon cancer. »
12:28Et est-ce que ça vous a donné cette...
12:30Est-ce qu'il a une résonance particulière, ce film,
12:33qui est votre septième et qui a une...
12:35Tout à fait.
12:36En fait, je ne l'ai pas fait quand j'étais malade.
12:38Je l'ai imaginé sur un lit d'hôpital.
12:42En fait, c'était un lymphome, c'est un cancer du sang.
12:45Et à l'hôpital, j'ai commencé à penser à ce projet.
12:51Et plus j'y pensais, et plus je me disais,
12:54« J'espère que je ne mentirai,
12:55parce que c'est peut-être le seul film que j'aurais vraiment aimé faire. »
12:59Donc, ça m'a permis vraiment de...
13:02Ça fait partie des choses qui m'ont fait tenir,
13:04évidemment, avec les gens autour.
13:07Pour le grand public, vous êtes l'éternel adolescent
13:09des Roseaux Sauvages, dans le Brétéchinais.
13:11C'était il y a 30 ans.
13:13Mais votre parcours de vie est singulier.
13:14Vous l'avez dit au début, vous êtes provincial.
13:16Vous êtes né à Lasna, c'est ça ?
13:18Ville-Franche-sur-Saône, parce que Lasna, c'est le village où j'ai grandi.
13:21C'est un petit village d'à peine 1000 habitants,
13:23dans la région de Lyon.
13:25Milieu populaire, père ouvrier qui faisait les 3-8.
13:27Le cinéma marchait comme une récompense à la maison, chez vous.
13:30Un trimestre à l'école, on vous emmenait au cinéma.
13:32Vous dites que le cinéma est entré dans votre vie par frustration.
13:36Oui, c'est vrai que c'était une manière...
13:38Ce n'était pas déterminé par mes parents,
13:40mais c'était tellement sacralisé, la sortie au cinéma,
13:44que ça me le rendait totalement magique.
13:46Mais disons que, là où j'ai vu les très bons films, c'était à la télé.
13:50Parce qu'à la télé, à l'époque, à 20h30, il y avait des programmes incroyables.
13:54Vous pouvez voir « Belle de jour ».
13:56Il n'y avait aucune censure de la part de mes parents,
13:57donc on avait le droit de choisir.
13:59À partir du moment où on n'avait pas à l'école, le lendemain.
14:01Et moi, le premier choc, je dois avoir 9 ans,
14:04et c'est « Belle de jour », et c'est la découverte de Catherine Deneuve,
14:06en me disant « Je veux faire ce métier où on peut rencontrer cette dame-là ».
14:13Oui, et vous l'avez fait, vous avez rencontré cette dame-là.
14:15Vous l'avez même fait tourner, Catherine Deneuve.
14:17Et vous dites « Jusque-là, j'avais le syndrome de l'imposteur,
14:20et quand elle accepte de tourner dans un de mes films, c'était bon, quoi. »
14:23C'est vrai, elle m'a complètement affranchi de ce sentiment-là, oui.
14:28Et quand vous dites à vos parents que vous voulez faire du cinéma,
14:31ils sont contents, ils vous encouragent.
14:32Parce que l'angoisse de votre père, c'était que vous deveniez ouvrier comme lui.
14:36Oui, c'est vrai que j'ai toujours été porté comme ça par mes parents, par ma mère,
14:42qui était la cheville ouvrière quand même pour que j'aille faire la section A3 cinéma à Lyon, au lycée Lumière, etc.
14:49Donc j'ai eu la chance d'avoir des parents qui étaient de mon côté.
14:53Et l'homosexualité n'a jamais été un sujet pour eux, vous dites ?
14:56Non, ça n'a jamais été un sujet.
14:58Je me disais qu'il y avait un temps pour tout,
15:00et que ce serait le temps de Paris, ce serait le temps de ma vie de jeune homme.
15:07Un mot sur Téchiné, je vais vous poser la question, qui est votre père de cinéma ?
15:11Comment vous avez vécu les accusations portées à son endroit au printemps dernier ?
15:17Je rappelle qu'un comédien, Francis Renaud, a porté plainte pour harcèlement sexuel,
15:20et que la plainte a été classée sans suite, les faits étant prescrits.
15:24Écoutez, moi je dois dire, je ne peux parler que de mon expérience et de ce que je sais d'André.
15:30Et je peux dire que j'ai vécu, moi, un des plus beaux tournages de ma vie sur les Roseaux Sauvages.
15:36Et qu'en revanche, le deuxième tournage qui m'a dégoûté à vie d'être acteur,
15:42la personne se porte très bien.
15:45Enfin, je veux dire, c'est compliqué, parce que dans l'histoire d'André,
15:50si on parle des faits, je crois que le comédien en question lui a reproché
15:54de lui avoir touché la main dans un restaurant.
15:56Je crois que c'est ça, la plainte exacte, en tout cas, de ce qu'on connaît.
16:01Donc, je ne sais pas, je ne peux pas parler pour ce que je ne sais pas.
16:09Les impromptus, vous répondez rapidement, sans trop réfléchir.
16:14Béatrice Dalle ou Isabelle Adjani ?
16:17Béatrice Dalle.
16:18Le Dernier Métro ou La Sirène du Mississippi ?
16:22La Sirène du Mississippi, je trouve que c'est un film fabuleux.
16:25Je savais que vous répondriez à ça.
16:27Jean Genet ou Hervé Guibert ?
16:29Hervé Guibert.
16:30Lyon ou Paris ?
16:32Paris.
16:34Le dernier film que vous avez vu en salle et que vous avez aimé ?
16:37Emilia Pérez.
16:38J'adore ce film, je trouve que c'est une joie de cinéma, c'est euphorisant
16:43et que l'euphorie est plus forte que tout.
16:45C'est un geste puissant et je recommande à tout le monde d'aller le voir.
16:49Et c'est toujours en salle de jacaudière et ça va représenter la France aux Oscars.
16:55La dernière fois que vous avez pleuré ?
17:00J'ai une nature tellement mélancolique que j'ai l'impression que je ne pleure jamais.
17:06Demain, c'est votre anniversaire.
17:08Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter ?
17:10Franchement, la vérité est que le film rencontre son public
17:15et ça serait la plus belle chose.
17:17C'est ce que je souhaite le plus fort.
17:21C'est ce qu'on vous souhaite et ce serait largement vérité
17:24parce que c'est un très, très beau film.
17:25Vivre, mourir, renaître.
17:28Le journal Le Point a dit que ce film est avant tout une rareté.
17:33C'est un vrai beau film d'amour.
17:35On sort, on est heureux et merci.
17:39Et belle journée.
17:39Merci à vous.
17:40Merci.

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