Franck Dubosc : "Mon père est parti avant que je puisse lui offrir une voiture"

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Franck Dubosc est à l'affiche du film "Noël Joyeux", en salle cette semaine. Il est l'invité de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-04-decembre-2023-8317517

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00:00 Et ce matin, vous recevez un acteur ! Bonjour Franck Dubosc ! Merci d'être avec nous ce matin.
00:05 Si vous étiez un livre et un personnage historique, vous seriez quoi ? Vous seriez qui ?
00:10 Un livre, je serais « Le printemps des pierres » de Michel Perramore.
00:15 C'est l'histoire, c'est un vieux livre, de la construction de Notre-Dame de Paris.
00:21 Ce livre m'a toujours hanté.
00:22 Oui, je me suis toujours dit un jour, si je suis réalisateur et que je réalise des
00:27 grands films, j'aimerais faire un film sur la construction de Notre-Dame.
00:31 Oui, parce que ça parle de tous ces ouvriers qui construisent quelque chose, qui se tuent
00:36 pour quelque chose qu'ils ne verront jamais.
00:38 C'est sûr, des dizaines et des dizaines et des dizaines d'années.
00:43 Et alors, il y a le roman dans le film bien sûr, parce que ça s'attarde sur ce jeune
00:48 homme qui va finalement tailler la porte, qui sera la seule chose qui disparaîtra.
00:53 Enfin, le croit-il à l'époque, parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont disparu finalement.
00:57 Mais non, je me souviens.
00:58 Ce sera sur ce livre-là.
00:59 Et si vous étiez un personnage historique ?
01:01 Jean-Moulin.
01:02 Bon, pas d'explication, on n'a pas besoin.
01:04 Franck Dubosc, vous aimez Noël, la fête, le repas en famille, la dinde, le sapin et
01:08 les cadeaux ou ça vous angoisse sévèrement ?
01:10 Non, j'aime ça.
01:11 J'aime ça.
01:12 Ce qui m'angoisse, c'est quand il y a beaucoup de monde à la maison.
01:14 Parce qu'il va falloir faire la vaisselle…
01:17 Oui, Noël, il en est question dans le film de Clément Michel.
01:21 Noël joyeux, en salle le 6 décembre prochain.
01:23 Une comédie drôle, piquante, familiale où vous êtes un père de famille bourgeois assez
01:27 conservateur qui adore les traditions et qui adore Noël.
01:30 Il a acheté un beau sapin, une grosse dinde, dressé une belle table.
01:34 Sauf que voilà, ses trois enfants plantent la veille de Noël.
01:37 Et qu'il se retrouve en tête à tête avec sa femme, Emmanuelle Devos, qu'on a adoré
01:41 retrouver dans le registre de la comédie.
01:43 Elle est très très drôle dans le film.
01:44 Et il a eu une idée en écoutant le serment du prêtre à la messe dimanche.
01:48 Eh bien si on invitait, chérie, si on invitait deux vieilles dames d'un Ehpad pour passer
01:54 le réveillon avec nous, on serait des gens bien si on faisait ça.
01:58 C'est une belle idée, pleine de bons sentiments.
02:01 Sauf que ça va virer au cauchemar.
02:02 Oui, au début, il pense en inviter une, une ou un.
02:08 D'ailleurs, il arrive dans un Ehpad de début, je voudrais un vieux.
02:10 C'est pour lui, c'est ça.
02:11 Et puis comme le dit sa femme, c'est Black Friday à l'Ehpad.
02:14 On lui en donne deux pour le prix d'une.
02:16 Deux copines, deux copines.
02:19 Oui, oui, ça vire au cauchemar bien sûr.
02:20 Oui, parce que c'est le problème d'inviter des gens qu'on ne connaît pas.
02:22 C'est ça.
02:23 Les mamies flingueuses, les deux, pour le prix d'une, sont jouées par les formidables
02:28 Danielle Lebrun de la comédie française et la comédienne canadienne Danielle Fichaud
02:33 qui vont lui faire vivre un enfer à ce couple.
02:36 Elles sont géniales.
02:38 Alors, Danielle Fichaud, c'est une comédienne parce que Danielle Lebrun de la comédie française,
02:42 on connaît.
02:43 Elle est une star au Canada.
02:45 C'est une québécoise qui jouait la maman de Valérie Lemercier dans Aline.
02:48 Et c'est une grosse star.
02:50 Oui, et qui a les cours Danielle Fichaud, comme on a les cours Florent en France.
02:54 Oui, il y a les cours Danielle Fichaud.
02:56 C'est une actrice extraordinaire qui est capable de tout.
02:59 Moi, je me souviens, dans le scénario, quand j'avais lu, j'avais lu à un moment donné
03:02 dans une pièce et elle est entièrement nue.
03:03 Et forcément, je suis gêné.
03:04 Et derrière, elle me dit « je pourrais être ta mère ». Et je me dis « ben oui justement ».
03:07 Et je me dis « mais comment elle va faire ça ? ». Non, non, pas de problème.
03:11 Elle est à poil dans le film.
03:13 Mais c'était… Elle ose tout.
03:16 Et elles sont incroyables.
03:18 Le réalisateur Clément Michel s'est inspiré d'une histoire vraie.
03:21 C'est une histoire, une anecdote, où il lui avait raconté sa mère d'un couple
03:24 d'amis qui décident effectivement d'inviter une personne âgée d'un Ehpad.
03:29 Et ça leur fout en l'air leur réveillon.
03:31 Oui, d'ailleurs, il a situé ça à Noël parce que c'est un moment stratégique pour
03:36 ce genre de choses.
03:37 Mais l'histoire pourrait se passer à un autre moment.
03:39 Forcément, bon Noël, c'est joli.
03:40 Il y a tout ça.
03:41 Mais comme il le dit, oui c'est sa maman qui l'a inspiré.
03:44 Mais c'est… Vous l'avez déjà fait vous ? Inviter quelqu'un que vous ne connaissez
03:48 pas à un dîner ?
03:49 Non, non, non, Nicolas.
03:50 Non, je réfléchis.
03:51 Et vous, vous l'avez déjà fait ?
03:52 Ah non, jamais de la vie !
03:54 Et après ce film ?
03:55 Et non !
03:56 Après ce film, peut-être que vous le ferez.
03:57 Encore moins !
03:58 Au contraire, au contraire.
04:01 Parce qu'on ne spoil pas, mais c'est joli.
04:04 Elles sont insupportables la moitié du film.
04:07 Mais elles vont nous apprendre la vie.
04:08 Elles vont vous apprendre la vie.
04:09 Ça pose aussi la question de la solitude des personnes âgées.
04:12 Celles qui restent seules à Noël.
04:13 Et puis sur la manière dont on infantilise les personnes âgées.
04:16 Je trouve que ce film dit des… C'est une comédie, mais elle dit des choses.
04:20 Notamment, à un moment, vous voulez leur faire plaisir, à ces deux vieilles.
04:24 Donc vous proposez à un jeu de société.
04:25 Elle dit « surtout pas les jeux ! ». On en a ras-le-bol.
04:28 On déteste les jeux.
04:29 Pourquoi vous vous obsédez à nous faire jouer, à nous les vieux, alors que c'est
04:35 pour les enfants les jeux ? On s'en fout de quoi ?
04:36 On traite les vieux comme on traite les enfants.
04:39 Et elle le dit à un moment.
04:41 « Mais nous, on n'est pas vieilles, on est très vieilles ».
04:43 Ça, c'est très fort.
04:45 Parce que ça pose aussi la question de l'âge.
04:47 Vous et Emmanuel Devoz qui avait 56 et 60 ans.
04:51 Et à un moment, elle vous dit « ton problème, pourquoi tu veux absolument faire un Noël parfait ?
04:56 C'est parce que tu as peur de vieillir ».
04:58 Et tu lui dis « tu peux parler, toi tu es vieille ».
05:01 Non, non, non, moi je suis très vieille.
05:03 Toi, tu es vieux et moi je suis très vieille.
05:05 Et en fait, c'est ça qui est intéressant.
05:07 Le problème, c'est quand on est vieux.
05:09 C'est la bascule.
05:10 C'est 60 ans, 80 ans après quand on est très vieux, il n'y a plus de problème.
05:13 Oui, oui, c'est ça.
05:14 Mais ça traite de tout ça.
05:15 Mais les dialogues sont savoureux.
05:17 C'est Clément Michel qui a réalisé et écrit le film.
05:20 Les dialogues sont formidables.
05:21 C'était savoureux à lire, puis à dire, puis à voir en spectateur.
05:28 Ça, j'aime quand il y a les trois étapes quand on joue dans un film.
05:30 Autre question aussi, l'usure de couple.
05:32 Puisque au fond, à l'origine, les enfants plantent et ils se retrouvent seuls.
05:36 Et elle, Emmanuelle de Vauz, elle est contente de faire un premier réveillon avec son mari
05:40 seul en tête à tête.
05:42 Et lui, surtout pas.
05:43 C'est l'angoisse de se retrouver autour de la bûche et d'avoir rien à dire.
05:47 Se retrouver en tête à tête avec sa femme.
05:49 Qu'il aime.
05:50 C'est ça qui est le plus beau.
05:52 Il ne s'aimerait pas.
05:53 On comprendrait, ça serait un sujet de comédie.
05:54 Non, là il s'aime et c'est encore plus dur de se retrouver l'un en face de l'autre.
05:58 Et c'est ces deux vieilles dames qui vont finalement faire qu'ils se retrouvent l'un
06:02 et l'autre.
06:03 Il y a une très jolie scène où ils dansent tous les deux sur un disque d'Hérol Garner.
06:07 Je trouve ça très très beau.
06:09 À jouer, je trouvais ça formidable.
06:10 D'avoir Emmanuelle de Vauz dans mes bras.
06:12 À ce moment-là, on est seul.
06:13 On marche, elle est nu-pieds sur des bouts de verre cassés.
06:15 Enfin bon, il y a tout un truc.
06:16 Et je trouvais ce moment de retrouvaille d'un couple à Noël très joli.
06:20 Le film pose la question très chrétienne de qu'est-ce que c'est quelqu'un de bien ?
06:24 À plusieurs moments, vous vous félicitez d'inviter ces deux dames.
06:27 On est des gens bien.
06:28 On est des gens bien.
06:29 On est des gens bien.
06:30 Regarde, on est des gens bien.
06:31 On a invité des…
06:32 Qu'est-ce que c'est être quelqu'un de bien ?
06:33 Vous savez ça, vous, Franck Rigoste ?
06:34 Là, je ne sais pas ce que c'est d'être quelqu'un de bien.
06:37 J'aurais dit mon père était quelqu'un de bien.
06:40 Quelqu'un d'honnête.
06:41 Trop.
06:42 Trop.
06:43 Trop honnête.
06:44 Donc trop bien, ce n'est pas très bien.
06:47 Il ne faut pas être trop bien.
06:48 Il faut avoir des petits défauts de temps en temps.
06:50 Et là, en l'occurrence, dans le film, il n'est pas si bien que ça parce qu'il
06:53 le fait par égoïsme.
06:54 Il le fait pour lui.
06:55 Il ne le fait pas pour les vieilles dames, mais pour lui.
06:56 Pour lui.
06:57 Pour lui.
06:58 Pour lui.
06:59 Être quelqu'un de bien, oui.
07:00 Qu'est-ce que c'est ?
07:01 Et pourquoi votre père était quelqu'un de bien ?
07:02 Parce qu'il était honnête.
07:03 Parce que c'était quelqu'un de…
07:04 Alors, il doit avoir eu des défauts que je ne connais pas et que je ne veux pas connaître.
07:09 Je pense et j'espère parce que c'est un être humain.
07:11 Vous parlez de votre père.
07:14 Eh bien, justement, on va en parler un petit peu de votre parcours.
07:16 Le petit Franck, né d'un père douanier à Rouen et d'une mère employée…
07:19 Déclarant en douane.
07:20 C'est pas la même chose.
07:21 C'est quoi la différence ?
07:22 C'est lui, il était sur le port avec les deux quers et il déclarait à la douane.
07:25 Je dis parce que douanier, il a le côté…
07:26 Enfin bon, après, il aurait pu être douanier.
07:28 Déclarant à la douane.
07:29 Et votre mère, elle était bien employée de mairie ?
07:31 Oui, à Grand-Queville.
07:32 Vous avez grandi dans un HLM à Rouen.
07:35 Vous rêviez, enfant, d'être une vedette.
07:38 Vous rêviez d'être une star ?
07:54 Oui, c'est pour ça que je rêvais d'être comme les gens dans la télé.
08:00 Je regardais toutes les émissions, Mariti Gilbert Carpentier, tout ça, je les voyais.
08:04 C'est marrant parce que ce ne sont pas forcément des acteurs qui me viennent à la tête.
08:07 C'est pas Joe Dassin, c'est…
08:09 Je ne sais pas pourquoi j'ai Joe Dassin qui me vient, mais c'était tous ces gens,
08:12 je les voyais, ils avaient des belles voitures, ils allaient à la neige, ils faisaient du cheval.
08:17 C'est idiot, mais c'était un petit garçon.
08:19 Tout ce qui était loin de vous.
08:20 Oui, voilà, c'est ça.
08:21 Ils habitaient dans des beaux appartements.
08:23 Ah, ils habitaient à Paris.
08:24 Et enfin, ils croyaient, parce que beaucoup habitaient ailleurs.
08:27 Mais c'était…
08:29 Oui, c'était mon but, mon rêve.
08:32 Et puis après, je me suis rendu compte que ce n'était pas aussi facile que ça.
08:35 L'aboutissement n'était pas là.
08:37 Je me suis rendu compte que finalement…
08:39 Je me suis dit que je ne peux pas être chanteur, je ne sais pas chanter.
08:42 Être homme politique, ça ne m'intéressait pas.
08:45 Je cherchais ce qui allait me mettre dans la lumière.
08:48 Et puis j'ai fait acteur.
08:49 Du coup, vous faites le conservateur de Rouen,
08:51 où vous croisez notamment Karine Viard et Valérie Lemercier.
08:53 Vous enchaînez les castings, mais sans succès au début.
08:56 Du coup, vous faites tout un tas de trucs.
08:58 J'ai vu que vous étiez assistante de magicien,
09:01 professeur de cours d'expression orale pour les élèves avocats.
09:04 Vous avez conduit le vaisseau spatial des frères Bogdanov.
09:08 Vous faisiez du stand-up derrière Guillaume Quenet.
09:11 À ce moment-là, quand ça ne marche pas au début,
09:14 vous y croyez quand même ou vous vous dites que ça ne va pas le faire ?
09:17 Non, j'y crois.
09:18 J'y crois.
09:19 J'avais beaucoup de copains ou de copines qui disaient
09:21 « Ah bah si, à tel âge, ça n'a pas marché, j'arrête ».
09:23 Et d'ailleurs, tous ceux-là n'ont jamais arrêté, même quand ça n'a pas marché.
09:26 Je pense même que Karine Viard a dit ça.
09:29 Donc, elle a continué.
09:31 Mais non, je me disais toujours que ça marchera.
09:35 Oui, je visais loin.
09:37 Vous dites dans une famille modeste, l'humour, ça commence à marcher.
09:41 Et vous dites dans une famille modeste,
09:43 « Devenir une vedette de cinéma est difficile à gérer.
09:45 On devient le fils acteur et on vous soupçonne de renier vos origines.
09:49 Ce fut le cas à mes débuts et ça a compliqué les relations. »
09:52 Oui, à mes débuts et jusqu'au bout.
09:55 Pour mes parents, ça a été accepté.
09:57 Mais après, autour, je me souviens que si je ne venais pas à une réunion familiale,
10:00 c'était « Ah bah oui, forcément, lui, c'est l'acteur. »
10:03 Alors que j'avais d'autres raisons et ça n'a jamais été parce que j'étais devenu acteur.
10:07 Oui, ça faussait les raisons.
10:09 Il y a une toute petite chose, je me souviens, c'est mon père qui me faisait mes impôts.
10:13 Et quand j'ai commencé à gagner plus d'argent que lui,
10:16 j'ai commencé à le faire moi-même parce que je trouvais ça indécent de lui faire ça.
10:21 De lui demander de faire ça.
10:23 Même si ce n'était pas beaucoup plus que lui, mais c'était plus que lui.
10:25 Je trouvais que ce n'était pas dans la logique des choses.
10:27 Vous-même, vous aviez une forme de culpabilité en rentrant dans votre famille,
10:33 de là où vous veniez, vous vous disiez « J'ai trop d'argent » ou « Je suis trompé ».
10:38 Vous en faisiez trop peut-être dans l'autre sens ?
10:41 Non, quand on dit trop d'argent, attention, c'était vraiment très peu plus.
10:47 Mais c'était déjà plus.
10:48 Comme je le disais, ce n'était pas la logique pour moi.
10:51 Non, j'avais plein d'envie.
10:54 Si un jour j'avais de l'argent, je leur achetais une maison.
10:57 J'avais envie d'acheter une belle voiture à mon père.
11:00 Et je n'ai rien fait de tout ça.
11:02 Pourquoi ?
11:03 Parce que, je me souviens, la maison a lancé Camping.
11:07 Je me souviens un jour à ma mère, je lui dis « Ecoute, si un jour j'ai de l'argent,
11:10 que je suis une vedette, je t'achèterai une maison dans le Périgord, à Sénac,
11:14 là où vous allez en vacances tous les ans en camping ».
11:17 Elle me dit « Mais pourquoi ? Mais si on a une maison, on va être obligés d'y aller ».
11:20 Je lui dis « Vous y allez tous les ans ? » « Oui, mais on n'est pas obligés ».
11:22 C'est la phrase dans Camping.
11:24 Je me souviens même de Karine Viard qui m'avait dit « Mais si t'es aussi fière de toi
11:28 de gagner plus que tes parents, ne leur paye pas une maison, paye-leur une caravane ».
11:32 Elle avait raison.
11:33 Et je n'aurais jamais payé de caravane.
11:35 Non, je l'aurais payé d'autres choses.
11:38 C'était des choses, je sais que mon père adorait les voitures, j'aurais adoré.
11:43 Mais bon, il est parti avant que je puisse lui offrir une voiture.
11:47 Et il est parti avant que vous réussissiez ?
11:49 Non, il a vu le début.
11:50 Je pense qu'il a vu pour lui le maximum, mais en fait c'était un peu le début.
11:54 C'était le début.
11:55 Patrick Chirac, vous en parlez, vous en parlez tout le temps.
11:57 Il y a un avant et un après dans votre carrière, de ce rôle dans Camping qui a cartonné.
12:02 Vous disiez en 2016 « Patrick Chirac est ma maison, ma voiture, ma vie d'aujourd'hui.
12:06 Quand je voudrais que l'on cesse de m'appeler Patrick, je serais devenue con ».
12:09 Vous disiez même que si un jour vous recevez un César, vous promettez d'arracher votre
12:12 smoking pour laisser apparaître Patrick Chirac dans toute sa splendeur, en slip de bain moulant
12:16 et débardeur.
12:18 Ça a changé votre vie ?
12:20 Oui, bien sûr, ça a changé ma vie.
12:22 Mais c'était presque dans la lignée des choses.
12:26 C'est-à-dire qu'il était en moi.
12:28 Quand j'ai commencé à écrire pour faire rire sur scène, vous disiez avec Guillaume
12:33 Canet, toute une bande, Philippe Lefebvre, tout ça.
12:35 Il était là ce campeur.
12:37 Il a toujours été là.
12:38 Justement les Césars, les récompenses, avoir la carte ou pas, Franck Dubosc.
12:41 Écoutez Coluche au César quand il gagne le César du meilleur acteur pour Ciao Pantin.
12:45 Je suis très ému.
12:48 Je remercie Claude Berry, comme tout le monde.
12:52 Nous y voilà.
12:55 Je me croyais franchement à l'abri, vu que je faisais du cinéma qu'on ne récompense
13:00 pas et qui fait des entrées quand même, parce que nous on a une profession particulière.
13:05 Le cinéma français vit surtout avec les succès populaires que font les gens dans
13:10 le genre Belmondo et récompense surtout ceux qui font pleurer dans le genre que je ne
13:15 n'aimerais pas.
13:16 Oui, ça existe toujours, mais je n'ai absolument aucune aigreur de ça.
13:21 C'est juste parfois quand les gens disent oui, qui critiquent les gros films populaires
13:26 en disant c'est avec notre argent.
13:27 Non, non, il faut que les gens comprennent que chaque film donne de l'argent à un dépôt
13:33 qui sert aux films un petit peu plus démunis.
13:36 Je suis acteur de films populaires et spectateur de films plus intimistes.
13:43 Et vous n'aimeriez pas jouer dans des films plus intimistes ?
13:46 Pourquoi pas, j'en ai fait un qui sortira en octobre.
13:50 Mais pourquoi pas, je n'ai pas mon but.
13:53 Mon but maintenant c'est d'essayer de faire des bonnes histoires.
13:55 Avoir la carte, comme on dit, je ne souffre pas de ne pas l'avoir car je me dis qu'un
13:59 jour je l'aurai.
14:00 Oui, peut-être juste avant de mourir, mais je l'aurai.
14:03 Je l'aurai, mais ce n'est pas mon but.
14:06 Je l'aurai par la force des choses.
14:08 Parce qu'il y a un moment où quand il y a beaucoup de...
14:10 Vous deviendrez culte, on dirait.
14:12 Culte ? Non, je pense qu'à un moment, quand j'aurai une canne, que je boiterai, que j'aurai
14:20 du mal à parler, ils oseront m'inviter sur scène pour que j'aille dire un petit mot
14:25 et voir ce que je suis devenu.
14:27 Je pense que comme Belmondo, quand il arrive et que tous les acteurs sont autour de lui
14:31 et qu'il est réclamé et tout ça, et qu'il en est très heureux, je crois à ce moment-là.
14:35 Et j'en serai très heureux à ce moment-là.
14:37 Il y a deux traits de caractère qui reviennent toujours dans tous les portraits, dans toutes
14:40 les interviews que j'ai lues de vous, Franck Dubosc.
14:42 Elles fonctionnent en binôme d'ailleurs.
14:44 Le besoin de plaire d'un côté et le manque de confiance en vous.
14:47 Vous dites en permanence "ne pas s'aimer est une constante chez moi".
14:52 Oui, mais j'ai des cases qui se bouchent maintenant, qui se remplissent.
14:58 C'est-à-dire que la réalisation m'a amené ça.
15:02 Quand j'ai réalisé "Tout le monde debout", j'ai aimé réaliser, j'ai aimé faire ce film.
15:05 Et ça m'a amené un tout petit peu plus au conflit.
15:07 Vous aimez un peu plus ?
15:08 Oui.
15:09 Vous vous aimez plus aujourd'hui à 60 ans ?
15:10 Un petit peu plus, oui.
15:11 C'est pas mal.
15:12 Question de fin.
15:13 Les impromptus, vous répondez sans trop réagir.
15:15 Yann Moix disait de vous "Franck Dubosc n'en revient pas de pouvoir croiser des gens qui
15:19 étaient connus quand il était petit".
15:20 C'est vrai ça ?
15:21 Oui, toujours.
15:22 La politique, vous vous étiez exprimé au moment des Gilets jaunes.
15:25 Faut-il que les artistes prennent position ou surtout pas ?
15:28 Non, il faut pas.
15:29 Vous regrettez d'avoir pris position à ce moment-là ?
15:31 Oui.
15:32 Qu'est-ce qui vous met en colère ?
15:33 Ce qui me met en colère, l'injustice.
15:37 Vous êtes plutôt "Gros cadeau fastueux à Noël" ou "Petite bricole" ? C'est une référence au film.
15:43 Gros cadeau fastueux.
15:44 Vous êtes "Team Bûche" ou "Surtout pas la bûche à Noël" ?
15:48 A la bûche, non, oui.
15:49 Plutôt "Le Père Noël est une ordure" ou "Conte de Noël d'Arnaud Desplechin" ?
15:53 "Conte de Noël d'Arnaud Desplechin".
15:54 "Louis de Funas" ou "Coluche" ?
15:56 "Coluche".
15:57 "Les Bronzés" ou "Les Nuls" ?
15:58 C'est dur ça ! "Les Bronzés".
16:03 "Camping" ou "Disco" ?
16:06 "Camping".
16:07 "Steve McQueen" ou "Al Pacino" ?
16:09 "Steve McQueen".
16:10 "Daniel Guichard" ou "Claude Barzotti" ?
16:12 C'est dur pour vous parce que vous aimez les deux.
16:15 Oui, je sais.
16:16 C'est dur ça, "Daniel Guichard".
16:17 "Victor Hugo", à 20 ans on est plus amoureux qu'autre chose, à 60 on est plus autre chose qu'amoureux.
16:23 Vous êtes d'accord ?
16:24 Complètement exact.
16:25 C'est sympa pour votre femme !
16:27 Même si je suis amoureux de ma femme, il y a quelque chose de très juste.
16:32 Mais même avant, je ne pense ne jamais avoir été plus amoureux que quand j'avais 12 ans ou 13 ans.
16:37 C'est une autre façon d'être amoureux.
16:39 Vous vous êtes mariés à une femme libanaise, c'est pas trop dur ?
16:41 Il faudrait qu'elle soit intense.
16:46 Pénible.
16:47 Pénible.
16:49 Elles sont toutes belles mais très très difficiles.
16:52 Elles sont trop calmes les libanaises.
16:54 Oui, bien sûr.
16:55 Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
16:58 Liberté, égalité, fraternité, liberté.
17:02 Et Dieu dans tout ça ?
17:04 Je ne le connais pas.
17:07 Je ne l'ai pas rencontré encore.
17:09 Vous l'attendez.
17:10 Je l'attends.
17:11 "Noël joyeux", film de Clément Michel-Ettensal, le 6 décembre prochain.
17:15 Merci Franck Dibasque et bonne journée à vous.

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