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Léa Salamé reçoit Thomas Cailley, réalisateur du film "Le Règne animal" (sortie en salles le 4 octobre). Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-04-octobre-2023-4079221

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Transcription
00:00 Léa, ce matin vous recevez un réalisateur !
00:03 Bonjour Thomas Keyer !
00:04 Bonjour !
00:05 Merci d'être avec nous ce matin. Si vous étiez un adjectif et un animal, vous seriez quoi ?
00:09 Un animal… peut-être le cerf, j'aime bien le cerf, il mute tout le temps. Et puis, adjectif,
00:18 au pignâtre, mon producteur il dirait têtu, je crois.
00:21 Oui, c'est l'autre versant. La Fontaine disait sur ses fables « Je me sers des animaux pour
00:26 instruire les hommes ». Vous faites pareil ?
00:28 En tout cas, dans ce film-là, oui, l'idée c'est de poser une loupe, d'observer dans le détail ce qui
00:35 se passe dans l'intimité d'une famille et dans une société.
00:39 Des animaux et des hommes, il y en a beaucoup dans votre nouveau film « Thomas Keyer, le règne animal »
00:44 qui sort aujourd'hui sur les écrans. Et je veux le dire simplement, il est époustouflant.
00:48 Époustouflant d'originalité, d'ambition, c'est un film unique dans le cinéma français.
00:52 On se croirait… c'est bien simple, on regarde votre film et on se dit « mais c'est du cinéma
00:56 américain ». Et bien non, c'est un français qui a fait ça. Et je le dis même à ceux qui n'aiment
01:00 pas le cinéma de genre ou le cinéma fantastique, votre film est scotchant.
01:04 C'est l'histoire d'un virus qui se propage dans notre société française et qui provoque une
01:08 étrange mutation génétique pour ceux qui l'attrapent. Il se transforme progressivement en animaux,
01:14 en morses, en oiseaux, en chiens. Cette maladie frappe une petite famille, celle d'un père,
01:19 joué par Romain Duris, et de son fils, Paul Kersher. La maman a été atteinte par le virus.
01:24 Alors, elle n'est pas totalement animale, elle n'est plus humaine. Et qu'est-ce qu'on en fait ?
01:30 Qu'est-ce qu'on fait d'eux ? Elles sont mutantes, ils font peur à tout le monde, les humains
01:34 essayent de les enfermer, même parfois de les tuer. Qu'avez-vous voulu dire avec cette fable ?
01:40 Je crois que ce qui m'a plu dans cette idée de la transformation, c'est que ça permettait de
01:47 parler de ce que ça veut dire transmettre. Il y a beaucoup cette histoire entre un père et un fils
01:52 dans le film. Qu'est-ce que c'est transmettre un monde ? Qu'est-ce que c'est léguer un monde ?
01:56 Réinventer un monde ensemble ? C'est aussi une métaphore qui permet de parler du vivre ensemble.
02:02 Ce qui est intéressant, c'est que le film est très réaliste, il est concret. Romain Duris et son fils
02:06 sont comme nous. Ça pourrait être nous, ils ont les mêmes problèmes. Il faut aller bosser,
02:09 il faut aller au lycée. Ils sont bloqués dans les embouteillages, ils font attention à ce qu'ils mangent,
02:13 comme nous. Mais soudainement, il y a un mutant qui arrive, comme ils appellent les bestioles.
02:19 Et vous dites, je n'ai pas voulu faire un film de loup-garou, où les personnages ne se transforment pas
02:23 en loup-garou en une nuit de pleine lune. Ils mutent progressivement. Progressivement, on voit
02:29 lentement comment ils deviennent animaux. Et au fond, le fantastique, il est là, évidemment,
02:34 il est présent dans le film, mais ce n'est pas la donnée essentielle du film.
02:38 Non, on tenait beaucoup à ce que cette mutation soit progressive, elle soit la plus réaliste possible,
02:42 parce que ça permet ce truc très troublant d'effacer progressivement cette frontière qui est parfaitement
02:48 artificielle qu'on a créée, nous, humains, entre notre espèce et tout le reste du vivant.
02:53 Donc, à un moment, ça pose la question de la différence. À quel moment on n'est plus le semblable de l'autre ?
02:57 Ça peut toucher n'importe qui, un voisin, une collègue de bureau, ses propres enfants.
03:01 Donc, c'est ça qui est intéressant.
03:03 C'est clairement un film sur la différence. Que faire de ces êtres étranges, hybrides ?
03:07 Et je trouve que ce qui est intéressant, c'est qu'effectivement, ça aurait été plus facile s'ils se transforment en animaux.
03:12 Ceux qui restent humains, ils sont entre les deux. Qui est le sauvage ? Qui est le civilisé ?
03:18 Vous rebattez les cartes des frontières.
03:20 Oui, je trouve que souvent, dans les films de genre, cette question-là, elle est abordée comme une altérité absolue.
03:27 On regarde un monstre, on regarde un super-héros, c'est très loin de nous, il y a toujours une distance.
03:31 Et je crois que ça nous rassure aussi sur ce qu'on est.
03:33 Là, ce qui était intéressant, c'était de brouiller effectivement les pistes et de voir qu'est-ce qui reste d'humanité
03:38 quand quelqu'un se transforme ou s'éloigne. Et effectivement, comment les instincts se réveillent,
03:43 qu'est-ce que ça change, qu'est-ce que ça dérègle ?
03:45 Vous dites que le règne animal est un éloge de la désobéissance. À qui ? À quoi ?
03:50 Forcément, ces dérèglements, ils posent une question de l'ordre.
03:56 Il y a une importance dans le film de ça. Et l'apprentissage que fait, par exemple, le personnage du père,
04:02 c'est effectivement celui de désobéir, celui de mettre en accord ses actes et ses paroles.
04:06 Il désobéit parce qu'il va aller la chercher, sa femme.
04:09 Oui, parce que...
04:10 Parce que théoriquement, sa femme, elle est mutante et donc elle doit être enfermée dans des centres spécialisés.
04:14 Ils enferment ces mutants et ils vont s'enfuir à un moment dans la forêt.
04:19 Et contrairement à la règle fixée, il va désobéir et il va aller la chercher.
04:23 Oui, parce que la société autour d'eux, elle glisse. C'est-à-dire qu'au départ, il y a cette volonté de soigner, de guérir,
04:28 de ramener dans l'ordre. Et puis, plus ça avance, plus la question, c'est de surveiller, c'est de contrôler.
04:33 Et donc, François, à un moment, il doit se positionner moralement.
04:37 François, c'est Romain Duris, qui est exceptionnel, comme souvent dans ses films.
04:41 Il vous donne quelque chose... Il est remarquable dans le film.
04:44 Mais alors, il y a ce jeune Paul Kircher, rarement vu, un jeune acteur, je ne sais pas quel âge il a,
04:51 mais avec un tel magnétisme, cassé l'écran à ce point.
04:55 Je l'ai rencontré, il avait 19 ans, il avait 20 ans lors du tournage.
04:58 Paul, il est exceptionnel. Il m'a bouleversé intégralement dès la première rencontre.
05:03 Il a quelque chose à la fois de fragile et d'une puissance exceptionnelle en lui.
05:06 Un truc explosif, prêt à se réveiller sans arrêt.
05:08 Il se rend compte de sa puissance ?
05:09 Non, je pense que ça le dépasse. Mais il y a quelque chose qui est évident, que la caméra capte très immédiatement.
05:18 Et puis, il a tous les âges. C'est à la fois déjà un jeune adulte, c'est encore un corps adolescent.
05:22 Il a quelque chose de presque universel de l'enfance.
05:25 C'est un film qui me faisait beaucoup penser à Mowgli quand je l'ai découvert en Castagne.
05:29 Ça tombe bien pour votre film. Il y a une scène d'une poésie hallucinante.
05:35 Le père et le fils sont dans la voiture, ils traversent la forêt pour essayer de trouver leur mère, leur femme.
05:41 Et du coup, Romain Dioris met la chanson à tue-tête dans la voiture, dans cette forêt qui résonne,
05:47 à tue-tête de la chanson sur laquelle ils se sont rencontrés.
05:50 Cette chanson, c'est pour moi, c'est sûr, elle est d'ailleurs Pierre Bachelet.
05:56 Maman !
05:57 Des morts !
05:58 Je suis tombé en esclavage de ce sourire, de ce visage, et je lui dis "emmène-moi".
06:08 Maman !
06:09 Non, non !
06:10 Des morts !
06:11 Je suis prêt à tous les sillages, vers d'autres lieux, d'autres rivages,
06:18 mais elle passe et ne répond pas.
06:21 Maman !
06:22 Non, non !
06:23 Maman !
06:24 Des morts pour elle, sans valeur.
06:26 Maman !
06:27 Pour moi, c'est sûr, elle est d'ailleurs.
06:34 Je m'excuse déjà pour nos auditeurs qui vont avoir la chanson toute la journée de Pierre Bachelet,
06:40 comme moi je l'ai depuis hier dans la tête.
06:43 Mais il faut aller voir le film pour cette scène.
06:46 C'est une merveille cette scène d'arrachement, de la recherche de cette femme perdue.
06:51 C'est un cri d'amour cette scène, et la chanson en est un aussi.
06:56 J'ai découvert cette chanson lors de l'écriture du scénario, on en est tombé complètement amoureux.
07:01 Vous ne connaissiez pas Pierre Bachelet ?
07:03 Je ne connaissais pas cette chanson-là, j'avoue.
07:05 Elle nous a plus quittés depuis.
07:07 Dans ses paroles, elle parle vraiment de ce que les personnages vivent.
07:12 Les effets spéciaux du film sont impressionnants.
07:15 Il y a notamment ce personnage d'homme oiseau, il y a l'Anna, la mère qui devient…
07:20 Je ne veux pas dire qu'elle est animale, elle devient, mais on le voit progressivement.
07:25 Vous avez un budget de 16 millions d'euros pour faire ce film.
07:28 Vous travaillez avec des maquilleurs, des décorateurs, des studios d'effets spéciaux.
07:31 Il n'y a pas que des effets spéciaux.
07:33 Vous avez fait bosser vos personnages, vos acteurs extrêmement durs pour qu'ils rentrent, pour qu'ils deviennent oiseaux.
07:38 Dès le début, on trouvait ça assez triste de se dire qu'on faisait un film sur la diversité du vivant,
07:44 et d'avoir à tout faire sur ordinateur.
07:46 Donc on a essayé de faire les choses le plus physiquement possible.
07:49 On a tout construit autour des acteurs, de leur corps et de leur capacité physique.
07:54 Et des mois durant, ils ont dû bosser pour être un oiseau.
07:58 Ils se sont énormément entraînés pour affûter leur corps, pour trouver leur façon de devenir animal,
08:03 parce que ça dépend un peu de chacun.
08:05 Ils ont travaillé leur capacité physique, mais aussi vocale.
08:09 Et évidemment, autour d'eux, il y a énormément de travail de maquillage, de prothèses.
08:14 Est-ce que vous êtes allé chercher chez vos acteurs leur part sauvage, domptée ?
08:18 Oui, absolument. Chez Paul, c'est une évidence.
08:20 Chez Tom Mercier, qui joue un homme oiseau, c'est très clair aussi.
08:25 Et même chez Romain Duris, il y a quelque chose d'arraché chez lui.
08:27 Absolument, il a quelque chose du fauve. Et il y a un truc de liberté chez Romain.
08:33 Vous dites que vous avez mené une vraie campagne d'évangélisation
08:36 pour convaincre les producteurs de s'aventurer dans cette aventure fantastique.
08:40 En France, il y a clairement une frilosité à faire des films fantastiques.
08:43 Et ça ne date pas de vous, Thomas Caillé.
08:45 Je propose d'écouter Jacques Demy, qui raconte comment il a galéré pour faire Podane.
08:49 On est toujours un petit peu déçu, déçu et des refus, comme ça, continuellement.
08:54 Enfin, on se dit « Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? »
08:56 Et en ce qui concerne Podane, je comprenais très bien le point de vue du monsieur,
09:01 comme ça, d'un banquier, quel qu'il soit, derrière un bureau, avec un téléphone,
09:05 à qui je parlais d'une fée, d'un prince charmant.
09:09 Et ce qui m'a frappé, c'est que je me suis aperçu que les adultes oubliaient leur enfance.
09:14 L'effaçaient, plus exactement.
09:16 Donc, expliquer une fée à un monsieur sérieux, ça paraît une aberration.
09:21 Et on m'a dit « C'est casse-gueule », comme le mot consacré dans le métier.
09:24 Je ne vois pas comment vous pouvez faire ça.
09:26 Vous aussi, on vous a dit « C'est casse-gueule ».
09:29 Ah oui, et on se l'a dit nous-mêmes.
09:31 Mais j'avais la conviction qu'on était à la fois,
09:35 qu'on était, comment dire, vraiment dans un équilibre entre le genre
09:40 et un film totalement universel aussi.
09:44 Pour moi, c'est avant tout un film de personnages, un film d'émotions.
09:47 On a essayé d'être juste là-dessus avant tout le reste.
09:49 Les films de genre qui comptent pour moi, c'est ceux de Spielberg,
09:52 c'est ceux de Shyamalan, c'est à peu près toute l'œuvre de Miyazaki.
09:56 Je pense que c'est des films qu'on peut regarder sans avoir une appétence particulière
10:00 pour le film de genre.
10:02 Oui, et je vous confirme en ce qui me concerne.
10:04 Par exemple, moi, je n'y arrive pas à les films de genre,
10:06 et votre film m'a scotché de bout en bout.
10:08 On a essayé de mettre l'émotion au premier rang,
10:12 de tout construire autour de ça et autour des personnages.
10:14 L'émotion et la nature, qui est une des composantes importantes du film.
10:18 Ce film a été tourné dans la forêt de Gascogne, en Gironde,
10:20 sur les terres où vous avez grandi.
10:21 Vous filmez d'ailleurs votre collège, votre lycée, à vous.
10:24 Filmer ce territoire était un pilier du projet, dites-vous,
10:27 sauf qu'en plein tournage, l'été 2022, les incendies ravagent la forêt de Gironde.
10:32 On s'en souvient, c'était il y a un an.
10:33 Et vous êtes obligés de suspendre le tournage.
10:35 C'est le film dans le film, l'histoire dans l'histoire qui se passe.
10:37 Oui, on a commencé le tournage sous sécheresse.
10:39 On l'a poursuivi sous canicule et on l'a terminé avec les incendies.
10:42 On a dû interrompre le tournage.
10:43 Je suis resté à peu près deux mois seul.
10:45 On a dû renvoyer l'équipe.
10:46 Je suis resté sous une pluie de cendres à chercher des décors de substitution.
10:49 Et il y a eu un petit miracle.
10:51 Je suis tombé sur une forêt qui avait été intouchée depuis le XIIe siècle.
10:54 Une forêt primaire, comme nous racontait Baptiste Morisot à ce micro.
10:58 Absolument, une dernière poche, un dernier oasis de systèmes lagunaires et de forêts
11:02 dans lequel on a tourné toute la partie forestière du film
11:07 qui est un décor époustouflant, très vivant.
11:09 Et qui est le vrai décor, cette vraie forêt primaire que vous avez galéré à trouver,
11:13 que vous avez finalement trouvé, qui date du Moyen-Âge, qui n'a pas été touchée par l'homme.
11:15 Non, absolument.
11:16 C'était une chance incroyable au milieu de cette grande forêt,
11:19 qui est une forêt de pain planté.
11:20 Il y avait cette jungle.
11:22 Thomas Caillé, vous êtes un jeune réalisateur.
11:24 Vous avez connu un beau succès il y a neuf ans pour "Les combattants",
11:27 César du meilleur premier film.
11:29 Et puis ensuite, il y a neuf ans, vous avez mis neuf ans pour faire le deuxième.
11:32 Je sais bien que "Qui va piano va sono", mais...
11:36 Mais vous êtes un long !
11:39 Alors le cerf va à 60 km/h, je crois, donc c'est peut-être un fantasme de ma part.
11:45 Mais non, j'ai fait une série entre temps aussi.
11:47 Le prochain long métrage, c'est dans dix ans à peu près ?
11:50 J'aimerais bien accélérer un peu, oui.
11:52 Vous allez réussir à le faire en cinq ans ?
11:55 Allez, quatre !
11:56 Votre parcours est assez atypique.
11:57 Vous avez décidé à 26 ans de quitter votre métier de producteur
11:59 pour passer le concours de la FEMIS, le concours pour devenir réalisateur,
12:02 suivant les pas de votre frère, qui lui-même avait quitté son travail de professeur de biologie
12:07 pour faire du cinéma.
12:09 C'est une affaire de famille.
12:10 Là aussi, vous êtes un peu un lent pour arriver à...
12:13 En tout cas, c'est une génération spontanée.
12:16 David et moi, notre adolescence, pour moi, elle est assez marquée par ça,
12:21 par l'arrivée des caméscopes, par les essais filmés.
12:25 On faisait des sketchs, des fausses pubs, des clips, des pilotes de séries qui n'ont jamais existé.
12:30 On s'est beaucoup amusé avec ça.
12:31 Et puis après, on a fait des études sérieuses.
12:36 Et il a fallu du temps pour se dire que c'était possible,
12:41 que simplement assumer ce truc de "en fait, je vais écrire, je vais raconter des histoires,
12:45 je vais être artiste", ce qui n'est pas hyper simple en fait.
12:47 Vous ne l'assumiez pas totalement, au début ?
12:50 J'ai eu du mal pendant le début de ma vingtaine.
12:52 Et à 25-26 ans, c'est devenu une nécessité.
12:55 Donc j'ai arrêté de me poser la question.
12:56 Ça vous brûle, il fallait produire, il fallait créer.
12:58 Oui, c'était urgent.
12:59 Dans "Les combattants", il y a cette actrice magnifique que vous avez mise en scène,
13:04 qui s'appelle Adèle Haenel.
13:05 Elle a décidé de mettre un terme à sa carrière d'actrice l'année dernière pour dénoncer, je la cite,
13:09 "la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels
13:12 et plus généralement la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère,
13:16 écocide, raciste du monde tel qu'il est".
13:18 Ce sont ces mots.
13:19 Comment vous les avez reçus, vous, qui l'avez fait tourner ?
13:21 Ce sont des mots violents, mais la situation qu'elle décrit est violente elle aussi.
13:26 Moi, la parole d'Adèle, je l'écoute déjà.
13:29 Et puis je l'entends, je la comprends, je la respecte.
13:32 On a après chacun ses façons de se positionner par rapport à ça.
13:40 Elle en a fait un geste politique.
13:41 Les thèmes qu'elle aborde, je crois qu'ils sont dans mon film,
13:44 la question du rapport à l'autre et du rapport à la planète dans laquelle on vit.
13:48 J'ai plutôt décidé d'en faire des histoires, mais je respecte son combat.
13:51 Vous avez l'impression que le cinéma est en train de changer ces dernières années ?
13:55 Oui, je crois que ça agite beaucoup la jeune génération.
13:58 Ce sont des questions qui sont devenues primordiales.
14:03 Que ce soit la question du respect de l'autre sur un plateau
14:06 ou même de la dimension écologique des tournages.
14:10 On se pose ces questions-là.
14:12 Donc les choses ont durablement changé à vos yeux ?
14:15 J'ai l'impression, oui.
14:16 Question de fin pour finir.
14:18 Vous répondez spontanément, sans trop réfléchir.
14:20 Ça s'appelle les impromptus.
14:21 C'est vrai que vous gardez tous vos tickets de cinéma depuis vos 16 ans
14:24 et que vous les triez dans des enveloppes année par année ?
14:27 Oui, c'est vrai, je fais ça.
14:29 Vous en avez combien ?
14:30 Je ne sais pas, je vais au cinéma 100 ou 200 fois par an.
14:33 Donc vous avez des milliers de tickets de cinéma à la maison ?
14:36 Maintenant, j'ai un carton avec des enveloppes.
14:39 C'est un syndrome de diogène, je pense, précoce.
14:41 L'apocalypse, ça vous fait peur ou ça vous excite ?
14:44 Ça m'excite, c'est l'idée de recommencer.
14:46 C'est le recommencement du monde.
14:48 Si vous deviez survivre sur une île déserte,
14:51 vous avez le droit de partir avec une seule chose, ce serait quoi ?
14:54 Qu'est-ce que ce serait ?
14:57 Mes enfants.
14:58 Ah oui, accessoirement.
15:01 J'avais dit une chose, mais si vous voulez, on peut considérer que c'est des choses.
15:04 Désolé de penser à l'essentiel.
15:06 Vous adorez les comédies et les humoristes.
15:08 Qui vous fait le plus rire ?
15:09 Votre humoriste préféré ?
15:11 Mon producteur.
15:13 Non mais il comprendra.
15:16 Elon Musk, il vous fascine ou il vous fait peur ?
15:19 Il me fait peur.
15:21 Philippe Kadic, c'est le plus grand auteur de science-fiction ?
15:24 Je ne sais pas, je ne suis pas spécialiste du genre.
15:27 Hitchcock ou Spielberg ?
15:29 Difficile, Hitchcock quand même.
15:31 Barbie ou Oppenheimer ?
15:33 Barbie.
15:34 Star Wars ou Avatar ?
15:36 Star Wars.
15:37 Les nuls ou les inconnus ?
15:38 Les nuls.
15:39 Adèle Hexagopoulos ou Adèle Haenel ?
15:41 Impossible de trancher.
15:43 De quoi vous avez peur ?
15:45 De la nostalgie.
15:50 Pourquoi ?
15:52 Parce que j'ai l'impression que c'est un sentiment un peu dangereux et faussé.
15:55 C'est quoi vos vices ?
15:57 Mes vices ? Je suis peut-être un peu obsessionnel.
16:03 Merci beaucoup Thomas Caillé.
16:07 Le film s'appelle Le Règne animal, les critiques sont dithyrambiques et c'est mérité.
16:11 Avec Romain Duris, Paul Kircher et Adèle Hexagopoulos.
16:16 Merci et belle journée à vous.
16:17 Merci, de la salamie.

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