À 9h20, le réalisateur Jonathan Millet est l'invité de Léa Salamé. Son premier long-métrage « Les Fantômes » sort en salle mercredi 3 juillet.
Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-27-juin-2024-7914680
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00:00Bonjour Jonathan Millet. Bonjour. Merci d'être avec nous ce matin. Vous signez un premier film, un film d'espionnage, virtuose, génial, vraiment un des films qui m'a le plus scotché cette saison.
00:10On va en parler, ça s'appelle « Les fantômes », ça sort mercredi prochain. Mais d'abord, si vous étiez un pays, un personnage historique et un livre, vous seriez qui, vous seriez quoi ?
00:21Alors un pays, je crois le pays qu'on n'atteint jamais, moi je crois plus à la quête qu'à l'accomplissement, je crois au voyage plus qu'à l'arrêt.
00:29Un personnage historique, j'aurais envie de parler aujourd'hui de Dolores Ibaburi, qui est une cheffe de file de la Révolution en Espagne, un personnage un peu clé de la guerre d'Espagne, la première cheffe de partie en Espagne, et cette femme qui a scandé pour la première fois, No Pasaran.
00:49Et si vous étiez un livre ?
00:52Je crois beaucoup en ce livre absolument formidable qui mêle le travail documentaire et la force de la plume, un livre de William Tyvelman qui s'appelle « Pourquoi êtes-vous pauvre ? » et qui en fait est une plongée dans les lieux de marge, hyper concret et hyper réfléchi à la fois.
01:09C'est un livre absolument formidable et qui touche un travail que j'essaye de faire aussi en cinéma.
01:15Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé 20 fois la forme de sa pensée et la forme de sa vie, écrivait Lamartine.
01:24Vous qui avez passé votre vie à voyager depuis que vous avez 18 ans, Jean-Nathan Millet, vous ne pouvez qu'être d'accord avec Lamartine.
01:31Oui c'est sûr, j'aurais du mal à dire le contraire évidemment.
01:34C'est vrai que moi à 18 ans, plutôt que d'apprendre comment on allume une caméra, j'ai eu envie de vivre et d'éprouver des choses.
01:44Mais d'où ça vient ? Parce que vous avez grandi en Haute-Savoie, à Chamonix, vous n'avez pas d'origine claire, vous êtes français on dirait de souche aujourd'hui.
01:55Et qu'est-ce qui vous pousse vers l'ailleurs à 18 ans, à partir seul au monde, à traverser plus de 50 pays ?
02:01J'ai vu de l'Amazonie au Bangladesh, au Soudan, à la Syrie, au Moyen-Orient.
02:06Qu'est-ce qui vous pousse vers ça à 18 ans, partir seul avec une caméra ?
02:10Au départ je crois juste un peu de curiosité et en fait un pays entraîne l'autre j'ai l'impression.
02:16J'avais envie déjà de vivre, de découvrir le monde et peut-être de me découvrir moi.
02:22J'avais envie d'entendre des récits, j'avais envie d'être surpris, j'avais envie d'être bousculé.
02:27Je crois que je suis parti sans bien savoir et que j'ai trouvé ce que je recherchais.
02:34Vous avez trouvé ?
02:35J'ai l'impression, c'est-à-dire que je suis effectivement parti avec une caméra et ça a été mon école de cinéma.
02:40Ça a été mon école de la vie d'une certaine manière mais ça a été mon école de cinéma.
02:44J'ai appris à faire des plans, j'ai réussi petit à petit à me faire embaucher pour faire des petits films, pour des ONG, à vendre des images et ainsi de suite.
02:51Et ça m'a amené à penser comment on filme, comment on raconte et ça m'a amené vers le documentaire.
02:57Et vous avez fait des documentaires, plusieurs documentaires remarqués.
03:01Vous avez fait des courts-métrages et vous signez donc ce premier long-métrage, Les fantômes, tendu, haletant, qui sort mercredi prochain, qui a été projeté à la Semaine de la Critique à Cannes cette année.
03:11Ça raconte une cellule secrète en Europe qui traque les criminels de guerre de Bachar el-Assad qui se sont réfugiés en Allemagne et ou en France.
03:19Comme à l'époque il y avait des chasseurs de nazis, sauf que là ils traquent les bourreaux du régime d'Assad.
03:24On suit Hamid qui était un professeur de littérature à Alep avant la guerre, qui a été torturé pendant deux ans dans une prison de Bachar el-Assad.
03:32Sa femme et sa fille ont été tués également dans un bombardement.
03:36Et il est en France, il est à Strasbourg et il recherche obsessionnellement son tortionnaire.
03:42Ces cellules secrètes, elles ont existé ? Elles existent toujours ?
03:46Oui c'est du présent, elles existent toujours, complètement.
03:49Moi j'ai commencé à en entendre parler par des réfugiés de guerre syriens.
03:52J'étais sur un autre projet, un projet documentaire et je commence à entendre des bribes de cette histoire incroyable.
03:58On parle des chasseurs de preuves en Syrie qui essayent de documenter ce qui se passe là-bas et de ces chasseurs de bourreaux.
04:06Et cette histoire me semble tellement incroyable, elle m'emporte immédiatement et je me mets à penser à un film.
04:12Et donc il s'agit de cellules secrètes mais de citoyens ordinaires, un chauffeur taxi, un avocat,
04:17qui vont chercher en Europe des criminels de guerre dont ils ne connaissent pas le visage.
04:21Alors c'est ça qui est fou, c'est que Hamid Kejoué, je vais citer votre acteur qui est incroyable d'intensité,
04:26qui s'appelle Adam Bessa, qui est un franco-tunisien, c'est ça ?
04:29Exactement.
04:30Qui a appris l'accent syrien incroyable.
04:33Il est obsédé par retrouver son tortionnaire, il ne pense plus qu'à se venger, il n'a plus de vie, plus d'envie, plus rien,
04:39plus que la quête de ce bourreau qui lui a pris sa vie alors qu'il était professeur de littérature.
04:43Il croit le reconnaître dans une université de Strasbourg, étudiant en chimie,
04:47sauf qu'il croit le reconnaître parce qu'il ne l'a jamais vu.
04:49Parce que pendant deux ans, pendant les deux ans où il était en prison,
04:52on lui mettait un sac sur la tête pendant les moments de torture.
04:55Donc ce qui est très fort dans ce film-là, c'est qu'on cherche un homme que personne n'a jamais vu.
05:00Il y a des témoignages audios de ce qu'il a fait, les câbles électriques, la torture, l'acide, etc.
05:06qu'il a fait subir aux prisonniers, mais personne ne l'a jamais vu parce qu'il y avait ces sacs sur la tête.
05:11Exactement, et ça, ça vient de la réalité.
05:13C'est-à-dire que c'est vraiment une traque, un film d'espionnage,
05:17mais comme ils n'ont jamais vu son visage, ça devient une traque sensorielle.
05:21On parle de sa voix, de ce qu'on le reconnaît, de son odeur, de sa démarche.
05:27Il y a quelque chose où on se demande si on projette son bourreau sur le premier venu.
05:33C'est une quête presque abstraite à un moment donné.
05:36Filmer cet invisible-là, c'était une vraie envie de cinéma aussi.
05:39Et c'est ça qui est très fort dans le film, c'est qu'on ne voit rien.
05:42On imagine, on entend, mais on ne voit rien.
05:45Et lui ne sait pas, comme vous dites, c'est un film sensoriel.
05:48C'est vraiment là où je trouve que vous tenez votre tension et qu'on est bloqué.
05:52C'est-à-dire qu'il va le poursuivre dans l'université de Strasbourg, cet étudiant,
05:56qu'il pense être le bourreau, et il va essayer de le confronter uniquement.
06:01Il a une petite photo, floue, où on ne voit quasiment pas grand-chose.
06:05Ce n'est pas clair.
06:07Et il y a, comme vous dites, l'odeur.
06:09Il se souvient de l'odeur de sa transpiration, du bruit de ses pas, de sa voix.
06:13Et il va essayer de se rapprocher.
06:15Il y a un instinct en lui qui lui fait dire « c'est lui, c'est lui ».
06:18Et d'ailleurs, dans cette cellule, les autres lui disent « mais tu perds ton temps, c'est pas lui, on ne sait pas ».
06:22Et on saura à la fin si c'est vraiment lui ou pas lui.
06:25Je ne vais pas spoiler.
06:28Mais c'est vrai que c'est cette manière que vous avez de faire vivre la panique morale,
06:34la panique psychologique de cet homme qui est persuadé qu'il ne le lâche pas,
06:39qu'on est sur une chasse à l'homme.
06:41Là, c'est très fort, sans rien voir.
06:45Oui, c'est ça. J'ai essayé de penser le film comme une expérience
06:48où on plonge le spectateur au cœur des pensées et du doute de notre chasseur,
06:54si on est dans une chasse à l'homme.
06:56Et donc, on est avec lui et on partage ses interrogations,
07:00on partage son grand 8 intérieur, on partage tout ce qui va mener cette quête.
07:04Ces cellules ont été médiatisées en 2019, on a appris qu'elles existaient
07:09au moment de la traque de celui qu'on a appelé le chimiste, justement,
07:12parce que c'est vraiment une histoire vraie, votre fiction.
07:15Enfin, il y a beaucoup d'aspects qui ne sont pas exactement ce qui s'est passé.
07:19Mais enfin, en 2019, un jeune étudiant syrien à Göttingen, en Allemagne,
07:24a été arrêté par une de ses cellules secrètes.
07:27Et il était inscrit à l'université en chimie, comme le vôtre,
07:31et il a été déféré vers la justice internationale.
07:34Une des questions que pose le film aussi, et qui déchire les membres de cette cellule,
07:39c'est une fois qu'on l'a repérée ou qu'on les a repérées,
07:42est-ce qu'on les tue ou est-ce qu'on les défère vers la justice internationale ?
07:45C'est une question qui est obsédée aussi, le chasseur de nazis,
07:48à l'époque après la Seconde Guerre mondiale.
07:50Exactement, et moi j'avais envie que le film pose la question à la grande échelle,
07:54à l'échelle de l'histoire et à l'échelle de notre personnage,
07:57et à l'échelle de ses ressentis.
07:58Et que nous, en tant que spectateurs, on puisse mêler notre raison et notre distance,
08:02mais aussi qu'on soit tellement plongé dans notre personnage,
08:04qu'on soit avec lui et dans ses ressentis,
08:06et qu'on comprenne que les choses sont plus complexes qu'il n'y paraît.
08:09Les membres de cette cellule secrète communiquent sur un forum de jeux vidéo
08:12pour ne pas être repérés, un jeu vidéo qui ressemble à Call of Duty.
08:16On les voit, ils ont rendez-vous tous les quelques temps pour se parler,
08:19parce qu'ils sont dans plusieurs pays, en France, en Allemagne, ailleurs.
08:22Et vous dites qu'ils choisissent ces forums parce que c'est le seul endroit en ligne
08:25où on peut répéter 15 fois les mots « bombe », « attaque », « mort », « tué »
08:28sans être repéré par les algorithmes.
08:30Exactement. En fait, encore une fois, je m'inspire de la réalité.
08:33Enfin, j'ai vu dans les récits qu'on m'a racontés
08:36des choses qui me paraissaient des idées de cinéma incroyables et qui étaient là et réelles.
08:40Et donc c'est un jeu de guerre.
08:42Il joue au milieu des décombres d'une ville du Moyen-Orient détruite.
08:46Il y a là une ironie extrêmement cruelle à être confronté sans cesse à son pays détruit
08:51à travers les pixels de ce jeu de guerre.
08:54C'est aussi un film sur les traumatismes, sur comment on dépasse le traumatisme.
08:58Hamid, on le voit, tout le film, est un personnage qui n'arrive plus à vivre.
09:02Il a été quelque chose et il n'est plus.
09:05Il a été professeur de littérature, il a aimé une femme, il a été père
09:08et on lui a volé sa vie et il n'est plus rien.
09:12Le seul moment où il a de l'émotion, c'est quand il parle et fait des zooms avec sa mère
09:18qui est dans un camp réfugié au Liban.
09:22Et c'est là où sa mère lui dit, mais est-ce que tu vois des gens ?
09:25Est-ce que tu te reconstruis mon fils ? Et il lui ment.
09:28Il met même une chemise et une veste pour lui faire croire qu'il a une vie
09:31alors qu'en fait il n'est obsédé que par une seule chose, traquer ce bourreau.
09:35Oui, c'est ça. J'ai pensé le film comme un film d'espionnage.
09:38Et dans un film d'espionnage, on passe son temps à mentir.
09:41Mais parfois on ment pour des bonnes raisons, on ment pour rassurer sa mère
09:44ou on ment pour être sous couverture et pour ne pas être révélé.
09:48Et l'ironie de cette rencontre entre tous ces mensonges
09:51me semblait pouvoir faire un personnage fort
09:55qui effectivement fait un trajet de deuil et de retour vers la vie.
09:58Vous disiez à Cine Europe, ça m'intéressait de raconter à quel point
10:01ils portent en eux quelque chose de lourd dont ils ne se délestent jamais, le trauma.
10:06Et comment il est possible à un moment de se dire
10:08malgré tout ce que j'ai vécu, malgré les tortures, malgré tout,
10:11eh bien je vais revivre. Parce que ce film raconte ça également.
10:14Il y a une lumière.
10:17Complètement. C'est-à-dire que le film, c'est une traque, c'est un thriller
10:22parce que le personnage vit de manière absolument intense tout ce à quoi il est confronté
10:26parce que c'est ancré en lui, c'est ancré dans son corps
10:29et ça raconte que quand on quitte son pays sans l'avoir choisi,
10:32quand on est en exil, on porte en soi, dans son corps et dans son esprit,
10:36tous ces traumas d'avant.
10:38C'est aussi un film sur l'exil.
10:40C'est aussi un film sur l'exil, d'ailleurs l'exil c'est quelque chose,
10:43et c'est là où je reviens à votre enfance, à vous, le petit garçon de Chamonix,
10:47beaucoup de vos films s'intéressent à l'exil.
10:52J'avais interviewé une fois Elias Sambar, le poète historien palestinien, à ce micro
10:57qui disait que l'exil ce n'est pas forcément une mauvaise chose.
11:00On peut sortir par le haut de l'exil. Qu'est-ce que vous en pensez vous ?
11:04On peut en guérir de l'exil ?
11:06En tout cas, ce que le film raconte, parce qu'on parlait d'une lumière tout à l'heure,
11:10c'est effectivement qu'à un moment donné, il va choisir de faire son deuil
11:13et de prendre parti, d'essayer de revivre.
11:15Et je crois à ça.
11:16Mais là, dans le fond, plus que l'exil, ce sont des personnes déracinées dont on parle.
11:21C'est-à-dire qui ont été à un moment coupées dans leur trajectoire de vie.
11:24Et ce que j'essaie de raconter, c'est comment en se confrontant au mal,
11:28en se confrontant vraiment de façon aussi intense que possible à son problème,
11:34il va pouvoir faire à un moment le choix de revenir vers la lumière.
11:38Jonathan Millier, votre film est aussi un hommage aux 500 000 civils tués
11:41pendant la guerre de Bachar al-Assad en Syrie.
11:43Ce pays que vous connaissez bien.
11:45Ces 500 000 victimes qu'on a oubliées aujourd'hui.
11:47Pourtant, ce n'était pas si longtemps, c'était il y a quelques années.
11:50La guerre civile a commencé en 2011.
11:53Elle a duré 7 ans, 8 ans.
11:55Certains disent qu'elle dure encore de manière cachée.
11:58Vous les ressuscitez avec ce film.
12:00Vous leur donnez un mausolée, une place.
12:03Et j'avais envie qu'on écoute, je me souviens, c'était en 2021,
12:07un chirurgien syrien qui est réfugié en France qui avait été torturé dans une de ses prisons.
12:10Il s'appelle Hissam Saad.
12:12Il était invité du 13-14 d'Inter.
12:14Et j'aimerais juste qu'on écoute ce qui se passait dans ces prisons de Bachar al-Assad en Syrie
12:19il y a encore quelques années.
12:21Ils nous ont mis par terre.
12:23Ils portent tout genre de matériel, des outils pour torturer les gens.
12:29Tout ce que vous pouvez imaginer.
12:33Soit en ferraille, soit en plastique, soit des câbles électriques.
12:40Déjà, ils nous ont fouettés sur le dos.
12:42Et à la fin, ils m'ont écrasé le dos.
12:45Là, je rentre dans le coma.
12:47Deux semaines.
12:51Quand je me réveille un jour, j'ai maigri beaucoup.
12:55J'ai perdu 50 kg à force de venir.
12:58Parce que là, on ne mangeait plus.
13:00Un dé de soupe et un morceau de pain.
13:03Matin et soir.
13:05On fondait comme la neige.
13:07Et on demandait la mort.
13:09Moi, je frappais sur les murs.
13:11Je demandais de me tuer, de m'exécuter.
13:13Ils refusaient.
13:15Voilà, j'avais envie d'entendre ces mots de ce réfugié syrien qui était chirurgien.
13:20Comme votre professeur de littérature.
13:22Je ne sais pas s'il va traquer ses bourreaux depuis.
13:25Mais vous avez aussi voulu faire ce film pour qu'on ne les oublie pas.
13:29Oui, bien sûr.
13:30Et pour raconter qu'effectivement, Bachar el-Assad est toujours au pouvoir.
13:33Que le tribunal pénal international n'a jamais pris parti.
13:37Parce qu'il y a toujours eu un veto de la Russie.
13:40Et donc de raconter que c'est une histoire contemporaine.
13:42Mais qui a lieu maintenant et aujourd'hui.
13:44Vos documentaires sont des immersions dans le temps long.
13:47Dernière nouvelle des étoiles racontait la vie des scientifiques solitaires en Antarctique.
13:51La disparition suivait les rituels d'un amérindien dernier de sa tribu en Amazonie.
13:55Qu'est-ce que vous allez chercher avec tous ces films loin de France ?
14:00Toutes ces tribus, tous ces gens solitaires.
14:02Nicolas Bouvier, c'est quoi l'idée ?
14:07Je pense qu'il y a deux axes.
14:10J'ai l'impression que c'est d'abord un plaisir de spectateur.
14:12J'aime être immergé dans d'autres mondes, d'autres temporalités, d'autres manières de vivre les choses.
14:16C'est ça que je cherche au cinéma.
14:18Et donc je creuse pour trouver ces films-là.
14:21Et j'ai l'impression que c'est ce que je me suis forgé.
14:24On parlait de curiosité vers l'ailleurs, vers la différence tout à l'heure.
14:28Et j'ai l'impression que je creuse toujours ça.
14:31Et qu'effectivement je vais en Amazonie pour chercher cet homme qui vit tout seul au milieu de la jungle.
14:35Parce que ça m'interroge, parce que je n'ai pas de réponse dessus.
14:37Et faire un documentaire c'est aussi se questionner.
14:39Et pouvoir à un moment partager un instant de vie.
14:43Et essayer de le retranscrire au mieux.
14:45Les Impromptus, pour terminer, vous répondez rapidement.
14:48Vous avez fait des études de philosophie.
14:50Alors, Platon ou Aristote ?
14:51Aristote.
14:52Spielberg ou Michael Mann ?
14:53Michael Mann.
14:54Conversation secrète ou la vie des autres ?
14:58Vraiment, les deux sont des films incroyables.
15:00Qui m'ont influencé.
15:01En tout cas, la vie des autres, on y pense en regardant votre film.
15:04On pense aussi à Munich de Spielberg.
15:06Il y a tout ça en référence.
15:08Le documentaire ou la fiction alors ?
15:10C'est des questions difficiles que vous me posez là.
15:13La fiction me plaît beaucoup.
15:15Pour raconter le réel, justement.
15:17Les Alpes ou la Bretagne ?
15:18Parce que vous avez grandi à Chamonix, mais votre père était à Saint-Malo.
15:21Je vais vraiment me faire beaucoup d'ennemis dans cette émission.
15:24Les Alpes bretonnes.
15:27Vous votez ?
15:28Oui, bien sûr, évidemment.
15:30Je fais une pause de discussion autour de mon film pour venir voter.
15:35Un jour, vous ferez un film sur la France.
15:36Il y a matière en ce moment, non ?
15:38Il y a tout à fait matière.
15:39Après, j'ai l'impression qu'il y a des résonances dans chacun de mes films.
15:42Et que je n'ai pas un tropisme pour l'ailleurs.
15:44C'est simplement une façon de parler de moi et du monde qui m'entoure aussi.
15:48Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
15:50L'égalité.
15:51Et Dieu dans tout ça ?
15:54Il ne fait pas encore partie de mes grands questionnements, je vous l'avoue.
15:58Jonathan Millet, le film s'appelle Les fantômes.
16:00Ça sort mercredi prochain au cinéma.
16:02Je pense que j'ai dit combien j'avais aimé ce film.
16:05Combien la tension, combien il est haletant.
16:08C'est un film d'espionnage incroyable que vous avez fait.
16:10Bravo et merci.
16:12Merci beaucoup.
16:13Et c'est un film inter !