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L'acteur et réalisateur Reda Kated est l'invité de Léa Salamé. Son premier long-métrage “Sur un fil” sort en salle le 30 octobre.

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Transcription
00:00Et Léa, ce matin, vous recevez un acteur et réalisateur.
00:04Bonjour Réda Kateb.
00:05Bonjour.
00:06Merci d'être avec nous ce matin.
00:07Si vous étiez un acteur autre que vous, un livre et un paysage, vous seriez qui ?
00:13Vous seriez quoi ?
00:14Un acteur, je serais Daniel Day-Lewis.
00:17Pourquoi ?
00:18C'est un acteur que j'admire énormément, qui peut tout jouer.
00:24Quand un film sort avec lui, on ne sait jamais à quoi s'attendre, mais c'est toujours
00:29extrêmement fort.
00:30Et puis c'est un acteur qui existe derrière ses personnages, qui n'est pas une célébrité
00:34d'acteur, mais plutôt un artiste qui raconte des histoires.
00:37Un livre ?
00:38Un livre, je dirais « Les lettres à un jeune poète » de Rainer Maria Wilke.
00:44Pourquoi ?
00:45Parce que pour moi, c'est vraiment un livre d'initiation, un livre d'éveil artistique.
00:51Au-delà finalement de l'adresse et des capacités à faire quelque chose ou à rencontrer
00:57un public, c'est une manière d'être au monde et de sentir les choses.
01:01Et enfin, un paysage ?
01:03Un paysage, ce serait les Cinque Terre en Italie, un lieu que j'aime beaucoup et dans
01:09lequel j'aime me retrouver.
01:10Rien n'est sérieux en ce bas-monde que le rire, écrivait Flaubert, êtes-vous d'accord
01:17avec lui ?
01:18Je suis d'accord avec Flaubert.
01:20C'est bon, merci, au revoir.
01:24Je trouve que oui, le rire est évidemment ce qu'il nous reste d'élégance pour regarder
01:30le monde et ne pas être, je dirais, assommé par sa brutalité parfois, mais au contraire,
01:38y répondre avec vitalité.
01:40Et le rire est souvent assez proche des larmes finalement.
01:44Le clown porte en lui-même une forme de mélancolie, mais en tout cas, c'est une manière directe
01:52de répondre au monde en étant vivant.
01:55Je vous parle de ça évidemment parce qu'il y a du rire.
01:58Il y a du rire dans votre film.
02:01Votre premier film, c'est vrai que ce matin, ce n'est pas l'acteur talentueux et singulier
02:05qu'on reçoit, c'est le réalisateur.
02:06C'est votre premier long métrage sur un fil qui sort dans dix jours et qui raconte l'histoire
02:11des clowns dans les hôpitaux, le fameux rire médecin qui fait des miracles chez les enfants
02:15malades.
02:16On va en parler, mais d'abord, comment on se sent quand on sort son premier film comme
02:20réalisateur ?
02:21Est-ce qu'il y a plus de pression que si vous faisiez juste l'acteur dans un film ?
02:27Peut-être un petit peu, parce qu'il y a le sens de la responsabilité, parce que des
02:30gens ont cru dans mon film et m'ont permis de réaliser ce rêve.
02:35Je me sens du coup très responsable pour eux, mais j'ai peu le temps de la pression et
02:39beaucoup le temps de la joie en ce moment.
02:42On vient de finir une très grande tournée dans toute la France, dans les salles.
02:46Moi, avant d'être acteur, il y a très longtemps, j'ai été caissier, ouvreur et projectionniste
02:50dans un cinéma.
02:51Et en tant qu'acteur, on est souvent éloigné de la salle.
02:54On raconte des histoires, mais parfois, on vient présenter le film à un public, alors
03:00que là, j'ai vraiment l'impression de retrouver cette magie de la salle de cinéma.
03:04Ce moment où on vient ensemble dans ce lieu qui dépasse toutes les idéologies, les religions
03:10et où finalement, on vient se retrouver et c'est un vrai lieu de lien qui nous reste
03:14la salle.
03:15Et vous avez gagné d'ailleurs un prix hier.
03:17Oui, on a eu le prix du public au festival de la Roche-sur-Yon hier.
03:20Et ça vous a fait plaisir ?
03:22C'est pour moi le plus beau des prix.
03:24Le prix du public, c'est plus important que la reconnaissance des paires.
03:28La reconnaissance des paires est importante, mais c'est le plus beau des prix.
03:32C'est un sujet qui vous travaille depuis longtemps, l'histoire des clowns.
03:35Déjà en 2015, il y a près de 10 ans, vous réalisiez un premier court-métrage, Pitchound,
03:40sur deux frères clowns.
03:41Qu'est-ce qui vous touche tant dans la figure du clown Chaplin, Buster Keaton, Fellini ?
03:47Il y a des références d'ailleurs à l'Astrada.
03:49Qu'est-ce qui vous touche tant dans cette figure-là du clown ?
03:53Beaucoup de choses et sans doute des choses même que je ne sais pas.
03:57Mais j'ai retrouvé une photo de moi à 8 ans dans le service hospitalier où travaillait
04:04ma mère qui était infirmière.
04:06J'étais déguisé en clown avec un nez rouge pour l'arbre de Noël où j'avais chanté
04:11une chanson.
04:12Donc ça vient de très loin.
04:14C'est marrant parce que c'est la réunion des deux mondes de votre enfance puisqu'il
04:19y a l'univers hospitalier de votre mère qui était infirmière et votre père qui
04:23était un grand acteur.
04:25Le clown rassemble les deux.
04:31C'est-à-dire que le clown qui travaille à l'hôpital, c'est à la fois la comédie,
04:37donc jouer un rôle acteur, et c'est à la fois dans un univers très particulier qui
04:42est celui des soignants, des malades et des parents.
04:45Oui, et du coup la source elle est dans l'enfance et c'est un film pour moi où il est beaucoup
04:54question de l'enfance justement, de poser finalement la caméra aussi à hauteur d'enfant.
05:00Et c'est un cinéma que j'adore, qui m'a toujours fait rêver aussi, le cinéma qui
05:06explore et qui raconte des histoires dans le monde de l'enfance.
05:10Je pense au film de François Truffaut, à un certain cinéma de Steven Spielberg.
05:14J'ai l'impression que le cinéma a un peu délaissé l'enfance ces dernières années
05:19et j'avais très très envie justement d'aller dans ce sens-là et d'aller dans ce point
05:25de vue-là.
05:26C'est l'histoire d'une acrobate très douée, incarnée, et elle est exceptionnelle
05:29dans le film, par Aloïs Sauvage, qui à la suite d'une chute se retrouve blessée et
05:34doit faire plusieurs mois de convalescence, alors du coup pour gagner sa vie et un peu
05:37faute de mieux.
05:38Elle n'est pas franchement contente de le faire au début.
05:41Elle est rencardée par un copain qui lui dit « tiens, viens faire clown dans les hôpitaux ».
05:45Elle dit « ok ». Elle ne sait pas que cette expérience va être pour elle un parcours
05:49initiatique qui va changer sa vie.
05:53C'est vraiment ça le pitch.
05:55C'est vraiment ça le pitch et c'est vraiment une histoire qu'on a écrite pour Aloïs
05:59Sauvage, il y a cinq ans maintenant, qui a accepté de jouer dans ce film alors qu'on
06:04n'avait même pas de scénario.
06:07Cette histoire, c'est vraiment celle d'une jeune artiste pleine de talents, une force
06:11de la nature qu'on présente au début du film, qui va tomber d'une forme de bulle
06:17un petit peu étanche aux autres et en hauteur de laquelle elle est, et qui finalement dans
06:23la chute va rebondir et va découvrir derrière ce qu'elle pensait être un trésor, un
06:28trésor encore plus grand, plus petit peut-être, plus précieux, dans le dernier endroit qu'on
06:33pourrait peut-être imaginer qu'il y ait un hôpital avec ses clowns et elle va découvrir
06:38la puissance et la richesse des liens, notamment dans la rencontre avec un petit garçon.
06:42Avec un petit garçon, elle va atteindre le sémi et elle va se sentir soudainement utile
06:46parce que c'est vrai et c'est ce que montre vraiment le film, c'est combien ces clowns
06:52dans les hôpitaux ont un vrai effet thérapeutique sur les enfants, c'est-à-dire que ce n'est
06:57pas juste du rire, c'est prouvé scientifiquement, ce que dit un médecin dans le film, que les
07:03traitements adhèrent mieux, que les enfants sont moins stressés, sont plus heureux et
07:08que du coup les traitements très durs, ça marche mieux quand il y a le clown et on le
07:12voit à travers la relation entre ce clown, Aloïse, et ce petit enfant qui va mieux quand
07:17elle est là tout simplement.
07:18Absolument et aujourd'hui il y a une littérature médicale dans la recherche qui vraiment avec
07:26des statistiques, avec des données très concrètes, montre l'impact effectif de ce
07:31genre d'intervention dans les traitements et dans la réaction des enfants à ces traitements.
07:38Et c'est vrai que c'est d'ailleurs un véritable neurologue qui dit cette phrase dans le film,
07:45qui s'appelle Jean-François Scherman et qui m'a fait l'amitié de venir jouer dans ce
07:49film.
07:50Oui, parce qu'il y a aussi des acteurs qui sont des vrais médecins.
07:54Toutes les infirmières sont des vraies infirmières, tous les êtres soignants sont des vrais êtres
07:58soignants.
07:59Et oui, je voulais vraiment faire ce film au tout départ pour vraiment rendre hommage
08:06à ces gens.
08:07Ça a été la découverte de ce métier que je ne connaissais pas.
08:10Pour moi au début les clowns c'était des bénévoles à l'hôpital.
08:13J'ai découvert un métier, j'ai découvert une méthodologie, j'ai découvert des gens
08:17qui sont extrêmement exigeants et au carrefour entre une forme artistique et le soin.
08:22Et j'ai voulu poser la lumière sur ces gens-là.
08:26En fait, tout est parti du livre que vous avez lu, le journal du Docteur Giraffe qui
08:30est signé de Caroline Simon, c'est la fondatrice il y a 30 ans de l'association Le Rire Médecin.
08:34Elle y raconte son métier de clown d'hôpital parce que ce n'est pas un bénévolat, c'est
08:38un métier avec des règles.
08:39Et vous dites avoir été bouleversé à chaque page de ce livre à tel point que vous deviez
08:43faire des pauses toutes les deux pages tellement les images étaient puissantes.
08:46Oui, et pourtant le livre n'est pas du tout dans le lyrisme ou le pathos.
08:53C'est écrit très simplement comme un journal de vie d'une clown à l'hôpital.
08:57Mais j'avoue que de chaque page, pour moi, sautaient des images et des émotions qui
09:02étaient tout aussi solaires, tendres, joyeuses, drôles que dures, mais sans jamais aucune
09:08morbidité ou aucun pathos.
09:10C'est ce qui est le cas de votre film d'ailleurs, parce qu'on pourrait se dire, oh là là,
09:13plonger dans un hôpital d'enfants malades avec des clowns, ça va être morbide ou ça
09:18va être dur. Pas du tout.
09:19En fait, il y a une vraie légèreté qui sort de votre film, comme les ailes de ce clown
09:26qu'elle a sur le dos, ses ailes.
09:28Oui, merci.
09:30En tout cas, j'avais envie d'être dans la justesse et dans la justesse de ce que j'ai
09:36pu voir, observer, lorsque je suis allé avec les clowns dans les hôpitaux pour faire un
09:41travail d'enquête qui a duré à peu près six mois et où je me suis aperçu que la
09:45vitalité était toujours là et que, mais pas seulement chez les clowns d'ailleurs,
09:49je dirais chez les soignants, chez les familles aussi d'enfants malades, les gens vivent
09:55des épreuves et en même temps, en sont révélés encore plus dans leur vérité en
10:01tant qu'être humain.
10:02J'aimerais qu'on écoute des soignants, des médecins, des parents d'enfants malades
10:06sur le rire médecin.
10:07Écoutez des extraits.
10:08Les clowns apportent un petit sourire quand les enfants ne vont pas bien.
10:12Quand je la vois sourire, ça me réconforte.
10:15C'est sûr que c'est une journée pas très rigolote pour elle.
10:18L'année rouge, c'est quelque chose qui lui plaît et du coup, c'est très sympa.
10:21Le plus grand moment de clowner par an, c'était il y a très longtemps où une petite fille
10:27est venue me voir et elle m'a dit « Fais rire mon papa aussi ! »
10:30« Fais rire mon papa aussi », ça, c'est Caroline Simon, c'est la fondatrice qu'on
10:35entend à la fin.
10:36« Fais rire mon papa aussi », il y a une très belle histoire avec le papa de ce petit
10:41garçon atteint de leucémie et vous filmez aussi très bien le désarroi du père face
10:48à la maladie.
10:49Et comment au début, il voit cette clown arriver, il n'est pas franchement très content
10:53et comment elle va réussir à le faire rire aussi ?
10:55Oui, et ce père qui finalement se livre tout entier dans ce combat pour aider son fils
11:02et pour être avec lui, qui vit dans la chambre de son fils, qui a son bureau à côté du
11:06lit de son fils, va réaliser finalement que le service de l'hôpital, comme le dit le
11:11médecin, c'est comme une équipe de rugby.
11:13Il y a les infirmières, les médecins, il y a aussi les clowns et que l'enfant va sentir
11:17si tout le monde avance dans le même sens et que c'est ça qui va l'aider.
11:21Donc oui, tout d'un coup, il se rend compte de cette chose-là.
11:26Vous n'avez pas hésité à jouer le rôle du père ? Parce que vous n'apparaissez pas
11:30dans le film, vous n'avez pas voulu.
11:32Non, je voulais, mais je pense finalement ne m'être jamais autant dévoilé qu'avec
11:38ce film.
11:39Oui, c'est ça, c'est ce que vous dites.
11:40En quoi vous vous êtes dévoilé avec ce film ?
11:43Je pense qu'au-delà de ce qui est dit, au-delà des mots du film, au-delà des choses
11:49même qu'on pourrait dire, je me suis projeté dans chaque personnage, à la fois dans cet
11:55acrobat, dans ces clowns, dans ces soignants, dans ce père.
11:59Et c'est vrai que ce père, c'est un personnage dans lequel je me suis beaucoup projeté,
12:03étant papa moi-même aussi.
12:04Et heureusement que je ne l'ai pas joué, parce que ça aurait été très difficile
12:11de convoquer ces émotions très fortes et en même temps d'être aussi disponible
12:15pour les autres acteurs et pour l'équipe.
12:17Et heureusement que c'est monsieur Samir Ghesmi qui a accepté de jouer ce rôle, qui
12:22est un acteur extrêmement fin, extrêmement talentueux et qui fait passer tellement de
12:28choses par les détails, par les regards et les gestes.
12:30Reda Kateb, vous êtes l'un des acteurs incontournables de votre génération.
12:34Vous avez obtenu en 2015 le César du meilleur acteur dans un second rôle dans le film Hippocrate.
12:38Vous avez joué dans Un prophète, Django, Le chant du loup, hors norme des séries aussi
12:43comme en thérapie.
12:44Mais vous racontez qu'au début, au début quand vous avez commencé ce métier, d'abord
12:48votre père vous a déconseillé de le faire et ensuite au début, avant 30 ans, votre
12:53carrière démarre vraiment à 30 ans, vous avez galéré, vous avez même failli arrêter.
12:57Oui c'est vrai, alors mon père, il était inquiet de me voir embrasser ce chemin-là.
13:03En même temps, il m'avait mis sur scène quand j'avais 8 ans.
13:07Il est contradictoire.
13:09Il m'avait donné le goût aussi de ça et le goût de ça pour moi, c'était beaucoup
13:13les coulisses, les tournées, toute la vie de saltimbanque qu'il y avait autour de ce
13:19métier-là.
13:20Et puis oui, après j'ai été testé finalement, j'ai été testé dans mon endurance, dans
13:25mon désir de faire ça et plus qu'une galère, j'ai beaucoup appris, je me suis frotté
13:31à la vie, j'ai fait plein de petits boulots, c'était un peu mon conservatoire à moi et
13:35je ne regrette pas du tout et je continue, j'espère, d'apprendre encore.
13:38Vous avez d'ailleurs été clown pour anniversaire, et d'ailleurs je voudrais leur rendre hommage
13:43parce que franchement, c'est dur de garder l'attention de 20 mômes.
13:48Je sens que vous avez déjà eu un clown chez vous.
13:51Absolument, je voudrais les remercier.
13:54Vous disiez dans une interview à 47 ans « j'ai beaucoup plus de distance et je ne porte plus
13:59la culpabilité du transfuge de classe ». Je crois qu'on peut être un saltimbanque en
14:04costard au César, comme dans son quartier, à la maison, à Montreuil… Vous avez eu
14:10la culpabilité du transfuge de classe ? Je pense que toute personne qui évolue dans
14:16un milieu et dans une classe sociale et qui, à un moment, se retrouve reconnue et a la
14:23possibilité de vivre ce que beaucoup d'autres personnes ne peuvent pas vivre, porte une
14:29forme de culpabilité.
14:30En tout cas, c'est ce que je constate en en parlant avec beaucoup d'amis qui sont
14:35aussi dans mon cas.
14:36Et aujourd'hui, ce n'est plus le cas ? Non, non, aujourd'hui, ce n'est pas du
14:38tout le cas.
14:39Et même cette notion de transfuge de classe, je crois que je m'attache beaucoup moins
14:42aux statuts et à ces choses-là et que je prends beaucoup plus les choses comme elles
14:47viennent.
14:48Vous menez aussi une carrière internationale, vous avez joué dans « Zero Dark Thirty »
14:51de Catherine Bigelow, vous avez joué dans le film de Ryan Gosling, « Lost River ».
14:54Vous aimez ça, ça vous change aussi du cinéma français ?
14:58J'adore voyager et je trouve que, du coup, être acteur ou faire du cinéma, c'est
15:04un passeport extraordinaire pour ça.
15:05Donc, j'adore aussi voyager dans mon métier et la richesse de ces voyages-là.
15:12Quand on joue un rôle, j'ai tourné un film au Danemark et en Suède il y a un an.
15:17Donc, ce n'est pas l'Amérique, c'est encore un autre endroit.
15:19C'est qu'on ne voyage pas comme un touriste, on travaille avec les gens et on fait quelque
15:25chose.
15:26Et c'est des occasions extraordinaires.
15:27Jouer dans d'autres langues aussi, c'est très enrichissant, très stimulant.
15:31Vous dénoncez un cinéma français qui, parfois, exclut.
15:34Vous dites qu'il existe un cinéma codifié dans lequel se retrouvent certaines personnes
15:38et pas d'autres.
15:39C'est excluant.
15:40S'adresser au plus grand nombre et ne pas prendre les gens pour des cons, c'est ça
15:43que j'aime.
15:44C'est quel cinéma qui exclut ?
15:46C'est le cinéma un peu snob, un peu un télo ?
15:49Oui, mais je n'aurai pas de nom à vous donner.
15:53C'est une certaine posture, même lorsqu'on rentre dans une salle de cinéma.
15:58Je vous parlais justement de ces spectateurs dont j'ai encore dans la tête le regard
16:02à la sortie des projections, les réactions dans toute la France.
16:04Et je trouve que c'est vraiment dommage de venir dans une salle de cinéma en examinateur
16:10ou en juge, en fonction de ses propres codes et ses propres goûts, qui peuvent être très
16:16variés et très divers d'ailleurs.
16:18Je trouve que la possibilité du cinéma, qui nous donne à voir, c'est d'aller voir
16:23autre chose que ce qu'on aime déjà et qu'on connaît.
16:26Les impromptus pour terminer, vous répondez rapidement sans trop réfléchir.
16:29Charlie Chaplin ou Buster Keaton ?
16:30Charlie Chaplin.
16:31Ça change quoi un César ?
16:33Beaucoup de choses.
16:34Robert De Niro ou Al Pacino ?
16:37Al Pacino.
16:38Benoît Magimel ou Ryan Gosling ?
16:40Benoît Magimel.
16:41C'est votre meilleur pote non ?
16:42C'est mon pote.
16:43Toledano ou Nakash ?
16:45Nakash Toledano.
16:48Qu'est-ce qui vous indigne ?
16:51Beaucoup de choses.
16:56Le cynisme.
16:58Vous votez ?
16:59Oui.
17:00Montreuil ou Paris ?
17:01Montreuil.
17:02La dernière fois que vous avez pleuré ?
17:04Hier.
17:05Hier quand vous avez reçu le prix ?
17:06Non, lorsque j'ai écouté une musique.
17:12Liberté.
17:13Quelle musique ?
17:15Une musique de Myriam Tsegui.
17:18Une musique éthiopienne.
17:20Une femme qui raconte l'exil seul au piano avec sa voix.
17:24C'est vrai que vous pourriez revoir infiniment et indéfiniment les films de Jean Guébert ?
17:29Certains films.
17:30En tout cas, il y en a certains que je me revois très régulièrement.
17:33Est-ce que c'est vrai que vous portez tous les jours un collier d'un chewing-gum de Nina Simone ?
17:38Oui, tous les jours et toutes les nuits j'ai un pendentif avec un chewing-gum de Nina Simone.
17:42Montrez-moi.
17:43Montrez-moi.
17:44Je vais voir le pendentif.
17:47À l'intérieur, il y a le chewing-gum ?
17:49Non, c'est une reproduction en argent d'un chewing-gum qui a été ramassé un jour sur un piano.
17:55Vous pourrez lire un livre dessus.
17:58Le chewing-gum de Nina Simone écrit par Warren Ellis, qui est un grand musicien.
18:02Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
18:04Fraternité.
18:05Et je pense même que dans le mot fraternité, il y a égalité et liberté.
18:12Le film s'appelle Sur un Fil, c'est le premier film de Reda Kateb avec Aloïs Sauvage notamment, mais aussi Philippe Rebaud.
18:19Ça sort le 30 octobre, donc dans dix jours.
18:22Merci d'avoir été avec nous Reda Kateb et très belle journée à vous.
18:27Merci de m'avoir reçu.
18:28Merci.

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