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L'actrice Pascale Arbillot est l'invitée de Léa Salamé. Elle est à l'affiche de la pièce "L'interruption", actuellement au Théâtre Antoine à Paris. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-25-septembre-2023-9538812

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00:00 - Bonjour, Léa, ce matin vous recevez une actrice ! - Bonjour, Pascal Arbillot !
00:03 - Bonjour ! - Merci d'être avec nous ce matin. Si vous étiez un adjectif...
00:06 Ça aurait pu être un objectif d'ailleurs ! Si vous étiez un adjectif et un écrivain, ce serait quoi ?
00:11 - Je dirais dilettante et écrivain, je ne sais pas qui ce serait, mais j'aimerais bien lire en ce moment, relire Kundera.
00:18 J'ai acheté l'art du roman il y a deux jours d'ailleurs.
00:21 - Michel Faux qui vous a mise en scène, dites-vous que vous êtes un mix entre Mia Farrow et Nicole Kidman ?
00:26 - Ah ben je prends ! - Ah ouais ? - Ben ouais, merci Michel Faux !
00:29 - Mais c'est vrai que physiquement c'est frappant sur les deux.
00:33 - Ah oui ? Ah moi je m'identifie plutôt à Mia Farrow au moins. - Ah ouais ? - Oui.
00:38 - Actrice singulière et prolix, vous avez tourné dans une soixantaine de films.
00:41 On vous a vu chez Agnès Jaoui, on vous a vu dans Coco de Gad Elmaleh, et surtout dans Les petits mouchoirs de Guillaume Canet,
00:47 où votre rôle parfait de femme larguée par Benoît Maginemel qui fait son coming out tard a fait exploser votre popularité.
00:54 Mais aujourd'hui vous êtes là pour une pièce, une pièce qui se joue jusqu'au 5 novembre au Théâtre Antoine.
00:58 Ça s'appelle tout simplement Interruption, une pièce profonde et vivante et fine aussi,
01:03 qui veut dédramatiser et lever le tabou sur l'avortement.
01:05 C'est toujours tabou l'avortement 2023 en France ?
01:07 - J'ai découvert ça, je n'étais pas au courant, moi je ne pensais pas, mais c'est fou.
01:11 La parole se libère déjà quand on joue en sortant, les hommes viennent nous parler autant que les femmes.
01:15 - Il y a des hommes dans la salle ? - Ah ben il y a la moitié.
01:17 Moi j'étais très étonnée hier dimanche à 16h, il y avait la moitié d'hommes dans la salle, et qui restent après.
01:21 Parce que c'est un sujet qui ne parle pas seulement d'avortement, ça parle de la sexualité, du secret, de la famille, du couple, de l'amour.
01:26 - De la paternité ? - De la paternité, bien sûr, ça concerne tout le monde.
01:29 C'est un sujet féministe mais qui concerne tout le monde.
01:31 Et là l'idée c'était de faire un kaléidoscope de paroles,
01:35 donc pour faire une complexité plurielle des témoignages,
01:38 pas avoir une vision binaire des choses purement militantes,
01:41 et qu'après on puisse ressortir de là avec plus de respect et de tolérance sur ce sujet.
01:46 - Et c'est vrai que cette pièce est adaptée d'un livre de Sandra Witzavona,
01:50 qui est une avocate, qui a parlé dans ce livre-là, qui a fait une enquête autour de l'état monstre d'elle.
01:54 - Oui parce qu'elle était légitime pour en parler, elle a vécu deux abortements.
01:56 Un premier qui a été terrible à 16 ans où elle pensait ne pas avoir pris sa décision elle-même,
02:00 parce que ses parents l'ont emmenée tout de suite avorter.
02:02 Et un deuxième à 24 ans, choisie, décidée librement.
02:06 Et au moment de quand elle est devenue maman, elle a eu envie tout d'un coup de revenir sur ce passé,
02:11 de se réconcilier aussi avec ses parents, et en commençant le bouquin,
02:14 le droit n'était pas encore remis en cause comme partout en ce moment en Europe.
02:18 Elle s'est rendue compte qu'en en parlant à ses copines,
02:20 ses copines ont commencé à dire "tu sais, moi j'ai aborté, ma mère en fait".
02:23 La parole s'est libérée immédiatement.
02:25 Et moi dans mon entourage, quelqu'un de très proche, je ne dirais pas qui, m'a dit "tu sais, j'ai aborté".
02:30 Et j'ai des amis aussi, pareil, qui ont commencé à parler.
02:33 Et je connais une connaissance de quartier qui m'a avoué qu'il avait disparu pendant un mois,
02:37 qui n'a pas osé dire pourquoi, qui n'a pas osé en parler à sa mère,
02:40 qui s'est retrouvée à vivre un parcours médical terrible.
02:43 On l'a obligé à écouter le chœur, ce qui est interdit en France aujourd'hui.
02:47 Et sa mère finalement lui a dit "mais pourquoi tu ne vas pas bien, qu'est-ce qui se passe ?"
02:49 Elle lui a avoué et sa mère lui a dit "mais pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt,
02:53 j'ai avorté aussi, je t'aurais emmené au planning".
02:55 En 2023.
02:56 C'est-à-dire que c'est vrai que...
02:57 Je ne pensais pas que c'était aussi terrible.
02:59 Vous avez raison et ce qui est révélateur dans cette pièce-là,
03:02 c'est que c'est dédramatisé en France, mais on n'en parle pas.
03:07 On a le droit, mais c'est vrai que c'est quelque chose qu'on ne dit pas même à ses plus proches amis,
03:11 même à ses plus proches copines, même à ses parents, même à ses enfants.
03:13 Les femmes n'en parlent pas entre elles.
03:15 Donc déjà, comment pouvoir communiquer même aux personnes intéressées autour,
03:18 les parents, les hommes ?
03:20 Et c'est un droit qui n'est pas effectif.
03:22 En fait, il n'est pas dans les faits.
03:24 Les maisons de santé ferment, l'accès à l'hôpital est de plus en plus compliqué.
03:30 Il y a un vrai désert médical de l'avortement en France.
03:35 C'est dur pour une mineure, c'est dur pour les gens qui veulent le faire en cachette,
03:37 c'est très très difficile.
03:39 Et je ne le savais pas, je suis tombée des nues.
03:41 Et ce que je trouve aussi très intéressant dans cette pièce, c'est que vous montrez bien,
03:45 parce qu'il y a vous qui parlez, qui interprétez cette avocate qui a eu deux avortements,
03:49 mais vous discutez avec d'autres comédiennes.
03:51 Il y a aussi une mise en scène qui est très moderne,
03:53 puisqu'elle est signée d'ailleurs, on va la citer, Anna Levin-Sederman,
03:57 qui a eu l'intelligence de faire une mise en scène qui n'est pas du tout plombante,
04:01 que ce soit bien clair pour ceux qui nous entendent ce soir,
04:03 qui nous entendent ce matin, moi j'ai dû me mettre le soir le matin.
04:07 Mais il y a un écran géant derrière, où on voit les textos que vous envoyez entre copines,
04:12 et on voit que les femmes, quand elles parlent entre elles, elles sont hyper drôles,
04:14 et elles sont pleines d'autodérision sur elles-mêmes, elles se foutent de leur gueule.
04:18 - Mais bien sûr, même quand on parle de notre grossesse, de notre accouchement,
04:20 on peut en rire, et pourtant ça ne veut pas dire qu'on n'a pas souffert,
04:22 mais on a un recul sur nous-mêmes.
04:24 C'est ça qui m'a bouleversée aussi, il y a beaucoup d'humour.
04:27 Et effectivement, il y a des vidéos, il y a des prises de parole sur scène de deux comédiennes,
04:32 que je cite, parce que je les adore,
04:33 Sanda Khodriyano et Kenza Lagnaoui,
04:36 et je partage la scène avec elles,
04:38 et on me voit dans mon appartement en train d'essayer d'écrire ce livre,
04:41 d'avoir des problèmes pour l'écrire, d'arrêter, tout ça.
04:44 C'est très vivant, effectivement, c'est cash aussi,
04:47 c'est-à-dire qu'on n'a pas peur aussi de parler de certaines choses très très directes.
04:49 - De sexualité, de manière cachée, comme les femmes parlent cash, sexualité, quand elles sont entre elles.
04:54 - Et moi je rêve que mon fils vienne voir ce spectacle, il faut que les familles viennent.
04:57 Les parents de Sandra sont venus la première fois qu'on a joué,
05:01 et ils sont concernés par ce sujet, et c'était merveilleux,
05:04 parce qu'ils étaient là à la fin, le père de Sandra, donc l'auteur,
05:09 on s'est serré très très fort dans les bras, et ça permet aussi de parler des aînés,
05:14 de la génération d'avant, et des femmes qui ont combattu.
05:17 Et ce combat doit être mené toujours quand on voit ce qui se passe en Pologne.
05:22 - Alors justement, ça vous le rappelez, on le rappelle, parce qu'on le rappelle,
05:25 une femme meurt dans le monde toutes les 9 minutes d'un avortement clandestin.
05:31 Depuis le début de cette interview, il y a une femme qui est morte dans le monde.
05:34 Depuis l'an dernier, les Hongrois ont l'obligation d'écouter le cœur de leur fœtus avant l'avortement,
05:40 et on rappelle que l'arrêt de la Cour suprême américaine, qui nous a tous édifiés,
05:44 permet donc, rend l'avortement illégal dans 13 États aujourd'hui,
05:47 et hier encore, une mère aux États-Unis a été condamnée à deux ans de prison
05:50 pour avoir aidé sa fille à avorter hier aux États-Unis.
05:53 - En démocratie, on n'est pas dans un régime autocratique qui supprime généralement ce droit en premier.
05:58 Parce que c'est le premier droit qui modifie l'égalité,
06:00 qui enlève une parité absolue entre l'homme et la femme.
06:03 Et comme disait Delphine Sérig, la sexualité des femmes n'est pas plus vagabonde que celle des hommes.
06:09 - Merci de me l'avoir passée, parce que ce n'était pas prévu.
06:11 Delphine Sérig, je voudrais qu'on l'écoute.
06:14 Parce qu'en fait, c'est votre passion ?
06:15 - Oui, je l'ai mentionnée.
06:16 - C'est une actrice, dans les années 70, qui a beaucoup fait pour la cause des femmes,
06:21 et on l'écoute, c'était dans un débat à la télévision en 1972, animé par Jean-Pierre Elkabach.
06:26 Et voilà ce qu'elle parle de la sexualité vagabonde des femmes.
06:30 - On a parlé de sexualité vagabonde.
06:32 Moi, je trouve ça absolument méprisant, je trouve ça odieux.
06:36 La sexualité des femmes n'est pas plus vagabonde que la sexualité des hommes.
06:41 Et il ne s'agit pas de distinguer entre les jeunes filles qui ont une sexualité vagabonde ou pas.
06:46 Ça, c'est une chose que je trouve parfaitement écœurante.
06:48 Un terme qu'on ne devrait pas entendre.
06:50 On a parlé de donner la liberté. Est-il raisonnable de donner la liberté ?
06:54 Vous êtes tous des hommes, là.
06:55 Il y a des millions de femmes en France, et on est en train de discuter de savoir si on doit leur donner la liberté,
07:00 si elles sont capables de prendre leurs responsabilités.
07:02 En somme, nous sommes des petites personnes inintelligentes,
07:07 comme des petits chiens qu'on doit promener de telle heure à telle heure,
07:09 et on ne nous donne pas notre autonomie, l'autonomie de notre corps.
07:13 C'est bien ça que vous êtes en train de discuter,
07:15 de si nous sommes suffisamment raisonnables pour qu'on nous donne notre liberté.
07:19 Notre liberté, nous la prenons tous les jours au risque de notre vie.
07:22 Les femmes se font avorter au risque de leur vie.
07:24 Il me semble que c'est savoir ce qu'on veut à ce moment-là.
07:27 J'ai lu très récemment qu'en fait, même quand il n'y a pas le droit à l'avortement,
07:33 les femmes avortent autant.
07:34 C'est-à-dire qu'il y a le même pourcentage d'avortements, qu'il y ait une loi ou pas.
07:38 Donc c'est une nécessité pour une femme d'avoir cette liberté-là.
07:42 Delphine Serig parle dans les années 70,
07:45 et on a retrouvé des extraits à la télé d'un micro-trottoir des paroleux hommes dans les années 70.
07:51 La question était "Est-ce que c'est bien que les femmes travaillent ?"
07:54 Réponse "C'était hier, il y a 40 ans !"
07:57 Le fait que les femmes travaillent, qu'est-ce que vous êtes pour ?
07:59 Oui, ça leur donne une certaine impression d'égalité avec l'homme.
08:03 Les femmes qui travaillent, si elles ont besoin de ça pour aider le ménage, d'accord.
08:07 Mais une femme qui reste chez elle, c'est aussi bien.
08:10 Je pense que c'est normal dans un certain sens,
08:12 mais il faut que ce soit des métiers qui soient appropriés.
08:15 Qu'est-ce que vous pensez des femmes qui travaillent ?
08:17 Je préfère la femme à la maison, et le monsieur travaille.
08:19 Pourquoi ?
08:20 Parce que quand il rentre le monsieur, il tourne tout près,
08:23 sans linge, sans lit, sans cuisine,
08:26 ses enfants qui s'occupent de tout le monde.
08:29 C'est pas une mauvaise chose, il faut les occuper,
08:31 parce que s'il reste à la maison, après ça court.
08:36 Après ça court !
08:38 Après je pense que peut-être que ce serait bien de faire un micro-trottoir aujourd'hui,
08:42 pour voir ce que disent les hommes aujourd'hui.
08:44 Ça a changé quand même, j'espère.
08:46 Les choses ont changé.
08:47 Et je voulais juste te dire aussi sur cette pièce,
08:50 que ce qui est très intéressant,
08:52 c'est qu'on voit qu'il y a 50 nuances de gérer son avortement.
08:55 C'est-à-dire que dans les paroles des femmes que vous incarnez,
08:59 il y en a pour qui c'est un traumatisme durable,
09:01 il y en a, c'est totalement anodin.
09:03 Il y en a une qui dit "c'est comme me faire enlever une dent".
09:06 Ou même une femme qui est pratiquante,
09:08 qui est contre l'avortement, qui finit par y avoir recours,
09:11 et avec un certain humour, parle du pape,
09:13 qui a dit par étiliaire que c'était encore un faux progrès, l'avortement.
09:17 Et elle, elle est très croyante, elle dit "ben voilà, je l'ai fait".
09:19 C'est tout ça, c'est le parcours de vie.
09:22 Il y a un autre sujet lié à l'intimité des femmes,
09:25 sur lequel vous vous êtes engagée,
09:26 Pascale Arbio, c'est sur l'endométriose.
09:28 Vous avez découvert à 18 ans que vous étiez atteinte de cette maladie d'endométriose.
09:31 Vous pensiez que vous n'auriez pas d'enfant.
09:32 Ah oui, donc moi, même en ayant un enfant depuis,
09:35 c'est drôle comme quoi les choses restent.
09:37 Je suis une femme, j'étais cette femme qui ne pouvait pas en avoir.
09:40 Et quelque part, ça m'a donné une forme de liberté par rapport à ma condition de femme.
09:44 C'est-à-dire ?
09:44 C'est-à-dire que je n'étais pas une femme qui...
09:47 Je ne pouvais pas me projeter dans la maternité.
09:50 J'ai dû m'inventer autre chose.
09:52 Je ne vous cache pas qu'à un certain âge, j'ai eu de la peine,
09:55 parce que je me disais "je ne pourrais pas construire avec un homme".
09:57 Et je me disais "mais pourquoi je ne pourrais pas construire sans avoir un enfant ?"
10:03 Et je me suis battue pour vivre sans être une mère.
10:06 Et finalement, j'ai eu ce cadeau incroyable, un miracle absolu.
10:09 Il est à quel âge votre fils ?
10:10 Il a 18 ans depuis quelques jours.
10:12 Et il n'est pas encore venu voir la pièce ?
10:13 Non, pas encore, ça ne serait pas...
10:15 Ceci dit, vous dites "j'étais triste de ne pas pouvoir construire avec un homme".
10:18 Vous avez quand même dit "à chaque fois que je vis en couple, je dépairie".
10:21 C'est... oh putain !
10:22 C'est dramatique, parce que c'est vrai.
10:24 Mais l'endométriose est un sujet fondamental.
10:27 Et on m'a dit, moi à l'époque, que c'était psychologique.
10:30 On vous a dit que c'était psychologique ?
10:31 Oui.
10:31 Et on vous a dit aussi, quand vous êtes allées témoigner à la télé,
10:34 on vous a dit "attention à ton image, t'es comédienne, ça risque de...".
10:37 Et on m'a coupée, parce qu'un médecin m'avait dit quelque chose comme
10:42 "c'est souvent des filles qui ont des problèmes avec leur mère".
10:44 Donc encore un troups psychanalytique, alors que je crois que ça concerne
10:47 tellement de femmes, et je connais des femmes qui ont l'endométriose
10:49 qui n'ont pas de problème avec leur mère.
10:51 Ça m'avait choquée aussi.
10:52 Clara Luceynier, je crois que vous l'aimez bien.
10:53 Oui.
10:54 * Extrait de "Regarde" de The Beatles *
11:14 Vous chantez aussi ?
11:15 J'aurais adoré.
11:16 Je ne chante plus, je chante toute seule, mais je voulais être chanteuse lyrique
11:19 quand j'étais plus petite.
11:20 Mais qu'est-ce que vous avez pas...
11:21 Vous avez voulu faire beaucoup de métiers quand vous étiez petite.
11:23 Tout le monde dit l'identisme.
11:24 J'étais un peu douée pour chanter, un peu douée pour ça, je ne suis pas allée au bout.
11:28 Comédienne, c'est bien, on peut faire plein de choses.
11:30 Aussi, être présidente du FMI.
11:31 Oui, il y a très longtemps.
11:32 Parce qu'elle a un bio.
11:33 Ça, ça m'est passé.
11:34 Mais j'aurais adoré, oui.
11:35 J'ai beaucoup d'admiration pour les femmes qui ont des postes dans ce genre de métier-là,
11:39 dans la finance, qui est vraiment pas si accessible pour les femmes.
11:42 Il faut dire qu'au début, dans votre vie, vous étiez journaliste économique,
11:46 vous n'étiez pas actrice.
11:47 Non, pas du tout.
11:48 J'ai adoré ça.
11:49 Faire des enquêtes sur les taux financiers.
11:51 Je bossais pour un journal qui a disparu, qui s'appelait MTF, marché technique,
11:56 qui a été racheté, je crois, par Isikog.
11:58 C'est très loin de votre vie d'aujourd'hui.
12:00 Vous continuez à lire les pages saumon du Figaro ?
12:02 Non, non, plus du tout.
12:03 C'est fini.
12:04 Mais je lis quand même des trucs, ça m'intéresse.
12:06 Et toujours.
12:07 L'inflation, à ce moment, ça m'intéresserait de savoir si c'est la masse monétaire.
12:10 Ça m'intéresse, oui.
12:11 Qu'est-ce qui vous intéresserait de savoir ?
12:13 Si c'est la masse monétaire, en fait.
12:14 Parce que la planche à billets qui a trop fonctionné, qui provoque l'inflation.
12:17 Je n'arrive pas à savoir quels sont les contours de l'inflation aujourd'hui.
12:19 On va vous faire un rendez-vous avec des médecins.
12:21 J'aimerais bien.
12:22 Oui, je l'ai vue, j'étais tellement contente.
12:24 Vous avez vu François Hollande comme prof à Sciences Po ?
12:27 Oui, oui.
12:28 Il était comment comme prof d'économie ?
12:29 Il était génial.
12:30 Il y avait un krach la nuit, je pense que c'était le krach de 1981, je ne sais plus la date.
12:34 Et donc il a dit "on ne va pas parler du cours magistral classique, je vais vous parler
12:38 du krach de cette nuit".
12:39 Il a été tellement brillant.
12:40 Oui, je l'avais trouvé assez impressionnant.
12:43 En matière de féminisme, vous dites "il faut écouter autant Alice Coffin qu'Elisabeth
12:48 Bain d'Inter".
12:49 Ça veut dire quoi ?
12:50 Ah oui, c'est ma croyance.
12:51 Ça veut dire quoi ?
12:52 J'ai lu Alice Coffin.
12:53 Beaucoup de gens l'ont critiqué.
12:55 Moi j'ai lu son livre.
12:56 Et c'est une déclaration d'amour à son père.
12:59 Ce que beaucoup de gens ont oublié.
13:00 Ils n'ont vu que l'aspect.
13:01 Et pareil, Elisabeth Bain d'Inter, j'ai beaucoup de gens qui la critiquent, normalement
13:08 sur la PMA, mais qui ne lisent pas.
13:10 Beaucoup de gens ne lisent pas les bouquins.
13:12 Beaucoup de gens n'écoutent pas.
13:13 Ils simplifient.
13:14 Et vous, vous allez à la source, vous allez lire.
13:18 Je ne peux pas parler d'une chose que je ne connais pas, j'aurais trop honte.
13:22 Et j'entends beaucoup de gens qui ne connaissent pas leur sujet.
13:24 Et moi j'ai été formatée pour ça après.
13:26 Moi j'ai appris à travailler.
13:28 Moi je suis abonnée à des comptes d'extrême droite, des comptes d'extrême gauche, sur
13:32 Twitter, j'en pense pas moins.
13:33 Mais je suis abonnée et je les lis.
13:35 Parce que vous dites "je veux aller à la source et je veux tout lire".
13:38 Oui, parce que sinon comment est-ce qu'on peut formuler une pensée ?
13:41 D'où ma passion pour le roman.
13:43 Parce que même je pense qu'il faut entendre ce que dit...
13:48 Pour parler de la baïa ce sujet qui est très complexe, pour pouvoir avoir une pensée sûre
13:54 et objective et humaniste, toujours, il faut aller à la source de tout.
13:59 Et pouvoir parler à tout le monde.
14:01 C'est très difficile.
14:02 Moi je suis en colère.
14:04 Pourquoi vous êtes en colère ?
14:05 Quand j'écoute le matin des gens parler, je suis en colère souvent, mais je me réfrène
14:09 et je lis.
14:10 Est-ce que vous pensez qu'une actrice doit s'engager publiquement ?
14:13 C'est un vrai sujet.
14:14 Moi je ne suis pas Simone Signoret.
14:16 Moi je me réfugie derrière des personnages.
14:18 Et encore aujourd'hui dans ce spectacle, je suis Eva, un personnage.
14:22 Ce n'est pas ma fonction.
14:23 Mais en revanche, si on me demande demain matin de descendre pour l'avortement, je
14:26 descendrai.
14:27 Comme toutes les femmes de France, je pense.
14:29 Chacun fait comme il peut.
14:31 Je ne veux pas me réduire à un engagement politique.
14:37 Il y a des journalistes.
14:38 Mais je peux prendre une parole.
14:40 Il n'y a pas de raison.
14:41 Et il n'y a pas de raison qu'on m'empêche après de travailler parce que je me suis
14:43 exprimée politiquement.
14:44 Ce serait un tort.
14:45 Mais là, je joue un personnage dans l'interruption.
14:48 Question de fin.
14:49 Vous répondez sans réfléchir.
14:50 Ça s'appelle les impromptus.
14:51 Comme ça, spontanément.
14:52 Votre péché capital ?
14:54 La flemme.
14:59 La grosse flemme.
15:02 Je pensais que c'était la gourmandise.
15:03 Il paraît que vous bouffez du cornichon avec du Nutella.
15:06 C'est vrai ?
15:07 C'est fini maintenant.
15:08 C'est pas bien.
15:09 C'est pas super bon en fait.
15:11 Anatomie d'une chute ou Barbie ?
15:13 Je n'ai vu aucun des deux.
15:14 J'ai honte.
15:15 Brigitte Bardot ou Jeanne Moreau ?
15:18 Jeanne Moreau.
15:19 J'aime beaucoup Brigitte Bardot mais Jeanne Moreau.
15:21 Isabelle Adjani ou Isabelle Huppert ?
15:23 Ah putain, ça c'est dur.
15:25 Isabelle Huppert, je l'adore.
15:28 Vous vous êtes déjà allongée sur un psy ?
15:31 Bah évidemment.
15:32 Heureusement.
15:33 Pas allongée.
15:34 Ah non, c'est vrai.
15:35 Jamais allongée.
15:36 Je me suis demandé pourquoi.
15:37 Face à face.
15:38 Non, face à face.
15:39 Il n'a pas voulu vous allonger.
15:40 Et ça veut dire quoi ? Vous me direz après Léa ?
15:42 Je ne sais pas.
15:43 La chirurgie esthétique, vous êtes pour ou contre ?
15:45 Compliqué.
15:46 Moi j'ai fait des conneries.
15:47 J'ai fait du Botox à une époque.
15:48 Ça m'a bien fait du mal dans ma carrière ponctuellement.
15:51 Je suis pour quand ça ne se voit pas.
15:54 Vous êtes un homme pendant 24 heures, vous faites quoi ?
15:57 Ah ?
16:01 C'est loin.
16:04 Silence en radio.
16:06 J'ai pas d'idée.
16:07 Comme moi, pourquoi pas.
16:10 Comme moi, un homme.
16:11 Très bien.
16:12 Pensez-vous comme Aragon qu'il n'y a pas d'amour heureux ?
16:15 J'attends qu'on me prouve le contraire.
16:18 Les Bee Gees ou les Beach Boys ?
16:20 Les Bee Gees quand même.
16:22 Camus ou Sartre ?
16:23 Aïe, c'est le grand débat.
16:25 Ça restera Camus.
16:26 Avouez une mauvaise pensée.
16:31 Mais je ne peux pas.
16:32 Je vous jure.
16:34 Vous êtes trop pure.
16:35 Non pas du tout.
16:36 Jean-Marie l'a fabriquée.
16:37 Ah oui.
16:38 Je ne l'ai pas fabriquée.
16:39 Et je vous la dirai en sortant.
16:40 En tout cas, en attendant, allez voir Interruption au Théâtre Antoine jusqu'au 5 novembre avec
16:46 Pascal Arbiaud.
16:47 C'est tellement joyeux de faire ce spectacle.
16:49 Vraiment, c'est merveilleux.
16:50 C'est une aventure humaine géniale.
16:52 C'est dans le cadre d'un festival, Parole Citoyenne, et on a la chance d'être reprise.
16:56 Ce qui n'était pas du tout prévu à l'origine.
16:58 Donc c'est une grande chance.
16:59 Allez-y.
17:00 Merci.

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