• il y a 7 mois
À 9h20, Mathilde Favier, directrice des relations publiques de la maison Dior est l'invitée de Léa Salamé. Elle publie “Mathilde à Paris”, compilant ses bonnes adresses et bons amis, à paraitre le 24 avril aux éditions Flammarion. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-22-avril-2024-8732177

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00:00 Et Léa, ce matin vous recevez une figure de la mode et de la capitale.
00:03 Bonjour Mathilde Favier.
00:05 Bonjour Léa.
00:06 Merci d'être avec nous ce matin.
00:08 Si vous étiez un livre, un personnage historique et un vice, vous seriez qui ? Vous seriez quoi ?
00:13 Alors un livre, je dirais, je le réponds souvent, je serais « Les mains du miracle » de Joseph Kessel.
00:20 Je dois vous dire pourquoi ?
00:22 Dites-nous pourquoi.
00:23 Parce que je suis à chaque fois émerveillée par le paradoxe de cet homme qui, malgré lui, soigne et guérit.
00:31 Et guérit qui ? Des criminels de guerre.
00:34 Voilà, c'était le masseur de Himmler.
00:35 Absolument.
00:36 Et qui a…
00:37 Et qui, voilà, qui était le seul à pouvoir le soigner.
00:41 Et qui a pu sauver des Juifs.
00:42 On dit, enfin Kessel raconte qu'il a pu sauver des Juifs parce qu'il le convainquait tout en le massant.
00:46 Il avait énormément mal le dos.
00:48 Malgré lui, en fait, il était essentiel à soigner et des monstres.
00:53 Et Dieu merci des gens qu'il a pu sauver.
00:57 Un personnage historique ?
00:58 Marie Curie.
00:59 On reste dans le même registre.
01:01 Mais j'aurais adoré, c'est quelque chose que j'aurais adoré.
01:04 J'aurais adoré être à l'origine d'un vaccin, de quelque chose qui vous soigne, qui vous sauve.
01:13 Les médecins toujours ?
01:14 Oui.
01:15 Les médecins souvent chez vous ?
01:16 C'est quelque chose qui m'impressionne.
01:18 Sauver une vie, au final, c'est à peu près l'essentiel, je crois.
01:25 Et si vous étiez un vice ?
01:26 Et si j'étais un vice, ce serait Voyeuse.
01:29 Parce que quand on a démarré le projet de ce livre, j'avais une image très jolie de ces avenues qu'on traverse dans Paris.
01:38 La nuit, l'hiver, on aperçoit des scènes de vie derrière les fenêtres.
01:46 On ne sait pas exactement ce qui se passe, si les gens se disputent, si les gens s'aiment,
01:50 s'ils sont joyeux, s'ils sont tristes, s'ils sont seuls.
01:54 Et j'adorerais apercevoir ce qui se passe derrière ces fenêtres.
01:58 Ce livre s'appelle Mathilde à Paris.
01:59 C'est un beau livre.
02:00 Vous célébrez la capitale, je vais y venir.
02:02 Ma citation du jour, c'est Pierre Drieu La Rochelle qui écrivait
02:06 "Toutes les femmes sont sérieuses comme la pluie, surtout les plus frivoles."
02:10 Êtes-vous d'accord avec lui ?
02:12 Oui, je suis d'accord.
02:14 Et je pense que la légèreté et la frivolité font partie de Paris, font partie de la personnalité parisienne.
02:23 Et je pense que c'est ce qui fait notre charme.
02:26 Le mot charme, il est très important à Paris.
02:29 C'est ce qui fait un peu notre identité aussi.
02:31 Et tout ça, c'est très nécessaire.
02:33 Dans des temps comme les temps d'aujourd'hui, on a besoin de frivolité, on a besoin de légèreté.
02:38 C'est très important.
02:39 La frivolité mais aussi le sérieux, puisque vous êtes aussi, je vais en parler dans un instant,
02:44 une femme d'affaires d'une certaine manière, en tout cas une entrepreneuse.
02:47 Vous êtes une ambassadrice du chic parisien dans le monde, influenceuse très suivie.
02:50 Vous dirigez les relations publiques de la maison Dior et vous célébrez,
02:53 ce qui est un poste très stratégique, je vais en parler,
02:55 et vous célébrez donc Paris, l'esprit parisien, le bon goût de la capitale
02:59 dans ce beau livre qui sort chez Flammarion, "Mathilde à Paris".
03:03 En clair, si à Rome, fait comme les Romains, à Paris, fait comme Mathilde.
03:08 Ce livre est à rebours du Paris bashing qui domine ces dernières années.
03:13 Je me suis dit en lisant que vous en aviez marre, qu'on critique tous les jours la capitale.
03:18 Au delà même d'Hidalgo, c'est-à-dire qu'il y a un Paris bashing général.
03:24 C'est exactement ça.
03:25 C'est-à-dire que d'abord, je ne suis pas quelqu'un qui me complaît dans la plainte.
03:30 C'est quelque chose que je fuis.
03:32 Je trouve que ça n'aide rien, ni personne.
03:35 Et en ayant... Ce livre n'est pas du tout une...
03:40 Je ne donne aucune leçon et bien au contraire, mais j'ai eu la chance de vivre à l'étranger.
03:45 Et je trouve que quand on revient à Paris, et j'en parlais avec votre invité juste avant,
03:52 c'est sublime Paris.
03:54 Il n'y a pas plus beau que Paris.
03:56 Ça m'émerveille.
03:57 Aujourd'hui, je n'habite pas très loin de votre travail.
04:01 Et le peu de pas que j'ai fait pour venir ici, la lumière de Paris est exceptionnelle.
04:07 Et c'est de toute beauté.
04:09 Alors ce livre, c'est pour rendre honneur, enfin c'est plutôt pour faire honneur et rendre hommage
04:16 à une ville qui est avant tout sublime.
04:20 On oublie.
04:21 C'est les étrangers qui nous rappellent combien Paris est belle.
04:23 Oui, et d'ailleurs vous savez, c'est très touchant.
04:25 Là, j'ai pas mal voyagé pour mon travail.
04:29 Je suis passée de New York à Venise.
04:32 Et la façon dont les étrangers parlent de nous...
04:34 Alors, j'ai une faculté à conserver ce qui est joliment dit et le beau,
04:40 mais c'est vrai que c'est très touchant la façon dont on parle de nous.
04:43 Ils ne disent pas qu'on est des râleurs, qu'on est chiants, qu'on est snobs.
04:46 Ils le disent certainement.
04:47 En tout cas, je ne l'ai pas entendu, je n'ai pas voulu l'entendre.
04:49 Je trouve que c'est ça qu'il faut retenir quand même.
04:53 Ils disent quoi ?
04:55 Ils disent que c'est beau, qu'on les femmes sont séduisantes,
04:59 que Paris est de toute beauté, qu'on y mange bien,
05:02 que bien évidemment il y a des gens sympathiques.
05:05 Ils sont très émerveillés par cette capitale.
05:09 Vous rendez hommage à tous les artisans qui font de Paris, Paris.
05:12 Le fleuriste Éric Chauvin, les chemises Charvet, la boulangerie Poilane,
05:15 la chocolaterie Fouquet, le théâtre de l'Atelier, le restaurant Le Voltaire,
05:19 les puces.
05:20 Vous vous rappelez qu'il y a 1180 boulangeries à Paris, 500 fleuristes,
05:24 que tous les samedis soirs on peut voir 350 films, 300 spectacles, 62 concerts.
05:29 Mais faut-il forcément de l'argent, beaucoup d'argent, pour vivre à Paris
05:33 ou pour profiter de Paris ou profiter des adresses que vous donnez là ?
05:36 Alors vous savez, tout ça c'est une question d'âge.
05:39 À mon âge, je peux vous dire que ce n'est pas une question d'argent.
05:42 Je trouve qu'on peut à Paris trouver son bonheur.
05:46 J'ai l'impression que tout ce qui est dit sur les arrondissements de Paris
05:52 sont des lieux communs.
05:54 Paris, ce qui est important, et c'est important de le rappeler,
05:59 chaque arrondissement est un petit Paris.
06:02 - Par les petits villages. - Exactement.
06:05 Si vous arrivez dans le 9ème, dans le 9ème il y a un petit 9ème.
06:09 C'est un petit Paris dans le 9ème.
06:11 Donc oui, on peut tout à fait se débrouiller.
06:13 Après, je pense que, contrairement à ce qu'on peut imaginer sur cette question d'argent,
06:19 je pense que ce qui est important c'est de rechigner,
06:22 vraiment d'avoir un pif pour la qualité.
06:26 Le bon petit boulanger, moi je suis capable d'aller très loin dans Paris pour le trouver.
06:30 Il n'est pas du tout dans les beaux quartiers.
06:32 Il y en a des très bons aussi, mais il est dans le 20ème, il est dans le 19ème.
06:36 Pourquoi ? Parce que ces artisans se donnent du mal, persistent,
06:44 et font que... voilà, ils travaillent à l'ancienne.
06:47 Un des derniers fours à bois existe dans le 19ème,
06:52 un four à pain, mais qui cuit au feu de bois.
06:55 Je vous donnerai l'adresse, il est magnifique.
06:58 - Oui, mais c'est ça aussi qu'on lit dans votre livre.
07:00 Ce n'est pas uniquement les adresses chics, il y a de tout.
07:03 Il faut aller voir, et c'est ça que j'ai aimé.
07:06 De Diane de Poitiers à Gabrielle Chanel, en passant par Marie-Antoinette,
07:09 la parisienne a toujours dicté le bon goût, les canons de beauté.
07:13 Il y en a une qui est considérée aussi comme le chic de la parisienne,
07:15 c'est Inès de Lafraissange.
07:17 Écoutez ce qu'elle disait dans les années 80, quand elle bossait avec Karl Lagerfeld sur La Parisienne,
07:21 que c'est souvent une provinciale ou une étrangère.
07:23 - Vous êtes habillée par un homme, Karl Lagerfeld,
07:27 mais vous avez la lourde tâche d'assumer l'image de la parisienne.
07:31 Vous vous incarnez totalement dans La Parisienne ?
07:33 - Non, d'abord ce n'est pas une tâche lourde.
07:35 Et puis, je ne suis pas supposée à incarner La Parisienne.
07:39 La parisienne c'est beaucoup de choses, c'est beaucoup de gens.
07:41 Je crois que La Parisienne, c'est souvent des étrangères,
07:44 ou des femmes qui viennent de la province, et qui aiment Paris.
07:49 - Vous êtes d'accord avec elle ?
07:52 - Je suis complètement d'accord avec elle, et d'ailleurs je trouve que
07:54 La Parisienne c'est une nationalité.
07:59 J'ai des copines, des gens que je connais qui sont étrangers,
08:05 et qui sont devenus parisiens.
08:07 Donc je suis complètement d'accord avec elle.
08:09 - Vous citez d'ailleurs dans le livre Sacha Guitry,
08:10 "Être parisien ce n'est pas être née à Paris, c'est y renaître".
08:13 - Absolument.
08:14 Ou voire, oui, y renaître absolument,
08:17 parce que ce n'est pas forcément parce qu'on y est née qu'on est parisien.
08:20 - Vous écrivez dans votre livre "J'ai eu la chance très jeune
08:22 de connaître un monde qui n'existe plus.
08:24 Quel est ce monde ? Et trouvez-vous aujourd'hui, Mathilde Favier,
08:27 dans cette époque, violent, trop violent, trop vulgaire, ou ça va ?
08:30 Ce n'était pas forcément mieux avant ?
08:32 - Alors, je ne suis pas quelqu'un qui est dans le "C'était forcément mieux avant".
08:36 Là, j'ai voulu insister sur des endroits qui ont fait mon enfance,
08:41 et qui finalement m'ont fait moi.
08:44 Je trouve juste, ce qui est important, et c'est important de le rappeler,
08:49 je le rappelle souvent à mes enfants,
08:51 je pense qu'il faut apprendre à privilégier, encore une fois,
08:54 la qualité à la quantité.
08:56 Parce que, par exemple, à Paris, il y a une éclosion de nouveaux endroits
09:01 qui ouvrent très fréquemment et très souvent.
09:04 C'est formidable, tant mieux, ça veut dire qu'ils se donnent de la peine
09:08 et qu'ils prennent le risque d'ouvrir.
09:10 Mais j'aimerais qu'on privilégie ce qui est beau et bon.
09:14 J'insiste là-dessus parce que je pense que c'est ce qui fait le fleuron
09:17 de notre ville, et que peu importe que ce restaurant soit grand,
09:22 que n'importe quel...
09:26 - Oui, les nouveaux restaurants où la musique est au maximum
09:29 et les assiettes sont carrées.
09:31 Vous avez un problème avec les assiettes carrées ?
09:33 - J'ai un problème avec l'assiette carrée, la vérine,
09:36 j'ai un problème avec ce genre de petits détails
09:38 qui pour moi ne sont pas des détails.
09:40 Le détail est important, il fait partie de la vie à Paris aussi.
09:44 - L'assiette est ronde, et pas carrée.
09:46 - L'assiette doit être ronde, oui.
09:48 Si on pouvait conserver la grande simplicité,
09:52 en fait tout ce qui est simple, c'est finalement toujours
09:55 ce qui est le plus compliqué à faire, même en cuisine,
09:57 quand on cuisine une omelette, elle est difficile à faire.
10:00 S'il vous plaît, soyons, restons simples.
10:04 - C'est ce qu'on voit dans votre livre, c'est très raffiné,
10:06 c'est très élégant, mais c'est simple également.
10:09 Vous êtes aujourd'hui directrice des relations publiques
10:11 de la plus grande maison de couture française, Dior,
10:13 fleuron d'LVMH, chiffre d'affaires annuel de plus de 20 milliards d'euros,
10:15 c'est colossal.
10:16 On dit que vous avez le meilleur carnet d'adresse de Paris.
10:18 De Paris, je dis de Paris, mais je pourrais dire du monde,
10:20 puisqu'aujourd'hui, les égéries étrangères,
10:22 les gens avec qui vous traitez, vous passez votre temps à voyager,
10:24 c'est à l'étranger.
10:26 La mode, le goût, vous le devez beaucoup à un homme
10:29 qui est présenté au début du livre, c'est votre oncle,
10:32 Gilles Dufour, personnage proustien, proche de Nourieff,
10:35 meilleur ami de Catherine Deneuve, il a été le bras droit
10:37 de la Gare Feld chez Chanel pendant des années.
10:39 C'est lui d'ailleurs qui va vous faire faire votre stage
10:41 chez Chanel à 14 ans, où vous découvrez une autre
10:44 petite stagiaire qui fait son stage chez Chanel,
10:46 c'est Sofia Coppola, qui devait être votre copine.
10:48 Vous allez même avoir un petit rôle, une apparition
10:50 dans Marie-Antoinette.
10:51 Votre oncle a été une figure capitale pour vous ?
10:54 Oui, il a été et il est très important, mon oncle
10:58 est le petit frère de ma mère.
11:00 Il est tout aussi important d'ailleurs que ma mère,
11:04 que mes soeurs, que ma famille.
11:07 La seule chose, c'est que Gilles a donné le ton
11:09 à ma vie dès le départ, puisqu'il a travaillé
11:12 pendant près de 17 ans auprès de Karl Lagerfeld.
11:15 C'est vrai qu'avoir eu la chance, grâce à lui,
11:19 d'avoir connu quelqu'un comme Karl, si jeune,
11:22 ça met la barre assez haut quand même.
11:25 Je voulais vous faire écouter Mathilde Favier,
11:27 une archive de Christian Dior, qui évoque la création,
11:29 le travail des milliers de petites mains
11:31 pour réussir une collection.
11:32 Écoutez, on est en 1953.
11:34 Qu'est-ce que la création ?
11:36 La création, ma chère Lise, c'est un ensemble
11:39 de mille et une choses.
11:41 C'est mille et un métiers qui se groupent
11:43 autour du couturier.
11:44 Il y a des fabricants de tissus, les soirées de Lyon,
11:46 les lénages du Nord, les dentelles,
11:48 les petits métiers d'artisans, les bijoux, la fantaisie,
11:51 les sacs, les gants, les colis fichés.
11:53 Chacun apporte son tribut à l'œuvre collective,
11:56 qui est la mode de Paris.
11:57 Nous sommes un commerce qui fait vivre
11:59 des centaines de métiers, qui fait vivre
12:01 des milliers d'ouvrières, qui travaillent
12:03 un mois et demi durant, sans relâche,
12:06 toute la journée, parfois même la nuit.
12:08 Il y a des mannequins qui posent des heures entières
12:11 pour les modèles que porteront plus tard nos clientes
12:14 et qu'achèteront tous les meilleurs magasins du monde.
12:17 Ceux qui ont vraiment le souci de la mode élégante
12:19 plus que du business.
12:21 Et puis, je ne veux pas oublier toutes les vendeuses,
12:23 le travail des secrétaires, des livreurs,
12:25 des emballeurs, des standardistes, des groumes
12:28 et de tout ce peuple laborieux et adroit
12:30 qui participe aussi au rayonnement
12:32 de la couture française à travers le monde.
12:34 C'est beau, hein ?
12:36 Merveilleux d'entendre sa voix.
12:38 Vous avez vu comme il avait une voix désuète et charmante.
12:41 Désuète et charmante, exactement.
12:43 Le rayonnement de la mode française.
12:45 C'est vrai qu'au moment où on ne parle que du déclassement
12:47 de la France, qu'on perd de l'influence dans le monde,
12:49 que ça ne va pas bien, qu'on n'est plus qu'une puissance moyenne,
12:52 il y a un secteur où on est encore la référence,
12:55 c'est la mode, c'est le luxe français.
12:57 On reste numéro un.
12:59 Comment vous l'expliquez ?
13:01 Je l'explique parce que je pense encore,
13:03 vous voyez, j'insiste encore,
13:05 je pense que la qualité, la rareté
13:07 qui font le luxe,
13:09 ça nous appartient.
13:11 Je trouve que ça reste une notion tout à fait française.
13:15 La mode, elle existe bien évidemment,
13:18 la Fashion Week existe aux Etats-Unis,
13:21 elle existe en Angleterre, à Londres, à Milan,
13:24 mais il n'y a rien à faire.
13:26 La Fashion Week française, à Paris,
13:28 il n'y a rien de comparable.
13:30 Oui, on a vu Victoria Beckham il y a trois semaines
13:32 qui expliquait que, alors qu'elle faisait défiler
13:34 ses collections à Londres et à New York,
13:36 quand elle a eu le droit de défiler à Paris,
13:38 pour elle, c'était le Graal absolu.
13:40 Oui, parce que je pense aussi que
13:42 le raffinement français
13:46 et le sens du détail, c'est quelque chose de français.
13:49 Et les petites mains dont parlait Christian Dior.
13:51 Les fameuses.
13:52 Aujourd'hui, quand je dis que vous êtes directrice des RP chez Dior,
13:54 c'est-à-dire que vous êtes une pièce centrale
13:56 de la réussite de Dior, Mathilde Favier,
13:58 c'est un peu stratégique, parce qu'il y a des enjeux économiques majeurs.
14:00 Je voudrais expliquer clairement aux auditeurs
14:02 ce que c'est, votre métier.
14:04 Ça ne veut rien dire, la directrice des RP.
14:06 C'est un titre qui ne veut absolument rien dire.
14:08 Et pourtant, il y a...
14:10 Par exemple, quand Dior lance un nouveau sac
14:12 ou une nouvelle collection, c'est vous qui allez décider
14:14 quelle va être la star qui va
14:16 incarner ce produit, ce nouveau produit.
14:18 Et il faut savoir que la concurrence
14:20 avec les autres, avec Chanel, avec Saint-Laurent,
14:22 c'est hyper violent.
14:24 Il faut que vous décrochez la star, parce que décrocher une star
14:26 pour un sac, c'est l'assurance
14:28 d'en vendre 500 millions en suite, c'est ça ?
14:30 D'abord, ce n'est pas moi
14:32 qui décide.
14:34 J'insiste bien sur ce point.
14:36 Comme disait Christian Dior,
14:38 on est une équipe, et on travaille en équipe.
14:40 Moi, j'ai la chance de travailler
14:42 pour Olivier Bialobos,
14:44 qui évidemment donne le ton
14:46 d'une façon remarquable.
14:48 Et c'est vrai qu'on avance
14:50 et on travaille ensemble.
14:52 La mauvaise personne
14:54 qui porte
14:56 le bon sac, c'est un problème.
14:58 - Et aujourd'hui, Mathilde Fabier,
15:00 pour que les gens comprennent aussi, la méga star
15:02 la plus recherchée du monde, ce n'est plus les actrices.
15:04 Ce n'est plus l'actrice hollywoodienne.
15:06 Oui, il y a Nathalie Portman et Rihanna,
15:08 mais aujourd'hui, la plus grande star, celle dont Vogue
15:10 a titré "la star la plus attendue de la fashion week
15:12 parisienne", les auditeurs
15:14 ne vont pas connaître son nom. Elle s'appelle Jinsoo.
15:16 Elle fait partie d'un groupe de
15:18 pop coréenne, la K-pop.
15:20 Et c'est elle que vous avez chopé,
15:22 les Blackpink, et c'est elle qui est
15:24 une des égéries de Dior, en tout cas qui était là
15:26 chez Dior. Et ça, c'est
15:28 aujourd'hui... Est-ce que ça ne vous sidère pas
15:30 qu'aujourd'hui, vous alliez chercher Jinsoo
15:32 ou une influenceuse
15:34 qui n'a rien fait de sa vie, d'une certaine manière,
15:36 qui deviennent les plus grandes stars ?
15:38 - Vous savez, en fait, il faut...
15:40 Je pense que c'est un plus de Dior.
15:42 Il faut être à l'écoute de son temps
15:44 et il faut être un peu en avance
15:46 sur ce qui va se passer. Jisoo,
15:48 c'est une jeune fille coréenne
15:50 exquise, qui a
15:52 30 ans, qui est
15:54 vraiment
15:56 à l'origine
15:58 d'un phénomène, effectivement,
16:00 de la K-pop.
16:02 - Tous les jeunes deviennent fous, hein, en France.
16:04 - Oui, je peux vous dire que quand elle m'a dit, moi,
16:06 à la sortie d'un défilé, est-ce que je peux aller dire bonjour
16:08 à mon public, et que je pensais qu'elle allait dire
16:10 bonjour à, effectivement, 10 personnes
16:12 et que je me suis retrouvée devant un public qui était
16:14 plus important que celui des Beatles,
16:16 j'ai compris que c'était...
16:18 On vivait un phénomène.
16:20 J'ai compris l'importance
16:22 de son influence dans le monde. - Il nous reste
16:24 une petite minute. - Déjà ? - Oui,
16:26 malheureusement, ça passe vite. J'aurais plein de questions
16:28 encore à vous poser sur la mode. - On continue.
16:30 - Un mot, très rapidement, vous répondez,
16:32 c'est les impromptus. Meryl Streep, pourquoi
16:34 c'est une des rencontres les plus marquantes de votre vie ?
16:36 - Parce que c'était une des femmes
16:38 les plus intelligentes que j'ai jamais rencontrées.
16:40 J'ai rarement vu une simplicité pareille
16:42 sur une telle star.
16:44 - Gabrielle Chanel disait "Le luxe n'est pas le contraire de la pauvreté,
16:46 c'est le contraire de la médiocrité". Vous êtes d'accord ?
16:48 - Totalement. - Asdine Alaya disait
16:50 qu'il ne faut pas montrer ses jambes
16:52 et ses bras après 40 ans. Vous êtes d'accord ?
16:54 - Malheureusement, oui. - Ah bon ?
16:56 Il ne faut pas montrer ses bras et ses jambes ?
16:58 - Non, je trouve qu'on fait beaucoup de progrès là-dessus
17:00 et que les femmes
17:02 peuvent gagner, on va dire,
17:04 un bon 10 ans.
17:06 - Mathilde Serrel qui vient de rentrer en T-shirt,
17:08 c'est fini, Mathilde Serrel.
17:10 Malheureusement, vous n'avez plus de 40 ans.
17:12 - Je trouve qu'elle s'en sort pas mal. - Beaucoup de sport, beaucoup de banquette.
17:14 - Ça se voit. - Rétablir l'uniforme à l'école,
17:16 c'est une bonne idée ?
17:18 - Oui. Moi, je trouve que oui.
17:20 - Vous dites "je suis née avec une oreille sourde,
17:22 ma solitude et ma force
17:24 sont là". - Oui, elle est ma grande amie.
17:26 - Elle est votre grande amie. Vous avez un cancer,
17:28 Mathilde Favier, vous ne l'avez pas dit. - Absolument.
17:30 - Pourquoi ? - Parce que...
17:32 est-ce que j'aurais forcément été plainte ?
17:34 Pas forcément non plus. Et donc,
17:36 non, je ne l'ai pas dit, j'en ai parlé
17:38 après et d'ailleurs j'ai donné les...
17:40 je suis fière
17:42 d'offrir les droits de mon livre à l'Institut Raphaël.
17:44 Voilà, qui a été créé par le professeur
17:46 Alain Toledano et qui m'a soigné.
17:48 Et donc, je suis fière
17:50 de le faire pour lui. - Le flore ou les deux
17:52 magots ? Très rapidement. - Les deux magots.
17:54 - Yves Saint Laurent ou Karl Lagerfeld ?
17:56 - Les deux. - Jacquemus ou Rostin ?
17:58 - Jacquemus.
18:00 - Elle ou Vogue ?
18:02 - Les deux. - Anna Wintour
18:04 ou Karine Rotfeld ? - Les deux.
18:06 - Cécilia Sarkozy ou Carla Bruni ? - Les deux.
18:08 - Ah, dis donc ! - Ah si ! - Elle ne prend pas de risques.
18:10 - Ah mais je fais bien mon métier.
18:12 - Musée d'Orsay ou le Louvre ?
18:14 - Je passe
18:16 plus de temps au Musée d'Orsay qu'au Louvre.
18:18 - Instagram ou TikTok ? - Instagram.
18:20 - Ayanna Kamoura pour les JO, c'est bien ?
18:22 - Oui, c'est bien.
18:24 - Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
18:26 - Les trois. - Et Dieu dans tout ça ?
18:28 - Et Dieu, j'y crois.
18:30 - Mae West disait
18:32 "Je ne suis pas belle, je suis pire".
18:34 Paris, c'est pareil, c'est comme ça que vous vendez votre livre.
18:36 Mathilde à Paris.
18:38 C'est aux éditions Flammarion.
18:40 - Merci beaucoup Mathilde.
18:42 - C'est moi qui vous remercie. - Bonne journée à vous.
18:44 - Bonne journée, bon lundi.

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