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À la veille de la présentation de sa collection au Musée d'Art Moderne de Paris, le directeur artistique de Paco Rabanne est l'invité de 9H10.

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00:00 * Le 7 9 30 sur France Inter. *
00:06 A vous Mathilde Serrell, votre invitée ce matin est le directeur artistique de la maison
00:10 Paco Rabanne qui fait son retour demain dans les défilés parisiens.
00:14 Julien Dossena, bonjour !
00:16 Bonjour.
00:16 Vous présentez donc demain vos modèles de prêt-à-porter automnivers 2023-2024 au
00:21 Musée d'art moderne de la ville de Paris, quelques semaines après la disparition du
00:24 fondateur de la maison Paco Rabanne.
00:26 Ce sera un hommage, vous l'avez annoncé, qu'est-ce que vous ajustez, qu'est-ce que
00:30 vous retouchez dans ces derniers instants ?
00:32 Un peu tout.
00:34 C'est le moment où l'énergie de toutes les équipes est mise à contribution, donc
00:40 c'est vraiment du travail 24h/24 et c'est un moment assez magique où tout se réalise.
00:47 C'est-à-dire que c'est les trois derniers jours, les filles arrivent, les castings se
00:51 font, les vêtements se terminent, des choses qu'on avait imaginées il y a quelques mois
00:55 se mettent à exister soudainement et les derniers ajustements de chorégraphie, de
01:02 mise en scène, de réflexion.
01:04 Il n'y a plus vraiment de réflexion, on est dans le travail des mains et de la matière
01:08 là maintenant.
01:09 Vous décririez pour nous un modèle ?
01:10 Oui, c'est toujours évidemment Paco Rabanne, c'est l'idée du métal et de matière,
01:20 d'exploration de matière sur les corps.
01:23 On a travaillé effectivement le métal sous des formes encore différentes, essayé d'en
01:29 faire une autre interprétation.
01:30 Je sais qu'on a travaillé cette côte de maille assez iconique maintenant de Paco Rabanne
01:37 ou c'est de mousseline, je n'en dis pas plus, mais de mousseline brodée.
01:43 Il y a un jeu de transparence et de voilage qui donne au métal une autre texture.
01:52 Une légèreté aussi.
01:53 Oui, une légèreté et comme un effet 3D un peu intéressant.
01:56 Donc on a beaucoup travaillé là-dessus.
01:58 Dans les années 60, ils étaient trois à propulser la mode dans le futur.
02:01 Pierre Cardin, Paco Rabanne, André Courrèges avec une radicalité dont s'était moqué
02:06 le film Qui êtes-vous, Polly Magoo de William Klein.
02:09 Autre disparu cette année.
02:10 Aujourd'hui, ces trois maisons se relancent pleinement dans le XXIe siècle.
02:13 C'est quoi une mode futuriste en 2023 et 2024 ? Puisque vous êtes obligé d'être
02:17 visionnaire dans ces défilés, ce sont les mataïos justement ?
02:20 Futuriste, c'est toujours l'idée d'aller chercher comment les gens vont s'habiller
02:27 demain ou après-demain.
02:28 Et c'est vrai que nous, en mode, et d'ailleurs, Paco Rabanne le disait à son époque déjà,
02:34 c'est l'idée d'être amoureux de son temps et du présent.
02:39 Donc ce qui peut paraître comme extrêmement contemporain, finalement, n'est pas forcément
02:42 pour le futur, mais adressé en tout cas à un public ou à des clients, parce qu'on
02:49 peut se faire de vêtements pour dans six mois ou dans un an.
02:54 L'idée des années 60 et du futurisme, j'irais plus sur l'idée d'avant-garde,
02:59 surtout parce qu'il y avait une radicalité, une révolution culturelle.
03:03 Déjà à l'époque, on parle de 68-69 en France et ils étaient les porte-parole,
03:11 les leaders en tout cas en tant que designer, en tant que créateur de cette révolution
03:18 culturelle.
03:19 Donc c'était intéressant de voir qu'ils voulaient surtout complètement casser les
03:23 codes de la mode qui, à cette époque-là, il est vrai, était très bourgeoise.
03:28 On parlait de la couture, on était sur l'idée d'un atelier avec un savoir-faire.
03:33 Les filles voulaient changer aussi.
03:37 La nouvelle génération voulait prendre la parole.
03:40 On dit parfois que c'était un peu la première Gen Z.
03:42 En tout cas, il y avait une volonté de table rase, de se projeter dans des formes totalement
03:49 nouvelles.
03:50 Est-ce que les matériaux doivent être nouveaux au 21e siècle ?
03:55 Il disait que Paco Rabanne faisait des vêtements simples avec des matières bizarres, tandis
04:01 que d'autres imaginaient des formes extravagantes dans les textiles classiques.
04:04 C'est aussi ce que vous faites ?
04:06 C'est aussi ce qu'on fait.
04:07 L'exploration des matières de Paco Rabanne est très importante.
04:10 C'est vraiment au cœur de la recherche et de l'idée de cette maison.
04:14 Paco Rabanne, c'est quand même l'idée d'une expression très personnelle à ce
04:20 niveau-là.
04:21 C'est-à-dire que pour lui, le métal et le fait de mettre du métal sur la peau, ça
04:25 restait comme un acte militant presque.
04:27 C'était l'idée aussi.
04:28 En tout cas, l'image qu'il se faisait de la femme à ce moment-là, était justement
04:34 de lui aider à gagner son indépendance.
04:36 C'était les premières années de ces combats-là qui continuent d'ailleurs toujours maintenant.
04:41 Parce qu'en 78, vous avez raison, Paco Rabanne dessine des armures aux femmes pour se défendre
04:47 contre les agressions.
04:48 Et ce qu'on appelle aujourd'hui le harcèlement de rue.
04:50 Oui, c'est ça.
04:51 D'ailleurs, il explique même, il décrit une robe en métal très courte en expliquant
04:56 qu'elle est pare-balle presque.
04:58 Elle est en acier.
04:59 Il veut pouvoir faire en sorte que les femmes gagnent leur indépendance en aidant à leur
05:04 protection en réalité.
05:05 Et aujourd'hui, ça se dessinerait comment donc cette protection ?
05:08 Je sais que nous, on a travaillé avec les équipes en juillet dernier sur un défilé
05:15 qui était assez armé comme ça.
05:19 C'est-à-dire des grosses chaussures plates pour pouvoir courir ou frapper.
05:24 En tout cas, se défendre potentiellement.
05:26 Et l'idée de vêtements qui sont aussi toujours très, je dirais pas intimidants, mais en
05:33 tout cas qui posent une attitude qui n'appelle pas à la rigolade.
05:38 Il y a quelque chose d'assez...
05:40 On parle parfois de power dressing.
05:42 Oui, on parle de ça.
05:44 Cette espèce de pouvoir, de courage et aussi de respect imposés par le vêtement.
05:50 Et surtout l'idée que le design de vêtements puisse servir à la personne qui le porte
05:56 pour incarner exactement qui elle veut être à ce moment-là.
06:00 Il y a aussi une grande exigence qui est portée dans la maison Paco Rabanne.
06:04 Et la définition d'un bon directeur artistique, c'est lui-même qui va nous la donner.
06:08 Je me prends pour le seul couturier parisien dans ce sens que mes confrères qui sont des
06:14 gens de grand talent, sont plutôt des habilleurs.
06:17 Ils habillent les gens merveilleusement bien, mais ne tiennent absolument pas compte de la
06:22 mode et du temps dans lequel elles s'expriment puisque ce sont des habilleurs et font toujours
06:25 des modes rétro.
06:26 Un couturier est un novateur.
06:28 C'est quelqu'un qui doit bouleverser les choses, qui doit amener des techniques nouvelles,
06:31 des formes nouvelles.
06:32 1976, Paco Rabanne sur TF1.
06:36 La différence entre habiller et créer, l'exigence de la novation.
06:40 Comment elle se traduit aujourd'hui Julien Dossena ?
06:42 Il y a toujours ce clivage parfois entre l'idée de travailler sur une ligne de vêtements
06:52 un peu plus commerciale qui est très importante, qui va constituer un fond de garde-robe ou
06:56 quelque chose comme ça, et effectivement l'exploration vers l'idée d'une proposition
06:59 nouvelle chaque saison et de comment on arrive à continuer à innover, à essayer d'aller
07:05 chercher des nouveaux principes.
07:06 Après, Paco Rabanne, c'est vraiment ce qu'on se disait tout à l'heure, un des
07:10 leaders d'une certaine avant-garde.
07:12 Donc pour lui, la radicalité de cette recherche d'innovation était au cœur de son propos.
07:19 Est-ce que l'avant-garde est toujours...
07:20 Et pour vous, comment vous naviguez justement entre cette différence entre habillement
07:23 et création ?
07:24 Comment vous vous débrouillez pour être un couturier et pas un habilleur ?
07:28 Maintenant, le principe c'est que l'un ne va pas sans l'autre.
07:32 C'est-à-dire qu'il faut qu'on puisse proposer une garde-robe qui va pouvoir être
07:38 accessible, en tout cas forte mais accessible pour que ce soit un choix libre de porter
07:46 et facile surtout, et en même temps dans la multitude de propositions de mode en ce
07:52 moment qui n'était pas forcément le cas à l'époque.
07:54 Et aussi le retour en arrière, il en parlait déjà Pakoraban.
07:57 Aussi, et donc comment est-ce qu'on arrive à trouver cette place ?
08:00 C'est l'idée de travailler justement dans une maison qui porte ce patrimoine de
08:05 Pakoraban, c'est d'essayer d'être toujours à l'avant-garde mais tout en s'adaptant
08:11 à son temps et à savoir à une proposition encore plus directe et plus accessible qu'à
08:15 l'époque.
08:16 Vous dites que vous avez injecté votre part, Julien Dossena, celle du romantisme, pour
08:19 contrebalancer ce futurisme de Pakoraban.
08:22 En vêtements, ça donne quoi ?
08:23 C'est justement ce mélange de textures dont on parlait tout à l'heure, c'est-à-dire
08:28 c'est une mousseline avec un tissu, une côte de maille.
08:31 C'est l'idée justement de venir aussi, en anglais on appelle ça "effortless",
08:36 il n'y a pas une définition très claire en français mais l'idée de quelque chose
08:41 sans effort, en gros que ce ne soit pas forcé.
08:44 Si il y a la définition d'Ayana Kamura, "mannequin sans forcer", t'as kiffé la
08:47 dégaine.
08:48 Ça peut être une bonne définition.
08:49 C'est ça, le "effortless".
08:51 Vous, vous dessinez, Julien Dossena, il y a d'autres créateurs de votre génération
08:55 comme Simon Porte Jacquemus qui travaillent plus avec des collages d'inspiration, des
08:58 moodboards, comme on dit.
08:59 Vous êtes au crayon, vous êtes au croquis.
09:02 Oui, je suis au croquis.
09:03 Moi, je suis venu à ce métier finalement par le dessin au départ.
09:07 Je dessinais tout le temps en fond, donc il fallait bien que j'en fasse quelque chose
09:10 et c'était l'idée de pouvoir en faire de la mode.
09:13 Donc je dessine, mais maintenant, c'est vrai que c'est assez protéiforme.
09:17 Par exemple, je dessine quand je sais que je suis en retard et que c'est la façon
09:23 finalement la plus simple, la plus directe d'expliquer une silhouette, un croquis.
09:26 Parfois, je...
09:27 Il va montrer un schéma, c'est simple que ça.
09:30 Voilà, en gros, ou bien sur buste, ça dépend.
09:33 Une matière particulière qu'il faut travailler avec la main pour qu'on puisse justement
09:38 commencer à la maîtriser aussi, quand on ne la connaît pas encore.
09:40 Et moodboard, oui, ça peut être un détail, ça peut être une attitude, ça peut être
09:47 un type de femme aussi dans un film, une photo de...
09:51 Une passante.
09:52 Une passante aussi, ça peut être...
09:54 Il y a beaucoup de photographie aussi dans l'inspiration.
09:59 Vous fêtez vos 10 ans à la direction artistique de la maison Paco Rabanne, Julien Dossonin,
10:04 où vous portez cet héritage sans le parodier.
10:07 Mais quel est votre héritage ? Quelle vision vous nourrisse ? On en reparle dans quelques
10:11 minutes sur France Inter, 9h19.
10:12 - Je vous présente Julien Dossonin.
10:19 - Bonjour.
10:22 - Julien Dossonin.
10:25 - Bonjour.
10:28 - Je vous présente Julien Dossonin.
10:35 - Bonjour.
10:38 - Je vous présente Julien Dossonin.
10:48 - Bonjour.
10:51 - Je vous présente Julien Dossonin.
11:02 - Bonjour.
11:11 - Bonjour.
11:18 - Bonjour.
11:25 - Bonjour.
11:32 - Bonjour.
11:42 - Bonjour.
11:52 - Bonjour.
12:02 - Bonjour.
12:12 - Bonjour.
12:22 - Bonjour.
12:32 - Bonjour.
12:42 - Un novateur assurément à Rédy Paco Rabanne, Oliver Syme à l'instant échappé du trio
12:48 The XX et Nouvelle-Égérie Dior.
12:50 - C'est Julien Dossonin, le directeur artistique de la maison Paco Rabanne, qui a dû donc
13:02 lui rendre hommage le 3 février dernier lorsque le couturier fondateur a disparu.
13:07 Un artiste au total, vous avez dit Julien Dossonin, il avait donné une expression de
13:12 son utopie personnelle qui a contribué à faire évoluer la vision du monde.
13:17 Ça donne un petit peu la pression évidemment quand on prend la suite.
13:20 Comment est-ce qu'on travaille ce fondement qui est l'utopie chez Paco Rabanne en tant
13:25 que directeur artistique ?
13:26 - Ce qui est super avec un fondement aussi particulier et unique quand on regarde le
13:31 paysage de mode, c'est que ça donne en tout cas l'idée d'une liberté qui s'adapte
13:37 à son temps parce que finalement l'utopie pour moi, en tout cas je l'envisage comme
13:40 ça, c'est une réaction qu'il a pu avoir lui à un climat et la façon dont il voulait
13:45 que ce soit politiquement ou esthétiquement le monde reflète ça.
13:54 Donc j'aime beaucoup l'enthousiasme et l'optimisme dans l'idée d'utopie.
13:58 Et une utopie peut facilement virer vers la dystopie et donc il y a tout un champ intéressant
14:04 parce que finalement la mode doit refléter un moment son temps et partir de ce principe-là
14:11 en tout cas moi me nourrit beaucoup.
14:13 - Lui il avait des visions très pertinentes parfois.
14:15 Paco Rabanne, architecte de formation, il estimait que les constructions annonçaient
14:19 les civilisations de même pour les vêtements.
14:21 Le crash de 1930 a été annoncé en 1927-28 pour lui par les vêtements très longs, très
14:26 étroits, sombres qui annonçaient ce crash.
14:29 Il dit également que quand les cheveux des femmes gonflent, les régimes tombent.
14:33 Et puis Paco Rabanne évidemment se sentent aussi des prophéties plus hasardeuses et
14:38 cette image de médium délirant comme sur le plateau d'Ardisson en 2005.
14:43 - Moi je porte témoignage parce que je suis arrivé à 72 ans, à la fin de mes vies et
14:50 j'ai envie de porter témoignage.
14:51 - Vous n'avez pas 72 ans, vous avez 78 000 ans Paco.
14:53 - Ça c'est autre chose, je suis sur cette planète Terre depuis 78 000 ans.
14:57 - Ça t'en fait des poids dans votre tête dis donc.
14:59 - Parce que je suis arrivé de la constellation de l'aigle, de l'étoile bleue Altaïre,
15:03 pour créer la première Atlantide.
15:05 - Et oui, Julien Dossena, comme vous avez appris la direction artistique de la maison
15:11 Paco Rabanne, comment est-ce que vous avez joué avec cette image qui est forcément
15:14 présente dans l'imaginaire du public ?
15:16 - Moi j'aimais beaucoup l'idée de justement, en tout cas esthétique au départ de l'ésotérisme.
15:22 C'est-à-dire que c'est un uniforme, en tout cas d'un point de vue mode, qui m'inspirait
15:26 pas mal.
15:27 Et donc la façon, en fait ce qu'il faut savoir c'est que Paco Rabanne, dans la deuxième
15:31 partie de sa vie, était vraiment justement un écrivain et un théoricien presque de
15:39 l'ésotérisme, si on peut l'expliquer comme ça.
15:41 Et je sais qu'il y a un très grand public qui le suivait aussi pour cette activité-là.
15:46 Et pour moi, ça fait partie du personnage de Paco Rabanne qui est génial dans un sens
15:52 aussi, parce que quand on parlait d'utopie, quand on parlait aussi d'avoir l'idée
15:57 d'une dimension mystique dans sa vie, moi d'un point de vue vêtement, je trouvais
16:04 ça très intéressant à travailler aussi.
16:06 Donc j'ai pu mixer justement son origine espagnole.
16:10 - Oui, il fit l'Espagne franquiste avec sa mère, il traverse les Pyrénées à pied
16:15 avant d'arriver en Bretagne.
16:16 Vous venez aussi de Bretagne, vous, Julien Dosséda.
16:20 Ça c'est les similitudes presque qui vous prédestinaient à Paco, si je reprends le
16:24 langage ésotérique.
16:26 Mais vous, quelles sont les visions qui vont vous porter ? Les utopies, la rave peut-être,
16:31 les rave parties en Bretagne ? Je crois qu'ils vous ont beaucoup inspiré dans vos premiers
16:34 dessins.
16:35 - Oui, à l'époque en tout cas, ça a été un moment où j'ai pu comprendre, où j'ai
16:41 découvert une mode qui reflétait ce que je vivais à ce moment-là.
16:45 Et c'est des moments très forts de connexion à cet âge-là, quand on commence à sortir.
16:50 Je découvrais un certain type de musique, une certaine communauté finalement aussi,
16:54 le début des amitiés, l'envie du départ aussi de Bretagne, justement parce que j'adore
16:59 la Bretagne et j'adore y avoir grandi.
17:02 Mais c'est vrai que quand j'avais 16-17 ans, je rêvais qu'une chose c'était de partir.
17:08 Et ces visions-là ont été fondatrices dans ce qu'on peut appeler, je ne sais pas si
17:14 on peut appeler ça un style, mais en tout cas des envies esthétiques et d'un certain
17:20 niveau d'attitude.
17:21 - Lorsque vous arrivez chez Balenciaga, vous allez faire vos armes, d'ailleurs autre similitude
17:26 puisque la mère de Paco Rabanne, elle travaillait pour Cristobal Balenciaga.
17:30 Qu'est-ce que vous allez retenir de ce passage-là qui finalement va vous nourrir à l'arrivée
17:35 à la maison de Paco Rabanne ? Parce que d'ailleurs vous gardez vos équipes de Balenciaga
17:38 quand vous arrivez une partie.
17:39 - Balenciaga c'est l'endroit où vraiment avec Nicolas Ghesquière qui m'a appris mon métier.
17:45 C'est-à-dire qu'avant c'était une vision esthétique que je pouvais avoir et j'étais
17:49 étudiant et j'avançais.
17:50 Et Balenciaga, en tout cas Nicolas m'a vraiment appris ce qu'était d'être directeur artistique.
17:57 Et en l'observant, en travaillant avec lui et ses équipes, j'ai pu vraiment faire mes
18:02 armes comme on dit et apprendre un petit peu à...
18:06 - On vous appelait Monsieur Pantalon parce que vous étiez très appliqué sur les jambes de pantalon.
18:09 - Oui, j'étais un peu déterminé.
18:11 À ce moment-là je faisais les tailleurs et surtout les pantalons.
18:14 A priori je faisais bien les pantalons.
18:15 Donc en tout cas j'ai apporté un grand soin et ça demande beaucoup de soin de faire un pantalon.
18:20 - Il y a aussi la radicalité et il y a quelque chose d'un peu kitsch dans les parfums de
18:25 la maison de Paco Rabanne qui soutiennent en même temps cette maison, qui soutiennent
18:28 sa croissance, le fait qu'elle ait pu revenir finalement dans l'industrie du luxe.
18:31 Comment vous gérez ces deux images, le bling bling de One Million et la radicalité et
18:36 l'utopie de Paco Rabanne ?
18:38 - Les succès de One Million et des parfums Paco Rabanne, vraiment ça a été...
18:44 C'est très intéressant, c'est comme le succès du travail de Paco Rabanne au départ.
18:48 C'est-à-dire l'idée de faire des robes métalliques, ce n'était pas gagné au début.
18:52 Et il a réussi à en faire quelque chose de très populaire et très mainstream, je
18:56 dirais, dès le départ, dès 68-69.
18:59 Tout le monde voulait porter des robes en métal et One Million, c'est un énorme succès
19:04 de parfumerie.
19:05 Effectivement, ça nous fait vivre aussi.
19:06 En tout cas, au départ, ça a permis de relancer la mode.
19:08 Et donc moi, ma mission, ça a toujours été depuis dix ans maintenant, de remettre Paco
19:12 Rabanne, le designer, et sa vision, enfin sa vision, en tout cas sa vision d'été,
19:17 au centre du propos.
19:18 - Mise à jour, donc si on parle en bon français.
19:21 Un mot, Julien Dossena, sur une épiphanie que vous avez eue.
19:24 Je voudrais savoir où est-ce qu'on la retrouve aujourd'hui dans votre travail.
19:27 Vous avez lu Émile Zola et soudain, ça a changé beaucoup de choses pour vous.
19:31 Je voudrais savoir qu'est-ce que vous avez de ce romanesque, de ces années de lecture
19:36 de Zola, mais aussi de Balzac, aujourd'hui dans vos travaux.
19:39 - C'était surtout, en fait, c'est un lien direct avec ma grand-mère paternelle qui
19:44 était prof de français et qui m'a amené à la lecture en fond.
19:47 Et j'avais cette idée-là, justement d'être en Bretagne, dans une famille petite classe
19:53 moyenne, de l'idée d'un destin, bizarrement.
19:57 Et j'ai retrouvé cette idée-là dans les Zola, dans certains mots passants aussi.
20:01 Il y avait l'idée dans ce roman classique d'une construction sociale que je trouvais
20:05 être assez intéressante et surtout un vrai appétit pour les descriptions.
20:12 Il y avait une précision de description, une volupté dans ces descriptions qui m'ont
20:17 beaucoup marqué.
20:18 - Et qui finalement font qu'on s'habille un peu pour son destin.
20:21 - Aussi.
20:22 - Ça se décide aussi dans le vêtement.
20:24 Merci beaucoup Julien Dosséna.
20:26 Longue vie à la tête de la maison Paco Rabanne où vous êtes arrivé déjà depuis
20:31 dix ans et que vous avez su réveiller au Musée d'Art Moderne.
20:35 On aura aujourd'hui à Paris la présentation de cette collection automne-hiver 2024.
20:40 Merci encore, ce sera vers 17h30.
20:43 - Et merci à vous Mathilde Serrel.

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