À 9h20, la confesseuse des stars, Mireille Dumas, est l'invitée de Mathilde Serrell. À l'occasion d'un documentaire consacré à Hugues Aufray, diffusé sur France 3 le vendredi 28 février prochain, à 21h. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-20-fevrier-2025-1104911
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Mathilde Serrel, vous recevez ce matin une journaliste, animatrice, productrice, documentariste
00:06et YouTubeuse.
00:07Mireille Dumas, bonjour ! Comme vous êtes une championne de l'interview, on va faire
00:12une interview au carré ce matin, ça vous va ?
00:14Oh là là, oui ! Dites-moi !
00:16Si vous étiez l'un de vos entretiens, l'une des personnalités que vous n'avez pas encore
00:21interrogées et le pire moment de la journée, vous seriez qui ? Vous seriez quoi ?
00:25Oh là là ! L'interview, celle de mon père, que je n'ai pas pu faire parce que je l'ai
00:32très peu connu.
00:33Vous aviez 3 ans et demi quand il était en partenariat.
00:35Et je lui aurais demandé si c'était bien lui qui m'avait rendu visite, à soir, dans
00:40le couloir de la maison, j'ai senti une main sur mon épaule, je ne plaisante pas, et j'avais
00:44la présence de mon père et j'avais 7 ans.
00:46Et ça m'a beaucoup troublé cette histoire.
00:48Donc ça, ce serait cette interview que vous n'avez pas pu faire, bien sûr.
00:52Et donc, l'interview que vous aimeriez être ?
00:55Alors, c'est celle-ci que j'aurais… Oui, d'accord, ok.
01:03Sinon, celle que je n'ai pas pu faire, quand même d'une personnalité, parce que c'est
01:06assez drôle, et on va voir que j'étais finalement assez naïve, c'est celle de François
01:12Mitterrand.
01:13C'était bien parti, avec son conseiller en communication.
01:17Voilà, on avait échangé et tout.
01:20Deuxième rendez-vous, il me dit « Au fait, vous allez l'appeler comment, votre entretien ? »
01:23Et moi, très spontanément, je dis « Bah, les masques ! ». C'était en plein « Bah,
01:27les masques ! ». Il m'a regardé, il m'a dit « Mais vous n'y pensez pas ! Le président
01:31de la République, faire tomber les masques ! ». Et maintenant, avec le recul, quand on
01:35sait quand même les secrets sur la vie amoureuse, la santé et tout, c'est vrai qu'on comprend
01:39mieux.
01:40Et là, ça s'est arrêté, il m'a dit « Mais non, dans le fond, ça ne le fera pas, ça
01:43ne le fera pas ! ».
01:44Vous avez eu Valérie Giscard d'Estaing, en revanche, qui a été très volubile à
01:48l'antenne, hors antenne, qui vous parlait de sa solitude du pouvoir.
01:52Oui, des femmes aussi, qui regardent le pouvoir, qui sont attirées par le pouvoir.
01:57Alors, je lui disais que c'était quand même une vision très, très, très ancienne.
02:01Les femmes, ils me disaient non, enfin, ils s'est embrouillées.
02:04Puis à la fin, ils me disent « Oui, oui, je suis d'accord avec vous ». C'était très
02:08étrange.
02:09Vous ne m'avez pas répondu sur le pire moment de la journée.
02:11Le pire moment de la journée, alors, je vais vous dire, la nuit, parce que je suis vraiment
02:15insomniaque.
02:16Il me paraît que vous l'êtes depuis que vous êtes productrice.
02:19Oui, c'est vrai.
02:20Vous avez votre boîte de prod.
02:21Mais c'est vrai, vous ne pouvez pas imaginer le bazar qu'il y a dans ma tête quand je
02:24me couche.
02:25Je pense à plein de choses.
02:26En fait, c'est le fait de réfléchir qui vous empêche de dormir.
02:28Donc, je ne déconnecte pas.
02:30Je pense aussi bien aux coups de fil que je n'ai pas passés, au travail, aux courses,
02:34n'importe quoi.
02:35Et il me faut beaucoup de temps pour plonger dans le sommeil.
02:38Et le moment où je glisse dans le sommeil, c'est un moment délicieux.
02:41Mais j'adore la nuit aussi, parce que j'ai l'impression de grappiller du temps sur ceux
02:45qui dorment.
02:46Vous voyez, c'est très ambigu.
02:47Il me paraît que vous avez eu une période chasse et pêche, vous regardez beaucoup chasse
02:50et pêche à la télé.
02:51Beaucoup.
02:52Et les clips.
02:53Et puis les clips.
02:54Les clips, j'adorais les clips.
02:55D'ailleurs, à un moment donné, je me disais que j'avais envie de réaliser des clips parce
02:57que c'est fascinant.
03:00On peut lâcher complètement son imagination.
03:03Ça peut être formidable.
03:05En musique en plus, j'adore.
03:06Si quelqu'un est intéressé, Mireille Dumas peut réaliser un clip.
03:09Oui, enfin bon.
03:10Voilà.
03:11L'appel est lancé en tout cas.
03:12En 40 ans de métier, vous avez acquis ce surnom de
03:15psy du PAF.
03:16Il vous va bien ? Vous l'aimez ?
03:17Oui, si on me le donne, c'est que ça correspond à quelque chose, même si je ne pense pas
03:22faire des interviews de psy.
03:24Parce que vous n'avez pas votre pareille pour amener vos invités à descendre en eux-mêmes
03:28et à se livrer sans filtre.
03:30Donc, je vais essayer de faire un peu de spéléo avec vous ce matin.
03:33On peut.
03:34Allons-y.
03:35Mireille Dumas, après Brigitte Bardot ou François Zardy, vous signez un nouveau documentaire.
03:39C'est Hugo Fré, l'éternel jeune homme, qui sera diffusé sur France 3 à vendredi
03:4228 février.
03:43A 95 ans, il est le doyen de la chanson française, le passeur de Bob Dylan dans l'Hexagone.
03:48Un homme qui a chanté devant Martin Luther King, qui a ému Céline Dion aux larmes.
03:52Un petit âne gris aussi.
03:54Et une force de la nature.
03:56Qu'est-ce que vous n'aviez pas décelé encore chez lui quand vous l'avez interviewé ?
03:59Et qui vous a donné envie d'aller plus en profondeur ?
04:02Écoutez, c'était justement cette ambiguïté.
04:06En fait, il est très conformiste et en même temps, il est très pionnier de plein de choses.
04:11Il a découvert beaucoup de choses.
04:13Il est très conformiste mais pas révolutionnaire.
04:16Oui, l'écologie avant l'heure, évidemment.
04:19En 1966, le premier concert contre le racisme à Paris, avec Martin Luther King.
04:25Le fait de nous avoir traduit toutes les chansons de Dylan, je trouve que ce n'est pas rien.
04:30Parce que ce sont des chansons absolument sublimes.
04:33Ce que je n'avais pas forcément vu avant de l'interviewer,
04:40c'est peut-être toute cette fêlure et à quel point l'art était venu à la rescousse de la vie.
04:47En fait, c'était un vrai résilient.
04:48Et ça, je l'ai vraiment découvert en l'interviewant.
04:51La fracture, la cisaille, si je peux dire, dans sa vie quand son frère s'est suicidé, son frère aîné.
04:58Ça, c'est la dimension de cette douleur-là, je l'ai appréhendé vraiment en l'interviewant.
05:03Son frère avait 26 ans et lui, 25.
05:05Et en même temps, un appétit de vivre.
05:06Justement, il repart toujours au combat.
05:09C'est un combattant, en fait.
05:11On écoute ce qu'en dit Renaud.
05:12« Toujours fringué, silhouette de jeune homme.
05:16Jamais ringard malgré ses cheveux blancs comme neige.
05:23Neige au grenier, feu à la cave, paraît-il. »
05:33Extrait de votre documentaire où Hugo Frey vous raconte comment il voulait partir à
05:44la conquête du monde, Mireille Dumas, avec cette chanson « Santiano » et il est resté
05:47chez lui.
05:48Il y a cette expression de Renaud qu'on adore « Neige au grenier, feu à la cave ».
05:52Mais apparemment, ça le maintient en forme.
05:55Je voudrais vous dire.
05:56La cave, oui.
05:57Il va avoir 96 ans.
05:58Il s'y passe des choses, on comprend au fil de l'interview qu'il se passe des choses
06:01à la cave.
06:02Vous aviez vu aussi que l'éternel jeune homme a d'abord été un vieux au milieu
06:06de la bande.
06:07Des Johnny et autres saluent les copains dans les années 60.
06:09C'est fou.
06:10C'était vraiment le vieux.
06:11On lui avait changé sa date de naissance.
06:12Oui, imaginez-vous.
06:13C'était l'époque yé-yé quand même, des jeunes qui arrivaient.
06:17Donc, lui était avec ses chansons folles qui n'avaient absolument pas le même public,
06:21c'est sûr.
06:22Et il est né en 1929, on a fait croire qu'il était né en 1933.
06:27Pour le rajeunir, il a traîné cette fausse date de naissance.
06:32Et puis, Mireille Dumas, vous n'avez pas votre pareil, je le disais, pour progressivement,
06:36doucement, mais sûrement, entrer dans l'intimité du Goffret, son enfance, ses parents, son
06:41frère, vous en parliez, son rapport aux femmes, on vient de l'évoquer en passant, avec
06:44ce style par petites touches, cette approche que qualifierais-moi de Ninja Cat.
06:48Hop, on tourne la tête et vous êtes toujours plus près.
06:51Ça se fait au détour d'une question d'abord, par exemple, il vous raconte comment au début
06:55des années 60, il dort un peu partout, il traîne les pieds nus à Saint-Germain-des-Prés
07:00avec sa guitare, et il chante au terrasse et café, et hop, vous lui dites, vous aviez
07:04envie d'être aimé ? Et qu'est-ce qu'il répond là ? Il répond oui, et après il
07:09déroule jusqu'à la première grande déchirure, qui sera sa nurse, on va l'écouter dans
07:13une autre Confidence.
07:14La notoriété ne vous est jamais montée à la tête, ni l'argent ?
07:18Non, mais j'ai eu la chance extraordinaire de faire plusieurs fois faillite.
07:22C'est une chance extraordinaire que peu d'artistes ont.
07:27Il y a une contradiction dans le monde de l'art, c'est qu'autrefois, pour moi,
07:31les artistes étaient pauvres, donc j'étais prêt à être pauvre, et puis tout d'un
07:35coup, vous faites fortune.
07:36Alors là, c'est dramatique, parce qu'il y a une espèce de schizophrénie invivable,
07:44d'ailleurs que les artistes vivent très mal.
07:46Et que vous avez vécu comment, vous ?
07:47Grâce aux faillites.
07:49Bien, puisque vous avez perdu l'argent, c'est ça ?
07:52Oui, ce qui fait que je me suis retrouvé toujours du côté des rameurs.
07:56C'est ce que j'aime.
07:57Il est très authentique, Hugo Frey.
07:59Il dit les choses.
08:00Je ne suis pas sûre que tous les artistes se retrouvent dans ce qu'il dit, puisque
08:05certains ont gagné de l'argent, bien, et s'en sont contentés, ils sont heureux même.
08:11Donc, je ne suis pas certaine, mais lui, il est vraiment impayable.
08:14Il est heureux, il est impayable, et vous, vous n'avez pas votre pareille, en fait,
08:18pour vous approcher de lui, pour le relancer.
08:20Qu'est-ce que vous diriez de votre style ? C'est 50% Henri Chapier, 50% Denise Glazer.
08:26C'est compliqué de me définir.
08:28Non, franchement, c'est 100% Mireille Dubas.
08:32Je le dis avec beaucoup d'humilité, mais non, c'est le fait d'aller chercher, effectivement,
08:37un peu de données, c'est chercher à mettre en perspective, chercher à comprendre,
08:42aller chercher toujours du sens, où peut-être parfois il n'y en a pas, où je veux donner du sens.
08:48Peut-être qu'aussi, il y a des choses complètement qui nous échappent.
08:51Vous creusez, vous ne trouvez pas toujours un trésor, mais vous creusez.
08:53On trouve souvent beaucoup de choses, qui d'ailleurs sont en écho avec la société aussi,
08:59dans laquelle on vit.
09:00C'est ça qui est important.
09:01Oui, c'est ça qui résonne avec vous, c'est qu'il n'y a jamais de voyeurisme.
09:04L'idée, c'est qu'à travers l'individu, qu'est-ce que ça me dit du monde où je suis ?
09:08Qu'est-ce que ça me dit du monde, qu'est-ce que ça me dit de la société ?
09:11À travers le témoignage individuel, ce dont je parle, c'est de la place de l'individu dans la société.
09:16C'est toujours ça, c'est toujours ce qui se passe aux alentours,
09:22parce qu'on est tributaire quand même.
09:23On peut se retrouver, justement, marginalisé,
09:27parce que la société ne nous donne pas les moyens de nous épanouir.
09:31Vous voyez, c'est toujours en relation.
09:33Et tout ce que j'ai mis à l'antenne...
09:35Les structures se révèlent à travers les individus.
09:38Oui, ça a toujours été, quand j'ai parlé beaucoup de la marginalité,
09:41le fait des tabous, etc.
09:42C'est bien parce que, justement, il y avait un problème entre les lois,
09:47les institutions et la liberté individuelle, personnelle.
09:51C'est quand même un lien de confiance.
09:53Comment il se crée, celui-là ?
09:55Est-ce que vous voyez dans les yeux des gens que vous interrogez ?
09:57Comme là !
09:58C'est en pleine confiance !
09:59C'est en pleine confiance, donc j'ai réussi !
10:00C'est un truc de serpent, comme dans le livre de la jungle !
10:03Parmi tes rangs, il y a des gens qui se sont braqués ?
10:06Non, c'est vraiment d'être là, le moment présent.
10:10Je suis tout le temps, d'ailleurs, dans ma vie, tout le temps, en permanence,
10:15même la nuit, vous l'avez bien compris.
10:17Je suis dans le moment présent.
10:18Je suis toujours dans le moment présent.
10:20Le passé, il est passé.
10:22Le futur n'existe pas pour l'instant.
10:25Je suis tout le temps sur ce moment-là.
10:28D'abord, moi, ça me permet de taire mes angoisses.
10:31Je le conseille à beaucoup.
10:32C'est formidable de vivre au temps présent.
10:34Et puis, pour l'autre qui est en face de vous, vous êtes vraiment avec lui.
10:38Vous n'êtes pas ailleurs, vous êtes là.
10:41Donc, je pense que le fait d'être…
10:43C'est votre présence absolue et totale à l'instant T ?
10:46Oui, c'est comme un don d'écoute qu'on se fait.
10:50Donc, l'autre, ça force l'autre aussi à être là et à répondre.
10:55Pour rappel, Mireille Demain, quand elle est là, c'est ça.
10:58Pourquoi vous nettoyez la table ?
11:00Parce que je suis debout.
11:01J'en ai vu quelques-uns le faire aussi, quand ils s'embarrassent.
11:04Ça, c'est signe d'embarras.
11:06C'est assez embarrassant d'être en face de vous.
11:09Ce sont les femmes qui dirigeront, comme dans une planète Star Wars ou autre,
11:14la planète des femmes.
11:16Et les hommes deviendront les victimes.
11:18Et ça sera une revanche, si vous voulez, de la femme.
11:20Ce sera quoi, alors ?
11:21C'est une revanche.
11:22Ce seront des quoi ? Des géniteurs, simplement ?
11:24Ce seront des étalons qui seront broyés par les femmes.
11:26Et vous, pardon, vous vous êtes sentie désirée et aimée.
11:29Aimée, François ?
11:30Moi, je me suis sentie aimée par mon père, même si je ne le voyais jamais.
11:35Enfin, on le voyait deux, trois fois par an.
11:37Merci d'ailleurs, Charles Aznavour, d'être ici ce soir,
11:40parce que c'est vrai que vous parlez peu de vous.
11:42Écoutez, j'ai une vie calme, tranquille.
11:45Ce que j'aime, c'est travailler, surtout écrire.
11:49Mais non, au début des années 80, vous avez...
11:51Mais 80 !
11:52Si je puis me permettre, je demande le droit de parler, Bernard Tapie.
11:55Non, mais vous avez incarné la réussite, l'autodidacte qui s'en sort.
11:59Vous voulez que je vous sorte les...
12:01Et dans les années 90, une image ternue.
12:03Mais non, 80, je vous amenais...
12:05C'était l'argent facile, la corruption, etc.
12:07La vérité sur Tapie dans Le Point, enquête de L'Express,
12:10le nouvel observateur qui...
12:11Pas vrai !
12:14Pas vrai !
12:15Fabrice Luchini, Jean-Pierre Mocky, François Zardy, Charles Aznavour, Bernard Tapie.
12:20Ça n'a rien à voir d'ailleurs.
12:22Ça n'a rien à voir.
12:23Il y avait une petite rimorie à un moment, mais avec Aznavour, on a fait une rupture.
12:25Donc ça, c'est à travers 40 ans de travail dans la petite lucarne,
12:30comme on dit, le PAF, les masques, la vie à l'endroit,
12:32vie privée, vie publique, Mireille Dumas.
12:34On entend quand même aussi les hommes qui sont perturbés par vos interviews.
12:40Vous croyez ?
12:41Je ne sais pas.
12:42Fabrice Luchini qui nettoie la table, déjà, il est impressionné.
12:45C'est vrai.
12:46Mais vous savez que ça a changé ?
12:47C'est qu'au début, quand j'ai commencé, en milieu des années 80,
12:51et surtout dans Balémas, dans les années 90,
12:53c'était avant tout des femmes qui venaient témoigner.
12:56Beaucoup plus de femmes que d'hommes.
12:58Et puis ça a vraiment changé.
13:00Il y a eu une bascule au début des années 2000,
13:02dans vie privée, vie publique.
13:04Tout à coup, j'ai vu les hommes venir en plateau, se lâcher,
13:07accepter de parler de leurs failles, de leurs blessures,
13:09alors qu'avant, ils étaient assez quand même...
13:11Verrouillés.
13:12Verrouillés, etc.
13:13Il y a eu un vrai changement.
13:15Donc un désir de sourire.
13:16Pour autant, l'intime...
13:19Vous aviez du mal à parler parfois.
13:21Oui, ce qui est de l'ordre de cette intimité qu'on peut partager d'ailleurs,
13:26parce que je ne vais pas là où on ne doit pas aller.
13:28Mais dans cette intimité-là,
13:30parfois les hommes ne sont pas à l'aise.
13:34Dans cet exercice qui est très sympathique avec Fabrice Luchini,
13:38c'est que c'est l'un des premiers où il s'ouvre comme ça.
13:43Les vannes, au départ, ils cherchaient les mots.
13:47Et puis il va s'ouvrir.
13:49C'est vraiment une interview culte qu'on peut revoir.
13:51On en parlera plus tard sur la chaîne YouTube.
13:53Je suis née sur ses genoux.
13:54C'est lui qui vient m'embrasser.
13:56Il ne m'appelle pas maman presque.
13:58Non, je l'ai oublié.
14:00De toute façon, ça devait se produire.
14:03Oui, ça devait se produire.
14:05Vous êtes la reine de la maillotique, on pourrait dire ça,
14:07dans la tradition philosophique pour accoucher d'une parole.
14:10Chacun se livre sur son parcours, son enfance, ses failles, parfois ses traumas.
14:14Est-ce que vous, vous avez senti en 40 ans la qualité d'écoute faiblir parfois ?
14:20Comment est-ce qu'on la maintient ?
14:22Comment on la maintient ?
14:23Cette qualité d'écoute, d'accueil.
14:25En étant toujours aussi curieuse.
14:28J'ai vraiment, je crois, la soif de l'autre, le goût des autres.
14:32Depuis la toute petite enfance, j'ai grandi dans un univers un peu clos.
14:38Fille d'institutrice, mais il y a la campagne.
14:40Donc, mon terrain de jeu, c'était plutôt la cour d'école.
14:43Et donc, j'avais, très petite, je me suis dit, je veux sortir de là.
14:47Je veux aller au devant des autres.
14:49Je voulais aller chercher presque la vie.
14:51Elle était là, mais elle était ailleurs aussi.
14:53Et je pense que c'est ça qui m'a conduite de façon, c'était impératif.
14:58C'est quelque chose d'urgent.
15:00J'étais dans l'urgence d'aller au devant de toutes ces vies.
15:03C'était une nécessité pour moi.
15:07Et en plus, avec le sentiment qu'une vie, c'est très court.
15:10Donc, il y a des milliers de vies.
15:12J'avais envie d'embrasser ces milliers de vies d'expérience, de m'enrichir.
15:16Et je pense que tout cela, ça fait un tout.
15:19On s'enrichit mutuellement.
15:21Ça a été une urgence.
15:23Et ça a été ce mot que vous avez popularisé très tôt,
15:25celui de Boris Cyrulnik, qui était invité sur votre plateau très tôt dans les années 90.
15:29C'est ce mot de résilience.
15:31Cette écoute pour vous, ça a été le salut de Mireille Dumas,
15:35qui a perdu son papa à trois ans et demi.
15:37De Mireille Dumas, qui est élevée par sa maman, qui est super.
15:39Vous dites, c'est la femme de ma vie, mais qui est toute seule.
15:41La résilience, c'est formidable.
15:44On n'est malheureusement pas tous égaux devant la résilience.
15:50Pouvoir rebondir, se restructurer, repartir,
15:56reformer quelque chose malgré le traumatisme et les failles.
16:00Et souvent, on s'aperçoit que les artistes ont de la chance d'être artistes.
16:06Parce que l'art les sauve.
16:08Ça leur permet d'exprimer, de sortir les traumatismes.
16:15Et d'être aimé.
16:17J'ai eu l'amour d'en parler à Hugo Offray, parce qu'ils sont tous,
16:19mais qui ne l'est pas, on est tous en quête d'amour.
16:22Ceux qui disent le contraire, à part quelques grincheux.
16:26Il n'y a pas que les artistes, il faut le dire.
16:28C'est très important chez vous.
16:30Il y a eu toute la société marginalisée qui a pu venir s'exprimer.
16:35Il y a eu cette femme qui était mère à 62 ans.
16:37Il y a eu le premier qui n'est pas travesti mais transsexuel.
16:40Il y avait une erreur d'identité pendant 30 ans.
16:44L'opération n'est même pas nécessaire.
16:46Je suis juste, de toute façon, d'un autre genre.
16:48C'est une question d'identité et non pas de sexualité.
16:51Il y a eu énormément de choses.
16:53Il y a eu ce couple avec ce jeune homme qui quitte le Front National
16:56pour pouvoir se marier avec sa petite amie.
16:59Il y a toute la société qui défile.
17:01Il y a les premiers harcèlements aussi.
17:03C'est quoi, d'un mot, pour finir, le dernier tabou aujourd'hui ?
17:06Les gens que vous aimeriez entendre qui ne peuvent pas se livrer aujourd'hui ?
17:11Je pense que peut-être sur l'argent.
17:15L'argent est l'un des derniers tabous.
17:17Je pense que plus la société...
17:19C'est un petit peu tendu.
17:21Je pense que c'est compliqué, ça.
17:25Surtout l'argent.
17:27Je pense que c'est l'argent.
17:29C'est l'angle mort.
17:31Et pour ceux qui n'en ont pas.
17:33Et pour ceux qui en ont.
17:35C'est compliqué.
17:36Alors c'est lancé.
17:37Ce sera peut-être votre prochain projet sur Youtube
17:39où vous retrouverez aussi des personnalités que vous avez interrogées.
17:41Vous êtes aussi sur TikTok, je tiens à le signaler.
17:43C'est l'heure des impromptus, Mireille Dumas.
17:45Vous êtes donc insomniaque, vous nous l'avez dit.
17:48Qu'est-ce que vous aimeriez ?
17:50Et si ça s'arrête, est-ce que vous allez le regretter ?
17:52Ou est-ce que vous voulez continuer à être insomniaque ?
17:55Ah, bonne question.
17:57Je vais vous dire continuer à être insomniaque
17:59parce que ça me permet, je vous l'ai dit,
18:01d'avoir le sentiment de gagner du temps.
18:04Ce qui est faux.
18:05Donc ne jamais guérir ça.
18:06Les questions ou les réponses ?
18:08Qu'est-ce que vous préférez, les questions ou les réponses ?
18:12Franchement, les réponses.
18:14J'écoute, j'attends les réponses.
18:16Si Elon Musk ou Donald Trump étaient en face de vous,
18:19quelles questions vous leur poseriez ?
18:21Qu'est-ce que je pourrais leur poser à tous les deux ?
18:25Qu'est-ce que je pourrais leur dire ?
18:27Je n'en sais rien.
18:28Est-ce que vous avez été aimé peut-être ?
18:30Oui, je ne sais pas.
18:32Non, non, non.
18:33Qu'est-ce qui leur vaut d'être à ce point déjanté l'un et l'autre ?
18:37Et Dieu dans tout ça, Mireille Dumas ?
18:39Je crois que je doute.
18:42Mais je pense que Dieu est dans l'homme.
18:45Dans sa capacité de faire le bien.
18:48Mais qu'il y a aussi le diable dans l'homme.
18:50Donc ça fait deux D.
18:52On reste là-dessus.
18:54Hugo Fray, l'éternel jeune homme.
18:56Il faut vraiment le voir.
18:57Mireille Dumas, c'est diffusé le vendredi 28 février à 23h25 sur France 3.
19:01C'est déjà disponible sur France.tv.
19:03Et j'en joins tout le monde.
19:04Allez vous suivre sur Youtube.
19:06Bonne journée.
19:07Merci Mathilde, merci à vous.
19:09Et merci beaucoup.