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Bertrand Usclat, acteur et humoriste, était l’invité de Mathilde Serrell, lundi 17 février, à l'occasion de la sortie en salles du film « Avec ou sans enfants » d’Elsa Blayau, le 19 février prochain.

Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » L'interview de 9h20 avec Léa Salamé sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20

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Transcription
00:00Et Mathilde Serrel, vous recevez ce matin un comédien humoriste.
00:03Bertrand Husslap, bonjour.
00:05Bonjour.
00:21Vous écoutez toujours le groupe Offspring ?
00:24Bah, sincèrement, ouais.
00:28Ils sont revenus il n'y a pas longtemps.
00:30Depuis les années 90, vous n'avez pas lâché ?
00:32Franchement, ouais, j'écoute, j'écoute, avec une certaine tendresse, ouais, bien sûr.
00:35Non, j'arrive pas à les lâcher eux.
00:36Vous en êtes où de cette carrière de chanteur qui crie ?
00:38Bah, elle n'a toujours pas démarré, mais je vais y venir à un moment.
00:42J'ai comme projet un jour de chanter premier degré.
00:44Ça fait deux ans que je prends des cours de chant.
00:45Mais vous avez vraiment eu un groupe, c'est pas une blague ?
00:47Ouais, j'avais un groupe qui s'appelait Nasdaq.
00:50C'était mon groupe au lycée.
00:53Et il était un peu… il n'était pas ouf, quoi.
00:55Et c'était quoi, des chansons sur la bourse ?
00:57Non, non, c'était des chansons de reprise de Oasis et de Radiohead.
01:00Nasdaq en concert, attends ! J'y vais direct !
01:05Si vous étiez un jeu de société, vous seriez quoi ?
01:07Je serais Love Letters.
01:09C'est un jeu de société d'un japonais qui s'appelle Kenji Samai.
01:12Et c'est un petit jeu qui a une espèce de logique un peu poétique, je trouve, dans la manière de faire.
01:16C'est quoi les règles ?
01:17La règle, c'est d'essayer de deviner quel personnage a l'autre dans la main.
01:20Ça joue avec deux cartes, c'est à la fois minimaliste et très élégant.
01:24Vous avez une vraie passion au jeu de société, on peut le dire ?
01:26Oui, oui, j'aime vraiment ça, je trouve ça vraiment super.
01:28Vous pensez que ça aide les gens à mieux se connaître et que ça raconte bien le monde ?
01:31Je pense que c'est une manière de se connaître autrement qu'en parlant, en faisant quelque chose ensemble.
01:35Et je trouve que parfois, en fait, c'est que du non-verbal.
01:37Et on en apprend tellement plus en non-verbal qu'en parlant, parfois.
01:39On vous connaît depuis quelques années maintenant pour vos parodies de brouts de succès sur les réseaux,
01:43cartons sur Youtube puis sur Canal+.
01:45Un peu comme Bref a incarné toute une génération au début des années 2010.
01:49Vous avez su capter l'essence assez dingo du début des années 2020.
01:53D'ailleurs, ce lien entre les deux programmes se fait dans Bref 2,
01:56qui vient d'être lancé sur Disney+, puisqu'on vous y retrouve, Bertrand Hussler.
01:59C'est quoi pour vous la filiation avec Bref ?
02:01C'est un peu la folie de se retrouver dans le programme dont on a été fan quand on était plus jeune.
02:05Donc vraiment, il y a un truc qui était fou.
02:07Il y avait le mec de Bref, le mec de Brout, et là on a fait Brouf.
02:09J'ai l'impression qu'on met l'enfant les deux.
02:11On a fait Brouf !
02:13C'était un vrai plaisir et surtout un honneur de enfin bosser avec Yann,
02:18que je connaissais par des podcasts, on s'est rencontrés et tout,
02:20et juste bosser avec lui, c'était une rencontre vraiment géniale.
02:22Et ça vous fait quoi d'être sur France Inter ? Vous avez écouté ça toute votre enfance aussi ?
02:25Ouais, beaucoup !
02:26Deuxième rêve !
02:27Avec les poulets fermiers du Gers le matin avant la météo, moi c'est ça !
02:31Jean-Pierre Gaillard, vous avez écouté la Bourse ?
02:33Ouais, bien sûr, bien sûr, ben Nasdaq, c'est de là que ça vient !
02:37Aussi crédible en zadistes qu'en CRS, je le disais tout à l'heure,
02:40en coach en séduction qu'en papa kangourou,
02:42ça tombe bien Bertrand Hussler, c'est votre nouveau rôle au cinéma, le 9ème, on a compté.
02:47Vous incarnez Benjamin, papa sur moderne.
02:50Ça c'est votre formule dans une comédie d'Elsa Blayou qui sort ce mercredi, avec ou sans enfants, extrait.
02:56Mais moi je veux voir ma mariée !
02:57Oui, ben on va la voir après !
02:59Mais c'est quoi ça ?
03:01Ça, ben on sait pas, ça traînait à l'aéroport.
03:04Vous ne saviez pas que c'était un mariage sans enfants ?
03:06Sans enfants ? Sans enfants ?
03:08Alors là non, nous on savait pas !
03:10Il faut qu'on les ramène chérie !
03:11Fatigue !
03:12Les enfants, on va aller à Londres, parce que là il y a beaucoup de soleil.
03:15Vous avez prévenu l'émavie !
03:17Alors, en fait ce qu'on voudrait, c'est que mon frère ne le sache jamais.
03:21Jamais !
03:23Ok, impossible !
03:25Bon écoutez Roberta, il y a la vie telle qu'on voudrait qu'elle soit, et puis il y a la vie.
03:34C'est une bande de potes un peu ravagées par l'arrivée des progénitures des uns et des autres
03:38qui va tenter de se retrouver comme avant au mariage de Pio et Anaïs,
03:42qui eux n'en ont pas encore, des bébés.
03:44Ils souhaitent célébrer leur mariage, vous l'avez compris, sans enfants.
03:46Problème, ça ne se passe pas exactement comme prévu.
03:49Qu'est-ce qu'il y a du nouveau Papa Hussla dans ce film ?
03:53Oui, il y en a forcément.
03:54Le rapport à l'enfant, essayer d'être parfait, d'être à son niveau.
03:57Moi je joue un personnage, le personnage de Benjamin, c'est un papa qui est parfait,
04:01c'est un papa qui est très monté souris, c'est le papa qui est un peu agaçant.
04:04Il n'est pas ghetto souris celui-là !
04:05Pas du tout, c'est ça.
04:06C'est le papa qu'on voit parfois quand on se croit sur Instagram, il fait tout parfait.
04:09Avec des petits cercles de couleurs, des cerceaux, l'enfant s'amuse,
04:11alors que toi t'es avec un puzzle 12 pièces.
04:13Tu tournes en rond depuis deux heures, un dimanche matin.
04:16Mais lui, à chaque fois il y a de nouvelles idées, il s'occupe hyper bien des enfants.
04:18Et il y a une construction hyper sympa entre mon papa,
04:21enfin le papa que je joue qui est hyper moderne,
04:23et ma compagne qui, elle, est une mère démissionnaire.
04:26Alors elle, vous la décrivez comme une sorte de mère qui serait un homme des années 80.
04:30Oui, c'est ça. C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui ne pense qu'à sa gueule.
04:32Ce qui est très agréable à jouer, j'imagine, pour elle.
04:36Je trouve aussi très très beau comme discours sur l'égoïsme féminin.
04:39Dans les chemins qu'il y a à faire, j'ai trouvé ça très intéressant d'inverser les stéréotypes.
04:42De se dire que c'est le papa qui était surinvesti et la maman qui avait besoin de temps pour elle.
04:45Parce que je trouve que c'est moralement intéressant d'explorer cet endroit-là.
04:48Et en termes de renversement de stéréotypes de comédie, je trouve ça propice à plein de situations assez drôles.
04:52Et la parentalité, justement, pour cette génération ?
04:54Vous, vous êtes de la deuxième moitié des années 80.
04:56Qu'est-ce que ça révèle ? Qu'est-ce qu'il y a de différent au XXIe siècle ?
04:59Je ne sais pas par rapport à avant.
05:01Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui, c'est quelque chose dont on parle plus.
05:04Parce que maintenant, je pense que les hommes sont un peu plus concernés.
05:06Donc, dès que les hommes sont concernés, ils se mettent à s'en plaindre.
05:09Sinon, tout le monde s'en fout.
05:10C'est ça, ils se mettent à s'en plaindre.
05:11Et là, quand on dit « Ah bah tiens, c'est un vrai sujet ! »
05:13Et le jour où l'endométriose touchera les mecs, je vous jure qu'on en parlera.
05:16Du coup, je pense que c'est ça la grande différence.
05:19Donc, ça devient en fait un vrai sujet société.
05:21Et la chose aussi nouvelle, c'est que maintenant, on entend beaucoup plus le discours très légitime de « je ne veux pas d'enfants ».
05:26Et cette espèce de clash, là, d'un coup, avec des gens qui disent « Ah, il y a plein de problèmes, les enfants c'est dur ! »
05:30et l'autre qui dit « Bah nous, on n'en veut pas ! »
05:31Je pense que c'est ça les nouvelles problématiques, elles sont dans le film.
05:33Et c'est ce fameux mouvement de « no kids ».
05:35Il y a aussi des espaces interdits aux enfants de plus en plus.
05:37Exactement !
05:38Et en même temps, comme on est dans une phase du monde où tout le monde a raison,
05:42il faut respecter tout le monde.
05:44Alors que, moi qui rejoins la secte des parents, je trouve ça scandaleux.
05:47Je dis « Ah, pas d'enfants ! »
05:48Mais c'est avec un de toi qui va payer des retraites, frérot !
05:50Laisse-nous faire du bruit, tu vois !
05:57On va vous écouter, parce que vous aviez déjà expérimenté ce rôle de jeune papa au foyer.
06:02C'était pour Brout, justement, le format Brout 24 qui a été lancé en avril dernier.
06:07On a décidé que Bertrand s'arrêtait, même s'il a un travail plus rémunérateur que le mien.
06:11Parce que cette année, je lance ma start-up, je dois lever des fonds.
06:14Du coup, ce n'est vraiment pas un moment de ma vie où je peux me poser.
06:17Oui, puis on peut un peu dire que sa start-up, c'est un peu son bébé.
06:20Donc en fait, la journée, chacun s'occupe de son bébé.
06:23Voilà !
06:24Même si, statistiquement, le sien, il a quand même plus de chances de mourir.
06:29Voilà ! Avec l'inénarrable Pauline Clément, votre camarade de Brout, bien sûr.
06:33Et là, il y a les deux obsessions de Brout.
06:36Le Bertrand Husslade aujourd'hui en papa moderne, et puis il y a aussi l'obsession Start-Up Nation.
06:41Est-ce que ça a accompagné toutes les années Brout, d'une certaine manière ?
06:44Oui, bien sûr !
06:45C'est-à-dire que j'ai l'impression que j'étais moi-même une espèce de macroniste de l'humour, en fait.
06:51Je n'arrivais pas à essayer de disrupter le game des blagues,
06:55en créant un programme qui allait s'intégrer dans ce qu'on connaissait et ce qu'on consommait.
06:59Donc oui, je pense que c'était une belle photographie de l'air du temps.
07:02Est-ce que vous diriez que vous avez fait une carrière d'auto-entrepreneur dans l'actora ?
07:05Oui, complètement !
07:07Mais ça, je le pense vraiment.
07:08Parce qu'en fait, moi, j'ai fait du théâtre.
07:10Et après, quand je suis sorti du Conservatoire National, pendant deux ans, j'ai essayé le théâtre.
07:13Et je me suis dit, non, donc lançons nos trucs.
07:15Donc vraiment, on a pris des caméras.
07:17On s'est levé le matin, on a bossé, on a pris des caméras, on a filmé des trucs,
07:20on les a mis sur notre chaîne YouTube.
07:21Et je considère encore ce métier comme n'étant que ça.
07:23On va vous écouter d'ailleurs ce qui vous a un peu révélé dans Brout.
07:27Parce qu'avant, il y a eu Yes, je vous aime, on y reviendra.
07:29C'était justement votre figure de député macroniste.
07:32Qu'est-ce qui lui arrive en fait ?
07:34Il estime que l'écologie, c'est un super sujet pour aujourd'hui.
07:36C'est un peu ça.
07:37Mais demain, en fait, ce serait mieux.
07:39On n'a pas le feu aux fesses.
07:41J'aimais bien ces espèces de figures un peu opportunistes,
07:43où d'un coup, l'écologie devient un sujet.
07:45Et en fait, c'était une vidéo que j'avais faite en réaction à une vidéo d'Aurélien Barrault
07:48qui s'alarmait de l'urgence climatique.
07:50Et je trouvais ça drôle de faire un contre-pied macroniste
07:52qui disait qu'à le most, tout va bien, on est les meilleurs.
07:54Et suite à ça, vous êtes repéré par Ariel Sarrako,
07:56qui repère les talons comiques pour Canal+.
07:58Et vous avez développé votre esprit Brout.
08:01Oui.
08:02Donc dans une maison qui vous aide, qui vous finance.
08:04C'est ça.
08:05C'est-à-dire qu'Ariel Sarrako, elle est hyper forte.
08:06Parce qu'elle me dit, je sors le premier Brout,
08:09et elle me dit, est-ce que tu as pensé en faire une série ?
08:11Je dis non.
08:12Elle me dit, bah, tu devrais quand même.
08:13Je fais OK.
08:14Et je me lance.
08:15Et là où elle a été hyper forte, c'est qu'en fait,
08:17elle m'a commandé une demi-saison sur Internet.
08:19C'est-à-dire que ce n'était pas diffusé.
08:20C'était une espèce d'auto-formation que je me suis faite.
08:22Elle m'a donné un petit budget.
08:23Vous avez fait une classe prépa humour Canal.
08:25Ce n'est même pas une classe prépa.
08:27Chez Jacques Lecoq, dans les écoles d'acteurs de Jacques Lecoq,
08:31c'était vraiment ce qu'on appelait les auto-cours.
08:33En fait, tu te cherches toi-même.
08:35Elle m'a donné un petit budget.
08:36Je devais tout gérer tout seul.
08:38Je faisais mon maquillage.
08:39Je faisais mes costumes.
08:40On n'a vraiment pas d'argent.
08:41Mais j'étais hyper libre.
08:42Et j'ai trouvé mon ton.
08:43Et je trouve que c'était une grande preuve d'intelligence de se dire,
08:45non, non, on ne va pas rentrer dans le texte de quelqu'un.
08:47On va le former à ce qu'il se trouve.
08:48Et ça, c'est hyper fort.
08:49Et vous allez trouver cette ligne, comment on pourrait la définir,
08:52qui est une ligne de satire social,
08:53qui était aussi un espace laissé vacant dans d'autres formats sur Internet,
08:57dans d'autres formats chez les grands Squeezie et autres créateurs de contenu
09:00qui sont dans la vanne, dans l'humour.
09:02Mais il n'y avait pas la satire sociale.
09:04Il n'y avait pas ça parce qu'il y avait une petite règle d'embroute
09:07qui était que dès qu'il ne faut pas aller sur un sujet, on va y aller.
09:09Donc, du coup, c'était assez chouette de le faire.
09:11Et le but, c'était de trouver aussi une conclusion très, très forte,
09:14mais pas extrémiste, ce qui était mis en avant beaucoup quand même à l'époque sur les réseaux.
09:18Je pense que ça l'est encore plus aujourd'hui, encore plus dans un sens.
09:20C'était quand même des paroles qui étaient vraiment aux extrémités du spectre politique.
09:23Là, il fallait trouver un truc qui mettait un peu tout le monde d'accord,
09:25de trouver une conclusion qui tire un peu vers le haut en disant,
09:28bon, est-ce qu'on peut tous se mettre d'accord que,
09:30oui, voilà, il y a plein de petits problèmes,
09:33mais il y a quand même des plus gros et qu'on se mette d'accord devant ces gros problèmes.
09:35Yes, on vous aime.
09:36Quand ça démarre, on ne vous comprend pas justement sur Internet
09:39parce qu'on pense que c'est du premier degré.
09:40On a entendu un tout petit extrait tout à l'heure de cette vidéo de co-dechamps séduction.
09:44D'ailleurs, c'est un format que vous continuez.
09:45On y voit Benjamin Tranié récemment.
09:47Et c'est vrai que quand ces vidéos sont arrivées,
09:49c'était des co-dechamps séduction qui, en fait, étaient ce qu'on appellerait aujourd'hui des virilistes
09:53ou des masculinistes qui, en fait, sont des forceurs.
09:56Et vous, vous êtes arrivé avec cette vidéo de coach.
09:58Et tout le monde a cru que c'était du premier degré.
10:00C'est un peu ça parce que nous, ça nous faisait beaucoup rire quelque part, en fait,
10:04de voir ces figures pré-masculinistes parce qu'on n'utilisait pas ces termes à l'époque.
10:08C'était trois, quatre ans avant Me Too.
10:09Et nous, ça nous faisait quand même hyper marrer.
10:11On a balancé ce truc-là.
10:12Les gens ont pris au premier degré ces personnages de fiction
10:14qui allaient jusqu'à agresser des femmes dans la rue pour essayer de les embrasser.
10:16C'était la suite de vidéos de mecs qui embrassaient des filles dans la rue
10:19que je trouvais révoltantes à l'époque.
10:21Et en fait, c'est là où on a appris que le public d'Internet,
10:24quand on lui met quelque chose devant les yeux, il ne le questionne pas.
10:26Et ça, je l'ai appris très très tôt et je ne le savais pas, en fait.
10:28Et en mettant la vidéo, tout le monde s'est dit « Mais c'est un scandale ! »
10:30Alors qu'on avait mis les génériques à la fin, on a mis le nom des actrices,
10:33on a remercié les gens.
10:34Mais quand même, les gens pensaient que c'était vrai.
10:36Donc ça a été mon premier apprentissage du ton Internet.
10:38Quelle inflexion, du coup, vous avez donnée au programme
10:40pour que ce soit plus lisible, pour vous en sortir dans ce second degré
10:43et en même temps, vous tapez un peu sur tout le monde
10:45et vous fédérez un peu tout le monde, peut-être pas pour les mêmes raisons,
10:47dans une même vidéo ?
10:50La réponse a été brute, en réalité.
10:52C'est qu'en fait, pendant un moment, je me suis mis à faire de la fiction sur Internet,
10:54ce qui est le pire endroit.
10:55C'est-à-dire qu'au théâtre, il faut faire du théâtre.
10:56Au cinéma, il faut faire du cinéma.
10:57Si on fait du théâtre, au cinéma, c'est une pièce filmée, c'est autre chose.
10:59Donc ça touche moins de monde.
11:00Avec Brut, c'est la première fois que je me suis dit
11:02« Je vais faire un programme qui est un programme Internet natif,
11:04Facebook natif, une parodie d'un truc qui est déjà sur Internet,
11:07ce n'est pas de la fiction, et je vais le faire en mon propre nom. »
11:09Comme ça, quand le cadre parodique est hyper clair,
11:11à l'intérieur, on peut se faire comprendre.
11:13Donc ça, vraiment, c'est un truc, c'est limite du marketing, je crois.
11:15Et vous avez fait votre côté entrepreneur de l'actorat ?
11:19Oui, c'est ça.
11:20Mais sur le tas.
11:21Je n'ai pas voulu faire ça.
11:22Et ce format carré aussi, qui correspondait aux usages,
11:24qui vous a énormément propulsé ?
11:26Être dans un cadre que le spectateur connaît et comprend.
11:29Être compris.
11:30Et en fait, c'est ça.
11:31C'est toute la thématique et la dialectique de l'humour.
11:33C'est « Est-ce que je vais être compris ? »
11:34Et on le voit en ce moment avec des humoristes qui sont rattrapés
11:38parce qu'ils ne se présentent pas de la bonne manière.
11:40Ils n'ont pas les bons chapeaux ou je ne sais pas quoi.
11:42Ils sont incompris.
11:43Et eux viennent faire des blagues.
11:44On dit « Mais ce n'est pas ce que vous voulez. »
11:45Je me souviens, cette immense actrice Alexandra Pizzagali,
11:47immense humoriste qui était sur Télématin, qui a été coupée,
11:49parce qu'elle était incomprise.
11:50Elle était dans un mauvais format, un mauvais ton, peut-être sur la mauvaise émission.
11:53Alors que quand on met les gens au bon endroit, on peut révéler leur plein potentiel.
11:56Et ça, c'est un vrai travail de producteur en vrai.
11:57Et d'autant plus besoin aujourd'hui.
11:59L'époque fait ça aussi.
12:00Oui, l'époque fait ça.
12:01Et ce qui fait qu'on a besoin de plus en plus de cadres quelque part.
12:03Parce qu'il faut les protéger de plus en plus, les humoristes.
12:05À mon sens.
12:06Vous, l'inspiration vient d'où ?
12:08Le réel, ça suffit.
12:09On écoutait les news tout à l'heure.
12:11C'est une alerte au pollen en février.
12:13Donc, on part de là.
12:14C'est un peu ça.
12:15Oui, c'est le réel.
12:16Et puis, c'est ma sensibilité en fait.
12:17Moi, c'est ma transformation en humour d'un truc qui va me faire très très peur
12:19et qui va m'angoisser en général.
12:22L'humour, elle vient après une émotion que j'ai réussi un peu à avaler, à digérer
12:25et d'en faire une blague.
12:26On dit que c'est vos angoisses aussi.
12:28Parfois, vos proches disent ça dans les interviews, dans les portraits.
12:31Ils ont raison.
12:32Si je ne fais pas de blagues, je pleure.
12:34Et puis, il m'arrive de pleurer après d'en faire une blague.
12:36C'est toujours ce principe.
12:37Vous savez, il y avait ce truc de Stéphane Guion qui faisait la règle de combien de
12:39temps on peut faire une blague après un crash d'avion.
12:41Mais ramener à toutes les petites tragédies de la vie, c'est aussi un peu la même chose.
12:45Moi, s'il m'arrive un truc terrible, sur le moment, je ne peux pas en faire une blague.
12:48Et puis, au bout d'une semaine...
12:49On dit aussi qu'il y a un espace pour l'humour chez Bertrand Husselin qui est lié au manque
12:52de conviction.
12:54Vous êtes assez plastique sur le plan idéologique.
12:57C'est mon côté macroniste encore.
12:59Je trouve que l'humour, c'est parfait pour exprimer une incompréhension de quelque chose.
13:04Il y a une espèce de flou qui est dit et en fait, on apporte un éclairage ou un point
13:07de vue différent.
13:08On offre la possibilité de dire que les choses peuvent être comprises de manière différente.
13:11Je trouve que c'est affirmé avec une grande conviction qu'on ne sait pas grand-chose.
13:15Je trouve que ça fait du bien parfois qu'on se réunisse autour de ça.
13:17La satire sociale, la bonne satire sociale, c'est quoi la définition ?
13:22Je pense que c'est une satire qui ne se fout pas de la gueule.
13:25Je pense qu'il faut comprendre les choses.
13:27Je pense que la bonne satire sociale, c'est celle qui va faire même, parfois, rire le
13:31camp qu'on attaque.
13:32Et ça, c'est un peu compliqué.
13:33Vous avez été un geek.
13:35Un geek incroyable.
13:37Vous avez fait vos propres sites internet, vous avez fait du code, etc.
13:40Vous avez fait du bidouillage dans votre chambre.
13:42Qu'est-ce que devient astalavista.box.sk et autres réjouissances ?
13:48Parce que ça, c'est une carrière en germe aussi, Bertrand Hussler.
13:50Astalavista.box.sk, c'était pour ceux qui se souviennent, pour aller choper des cracks
13:53sur internet, pour faire tourner des jeux.
13:55On mettait plus de temps à faire marcher les jeux qu'à jouer aux jeux.
13:57J'avais aussi un site web qui s'appelait pasmarant.fr.st.
14:00A l'époque, il y avait les signes dans .fr.st où j'avais que des blagues pas drôles.
14:04J'avais j'aime les pommes.fr.
14:06Combien de sites j'avais ? J'avais mon clan de Counter-Strike qui s'appelait le bouclan
14:09sur Goa.
14:10Aïe aïe aïe, je tombe loin là.
14:12On va très très loin.
14:14J'ai une grande carrière digitale.
14:16Vous avez arrêté Brut.
14:18Ça fait encore un effet d'annonce.
14:21Peut-être que ça raconte aussi une demande de Brut.
14:23C'est terminé.
14:25C'est terminé pour l'instant.
14:27J'ai pas de projet de le reprendre, sincèrement.
14:29Mais comme je dis jamais jamais...
14:31Qu'est-ce qui motive l'arrêt de Brut ?
14:33L'arrêt de Brut, c'est que j'étais content de ce qu'on avait fait.
14:35Je trouvais ça dommage d'y retoucher.
14:37Je trouvais qu'on pouvait commencer à être attendu sur certains sujets.
14:40On pouvait commencer à être nous-mêmes parodiables.
14:43Devenir un format ne m'intéressait pas trop.
14:45Il y a une idée dans le film Avec ou sans enfants
14:48qui est celle de la bande de potes
14:50qui est impactée par l'arrivée des enfants.
14:54Mais comment est-ce qu'on préserve cet esprit de bande,
14:56cet esprit de troupe ?
14:57Parce que ça, ça vous est justement cher.
14:59Si Brut s'arrête, comment est-ce que vous allez vivre cet esprit de bande ?
15:03Je continue mes copains.
15:05Je continue à les voir.
15:06En fait, quand on a commencé
15:07Qui est-ce vous aime ?
15:08Ma première chaîne YouTube
15:09où j'ai commencé à travailler avec mes copains
15:11et Pauline Clément.
15:12Je me souviens leur avoir dit
15:13j'aimerais vous garder auprès de moi toute ma vie
15:16donc j'aimerais qu'on arrête d'être amis
15:17et qu'on devienne collègues.
15:18Au final, moi dans ma vie,
15:19je passe plus de temps avec les gens avec qui je bosse.
15:21Et du coup, je suis venu collègue avec ces gens
15:23et je les vois tout le temps aujourd'hui
15:24et je trouve que c'était la meilleure manière
15:25parce qu'en fait, on a un intérêt commun
15:26parce que la vie nous rattrape
15:27et qu'en fait aussi,
15:28notre problème c'est qu'on a un métier
15:29qui est tellement passionnant
15:30qu'on met toute notre vie dedans.
15:32Donc la meilleure façon de rester ami
15:34avec sa bande de potes,
15:36c'est de devenir collègue ?
15:37C'est votre conseil ce matin, Bertrand Husselat ?
15:40C'est mon conseil
15:41mais ça peut aussi se finir en procès.
15:42Donc à vous de choisir.
15:45La suite, ce ne sera pas les longs formats sur Youtube
15:47comme beaucoup de Youtubers de cette génération
15:50ont commencé à le faire.
15:51Est-ce que vous aviez commencé à faire aussi
15:53en avril dernier ?
15:54Ce sera davantage le cinéma ?
15:55Oui, pour l'instant, c'est surtout du cinéma
15:57et éventuellement un spectacle en stand-up
15:59ou en sol en scène
16:00sur lequel je travaille depuis un bout de temps.
16:01Mais le format long en cinéma m'intéresse.
16:04Ça lui aura toujours de la patte
16:05de ce que j'ai fait d'embroute.
16:06Mais je pense que le titre en lui-même,
16:08je ne sais pas s'il a un sens
16:09de faire plusieurs personnages.
16:10Je ne vais pas faire Guillaume et les garçons à table
16:12avec des personnages qui ont des accents différents.
16:15Vous avez aussi beaucoup de travail de Philippe Cobert
16:17qui vous a inspiré,
16:18qui fait beaucoup de personnages en même temps.
16:19C'est un peu ça.
16:20Pourquoi pas ça sur scène ?
16:21Mais encore sur scène, faire de l'act-out,
16:23faire des personnages,
16:24ce n'est pas trop le...
16:25Là, je suis sur un travail de trouver la blague.
16:27J'aime beaucoup ça.
16:28Je suis tellement amoureux de la blague pour l'instant
16:30que j'essaie de dire la blague
16:31avec le moins d'interprétation possible.
16:33Et si elle fait rire, ça me fait plaisir.
16:35C'est le moment des impromptus.
16:37Tradition du 9h20 de Léa Salamé,
16:39instituée par elle-même.
16:40Vous allez répondre sans réfléchir
16:42parce qu'on a eu cela.
16:43Steve Carell ou Ricky Gervais ?
16:45Ricky Gervais.
16:46J'ai envie d'avoir l'explication quand même.
16:48Mais c'est le meilleur.
16:49C'est le meilleur.
16:50Et la version UK de The Office est mieux.
16:52Insultez-moi en commentaire.
16:53Créateur de The Office.
16:54Il n'y a eu que deux saisons sur la BBC.
16:56TikTok ou Instagram ?
16:57Instagram.
16:58Parce que j'ai 38 ans.
17:01Cinéma ou Youtube ?
17:02Cinéma.
17:03Molière ou Shakespeare ?
17:05Molière.
17:06Définitivement ?
17:07Oui, définitivement.
17:08Léa, ça vous fait peur ?
17:09Non.
17:10Et Dieu dans tout ça ?
17:12Je l'attends.
17:13Encore.
17:14Vous attendez un DM ?
17:16Un direct message ?
17:18Merci.
17:19On vous retrouvera au cinéma en avril.
17:21Ça fait partie des projets avec Pauline Clément
17:23et Laurent Stocker de la comédie française.
17:25Ça s'appelle Vacances forcées.
17:26Mais pour l'instant,
17:27vous êtes en tournée dans toute la France
17:29pour présenter votre film.
17:30Et ce sera en salle ce mercredi.
17:31C'est signé Elsa Blaio.
17:33Avec ou sans enfants.
17:35Bonne journée, Bertrand Huysler.
17:36Bonne journée.

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