Thierry Ardisson : "On ne peut pas juger la télé uniquement à travers les résultats"

  • l’année dernière
À l'occasion du 20ème anniversaire de son mythique dîner sur Paris-Première “93 Faubourg Saint-Honoré”, l'animateur et producteur Thierry Ardisson est l'invité de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-13-decembre-2023-8315981

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00:00 Bonjour Thierry Ardisson, merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Si vous étiez un saint, une drogue et un pays, vous seriez quoi ?
00:07 Si j'étais un saint, je serais peut-être Saint Barthes ou Saint-Tropez.
00:10 J'ai découvert qu'à Saint-Tropez, dans toutes les boutiques, il y a des statues du vrai Saint-Tropez.
00:17 Un espèce de bonhomme.
00:18 Non, je serais Saint Thomas, parce que j'aime bien vérifier.
00:21 Et une drogue ?
00:22 Le cannabis, parce que c'est ce qu'il y a de plus sympa et de moins dangereux.
00:26 J'ai essayé la kétamine, mais à l'hôpital, donc je dis tout de suite.
00:29 Et en fait, c'est très violent.
00:31 J'avais une impression de near-death experience.
00:34 Je battais des bras et des pieds dans l'air, alors que j'étais allongé sur un lit.
00:39 Vous avez ces sacs-ponts à quel âge ?
00:40 Il a mis un peu trop de kétamine, parce que là, vraiment, j'ai eu ce qu'on appelle le
00:44 keyhole.
00:45 Et ça, je le conseille à personne, la kétamine.
00:46 Donc pas la kétamine.
00:47 Et si vous étiez un pays ?
00:48 Les Maldives.
00:49 J'aimerais bien être au Maldives.
00:50 Oui, les Maldives.
00:51 C'est bientôt fini, les Maldives.
00:52 Je sais, elles vont être submergées.
00:53 C'est mieux que Clément me l'a dit, oui.
00:57 Serge Gainsbourg disait « Je connais mes limites, c'est pourquoi je vais au-delà ».
01:01 Vous connaissez vos limites, vous ?
01:03 Ecoutez, ma vie n'a été que franchissement de limites.
01:07 Parce que quand on voit d'où je viens, ce que j'ai fait, même si ce n'est pas
01:10 grand-chose, c'est quand même très surprenant de la part d'un pauvre petit garçon provincial,
01:16 parents sans argent, etc.
01:18 Donc, voilà, oui, j'ai dépassé pas mal de limites.
01:21 Thierry Ardisson, vous êtes avec nous ce matin pour fêter les 20 ans de votre émission
01:24 culte, 93, Faubourg-Saint-Honoré.
01:26 Cette émission, vous receviez à dîner chez vous, le tout Paris, sous l'œil des caméras.
01:29 Un dîner un thé logique, un mélange des genres pour les invités avec des vannes,
01:33 des bonnes réparties, des bougies, un grand cuisinier au fourneau, de l'alcool et un
01:37 peu de cul.
01:38 Ça vous va comme pitch ?
01:39 Oui, c'est très bien.
01:40 Ce qu'il faut savoir simplement, c'est que je n'ai jamais fait de dîner chez moi,
01:43 que je déteste ça.
01:44 C'est ça qui est drôle, c'est qu'il y a un mensonge sur la marchandise.
01:47 À l'origine, vous détestez recevoir les gens chez vous.
01:50 Oui, c'est le « true man show ».
01:51 C'est-à-dire que j'ai fait des dîners pendant 4 ans, j'en ai fait 104.
01:54 Tout le monde pensait que je vivais comme ça tout le temps.
01:57 Les gens disaient « putain, à Chardisson, c'est génial, il y a du monde, on s'embrasse,
02:00 comment ça va et toi ? ».
02:01 Et en fait, dès que les dîners ont été finis, par la première, j'ai arrêté.
02:04 Je suis allé habiter à Rue de Rivoli où je n'ai jamais fait un dîner.
02:07 Et le premier que j'ai fait, c'est celui qui est diffusé le vendredi soir.
02:10 Je déteste les dîners, je déteste le verre de cuisine.
02:12 Il manque un truc à mon pitch, c'est le générique.
02:15 Parce que comme toujours chez vous, les génériques sont soignés.
02:17 Et le générique, c'est… on va écouter une musique de John Barry, le premier mari
02:21 de J.P.P.
02:22 C'est dans « Macadam Cowboy ».
02:23 « Macadam Cowboy » qui est un film érotique.
02:24 On écoute juste quelques…
02:25 Ça, c'était l'arrivée des invités.
02:28 Ça m'émeut.
02:29 Ça vous émeut de l'entendre ?
02:30 Oui, ça m'émeut de l'entendre.
02:31 Pourquoi ?
02:32 Parce que c'est une époque.
02:33 Je ne suis pas nostalgique.
02:34 Je suis dans le présent, je continue à bosser, à faire plein de trucs.
02:36 Mais quand j'entends ça, ça me touche.
02:39 Alors, Paris 1er organise une soirée spéciale Ardisson ce vendredi.
02:42 Que dis-je ? Une soirée ? Une nuit spéciale Ardisson avec le dîner inédit.
02:48 On va en parler puisque vous avez refait un dîner.
02:50 Et cinq dîners rediffusés toute la nuit.
02:52 Une nuit entière d'hommages à Ardisson.
02:54 Ça ne sent pas le sapin.
02:55 Si, si, si.
02:56 Mais je suis que dans les hommages.
02:57 Parce que parallèlement, ils ont fait une émission « Graines de stars », les 30 ans
02:59 de « Graines de stars » avec Jean Dujardin qu'on a découvert à l'époque.
03:03 Je vais au Québec, au lieu d'aller au Maldives.
03:06 Je vais au Québec au mois de janvier où tout le monde en parle.
03:09 Il fait 50% de part de marché depuis 20 ans.
03:10 Donc je suis un dieu vivant là-bas.
03:11 Donc oui, ça sent le sapin.
03:13 Vous êtes dans les hommages tout le temps.
03:15 Je suis dans les hommages.
03:16 C'est ce que vous voulez.
03:17 Ce n'est pas plus mal en même temps.
03:18 Alors à 21h, exceptionnellement, la soirée spéciale, la nuit spéciale Ardisson commence
03:21 par ce dîner inédit.
03:22 Cette fois, ce n'est pas au 93, Faubourg Saint-Honoré.
03:25 Vous avez changé d'adresse.
03:26 Ça s'appelle le 214 rue de Rivoli.
03:28 Pourquoi vous n'êtes plus au 93 ?
03:29 Parce que quand j'ai divorcé, je l'ai donné à mon ex.
03:34 Je l'ai habité le 214.
03:36 Et quand la chaîne m'a proposé de faire ça, ils m'ont dit « écoute, si ça t'emmerde,
03:39 on fait ça dans une boîte de nuit ».
03:40 Je dis « ben non, ce qui est drôle, c'est que ça soit chez moi ».
03:42 Et d'ailleurs, ça a fonctionné une fois de plus.
03:44 On va découvrir votre nouveau chez vous.
03:45 Autour de vous, dînerons Muriel Robin et sa femme Anne Lenen, Bertrand Chameroy, François-Olivier
03:50 Gisbert, Gérard Darmon, votre complice de toujours Laurent Baffi et votre épouse Audrey
03:55 Crespo-Marat.
03:56 Vous avez invité votre femme.
03:57 C'est-à-dire que c'est vous qui avez lancé la mode en nous invitant à l'époque.
04:00 Ça s'est plutôt bien passé.
04:04 Et puis là, je lui dis « écoute, maintenant, comme à l'époque, je ne vivais pas vraiment
04:07 avec mon épouse, je dis ça serait bien que tu sois là ».
04:09 Et je suis ravi qu'elle ait été là.
04:10 Parce que ça donne…
04:11 C'est peut-être la seule chose qui n'était pas bien à l'époque.
04:14 C'est qu'en fait, on invitait des gens, mais jamais des couples.
04:16 Alors que les dîners, moi je n'en fais pas.
04:18 Je n'y vais pas, je n'en fais pas.
04:19 Mais les dîners, c'est souvent par couple.
04:20 Donc là, il y a le couple Robin, le couple Ardisson.
04:24 Il n'y a que le couple Chameroy que je ne suis pas arrivé à avoir.
04:27 - Pourquoi on doit toutes à faire ces centres, regarder ce dîner inédit sur Paris 1er,
04:33 Nicolas et moi ? Qu'est-ce qu'on va y voir ? Qu'est-ce qu'on va y apprendre ?
04:36 Du rire, de l'émotion ? Il y a un truc spécial ?
04:38 - C'est une des rares…
04:39 Ça a fonctionné quoi.
04:40 C'est-à-dire que 20 ans après, d'abord je suis remonté sur le vélo et ça a fonctionné.
04:44 Et c'est une émission où les gens disent des choses qu'ils ne disent pas à la télé.
04:48 C'est-à-dire que même dans tous mes talk-shows, et Dieu sait si j'en ai fait, il n'y a
04:51 jamais cette intimité-là.
04:52 Les gens, je ne sais pas pourquoi…
04:54 - Parce que l'alcool ?
04:55 - Je ne sais pas.
04:56 Ils sont chez moi.
04:57 C'est vrai que si vous leur donnez du champagne ou du vin rouge, ça prend un peu de temps.
05:01 Là, j'ai attaqué au rhum parce que le chef était…
05:03 - Et donc il se lâche ?
05:04 - Mais c'est incroyable.
05:05 Mais Darmond qui…
05:06 Enfin, on s'assoit avec Darmond, c'est un peu le meuble de show.
05:10 Mais on commence à se raconter des trucs sur l'âge.
05:13 Lui, il m'explique qu'il dort avec un masque la nuit parce qu'il a l'apnée du sommeil.
05:18 Je veux dire, personne n'a jamais raconté ça.
05:20 Et après, on va sur les pères.
05:22 Il y a tout un tour de table sur les pères.
05:23 Le père de Gisbert, il battait sa mère.
05:26 Le père de Darmond, il était truant à un pigal.
05:28 Le père de Chamorra, il était défoncé à l'héros.
05:30 Le père de Muriel, ce n'était pas son père, c'était un Arménien.
05:33 - Mais c'est génial.
05:34 Il sait vendre sa cheminette.
05:36 - Non mais c'est incroyable.
05:37 Les gens disent des trucs dans cette émission, je ne sais pas pourquoi.
05:39 - Alors justement, on regardait à l'époque Michel Serraudine avec Djamel Debouze, Régine,
05:43 Alain Chabat, Bafi, Gérard Darmond, vous en parlez, qui racontait cette blague drôlissime
05:47 sur Johnny à Claude Berry qui ne comprenait rien.
05:50 Et puis, moi j'ai choisi Karl Lagerfeld qui expliquait à ce moment-là qu'il écrivait
05:54 ses mémoires.
05:55 - Karl, est-ce que vous allez faire votre autobiographie, vos mémoires ?
05:59 - Oui mais je ne peux la faire qu'après ma mort parce qu'il y a des gens que je ne peux
06:02 pas citer et puis il y a une histoire X dans ma vie qui fait que je ne peux pas avant.
06:06 - Donc 50 ans après la mort ?
06:07 - Non, 50 ans après la mort.
06:08 - Vous allez dicter vos mémoires ?
06:10 - Non, non, j'écris très bien moi-même.
06:11 - Vous écrivez ?
06:12 - Très bien.
06:13 - En anglais ?
06:14 - En anglais, pas en français.
06:15 - Et ça sera publié ?
06:16 - Je ne sais pas.
06:17 Je ne veux pas, je déteste les traductions.
06:20 - Ah oui, vous voulez faire un livre en anglais ?
06:21 - Quand j'écris en anglais, c'est pour être en anglais.
06:23 Et si les gens ne peuvent pas les lire, c'est que ce n'est pas pour eux.
06:25 - Je l'adore.
06:26 - Je trouve un livre...
06:27 - Ça me intéresse d'Avila.
06:28 - Je l'adore.
06:29 - Vraiment, c'est magnifique.
06:30 - Il dit "je l'adore".
06:31 - Oui, parce qu'il était à la fois extrêmement frivole, extrêmement léger et tout, et d'une
06:42 rigueur tout à fait germanique.
06:43 Le jour où il a décidé de maire, parce que moi j'ai fait un régime il y a quelques
06:46 années, le jour où il a décidé de maire, il a dit "je vais rentrer dans un petit 34".
06:51 Et il est rentré dans un petit 34.
06:53 Il était exceptionnel.
06:54 - Et vous, vous allez écrire vos mémoires Thierry Ardisson ?
06:57 Je me suis demandé ça en prenant l'interview.
06:58 - C'est la bonne question parce que je suis assez content de ma vie en ce moment.
07:02 Là, ça va bien, je suis heureux, en amour.
07:04 Je vais faire une nouvelle émission pour France Télévisions au mois de février.
07:07 - Avec Hugo Clément.
07:08 - Avec Hugo Clément et Régis Rodin.
07:09 Donc si vous voulez, je suis assez heureux finalement.
07:11 Et puis, voilà, vous mettez le doigt dessus, le truc c'est, parce que tout le monde me
07:16 dit "mais Thierry t'as quand même fait 6 ou 7 bouquins, certains se sont bien vendus".
07:18 Je veux dire, je ne suis pas...
07:19 Même si je n'ai pas voulu être écrivain professionnel, j'ai quand même publié des
07:22 bouquins dont certains ont marché.
07:24 - Vous avez même été invité à H'Apostrophe à l'époque où vous vous dites "c'est le
07:27 plus beau moment de ma vie".
07:28 - J'ai eu deux grands moments dans ma vie, à part mes histoires d'amour.
07:31 C'est un, de faire Pivot pour Louis XX et deux, les Emmy Awards pour Hôtel du Temps.
07:37 Parce qu'être nominé aux Emmy Awards...
07:38 - C'est vrai que pour cette émission-là, vous étiez venu d'ailleurs sur Interchezsonnel
07:41 pour en parler, Hôtel du Temps, qui n'a pas marché en audience Thierry.
07:45 Qui n'a pas marché en audience, vous avez été nominé aux Emmy Awards.
07:48 - Warner Bros.
07:49 a racheté le format pour le monde entier.
07:50 Vous savez, quand vous êtes aux Emmy Awards, même si vous ne gagnez pas, j'étais battu
07:53 par une télé-réalité brésilienne, mais même si vous ne gagnez pas, c'est quand même
07:57 super d'y être.
07:58 - D'ailleurs, le Gabin, le troisième numéro, vous avez fait Dalida Coluche, le Gabin va
08:02 être diffusé le 3 janvier.
08:04 Si jamais ça marche, ils vous en recommanderont ou non, c'est foutu ?
08:07 - Je vais vous dire la vérité, je pense que cette émission était trop chère pour être
08:09 en deuxième partie de soirée et trop bavarde pour être en première partie de soirée.
08:14 Donc, je continue à travailler sur des histoires d'intelligence artificielle, mais ce format-là
08:19 n'est pas adapté à un primetime.
08:21 - Vous reprochez souvent aux journalistes médias, à la presse télé, de ne juger
08:23 les émissions que sur l'audience.
08:24 Ils oublient, dites-vous, la créativité.
08:26 C'est vrai que les journalistes médias, aujourd'hui, ils attendent 9h.
08:29 À 9h, on a les résultats d'audience.
08:31 Si ça a marché, l'émission était excellente.
08:33 Et si ça n'a pas marché, l'émission était forcément à chier.
08:35 - Je vous remercie de souligner ça, parce que c'est ce qui flingue la télévision.
08:39 - Et ça rend les patrons frileux.
08:42 - Oui, mais quand vous prenez Pure Média, par exemple, les mecs sont journalistes.
08:45 Si c'est pour nous dire que telle émission a fait 1,5 million et que la semaine d'avant
08:49 elle a fait 1,2 million, je veux dire, on n'a pas besoin d'eux.
08:52 Il n'y a qu'à publier directement en médiamétrie.
08:54 Il n'y a plus de critiques dans le cinéma.
08:56 Moi, j'ai connu Jean-Louis Bory, Michel Cournot, des gens qui nous donnaient envie d'aller
08:59 voir les films.
09:00 Aujourd'hui, on vous dit « le film n'est pas bien parce qu'il n'a fait que 500 000
09:02 entrées, il est bien parce qu'il a fait 3 millions d'entrées ». C'est Edgar Morin
09:06 qui a dit « le jour où les chiffres ont pris le pouvoir, c'était la fin du monde ».
09:10 Et comme souvent, Edgar Morin a raison, on ne peut pas juger la télé uniquement à
09:14 travers les résultats.
09:15 D'ailleurs, le problème aujourd'hui, c'est que le service public de la télévision
09:18 pense que finalement, leur mission c'est de battre TF1.
09:22 Ben non, leur mission c'est de transmettre la culture et le savoir.
09:25 Vous, vous échappez à la critique.
09:27 - Non, mais pas seulement.
09:30 Ce que je veux dire c'est que oui, on reproche souvent au service public aujourd'hui parce
09:32 que ça marche.
09:33 En l'occurrence, ça marche en audience.
09:35 Mais ils ne font pas que ça.
09:36 Ils ne font pas que ça.
09:37 - Non, ils ne font pas que ça.
09:38 Mais ils pourraient faire plus.
09:39 - Ils font des grandes émissions sur l'écologie en prime time.
09:40 - On est au courant.
09:41 Mais ils pourraient faire plus.
09:42 Il faudrait qu'il y ait plus d'émissions d'histoire, de cinéma, de musique, de littérature.
09:46 - Le message est passé.
09:47 Déjà en 96, il y a 30 ans, j'ai trouvé une interview où vous disiez que la télé
09:50 était trop consensuelle.
09:51 Vous le disiez déjà il y a 30 ans.
09:53 Donc ça, c'est trop consensuel.
09:54 Il y a 30 ans, elle est comment aujourd'hui ? On est au comble, à l'acmé, à l'apogée
09:58 de la licitude à votre avis ?
10:00 - Oui, ce n'est pas pour jouer les vieux boomers.
10:03 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, la télé est plus frileuse.
10:06 On ne dit plus les choses qu'on disait à l'époque.
10:08 - Vous dites ça et en même temps…
10:09 - Pour le dîner en question, on va voir si là, en vous quittant, je vais présenter
10:13 l'émission à la direction de M6.
10:15 - Vous allez voir si ça passe.
10:16 - Je vais voir si ils me demandent de couper les choses.
10:17 - Parce que ça va loin.
10:18 - Si ils me demandent de couper les choses, je le dirai d'ailleurs.
10:21 Mais on va voir.
10:22 Il faut savoir quelle est la longueur de la laisse.
10:26 - Vous dites, pardon, la télé est devenue de plus en plus consensuelle et lisse.
10:31 Mais enfin, quand vous regardez une émission d'Anouna ou un débat de Pascal Praud, vous
10:33 avez l'impression que c'est lisse ?
10:34 - Non, mais ça, c'est même pas…
10:36 Non, mais ils ne disent rien de transgressif.
10:38 Anouna, il ne dit rien de transgressif.
10:39 Il ne dit que des conneries.
10:40 Je veux dire, ce n'est pas pareil de dire des choses transgressives, d'essayer de
10:44 faire avancer les idées, etc.
10:45 Puis de faire ce qu'il fait tous les soirs.
10:47 - Mais ce n'est pas consensuel.
10:48 - Moi, quand je vois Moondir qui nous explique que…
10:50 Déjà, on avait eu Alessandra Subli qui nous explique qu'il ne savait pas en quelle année
10:54 avait commencé la guerre de 40 sur la 5, qui était quand même la chaîne de la culture
10:57 et de la connaissance.
10:58 - Vous n'avez pas changé.
10:59 - Après, là, j'ai vu Moondir nous expliquer que c'est grâce aux Arabes qu'on a gagné
11:03 la guerre de 40.
11:04 Je veux dire, vous l'avez vu, ça ?
11:05 Non, mais comment ? Je veux bien que Vincent Bolloré veuille être encore plus milliardaire
11:09 que ce qu'il est milliardaire.
11:10 Mais comment est-ce qu'on peut laisser sur sa chaîne, qui lui appartient, dire des conneries
11:14 pareilles ? Moi, je connais Vincent Bolloré.
11:16 Je ne comprends pas qu'il laisse dire des choses comme ça.
11:18 - Vous dites d'ailleurs, quand il vous a viré, heureusement qu'il m'a viré,
11:20 j'aurais jamais pu assumer la dérive idéologique de C.U.T.C.
11:23 News.
11:24 - Absolument, absolument.
11:25 Parce que qu'est-ce que je ferais aujourd'hui si je faisais Salut les Terriens ? Je serais
11:27 obligé de faire comme Pascal Praud, dire que je vais à la messe le dimanche pour me faire
11:31 bien voir de mon patron.
11:32 - Peut-être que c'est vrai, tout simplement.
11:33 - Qui va à la messe le dimanche.
11:34 Oui, c'était quand même le titre dans le journal du dimanche.
11:36 - En même temps, C.News a dépassé BFM pour la première fois sur toute une semaine
11:42 la semaine dernière.
11:43 - Qu'est-ce que ça dit de la société ? - Ça dit qu'il manquait quelque chose.
11:45 Ça dit qu'il manquait dans le paysage, dans le PAF, il manquait un contrepoids à France
11:52 Inter, aux services publics, à tout le reste.
11:55 Donc ça dit qu'il y avait un vide.
11:57 La preuve, c'est qu'il fait 900 000 tous les soirs.
11:59 - Vous, vous avez grandi avec le… Vous regardez Pro ?
12:01 - Ça m'arrive, oui, parce que c'est marrant.
12:04 - Vous avez grandi avec le RTF, avec Denise Glazer, mythique animatrice de Discorama
12:09 notamment, vous la citez souvent.
12:10 C'était la Oprah Winfrey de le RTF.
12:12 La fin de la télé chez elle, ce fut douloureux.
12:15 Écoutez-la au micro de Philippe Bouvard en 76, un an après son éviction de l'ORTF
12:21 et cinq ans avant sa mort.
12:22 Écoutez-la, c'est assez déchirant.
12:24 - Alors qu'est-ce que vous faites aujourd'hui ?
12:25 - Je crois que je fais à la fois beaucoup de choses et j'attends.
12:31 Mais je n'attends pas de refaire de la télévision tout de suite.
12:37 J'ai pas envie.
12:38 J'ai pas envie.
12:39 Vous savez, c'est pas mal de profiter d'une petite image de marque comme ça qui est,
12:47 comment dire, la championne des lourdets.
12:51 J'allais dire Denise la virée.
12:54 Je crois que ça fait quatre fois que je me suis fait lourder depuis 68.
12:59 - Qu'est-ce qu'on vous reprochait ?
13:00 - Rien.
13:01 Rien, justement, je crois que c'est pour ça.
13:04 - Alors vous êtes chômeuse aujourd'hui ?
13:06 - Oui.
13:07 - Vous pointez au bureau de chômeuse ?
13:09 - Oui, bien sûr.
13:10 - C'est violent.
13:11 - Moi je l'adore.
13:12 Moi j'ai été élevé par le ORTF.
13:16 Il y avait Denise Glaser, mais il y avait aussi Jean-Christophe Averti, il y avait Dési
13:19 de Galard, il y avait Pierre Dumayet.
13:21 Moi ça a été ma grande école.
13:22 Mais si vous voulez, la première fois qu'elle reçoit Gainsbourg, elle le regarde comme
13:25 ça, elle lui fait "ça va pas à vous en ce moment".
13:27 Comment tu peux dire ça à quelqu'un ?
13:29 C'est incroyable quoi.
13:30 "Ça va pas à vous".
13:31 Et j'étais très inspiré par elle.
13:34 - Mais elle, la fin se termine mal.
13:37 - C'est terrible, c'est une fin terrible et très bouleversante.
13:41 Vous vous dites "je veux pas être comme tous ces animateurs qui s'accrochent".
13:44 Et pourtant c'est dur de décrocher.
13:46 L'antenne c'est une drogue dure.
13:48 Vous, ça fait trois ans que vous faites de l'antenne.
13:49 - Moi j'ai commencé la télé à 35 ans.
13:52 Donc si vous voulez, quand j'avais 14 ans, je jouais pas l'animateur dans la cave de
13:55 mes parents avec un micro en carton.
13:56 J'ai fait de la télé parce que c'est là où on m'a filé du blé pour faire mes conneries.
13:59 Ça aurait pu être tout à fait autre chose.
14:01 Donc j'ai fait de la télé, ça a marché puisque j'arrivais de la pub, j'ai trouvé
14:04 des idées, j'avais une personnalité un peu spéciale.
14:07 Mais c'était pas ma vocation.
14:09 Donc si vous voulez, aujourd'hui, le fait de plus en faire, honnêtement je sais que
14:12 personne ne me croit quand je dis ça.
14:14 - Oui c'est ça, je ne vous crois pas moi.
14:15 - Ça ne me manque pas.
14:16 En revanche, je suis ravi d'être ici.
14:17 C'est pas pareil.
14:18 Je suis ravi de montrer ma gueule.
14:19 Je suis ravi d'être invité chez vous, je suis ravi d'être invité dans Quelle Époque,
14:22 je suis ravi d'être invité dans Le Quotidien.
14:23 Vraiment, je ne boude pas mon plaisir.
14:25 Maintenant, aller cracher dans le micro, en plus comme je l'ai dit, ça aussi c'est
14:29 la vérité.
14:30 Quand vous avez interviewé Gainsbourg et Jean Dormeson, comme je dis souvent c'est
14:33 terrible pour eux, parce que je prends toujours cet exemple, mais tant pis pour eux, vous
14:36 vous retrouvez en train d'interviewer Amel Bente ou Amir, d'un seul coup, effectivement,
14:40 le niveau baisse.
14:41 Le désert s'étend, comme disait Nietzsche.
14:43 - Thierry Ardisson, vous faites des prises de sang tous les mois, chaque année vous passez
14:47 une semaine de vacances dans un hôpital, vous êtes hypochondrique.
14:49 - Non, je ne passe pas une semaine dans un hôpital, mais je fais des check-up.
14:51 - Vous êtes hypochondriaque, vous avez peur de la mort ?
14:53 - Non, pas du tout.
14:54 L'hypochondriaque c'est celui qui pense qu'il est malade et qui ne se fait pas checker.
14:58 Moi, si vous voulez, je regarde les choses en face, je vieillis, j'aurai 75 ans le 6
15:03 janvier, donc si vous voulez, je fais attention.
15:07 - Vous avez peur de la mort ?
15:08 - Ecoutez, je pense, comme je suis croyant, je pense que ça m'aide à en avoir moins
15:13 peur, disons.
15:14 - Souvent vous demandez à vos invités quel épitaphe ils aimeraient inscrire sur leur
15:18 compte, c'est quoi ?
15:19 - Moi, qu'est-ce que je voudrais ? Bon, ils avaient des idées.
15:22 - Pas mal.
15:23 C'est vrai que vous aimeriez voir à vos obsèques, comme Roger Vadim, toutes les femmes de votre
15:27 vie ?
15:28 - Oui, ça ne va pas faire plaisir aux vrais.
15:29 Roger Vadim, il avait toutes ces femmes à son enterrement.
15:32 Je pense qu'à un moment, il faut se réconcilier.
15:34 - Les impromptus, vous répondez en un mot ou en deux.
15:38 L'argent fait-il le bonheur ?
15:39 - Ça aide, oui.
15:41 - Vous préférez avoir 75 ans ou avoir 25 ans aujourd'hui ?
15:44 - 75.
15:45 - Vous aimez bien la phrase de Confucius "On n'a qu'une vie", la deuxième commence
15:49 quand on réalise qu'on n'en a qu'une.
15:50 La vôtre, elle a commencé quand ?
15:51 - Elle a commencé comme une tentative de suicide à l'âge de 20 ans.
15:55 Puis je me suis dit que finalement, comme je n'étais pas mort, il fallait que j'affronte
15:59 la réalité.
16:00 - Vous avez beaucoup d'amis, Thierry Ardisson ?
16:01 - Non.
16:02 - La dernière fois que vous avez pleuré ?
16:03 - Ben, souvent quand je regarde les portraits d'Audrey, ça m'émeut.
16:09 Très souvent.
16:10 Par exemple, j'ai vu les filles de Johnny Hallyday.
16:13 - Vous avez pleuré sur Jade et Joy ?
16:15 - Non.
16:16 - Non, mais vous n'avez pas poussé quand même.
16:17 Vous avez vieilli, mais pas à ce point.
16:19 - On avait vu les filles de Johnny.
16:20 On avait vu les archives, mais voir les filles de Johnny regardant les archives, c'était
16:24 très émouvant.
16:25 - Elon Musk, il vous angoisse ou il vous fascine ?
16:27 - Il m'angoisse.
16:28 Non, il me fascine plutôt.
16:30 - Vous ne votez toujours pas ?
16:31 - Ben non, je suis monarchiste.
16:33 - Le psy, vous n'avez jamais essayé ?
16:34 - Non, j'ai essayé, il voulait me rendre normal.
16:36 - Vous êtes écolo ou l'écologie, ça commence à bien faire ?
16:39 - Non, mais avec Hugo Clément, je suis obligé d'être écolo.
16:41 - Les Beatles ou les Stones ?
16:43 - Les Beatles.
16:44 - Bowie ou Lou Reed ?
16:46 - Bowie.
16:47 - Michel Berger ou Jean-Jacques Goldman ?
16:48 - Berger.
16:49 - France Gall ou Véronique Sanson ?
16:51 - Sanson.
16:52 - Laurent Baffi ou Philippe Cavrivière ?
16:53 - Baffi.
16:54 Si je ne dis pas Baffi, je vais me faire allumer.
16:57 - Jean-Pierre Elkabache ou Vincent Bolloré ?
16:58 - Ni l'un ni l'autre.
17:00 - Frédéric Beigbeder ou Ian Mocks ?
17:02 - Ni l'un ni l'autre.
17:03 - Vous êtes fâché avec Beigbeder ?
17:05 - Il a écrit dans un livre que je n'avais rien fait de ma vie, donc si vous voulez,
17:08 je ne veux pas être sympa avec lui non plus.
17:09 - Emmanuel Macron ou Edouard Philippe ?
17:11 - Pfff...
17:12 - Michel Houellebecq ou Virginie Despentes ?
17:18 - Michel Houellebecq.
17:19 - Philippe Tesson ou Sylvain Tesson ?
17:20 - Philippe.
17:21 - Michel Sardou ou Juliette Armanet ?
17:23 - C'est bien votre truc là ! C'est qui Armanet ou ?
17:25 - Michel Sardou ou Juliette Armanet ?
17:27 - Michel Sardou.
17:28 - Jésus ou Marie ?
17:29 - Jésus, c'est un petit juif qui a foutu la merde, j'adore.
17:32 - 93 Faubourg, les 20 ans de 93 Faubourg qui s'appelleront donc 241...
17:37 - 214 !
17:38 - 241 !
17:39 - Si vous voulez venir à la maison, au moins j'ai eu la bonne heure, la prochaine fois
17:43 je vous inviterai.
17:44 - J'espère, j'espère !
17:45 - C'est ce que nous avons pensé de la réaction de la 21 ans, Rudi Voli, donc vendredi soir,
17:47 une nuit entière avec les réactions.
17:49 - Une nuit entière, tant pis pour moi.
17:50 Je dis aux gens quand même, parce qu'il faut le trouver maintenant par les premières,
17:52 avant c'était 5 quand on zappait, c'est le Channel 41 et c'est en clair.
17:57 - Le Channel 41.
17:58 - Ah, et c'est exceptionnellement clair ! - Le Canal 41 en clair.
18:01 - C'est en clair, exceptionnellement, toute la nuit.
18:03 On a explosé le temps, mais c'est ainsi.
18:05 Belle journée !

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