À 9h20, l'avocate Tiphaine Auzière, fille de Brigitte Macron et belle-fille d'Emmanuel Macron, est l'invitée de Léa Salamé. Elle publie un premier roman, "Assises" (Stock). Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-07-mars-2024-6592404
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00:00 Et Léa, ce matin vous recevez une primo-romancière !
00:03 Oui, avocate et qui écrit son premier roman.
00:06 Bonjour Tiffaine Auzière.
00:07 Bonjour.
00:08 Merci d'être avec nous ce matin.
00:09 Si vous étiez une ville, un animal, un homme ou une femme d'état et un défaut, vous
00:14 seriez quoi ? Vous seriez qui ?
00:15 La ville, je dirais Marseille.
00:18 J'adore l'énergie de cette ville.
00:19 Je la trouve bouillonnante, cosmopolite et je suis toujours charmée parce que l'authenticité
00:24 à la fois de la ville, je parle du quartier du Panier, moi j'adore le street art et
00:28 les calanques, la beauté de la nature donc je dirais Marseille.
00:31 Un animal ? Le loup parce que je crois que j'aime bien son indépendance, son côté
00:36 un peu insoumis et à la fois très protecteur de son clan.
00:38 Un homme ou une femme d'état ? D'inter parce que je trouve que c'est quelqu'un
00:42 qui a transcendé son histoire familiale pour porter des combats forts dans et hors des
00:46 prétoires indépendamment de ce que pouvait penser l'opinion et ça je trouve ça très
00:49 courageux.
00:50 Et puis un avocat aussi.
00:52 Un défaut si vous étiez un défaut ? L'impatience.
00:56 C'est un petit défaut ça.
00:58 Ah non c'est un gros défaut ! François Mauriat qui écrivait en 1929 « Écrire
01:03 c'est se livrer, à notre premier livre nous ne le savons pas encore ». Est-ce que
01:07 vous savez vous déjà dès votre premier livre qu'écrire c'est se livrer ?
01:11 Je ne savais pas grand chose parce que je pense que je n'étais pas destinée pour
01:16 ça, je n'ai pas fait des études pour ça.
01:18 Ça a été pour moi en tout cas une nécessité, j'aurais dit qu'écrire c'était respirer.
01:23 Après je pense qu'effectivement mon livre nécessairement de soi, en tout cas moi dans
01:27 Assise j'ai livré je crois mon cœur et mes combats.
01:30 Tiffaine Auzière vous êtes avocate donc et vous êtes aussi surtout connue du grand
01:35 public pour votre filiation.
01:36 Vous êtes la fille de Brigitte Macron et la belle-fille d'Emmanuel Macron.
01:39 C'est vrai qu'on a été curieux d'apprendre, de lire que vous aviez écrit un premier
01:43 roman « Assise » aux éditions Stock.
01:46 Plutôt bien reçu d'ailleurs par la critique depuis une semaine, les articles sont plutôt
01:50 élogieux, un roman où vous racontez le quotidien d'une avocate ambitieuse qui vous ressemble
01:55 sans doute un peu, installée dans le nord de la France sur la côte d'Opale, qui défend
01:58 les femmes, les femmes victimes d'inceste, de viols, de coups et parfois les femmes meurtrières.
02:03 A travers elle c'est le fonctionnement de la justice que vous montrez, que vous décrivez
02:07 dans ce qu'il a, ce fonctionnement de plus ordinaire et de plus tragique.
02:11 On va en parler mais juste une question, avez-vous pensé à le publier sous pseudo ce livre ?
02:14 J'y ai pensé, j'ai beaucoup réfléchi à ça et je me suis dit qu'est-ce que je
02:20 fais parce que je savais que sinon, comme vous dites, l'appartenance, la filiation
02:26 allait être effectivement un facteur de jugement dans un sens comme dans un autre puisqu'on
02:31 sait qu'il y a des gens qui détestent ou adorent uniquement en lien avec la filiation,
02:38 ce qui est assez déraisonnable.
02:39 Et puis je me suis dit, à un moment il faut être courageux, j'ai un nom, une existence
02:46 et qu'importe la critique, j'assume et je le fais comme ça.
02:50 Mais vous dites, vous le disiez dans Match, certains vont dénigrer le roman parce qu'ils
02:54 détestent le président, d'autres vont le louer parce qu'ils l'adorent.
02:56 Mon nom déclenchera de toutes les manières attrait et répulsion, dans les deux cas il
03:00 y aura de l'irrationnel.
03:01 Vous craignez ça, des réactions irrationnelles ?
03:04 J'ai l'habitude des réactions irrationnelles liées à ça et maintenant je pense que j'en
03:11 ai fait mon parti et que je considère que ça ne doit pas m'empêcher de vivre, ni
03:14 moi, ni mes proches.
03:15 Ça fait dix ans que vous réfléchissez à ce livre en silence, sans en parler autour
03:19 de vous, vous ne l'aviez pas dit.
03:20 Il est inspiré de vos premières années d'avocate quand vous étiez commisse de
03:23 fils au barreau de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais.
03:26 Votre personnage, Diane, défend des femmes, que des femmes d'ailleurs dans ce livre.
03:29 Une petite fille de dix ans violée par le compagnon de sa mère, une autre harcelée
03:32 au travail, une autre encore, la plus troublante, la plus intéressante de vos personnages.
03:36 Cette femme, sous emprise, frappée par son compagnon, abaissée par son compagnon qui
03:41 finit par le tuer.
03:43 On pense évidemment à l'affaire Jacqueline Sauvage, on pense aussi en lisant votre livre
03:47 aux fantômes d'Outreau.
03:48 Vous vouliez raconter comment des vies simples sont percutées par la violence, par le train
03:52 de la vie et comment ces femmes ont du mal, que ce soit la petite fille de dix ans ou
03:56 cette femme qui a fini par tuer son compagnon, à parler tout simplement.
03:59 Oui, c'est tout à fait ça l'idée pour moi.
04:02 Quand j'entends les gens parler de la justice, souvent ça se réduit à des faits divers.
04:07 Il s'est passé ça tel jour, telle heure et c'est très sordide.
04:09 Et ce n'est pas le côté humain que je connais de la justice, ce n'est pas ça que j'avais
04:13 envie de montrer.
04:14 Pour moi, c'est vraiment des gens, c'est monsieur et madame tout le monde, dont la
04:17 vie est percutée par des événements dramatiques et qui se retrouvent sans le vouloir à un
04:21 moment ou donné devant un tribunal correctionnel, une cour d'assises.
04:25 Et c'est comment on se relève, comment on réagit, qu'est-ce qu'on fait.
04:29 Et c'était vraiment ça ma volonté, c'était que le lecteur se dise "mais moi si j'étais
04:32 cette petite fille, est-ce que j'aurais eu le courage de parler ? Comment j'aurais
04:35 fait si j'étais cette femme ? Est-ce que j'aurais tué mon bourreau ? Est-ce que
04:38 je serais partie ? Qu'est-ce que j'aurais fait ?" Et puis voilà, c'était d'essayer
04:43 de mettre de la nuance, de se dire "voilà, la vie, ce n'est pas noir ou blanc, c'est
04:47 gris et puis on peut être percuté et il faut apprendre à vivre avec".
04:51 C'est aussi un livre qui interroge la question de l'emprise, qui aussi est une question
04:55 sur laquelle on réfléchit énormément ces dernières années, qui est une notion où
05:00 on apprend qu'elle est tentaculaire, qu'elle touche tous les milieux.
05:02 Cette question de l'emprise, parce que cette femme qui tue son bourreau, elle vous dit,
05:08 et c'est ça qui est troublant, elle vous dit qu'elle est toujours sous emprise, même
05:11 s'il est mort, et qu'il lui manque.
05:12 Parce que je pense qu'effectivement l'emprise c'est quelque chose d'extrêmement complexe
05:18 et à travers ce personnage j'avais envie de travailler sur la déconstruction qui peut
05:23 se nouer finalement dans un rapport entre cette victime et puis celui qui était son
05:28 persécuteur mais aussi son amour.
05:30 C'est-à-dire que de l'amour est né quelque chose de totalement dévastateur et c'est
05:35 quelque chose que je retrouve aussi dans les rapports d'entreprise où entre un salarié
05:39 et un employeur, sans s'en rendre compte, peuvent s'installer des situations d'emprise
05:43 où on en arrive à des actes incroyables mais des gens n'arrivent pas à sortir de
05:49 ça.
05:50 Et comme vous dites, ça touche tout le monde, que ce soit dans la vie personnelle comme
05:53 dans la vie professionnelle.
05:54 Et je pense que c'est important d'en parler pour permettre à chacun de trouver des solutions
05:58 justement pour faire face.
05:59 C'est quelque chose que vous avez vécu, vous, la situation d'emprise ou pas du tout ? Vous
06:02 l'avez vu au travers de vos yeux d'avocate ?
06:04 Alors je l'ai beaucoup vu au travers de mes yeux d'avocate, ce que je vous dis, soit
06:07 dans le domaine familial, pénal et beaucoup dans le milieu de l'entreprise parce que
06:11 c'est un vrai enjeu sur la question du harcèlement moral.
06:15 Et je pense que c'est quelque chose dont on parlait peu parce que les gens n'avaient
06:19 pas forcément envie d'en parler, pouvaient avoir honte.
06:22 Et que de plus en plus, notamment parce qu'il y a eu des affaires judiciaires qui ont été
06:25 médiatisées, ça permet maintenant de changer les mentalités.
06:29 Et notamment je trouve que par exemple en entreprise, il y en a beaucoup qui s'engagent
06:33 pour faire évoluer les choses et c'est chouette.
06:35 Et qu'est-ce que vous avez pensé, puisqu'on parle beaucoup de l'emprise et qu'on parle
06:38 beaucoup d'elle, de Judith Godrej, de son discours au César, elle raconte très bien.
06:43 Et d'ailleurs il y a plein d'extraits qui sortent d'elle d'il y a 5 ou 10 ans où elle
06:46 dit le bien qu'elle pensait de Benoît Jacot.
06:48 Et combien c'est difficile, combien là aussi c'est une zone qui est une zone grise et compliquée.
06:54 J'ai été extrêmement touchée par son discours.
06:57 Je trouve qu'elle a un courage admirable parce que dire les choses avec la justesse,
07:02 l'émotion et la réalité de ce qu'elle a vécu.
07:05 Et ce que je trouve dramatique, c'est quand on revoit effectivement à posteriori ces
07:09 images où on se dit "c'était évident".
07:12 On n'a rien fait mais c'était évident.
07:14 Parce que dans ces mots, on sent tous les silences.
07:18 On voit une victime meurtrie.
07:21 En lisant votre roman, on pense à l'écrivaine Karine Thuil qui avait raconté un procès
07:24 aux Assises pour viol dans "Les choses humaines" qui a été un best-seller.
07:28 Pour se préparer, elle avait assisté à beaucoup de procès et elle racontait cette expérience
07:33 à notre micro.
07:34 C'était en 2019.
07:35 On découvre des récits de vies souvent saccagées.
07:39 J'ai toujours été étonnée en allant au Palais de Justice de voir qu'il y avait
07:42 si peu de gens parmi le public alors que ça raconte la société d'aujourd'hui.
07:46 Les décisions de justice sont le reflet de notre société.
07:51 Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle va mal ? Il suffit d'aller finalement au
07:53 Palais de Justice pour le savoir.
07:54 Vous aussi vous êtes étonnée de voir qu'il y a peu de public dans les procès d'Assises ?
08:01 C'est assez paradoxal.
08:03 J'ai eu les deux cas et c'est aussi pour ça que dans le livre, je voulais que la personne
08:06 se mette à la place en disant "Est-ce que j'aimerais être jurée ?"
08:08 Parce que quand on pose spontanément la question aux gens, on sent qu'il y a une vraie curiosité
08:13 pour la justice et en même temps une peur.
08:16 J'ai vu les deux cas.
08:18 J'ai vu des procès où il y avait du monde et d'autres pas.
08:21 En tout cas, je trouve ça très important qu'elle soit ouverte parce que la justice
08:26 pour moi au cœur de la société c'est la démocratie.
08:28 Et pour la comprendre, il faut la vivre parce qu'être dans une cour d'Assises, pour moi
08:34 on n'en sort jamais indemne.
08:36 C'est ce que vous dites, on ne sort jamais indemne d'une cour d'Assises qu'on y soit
08:38 victime, accusée ou auxiliaire de justice.
08:41 Qu'est-ce que vous, personnellement, vous avez appris sur la nature humaine ? Qu'est-ce
08:45 qui a changé en vous, dans votre vision de la vie ou des choses en étant dans ces cours
08:49 d'Assises ?
08:50 Quand on entre dans une cour d'Assises, je trouve que c'est vraiment un moment suspendu.
08:54 Déjà parce qu'on vit ensemble avec les autres auxiliaires de justice, les partis,
08:58 au procès pendant un temps.
09:00 Et ce que vous disiez tout à l'heure, c'est-à-dire qu'on voit cette vie quotidienne qui est
09:04 basculée parce qu'en fait une cour d'Assises, oui il y a des serial killers, mais ce n'est
09:08 pas la majorité des affaires qui sont dedans.
09:10 Et donc, on est happé par ce côté humain, par ces tragédies humaines.
09:15 Et pour moi en tout cas, la difficulté quand je sortais d'une cour d'Assises, c'était
09:19 de faire un retour à la vie normale parce qu'on a l'impression qu'après finalement,
09:25 tout ce qui se passe, les petits problèmes du quotidien, ce n'est pas grand-chose.
09:27 Vous situez votre histoire en 2016, avant l'élection d'Emmanuel Macron, vous donnez
09:32 le chiffre du nombre de féminicides en 2016, 123 femmes tuées sous les coups de leurs
09:36 compagnons.
09:37 La lutte contre la violence faite aux femmes a été la cause nationale des deux quinquennats
09:42 d'Emmanuel Macron.
09:43 Il y a des moyens qui sont mis, mais ce chiffre du nombre de femmes tuées ne baisse pas.
09:47 Ça dépend des années, mais en gros, ça reste une femme tuée par son compagnon tous
09:54 les deux ou trois jours.
09:55 Comment vous expliquez cela ?
09:56 C'est un chiffre qui est évidemment dramatique et qui est extrêmement lourd.
10:02 C'est un combat à mon sens qu'il faut à tout prix mener et continuer de mener.
10:06 Il y a beaucoup de choses qui ont été mises en place sur les mesures d'éloignement,
10:10 les unités médico-sociales, la plainte en ligne.
10:13 Mais je pense qu'il faut continuer, avancer.
10:17 On a, à mon sens, fait beaucoup de choses dans la justice, sur le volet pénal répressif,
10:24 mais je crois beaucoup aussi dans l'éducation et le changement des mentalités.
10:27 Quand on a des témoignages forts, vous parliez de Judith Godrech, je pense qu'il faut continuer
10:31 à renforcer l'arsenal juridique, mais que la suite, ça va être l'éducation, la manière
10:35 dont on parle à nos enfants aussi.
10:37 Tiffany Ozière, votre personnage Diane, votre avocate, est très ambitieuse.
10:40 Elle a pour objectif de devenir la pénaliste incontournable en France pour ses 40 ans.
10:45 40 ans, vous les avez.
10:47 Vous aviez cette ambition-là ?
10:48 Pas du tout.
10:49 Déjà, c'est trop tard pour moi.
10:50 J'ai déjà les 40 ans.
10:53 J'ai une ambition dans la vie, c'est que mes proches soient heureux et que je le sois
10:58 aussi.
10:59 Je trouve que c'est déjà une grosse ambition.
11:00 Diane, je vous lis votre personnage.
11:03 Elle anticipait et faisait sien les désirs des autres.
11:06 Elle avait vite compris qu'en devançant les besoins des autres, en s'attelant à
11:09 les combler, elle pouvait tout obtenir.
11:10 Au frais de la réussite scolaire, vous aurez le respect de vos parents.
11:13 Au frais de la frange camaraderie, vous aurez des amis.
11:15 Au frais de l'écoute, de l'admiration, du sexe, vous aurez un homme.
11:17 C'était devenu son mantra.
11:19 Contenter les autres pour se réaliser.
11:21 Ce faisant, elle avait obtenu tout ce qu'elle voulait.
11:23 Elle vous ressemble, Diane, dans ces mots-là ?
11:25 Pas forcément.
11:26 Je pense qu'elle me ressemble dans le sens où je lui ai mis, en tout cas j'ai mis
11:32 à sa disposition, mon bagage juridique et humain d'avocate et ma passion pour la
11:36 Côte d'Opale, puisque le cadre du roman, c'est la Côte d'Opale.
11:40 Non, après, je pense que j'avais envie en tout cas qu'elle ait cette assurance au
11:45 départ et qu'elle soit elle-même percutée par des événements de la vie.
11:50 Donc c'était important de l'écrire comme ça.
11:52 On vous a demandé la chanson qui vous aide, qui vous remonte le moral quand vous avez
11:54 un petit coup de mou.
11:55 Vous avez choisi Diam's.
11:56 * Extrait de Diam's *
12:18 Diam's donc !
12:19 La dédicace de votre livre, Tiffanov'sière, à l'attention de vos proches, m'a interrogé
12:25 à Antoine, Élise et Aurel la lumière de mes ténèbres.
12:29 Vos ténèbres, elles ont quelle couleur ? Elles ont quelle forme ?
12:33 Je pense que c'est un peu aussi ce que je retrace dans le livre.
12:38 Je crois que la vie, parfois le débat est très réducteur, mais je crois que la vie
12:44 n'est pas blanche ou noire, qu'il y a beaucoup de zones grises et qu'on a tous
12:47 des zones d'ombre et des zones de lumière, comme les personnages du livre.
12:51 Et par exemple, Laura, la rencontre qu'elle fait, c'est une rencontre qui va plutôt
12:54 la moindrir et la tirer vers les ténèbres.
12:57 Et après, dans la vie, je pense qu'on fait aussi plein d'autres rencontres, de très
13:01 belles rencontres, qui, à l'inverse, vous amènent vers la lumière et vous subliment.
13:04 Et c'est en ce sens-là que j'ai voulu faire cette dédicace.
13:07 Votre mère, professeure de français, elle a lu le livre.
13:11 Alors, verdict, quelle note elle a mis ?
13:13 Elle n'a pas mis de note.
13:15 Elle n'a pas inscrit un roman presque parfait.
13:18 C'était pour moi une vraie épreuve, parce que faire lire à sa maman, c'est quelque
13:22 chose qui est a fortiori quand elle est prof de français.
13:24 Et elle m'a fait le plus beau des compliments en me disant qu'elle s'en voulait de ne
13:28 pas avoir mesuré et sous-estimé et vu ce talent.
13:31 Et Emmanuel Macron, vous avez envoyé le livre ?
13:33 J'ai téléporté personnellement hier, parce que je voulais qu'il ait la version
13:36 définitive quand elle arrive.
13:37 Donc, j'espère pouvoir en parler rapidement avec lui.
13:40 Il ne l'a pas encore lu, donc.
13:42 Emmanuel Macron, qui confiait vouloir être écrivain ado, à Jérôme Garcin, dans l'Obs,
13:46 il avait dit « J'aurais eu la vanité de devenir écrivain, l'humilité non ». D'ailleurs,
13:51 notre mère en parlait de son désir d'être écrivain quand il était jeune.
13:55 Au départ, je n'avais pas du tout vécu notre vie comme ça.
13:59 Je pensais vivre avec un écrivain.
14:01 Je pensais qu'il serait écrivain, qu'il écrirait, qu'il aurait une notoriété.
14:06 Je n'en ai jamais douté.
14:07 Mais je pensais qu'elle serait d'ordre artistique.
14:09 La politique m'a étonnée.
14:11 Le choix politique m'a étonnée.
14:13 Et l'investissement total qu'il y met aussi.
14:17 Mais de toute façon, ça fait 20 ans qu'il m'étonne.
14:20 C'est un écrivain contrarié à votre avis ? Emmanuel Macron ?
14:24 Je ne sais pas.
14:25 En tout cas, j'espère vraiment qu'il écrira parce que je pense qu'il a beaucoup de choses
14:28 à dire.
14:29 En tout cas, moi, j'aurais plaisir à le lire.
14:32 Vous aviez 10 ans lorsque votre mère s'est séparée de votre père.
14:35 Pour Emmanuel Macron, vous disiez au Figaro « J'ai entendu un tas de critiques, de remarques
14:38 sur la différence d'âge entre ma mère et Emmanuel, sur ce couple qui pouvait apparaître
14:42 atypique surtout en province.
14:43 Cela m'a forgé ». Vous aviez 10 ans.
14:45 On imagine la souffrance d'une gamine de 10 ans dans une ville de province quand un
14:49 événement comme ça arrive.
14:51 Après, je pense qu'un divorce pour n'importe quel enfant, c'est toujours une épreuve.
14:56 Maintenant, ce que je voulais dire pour moi qui était vraiment important, aussi parce
15:01 que j'ai accompagné des gens dans des procédures aux affaires familiales, c'est extrêmement
15:04 douloureux pour les parents et le discours peut être très culpabilisant.
15:07 Et moi, ce n'est pas ce que j'ai envie de retenir.
15:09 Parce que pour moi, la famille recomposée, ça peut aussi être une chance, une forme
15:13 d'ouverture d'esprit.
15:14 Et moi, ça a été mon cas.
15:15 Et c'est beaucoup plus ça que j'ai envie de véhiculer parce qu'il y a les liens du
15:18 sang, mais il y a aussi d'autres liens qui se créent.
15:21 Ça représente en plus énormément de personnes en France.
15:23 Et c'est plutôt ça que je retiens.
15:24 Que votre souffrance d'enfant au divorce de vos parents dans une situation spéciale.
15:30 Parce que ma souffrance, on s'en fout.
15:33 En fait, on vit avec.
15:34 Les attaques contre votre mère qui ne cessent pas.
15:38 Vous en parlez également, je crois, dans le Figaro.
15:40 Ces attaques sur l'âge, sur le physique.
15:43 Dégueulasses, souvent.
15:44 Vous les lisez sur les réseaux où vous vous protégez ?
15:48 Je lis peu parce que tout ce qui est réseau de la haine ne m'intéresse pas.
15:54 Moi, j'aime ce qui est constructif et ce qui fait avancer.
15:56 Je réagis quand je l'estime nécessaire parce que je trouve que c'est des attaques
15:59 sur une femme liées à l'âge et qui n'ont absolument aucun fondement.
16:04 Et quand c'est de la désinformation, de la fake news, je pense qu'il faut réagir
16:08 parce que si ça la touche elle, ça peut toucher plein de gens qui n'auront pas les
16:11 mêmes moyens d'action.
16:12 Donc, il faut intervenir.
16:13 Le dernier remerciement, sans doute le plus beau de votre livre, va à votre père, décédé
16:18 en 2019.
16:19 A mon père, mon étoile précieuse, qu'avez-vous de lui ?
16:23 Je pense son anticonformisme.
16:28 C'est quelqu'un qui finalement ne s'intéressait assez peu à ce qu'on pouvait penser de
16:36 lui, à la vie.
16:37 Il avait une légèreté par rapport à la vie et à ça.
16:40 Donc, je pense que je dirais son anticonformisme.
16:42 Vous dites d'ailleurs « j'ai un rapport toujours anxiogène et non apaisé à la mort ».
16:45 Oui, parce que je pense que j'ai perdu des proches assez tôt et quand c'est ça,
16:50 on est très angoissé pour ce qui reste.
16:52 Les impromptus pour terminer.
16:54 Question courte, réponse ultra courte.
16:55 Petite, je voulais être Coco Girl.
16:57 Vous avez dit ça dans le Parisien.
16:59 On n'était pas prêts, je vous le dis tout de suite.
17:02 Vous aviez la référence.
17:04 Oui, comme quoi c'est important l'image des femmes qu'on véhicule à la télé.
17:07 Parce que pour une petite fille, je l'ai trouvée superbe, je trouvais ça incroyable.
17:09 Et puis très vite, l'avocature, fort heureusement, m'a rattrapée.
17:13 La cathédrale d'Amiens ou Notre-Dame de Paris ?
17:15 Notre-Dame de Paris.
17:17 Delphine de Vigan ou Cristina Ango ?
17:18 Delphine de Vigan.
17:19 Houellebecq ou Des Pentes ?
17:21 Des Pentes.
17:22 Aurel Sanne ou Vianney ?
17:24 Aurel Sanne.
17:25 Anatomie d'une chute ou Barbie ?
17:26 Anatomie d'une chute.
17:28 Libération ou Le Figaro ?
17:30 Waouh, les deux.
17:32 Pensez-vous vous aussi que Gérard Depardieu rend la France fière ?
17:37 Pas moi, à titre personnel, non.
17:39 Vous êtes un homme pendant 24 heures, vous faites quoi ?
17:41 Il paraît que je suis un peu un homme, alors j'aurais du mal à vous le dire.
17:47 Alcool, drogue, sexe, quels sont vos vices ?
17:49 Le sport.
17:51 Robert Beninter ou Eric Dupond-Moretti ?
17:54 Beninter.
17:55 Chocolat noir ou chocolat au lait ?
17:56 Noir.
17:57 Twitter ou Instagram ?
17:58 Instagram.
17:59 Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
18:01 Liberté.
18:02 La politique, c'est fini, fini.
18:04 Vous avez tenté un peu le coup à un moment aux législatives, vous étiez suppléante
18:07 d'un candidat en marche à l'époque, en 2017.
18:10 Ça n'a jamais été pour moi, moi j'ai soutenu des valeurs et des hommes, mais c'est
18:14 pas pour moi.
18:15 Et vous pourriez y aller ?
18:16 Non.
18:17 Et la question Jacques Chancel pour finir.
18:19 Et Dieu dans tout ça ?
18:20 Ça doit être très apaisant de pouvoir y croire et pratiquer.
18:24 Tiffaine Auzière, assise aux éditions Stock, merci à vous et belle journée.