Avec Jean-Paul Pelras, journaliste spécialiste de l'agriculture ; Patrick Simon, avocat au barreau de Paris spécialisé en droit maritime ; Augustin Sersiron, co-auteur de "Le pouvoir de la monnaie" publié aux éditions Les liens qui libèrent.
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00:00:00 [Musique]
00:00:02 Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:00:04 [Musique]
00:00:06 Je suis favorable à ce qu'on arrête de donner envie aux gens d'avoir des comportements climaticides.
00:00:10 Je suis favorable à ce qu'on réduise la pluie...
00:00:12 Donner envie aux gens de partir en vacances.
00:00:14 Donner envie aux gens de partir en vacances.
00:00:16 Je pense qu'aujourd'hui, notre société valorise les comportements les plus climaticides.
00:00:21 Réussir, prendre l'avion...
00:00:23 Le travail...
00:00:25 Nous sommes en guerre.
00:00:27 Oui mais où ?
00:00:28 Nous sommes en guerre presque partout en ce moment.
00:00:31 Et à tous les étages.
00:00:33 On va en parler, on est en guerre du côté du golfe d'Aden au Yémen.
00:00:39 Et le golfe d'Aden commande quoi ?
00:00:41 Le canal de Suez, la mer Rouge.
00:00:43 On va en parler avec l'avocat Patrick Simon.
00:00:45 Et on va voir que ce qui se passe en mer est aussi important que ce qui se passe sur terre.
00:00:53 Même peut-être plus important encore.
00:00:55 Mais auparavant, évidemment, on va parler de la colère des agriculteurs.
00:00:58 On vous a parlé de ce qui se passe en Allemagne.
00:01:00 Il faut savoir qu'aujourd'hui, les agriculteurs allemands entrent en masse dans Berlin.
00:01:05 Ils sont à la porte de Brandenbourg.
00:01:07 Et ils ont beaucoup de choses à dire.
00:01:09 Et en France, qu'est-ce qui se passe ?
00:01:10 Eh bien, du côté de Toulouse.
00:01:12 Du côté de Toulouse, aujourd'hui, aussi, ça va être une manifestation de masse.
00:01:16 Pourquoi ?
00:01:17 Eh bien, on va en parler avec Jean-Paul Pelleras.
00:01:19 Et puis, nous allons faire les perles, évidemment.
00:01:22 Nous allons entendre Marine Tondelier, qui était ce matin chez Jean-Jacques Bourdin à Sud Radio.
00:01:27 Nous allons entendre Madame Rousseau et Madame Pannot,
00:01:32 qui étaient dans une tente, effectivement, pour y émigrant du côté du 7ème.
00:01:39 Nous allons entendre Emmanuel Macron, qui explique les émeutes par l'oisiveté.
00:01:44 Et comme chacun sait, l'oisiveté est la mère de tous les vices.
00:01:48 Vous avez raison, monsieur le Président.
00:01:50 Et puis, nous allons recevoir les auteurs aussi d'un livre passionnant,
00:01:55 "Le pouvoir de la monnaie".
00:01:56 On ne parle jamais de la monnaie, ou très peu, ou très peu.
00:01:58 Eh bien, un livre absolument passionnant raconte l'histoire de la monnaie,
00:02:02 des, presque, j'allais dire, des grottes de Lascaux,
00:02:06 jusqu'à la Banque Centrale Européenne et la merveilleuse Oursela von der Leyen.
00:02:10 Alors, attachez vos ceintures, c'est parti !
00:02:14 Sud Radio, votre avis fait la différence.
00:02:17 J'adore vos débats.
00:02:18 On entend des choses qui changent un peu de la doxa généraliste qu'on entend trop partout.
00:02:23 Sud Radio, parlons vrai.
00:02:25 Cette semaine, ici Sud Radio.
00:02:29 Les Français parlent au français.
00:02:34 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:02:37 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:02:40 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:02:43 Eh bien, nous, on n'a pas envie de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages,
00:02:49 comme disait Michel Audiard,
00:02:51 et il n'y a aucune raison de prendre les agriculteurs pour, je dirais,
00:02:55 des vaches à traire et à traire jusqu'à épuisement.
00:02:59 Hier, hier, avant-hier même,
00:03:01 un débat au Parlement européen sur la situation des agriculteurs européens
00:03:05 a eu lieu le 17 janvier,
00:03:07 sur fond de manifestation, on sait ce qui se passe en Allemagne,
00:03:10 t'as vu, aujourd'hui, ils sont à Berlin,
00:03:13 manifestation, on voit toutes les villes allemandes,
00:03:15 toutes les autoroutes bloquées, etc.
00:03:17 On en a très peu parlé, mais là,
00:03:19 là on va commencer à en parler beaucoup.
00:03:21 Pourquoi ? Parce que ça se passe aussi en France.
00:03:24 À Toulouse, depuis mardi,
00:03:27 plus de 400 tracteurs ont débarqué dans la ville pour exprimer leur colère,
00:03:31 et aujourd'hui, jeudi,
00:03:33 eh bien écoutez, de nouvelles actions sont entreprises autour de Toulouse,
00:03:37 les automobilistes vont devoir s'adapter,
00:03:39 plusieurs autoroutes vont être bloquées à partir de 14h,
00:03:43 alors de quoi s'agit-il ? Revendications,
00:03:46 à commencer par la taxation sur le gazole non routier, le GNR,
00:03:51 la maladie hémorragique, en fait, beaucoup, beaucoup de choses,
00:03:54 mais plus largement, on voit très bien qu'il se passe quelque chose,
00:03:58 et comme le dit Adrien Simpole, le journaliste Adrien Simpole,
00:04:02 même les chrétiens démocrates européens, comme les sociaux-démocrates,
00:04:06 estiment désormais que les lois européennes sur l'environnement
00:04:10 ne devraient pas empêcher les agriculteurs d'exister.
00:04:13 Parce que le problème, il est là, est-ce que les agriculteurs doivent exister,
00:04:18 ou ce n'est plus la peine, ils ne servent plus à rien, il faut s'en débarrasser ?
00:04:22 Jean-Paul Pelleras, bonjour.
00:04:24 - Bonjour, Henri Bercoff.
00:04:25 - Alors, vous êtes journaliste, vous êtes spécialiste de l'agriculture,
00:04:28 vous avez été évidemment agriculteur vous-même,
00:04:30 et on vous a déjà reçu, et toujours avec plaisir, ici,
00:04:33 et vous connaissez bien le problème.
00:04:35 Là, on a l'impression de quelque chose, d'un rejet ou d'un ras-le-bol,
00:04:39 là, ça fait très longtemps, on a l'impression qu'on passe,
00:04:42 à tort ou à raison, à la vitesse supérieure, notamment à Toulouse.
00:04:46 Est-ce le cas ?
00:04:48 - Effectivement, il y a un ras-le-bol, et je pense que les...
00:04:52 si vous voulez, quand on fait du syndicalisme,
00:04:55 les responsables syndicaux du moment, doivent...
00:05:00 il faut qu'il y ait une capacité de mobilisation, nous allons le voir.
00:05:04 Ensuite, il faut qu'il y ait une capacité de gestion de la manifestation,
00:05:08 et ensuite, il faut qu'il y ait, quelque part, à un moment donné, des résultats.
00:05:12 Et c'est sur ces résultats qu'il manque.
00:05:14 - Alors justement, Jean-Paul Pélaras, on va vous faire écouter un sonore très court,
00:05:18 vous avez dû l'écouter, c'était à Toulouse, c'était mardi,
00:05:21 le représentant régional de la FNSEA est sorti,
00:05:26 les agriculteurs étaient là, et voici ce qu'on a entendu.
00:05:30 (Cris de joie)
00:05:47 Jean-Paul Pélaras, on l'a bien et distinctement entendu, vendu, vendu,
00:05:50 qu'est-ce qui se passe par rapport au syndicat, et par rapport à une certaine base, en tout cas ?
00:05:54 - Ce qui se passe, et je suis d'autant plus à l'aise avec ça,
00:05:57 parce que j'ai moi-même été président du Centre départemental des agriculteurs,
00:06:02 j'ai siégié à l'époque avec Christian Lambert au CNGA Paris,
00:06:06 donc voilà, je suis d'autant plus à l'aise.
00:06:08 Il y a une espèce de rupture entre la base et les instances syndicales nationales FNSEA, CNGA.
00:06:18 Bon, je vais, en gros, je vais dire, on ne peut pas manger avec un ministre, un président, un préfet, le lundi,
00:06:26 et aller lui mettre une veine de fumier, ou manifester devant sa porte le mardi.
00:06:30 Voilà un petit peu la synthèse.
00:06:32 - Ouais, je comprends.
00:06:33 - Ce que je pense un peu résumer.
00:06:35 Et les gens en ont un peu assez de cette congestion, qui finalement devient complaisante,
00:06:40 et il n'y a plus de résultat, il n'y a plus de résultat.
00:06:42 Parce que quand vous amenez des gens sur une manifestation,
00:06:45 les gens viennent une fois, deux fois, trois fois, au bout d'un moment,
00:06:48 il y a un phénomène du jour qui faut qu'ils ne reviennent pas,
00:06:50 parce qu'il n'y a pas de résultat, et il n'y a pas, on ne peut pas promettre,
00:06:54 on ne peut pas promettre des choses qui ne seront pas tenues.
00:06:57 Voilà, avec des saupoudrages, avec...
00:06:59 Après, nous évoquerons, j'imagine, les raisons de la manifestation.
00:07:02 - Alors justement, je voudrais qu'on les évoque tout de suite, si vous voulez bien,
00:07:06 parce qu'on va parler aussi de l'Allemagne, Jean-Paul Pénarès,
00:07:08 mais les raisons des manifestations, les raisons, parce qu'elles sont nombreuses,
00:07:12 est-ce que vous pouvez nous dire quelles sont les raisons principales, en fait, aujourd'hui ?
00:07:16 - Ce sont, globalement, ce sont les charges.
00:07:20 Ce sont les charges, et l'Europe, en dehors des pays émergents,
00:07:24 est en train de devenir trop chère.
00:07:28 Les charges sont trop élevées, et aujourd'hui,
00:07:31 c'est le moindes disan social qui l'emporte partout dans le monde,
00:07:34 qu'on le veuille ou non, c'est comme ça.
00:07:37 Je vous cite un exemple, il y a 20 ans,
00:07:41 la France produisait 400 000 tonnes de têches de nectarine,
00:07:45 elle n'en produit plus que 200 000 aujourd'hui.
00:07:48 L'Espagne, il y a 20 ans, produisait 500 000 tonnes de têches de nectarine,
00:07:52 elle en produit 1,5 million aujourd'hui.
00:07:54 - Ah d'accord, oui, 20 ans.
00:07:56 - Et du simple au double selon que l'on se situe autour de l'autre des pyrénées.
00:07:59 Uniquement cet exemple. Et vous pouvez le dupliquer à l'infini.
00:08:03 - Oui. Mais alors c'est quoi ? Vous le dites très bien, et surtout en Europe,
00:08:07 vous dites qu'on a, et il y a aussi les accords avec le Mercosur,
00:08:11 la viande qui vient de Nouvelle-Zélande, le lait, etc., etc., etc., on en a parlé.
00:08:16 Ce qui est étonnant dans cette histoire, c'est que la France,
00:08:19 qui était LE pays agricole par excellence, on va pas revenir,
00:08:23 il y a moins d'un siècle, il y avait 50 ans,
00:08:26 qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui on a laissé faire ?
00:08:29 Moi c'est ça que je voudrais comprendre, et que vous connaissez sûrement mieux que moi.
00:08:35 - On a laissé faire, c'est la géométrie variable.
00:08:40 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, Arnaud Rousseau s'endigne
00:08:43 parce qu'il y a des importations et d'éventuels accords bilatéraux
00:08:46 avec les pays du Mercosur et autres, la FNSA,
00:08:49 et j'ai été maraîcher dans le milieu de la France, en agriculteur,
00:08:53 c'est très très peu inquiété, des accords qui ont été signés depuis 30 ans
00:08:57 et qui sont régulièrement signés, par exemple avec les pays du Maghreb.
00:09:00 Ça on s'en fout, parce qu'on envoyait des céréales par contre au Maghreb.
00:09:04 Alors vous voyez un petit peu, voilà où on en est.
00:09:06 Bon, ensuite, aujourd'hui, qu'est-ce qui pèse vraiment,
00:09:09 et dans la trésorerie, et sur le moral du monde agricole,
00:09:13 que ce soit les Allemands, les Français, peu importe,
00:09:15 c'est le dogme écologique.
00:09:18 C'est le dogme écologique et toutes les contraintes environnementales qui sont imposées.
00:09:22 Le paysan ne peut plus se retourner. C'est impossible.
00:09:24 Aujourd'hui, en France, on ne peut plus produire de cerises,
00:09:27 parce qu'il y a un produit interdit,
00:09:29 alors qu'on peut continuer à les produire impunément en Espagne,
00:09:33 avec ce même produit qui est autorisé là-bas.
00:09:35 - Ah oui, dans la même Europe, nous faisons partie de l'Union Européenne,
00:09:38 ce qui n'est pas accepté en France, et légitimé en Espagne, c'est ça ?
00:09:42 - Bien sûr, mais puis après on ne va pas parler des contrôles sur,
00:09:45 à la fois sociaux, fiscaux, etc.
00:09:48 Il y a une certaine, je veux dire, amplitude.
00:09:50 - Oui, oui.
00:09:52 - Et tout ça, à un moment donné, ça ne passe plus, c'est mécanique.
00:09:54 Ça ne peut plus passer. C'est impossible.
00:09:57 - Dites-moi, quand on dit, parce que d'autant plus je le dis pour les gens qui ne le savent pas,
00:10:02 et beaucoup ne le savent pas, et moi non plus, je ne le savais pas,
00:10:04 à Haute-Garonne, on dit que le salaire moyen d'un agriculteur est de 6 000 euros net par an.
00:10:10 Par an.
00:10:11 C'est-à-dire, moins de 600 euros, enfin, un peu plus de 600 euros, pardon, par mois.
00:10:16 Est-ce que c'est le cas ?
00:10:18 - Vous savez, monsieur Bercoff, dans le Midi,
00:10:23 il y a beaucoup d'agriculteurs, malheureusement, c'est devenu une friche,
00:10:27 c'est le pays de la friche maintenant, alors que c'était les jardins de l'Europe.
00:10:31 Il y a beaucoup d'agriculteurs aujourd'hui qui font la circulation dans les écoles,
00:10:35 ou qui vont pousser les transpalettes chez les importateurs,
00:10:37 parce qu'ils ont dû plier boutique.
00:10:40 Vous savez, de 600 euros à la faillite, il n'y a qu'un pas.
00:10:44 Ce qui attend, malheureusement, beaucoup d'agriculteurs,
00:10:47 dans des secteurs qui peuvent être totalement différents.
00:10:50 Vous parlez d'un département, bon, effectivement, après, vous avez des secteurs
00:10:54 qui sont encore un petit peu, disons, le nez hors de l'eau,
00:10:59 mais jusqu'à quand, à cause des charges qui augmentent en permanence.
00:11:03 Voilà, alors, il y a la loi d'orientation, évidemment, c'est ce qui est en train de sortir,
00:11:08 tout le monde est en train de parler de ça,
00:11:11 mais la loi d'orientation, elle expliquait au type qui gagne 600 euros,
00:11:14 qui va déposer le bilan d'un zoname, il n'a rien à foutre de la loi d'orientation agricole,
00:11:18 absolument rien à foutre. Ce sont des mots.
00:11:21 Il y en a eu 6 depuis 1960, bon, allez, on a créé le label rouge,
00:11:24 on a créé la SAFER, on a créé...
00:11:26 On a fait beaucoup de bruit pour pas grand chose, et ça, là, on est dans la co-gestion
00:11:30 entre le syndicalisme et l'État, ils vont taper un touche, ils vont dire
00:11:33 "attendez un peu, on va vous sortir une loi d'orientation",
00:11:35 et après, derrière, on reviendra de nouveau au point où on en est aujourd'hui.
00:11:39 - Donc, en fait, quelque part, cette co-gestion, bon, très bien, il la faut, peut-être,
00:11:44 mais est-ce qu'il ne la faut pas sur le dos d'un certain nombre d'agriculteurs
00:11:49 qui, effectivement, se retrouvent la clé sous la porte ?
00:11:52 Donc, vous dites, les charges d'un côté, Jean-Paul Pélrasse,
00:11:55 et d'un autre côté, la différence de normes entre pays européens,
00:11:58 les herbicides interdits ou pas interdits...
00:12:00 - Oui, c'est ça, c'est tout à fait ça, dans des domaines très variés, d'ailleurs,
00:12:05 y compris sur le plan social, voilà.
00:12:08 Vous avez aujourd'hui, si on sort un peu de l'Europe,
00:12:11 vous avez au Sahara occidental, des gens qui produisent de la tomate,
00:12:14 ils sont payés 5 euros, voire 5-6 euros par jour.
00:12:17 Comment vous voulez lutter contre ça ?
00:12:19 - Ça arrive sur l'étal, le gars qui a le pouvoir d'achat un peu restreint,
00:12:23 il voit la tomate à 1 euro qui vient du Maroc,
00:12:26 et celle qui vient à 2 euros de France,
00:12:28 il va prendre celle du Maroc, c'est la même couleur.
00:12:31 Donc, vous voyez ce que je veux dire.
00:12:33 - Donc, ce qui est hallucinant, c'est qu'il n'y a même pas de protectionnisme européen,
00:12:38 puisque vous avez vous-même montré, entre l'Espagne et la France, ce qui se passe,
00:12:42 il n'y a même pas de protectionnisme européen,
00:12:45 ne parlons pas du protectionnisme français,
00:12:48 donc quelque part, quand même, Jean-Paul Pelleras,
00:12:51 personne ne le souhaite, et il faut évidemment se battre contre,
00:12:55 mais quelque part, on a l'impression que
00:12:57 un certain nombre de la puissance du territoire agricole français,
00:13:03 et des hommes et des femmes qui le font,
00:13:06 sont appassés par profit et perte.
00:13:08 - On est déjà passé de 10 millions d'agriculteurs,
00:13:12 bon, c'était une autre époque, après la guerre,
00:13:14 aujourd'hui, il y en a tout juste 400 000,
00:13:16 il y a eu une érosion prégnante,
00:13:18 mais il faut craindre ça, parce que demain, on va dépendre,
00:13:21 et ça je l'ai dit à votre antenne plusieurs fois,
00:13:23 on va dépendre demain, car je dis demain,
00:13:25 c'est vraiment demain,
00:13:27 on va dépendre sur le plan alimentaire
00:13:29 de pays où les écologistes n'iront certainement
00:13:33 pas faire du zèle pour aller contrôler,
00:13:35 si vous voyez ce que je veux dire.
00:13:37 Ce sera la Chine, ce sera l'Inde, ce sera les Etats-Unis,
00:13:40 et là on n'aura plus rien à dire,
00:13:41 et on mangera ce qu'on nous mettra dans l'assiette.
00:13:43 - Oui, oui, surtout qu'on sait comment la Chine et l'Inde,
00:13:47 et la Russie et autres, se foutent éperdument, pardon,
00:13:50 de la vulgarité du propos, mais il faut le dire,
00:13:52 des COP 21, 22, 23, 24, ou 32.
00:13:56 - Complètement, complètement.
00:13:58 - Donc, ce pays agricole fabuleux qu'est la France,
00:14:02 et bien, on est en train sciemment, quand même,
00:14:05 je dirais sinon de le détruire,
00:14:07 de moins de le fendiller, de l'écarteler, quoi.
00:14:11 Il y a, à mon sens, trois choses qu'il faudrait rapidement intégrer.
00:14:15 La première, c'est diminuer les charges,
00:14:18 et voir surtout qu'il n'y ait pas une juxtaposition
00:14:22 de charges nouvelles là-dessus.
00:14:23 Ensuite, il faut que l'État fasse un choix,
00:14:28 très clair et très précis,
00:14:30 entre les souhaits des environnementalistes
00:14:34 et la nécessité de maintenir une agriculture conventionnelle
00:14:38 qui est la seule capable de nourrir trois fois par jour,
00:14:41 375 jours par an, 67 millions de Français.
00:14:44 Et ensuite, bon, il faut aussi que,
00:14:47 bon, ça je ne parle pas pour vous,
00:14:49 mais que certains médias arrêtent de s'acharner
00:14:51 sur l'agriculture avec des émissions stigmatisantes.
00:14:54 Voilà.
00:14:55 - Ça, ce sont ceux qui ne connaissent même pas,
00:14:57 ni, ni, ni, même pas les grands distributeurs et tout,
00:15:01 parce qu'ils vont dans certaines officines restauratrices,
00:15:04 mais enfin, ça, c'est un autre problème.
00:15:05 Mais juste Jean-Paul Pellera,
00:15:07 est-ce qu'à votre avis,
00:15:08 cette colère peut continuer et peut augmenter,
00:15:13 ou, allez, je vais vous poser la question,
00:15:15 vous, personnellement, doit augmenter pour faire pression ?
00:15:17 - C'est difficile.
00:15:20 J'ai moi-même été syndicaliste à l'époque,
00:15:22 j'avais fait un peu de prison dans les années 90,
00:15:25 pour avoir manifesté,
00:15:27 et c'est très difficile parce qu'il faut tenir.
00:15:30 Il faut tenir longtemps.
00:15:31 Et ça, c'est, et les pouvoirs publics,
00:15:34 évidemment, c'est le vieux du chat et de la souris,
00:15:37 compte là-dessus.
00:15:38 Je suis admiratif avec ce qui se passe en Allemagne.
00:15:40 Au début, c'est faux, on n'y croit pas trop,
00:15:42 et puis on regarde ça,
00:15:43 des dizaines de milliers de tracteurs,
00:15:45 c'est incroyable.
00:15:46 Donc, oui, pourquoi pas,
00:15:48 mais il faut que les syndicats soient solides
00:15:51 et arrivent à fédérer, mais vraiment,
00:15:54 et puis arrivent à passer devant
00:15:56 et choisissent leur cas.
00:15:58 C'est les paysans, c'est pas l'État.
00:16:00 - Voilà, il faut de la cogestion et pas du coquuffiage.
00:16:03 - Ben voilà, vous avez trouvé la formule.
00:16:06 - Merci Jean-Paul Pelleras.
00:16:08 - Merci André de m'avoir invité, merci.
00:16:10 - Merci Jean-Paul Pelleras d'avoir été avec nous.
00:16:12 Je rappelle que vous êtes journaliste spécialiste
00:16:14 de l'agriculture.
00:16:15 On va se retrouver dans un instant.
00:16:16 Direction la mer Rouge avec vous, André,
00:16:18 on va parler des outils
00:16:19 et ce qui se passe au Moyen-Orient.
00:16:21 A tout de suite sur Sud Radio.
00:16:22 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:16:26 midi 14h.
00:16:27 André Bercov.
00:16:28 - Alors, ici Sud Radio.
00:16:33 Les Français parlent au français.
00:16:36 Les carottes sont cuites.
00:16:39 Les carottes sont cuites.
00:16:42 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:16:44 - La mer qu'on voit danser
00:16:48 le long des golfes clairs.
00:16:50 Oui, oui, je suis entraîné.
00:16:52 Quelle mer qu'on voit danser
00:16:54 le long des golfes clairs.
00:16:55 Ah bon, vous pensez que le golfe Persique
00:16:57 est un golfe clair et que la mer y danse ?
00:17:00 Est-ce que vous pensez que le golfe d'Aden
00:17:03 est un golfe clair où la mer danse ?
00:17:05 Oui, oui, pourquoi je parle de ça ?
00:17:07 Je parle de ça, tout simplement,
00:17:09 la mer est devenue,
00:17:10 elle a toujours été, évidemment,
00:17:12 les flottes, on le sait,
00:17:13 l'invincible Armada, etc.
00:17:15 Trafalgar.
00:17:16 Mais la mer est devenue plus que jamais
00:17:19 un terrain d'affrontement, aujourd'hui, global.
00:17:21 D'un côté, le détroit d'Hormuz,
00:17:23 pour ne parler que de l'Asie
00:17:25 et du Moyen-Orient,
00:17:26 qui commande le golfe Persique.
00:17:28 Et vous savez ce qu'il y a au golfe Persique,
00:17:31 du point de vue des énergies fossiles,
00:17:33 qui contrairement à ce que disent certains écolos,
00:17:35 ça marche encore très fort.
00:17:37 Et le golfe d'Aden,
00:17:39 qui commande la mer Rouge,
00:17:41 le canal de Suez,
00:17:43 parmi lesquels passe la moitié,
00:17:45 ou en tout cas une très bonne proportion
00:17:47 des marchandises du monde.
00:17:49 Et bien là, il y a le Yémen.
00:17:51 Et en ce moment, les outils du Yémen
00:17:52 qui font parler d'eux,
00:17:53 et qui bombardent des navires.
00:17:55 Les Américains envoient leur flotte de guerre.
00:17:58 Qu'est-ce qui se passe ?
00:17:59 Et bien on va en parler avec un avocat spécialiste de la mer.
00:18:03 Et vous allez voir, c'est pas piqué des hannetons.
00:18:06 Sud Radio André Bercoff
00:18:09 Bercoff dans tous ses états,
00:18:12 ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:18:14 Et mais oui, bien sûr,
00:18:16 vous arriverez jusqu'à San Francisco,
00:18:18 absolument, sans aucun problème.
00:18:20 Le problème, c'est que
00:18:22 c'est pas San Francisco qui est en jeu actuellement.
00:18:24 Et un livre est paru,
00:18:26 que j'ai lu,
00:18:28 qui s'appelle "Les aventures maritimes d'une putain et de son proxénète".
00:18:32 Alors, il y a la putain et la proxénète,
00:18:34 mais il y a surtout la mer.
00:18:35 Patrick Simon, vous avez écrit ce roman,
00:18:37 qui est paru aux éditions L'Armatin.
00:18:39 Et vous êtes un spécialiste.
00:18:41 Alors dites-moi le rôle de la mer.
00:18:42 Parce qu'on oublie d'abord,
00:18:43 que la planète bleue, la planète mer,
00:18:46 elle fait quoi ? Les trois quarts du globe ?
00:18:48 - Presque, presque.
00:18:50 C'est la planète bleue, effectivement.
00:18:52 C'est une surface immense de mer,
00:18:54 et c'est par cette voie,
00:18:56 par cette voie maritime,
00:18:57 que sont transportées
00:18:59 la grande majorité des produits du monde.
00:19:02 - Oui.
00:19:03 Alors, qu'est-ce qui se passe en ce moment,
00:19:05 pour revenir à l'actualité ?
00:19:07 Les outils.
00:19:08 - Alors, voilà, entre, effectivement,
00:19:10 le détroit d'Hormuz, le golfe Persique,
00:19:11 le golfe d'Aden, avec le Yémen, la mer Rouge,
00:19:14 est-ce que tous les événements,
00:19:16 que ce soit Russie, Ukraine,
00:19:18 que ce soit ce qui se passe Gaza-Palestine,
00:19:20 que ce soit, effectivement, tout ce qu'il y a eu
00:19:22 depuis des années, on ne parle pas seulement
00:19:24 d'aujourd'hui, est-ce qu'elle impacte,
00:19:26 elle a impacté le trafic commercial,
00:19:29 ou pas encore, ou elle risque de l'impacter ?
00:19:32 - Oui, elle l'impacte déjà,
00:19:34 et ces attaques qui sont perpétrées
00:19:36 par les rebelles, outils du Yémen,
00:19:38 soutenus, financés par l'Iran,
00:19:41 sur de gros porte-conteneurs
00:19:43 en mer Rouge,
00:19:45 ça, à mon avis, on peut y en tirer
00:19:47 trois enseignements.
00:19:49 L'un géopolitique, l'autre militaire,
00:19:51 et le troisième juridique.
00:19:53 Alors, je reprends ces éléments.
00:19:55 Les rebelles yéménites, qui sont financés par l'Iran,
00:19:58 agissent, disent-ils, en soutien
00:20:00 aux Palestiniens de Gaza.
00:20:02 Donc, s'ils étaient logiques avec eux-mêmes,
00:20:05 ils ne s'en prendraient que à des navires israéliens.
00:20:08 Or, ils s'en prennent à toute la flotte
00:20:10 du monde occidental qu'ils rencontrent.
00:20:13 Et ça veut dire, à mon avis,
00:20:15 que ce nouveau totalitarisme
00:20:17 islamiste, quel islamisme,
00:20:20 ne combat pas seulement
00:20:22 Israël, qui est la pointe avancée
00:20:25 de la liberté dans un monde
00:20:27 arabo-musulman, livré aux dictatures
00:20:29 ou au chaos, mais
00:20:31 combat aussi
00:20:33 le monde libre, en général.
00:20:36 Et cela veut dire que,
00:20:38 par exemple, nous avons vu
00:20:40 récemment, que le porte-conteneurs
00:20:42 Maersk-Angsou,
00:20:44 qui bat pavillons
00:20:46 danois,
00:20:48 qui appartient aux plus gros armateurs
00:20:50 du monde qu'est Maersk, un armateur
00:20:52 danois. - Donc pas du tout israélien.
00:20:54 - Pas du tout israélien. Il a été attaqué
00:20:56 et donc ce porte-conteneurs
00:20:59 a appelé au secours la marine américaine,
00:21:01 qui a envoyé un destroyer
00:21:03 et des hélicoptères.
00:21:06 Et que s'est-il passé
00:21:08 lorsque les hélicoptères survolaient
00:21:10 les quatre bateaux pirates ?
00:21:13 Eh bien, les bateaux pirates ont
00:21:15 envoyé des tirs sur les hélicoptères.
00:21:17 Ces derniers,
00:21:19 enfin la marine américaine
00:21:21 Henry Post, en légitime défense,
00:21:23 a coulé
00:21:25 trois des quatre bateaux et a tué
00:21:27 la plupart des membres des équipages
00:21:29 de ces trois bateaux.
00:21:31 Donc, ça, mais cette histoire,
00:21:33 elle est vieille.
00:21:35 - Donc ça c'est la première, vous dites en fait que
00:21:37 les outils du Yémen
00:21:39 attaquent absolument systématiquement
00:21:41 les navires, disons, d'Occident.
00:21:43 - Alors que ce n'est pas logique
00:21:45 avec leur démarche.
00:21:47 L'enseignement militaire,
00:21:49 le deuxième point qu'on peut tirer,
00:21:51 c'est que ces braves gens ne comprennent que le langage
00:21:53 de la force.
00:21:55 Et là, on voit quand même l'efficacité
00:21:57 et l'utilité de l'armée américaine.
00:21:59 Que serions-nous
00:22:01 sans l'armée américaine ?
00:22:03 On aurait peut-être eu l'invasion soviétique.
00:22:05 - On a des armées françaises.
00:22:07 - D'ailleurs, nous aussi,
00:22:09 nous devrions en faire autant.
00:22:11 Et je crois que...
00:22:13 - Donc vous dites que c'est l'armée américaine
00:22:15 aujourd'hui qui tient l'équilibre.
00:22:17 - Qui tient la chose. Cela n'empêche
00:22:19 pas les outils de continuer
00:22:21 leurs exactions et d'essayer.
00:22:23 Récemment, il y a eu un autre navire, le Zografia,
00:22:25 d'un armement grec, qui a été
00:22:27 aussi attaqué. - D'accord.
00:22:29 - Mais si vous regardez le film
00:22:31 "Captain Phillips", là avec Tom Hanks
00:22:33 qui joue le rôle principal,
00:22:35 vous verrez comment ça se passe. Alors ça, c'était
00:22:37 les rebelles...
00:22:39 Enfin, c'était pas politique.
00:22:41 A cette époque, dans le golfe d'Aden, il y avait de la piraterie
00:22:43 classique. - Mais revenons à ça.
00:22:45 Est-ce que les outils, en l'occurrence,
00:22:47 peuvent bloquer ?
00:22:49 Peuvent arriver à un blocage
00:22:51 du golfe d'Aden ?
00:22:53 - Non, ils ne peuvent pas bloquer complètement.
00:22:55 Mais ils peuvent rendre la chose très difficile.
00:22:57 Et ça m'amène au troisième point.
00:22:59 C'est que...
00:23:01 le...
00:23:03 Maintenant, ce qui se passe, c'est que la
00:23:05 moitié des armateurs sont
00:23:07 obligés d'envoyer leur navire
00:23:09 faire le tour de l'Afrique
00:23:11 par le Cap de Bonne-Espérance.
00:23:13 Résultat des courses, un million
00:23:15 de dollars de plus
00:23:17 à payer. - Par...
00:23:19 - Par navire. - Par navire. Un million de dollars
00:23:21 de plus par navire. - En combustible,
00:23:23 en frais d'excavation. - Oui, parce qu'il faut faire le tour...
00:23:25 - Il faut faire le tour par le Cap de Bonne-Espérance.
00:23:27 S'ils veulent éviter, les pirates et les outils.
00:23:29 Donc, que font-ils ?
00:23:31 La question juridique qui va se poser
00:23:33 à eux, ça c'est une question d'avocat.
00:23:35 Est-ce qu'on peut refuser
00:23:37 d'exécuter son contrat pour raison
00:23:39 de force majeure ?
00:23:41 Alors, je n'essaie de pas être trop technique.
00:23:43 L'événement de force majeure, qu'est-ce que c'est ?
00:23:45 Quand il y a eu, il y a quelques années,
00:23:47 je ne sais pas si vous vous souvenez, ce navire
00:23:49 Ever Eden,
00:23:51 Ever Given, pardon,
00:23:53 défendait l'armateur
00:23:55 propriétaire qui a bloqué
00:23:57 tout le canal de Suez.
00:23:59 Ça, ça pouvait être considéré comme un événement de force majeure.
00:24:01 En ce sens que c'était
00:24:03 1) imprévisible,
00:24:05 2) extérieur aux autres navires,
00:24:07 et 3) irrésistible.
00:24:09 Là, le problème, c'est qu'il n'y a pas
00:24:11 l'un de ces éléments,
00:24:13 l'irrésistibilité n'est pas
00:24:15 réunie. Car, on ne peut pas dire
00:24:17 c'est irrésistible, puisque c'est
00:24:19 simplement plus cher. Vous devez
00:24:21 payer plus pour faire le tour de l'Afrique.
00:24:23 - Mais vous pouvez le faire. - Mais vous pouvez le faire.
00:24:25 Et alors, surtout, ce qui va se passer, c'est que maintenant
00:24:27 que l'événement est connu,
00:24:29 les attaques des outils sont connues,
00:24:31 il va y avoir une...
00:24:33 C'est prévisible, et par conséquent,
00:24:35 les armateurs vont augmenter
00:24:37 leur prix, et vont
00:24:39 augmenter... - Les assurances. - Les assurances,
00:24:41 d'une part, et puis le prix des marchandises,
00:24:43 ils vont les répercuter,
00:24:45 les augmentations de dépenses,
00:24:47 en les répercutant sur le prix
00:24:49 des marchandises, sur les frais. - Ça va impacter sur nous.
00:24:51 - Ça va impacter sur nous. - C'est-à-dire qu'on va payer plus cher
00:24:53 les marchandises. - Exactement.
00:24:55 Et tous les bateaux qui chargent
00:24:57 des marchandises dans le Sud-Est Asiatique
00:24:59 ou en Chine, pour les amener en Europe,
00:25:01 ça va coûter plus cher,
00:25:03 sauf si, évidemment,
00:25:05 tout est arrêté
00:25:07 par les forces
00:25:09 militaires en présence.
00:25:11 Mais il faut regarder
00:25:13 le film "Captain Philips",
00:25:15 c'est très instructif, là-dessus.
00:25:17 Il y a une distinction à faire entre
00:25:19 avant et après ces événements.
00:25:21 Maintenant, après, ça veut dire
00:25:23 que les prix vont sans doute
00:25:25 augmenter.
00:25:27 - Ils se sont déjà envolés au moment
00:25:29 du Covid, donc l'inflation
00:25:31 va être encore plus forte. - Ça commence à se
00:25:33 calmer, l'inflation, mais là, il est à craindre
00:25:35 effectivement qu'une bonne partie
00:25:37 du trafic maritime mondial
00:25:39 soit impactée par ces événements.
00:25:41 - Mais donc, ça veut dire quand même,
00:25:43 et là, je reviens à l'avocat
00:25:45 expert en droits maritimes,
00:25:47 ça veut dire quand même
00:25:49 que quand on regarde la géographie,
00:25:51 le détroit d'Ormuz, là, ce n'est pas le théâtre
00:25:53 des opérations aujourd'hui, mais enfin, qui commande
00:25:55 le golfe Persique, le golfe d'Aden
00:25:57 en revanche avec le Yémen qui commande la mer Rouge
00:25:59 et le canal de Suez. - Et le canal de Suez, oui.
00:26:01 - Ça veut dire qu'une minorité
00:26:03 de gens peuvent bloquer
00:26:05 un...
00:26:07 une route de passage extrêmement importante
00:26:09 voire essentielle. - Absolument.
00:26:11 Une minorité de gens peuvent s'en
00:26:13 prendre à ça. Alors, il faut
00:26:15 bien comprendre comment fonctionne
00:26:17 le trafic maritime mondial,
00:26:19 si vous avez une minute. Vous avez
00:26:21 deux sortes de navires,
00:26:23 les porte-conteneurs, qui amènent
00:26:25 des conteneurs avec des marchandises,
00:26:27 ça je dirais c'est la consommation,
00:26:29 et puis vous avez les vraquiers,
00:26:31 on n'en parle jamais de ceux-là. - C'est quoi les vraquiers ?
00:26:33 - Alors les vraquiers, c'est ceux qui transportent
00:26:35 des cargaisons
00:26:37 en masse, comme le pétrole,
00:26:39 le blé... - C'est les métalliers ?
00:26:41 C'est comme les métalliers ? - Les métalliers, c'est une
00:26:43 forme de vraquier, c'est-à-dire ils transportent
00:26:45 du gaz, justement. - Du gaz, du pétrole,
00:26:47 etc. - Voilà. Et alors, la différence
00:26:49 entre ces deux types de navires,
00:26:51 c'est que les vraquiers, ils transportent des
00:26:53 produits qui sont gardés en réserve
00:26:55 longtemps, et qui servent d'épargne.
00:26:57 On a en réserve du pétrole,
00:26:59 du gaz, du blé,
00:27:01 du riz, le riz est la marchandise
00:27:03 la plus transportée au monde.
00:27:05 On ne sait pas ça, mais du charbon,
00:27:07 etc. Et donc tous ces
00:27:09 vraquiers,
00:27:11 évidemment,
00:27:13 ils doivent passer par le canal
00:27:15 de Chuez. - Bien sûr. - Et donc,
00:27:17 comme les porte-conteneurs,
00:27:19 eux aussi ont
00:27:21 été attaqués.
00:27:23 Il y a parfois un très gros
00:27:25 encombrement. D'ailleurs, dans le livre,
00:27:27 dans le roman dont vous avez la gentillesse de parler,
00:27:29 je commence
00:27:31 par ça, je raconte les
00:27:33 événements qui s'étaient passés il y a 50
00:27:35 ans au Nigeria,
00:27:37 où il y avait peut-être
00:27:39 près de 10% de la flotte mondiale
00:27:41 immobilisée à attendre
00:27:43 pour décharger du ciment. - Alors, ça veut
00:27:45 dire, Patrick Simon, pour terminer
00:27:47 provisoirement, on en reparlera
00:27:49 avec vous, ça veut dire
00:27:51 qu'aujourd'hui, l'arme de
00:27:53 la mer, enfin l'arme du blocage,
00:27:55 ou l'arme, effectivement, des outils
00:27:57 du Yémen, mais il peut y avoir beaucoup d'autres,
00:27:59 qui peuvent bloquer à un moment
00:28:01 donné le commerce
00:28:03 mondial. - Ils peuvent, enfin,
00:28:05 pas l'empêcher. - Pas l'empêcher,
00:28:07 mais le réduire. - Le ralentir.
00:28:09 - Le ralentir, l'affecter,
00:28:11 c'est vrai, c'est arrivé.
00:28:13 Et comme la mer est la seule
00:28:15 façon de régler, parce que
00:28:17 il y a deux raisons
00:28:19 pour lesquelles on transporte tous
00:28:21 ces marchandises par mer.
00:28:23 C'est d'abord le volume, quand vous avez
00:28:25 100 000 tonnes de bobs... - On ne peut pas faire ça en avion.
00:28:27 - Non, on ne peut pas faire ça en avion, ni même en train,
00:28:29 ni même en camion. Et donc, on ne peut le faire
00:28:31 que en maritime.
00:28:33 Et la deuxième raison, c'est
00:28:35 aussi le prix.
00:28:37 Car le transport maritime est le transport
00:28:39 le moins cher de tous les transports.
00:28:41 Donc, ça explique
00:28:43 pourquoi il y est
00:28:45 tous ces transports par le canal
00:28:47 de Suez. - Merci,
00:28:49 merci Patrick Simon. Je rappelle votre livre,
00:28:51 lisez-le, il est très, très...
00:28:53 Ça se lit comme... C'est un roman, d'ailleurs,
00:28:55 j'ai mis beaucoup de choses vraies.
00:28:57 "Les aventures maritimes d'une putain et de son proxénète"
00:28:59 paru à l'Armatan.
00:29:01 On reparlera de tout ça avec vous.
00:29:03 - Merci. - Merci. - On se retrouve
00:29:05 dans un instant sur Sud Radio, on va faire
00:29:07 les pairs Léhu et les bravos d'André Bercov. Tiens,
00:29:09 on vous pose cette question, est-ce que vous, vous avez
00:29:11 un comportement climaticide ?
00:29:13 Et on va en parler. A tout de suite sur Sud Radio.
00:29:15 - Sud Radio,
00:29:17 Bercov dans tous ses états,
00:29:19 appelez maintenant pour réagir
00:29:21 0826 300 300.
00:29:23 - Ici Sud Radio,
00:29:25 les Français
00:29:29 parlent au français.
00:29:31 Je n'aime pas la
00:29:33 blanquette de veau. Je n'aime pas
00:29:35 la blanquette de veau.
00:29:37 - Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:29:39 - Oui, surtout que j'ai entendu Manu, qui est membre
00:29:41 de la Dream Team de Bercov dans tous ses états,
00:29:43 parler des navires du Yemen
00:29:45 en disant que c'était des caisses à outils.
00:29:47 - A outils.
00:29:49 - A outils.
00:29:51 Mais parlons d'autre chose,
00:29:53 parlons du travail,
00:29:55 et parlons du désœuvrement.
00:29:57 Parlons du fait que, effectivement,
00:29:59 s'il y a en fait des révoltes,
00:30:01 des pillages,
00:30:03 en tout cas, vous savez, de la délinquance
00:30:05 en France, il ne faut pas
00:30:07 oublier l'oisiveté.
00:30:09 Ah bon ? On en parle.
00:30:11 - Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:30:13 Les perles du jour.
00:30:15 - Je ne sais pas, Henri Salvador,
00:30:17 je ne sais pas si le travail,
00:30:19 c'est la santé, vous vous dites peut-être,
00:30:21 mais rien faire, c'est la conserver.
00:30:23 Alors là, je vais vous dire,
00:30:25 Emmanuel Macron, notre président de la République,
00:30:27 n'est pas d'accord du tout
00:30:29 avec Henri Salvador.
00:30:31 C'est un scoop qu'on vous donne, auditeurs de Sud Radio.
00:30:33 Pourquoi ? Eh bien, écoutez
00:30:35 la conférence de presse.
00:30:37 - C'était beaucoup de très jeunes
00:30:39 qui étaient dans les rues.
00:30:41 Et c'était des jeunes, c'est une erreur qu'on a commise,
00:30:43 qui étaient souvent sans école
00:30:45 depuis le mois d'avril.
00:30:47 Réforme du brevet, réforme du baccalauréat,
00:30:49 l'organisation commune,
00:30:51 le système tel qu'il marche,
00:30:53 plus de classe.
00:30:55 L'oisiveté. Vous savez,
00:30:57 les vieux préceptes parfois disent beaucoup.
00:30:59 C'était des jeunes qui n'ont pas la chance
00:31:01 d'avoir des familles qui les emmènent à la mer, à la montagne,
00:31:03 qui justement n'ont pas assez accès à la culture,
00:31:05 au sport. Ils sont nuyés.
00:31:07 Il y a eu un événement déclencheur,
00:31:09 la mort d'un jeune.
00:31:11 Je ne parlerai pas de ce qui est en cours.
00:31:13 Et c'était dans le cadre d'une opération policière,
00:31:15 on s'en souvient tous, des Jeunes Naëls.
00:31:17 Et l'enquête est en cours,
00:31:19 donc je ne veux pas en dire plus là-dessus, mais ça a été l'élément déclencheur.
00:31:21 - Voilà.
00:31:23 Ils parlent évidemment de la mort du Jeunes Naëls
00:31:25 et des émeutes qui s'en sont suivies
00:31:27 un peu partout dans les villes
00:31:29 de France et de Navarre, qui ont fait les dégâts
00:31:31 que l'on sait.
00:31:33 Alors c'est quand même intéressant.
00:31:35 Si je suis bien
00:31:37 les propos du Président de la République,
00:31:39 au fond,
00:31:41 il faut comprendre, et il ajoute toujours
00:31:43 "c'est notre faute". Intéressant toujours,
00:31:45 la culpabilisation, mais enfin bon.
00:31:47 Les Jeunes Naëls, voilà, ils n'avaient plus de classe à ce moment-là,
00:31:49 et loisiveté, effectivement.
00:31:51 Et puis ils n'ont pas de parents qui les amènent
00:31:53 à la mer ou à la montagne, et donc ils cassent.
00:31:55 Et donc,
00:31:57 ça peut se comprendre.
00:31:59 C'est quand même hallucinant qu'un Président
00:32:01 de la République, je ne dis pas qu'il ne s'agit pas de condamner
00:32:03 ou pas, mais il s'agit de la compréhension.
00:32:05 C'est-à-dire, il s'agit
00:32:07 de faire un discours de l'excuse.
00:32:09 Parce que c'est ça que ça veut dire.
00:32:11 Est-ce que le premier responsable
00:32:13 de la République, le Président,
00:32:15 le premier
00:32:17 des dirigeants,
00:32:19 doit parler comme ça ?
00:32:21 Je ne sais pas, en tout cas,
00:32:23 il peut parler comme ça, c'est son droit.
00:32:25 Mais c'est assez étonnant
00:32:27 qu'on en arrive à expliquer.
00:32:29 Alors, tous les gens loisifs qui ne vont pas
00:32:31 à la mer et à la montagne sont
00:32:33 effectivement des délinquants en puissance.
00:32:35 Et s'ils font des pillages,
00:32:37 et s'ils font des tabassages, et ils font tout ça,
00:32:39 vous comprenez, voilà,
00:32:41 ils n'ont pas de gens qui les amènent
00:32:43 à la mer et à la montagne. Et les centaines
00:32:45 de milliards et les cent milliards dépensés
00:32:47 pour la politique de la ville
00:32:49 depuis des décennies, ça sert à quoi ?
00:32:51 Juste, expliquez-moi, ça sert à quoi ?
00:32:53 Moi, je n'ai rien contre.
00:32:55 Ça sert à quoi ? Ça veut dire que l'agriculteur
00:32:57 de 600 euros qui ne peut jamais aller
00:32:59 à la mer et à la montagne, etc.,
00:33:01 eh bien, il devrait aller, aller casser tout,
00:33:03 voilà, et c'est peut-être
00:33:05 ce qu'on veut. Et il y a eu
00:33:07 quelqu'un qui a réagi, notamment
00:33:09 justement, c'est
00:33:11 la mère de Romain
00:33:13 Surizer. La mère de Romain
00:33:15 Surizer, elle a réagi
00:33:17 au micro d'Europe 1, je crois,
00:33:19 et voici ce qu'elle
00:33:21 a dit par
00:33:23 rapport à ce passage de la conférence
00:33:25 de presse d'Emmanuel Macron.
00:33:27 Voici ce qu'a dit la mère
00:33:29 de Romain Surizer.
00:33:31 Il a parlé
00:33:33 d'esprit de résignation, je dirais que
00:33:35 l'ambiance qui prévaut
00:33:37 sur nos territoires, aujourd'hui, on n'est pas à la
00:33:39 résignation, on a été au découragement
00:33:41 mais là, je dois dire que lorsqu'on a
00:33:43 entendu ses propos, là,
00:33:45 l'esprit, il est à la révolte, pratiquement.
00:33:47 Les gens ne peuvent pas entendre, on ne peut pas
00:33:49 entendre ce qu'a été l'analyse, ce qui a été celle
00:33:51 du président de la République et je dois dire que
00:33:53 j'en ai été profondément déçue
00:33:55 et vraiment peinée.
00:33:57 Voilà, déçue, peinée, colère,
00:33:59 c'est vrai que, franchement,
00:34:01 il y a peut-être d'autres explications
00:34:03 à donner, et en tout cas à creuser.
00:34:05 Vraiment, c'était pas
00:34:07 la peine de passer trois heures
00:34:09 une conférence de presse pour ne pas
00:34:11 donner le cap de l'oublions
00:34:13 jamais.
00:34:15 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:34:17 We are in the beginning of a mass
00:34:19 extinction and all you can talk
00:34:21 about is money
00:34:23 and fairy tales of eternal
00:34:25 economic growth. How dare you?
00:34:27 How dare you?
00:34:29 Oui, c'était Greta Thunberg,
00:34:31 vous vous rappelez, voilà, comment osez-vous,
00:34:33 hein, que vous nous avez volé
00:34:35 notre jeunesse, la
00:34:37 Jeanne d'Arc des écologies,
00:34:39 la Dolores Ibaruri,
00:34:41 nos pasaran, les pollueurs.
00:34:43 Bon, mais nous, nous avons mieux.
00:34:45 Nous avons beaucoup mieux.
00:34:47 Nous avons Marine Tondelier.
00:34:49 Marine Tondelier, eh bien, la
00:34:51 secrétaire des ELV,
00:34:53 écologie, les verres, voilà.
00:34:55 Eh bien, elle était reçue ce matin à Sud Radio,
00:34:57 justement, chez Jean-Jacques Mourdin,
00:34:59 et voici ce qu'elle a
00:35:01 dit, notamment.
00:35:03 - Je suis favorable à ce qu'on arrête de donner envie
00:35:05 aux gens d'avoir des comportements climaticides.
00:35:07 Je suis favorable à ce qu'on régule la tube...
00:35:09 - Donner envie aux gens de partir en vacances.
00:35:11 Donner envie aux gens de partir en vacances, quoi.
00:35:13 - Je pense qu'aujourd'hui, notre société
00:35:15 valorise les comportements
00:35:17 les plus climaticides. Réussir,
00:35:19 prendre l'avion,
00:35:21 avoir des consommations ostentatoires...
00:35:23 Oui, mais aujourd'hui, réussir, il y a plein
00:35:25 de manières de réussir. On peut en débattre 6 heures si vous voulez.
00:35:27 Aujourd'hui, ce qui est valorisé par la société
00:35:29 comme signe de réussite, c'est d'habiter
00:35:31 à Dubaï pour faire ses TikTok depuis Dubaï,
00:35:33 c'est de prendre l'avion tout le temps,
00:35:35 c'est d'avoir la plus grosse montre des consommations
00:35:37 ostentatoires, la plus grosse voiture.
00:35:39 Vous voyez, il y a un imaginaire collectif
00:35:41 partout, dans la culture,
00:35:43 dans les films, dans les séries,
00:35:45 dans les publicités, qui valorise ça.
00:35:47 Je suis, j'en avais déjà parlé, comme pour une loi
00:35:49 Évain. Quand on s'est dit à un moment, ce tabac
00:35:51 de l'alcool en un problème, on va interdire
00:35:53 de valoriser ses comportements. Je pense
00:35:55 qu'il faut une loi Évain aujourd'hui, sur tout
00:35:57 ce qui est climaticide. - C'est-à-dire ?
00:35:59 Voilà. Il faut une loi Évain
00:36:01 sur tout ce qui est climaticide.
00:36:03 Ah là là, j'ai compris.
00:36:05 Il y a aujourd'hui, en écoutant cela,
00:36:07 je suis sur les tensions de radio,
00:36:09 des millions d'entre vous, des milliers d'entre vous
00:36:11 qui se sentent climaticides.
00:36:13 Réussir, c'est climaticide.
00:36:15 Prendre l'avion,
00:36:17 c'est climaticide. Parce que
00:36:19 quand elle cite Dubaï, les tiktokers,
00:36:21 les influenceurs, mais ils sont quelques
00:36:23 dizaines, quelques dizaines
00:36:25 Marie Dandelier.
00:36:27 Et les autres, donc, pour ne pas être
00:36:29 climaticides, qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:36:31 Parce que vous dites loi Évain, mais je vous
00:36:33 rappelle que la loi Évain, vous avez sur les cigarettes.
00:36:35 La cigarette tue,
00:36:37 mais elle est vendue en vente libre
00:36:39 chez tous les muralistes de France et de Navarre.
00:36:41 Alors, de quoi on parle ?
00:36:43 De quoi on parle ?
00:36:45 Je veux dire, ah oui, mais prendre l'avion,
00:36:47 c'est sûr. Réussir,
00:36:49 réussir, c'est magnifique quoi.
00:36:51 Je veux dire, il y a diverses manières
00:36:53 de réussir, Marine Tondelier.
00:36:55 Il n'y a pas simplement l'austérité
00:36:57 totale. Il n'y a pas
00:36:59 simplement de dire on ne fera ni ci, ni ça,
00:37:01 ni cela. Vous voyez de quoi
00:37:03 meurent aujourd'hui les agriculteurs
00:37:05 français, on en a parlé il y a 10 minutes,
00:37:07 parce que les herbicides,
00:37:09 ça marche en France, mais ça ne marche pas
00:37:11 en Espagne. Ils n'en ont pas besoin.
00:37:13 C'est-à-dire qu'une Marine Tondelier
00:37:15 et ses braves écolos de
00:37:17 EELV, ils disent à la France
00:37:19 vous arrêtez tout, à cause du CO2,
00:37:21 alors qu'on est maillot jaune dans le CO2,
00:37:23 mais les autres, la Chine,
00:37:25 la Russie, l'Inde,
00:37:27 le Turkménistan et compagnie,
00:37:29 polluez les gars, on n'en a rien à voir.
00:37:31 Et vous, eh bien écoutez,
00:37:33 serrez votre air à la discipline,
00:37:35 et puis allez, punissez-vous,
00:37:37 fouettez, j'ai pêché, j'ai pêché,
00:37:39 j'ai pêché, voilà.
00:37:41 Ça s'appelle la pêche aux Tondeliers.
00:37:43 Sud Radio Bercoff
00:37:45 dans tous ses états.
00:37:47 - Alors voilà, il y a eu des députés
00:37:49 LFI et EELV qui ont passé
00:37:51 la nuit sous la tente avec les sans-abri
00:37:53 du 7ème arrondissement de Paris,
00:37:55 alors on a vu effectivement,
00:37:57 ils étaient bien sous une bâche,
00:37:59 ils ont passé la nuit,
00:38:01 et pour dire voilà, il faut effectivement
00:38:03 ne pas laisser les sans-abri
00:38:05 sous des tentes de fortune, etc.
00:38:07 Oui, certes,
00:38:09 certes, et vous avez tout à fait raison,
00:38:11 ça ne se fait pas, et alors vous avez chanté,
00:38:13 alors on a entendu ce qu'ils ont chanté, écoutez.
00:38:15 - Qu'est-ce qu'on veut ? - Logement !
00:38:17 - Qu'est-ce qu'on veut ? - Logement !
00:38:19 - Qu'est-ce qu'on veut ? - Logement !
00:38:21 - Pour qui ? - Pour tous !
00:38:23 - Pour qui ? - Pour tous !
00:38:25 - Pour quand ? - Tout de suite !
00:38:27 - Voilà, qu'est-ce qu'on veut,
00:38:29 logement, pour qui, pour tous, pour quand,
00:38:31 tout de suite, très bien, alors il y avait
00:38:33 Mathilde Panot,
00:38:35 il y avait Sandrine Rousseau et un certain
00:38:37 nombre de gens, voilà, ils ont chanté,
00:38:39 ils sont restés, les caméras étaient
00:38:41 là, très bien, bravo, on a été
00:38:43 filmés, et puis ils ont tous rentré chez eux,
00:38:45 dans leurs bons petits
00:38:47 appartements, bien douillés,
00:38:49 bien chauffés, simplement,
00:38:51 bravo, il faut faire ça,
00:38:53 il faut attirer l'attention, mais peut-être
00:38:55 Mathilde Panot, Sandrine
00:38:57 Rousseau, pourriez peut-être prendre un
00:38:59 ou deux SDF, je ne sais pas, dans votre
00:39:01 appartement ou dans votre résidence secondaire,
00:39:03 et je vous assure que là, je serai le premier
00:39:05 à tirer mon chapeau,
00:39:07 le premier à tirer mon chapeau,
00:39:09 si vous faisiez ça, vous voyez, c'est pas quelque chose
00:39:11 de très difficile, prenez une personne,
00:39:13 prenez deux personnes, mais
00:39:15 allez, comme ça, passer quelques heures
00:39:17 à chanter et à faire
00:39:19 de la com
00:39:21 quand même sur le dos,
00:39:23 excusez-moi, de quoi ?
00:39:25 d'un gouvernement qui ne fait rien, et de
00:39:27 gens qui sont à la rue, et des SDF,
00:39:29 pourquoi vous n'allez pas ramasser quelques SDF,
00:39:31 il y en a encore qui meurent de froid
00:39:33 tous les jours en France,
00:39:35 alors c'était des questions
00:39:37 qu'on avait envie de poser.
00:39:39 Et on rappelle qu'à Paris, il y aura 3000 personnes
00:39:41 qui dorment dans la rue, dont un sur trois
00:39:43 qui a moins de 18 ans, on va se retrouver
00:39:45 dans un instant sur Sud Radio, après les infos de 13h,
00:39:47 on va vous parler du pouvoir de la
00:39:49 monnaie, à tout de suite sur Sud Radio.
00:39:51 Sud Radio, parlons vrai, parlons vrai, Sud Radio, parlons vrai,
00:39:56 Sud Radio, Bercov, dans tous ses états,
00:40:00 le face à face.
00:40:02 Sur Sud Radio, avec aujourd'hui face à face,
00:40:04 André Bercov, vous recevez Augustin Cercieron,
00:40:06 co-auteur de ce nouveau livre,
00:40:08 "Le pouvoir de la monnaie", aux éditions
00:40:10 "Les liens qui libèrent", bonjour Augustin Cercieron.
00:40:12 Bonjour, alors, enseigné,
00:40:14 rechercheur, diplômé de l'ESSEC, docteur en sciences
00:40:16 économiques et en philosophie politique,
00:40:18 et il ne s'agit pas du tout d'un livre
00:40:20 publicitaire sur "Aboulez la monnaie
00:40:22 et ne touchez pas au Grisby".
00:40:24 Mais justement, qu'est-ce que c'est que le Grisby ?
00:40:26 Qu'est-ce que c'est que la monnaie ?
00:40:28 Et j'ai trouvé tout à fait passionnant
00:40:30 que ce livre, quand je l'ai reçu,
00:40:32 "Le pouvoir de la monnaie", parce qu'on parle
00:40:34 du matin au soir,
00:40:36 de l'euro, du dollar,
00:40:38 du yuan, maintenant évidemment,
00:40:40 avec les brix et compagnie,
00:40:42 et puis tout le reste, des roubles,
00:40:44 etc. Et au fond,
00:40:46 on en parle comme ça, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
00:40:48 C'est quoi la monnaie ?
00:40:50 Et justement, c'est un livre écrit à
00:40:52 trois personnes, Gisabelle Coupé-Souberan,
00:40:54 Pierre Delandre et Augustin Cercieron,
00:40:56 que nous accueillons aujourd'hui.
00:40:58 Au fond,
00:41:00 Augustin Cercieron, comment on pourrait
00:41:02 définir la monnaie ?
00:41:04 Ce que c'est que la monnaie ? Parce qu'on
00:41:06 l'utilise tous, papiers,
00:41:08 chèques, etc.
00:41:10 On fait des...
00:41:12 Voilà. Et qu'est-ce que
00:41:14 ça veut dire, ce qu'on a, son nom
00:41:16 est très bûchant, on a encore même de la monnaie,
00:41:18 on a des 1 ou 2 euros...
00:41:20 Voilà. Qu'est-ce que c'est ?
00:41:22 Comment pourrait-on la définir, en fait ?
00:41:24 - Bonjour André Bercoff,
00:41:26 merci beaucoup de me recevoir.
00:41:28 Alors, la monnaie,
00:41:30 il faut la voir
00:41:32 pas simplement comme un pur objet
00:41:34 technique, dans une vision
00:41:36 un peu instrumentale, un peu étroite,
00:41:38 il faut la voir vraiment comme une institution
00:41:40 sociale, c'est-à-dire
00:41:42 une construction collective, c'est vraiment du collectif,
00:41:44 c'est quelque chose
00:41:46 qui est présent dans chaque transaction
00:41:48 au quotidien, et qui est
00:41:50 d'emblée collectif parce que
00:41:52 évidemment chacun n'accepte d'être payé
00:41:54 avec un billet de 10 euros que
00:41:56 parce qu'il pense que tous les autres vont accepter
00:41:58 ce moyen de paiement après, parce qu'en soit ça se mange pas,
00:42:00 ça sert à rien, donc
00:42:02 ça n'est que parce que la collectivité
00:42:04 dans son ensemble l'accepte que
00:42:06 ça fonctionne. Et donc, quelque part,
00:42:08 c'est un petit bout de collectif
00:42:10 qui circule dans chaque échange individuel.
00:42:12 Ce qui est intéressant parce que
00:42:14 les néolibéraux vont nous expliquer
00:42:16 que le marché
00:42:18 résout tout, et que ce sont des
00:42:20 agrégations d'interactions inter-individuelles,
00:42:22 bilatérales,
00:42:24 entre des individus
00:42:26 qui résout tout, mais en fait,
00:42:28 pour que chacune de ces interactions ait lieu,
00:42:30 il faut du collectif.
00:42:32 - Alors justement,
00:42:34 justement, parce que vous l'avez défini vous-même,
00:42:36 je rappelle simplement,
00:42:38 vous dites "il y a les règles
00:42:40 formalisées
00:42:42 du système des paiements",
00:42:44 on est tous payés, salariés ou pas salariés,
00:42:46 etc.
00:42:48 Vous parlez ensuite, ça c'est très intéressant,
00:42:50 ce désir mémétique,
00:42:52 le pouvoir d'achat,
00:42:54 et enfin l'argent collectif
00:42:56 comme la banque centrale régulant la quantité
00:42:58 de monnaie. Alors, je voudrais
00:43:00 qu'on aborde un peu ça, c'est-à-dire que
00:43:02 quand vous dites les normes sociales formelles,
00:43:04 les règles formalisées
00:43:06 du système des paiements,
00:43:08 ça veut dire que tout le monde est payé,
00:43:10 même le RSA, c'est un paiement,
00:43:12 tout est paiement.
00:43:14 Et alors, ça,
00:43:16 vous dites que la valeur, elle vient
00:43:18 de quoi ? Elle vient du fait que
00:43:20 on sait qu'avec ça je pourrais m'acheter
00:43:22 telle ou telle chose, ou comment ?
00:43:24 - Oui, c'est ça. En fait,
00:43:26 effectivement la monnaie, c'est...
00:43:28 Alors, pour reprendre l'expression
00:43:30 de Michel Aguieta et André Orléans,
00:43:32 c'est l'ambivalence
00:43:34 de la monnaie, c'est-à-dire que c'est d'un côté
00:43:36 bien privé, effectivement, que chacun essaye d'accaparer.
00:43:38 On en a à soi sur son compte courant
00:43:40 et tout le monde en veut le plus possible,
00:43:42 évidemment, parce que ça permet
00:43:44 de tout acheter. Donc c'est la forme intransitive
00:43:46 du désir, on peut tout...
00:43:48 Quand on possède un billet de 10 euros,
00:43:50 on possède virtuellement tout ce qui a une valeur de 10 euros.
00:43:52 Et puis d'un autre côté,
00:43:54 comme je disais, c'est ce côté collectif
00:43:56 et donc un ensemble, un système
00:43:58 de règles du
00:44:00 système des paiements qui définit
00:44:02 un ensemble de normes.
00:44:04 Il y a quel moyen de paiement
00:44:06 est légal et accepté, vous n'avez pas le droit de fabriquer
00:44:08 vos propres billets et les peines sont extrêmement
00:44:10 sévères si vous faites de la contrefaçon.
00:44:12 Je crois d'ailleurs que c'est
00:44:14 le même niveau de peine que pour un meurtre.
00:44:16 C'est pour vous dire...
00:44:18 Parce que quelque part, on touche au cœur
00:44:20 de la souveraineté de l'État et de la collectivité.
00:44:22 Voilà. Ensuite,
00:44:24 il n'y a pas
00:44:26 simplement
00:44:28 quel moyen de paiement est accepté,
00:44:30 il y a aussi le fait que ce soit une unité de comptes
00:44:32 partagées. Alors ça, c'est essentiel.
00:44:34 - Alors c'est quoi l'unité de comptes ?
00:44:36 - L'unité de comptes, c'est le fait que
00:44:38 on va évaluer le prix
00:44:40 de toutes les marchandises par
00:44:42 rapport à un même étalon, en l'occurrence
00:44:44 les euros à notre époque, qui sont une pure convention.
00:44:46 Ça n'est rien de concret.
00:44:48 Les euros ne sont pas échangeables en or,
00:44:50 etc. Évidemment,
00:44:52 à l'origine, c'était sur un étalon
00:44:54 argent en Mésopotamie Antique ou un étalon
00:44:56 or, à l'époque des étalons or, etc.
00:44:58 - Ça, c'est dans l'Antiquité, ça.
00:45:00 - Non, non, juste que...
00:45:02 En fait, le lien
00:45:04 avec l'or a été rompu
00:45:06 avec la guerre de 14
00:45:08 chez nous, parce qu'il fallait qu'on crée
00:45:10 plus de monnaie pour la financer, on ne pouvait pas
00:45:12 se limiter au stock d'or. On a essayé de le réinstaurer
00:45:14 après ça, avec
00:45:16 le franc-point-carré en
00:45:18 1928,
00:45:20 si je ne dis pas de bêtises, et puis
00:45:22 finalement, ça a re-sauté avec la crise de 1929
00:45:24 et à la fin, il n'y a que le dollar américain
00:45:26 qui a gardé le lien à l'or,
00:45:28 c'est le système de Bretton Woods, mais même ça,
00:45:30 ça a fini par sauter en 1971, le président
00:45:32 Nixon dit qu'il n'est pas capable d'assurer
00:45:34 la convertibilité en or.
00:45:36 - C'est un consensus qui consiste
00:45:38 à dire "voilà, c'est l'euro
00:45:40 pour l'Union Européenne, disons".
00:45:42 - Et donc, il y a ce que
00:45:44 vous disiez, le désir mimétique,
00:45:46 c'est-à-dire on imite le désir des autres,
00:45:48 donc chacun veut de la monnaie parce que
00:45:50 tous les autres veulent de la monnaie, donc chacun imite les autres,
00:45:52 c'est ça qui fait émerger une institution
00:45:54 monétaire, fondamentalement.
00:45:56 Et donc l'unité de compte, c'est le fait
00:45:58 que si on n'avait pas d'unité de compte,
00:46:00 on devrait évaluer la valeur des biens
00:46:02 en les comparant les uns aux autres. Donc vous allez dans un supermarché,
00:46:04 si vous comparez, si vous n'avez pas
00:46:06 l'échelle des euros
00:46:08 et que vous essayez d'évaluer combien vaut une boîte de sardines,
00:46:10 vous la comparez à une boîte de thon,
00:46:12 à un dixième de chaise,
00:46:14 à trois boîtes de cornichons,
00:46:16 c'est impossible !
00:46:18 - Oui, quel serait le prix de ça par rapport à...
00:46:20 - C'est-à-dire que vous multipliez aussi le nombre de prix par rapport
00:46:22 à... vous évaluez votre marchandise
00:46:24 en unité de toutes les autres marchandises disponibles.
00:46:26 Vous allez dans un hypermarché,
00:46:28 vous avez minimum 25 000 produits référencés,
00:46:30 ça ferait 625 millions de prix,
00:46:32 de prix relatifs
00:46:34 de chaque
00:46:36 couche exprimée
00:46:38 dans tous les autres.
00:46:40 - Je dirais moi, ça vaut ça ou ça vaut ça ?
00:46:42 - Et par ailleurs,
00:46:44 l'unité de compte, ça nous permet quand même
00:46:46 de diviser le nombre de prix
00:46:48 et puis de pouvoir
00:46:50 comparer plus facilement.
00:46:52 Mais c'est une unité de compte
00:46:54 qui est partagée par tout le monde, c'est-à-dire que
00:46:56 on compte tous les deux en euros, et en fait tout le monde affiche
00:46:58 les prix en euros, et payé en euros, etc.
00:47:00 Et ça, ça crée un langage commun
00:47:02 qui rend compréhensible le monde
00:47:04 économique pour tout le monde.
00:47:06 Il suffit pour mesurer l'importance que ça a
00:47:08 d'aller dans une zone monétaire
00:47:10 étrangère. Vous allez
00:47:12 en Inde et on vous affiche les prix en roupies,
00:47:14 vous êtes complètement perdu, vous savez pas du tout
00:47:16 si 10 000 roupies c'est beaucoup, c'est pas beaucoup...
00:47:18 - Oui, mais pardon,
00:47:20 je sais quand même le taux de charge.
00:47:22 J'arrive en Inde, aux Etats-Unis... - Oui, mais ça demande
00:47:24 un sacré calcul, pour avoir vécu
00:47:26 au Sénégal... - Le temps, l'euro, etc.
00:47:28 C'est pas un exercice
00:47:30 compliqué, ça. - Bah, au quotidien,
00:47:32 il faut...
00:47:34 Moi j'ai vécu au Sénégal, le franc CFA, il est indexé
00:47:36 sur l'euro, mais il fallait quand même
00:47:38 diviser par ceci, multiplier par cela, et ça
00:47:40 met quelques semaines,
00:47:42 voire quelques mois, avant qu'on sente
00:47:44 un peu intuitivement, alors que si je vous dis que je vous fais
00:47:46 une tablette de chocolat à 10 euros,
00:47:48 vous sentez l'arnaque, vous n'avez pas besoin de réfléchir
00:47:50 pour ne pas me l'acheter.
00:47:52 Donc ça, c'est vraiment, une unité de compte
00:47:54 partagée, c'est essentiel, et aussi parce que
00:47:56 les évaluations,
00:47:58 le prix des marchandises, ils forment par la
00:48:00 rencontre de l'offre et de la demande, dans un contexte
00:48:02 institutionnel particulier, donc
00:48:04 c'est des évaluations subjectives
00:48:06 qui s'affrontent, et puis par la
00:48:08 concurrence, on arrive à un équilibre
00:48:10 plus ou moins stable,
00:48:12 mais
00:48:14 au moins, ces prix
00:48:16 peuvent être formés parce qu'on est une unité de compte,
00:48:18 parce que si on n'a pas, vous pouvez avoir votre boîte
00:48:20 de sardines dont le prix augmente par rapport
00:48:22 à l'évalu en quantité de riz, parce que la demande
00:48:24 de la sardine par rapport au riz
00:48:26 évalue dans tel sens, mais si la sardine
00:48:28 par rapport au pain évalue dans tel autre sens,
00:48:30 vous ne savez pas du coup, si les prix
00:48:32 augmentent ou baissent, et du coup vous ne savez pas
00:48:34 s'il y a de plus en plus de demandes, et s'il faut
00:48:36 augmenter la production de pain.
00:48:38 - Donc c'est la monnaie qui équilibre tout ça.
00:48:40 - Voilà, et donc c'est une institution collective qui est au centre
00:48:42 du marché, ce qu'on ne dit jamais.
00:48:44 - Oui, ce qui est intéressant.
00:48:46 En fait, c'est le produit d'un consensus
00:48:48 collectif, enfin qu'on accepte.
00:48:50 - C'est ça, et donc ça repose sur la confiance collective.
00:48:52 Cette confiance collective,
00:48:54 elle est lente à créer.
00:48:56 - Elle existe depuis
00:48:58 quand d'ailleurs ? Juste un mot.
00:49:00 Elle existe depuis quand ?
00:49:02 - En fait, les premières monnaies marchandes,
00:49:04 parce que dans les sociétés tribales de chasseurs-cueilleurs,
00:49:06 vous avez des monnaies qui existent
00:49:08 mais qui ne servent pas du tout à acheter et à vendre,
00:49:10 qui servent à faire des paiements symboliques
00:49:12 de dettes de vie. C'est-à-dire
00:49:14 le prix de la fiancée, quand vous allez vous marier,
00:49:16 ou si vous avez tué un individu
00:49:18 de la tribu d'en face pour apaiser
00:49:20 les tensions et qu'il n'y ait pas de vendetta,
00:49:22 le prix du sang, etc.
00:49:24 Mais les monnaies vraiment
00:49:26 marchandes, c'est en Mésopotamie antique
00:49:28 que ça va naître, donc il y a
00:49:30 5300 ans, enfin en 3300
00:49:32 avant Jésus-Christ à peu près.
00:49:34 Et là, effectivement,
00:49:36 ça se fonde donc en Mésopotamie sur
00:49:38 le cycle d'argent. - C'est pas rien quand même.
00:49:40 - Oui, c'est un milan cette affaire-là, donc c'est pas rien.
00:49:42 - Et ça se fonde sur quoi ? - Alors en Mésopotamie,
00:49:44 ils n'ont pas d'or, donc ça se fonde sur l'argent.
00:49:46 En Égypte, ils ont de l'or, donc ça va se fonder sur l'or.
00:49:48 L'or en Égypte, c'est considéré
00:49:50 comme la chair des dieux. Il y a un
00:49:52 côté tout à fait religieux à l'origine,
00:49:54 tout à fait magique. On passe un peu
00:49:56 du pouvoir magique au pouvoir d'achat,
00:49:58 comme dit Marcel Mauss progressivement.
00:50:00 Et l'argent en Mésopotamie,
00:50:03 pareil, c'est associé au dieu
00:50:05 Sine. - Mais ça permet tout de suite
00:50:07 déjà à l'époque d'acheter telle ou telle chose ?
00:50:09 - Alors non, c'est-à-dire qu'au départ,
00:50:11 ce qui va être inventé, c'est l'unité de compte
00:50:13 et la monnaie comme moyen de paiement
00:50:15 des achats, ça, ça intervient
00:50:17 beaucoup plus tard, vers 600 avant Jésus-Christ.
00:50:19 Donc en fait, pendant
00:50:21 2700 ans, on a
00:50:23 une unité de compte qui permet
00:50:25 d'évaluer les marchandises
00:50:27 et de les échanger, mais on les
00:50:29 échange, mais en nature. Alors comment ça se passe ?
00:50:31 Par de la dette.
00:50:33 Et ça se passe en fait, au départ,
00:50:35 ce sont des sociétés extrêmement
00:50:37 centralisées. Vous avez des temples
00:50:39 ou des palais, ce qu'on appelle des grands organismes,
00:50:41 donc on appelle ça des sociétés palatiales, parce qu'elles sont
00:50:43 complètement organisées autour
00:50:45 de ces grands organismes, les palais ou les temples.
00:50:47 A l'origine d'ailleurs, c'est les temples qui précèdent les palais.
00:50:49 Donc c'est un fondement
00:50:51 religieux à ces sociétés-là.
00:50:53 Et en gros, on va se mettre à avoir
00:50:55 des immenses temples qui
00:50:57 possèdent des troupeaux immenses, des terres
00:50:59 agricoles immenses, des ateliers
00:51:01 de production de bière,
00:51:03 de production d'huile,
00:51:05 de parfum, de ceci, de cela,
00:51:07 et de briques aussi,
00:51:09 pour construire les igourasses,
00:51:11 l'équivalent des pyramides en Mésopotamie,
00:51:13 mais faites en briques.
00:51:15 Et en fait, au départ, c'est pour le
00:51:17 service du Dieu. C'est-à-dire qu'on rassemble
00:51:19 toute cette richesse pour rendre un culte...
00:51:21 - Quand est-ce que cela devient ? Donc vous dites
00:51:23 620 à peu près avant Jésus-Christ.
00:51:25 - 600 avant Jésus-Christ à peu près.
00:51:27 Là, du coup, on... - Là, qu'est-ce qui se passe ?
00:51:29 - On passe à un autre type de société.
00:51:31 Ce qui se passe, c'est que
00:51:33 on va inventer...
00:51:35 Donc c'est en Lydie,
00:51:37 dont le roi s'appelle Crésus,
00:51:39 et ça a donné l'expression "Risque comme Crésus".
00:51:41 Pourquoi en Lydie ? Parce que vous avez un fleuve
00:51:43 qui s'appelle le Pactole.
00:51:45 Ça a donné l'expression "Toucher le Pactole".
00:51:47 Qui charrie
00:51:49 un alliage naturel d'or et d'argent
00:51:51 qui s'appelle l'électrum. Donc voilà, il est riche,
00:51:53 c'est de lait de métal précieux.
00:51:55 Et donc, ils vont
00:51:57 avoir l'idée d'en faire des petits globules,
00:51:59 des proto-pièces,
00:52:01 les premières pièces. - Des petites pièces, oui.
00:52:03 - Et puis après ça, de les frapper
00:52:05 avec un signe du souverain.
00:52:07 Et puis de mettre
00:52:09 un petit numéro derrière.
00:52:11 On n'avait pas encore les chiffres arabes.
00:52:13 Les Grecs qui sont... Parce que la Lydie, c'est la Turquie
00:52:15 actuelle, c'est très proche de la côte méditerranéenne.
00:52:17 Vous avez les cités grecques,
00:52:19 de la côte ionienne. Et c'est eux qui vont
00:52:21 sans doute inventer
00:52:23 le fait de frapper,
00:52:25 d'inscrire un numéro comme vous avez le chiffre 2 sur votre...
00:52:27 - Et là, ça devient quelque chose qu'on utilise
00:52:29 pour acheter tel ou tel... - Alors là, ça se met à circuler,
00:52:31 de main en main. Alors c'est très intéressant
00:52:33 parce que, dans une société
00:52:35 mésopotamienne, si les échanges passent
00:52:37 par la dette, c'est-à-dire que vous avez gardé
00:52:39 le troupeau pour moi, enfin pour le temple,
00:52:41 moi je suis un bureaucrate du temple,
00:52:43 vous avez gardé le troupeau du temple pendant un mois,
00:52:45 je vous dois tant de rations d'orge en échange,
00:52:47 et j'inscris ça sur une... - Du troc !
00:52:49 - C'est pas du troc, parce que ça passe
00:52:51 par une évaluation monétaire,
00:52:53 en unité de compte. Il y a une monnaie de compte, même si
00:52:55 c'est pas une monnaie de paiement. - Oui, vous venez dire un mois
00:52:57 pour la protection du troupeau, ça va en tant de...
00:52:59 - C'est ça. C'est-à-dire que je vous note
00:53:01 l'équivalent de tant de rations d'orge,
00:53:03 mais c'est évalué en cycle d'argent, et vous, vous pouvez
00:53:05 donc, j'inscris la créance, la dette
00:53:07 sur une tablette d'argile,
00:53:09 et vous, vous pouvez utiliser ce
00:53:11 pouvoir d'achat pour demander
00:53:13 de la bière, si vous préférez.
00:53:15 Libre à vous, André Bercoff.
00:53:17 - J'entrerai plutôt là-dessus.
00:53:19 - Voilà. - Alors quand ça devient...
00:53:21 - Non mais l'important, c'est que quand ça passe
00:53:23 par la dette, ça repose sur la confiance interindividuelle.
00:53:25 - C'est ça. - C'est-à-dire que, il faut...
00:53:27 Si vous avez une créance sur quelqu'un, il faut pas le perdre de vue.
00:53:29 Donc ça veut dire que, soit ça passe par
00:53:31 ces grands organismes très centralisateurs,
00:53:33 soit, à l'échelle locale,
00:53:35 par des réseaux de voisinage
00:53:37 où il y a de la confiance. Mais, quand
00:53:39 on invente les pièces de monnaie,
00:53:41 la force de la monnaie, c'est quoi ? C'est que, si je vais
00:53:43 aujourd'hui chez un épicier, je dépose une pièce
00:53:45 de 2 euros, je prends la tablette de chocolat
00:53:47 ou la canette de bière,
00:53:49 et je pars avec, il ne connaît
00:53:51 ni mon nom, ni mon adresse, il ne m'a jamais vu,
00:53:53 il ne connaît rien de moi, il a ce que je veux. J'ai ce qu'il veut.
00:53:55 C'est quand même magique.
00:53:57 C'est extrêmement puissant, et c'est un mode
00:53:59 de coordination entre
00:54:01 individus qui marche à l'échelle mondiale,
00:54:03 qui est révolutionnaire et qui permet des échanges
00:54:05 décentralisés. - On va en parler. Passionnant.
00:54:07 On va en parler tout de suite, après cette petite pause.
00:54:09 - Oui, avec vous aussi, comme tous les jours.
00:54:11 0826 300 300.
00:54:13 Vous témoignez, vous nous appelez, vous nous posez des questions.
00:54:15 Augustin Circéron tentera
00:54:17 de répondre à vos interrogations. A tout de suite, sur Sud Radio.
00:54:19 - Sud Radio,
00:54:21 votre avis fait la différence.
00:54:23 - Les opinions sont diverses et variées.
00:54:25 Vous faites parler les auditeurs. De mon point de vue,
00:54:27 la liberté d'expression est beaucoup plus fiable
00:54:29 et authentique sur Sud Radio.
00:54:31 - Sud Radio, parlons vrai.
00:54:33 - Ici,
00:54:35 Sud Radio.
00:54:37 Les Français parlent au français.
00:54:41 Je n'aime pas
00:54:43 la blanquette de veau.
00:54:45 Je n'aime pas la blanquette
00:54:47 de veau. - Sud Radio,
00:54:49 Bercov, dans tous ses états.
00:54:51 - Le pouvoir de la monnaie,
00:54:53 un livre absolument passionnant
00:54:55 qu'il faut prendre le temps de lire.
00:54:57 Cette histoire incroyable,
00:54:59 on en a commencé à parler, qui a commencé il y a 5000 ans
00:55:01 et qui continue
00:55:03 aujourd'hui et de quelle façon.
00:55:05 Augustin Cisteron,
00:55:07 Circéron, pardon,
00:55:09 c'est la ville qui m'a...
00:55:11 Alors, à partir du moment
00:55:15 où c'est devenu ce qu'on appelle une monnaie d'échange,
00:55:17 que c'est devenu,
00:55:19 on en a parlé six ans,
00:55:21 sautons-nous pas un peu les siècles,
00:55:23 mais quand est-ce que c'est devenu
00:55:25 vraiment, avec les empires,
00:55:27 avec l'international, vous me disiez quelque chose peut-être,
00:55:29 vous disiez que
00:55:31 la monnaie a aidé à l'avènement
00:55:33 de la démocratie. Comment cela ?
00:55:35 - En fait,
00:55:37 c'est ça qu'on essaye de montrer
00:55:39 dans ce livre, le propos central
00:55:41 du livre, c'est que la monnaie
00:55:43 est quelque chose de malléable,
00:55:45 on en a une vision figée,
00:55:47 mais en fait, il y a eu énormément de transformations
00:55:49 des formes institutionnelles de la monnaie,
00:55:51 c'est-à-dire de qui contrôle les émissions,
00:55:53 quel est le support, est-ce que c'est de l'or,
00:55:55 est-ce que c'est autre chose,
00:55:57 à destination de qui, etc., quel type de moyens de paiement
00:55:59 on utilise, il y a eu énormément de transformations
00:56:01 au cours du temps, et à chaque fois,
00:56:03 la monnaie se transforme
00:56:05 pour épouser les nouveaux projets de société,
00:56:07 et donc évolue en même temps
00:56:09 que le reste des institutions, y compris
00:56:11 politiques, y compris militaires,
00:56:13 et des technologies, le rapport à l'écriture, etc.
00:56:15 Et donc, la monnaie
00:56:17 contribue à faire société de la même manière
00:56:19 que la société façonne la monnaie
00:56:21 en retour, et à chaque
00:56:23 changement d'époque, ça... - La monnaie, elle a subi
00:56:25 une socialisation aussi, très très fort. - Voilà, complètement,
00:56:27 ça nous insère, si on n'en a pas, on mesure à quel point
00:56:29 on est exclu, et vous parliez
00:56:31 tout à l'heure des SDF,
00:56:33 bon, si on
00:56:35 passe de plus en plus aux sans-contact, si un jour
00:56:37 on passe, on supprime
00:56:39 le cash, voilà, il faudra se demander
00:56:41 comment est-ce qu'on inclut tout le monde, parce que
00:56:43 c'est plus ou moins impossible
00:56:45 de vivre dans une économie de marché
00:56:47 sans accès à la monnaie,
00:56:49 voilà, on peut se procurer
00:56:51 tout, mais on produit soi-même qu'un seul
00:56:53 type de bien, on a besoin d'en passer par les autres,
00:56:55 et en passer par les autres, c'est en passer par la monnaie.
00:56:57 Donc, c'est un lien social
00:56:59 qui nous relie au collectif. - On va en parler de ça,
00:57:01 de la suppression du cash, c'est encore autre chose,
00:57:03 oui. Alors, sur la démocratie...
00:57:05 - Sur la démocratie, bon, vous avez
00:57:07 l'invention des pièces d'or, ça va
00:57:09 vraiment booster
00:57:11 les échanges de manière décentralisée,
00:57:13 puisqu'il n'y a plus besoin de confiance interpersonnelle,
00:57:15 vous prenez la pièce d'or, vous repartez
00:57:17 avec, voilà.
00:57:19 Et puis, ça se conjugue, du coup,
00:57:21 aussi avec la mise en culture
00:57:23 de terres plus fertiles en Italie du Sud,
00:57:25 ce qu'on appelle la Grande Grèce, où il y a des plantations
00:57:27 esclavagistes en monoculture,
00:57:29 qui va être, c'est-à-dire en
00:57:31 produit, au lieu de faire de la polyculture
00:57:33 vivrière, c'est-à-dire les paysans qui produisent
00:57:35 pour eux-mêmes, pour leur autoconsommation,
00:57:37 on va avoir des grandes exploitations
00:57:39 qui produisent que du blé, ou que
00:57:41 de... - Monoculture.
00:57:43 - Monoculture destinée à l'export, c'est-à-dire
00:57:45 on va produire que des olives pour faire de l'huile,
00:57:47 ou que du raisin pour faire du vin. - Mais ça, c'est veiller comment ?
00:57:49 C'est acheter comment ? C'est vendre comment ?
00:57:51 - Ça, ça va forcément
00:57:53 profiter de
00:57:55 l'apparition des pièces de monnaie
00:57:57 métalliques, et du coup,
00:57:59 l'essor
00:58:01 du marché, qui va se produire à cette
00:58:03 époque-là, va bouleverser les
00:58:05 rapports sociaux et les équilibres institutionnels,
00:58:07 parce que
00:58:09 on va avoir une explosion
00:58:11 des inégalités, des gens qui s'en
00:58:13 réfléchissent beaucoup, les grands propriétaires
00:58:15 de plantations esclavagistes,
00:58:17 et puis les artisans,
00:58:19 l'artisanat grec se développe
00:58:21 énormément à l'époque, et puis des gens qui s'appauvrissent
00:58:23 au point qu'ils tombent en esclavage
00:58:25 pour dette, et ça crée des tensions pas possibles
00:58:27 dans la société,
00:58:29 et à tel point que des réformes
00:58:31 sont nécessaires, donc on a une série de législateurs
00:58:33 successifs, on a Solon, par exemple,
00:58:35 en 590 et quelques
00:58:37 avant Jésus-Christ, qui va abolir l'esclavage
00:58:39 pour dette, et compagnie, et puis
00:58:41 donner de plus en plus
00:58:43 de droits, déjà aux gens
00:58:45 qui se sont enrichis, parce que...
00:58:47 - Oui, bien sûr. - Notamment parce que, en s'enrichissant,
00:58:49 ils vont être capables
00:58:51 de se payer des armes,
00:58:53 donc ça, c'est ce qu'on appelle la révolution oplytique,
00:58:55 c'est-à-dire, quand vous êtes capables de vous payer
00:58:57 un équipement d'oplythe, c'est-à-dire
00:58:59 un grand bouclier rond et une grande lance
00:59:01 pour participer aux phalanges grecs,
00:59:03 eh bien, vous allez
00:59:05 verser votre sang pour la cité, en échange, vous voulez
00:59:07 des droits politiques. Avant, c'était qu'une
00:59:09 petite noblesse qui se battait, si
00:59:11 ça devient plus large, parce que des gens se sont enrichis,
00:59:13 ils veulent plus de droits. Alors, ça
00:59:15 commence avant l'apparition des pièces de monnaie, mais ça va
00:59:17 s'accentuer, et après, vous avez aussi
00:59:19 tous ces paysans qui ont été ruinés
00:59:21 par la concurrence des grandes exploitations,
00:59:23 eux, ils vont se retrouver
00:59:25 sans revenus, et
00:59:27 quand Athènes va développer une immense
00:59:29 flotte de guerre, ils vont se retrouver
00:59:31 rameurs dans la marine, et donc
00:59:33 eux aussi acquièrent un rôle militaire
00:59:35 essentiel, et puis dangereux, vous avez des batailles
00:59:37 navales, etc. Donc,
00:59:39 ils versent leur sang, donc eux aussi, ils vont obtenir
00:59:41 des droits politiques, et donc, ça va progressivement
00:59:43 s'élargir et devenir la première démocratie,
00:59:45 la fameuse démocratie athénienne, dont je
00:59:47 rappelle qu'il y a quand même quelque chose
00:59:49 comme 200 000 esclaves pour 40 000
00:59:51 citoyens, enfin, c'est pas...
00:59:53 - On sait très bien sur quoi est bâti la démocratie,
00:59:55 ce qui n'enlèverait rien au mérite de la démocratie.
00:59:57 - Voilà, c'est ça, et puis ça
00:59:59 fait aussi naître la philosophie avec des tas de réactions
01:00:01 contrastées par rapport à
01:00:03 ce nouvel ordre marchand. - Comme ils avaient un peu d'argent,
01:00:05 ils avaient le temps de philosopher. - Oui, et
01:00:07 le désordre
01:00:09 provoqué par ces bouleversements sociaux
01:00:11 crée des interrogations
01:00:13 et des courants de pensée différents. Les sophistes
01:00:15 qui trouvent ça formidable, la loi du plus fort,
01:00:17 la loi du marché, et l'égalité pour tous face au marché,
01:00:19 vous avez Platon qui dit "non, non, il faut
01:00:21 un communisme, au moins pour les élites dirigeantes,
01:00:23 il faut que nos dirigeants
01:00:25 ne possèdent rien, sinon ils seront corruptibles,
01:00:27 et même les femmes et les enfants doivent être élevés en commun".
01:00:29 C'est un peu idéal,
01:00:31 donc là on est dans l'utopie, la cité
01:00:33 idéale, c'est un peu... Et puis Aristote qui dit
01:00:35 "non, non, il faut réguler, accepter quand même
01:00:37 le marché, mais
01:00:39 le très intérêt, non, il faut interdire".
01:00:41 Donc on a des tas d'écoles de pensée qui vont
01:00:43 être influencées par ça. - En tout cas, c'est dans le livre,
01:00:45 c'est passionnant, et puis on va sauter quelques
01:00:47 siècles après cette petite pause.
01:00:49 - Oui, avec vous 0826300300,
01:00:51 vous nous posez vos questions
01:00:53 au standard de Sud Radio, on vous attend, à tout de suite.
01:00:55 [Musique]
01:00:57 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
01:00:59 appelez maintenant pour réagir
01:01:01 0826300300.
01:01:03 [Musique]
01:01:05 Ici Sud Radio,
01:01:07 [Musique]
01:01:09 les Français parlent
01:01:11 au français.
01:01:13 Les carottes sont cuites.
01:01:15 Les carottes sont cuites.
01:01:17 Sud Radio Bercov,
01:01:19 dans tous ses états.
01:01:21 - Passez la monnaie ! Mais elle passe, la monnaie,
01:01:23 elle passe,
01:01:25 elle se transforme, rien ne se perd,
01:01:27 rien ne se crée, là aussi.
01:01:29 Augustin Cercyron,
01:01:31 sautons quelques siècles
01:01:33 après les Grecs
01:01:35 et les Romains,
01:01:37 et arrivons à la création, effectivement,
01:01:39 des banques et du marché.
01:01:41 Je crois que c'est au 19e siècle qu'on peut
01:01:43 parler de ça. - Oui, alors vous disiez
01:01:45 rien ne se perd, rien ne se crée,
01:01:47 tout se transforme. C'est peut-être vrai
01:01:49 en physique, mais alors, en matière
01:01:51 monétaire, ça n'est plus vrai. On arrive à créer
01:01:53 de la monnaie à partir de rien.
01:01:55 Ça, c'est la monnaie bancaire. C'est une nouvelle forme de monnaie
01:01:57 qui n'a rien à voir avec la monnaie métallique
01:01:59 inventée par les Lydiens
01:02:01 et les Grecs. Alors, c'est quelque chose,
01:02:03 en fait, les premiers billets de banque
01:02:05 en version papier
01:02:07 étaient convertibles en or,
01:02:09 mais on s'aperçoit assez vite
01:02:11 qu'on peut en imprimer un peu plus qu'on a
01:02:13 de stock d'or en réserve, et bon,
01:02:15 tant que les gens ont confiance, ça fonctionne.
01:02:17 Et puis alors, quand les gens n'ont plus confiance,
01:02:19 ils se mettent à douter. Premier arrivé, premier servi,
01:02:21 et puis dernier arrivé, voilà, il n'y a plus rien.
01:02:23 Et ça, c'est toujours vrai aujourd'hui.
01:02:25 Il y a encore ces phénomènes de ruée bancaire,
01:02:27 les fameux "bank runs". Ça existe
01:02:29 encore avec la Silicon Valley Bank, on l'avait vu
01:02:31 récemment. - Les autres n'ont
01:02:33 plus que leurs yeux pour pleurer, quoi.
01:02:35 - Voilà. - Madame Madoff et compagnie,
01:02:37 c'est autre chose. - Et donc,
01:02:39 finalement, mais c'est un peu le même
01:02:41 principe, oui. Donc, finalement,
01:02:43 bon, ça, c'est une lente émergence,
01:02:45 parce que, voilà, dès le
01:02:47 17e, 18e siècle, il y a des banques,
01:02:49 etc. Après, ça va
01:02:51 vraiment prendre son essor
01:02:53 au 19e siècle, avec la révolution
01:02:55 industrielle, qu'on n'aurait pas pu financer
01:02:57 simplement avec les stocks d'or et d'argent
01:02:59 disponibles. Et donc, on se met à
01:03:01 créer ces monnaies papier, et puis
01:03:03 aussi les monnaies scripturales,
01:03:05 c'est-à-dire un jeu de décriture.
01:03:07 Donc, ça, c'est la monnaie
01:03:09 bancaire qui domine aujourd'hui.
01:03:11 C'est quoi ? C'est simplement le
01:03:13 solde qui est écrit sur votre compte courant.
01:03:15 Les dépôts à vue, si vous avez écrit
01:03:17 1000 sur votre compte courant à la banque, c'est
01:03:19 de la monnaie, et vous pouvez faire des paiements directement
01:03:21 avec, avec votre carte bancaire, votre
01:03:23 fichier, des garments, etc. - Ils seront acceptés
01:03:25 parce que vous avez votre solde à la banque de temps.
01:03:27 - Voilà. Et sans avoir besoin d'en passer
01:03:29 par des billets, qui eux-mêmes ne sont
01:03:31 même plus convertibles en or. Donc, là, il faut savoir
01:03:33 quand même qu'aujourd'hui, on a 85%
01:03:35 de la masse monétaire, c'est de la monnaie scripturale,
01:03:37 et les billets et les pièces, c'est
01:03:39 juste 15%. Donc, voilà, l'essentiel, ça passe
01:03:41 vraiment... On a toujours la
01:03:43 vision de la... - 85% c'est quoi ?
01:03:45 Les cartes de crédit,
01:03:47 vous les mettez dans la monnaie scripturale ?
01:03:49 - Oui, les cartes de crédit, c'est pas
01:03:51 de la monnaie, c'est un instrument de paiement, c'est un moyen
01:03:53 de mobiliser la monnaie qu'on a sur notre compte courant.
01:03:55 Donc, la monnaie scripturale, c'est
01:03:57 simplement tous vos comptes courants, les dépôts à vue,
01:03:59 pas le livret A, etc., mais vraiment
01:04:01 votre compte courant à la BNP,
01:04:03 à la Société Générale ou autre, ça, c'est
01:04:05 de la monnaie, et si on fait, si on additionne
01:04:07 tout ce qu'il y a,
01:04:09 tous les comptes courants de tous les agents,
01:04:11 les ménages, les entreprises, etc.,
01:04:13 dans toute l'économie, ça, c'est la masse monétaire,
01:04:15 si on rajoute les pièces et les billets en circulation.
01:04:17 - Et c'est 85% ça ? - 85%
01:04:19 ce sont les dépôts qui n'existent que
01:04:21 sous forme purement de jeux d'écriture comptable.
01:04:23 - Je comprends. - Et donc, un jeu d'écriture comptable,
01:04:25 c'est très facile à créer, à écrire
01:04:27 1 000 sur un compte courant, c'est très facile.
01:04:29 Mais comment ça se crée, en fait ?
01:04:31 Au départ, je vous disais,
01:04:33 on a un stock d'or,
01:04:35 on s'aperçoit qu'on peut créer
01:04:37 un peu plus de billets, les prêter aux gens,
01:04:39 et on se dit, voilà, c'est toujours le même système,
01:04:41 c'est-à-dire que ce sont les banques qui vont
01:04:43 prêter, en fait, on croit,
01:04:45 on a la vision fausse que c'est la banque centrale
01:04:47 qui crée la monnaie,
01:04:49 et qu'on a la vision, en plus de la planche à billets,
01:04:51 donc on voit la monnaie comme essentiellement des pièces et des billets.
01:04:53 - La banque centrale qui active la planche à billets,
01:04:55 c'est ce qu'il se passe. - Mais c'est une expression,
01:04:57 mais en fait, derrière, 85% de la monnaie,
01:04:59 c'est pas des pièces et des billets,
01:05:01 mais surtout, c'est pas la banque centrale qui crée la masse monétaire,
01:05:03 ce sont les banques privées.
01:05:05 C'est le pouvoir privé qui a le contrôle sur l'émission de la monnaie.
01:05:07 Ce qui est quand même une sacrée nouveauté.
01:05:09 - Depuis quand, ça ?
01:05:11 - Alors, ça s'est fait progressivement,
01:05:13 cette création de monnaie,
01:05:15 non pas par l'or,
01:05:17 mais par des prêts, en fait.
01:05:19 Enfin, pour répondre juste tout de suite
01:05:21 à votre question,
01:05:23 aux Etats-Unis, au début des années
01:05:25 1870, donc fin du 19ème,
01:05:27 on a
01:05:29 50%
01:05:31 de la masse monétaire
01:05:33 qui est
01:05:35 déjà sous forme purement scripturale,
01:05:37 et en 1930-1935,
01:05:39 on doit déjà être
01:05:41 à 90%.
01:05:43 Mais ça s'est fait progressivement.
01:05:45 Alors, comment ça fonctionne ?
01:05:47 Concrètement, la banque,
01:05:49 elle crée la monnaie à partir de rien, ex nilo,
01:05:51 comme on dit, elle n'a pas besoin d'en avoir en réserve.
01:05:53 On croit que les banques empruntent
01:05:55 des dépôts aux gens, et puis ils vous reprêtent l'argent qu'ils ont emprunté.
01:05:57 - Vous voulez dire que la banque n'a pas besoin d'avoir de l'argent
01:05:59 en réserve pour créer de l'argent ? - Pour vous en prêter.
01:06:01 - Pour vous prêter de l'argent.
01:06:03 - Donc vous allez à la banque
01:06:05 pour lui emprunter 10 000 euros
01:06:07 pour acheter une voiture, je ne sais pas, 100 000 euros
01:06:09 pour acheter un appartement, n'importe.
01:06:11 Elle va créer la somme
01:06:13 à partir de rien, elle vous prête de l'argent qu'elle n'a pas.
01:06:15 Elle le crée à partir de rien,
01:06:17 et donc ce n'est pas "j'emprunte
01:06:19 de la main droite et je reprête de la main gauche".
01:06:21 Non, non, c'est vraiment... Et du coup, c'est sans limite.
01:06:23 Elles peuvent créer de la monnaie en un sens sans limite,
01:06:25 mais le truc, c'est que
01:06:27 cette monnaie sera détruite quand vous rembourserez,
01:06:29 donc ça fait que la masse monétaire
01:06:31 n'explose pas en permanence.
01:06:33 Donc il faut s'imaginer
01:06:35 la masse monétaire
01:06:37 non pas comme un stock d'argent en circulation
01:06:39 qui soit fixe,
01:06:41 mais comme une différence entre deux flux.
01:06:43 Le flux des nouveaux paiements et le flux
01:06:45 des remboursements qui détruisent.
01:06:47 Comme une baignoire qui se remplit en permanence
01:06:49 et qui se vide en même temps en permanence.
01:06:51 Et donc, en fait,
01:06:53 ce qui se passe,
01:06:55 c'est que...
01:06:57 Ce qui se passe, c'est que
01:06:59 du coup, elle va vous prêter cet argent,
01:07:01 elle ne le fera
01:07:03 que si ça va lui rapporter un intérêt.
01:07:05 Et donc, on ne crée de la monnaie aujourd'hui
01:07:07 que pour financer quelque chose
01:07:09 qui va rapporter de l'argent, des crédits.
01:07:11 Donc c'est par la dette. Donc à chaque fois qu'on crée
01:07:13 un euro de monnaie supplémentaire,
01:07:15 eh bien,
01:07:17 on crée un euro de dette supplémentaire.
01:07:19 Ce qui, à notre époque, commence à poser problème.
01:07:21 Et puis, il y a quand même
01:07:23 une limite au pouvoir de création monétaire des banques.
01:07:25 C'est que...
01:07:27 Bon, imaginons... Vous allez faire quoi
01:07:29 de cette monnaie ? Donc, j'ai écrit 1 000 euros
01:07:31 sur votre compte courant, je suis le banquier,
01:07:33 et je l'ai créé à partir de rien. Vous allez
01:07:35 l'utiliser pour acheter quelque chose
01:07:37 à M. Dupont.
01:07:39 Si M. Dupont est dans la même banque que vous,
01:07:41 eh bien, vous faites un virement,
01:07:43 vous payez par carte, vous faites un chèque, peu importe.
01:07:45 La banque, tout ce qu'elle a à faire, c'est rayer 1 000 dans votre compte
01:07:47 et écrire 1 000 dans le compte de M. Dupont.
01:07:49 C'est un jeu d'écriture, il n'y a rien qui sort de ses livres
01:07:51 de compte à elle. Donc, elle a besoin
01:07:53 de rien pour avoir fait ça. Mais il y a quand même
01:07:55 deux moments où elle a besoin
01:07:57 de se procurer de la monnaie créée par la Banque Centrale.
01:07:59 C'est, soit si vous
01:08:01 faites un retrait de billets
01:08:03 aux distributeurs. Là, elle n'a pas
01:08:05 le droit de créer elle-même les billets, donc elle doit les emprunter
01:08:07 à la Banque Centrale. Donc, elle en a toujours
01:08:09 un petit peu en stock. Mais enfin, encore une fois,
01:08:11 c'est 15% de la masse monétaire totale. Donc, c'est
01:08:13 quand même mineur. Et puis,
01:08:15 deuxièmement, si vous faites un virement
01:08:17 à M. Dupont, mais qu'il est dans une autre banque,
01:08:19 alors votre banque va devoir
01:08:21 la somme à l'autre banque.
01:08:23 Si vous êtes à la Société Générale et qu'il est à la BNP,
01:08:25 la Société Générale doit payer 1 000 euros à la BNP.
01:08:27 Alors, évidemment, ils attendent
01:08:29 quand même la fin de la journée pour voir s'il n'y a pas
01:08:31 des clients qui ont fait des paiements en sens inverse, et ils ne vont
01:08:33 se régler que le solde. - Je comprends. - Donc, là encore,
01:08:35 c'est assez minime comme somme, mais quand même,
01:08:37 et quelle monnaie ils utilisent pour se régler,
01:08:39 quelle monnaie les banques utilisent-elles
01:08:41 pour se régler entre elles les paiements
01:08:43 interbancaires ? Eh bien,
01:08:45 c'est de la monnaie
01:08:47 émise par la Banque Centrale. C'est pas des pièces
01:08:49 et des billets qu'on crée, c'est de la monnaie scripturale,
01:08:51 là aussi, c'est-à-dire que chaque banque a
01:08:53 son propre compte courant à la Banque Centrale,
01:08:55 et elle se règle comme ça,
01:08:57 en empruntant l'argent
01:08:59 à la Banque Centrale pour faire les règlements. Donc, la Banque
01:09:01 Centrale elle-même crée aussi l'argent en le prêtant.
01:09:03 Donc, c'est
01:09:05 tout un mécanisme de dette.
01:09:07 - Juste, une chose, quand vous dites "elle n'a pas besoin
01:09:09 d'avoir le 1 000 euros pour me donner,
01:09:11 pour me donner, je fais un emprunt,
01:09:13 bon, ils vont s'assurer que j'ai de quoi payer,
01:09:15 mais bon, et quelquefois,
01:09:17 ça ne marche pas, mais comment peuvent-ils,
01:09:19 par exemple, ne parlons pas de 1 000 euros, mais mettons
01:09:21 que j'ai besoin d'acheter un appartement
01:09:23 qui vaut 100 000 euros, un studio, etc.
01:09:25 Je dis "voilà, alors bon,
01:09:27 eux,
01:09:29 s'ils me prêtent, mettons,
01:09:31 60 000 euros ou 50 000 euros,
01:09:33 ils peuvent ne pas les avoir du tout."
01:09:35 - Voilà, ils le créent à partir de rien, et après,
01:09:37 si, en fin de journée,
01:09:39 ils doivent à la banque d'à côté,
01:09:41 je sais pas, 1 000 euros
01:09:43 sur ces 100 000 euros, parce que finalement,
01:09:45 comme il y aura eu des paiements réciproques dans tous les sens,
01:09:47 il leur faut pas grand-chose, ou s'il faut
01:09:49 1 000 euros pour couvrir les retraits de billets,
01:09:51 ils vont emprunter cet argent à la banque centrale,
01:09:53 et voilà.
01:09:55 Donc c'est vraiment créé à partir de rien.
01:09:57 Ce qui veut dire quoi ? Donc avec des contraintes
01:09:59 de solvabilité, c'est-à-dire que s'ils font,
01:10:01 si vous remboursez pas, etc., ils font des pertes, et donc,
01:10:03 voilà, donc il y a des
01:10:05 limites au système, mais
01:10:07 en soi, la masse monétaire n'est plus du tout
01:10:09 indexée sur un stock de métal précieux,
01:10:11 comme à l'époque de l'État noir, donc on peut en créer
01:10:13 des limites, et je dirais
01:10:15 on le crée... Le grand changement,
01:10:17 c'est que quand on était dans des monnaies or,
01:10:19 l'or, quelque part,
01:10:21 c'était un stock de richesses passées.
01:10:23 Donc c'était une monnaie, quelque part,
01:10:25 tournée vers le passé, et la richesse accumulée.
01:10:27 Là, cette monnaie-là, on l'a créée
01:10:29 en fonction d'un projet d'avenir.
01:10:31 Donc typiquement, parce que là on a pris l'exemple des ménages,
01:10:33 mais le centre... - Mais c'est quoi le projet
01:10:35 d'avenir ? - Bah, le centre...
01:10:37 Votre projet d'avenir, c'est que vous,
01:10:39 si vous empruntez 100 000 euros pour acheter un studio,
01:10:41 vous pensez quand même
01:10:43 que pendant 15-20 ans, vous allez avoir
01:10:45 des flux de revenus futurs, un salaire
01:10:47 qui va vous permettre de rembourser. Donc vous vous projetez dans l'avenir.
01:10:49 Le projet d'avenir,
01:10:51 c'est la créance que la banque a sur vous, c'est une promesse
01:10:53 sur l'avenir. C'est pas... On regarde pas le passé,
01:10:55 on regarde l'avenir. Et puis,
01:10:57 en fait, là on prend l'exemple des ménages, mais
01:10:59 ce qui est central dans la création monétaire, c'est
01:11:01 les prêts que les banques accordent aux entreprises.
01:11:03 Et donc c'est là où
01:11:05 dans la révolution industrielle, on change
01:11:07 vraiment de paradigme. On a une société tournée
01:11:09 non plus vers le passé, mais vers l'avenir.
01:11:11 Et donc, un entrepreneur vient voir
01:11:13 une banque, il dit "j'ai le projet
01:11:15 de produire tant de peau de yaourt
01:11:17 ou n'importe quoi, il me faut
01:11:19 de l'argent, j'emprunte à la banque,
01:11:21 avec ça je paye mes salariés,
01:11:23 donc l'argent passe des entreprises aux ménages,
01:11:25 les ménages consomment, l'argent
01:11:27 revient vers les entreprises, les entreprises
01:11:29 peuvent rembourser leurs dettes et l'argent est détruit.
01:11:31 Il est revenu chez les banques, il est détruit.
01:11:33 Et après, un nouveau cycle de production
01:11:35 va recréer et redétruire. Donc il y a de l'argent qui se crée
01:11:37 et de l'argent qui se détruit en permanence.
01:11:39 Et tout ça, c'est un projet
01:11:41 d'avenir, on anticipe qu'on va
01:11:43 réussir à écouler 100 000
01:11:45 peaux de yaourt. - En 25 ans, oui.
01:11:47 - Alors, sur les entreprises
01:11:49 c'est des cycles de production plus courts, parfois c'est
01:11:51 des cycles très longs, etc. Donc,
01:11:53 c'est tourné vers l'avenir. Et là encore,
01:11:55 la monnaie évolue
01:11:57 en même temps que l'ensemble de l'ordre
01:11:59 social, parce que sur le plan politique, il se passe la même chose.
01:12:01 Dans l'ancien régime,
01:12:03 avant le 19ème siècle,
01:12:05 on était roi de France
01:12:07 parce qu'en fonction du passé,
01:12:09 on avait hérité du sang royal,
01:12:11 de toute une lignée ancestrale.
01:12:13 Et aujourd'hui,
01:12:15 on est président de la République parce qu'on a été élu sur un projet d'avenir.
01:12:17 Donc c'est toute la société qui s'est
01:12:19 mise à regarder vers le futur. Et donc,
01:12:21 là encore, la monnaie évolue
01:12:23 en même temps que la société, dans la même direction,
01:12:25 permet la révolution industrielle,
01:12:27 permet toute la modernité,
01:12:29 et de plus en plus aujourd'hui, malheureusement,
01:12:31 orientée vers la finance. C'est-à-dire que
01:12:33 dans le petit circuit que je vous ai décrit, où on prête
01:12:35 à un entrepreneur qui produit des pots de yaourt, qui paye des gens,
01:12:37 etc., à la place, les banques,
01:12:39 depuis les années 80, se sont mises à,
01:12:41 plutôt que faire des prêts, des crédits,
01:12:43 se mettent à acheter des titres sur les marchés
01:12:45 financiers, et créer de la monnaie à partir de rien pour ça.
01:12:47 Et ça va gonfler des bulles spéculatives
01:12:49 et détourner l'argent. C'est pour ça qu'on manque d'argent
01:12:51 dans tous les domaines.
01:12:53 - On a connu ça, et on connaît encore ça
01:12:55 aujourd'hui, moult exemples.
01:12:57 Après cette petite pause, on va peut-être prendre
01:12:59 les auditeurs. - On va se retrouver dans
01:13:01 un instant. On aura Julien qui nous appelle depuis Marseille.
01:13:03 A tout de suite, Julien, on vous attend.
01:13:05 - Sud Radio Bercov,
01:13:07 dans tous ses états, midi, 14h.
01:13:09 André Bercov.
01:13:11 - Ici,
01:13:13 Sud Radio.
01:13:15 Les Français
01:13:17 parlent au français.
01:13:19 Je n'aime pas
01:13:21 la blanquette de veau.
01:13:23 Je n'aime pas la blanquette de veau.
01:13:25 - Sud Radio Bercov,
01:13:27 dans tous ses états. - 13h47
01:13:29 sur Sud Radio, nous sommes ensemble jusqu'à 14h.
01:13:31 On accueille Julien qui nous appelle depuis Marseille.
01:13:33 Bonjour Julien. - Bonjour Julien.
01:13:35 - Bonjour André, bonjour à votre
01:13:37 invité. C'est très intéressant ce qu'il raconte.
01:13:39 Alors moi, j'ai une question.
01:13:41 Que penser, en sachant
01:13:43 que celui qui frappe la monnaie a le pouvoir
01:13:45 sur celui qui l'utilise,
01:13:47 que penser des Américains qui sont arrivés en 40e
01:13:49 avec une monnaie et que De Gaulle a pas
01:13:51 voulu mettre en circulation, et
01:13:53 a posteriori, savoir que les Américains
01:13:55 ont réussi à imposer le dollar au monde entier,
01:13:57 donc, à imposer
01:13:59 leur supériorité, et aujourd'hui on a un combat
01:14:01 des monnaies entre le yuan
01:14:03 et le dollar, qui fait que
01:14:05 celui qui a la monnaie dominante a le pouvoir
01:14:07 sur le reste du monde.
01:14:09 - Oui, écoutez, très bonne question.
01:14:11 Effectivement, on voit De Gaulle
01:14:13 et quelqu'un qui avait tout à fait compris
01:14:15 que la monnaie c'est une institution centrale
01:14:17 et que la monnaie a du pouvoir
01:14:19 et que celui qui en a, voilà, a le
01:14:21 pouvoir de la monnaie. Et du coup,
01:14:23 c'est pour ça d'ailleurs que c'est un enjeu citoyen
01:14:25 et démocratique, il faut s'en parler de ces questions qui peuvent
01:14:27 paraître un peu techniques, un peu abstraites, mais il faut pas
01:14:29 les délaisser, et la question
01:14:31 de savoir qui contrôle l'émission de la monnaie est
01:14:33 essentielle. Effectivement, les Américains
01:14:35 en débarquant, de toute façon, avaient un projet
01:14:37 de mettre totalement
01:14:39 la France sous tutelle, ils avaient le projet
01:14:41 de l'AMGOT, l'American Government
01:14:43 of Occupied
01:14:45 Territories, donc voilà,
01:14:47 et c'est De Gaulle qui a réussi à éviter qu'on soit
01:14:49 occupés comme les Allemands, avec un gouvernement
01:14:53 d'administration
01:14:55 coloniale américaine,
01:14:57 et pareil, il avait créé aussi, quand il était
01:14:59 à Londres, il avait créé
01:15:01 la Banque des Français à l'étranger
01:15:03 qui est devenue aujourd'hui l'Agence
01:15:05 Française de Développement, et parce que
01:15:07 il savait très bien qu'il fallait
01:15:09 que la résistance puisse gérer un peu
01:15:11 ses propres fonds. Donc, c'est des
01:15:13 enjeux tout à fait
01:15:15 énormes. - Sauf que le dollar a triomphé partout.
01:15:17 - Voilà, alors, après la guerre,
01:15:19 les Américains, voilà,
01:15:21 en fait, c'est eux qui
01:15:23 dominent complètement sur le plan industriel,
01:15:25 sur le plan de l'économie réelle, ils ont fait le
01:15:27 fordisme avant les autres, etc., ils n'ont pas eu la guerre
01:15:29 sur leur sol, etc., bon.
01:15:31 Et donc, finalement, le système
01:15:33 monétaire international de Bretton Woods
01:15:35 qui s'installe en 44, c'est de dire
01:15:37 les monnaies des pays
01:15:39 européens ne reviennent plus à la convertibilité
01:15:41 or, c'est impossible, on va essayer dans l'entre-deux
01:15:43 guerres, ça n'a pas marché,
01:15:45 et c'est encore moins possible après, et
01:15:47 en revanche, on fait un
01:15:49 étalon change-or, c'est de dire que les
01:15:51 monnaies, le franc,
01:15:53 la livre, etc., sont
01:15:55 échangeables à taux fixe,
01:15:57 c'est des échanges fixes,
01:15:59 avec le dollar qui lui-même est convertible en or.
01:16:01 Mais c'était un peu une fiction,
01:16:03 parce que on comptait sur le fait
01:16:05 que tout le monde avait confiance dans le dollar et n'osait pas vraiment
01:16:07 demander, et De Gaulle, toujours lui,
01:16:09 dans les années 60, avait volé dans les plumes
01:16:11 des Américains en demandant, lui,
01:16:13 qu'on lui envoie son or, et il voulait d'ailleurs,
01:16:15 je crois, envoyer un navire militaire
01:16:17 pour récupérer l'or, à New York,
01:16:19 qui est jusqu'à l'instant, lui. - Aujourd'hui, tout le monde
01:16:21 veut récupérer l'or, vous avez Poutine, etc.
01:16:23 - Sauf qu'aujourd'hui, c'est plus convertible
01:16:25 en or, puisque, en 71,
01:16:27 Nixon explique au monde que
01:16:29 le dollar, c'est notre monnaie, mais c'est votre
01:16:31 problème, on ne va pas s'occuper de maintenir
01:16:33 la convertibilité, mais simplement,
01:16:35 c'était devenu, entre-temps,
01:16:37 la monnaie du commerce international
01:16:39 et la monnaie de réserve,
01:16:41 mondiale,
01:16:43 ce qui était la monnaie anglaise avant.
01:16:45 Et puis,
01:16:47 cette monnaie-là, comme dit David Graeber,
01:16:49 l'hégémonie du dollar
01:16:51 est aussi soutenue par l'impérialisme américain,
01:16:53 au sens où on a un pays qui a
01:16:55 800 bases militaires dans le monde
01:16:57 entier, qui a 7 portes-avions,
01:16:59 qui a...
01:17:01 Donc, ceux qui ont essayé
01:17:03 de vendre leur pétrole,
01:17:05 d'arrêter de vendre leur pétrole
01:17:07 en dollars, comme Saddam Hussein, ont eu
01:17:09 quelques problèmes. - Sauf qu'aujourd'hui, ça change.
01:17:11 - Voilà, et aujourd'hui, c'est en train de changer.
01:17:13 - Saoudite vend son pétrole à la Chine
01:17:15 en yuan. - L'Arabie saoudite,
01:17:17 elle avait fait le pacte du Quincy avec
01:17:19 Roosevelt, donc lui aussi,
01:17:21 Roosevelt, il voyait très très bien
01:17:23 l'importance de qui contrôle la monnaie,
01:17:25 et donc, quand il était venu,
01:17:27 je crois que c'était pour la conférence de Yalta, ou je sais plus laquelle,
01:17:29 il vient en Europe, il fait un petit détour
01:17:31 par l'Arabie saoudite, et il leur explique,
01:17:33 il fait un pacte, même pas avec le pays,
01:17:35 avec la famille saoude,
01:17:37 en disant "on vous maintient au pouvoir,
01:17:39 en échange, 1, vous nous vendez votre pétrole à nos compagnies,
01:17:41 bon, mais aussi,
01:17:43 vous vendez le pétrole au reste
01:17:45 du monde en dollars".
01:17:47 Et ça,
01:17:49 ça c'est fini.
01:17:51 - Et c'est fini depuis 2-3 ans, voilà, c'est en train de tomber.
01:17:53 - On va remercier
01:17:55 Julien qui nous a appelés, on accueille Emmanuel
01:17:57 qui nous appelle depuis la Bretagne. Bonjour Emmanuel.
01:17:59 - Bonjour Emmanuel. - Bonjour à vous.
01:18:01 - Bonjour à tous les deux.
01:18:03 Alors moi je vous écoute, et je voudrais
01:18:05 essayer d'être claire et vous poser une question.
01:18:07 - Allez-y. - Depuis maintenant quelques années,
01:18:09 à côté de l'économie traditionnelle,
01:18:11 s'est développée l'économie sociale et solidaire.
01:18:13 On parle beaucoup de souveraineté,
01:18:15 de consommé local,
01:18:17 et on a vu l'essor
01:18:19 de monnaie locale citoyenne,
01:18:21 et qui ne se développe pas simplement ni en Bretagne
01:18:23 ni en France, mais également en Belgique
01:18:25 aujourd'hui. Alors j'aimerais beaucoup savoir
01:18:27 ce que vous pensez des monnaies locales,
01:18:29 sachant qu'il y a aujourd'hui des banques
01:18:31 qui sont spécialisées dans l'économie
01:18:33 sociale et solidaire.
01:18:35 - Très bonne question, merci beaucoup.
01:18:37 Alors effectivement il y a un essor assez
01:18:39 formidable des monnaies locales, ça marche bien,
01:18:41 les gens s'en emparent.
01:18:43 Il y en a qui ne marchent pas,
01:18:45 il y en a qui marchent très bien, il y en a une,
01:18:47 le nombre ne revient pas, mais aux Pays Basques,
01:18:49 qui marche très bien. Après, il faut avoir conscience
01:18:51 que ça ne pèse
01:18:53 tout ensemble, elle ne pèse même pas 1% de la masse
01:18:55 monétaire, donc ça reste complètement
01:18:57 anecdotique. Mais c'est révélateur
01:18:59 d'un besoin de la société
01:19:01 de se réapproprier la monnaie,
01:19:03 dont on a l'impression quand même,
01:19:05 si on ne comprend pas forcément comment ça marche,
01:19:07 on sent bien qu'on n'a plus tellement
01:19:09 de pouvoir dessus et que ça va toujours au même
01:19:11 et qu'on en manque partout.
01:19:13 Alors il y a plusieurs manières de contester
01:19:15 l'ordre monétaire institutionnel actuel,
01:19:17 il y a les monnaies locales,
01:19:19 qui sont sur un projet communautaire, local,
01:19:21 il y a le bitcoin,
01:19:23 sur un projet beaucoup plus
01:19:25 libertarien,
01:19:27 anarcho-capitaliste, une monnaie sans état,
01:19:29 et puis il y a
01:19:31 des projets de réforme comme celui qu'on propose
01:19:33 dans le livre, avec toujours cette idée
01:19:35 qu'effectivement il faut réformer en profondeur
01:19:37 la monnaie pour réformer la société.
01:19:39 C'est-à-dire qu'on sait bien qu'on ne va pas changer toute la société
01:19:41 juste en changeant la monnaie.
01:19:43 Mais on ne changera pas la société radicalement
01:19:45 sans changer aussi la monnaie.
01:19:47 - On remercie Emmanuel, on accueille Julien
01:19:49 qui nous appelle depuis l'Essonne. Bonjour Julien.
01:19:51 - Oui, bonjour André, bonjour à votre part.
01:19:53 - Bonjour Julien.
01:19:55 - Je vous remercie André de parler de ce sujet,
01:19:57 parce que souvent il est volontairement oublié
01:19:59 des médias, et moi il y a une chose
01:20:01 que je voudrais rappeler, c'est qu'on entend souvent
01:20:03 les journalistes à tort parler de
01:20:05 monnaie unique. Non, en fait,
01:20:07 l'euro c'est une monnaie commune,
01:20:09 parce qu'il ne faut pas oublier que ça repose, vous l'avez très bien dit,
01:20:11 sur la confiance, la monnaie c'est
01:20:13 essentiellement de la confiance,
01:20:15 et qu'en fait aujourd'hui on a chaque pays
01:20:17 qui conserve sa banque nationale.
01:20:19 C'est dire que les Allemands n'ont pas
01:20:21 tellement confiance dans les Grecs, dans les
01:20:23 Espagnols, et même plus loin dans les Français.
01:20:25 Mais en fait,
01:20:27 ce qui se passe, c'est que
01:20:29 en fait on a toujours notre
01:20:31 souveraineté en ayant donné ce pouvoir ultime,
01:20:33 transféré ce pouvoir ultime à la BCE.
01:20:35 Moi je considère que non, et qu'on n'a
01:20:37 pas de rentrée solution, si on veut reprendre le pouvoir,
01:20:39 ça s'appelle Frexit et ça s'appelle nouveau franc.
01:20:41 - Alors justement, attendez,
01:20:43 j'ai bien compris Julien, mais je voudrais, comme on arrive en fin
01:20:45 d'émission, et merci de votre question,
01:20:47 est-ce que effectivement le problème, parce qu'on
01:20:49 en parle beaucoup, ceux qui veulent sortir de l'euro,
01:20:51 parce que justement, ce qui dit Julien,
01:20:53 pas monnaie unique, et ceux qui ne veulent pas sortir.
01:20:55 Est-ce qu'aujourd'hui, la transformation
01:20:57 de la société passe,
01:20:59 alors pour vous,
01:21:01 par la disparition de l'euro, ou en tout cas,
01:21:03 la fragmentation, ou je ne sais pas,
01:21:05 ou un autre statut pour l'euro ?
01:21:07 - Oui, alors je voudrais d'abord répondre,
01:21:09 je pense avoir démasqué un militant de l'UPR,
01:21:11 ou un sympathisant,
01:21:13 François Asselineau explique effectivement ça,
01:21:15 que ce n'est pas vraiment une monnaie unique,
01:21:17 puisqu'on a gardé, donc la Banque de France
01:21:19 existe toujours, il y a les banques centrales nationales,
01:21:21 mais il y a par-dessus la BCE,
01:21:23 et elles ont encore chacune
01:21:25 leurs propres comptes, et dans le système
01:21:27 de paiement inter-banque centrale Target 2,
01:21:29 on voit combien chacune doit
01:21:31 à l'autre théoriquement, sauf qu'on ne
01:21:33 ne règle jamais ses soldes,
01:21:35 parce que je considère qu'on a quand même
01:21:37 une monnaie unique, pour la raison que
01:21:39 d'abord, les pièces et les billets circulent,
01:21:41 et puis l'unité de compte, et j'ai insisté
01:21:43 sur l'importance de l'unité de compte, est la même,
01:21:45 mais on peut considérer que c'est
01:21:47 une monnaie unique,
01:21:49 inachevée, parce qu'effectivement,
01:21:51 les Allemands voulaient prévoir une possibilité
01:21:53 de sortie, voilà, est-ce que
01:21:55 l'euro va éclater ? Honnêtement,
01:21:57 moi je l'ai pensé, en 2015,
01:21:59 avec la crise grecque,
01:22:01 etc., ce qui est sidérant,
01:22:03 c'est la résilience
01:22:05 de cette monnaie, qui était mal fichue,
01:22:07 parce qu'on a une zone monétaire unique,
01:22:09 sans un pouvoir
01:22:11 souverain unique, et donc sans politique
01:22:13 budgétaire unique, etc. - Oui, il n'y a pas d'Europe souveraine.
01:22:15 - Oui, et puis le budget de l'Union
01:22:17 Européenne, c'est bien gentil, mais c'est 1% du PIB,
01:22:19 2% du PIB, c'est pas
01:22:21 20-25%, comme aux Etats-Unis,
01:22:23 l'État fédéral,
01:22:25 or, c'est très très dur de gérer
01:22:27 une zone monétaire qui a beaucoup
01:22:29 d'hétérogénéité, c'est-à-dire que les systèmes
01:22:31 productifs ne sont pas du tout les mêmes, etc.,
01:22:33 sans
01:22:35 politique budgétaire coordonnée,
01:22:37 sans politique sociale coordonnée,
01:22:39 etc. Après, voilà,
01:22:41 est-ce que ce serait
01:22:43 aussi très compliqué à démanteler ?
01:22:45 Ça aurait beaucoup
01:22:47 de répercussions qui sont
01:22:49 très dures à anticiper, notamment
01:22:51 qui ferait les frais des soldes
01:22:53 Target 2, etc.
01:22:55 Ça pourrait ruiner la confiance, c'est dangereux.
01:22:57 L'idéal serait peut-être
01:22:59 de faire évoluer l'euro
01:23:01 pour reprendre un pouvoir démocratique
01:23:03 dessus, mais ça, c'est changer les traités,
01:23:05 ça ne se fait qu'à l'unanimité.
01:23:07 Alors nous, on a justement fait une proposition
01:23:09 de réforme de la monnaie, pour
01:23:11 créer de la monnaie sans dette,
01:23:13 même que j'en parle un peu, c'est
01:23:15 la proposition du livre.
01:23:17 - C'est ce qu'on a appris rapidement,
01:23:19 parce qu'on a refait l'émission. - On essaye juste de rendre
01:23:21 ça... On a, disons, un plan
01:23:23 B qui reste compatible avec les
01:23:25 traités tels qu'ils sont, parce qu'on sait qu'ils sont durs à changer.
01:23:27 Alors, de la monnaie sans dette, qu'est-ce que c'est ?
01:23:29 - C'est l'idée que... - En une phrase.
01:23:31 - En une phrase, c'est l'idée que, puisque la monnaie
01:23:33 elle peut se créer par un simple jeu d'écriture comptable,
01:23:35 pourquoi en passer par la dette ? Pourquoi, forcément,
01:23:37 il faudrait la prêter, cette monnaie ?
01:23:39 On peut avoir confiance dans la monnaie,
01:23:41 indépendamment de savoir si on l'a prêtée ou pas.
01:23:43 Les gens acceptent ce moyen de paiement sans savoir
01:23:45 combien il y a de créances à l'actif
01:23:47 de la Banque Centrale. Et ça, ça permettrait
01:23:49 1) de désendetter l'État,
01:23:51 les ménages, etc. et 2) de
01:23:53 financer tous les investissements qui sont
01:23:55 indispensables pour les raisons
01:23:57 sociales, écologiques ou autres, mais qui ne sont pas financièrement
01:23:59 rentables. Et qu'on ne peut pas financer avec de la
01:24:01 monnaie bancaire, ce qui n'est créé que par des
01:24:03 frais intérêts. - Transformons la monnaie pour transformer la société.
01:24:05 On reparlera de tout ça,
01:24:07 parce que ça mérite, effectivement, une autre
01:24:09 émission où on parlera des solutions.
01:24:11 - Merci, Augustin Cercieron d'avoir été avec nous.
01:24:13 Vous publiez ce livre "Le pouvoir de la monnaie"
01:24:15 avec Gézabelle Coupé-Souberan et
01:24:17 Pierre Delandre. Tout de suite, vous avez rendez-vous
01:24:19 avec Brigitte Lahaye sur Sud Radio. Demain, c'est
01:24:21 Alexis Poulin qui sera là de midi à 13h et André Bercoff
01:24:23 "La culture", demain à 13h-14h avec
01:24:25 Abnous, Shalmani et Céline Alonso.
01:24:27 A demain sur Sud Radio.
01:24:29 Sud Radio, parlons vrai.