• avant-hier
Avec Pascale Piera, députée européenne RN et ancienne magistrate ; Ingrid Courrèges, chanteuse et comédienne ; Michel Maffesoli, sociologue et auteur de "Apologie" publié aux éditions du Cerf.

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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-01-28##

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News
Transcription
00:00:00Soudradio, Bercov dans tous ses états.
00:00:04Nous sommes en guerre.
00:00:06Gérer ses finances, ce n'est pas toujours facile.
00:00:09Bourse ou la faute d'Arlain, on va prendre déjà ça.
00:00:12Est une acheteuse compulsive.
00:00:13Je vais prendre celui-là.
00:00:14L'Union européenne ambitionne de remanier ses règles budgétaires en matière de dépenses publiques et d'impôts.
00:00:19J'ai dépensé pas mal.
00:00:20Ah oui, c'est celui-là.
00:00:20Il lui est impossible de rentrer dans un magasin sans acheter des tas d'objets inutiles.
00:00:25Ça, j'adore.
00:00:26Si c'est ce prix, j'embarque.
00:00:27Vous avez l'argent, ça va, ça vient, il faut que ça circule.
00:00:29Parce que moi, ce n'est pas qu'un seul que je prends.
00:00:31C'est ça le problème chez moi.
00:00:32Il est temps qu'Ursula reprenne les choses en main.
00:00:36Nous sommes en guerre.
00:00:38Ah oui, il est temps qu'Ursula reprenne les choses en main.
00:00:42Ursula, évidemment, de quoi on parle ?
00:00:44Eh bien, notre Premier ministre à tous, Ursula von der Leyen, la vraie patronne jusqu'ici.
00:00:50Jusqu'ici, de 400 millions d'Européens.
00:00:55Mais il y a en ce moment de l'eau dans le gaz.
00:00:59De l'eau dans le gaz parce qu'on commence à regarder les comptes.
00:01:03Et quand on voit un Trump, un quelconque Trump du côté de New York ou de Washington,
00:01:09demander un audit sur l'aide à l'Ukraine,
00:01:14quand on voit ce qui se passe au niveau des ONG vertes,
00:01:17on va en parler avec la députée européenne Pascale Pira,
00:01:20mais c'est vraiment intéressant ce qui se passe en ce moment au niveau de l'Europe.
00:01:25Et puis, nous allons parler aussi, effectivement,
00:01:29nous allons recevoir une chanteuse qui vraiment n'a pas sa langue dans sa poche.
00:01:34C'est Ingrid Courrèges, chanteuse et comédienne.
00:01:37Et vous allez voir, elle fait des parodies, elle fait des chansons
00:01:41et elle est dans les chemins de travers.
00:01:43C'est oui, dans la dissidence, c'est une bonne chose.
00:01:46Et puis, on va parler aussi d'Elias.
00:01:50Cet adolescent mort à 14 ans parce qu'on a voulu lui prendre son téléphone.
00:01:55Et comme il ne voulait pas le donner, on l'a carrément poignardé, assassiné.
00:02:00Et vous allez voir certaines réponses qui sont quand même,
00:02:03qui sonnent comme des grands points d'interrogation.
00:02:06Et après, les perles, les huées, les bravos,
00:02:09ce qui vont de Mélenchon à un patron de presse.
00:02:15Nous allons parler du fond avec un très grand penseur de notre temps,
00:02:21Michel Maffesoli, professeur à l'Institut de Sociologie,
00:02:25qui vient de faire paraître son autobiographie.
00:02:28Elle est passionnante.
00:02:29Ça s'appelle Apologie, mais vous allez voir,
00:02:31il ne se prend pas du tout au sérieux, Michel Maffesoli.
00:02:33On va avoir une heure de vraies confrontations, de pensées.
00:02:39Vous savez, c'est important de penser, de penser, de s'interroger.
00:02:44Question à tous.
00:02:46Sud Radio, parlons vrai, parlons vrai, Sud Radio, parlons vrai.
00:02:50Ici, Sud Radio, les Français parlent au français.
00:02:59Je n'aime pas la blanquette de veau, je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:04Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:03:09L'Europe, l'Europe, l'Europe.
00:03:12Que fait actuellement madame Ursula von der Leyen ?
00:03:16Eh bien, nous l'avons surprise, en train de faire quelques ablutions.
00:03:21Écoutez.
00:03:23Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:03:26Le fait du jour.
00:03:27Non, ce n'est pas Ponce Pilate, c'est simplement Ursula, depuis quelque temps,
00:03:45elle ne date pas d'hier, ce sonore qui se lave les mains en chantant l'hymne à la joie,
00:03:50bien sûr, l'hymne européen.
00:03:53Écoutez, c'est bien parce qu'en ce moment, effectivement,
00:03:57elle est un peu sur la sellette, un peu beaucoup.
00:04:00On ne va pas reparler des SMS, on en a beaucoup parlé avec Frédéric Baldan et Diane Protin,
00:04:06on ne va pas parler de tout cela, mais nous allons parler effectivement de la manne céleste,
00:04:12et non pas de la manne céleste, mais de la manne européenne.
00:04:15Et notamment, 134 milliards d'euros d'aides financières, humanitaires, d'urgence, budgétaires et militaires.
00:04:26Très bien, donc, pour l'Ukraine.
00:04:31Mais déjà, alors voilà, ce que dit l'Union Européenne, et ce que dit Ursula von der Leyen et la Commission,
00:04:37la communauté internationale devra consentir un effort financier d'envergure pour construire l'Ukraine une fois la guerre terminée.
00:04:44Et oui, on espère tous qu'on arrête le massacre et les morts, on pourrait se dire on est morts pourquoi,
00:04:51et que l'on reconstruise. Alors très bien, comment, qui va payer, etc.
00:04:57Et on sait que Donald Trump, le président des États-Unis, a demandé un audit sur l'aide internationale à l'Ukraine,
00:05:04notamment américaine bien sûr, puisqu'il y a eu 376 milliards d'aides à l'Ukraine,
00:05:11376 milliards depuis l'invasion russe de 2022.
00:05:17Et puis on va parler des ONG environnementales, alors ça c'est encore une autre question.
00:05:23Commission Européenne aurait financé des ONG environnementales pour faire pression sur les eurodéputés et les États membres en faveur du pacte de verre.
00:05:31Alors ça c'est quand même une chose assez extraordinaire, on va en parler, et on va en parler avec Pascale Piera, bonjour madame Piera.
00:05:39Bonjour monsieur Berkoff, merci pour votre invitation.
00:05:42Écoutez, vous êtes députée européenne, patriote pour l'Europe, vous êtes ancien magistrat, merci à vous d'être avec nous.
00:05:49Alors, dites-moi un peu, déjà sur ces deux domaines, enfin le domaine de l'Ukraine,
00:05:56le domaine des ONG qu'on a appris très récemment,
00:06:01on voudrait savoir du point de vue de la mécanique, comment ça se passe, comment les décisions sont prises,
00:06:06et surtout, comment il se fait qu'on arrive à des pressions,
00:06:12que la Commission Européenne demande à des ONG et paie des ONG pour faire pression sur les députés européens.
00:06:19Expliquez-nous, ça paraît ressortir un peu des contes des milliers d'innuits, mais ce n'est pas le cas.
00:06:25Alors monsieur Berkoff, vous avez bien raison de poser cette question,
00:06:28qui m'oblige à dire aux auditeurs, s'ils ne l'avaient pas déjà compris, qu'il n'y a pas d'argent magique,
00:06:33c'est-à-dire que sous la Commission de Bruxelles, il n'y a pas une cave dans laquelle on fabrique de l'argent.
00:06:39À chaque fois que nous parlons d'argent européen qui est donné,
00:06:42c'est votre argent, c'est mon argent, c'est celui des auditeurs et de tous les citoyens européens.
00:06:48Alors, vous m'avez interrogé d'abord sur l'Ukraine, et je voudrais vous montrer un document
00:06:54qui illustre parfaitement le problème que nous avons.
00:06:58Ce document, c'est celui-ci, c'est un document qui a été rédigé par la Cour des comptes de l'Union européenne en 2021,
00:07:07donc avant la guerre. Il est intitulé « Réduction de la grande corruption en Ukraine ».
00:07:12Voilà. Donc à l'époque, on se disait déjà qu'il y avait un problème,
00:07:19puisqu'il s'agissait pour la Cour des comptes de savoir ce qui était devenu 17 milliards d'euros qui avaient été donnés.
00:07:25– Donnés à l'Ukraine, c'est ça. Avant 2022, c'est bien ça.
00:07:29– Absolument. Et la Cour des comptes européenne faisait déjà le constat
00:07:35de ce que cet argent était devenu totalement intraçable et faisait l'hypothèse d'une corruption.
00:07:41Voilà de quoi nous parlons.
00:07:43Alors, aujourd'hui, on en est à 130 milliards à peu près, pour faire court.
00:07:50– Donnés par l'Union européenne à l'Ukraine.
00:07:53– Alors, attention, parce que nous avons des dons et des prêts.
00:08:00– Et des prêts, oui, bien sûr.
00:08:01– Alors, des dons, évidemment, je ne vous fais pas un dessin,
00:08:04cet argent ne le reverra évidemment jamais.
00:08:06Et les prêts, probablement qu'on ne les reverra pas.
00:08:08Ceci d'ailleurs ne sort pas de ma réflexion.
00:08:11Ceci sort également de la Cour des comptes européenne qui, comme c'est son devoir,
00:08:16évalue, si vous voulez, le degré de risque à chaque fois qu'on cède un prêt.
00:08:22Évidemment, le risque que ce prêt ne soit pas remboursé est tout à fait majeur.
00:08:28Et ce qui est tout à fait incroyable, c'est que, finalement,
00:08:31l'aide militaire que nous avons apportée à l'Ukraine,
00:08:34c'était à peu près 45 milliards d'euros.
00:08:37L'essentiel de l'argent que nous donnons étant l'aide économique et humanitaire.
00:08:43Et à la fin de l'année dernière, en 2024, on nous a demandé de faire une rallonge.
00:08:51La rallonge pour payer les frais de l'État ukrainien,
00:08:56c'est-à-dire les taux, les fonctionnaires, etc.
00:08:59Et on nous avait dit à l'époque, c'était une enveloppe de 25 ou 30 milliards d'euros,
00:09:07il me semble, et on nous avait dit que c'est pour finir l'année.
00:09:09Bon, et puis là, on ne va pas tarder à nous réclamer 40 milliards au titre de 2025,
00:09:14parce que ces gens-là...
00:09:15Ce qui fait que, si vous voulez,
00:09:17en dépit de toute la compassion naturellement qu'on peut avoir...
00:09:20Bien sûr, bien sûr.
00:09:22...un peuple qui est en guerre et qui manque de tout,
00:09:25qui manque de toutes les infrastructures,
00:09:28il faut quand même considérer qu'on va devoir expliquer,
00:09:32à un moment donné, aux Français par exemple,
00:09:35qu'on va lancer des hôpitaux ukrainiens
00:09:37pendant qu'eux n'ont pas de place aux urgences en France.
00:09:40Voilà, le problème, il est assez simple, si vous voulez.
00:09:43Donc, il y a un mécanisme comme ça, c'est le cas pour l'Ukraine,
00:09:47mais c'est le cas de la moitié de l'aide publique mondiale
00:09:52qui est donnée ou prêtée par l'Union Européenne.
00:09:56La moitié de l'aide publique au développement mondial vient de l'Union Européenne.
00:10:01On se souvient, par exemple...
00:10:02Vous voulez dire la moitié de toute l'aide publique mondiale,
00:10:05pas spécialement à l'Ukraine, mais au pays en développement ou en pays...
00:10:09Absolument, absolument, absolument.
00:10:11Ah oui, d'accord, d'accord.
00:10:13Donc, si vous voulez, nous distribuons des petits pains
00:10:17qui, eux, malheureusement, ne se reproduisent pas tout seuls.
00:10:22Il y avait eu un épisode emblématique à cet égard
00:10:26avant les élections en Moldavie, souvenez-vous.
00:10:28Ursula von der Leyen était passée le week-end avant les élections
00:10:32promettre un milliard.
00:10:33Oui, oui, en Moldavie, oui.
00:10:35Là, on est sur le point de discuter ce lot 3 de ce milliard.
00:10:41D'ailleurs, pas plus tard que ce matin,
00:10:44mon collègue en commission budgétaire m'indiquait
00:10:47que seul notre groupe des patriotes s'opposait à ce qu'il s'agisse de dons.
00:10:52Oui, parce que là, c'était sous forme de dons, d'accord.
00:10:55Voilà.
00:10:56D'accord.
00:10:57Donc, si vous voulez, là, vous dites, effectivement,
00:11:00très bien, évidemment qu'il faut aider l'Ukraine,
00:11:03mais jusque à quand et combien et où ça va, etc.
00:11:07Et en fait, dites-moi, est-ce que, juste une question,
00:11:10parce que c'est évident, les Etats-Unis d'Amérique,
00:11:12est-ce que l'audit de Trump va, effectivement,
00:11:16comprendre et ne comprend que les sommes données par les Etats-Unis d'Amérique
00:11:20ou comprend aussi les sommes données par les autres pays,
00:11:24dont l'Europe, d'après ce que vous savez ?
00:11:27J'imagine que ces services vont prendre en compte
00:11:30l'essentiel des flux financiers de cette nature, je l'imagine.
00:11:34Bien sûr.
00:11:34Vous voyez la différence, pardon, de cette...
00:11:39Mais on a, d'un côté, un pays dans lequel un président parle d'aller sur Mars,
00:11:45de l'autre côté, on a notre pays,
00:11:48dans lequel un président promet à un tiktoker
00:11:51qu'il va pouvoir payer l'autoroute avec son téléphone portable.
00:11:53Bon, je crois qu'on a tout dit à partir de là.
00:11:56D'accord.
00:11:57Et alors, parlons, justement, Pascal Pirat,
00:11:59je voudrais qu'on parle de cette histoire
00:12:01qui est quand même abracadabrantesque,
00:12:04comme disait un autre de nos présidents,
00:12:06sur ces ONG vertes, écolos,
00:12:10subventionnées, apparemment, en tout cas,
00:12:12par la Commission européenne.
00:12:14C'est quoi cette histoire ?
00:12:17Eh bien, à l'occasion du vote du Green Deal,
00:12:20finalement, à l'examen des comptes,
00:12:22on découvre, il y a quelques jours,
00:12:24on découvre que la Commission a payé des ONG
00:12:31parfaitement identifiées pour exercer du lobbying
00:12:34sur des parlementaires européens.
00:12:36Donc, la Commission européenne finance des lobbyistes,
00:12:39parce que ces ONG, c'est ça, c'est des lobbyistes,
00:12:42en fait, ce sont des lobbyistes,
00:12:43pour conditionner, en tout cas pour convaincre
00:12:46les députés européens ou un certain nombre de députés
00:12:49de voter pour ce Green Deal.
00:12:50C'est ça, c'est intéressant.
00:12:53Alors, c'est absolument extraordinaire
00:12:55parce que finalement,
00:12:57ils avaient quasiment la majorité pour leur Green Deal.
00:13:00Donc, je ne sais pas pourquoi on avait besoin en plus de lobbying.
00:13:04Par ailleurs, on se demande dans quel autre domaine
00:13:08ce genre de procédé intervient,
00:13:10puisque là, c'est la première fois qu'on découvre
00:13:13un scandale de cette nature.
00:13:15Mais je ne peux pas résister à vous communiquer
00:13:18la réaction du commissaire qui s'occupe de tout ça,
00:13:22du commissaire au budget,
00:13:24qui a été évidemment un peu interpellé sur la question.
00:13:27Et si vous savez, lui, il parle de,
00:13:30tenez-vous bien, comportement inapproprié.
00:13:34Donc là, on est en train de parler de dilapidation de l'argent
00:13:39pour acheter des voix, si vous voulez.
00:13:41Et lui, c'est un comportement inapproprié.
00:13:44Nous, nous avons demandé à ce qu'une commission d'enquête
00:13:47naturellement soit créée.
00:13:49Nous verrons comment...
00:13:52Elle va l'être, à votre avis ?
00:13:54Elle va l'être, cette commission d'enquête ?
00:13:56Je le souhaite, en tout cas.
00:13:58Non, mais c'est extraordinaire.
00:14:00C'est vraiment du circuit fermé, quoi.
00:14:02C'est-à-dire que, si vous voulez, c'est les serpents qui se mordent la queue
00:14:04et qui subventionnent la chose.
00:14:08C'est très étonnant.
00:14:09Et vous avez raison de vous poser la question.
00:14:11Est-ce que ça existait ou est-ce que ça existe dans d'autres domaines
00:14:14que le Green Deal, que l'environnement, etc.?
00:14:19C'est ça. Et puis, si vous me permettez,
00:14:22j'ajoute quand même qu'il y a quand même une difficulté
00:14:24parce que vous avez bien compris que la manne
00:14:27est quasiment infinie, si vous voulez.
00:14:29Alors que le budget de l'Union Européenne est assez restreint.
00:14:32Voilà.
00:14:33Bon, la question qui se pose,
00:14:35c'est l'espèce de trou abyssal qu'on est en train de créer.
00:14:41À quel moment on y fait face ?
00:14:43Et comment on va y faire face ?
00:14:45Est-ce que vous êtes prêts, vous, M. Bercoff ?
00:14:47Est-ce que vos auditeurs sont prêts à ce qu'on crée un impôt européen
00:14:52pour alimenter tout cela ?
00:14:54Pascal Pirat, vous savez très bien que nous sommes familiers
00:14:57avec les trous abyssaux étant donné notre dette publique
00:15:00de 3 400 000 milliards d'euros.
00:15:04Donc, tout va bien.
00:15:05Nous, on connaît ça, les trous abyssaux,
00:15:07les failles et les gouffres.
00:15:09Alors donc, l'Europe nous suit de ce point de vue,
00:15:12enfin, prend modèle sur la France, apparemment.
00:15:16Écoutez, si au moins on peut avoir un rôle de précurseur,
00:15:19enfin, j'en ris naturellement.
00:15:21Tout cela est très triste et tout cela va coûter
00:15:24très très très très cher aux populations.
00:15:27Et ce qui est terrible dans cette histoire, et vous le soulignez,
00:15:30c'est l'opacité, la non-transparence absolue de tout cela.
00:15:35On l'a vu avec les contrats et les SMS sur les contrats de Pfizer.
00:15:39On continue de le voir dans ce que vous dites.
00:15:42Merci beaucoup, madame la députée, de vos éclaircissements.
00:15:45Et on en reparlera avec vous, notamment.
00:15:49Avec plaisir.
00:15:56Ici Sud Radio.
00:16:00Les Français parlent au français.
00:16:04Les carottes sont cuites.
00:16:06Les carottes sont cuites.
00:16:08Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:16:11Alors, un peu de douceur dans ce monde brut, non.
00:16:15Un peu d'humour et un peu beaucoup d'humour.
00:16:19Et justement, l'actualité, vous la connaissez,
00:16:21elle est anxiogène, mais c'est la réalité.
00:16:25On voit pas nous, le réel frappe à la porte,
00:16:27et nous, on ne se bouge pas les yeux, les oreilles, les fenêtres et la porte.
00:16:30On ouvre et on questionne.
00:16:32Mais heureusement, nous avons des artistes qui font vraiment des choses.
00:16:38C'est-à-dire en prenant l'actualité, en la retournant comme un gant,
00:16:42et bien, ils nous font du bien.
00:16:44Écoutez.
00:16:46Sud Radio André Bercov.
00:16:48Ça balance pas mal.
00:16:50Bercov, dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:16:53Amenez-moi l'esprit des lumières.
00:16:59Ranimez-moi ce pays qui sommeille.
00:17:03Que la France soit solidaire,
00:17:06si elle veut être libre au réveil.
00:17:09Et y'a des patients sur la table.
00:17:13C'est pas le moment de discuter.
00:17:19Ils sont au bloc pour qu'on les câble.
00:17:22Bientôt, Andréa.
00:17:24En attendant d'être soignée.
00:17:26Ne la laisse pas tomber.
00:17:28Elle est si fragile, je parle de ta liberté.
00:17:31C'est elle qui est mise en péril.
00:17:33Ne les laisse pas tomber.
00:17:35On prend des mélodies très connues
00:17:37et on met des paroles
00:17:39et on crée des paroles.
00:17:41C'est ce que fait Ingrid Courrèges,
00:17:43la chanteuse et la comédienne Ingrid Courrèges
00:17:45qu'on est heureux de recevoir ici.
00:17:47Je l'avais écoutée à Sainte.
00:17:50Il y avait eu un grand rassemblement à Sainte
00:17:52et vraiment c'était passionnant.
00:17:54Bonjour Ingrid Courrèges.
00:17:56Bonjour André.
00:17:58Alors Ingrid Courrèges,
00:18:00vous allez nous raconter d'abord
00:18:02pourquoi et comment vous prenez...
00:18:04Alors ce n'est pas nouveau ça,
00:18:06mais vous le faites avec vraiment beaucoup de talent.
00:18:08Pourquoi vous prenez des mélodies
00:18:10très connues effectivement
00:18:12et vous mettez des paroles
00:18:14très en connexion, vous le voyez,
00:18:16auditeurs résistants de Sud Radio,
00:18:18avec l'actualité, notamment l'actualité santé
00:18:20bien sûr qu'on connaît depuis 5 ans.
00:18:22Alors pourquoi
00:18:24et comment ça vous est venu de faire ça ?
00:18:26Alors au départ avec
00:18:28mon compagnon
00:18:30et Marie maintenant, Florian,
00:18:32on a eu envie d'écrire des chansons
00:18:34pour nous et on s'est dit
00:18:36on est peut-être un petit peu novice,
00:18:38on va d'abord se faire la main sur les chansons des autres.
00:18:40Et au moment où on a fait ça, est arrivée la crise sanitaire.
00:18:42Donc on en a profité.
00:18:44Ah oui c'était à ce moment-là.
00:18:46Et on s'est dit
00:18:48on reprend des grands tubes
00:18:50et on fait nos paroles dessus.
00:18:52On met justement
00:18:54les mots des gens,
00:18:56tous les citoyens qui étaient
00:18:58en souffrance, qui n'étaient pas d'accord,
00:19:00qui avaient quelque chose à revendiquer.
00:19:02On s'est dit on met ces mots-là dans les chansons.
00:19:04Et on a eu une très grande surprise
00:19:06parce que sur les réseaux sociaux ça a pris
00:19:08une ampleur incroyable et les gens
00:19:10les ont chantés, les ont repris
00:19:12dans les manifestations,
00:19:14dans les rues, sur les réseaux sociaux.
00:19:16Et c'est comme ça qu'on a continué
00:19:18aussi à le faire parce que
00:19:20ça appelle en fait l'inconscient.
00:19:22Il faut savoir que ça sort un petit peu
00:19:24les gens de leur état d'hypnose parfois
00:19:26parce qu'ils entendent un tube, ils se disent
00:19:28et d'un coup c'est pas les paroles qu'on attendait.
00:19:30Je connais, tiens ça va être le tube et puis c'est autre chose.
00:19:32Et ils écoutent, du coup ils écoutent.
00:19:34Et alors justement,
00:19:36ça fait donc quelques années
00:19:38que vous avez commencé depuis
00:19:40monsieur et madame Covid-19
00:19:42né des amours illégitimes
00:19:44d'un pangolin et d'une chauve-souris
00:19:46enfin on est revenu là-dessus bien sûr.
00:19:48Et l'importance
00:19:50c'est la dose bien sûr. Et vous
00:19:52comment, alors les gens accueillis
00:19:54ça, comment, parce que vous
00:19:56faites des tournées, on va en parler, vous allez faire une grande
00:19:58tournée de 60 jours là un peu partout.
00:20:00Vous commencez par où
00:20:02d'ailleurs et quand juste ?
00:20:04Alors je commence le 14 février
00:20:06à Perpignan.
00:20:08Et je termine le 15 avril à
00:20:10Gap
00:20:12je crois. Alors justement
00:20:14pour les gens qui veulent savoir, parce que
00:20:16justement nous sommes dans toute la France
00:20:18qui veulent savoir sur quel
00:20:20site ils peuvent se connecter
00:20:22sur quelle adresse, pour savoir où vous serez.
00:20:24Alors sur ingridcourreche.com
00:20:26et il y a aussi sur tous les réseaux sociaux
00:20:28Youtube, Facebook, Instagram, TikTok.
00:20:30ingridcourreche.com. Alors
00:20:32quelle a été la réaction ? Que les gens vous connaissent
00:20:34ils vous abordent évidemment dans la rue
00:20:36ou après un concert, ils réagissent comment
00:20:38en général ?
00:20:40Les chansons, les reprises et les textes qu'on y a
00:20:42mis dedans, les ont beaucoup
00:20:44touchés. Ils se sont sentis représentés
00:20:46ils se sont sentis écoutés
00:20:48et les concerts
00:20:50que j'ai donnés, parce qu'il faut savoir que ces concerts
00:20:52ça a été l'occasion
00:20:54d'aller un peu
00:20:56contre les règles, de contourner les règles
00:20:58au moment du pass sanitaire. C'est un peu
00:21:00là que ça a commencé, c'est à dire que
00:21:02toutes ces chansons ont été chantées dans les
00:21:04manifestations et les gens m'ont
00:21:06demandé, Ingrid viens, viens
00:21:08et j'ai dit écoutez, ce qui est autorisé aujourd'hui
00:21:10pour l'instant encore, c'est
00:21:12les soirées privées, les regroupements
00:21:14privés. Oui parce qu'on ne pouvait pas, la salle de concert
00:21:16tout ça, se fermer. C'est ça, c'est ça.
00:21:18Donc faisons ça, si vous voulez
00:21:20moi j'annule tous mes concerts, il est hors de question
00:21:22que je sois à la récompense
00:21:24à la vaccination
00:21:26à l'injection. Donc
00:21:28j'ai dit, si vous voulez, je fais ça chez vous.
00:21:30On fait les concerts privés. Ah oui, chez vous, à la maison ?
00:21:32A la maison, je fais
00:21:34deux grandes tournées chez l'habitant
00:21:36j'ai reçu 2000 propositions
00:21:38de lieux, de particuliers
00:21:40Dans toute la France ? Dans toute la France
00:21:42Suisse, Belgique, je vais même dire
00:21:44un peu dans le monde parce qu'il y a eu toute la francophonie
00:21:46D'accord, même le Canada peut-être ?
00:21:48Voilà exactement, Québec, Canada
00:21:50D'accord, et c'était
00:21:52donc, et dans l'atmosphère
00:21:54vous faisiez
00:21:56du bien, vous les faisiez un peu respirer
00:21:58aussi, c'est le cas de le dire. C'est un peu ça
00:22:00c'est ça, c'est que c'était des moments où on
00:22:02pouvait prendre le temps de vivre un moment de bonheur
00:22:04de vivre un moment humain
00:22:06en dehors de restrictions qui n'ont pas de sens
00:22:08qui n'en avaient pas
00:22:10un moment où
00:22:12tout simplement de contact humain
00:22:14puisqu'on nous l'interdisait
00:22:16Bien sûr. Et les gens se sentaient extrêmement
00:22:18seuls. Ça a été aussi l'occasion pour les gens
00:22:20de rencontrer d'autres personnes
00:22:22qui pensaient comme eux et qui habitaient juste à côté
00:22:24de chez eux, mais qui ne croisaient pas forcément
00:22:26Et vous aviez quoi comme public ? De 25
00:22:28à 100 ou 200 ?
00:22:30Alors oui, en termes de
00:22:32nombre, alors on a commencé des fois dans des
00:22:34tout petits lieux, des tout petits salons chez l'habitant
00:22:36Des 10 quoi, ou 15
00:22:38Voilà par exemple
00:22:40on en a eu quelques-uns
00:22:42et puis après ça a été 20, 25
00:22:44et puis 50, puis on s'est rendu compte qu'en fait c'était
00:22:46plein en quelques minutes
00:22:48donc on a commencé à
00:22:50solliciter des gens qui avaient des plus grandes maisons
00:22:52et puis il y a des gens qui avaient
00:22:54des salles de sport, des salles de yoga
00:22:56j'ai du chanter dans une salle de pole dance
00:22:58dans des
00:23:00il y a même eu quelques restaurants
00:23:02Mais après
00:23:04quand tout ça a fini
00:23:06disons les restrictions, le confinement
00:23:08vous avez chanté, vous avez repris
00:23:10dans des salles de spectacle j'imagine
00:23:12Alors oui, j'ai repris
00:23:14quelques comédies musicales dans lesquelles je joue
00:23:16et que j'écris, des spectacles en formes familiaux
00:23:18mais
00:23:20j'ai quand même organisé une autre tournée chez l'habitant
00:23:22parce que j'aime
00:23:24cette proximité, j'aime ce côté
00:23:26intimiste
00:23:28de se retrouver face à un public qui est
00:23:30extrêmement bienveillant, je peux leur présenter
00:23:32un petit peu tous mes essais
00:23:34Tout ce que vous faites
00:23:36Voilà, toutes mes émotions, sans tabou
00:23:38sans pression
00:23:40C'est très simple, c'est très humain, ça fait du bien
00:23:42C'est formidable, d'ailleurs je trouve que c'est un exemple
00:23:44j'espère qui sera suivi, ou en tout cas qui est à suivre
00:23:46le vôtre, parce que justement chanter
00:23:48dans
00:23:50ça convainc, cette intimité
00:23:52qui n'est pas vraiment une intimité mais qui est
00:23:54une fraternité, une confraternité
00:23:56c'est quand même très agréable
00:23:58Alors Ingrid Courrèges, je voudrais, vraiment
00:24:00on est dans le studio de Sud Radio
00:24:02ici d'Arlène, des studios de Sud Radio
00:24:04et peut-être que vous nous chantez une chanson
00:24:06non pas a cappella mais avec une bande son
00:24:08mais que vous chantiez, voilà, c'est Ingrid Courrèges
00:24:10qui va chanter une chanson
00:24:12qui s'appelle
00:24:14La dose de trop
00:24:16Écoutez
00:24:24Tu sais ce soir, je vais partir mon meilleur pote
00:24:26T'avais 20 ans révolu
00:24:28Pour un putain d'antidote
00:24:30T'as fermé les deux yeux
00:24:32Pour un vœu d'allégeance
00:24:34Te voilà devant Dieu
00:24:36À trop prier la science
00:24:38Pour retrouver ta vie
00:24:40Pouvoir t'éclater enfin
00:24:42Tu as couru bien trop vite
00:24:44Chez le dealer du coin
00:24:46Un mot qui donne confiance
00:24:48Travesti dans le sens
00:24:50C'est la dose de trop
00:24:52Un mot qui donne confiance
00:24:54Travesti dans le sens
00:24:56Il n'y aura pas d'autopsie
00:24:58T'es mort d'une coïncidence
00:25:00Ton cœur s'est arrêté de battre
00:25:02Le sang en marmelade
00:25:04Comme bien trop de sportifs
00:25:06Au beau milieu des stades
00:25:08Toi qui voulais voir le monde
00:25:10Voilà ton dernier voyage
00:25:12Pourtant on en a parlé
00:25:14De ses erreurs d'aiguillage
00:25:16C'est la dose de trop
00:25:18Toi tu la pètes et refaites
00:25:20La route qui te conduit au caveau
00:25:34Si pour eux y'a pas d'effet
00:25:36C'est ta vie qui est secondaire
00:25:38C'était bien plus amusant
00:25:40Quand tu te collais à une cuillère
00:25:42Je veux que tu sois réincarnée
00:25:44S'il reste des femmes fertiles
00:25:46Quand je vois toutes ces gamines
00:25:48Avec un chiffre sur un tableur Excel
00:25:50D'un ministre corrompu
00:25:52Qui obéit au cartel
00:25:54Pour nous t'étais un fils, un ami ou un frère
00:25:56Parti comme un turbo
00:25:58Mais il sort d'où ce cancer
00:26:00C'est la dose de trop
00:26:02Toi tu la pètes et refaites
00:26:04Même si c'est un fiasco
00:26:06C'est la dose de trop
00:26:08Prends garde à cette baïonnette
00:26:10Qui te conduit au caveau
00:26:19Oh, oh, oh, oh, oh
00:26:21Hum, hum, hum, hum, hum
00:26:24Sur cette terre bas d'aberrance
00:26:26Viendra le temps de la vengeance
00:26:28Quand je lis tous ces com'
00:26:29Lâchés sur Verity France
00:26:31Si les courbes de l'inceste
00:26:32Annoncent des morts en cascade
00:26:34La question doit se poser
00:26:35Sur cette froide estocade
00:26:37Aux médecins des plateaux
00:26:38Aux médias, aux politiques
00:26:40Voici une vérité
00:26:41Nos vies valent plus que votre fric
00:26:43Et même si ça prend du temps
00:26:45De traquer les responsables
00:26:46De ce jeu de société
00:26:48Faudra balayer la table
00:26:50Oh, oh, oh, oh, oh
00:26:52Oh, oh, oh, oh, oh
00:26:54Oh, oh, oh, oh, oh
00:26:56Oh, oh, oh, oh, oh
00:26:58Oh, oh, oh, oh, oh
00:27:00Oh, oh, oh, oh, oh
00:27:02C'est la dose de trop
00:27:04Toi tu la pètes et refaites
00:27:06Même si c'est un fiasco
00:27:08C'est la dose de trop
00:27:10Prends garde à cette baïonnette
00:27:12Qui te conduit au caveau
00:27:15C'est ta dose de trop
00:27:17Toi tu la pètes et refaites
00:27:19Même si c'est un fiasco
00:27:21C'était ta dose de trop
00:27:24Tu ne seras pas à la fête
00:27:26Tu es parti trop tôt
00:27:30Merci Ingrid Courrèges, la dose de trop.
00:27:32Voilà, il faut écouter.
00:27:34Vous allez sur le site d'Ingrid Courrèges,
00:27:36vous écoutez tout cela.
00:27:38Et c'est vrai que ça a été intéressant.
00:27:40En fait, il y a eu deux,
00:27:42il y a deux thèses
00:27:44qui s'affrontent toujours.
00:27:46Il faut savoir, à vous juger,
00:27:48ce n'est pas à nous de prendre partie,
00:27:50mais quand même, il y a eu au départ,
00:27:52rappelez-vous, l'important c'est la dose,
00:27:54l'important c'est la dose, crois-moi.
00:27:56Et puis les autres qui disaient
00:27:58l'emmerdant c'est la dose,
00:28:00l'emmerdant c'est la dose, crois-moi.
00:28:02Voilà, vous, Ingrid Courrèges,
00:28:04vous avez pris partie.
00:28:06En tout cas, la chanson est très belle,
00:28:08les paroles sont très belles.
00:28:10Il y a eu beaucoup d'expérience,
00:28:12de vous deux.
00:28:14Exactement, on écrit tous les deux,
00:28:16comme ça, il y a la partie féminine,
00:28:18la partie masculine, on va dire.
00:28:20On écrit tous les deux, ça y est,
00:28:22on se lance.
00:28:24Donc là, ça, c'est une maquette
00:28:26pour l'instant, la dose de trop.
00:28:28Je l'avais écrite sur une autre chanson,
00:28:30très connue, et on a décidé
00:28:32de faire nos propres musiques
00:28:34et nos propres textes maintenant.
00:28:36Donc c'est un peu un rodage.
00:28:38Je prépare mon premier album.
00:28:40Vos propres musiques et vos propres paroles.
00:28:42Exactement, mon premier album
00:28:44qui s'appellera Premières Lignes.
00:28:46Pour nos premières lignes et pour
00:28:48l'hommage à tous les résistants,
00:28:50toutes ces premières lignes, ces premiers de cordée.
00:28:54C'est un album où il va y avoir
00:28:56plein de sujets. Il va y avoir des sujets
00:28:58comme l'amour, évidemment, c'est incontournable,
00:29:00mais il va y avoir aussi des sujets un petit peu
00:29:02contestataires, évidemment, parce qu'on ne se renie pas.
00:29:04Il va y avoir des sujets plus légers,
00:29:06il va y avoir de l'humour,
00:29:08il va y avoir un petit peu de...
00:29:10Et ça, il sort quand, normalement ?
00:29:12On aimerait bien fin d'année prochaine,
00:29:14mais de toute façon, on va sortir les chansons un petit peu au fur et à mesure,
00:29:16au fil de l'eau, comme on dit.
00:29:18Et vous allez les tester dans votre tournée.
00:29:20J'allais y venir, exactement.
00:29:22La tournée, elle est un petit peu faite pour ça.
00:29:24J'ai mis en place un financement participatif
00:29:26pour rester une artiste indépendante.
00:29:28Pour moi, c'est important.
00:29:30C'est important de porter la voix
00:29:32du public qui me suit.
00:29:34Ici, ils vont sur ingridcorreche.fr.
00:29:36C'est pareil. Voilà, ingridcorreche.com même.
00:29:38Voilà.
00:29:40Et cette tournée,
00:29:42elle va servir à présenter
00:29:44à tous les gens qui me suivent
00:29:46les coulisses de la création
00:29:48d'un album. Parce que je suis novice, finalement,
00:29:50dans cet exercice,
00:29:52et je vais beaucoup m'amuser
00:29:54de leur montrer un petit peu les influences,
00:29:56comment on écrit.
00:29:58Vous savez, il y aura même un texte
00:30:00de Victor Hugo qu'on va mettre en musique.
00:30:02C'est bien. Vous savez qu'il y a eu
00:30:04Georges Brassens, il y a eu beaucoup
00:30:06qui ont mis, comme vous le savez, des Aragon,
00:30:08des Victor Hugo, Léo Ferré, tout ça.
00:30:10Vous suivez un chemin
00:30:12qui est un chemin glorieux.
00:30:14En tout cas, je vous souhaite vraiment
00:30:16toute la chance
00:30:18et tout le bonheur
00:30:20qu'il y a, effectivement, de créer.
00:30:22Quelle que soit la création,
00:30:24la création, c'est fondamental.
00:30:26Merci, Gris Courrèges. Merci, Florian.
00:30:28Merci, André. J'espère vous voir pendant la tournée.
00:30:30Absolument, absolument.
00:30:32On sera là.
00:30:34Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
00:30:36J'adore Sud Radio
00:30:38dans la mesure où, là au moins,
00:30:40on peut s'exprimer en direct et donner notre avis.
00:30:42Sud Radio,
00:30:44parlons vrai.
00:30:46Ici Sud Radio.
00:30:50Les Français parlent
00:30:52au français.
00:30:54Je n'aime pas la blanquette
00:30:56de veau. Je n'aime pas
00:30:58la blanquette de veau.
00:31:00Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:31:02Elias,
00:31:0414 ans,
00:31:06poignardé à mort
00:31:08parce qu'il ne...
00:31:10parce qu'il résistait
00:31:12à ce que deux jeunes,
00:31:14on dit jeunes, bien sûr,
00:31:16de 18 et 17 ans
00:31:18voulaient son téléphone.
00:31:20Ça s'est passé
00:31:22dans le 14e arrondissement
00:31:24de Paris.
00:31:27Sud Radio Bercov
00:31:29dans tous ses états.
00:31:31Mon petit loup, effectivement,
00:31:33il s'est passé cela.
00:31:35C'était vendredi dernier.
00:31:37Nous sommes mardi aujourd'hui.
00:31:39Vendredi dernier, Elias B,
00:31:41sorti de son entraînement
00:31:43de football, vendredi,
00:31:45peu avant 20h au stade Jules Noël,
00:31:47dans le stade du 14e
00:31:49arrondissement de Paris.
00:31:51Lorsque les deux mineurs lui ont réclamé
00:31:53son portable, en réponse
00:31:55à son refus, un violent coup de couteau
00:31:57lui a été porté à l'épaule.
00:31:59Relaté, une source policière
00:32:01et le parquet.
00:32:03Voilà, ça s'est passé
00:32:05comme ça, voilà.
00:32:07Ah bon, tu ne veux pas donner ton téléphone ?
00:32:09Eh bien, on te massacre.
00:32:11Voilà.
00:32:13Je précise simplement
00:32:15qu'en octobre dernier, déjà,
00:32:17ils étaient connus pour énormément
00:32:19de faits d'incivilité, de violence,
00:32:21etc. Le parquet avait demandé,
00:32:23en octobre dernier, leur incarceration
00:32:25et les deux adolescents
00:32:27pour interdiction d'entrer
00:32:29en contact l'un avec l'autre.
00:32:31Mais l'interdiction,
00:32:33qu'est-ce que ça fait, l'interdiction ?
00:32:35Alors, voilà. Et que disent
00:32:37les amis d'Elias
00:32:39de ce quartier du 14e arrondissement,
00:32:41donc,
00:32:43près du stade Jules Noël ?
00:32:45Ils disent ceci.
00:32:47On sait tous que ce coin est craignos.
00:32:49Il y a des dealers et des gentilcités qui peuvent nous agresser
00:32:51dans le parc ou dans les rues, à la sortie.
00:32:53C'est pour ça qu'on ne rentre jamais seul, toujours à deux
00:32:55ou à trois, sauf l'un joueur
00:32:57de l'équipe des 14 ans du BO,
00:32:59juste en dessous de celle
00:33:01d'Elias. Voilà.
00:33:03Donc, on va jouer au football,
00:33:05on sort, et puis il arrive ceci.
00:33:07Et alors, ce qui est intéressant,
00:33:09vraiment, c'est de voir la réaction
00:33:11de la maire
00:33:13du 14e,
00:33:15Karine Petit.
00:33:17Écoutez.
00:33:19Nous adresser à la population,
00:33:21aux familles, aux clubs
00:33:23aussi de sport. Vous savez,
00:33:25la particularité à Paris, c'est qu'on a
00:33:27des très beaux équipements sportifs
00:33:29qui sont le long du périphérique
00:33:31et c'est tout
00:33:33ce fil
00:33:37d'équipements publics
00:33:39auxquels nous allons nous adresser.
00:33:41Et on va aussi essayer,
00:33:43avec ce choc,
00:33:45avec cette douleur, comme je le disais
00:33:47tout à l'heure, de travailler
00:33:49avec les familles
00:33:51pour leur dire
00:33:53ayez confiance
00:33:55et comment on peut aider
00:33:57pour retrouver la confiance
00:33:59pour justement, quand on est
00:34:01papa, maman, quand on est
00:34:03jeune, et bien
00:34:05on laisse encore ces enfants
00:34:07aller à l'école,
00:34:09au collège, au terrain de tennis,
00:34:11au terrain de foot, au terrain de basket.
00:34:13Et ça, on va le faire comme d'habitude
00:34:15avec les acteurs de terrain.
00:34:17Voilà, voilà
00:34:19ce qu'avait à dire la maire
00:34:21du 14ème arrondissement, la maire
00:34:23écologiste
00:34:25du 14ème arrondissement,
00:34:27Karine Petit. Voilà, nous avons
00:34:29d'excellents équipements sportifs,
00:34:31nous avons un fil, effectivement,
00:34:33nous allons travailler avec eux.
00:34:35Nous allons travailler avec les familles,
00:34:37ayez confiance,
00:34:39ayez confiance. Je ne sais pas
00:34:41comment la famille d'Elias B
00:34:43va accueillir ces propos,
00:34:45je ne sais pas comment
00:34:47on peut, après cela, dire
00:34:49simplement, écoutez, oui,
00:34:51c'est terrible, ce choc, mais elle n'a même pas
00:34:53dit c'est terrible, mais enfin, peu importe.
00:34:55C'est pas ça le problème. Le problème,
00:34:57c'est qu'un responsable d'un quartier,
00:34:59un responsable d'un arrondissement,
00:35:01tient ce langage,
00:35:03oui, nous avons d'excellents équipements,
00:35:05et puis les familles,
00:35:07il faut qu'elles les laissent dans les...
00:35:09Mais c'est quoi ?
00:35:11C'est quoi ces réactions ?
00:35:13C'est formidable, c'est-à-dire
00:35:15qu'à la fois, il y a une espèce de
00:35:17sidération, on va dire des choses,
00:35:19et le préfet de police de Paris,
00:35:21Laurent Nunez, s'est exprimé
00:35:23également, écoutez-le.
00:35:25Ils étaient sous contrôle judiciaire, ils ne devaient pas
00:35:27se rencontrer, ils étaient connus, d'ailleurs,
00:35:29tellement connus que,
00:35:31mes effectifs ont reçu les premiers témoignages
00:35:33suite à cette agression horrible,
00:35:35ils ont tout de suite fait un rapprochement
00:35:37avec les auteurs, ils ont été interpellés très rapidement.
00:35:41La suite ?
00:35:43Il n'y a pas d'interpellation préventive, je vois que les sites de la
00:35:45fachosphère s'excitent sur le thème,
00:35:47oui, ils étaient connus, on ne peut pas interpeller les gens
00:35:49de manière préventive, ça n'est pas possible.
00:35:51Ces personnes avaient été connues de la justice,
00:35:53ils étaient, je comprends, sous contrôle judiciaire,
00:35:55et devaient comparaître dans quelques mois.
00:35:59Effectivement, la fachosphère
00:36:01commence à gueuler,
00:36:03dit le préfet Nunez,
00:36:05eh bien écoutez, ils étaient connus,
00:36:07ils étaient très connus de mes services,
00:36:09des services de police,
00:36:11mais on ne peut pas interpeller préventivement,
00:36:13évidemment, on ne peut pas interpeller
00:36:15tout le monde, sauf que
00:36:17ils allaient comparaître dans quelques mois,
00:36:19et en attendant, interdiction de se voir,
00:36:21etc. C'est-à-dire qu'on constate
00:36:23quoi ? Qu'il y a vraiment deux mondes,
00:36:25il y a une planète Mars et une planète Vénus
00:36:27qui évoluent, il y a l'oréel,
00:36:29ce qui peut se passer,
00:36:31et puis il y a, eh bien écoutez, voilà,
00:36:33on leur a dit, soit on leur donne
00:36:35des travaux d'intérêt général,
00:36:37soit interdiction de se voir,
00:36:39soit effectivement on les connaît, mais qu'est-ce qu'on
00:36:41voulait qu'on fasse ? On ne peut rien faire, on ne peut pas
00:36:43interpeller préventivement,
00:36:45alors on fait rien, et on attend, et on attend,
00:36:47dans quelques mois, ils auraient pu comparaître,
00:36:49mais la mauvaise idée,
00:36:51ils n'avaient pas de téléphone,
00:36:53vous comprenez, ils avaient besoin d'un téléphone,
00:36:55et, eh bien,
00:36:57ils ont donné un téléphone à un jeune qui a
00:36:59refusé le téléphone d'ailleurs, c'est
00:37:01extraordinaire, le journal Le Monde,
00:37:03le journal de référence et de déférence,
00:37:05titrer ceci,
00:37:07fait divers, un adolescent
00:37:09de 14 ans tué à Paris,
00:37:11après avoir refusé de se faire prendre son
00:37:13téléphone, deux suspects mineurs en
00:37:15garde à vue, voilà le titre du journal
00:37:17Le Monde, eh oui, il a refusé
00:37:19de se faire prendre son téléphone,
00:37:21c'est quand même incroyable, enfin,
00:37:23quand on vous demande votre téléphone, quand deux
00:37:25personnes arrivent, vous êtes dans la rue, vous demandent votre portable,
00:37:27mais il faut le donner, mais bien sûr,
00:37:29il vous demande des cigarettes, il faut le donner,
00:37:31il a demandé son argent, il faut le donner,
00:37:33mais oui, qu'est-ce que vous voulez, c'est comme ça
00:37:35aujourd'hui, il faut s'habituer
00:37:37à cela, comme disait l'ancien
00:37:39premier ministre, hein, il faut s'habituer,
00:37:41bien sûr, habituer,
00:37:43et si on vous demande quelque chose, eh bien,
00:37:45écoutez, il faut le faire, sinon,
00:37:47eh bien, malheureusement,
00:37:49il arrive ce qu'il arrive.
00:37:51Voilà le discours d'un
00:37:53maire et le discours d'un
00:37:55préfet de police,
00:37:57intéressant, non, n'est-il
00:37:59point vrai, c'est intéressant,
00:38:01ça continue encore et encore,
00:38:03rassurez-vous, ça va continuer.
00:38:05Sud Radio Bercov
00:38:07dans tous ses états.
00:38:09France, douce France, eh bien, écoutez, c'était
00:38:11en juin 2024, Jean-Luc
00:38:13Mélenchon rappelait qu'il était
00:38:15effectivement, qu'est-ce que c'est que ce
00:38:17pays, écoutez, c'est très intéressant.
00:38:19La France est mise au pied du mur
00:38:21de la question de son identité,
00:38:23qui elle est ?
00:38:25Qui elle est ? Est-elle la
00:38:27nation qui regroupe dans un seul peuple
00:38:29des différences
00:38:31culturelles,
00:38:33des différences, des fois, de pratiques,
00:38:35de cuisine, n'en parlons pas,
00:38:39d'origine,
00:38:41et je ne cesse de rappeler que
00:38:43quand moi je suis né,
00:38:45on avait un Français sur dix
00:38:47qui avait un grand-parent étranger.
00:38:49Dorénavant, c'est un sur quatre.
00:38:51Par conséquent, ceux qui
00:38:53s'appellent Français de souche
00:38:55posent un problème
00:38:57sérieux
00:38:59à la cohésion de la société.
00:39:01Ah, mais voilà,
00:39:03voilà,
00:39:05Jean-Luc Mélenchon, ce butin de guerre
00:39:07selon Aurélien Boutelja, le butin de
00:39:09guerre des indigènes de la République,
00:39:11eh bien, il vient de dire, il a lâché
00:39:13le morceau. C'est vrai,
00:39:15ceux qui posent un problème en France,
00:39:17ce sont les Français de souche, évidemment,
00:39:19évidemment, ce qui est incroyable.
00:39:21Vous avez un grand-père français,
00:39:23une grand-mère française, génération
00:39:25français, mais c'est vous qui posez problème.
00:39:27Mais oui, mais oui, et franchement,
00:39:29alors vous savez, moi je voudrais suggérer
00:39:31à Jean-Luc Mélenchon qu'il aille plus loin, qu'il proclame
00:39:33la déchéance de nationalité
00:39:35des Français de souche. Voilà, qu'on les éligie,
00:39:37qu'on les renvoie dans leur pays, mais oui,
00:39:39qu'on les renvoie dans leur pays, ou qu'on fasse
00:39:41une obligation de quitter
00:39:43le territoire français. Tous les Français de souche
00:39:45doivent être soumis à une
00:39:47OQTF, voilà, et ça règle le problème.
00:39:49En ce moment, on fera
00:39:51nation, on fera identité.
00:39:53C'est pas beau les paroles d'un homme politique
00:39:55de premier plan, c'est pas beau
00:39:57cette espèce de hauteur
00:39:59de vue de justesse
00:40:01dans l'analyse d'Equina.
00:40:03Évidemment, aucune préoccupation électorale,
00:40:05mais non, mais non, mais non, ne soyez pas
00:40:07méchants.
00:40:09Sud Radio. Parlons vrai.
00:40:11Parlons vrai. Sud Radio.
00:40:13Sud Radio Bercov
00:40:15dans tous ses états.
00:40:17Le face-à-face.
00:40:19Alors aujourd'hui,
00:40:21je reçois quelqu'un, nous l'avons déjà
00:40:23reçu, et toujours avec plaisir,
00:40:25mais je veux dire que, pour moi, c'est
00:40:27peut-être, je ne dirai pas son meilleur livre, mais
00:40:29un de ses meilleurs,
00:40:31c'est Michel Maffesoli. Michel Maffesoli
00:40:33est un penseur, est un sociologue,
00:40:35est un professeur à la Sorbonne,
00:40:37mais surtout, c'est un bon
00:40:39vivant, et un excellent pensant,
00:40:41et non pas un bien-pensant, justement,
00:40:43il est aux antipodes de la bonne
00:40:45pensée et de la bien-pensance,
00:40:47et puis il écrit Apologie,
00:40:49autobiographie intellectuelle
00:40:51qui vient de paraître aux éditions du Cerf.
00:40:53Et,
00:40:55c'est vraiment un livre passionnant, vous savez,
00:40:57je vous dis toujours aussi, c'est bien,
00:40:59vous nous écoutez, on est heureux, mais le plus
00:41:01important, c'est qu'après, vous lisiez.
00:41:03Vous lisiez les livres
00:41:05dont on vous parle, que vous preniez
00:41:07le temps du temps long, vous savez,
00:41:09rien ne vaut l'appel à l'intelligence,
00:41:11à la compréhension, et c'est ce
00:41:13qu'on a essayé l'entretien, et vous nous le montrez
00:41:15très bien, et vraiment, je suis toujours
00:41:17très touché, je vous le dis, encore une fois,
00:41:19quand je me balade vers la France, et que je reçois
00:41:21vos témoignages, c'est
00:41:23quelque chose, on se dit, bon, on ne fait
00:41:25pas ça pour rien, au contraire.
00:41:27Et le livre de Michel Maffesoli
00:41:29s'inscrit dans cette espèce
00:41:31de connaissance
00:41:33jubilatoire,
00:41:35de science, et de
00:41:37quelqu'un qui a toujours été,
00:41:39justement, dans les chemins de travers,
00:41:41il le dit lui-même très très bien,
00:41:43il dit, voilà, les chemins de travers, c'est très
00:41:45important, et il n'a jamais accepté d'être
00:41:47bocalisé, et on
00:41:49expliquera pourquoi. Alors, Michel Maffesoli,
00:41:51d'abord, qu'est-ce qui vous a
00:41:53amené à dire, quoi, c'est pas
00:41:55votre épitaphe,
00:41:57vous êtes heureusement vivant et très
00:41:59vivant, et j'espère pour encore très longtemps,
00:42:01mais qu'est-ce qui vous a amené à écrire cette
00:42:03autobiographie intellectuelle, mais qui n'est pas
00:42:05si intellectuelle que ça, je veux dire, vous parlez d'autres
00:42:07choses aussi.
00:42:09C'est toujours difficile à dire. D'une certaine
00:42:11manière, quand même, c'est
00:42:13la fin d'un parcours théorique.
00:42:15Voilà. Je continuerai peut-être
00:42:17à écrire, mais
00:42:19des préfaces à mes livres
00:42:21précédents, le nomadisme,
00:42:23les tentées de tribus qui vont reparaître
00:42:25en poche, mais là, je voulais faire
00:42:27un bilan, d'une certaine manière.
00:42:29Tout à la fois, oui, autobiographie
00:42:31intellectuelle, c'est-à-dire, j'étais
00:42:33nommé en 81
00:42:35professeur à la Sorbonne, professeur titulaire,
00:42:37j'étais un jeune professeur,
00:42:39j'avais 37 ans, et c'est ce qui
00:42:41m'a permis de rencontrer
00:42:43Michel Foucault, Lévi-Strauss,
00:42:45Deleuze,
00:42:47et bien sûr, par avant, Gilbert Durand,
00:42:49mon maître, ou Julien Freund. Et donc, je voulais
00:42:51faire état de cela. C'est-à-dire, dans un moment
00:42:53où, quand même, il y a une espèce de
00:42:55détresse théorique, si je puis dire,
00:42:57
00:42:59la libre pensée, ils ne sont ni libres
00:43:01ni penseurs, dirait Nietzsche,
00:43:03est en voie de capillotade.
00:43:05Voilà, je voulais montrer que nous avions
00:43:07en France, en tout cas pour les gens de ma génération,
00:43:09des gens qui nous ont aidés à penser.
00:43:11Et vous vous souvenez bien
00:43:13la formule de Bernard de Chartres,
00:43:15il faut se hisser sur les épaules
00:43:17des géants. Donc, en gros,
00:43:19je fais état de cela.
00:43:21À même temps...
00:43:23Sans être des nains.
00:43:25Non, je pense, oui,
00:43:27mais d'une certaine manière, il est important
00:43:29de rappeler ce que nous devons
00:43:31nous mettre.
00:43:33Et je trouve que c'est important
00:43:35parce que,
00:43:37je cite
00:43:39ces expressions,
00:43:41malheureux celui qui n'a pas de maître.
00:43:43Donc, moi, je me suis appuyé.
00:43:45À même temps, je ne voulais
00:43:47pas nier le fait que je venais d'un endroit.
00:43:49Mon petit village.
00:43:51Grèce-Sac.
00:43:53Je suis né à Grèce-Sac.
00:43:55Grèce-Sac, c'est un trou du cul du monde,
00:43:57excusez-moi de le dire simplement.
00:43:59C'est un petit village de mineurs
00:44:01qui était important à l'époque.
00:44:03Il y avait 3500 habitants. Maintenant, il n'y en a plus que
00:44:05300.
00:44:07C'est le dernier village des Sévènes.
00:44:09C'est-à-dire, pour situer pas très loin de Béziers.
00:44:11Ou de Lodèves.
00:44:13C'est la fin exactement des Sévènes.
00:44:15Je fuis mon village natal.
00:44:17J'y vais encore régulièrement.
00:44:19Vous avez toujours une maison.
00:44:21J'ai toujours ma maison.
00:44:23Dans le fond, tout ce que j'ai écrit
00:44:25par après, c'est à eux que je leur dois.
00:44:27Ma parentelle.
00:44:29Mes amis.
00:44:31Qui sont des ouvriers, disons-le simplement.
00:44:33C'est un village de mineurs.
00:44:35Et moi,
00:44:37il se trouve que j'ai passé à l'époque
00:44:39l'examen d'entrée en sixième.
00:44:41À l'époque, on passait l'examen des mines.
00:44:43La bourse des mines.
00:44:45Vous avez été boursier des mines.
00:44:47La bourse des mines, ça s'appelait.
00:44:49Qui permettait justement
00:44:51d'accéder à l'examen d'entrée en sixième.
00:44:53Mais en même temps, je reste fidèle
00:44:55à ce village parce que je m'y ressource.
00:44:57Et dans le fond, tout ce que par après
00:44:59j'ai écrit d'une manière universitaire, c'est à eux que je le dois.
00:45:01Voilà, en gros.
00:45:03Alors justement, Michel Maffesoli, parlons, puisque c'est votre autobiographie.
00:45:05Qu'est-ce qui vous a fait rentrer
00:45:07dans cet univers
00:45:09paradoxal, chatoyant, flamboyant
00:45:11et quelquefois, avec ses zones d'ombre
00:45:13et de lumière, des idées
00:45:15du, comment on dit,
00:45:17du frottis de cerveau au chair à montagne.
00:45:19Comment vous êtes venu là ?
00:45:21Pour le dire simplement,
00:45:23dès ma petite enfance,
00:45:25mes parents
00:45:27m'interdisaient à lire des BD
00:45:29et m'achetaient des livres, des livres, des romans.
00:45:31Ah ouais, formidable. Intéressant, ça.
00:45:33À suivre, à suivre.
00:45:35Malheureusement, d'ailleurs, je dois dire, je n'ai lu
00:45:37aucune BD, quelle qu'elle soit.
00:45:39Mais ils vous amenaient quel genre de livre ?
00:45:41Après, ça s'appelait Rouge et Noir, par exemple.
00:45:43Une collection, ou Ideal Bibliothèque.
00:45:45Ideal Bibliothèque. C'était des romans classiques
00:45:47que nous connaissons tous.
00:45:49Peut-être à usage des enfants,
00:45:51j'en sais rien. Mais j'ai encore,
00:45:53dans ma bibliothèque, dans le sud,
00:45:55j'ai encore tous ces livres.
00:45:57Voilà d'où c'est parti.
00:45:59C'est-à-dire le fait que, d'une certaine manière,
00:46:01j'ai été nourri
00:46:03par ces lectures
00:46:05et cela m'a amené à faire
00:46:07cette carrière, après que j'ai fait
00:46:09le lycée Henri IV.
00:46:11Et puis après, j'étais assez rapidement
00:46:13nommé à l'université.
00:46:15Mais attiré par la philosophie, attiré par l'histoire des idées,
00:46:17par la littérature, qu'est-ce qui vous,
00:46:19je dirais, qui vous guidait ?
00:46:21C'est toujours difficile de dire
00:46:23ce qui nous a guidés.
00:46:25Ce que je veux dire, c'est que j'ai pris goût à la philosophie.
00:46:27D'accord.
00:46:29En même temps, je le signale,
00:46:31puisque ce n'est pas publié,
00:46:33mais mon premier texte, mon premier article d'acte
00:46:35de 1966, en effet.
00:46:37Ah oui ! Presque 60 ans !
00:46:39Voilà.
00:46:41Et c'était sur l'union de l'âme et du corps
00:46:43chez Saint-Thomas d'Aquin et Aristote.
00:46:45Aristote et Saint-Thomas d'Aquin.
00:46:47Carrément ! Vous aviez quoi, 22 ans ?
00:46:4923 ans ?
00:46:51J'avais 22 ans. Je finis en 44.
00:46:53Et voilà.
00:46:55C'est un peu cela qui...
00:46:57C'est difficile à dire. Pourquoi je n'ai pas envie de dire ?
00:46:59Je ne le sais pas.
00:47:01Le propre, dans le fond,
00:47:03de l'attirance, quand on regarde
00:47:05un peu ce qui m'a beaucoup marqué,
00:47:07les surréalistes,
00:47:09puis par après, vous en savez
00:47:11quelque chose, les situationnistes.
00:47:13C'est un processus d'attirance.
00:47:15C'est après coup qu'on justifie
00:47:17la rencontre, la rencontre amoureuse,
00:47:19la séduction, y compris intellectuelle.
00:47:21Une rencontre amoureuse,
00:47:23c'est le propre de l'amour.
00:47:25C'est un posteur iris qui trouve les raisons.
00:47:27Pour autant, on le dit bien, le propre de l'amour,
00:47:29c'est que justement, c'est indécidable
00:47:31et on ne peut pas le justifier.
00:47:33Donc je ne le justifierai pas, sinon que du fait
00:47:35que ça m'a nourri.
00:47:37Et que je suis resté dans cette perspective
00:47:39amoureux des idées.
00:47:41Alors justement, de quelles idées ? Qu'est-ce qui ont été
00:47:43les idées ? Vous en parlez bien
00:47:45dans votre livre, qui vous ont forgées.
00:47:47Les idées, les auteurs,
00:47:49vous rendez hommage notamment
00:47:51à Gilbert Durand, mais à beaucoup d'autres
00:47:53et à ceux qui ont
00:47:55disparu depuis des siècles,
00:47:57peut-être. Quels sont
00:47:59vraiment les auteurs, disons,
00:48:01je dirais, j'allais pas
00:48:03lire le cri primal, mais les fondamentaux
00:48:05pour vous ?
00:48:07Là encore, délicat. Disons qu'il
00:48:09s'est trouvé que ces deux axes
00:48:11qui m'ont marqué,
00:48:13un premier,
00:48:15à Strasbourg, grâce ou à cause
00:48:17de Julien Freund,
00:48:19qui m'a incité
00:48:21à... Il était philosophe lui-même ?
00:48:23En effet, il était à l'origine,
00:48:25à l'époque, il n'y avait pas de distinction
00:48:27très forte entre la philo et la socio,
00:48:29mais il avait fait sa thèse de philo
00:48:31en effet, avec Raymond Aron,
00:48:33à la Sorbonne. Par après,
00:48:35il était devenu professeur à Strasbourg
00:48:37et
00:48:39il était attentif à ce qui fut
00:48:41pour moi un élément important, le quotidien.
00:48:43Donc première piste.
00:48:45Après, j'ai développé cette idée de la sociologie
00:48:47du quotidien. Et puis,
00:48:49il s'est trouvé que j'étais nommé assistant
00:48:51à Grenoble en 1972.
00:48:53Et ce fut ma rencontre essentielle avec Gilbert
00:48:55Durand, c'est l'imaginaire. Voilà les deux
00:48:57axes, si vous voulez, qui ont guidé dans le fond
00:48:59toute
00:49:01mon oeuvre et les divers livres que j'ai
00:49:03produits. C'est en
00:49:05disant, à la manière Weberienne,
00:49:07il faut être à la hauteur du quotidien,
00:49:09ce qui est en bas, et l'imaginaire,
00:49:11c'est le climat, l'atmosphère.
00:49:13Donc c'est cette conjonction du bas et du haut
00:49:15qui a...
00:49:16Il fait votre spécificité d'ailleurs,
00:49:18c'est-à-dire s'occuper du quotidien. Vous avez créé un
00:49:20centre d'observation du quotidien
00:49:22et l'imaginaire, vous avez créé
00:49:24également une institution...
00:49:26Non, l'imaginaire, j'en ai hérité.
00:49:28Ah oui, c'est Gilbert Durand qui avait
00:49:30créé le centre de recherche sur l'imaginaire
00:49:32à Grenoble. Et on l'a,
00:49:34quand j'étais nommé à la Sorbonne, on l'a mis à la maison
00:49:36des sciences de l'homme et j'en étais le directeur.
00:49:38Mais c'est ces deux centres, le CEAC,
00:49:40centre d'études sur l'actuel et le quotidien, que j'ai
00:49:42créé moi-même, avec Ballandier.
00:49:44Je les signale longuement.
00:49:46Et puis le centre de recherche
00:49:48sur l'imaginaire, le CRI, que j'avais
00:49:50hérité de Gilbert Durand.
00:49:52Alors c'est ces deux axes qui, d'une certaine
00:49:54manière, toujours en filigrame, se retrouvent
00:49:56dans tout ce que j'ai essayé d'écrire depuis.
00:49:58Voilà. Le quotidien et l'imaginaire,
00:50:00nous allons en parler, mais nous allons en parler
00:50:02très concrètement, parce qu'effectivement, on pourrait dire
00:50:04tiens, mais ce sont aux antipodes,
00:50:06ils ne sont pas du tout aux antipodes.
00:50:08Et vous les rejoignez par la modernité, la post-modernité
00:50:10et tout cela. On va en parler
00:50:12tranquillement, avec tranquillement
00:50:14mais ardemment, avec Michel
00:50:16Maffezoli. Restez avec nous. A tout de suite.
00:50:40...
00:50:52Alors, le quotidien et l'imaginaire.
00:50:54Michel Maffezoli. Mais alors vous,
00:50:56vous avez choisi quand même, de temps en temps,
00:50:58on s'est connus
00:51:00il y a quelques décennies déjà, mais
00:51:02vous étiez déjà, vous vous intéressez
00:51:04aux boîtes de nuit, vous vous intéressez
00:51:06aux clans, aux tribus,
00:51:08puis à la techno,
00:51:10et tout cela. Mais enfin, c'est pas sérieux ça,
00:51:12pour un professeur à la Sormone, de s'intéresser
00:51:14à des sujets pareils. Et je ne parle pas de l'astrologie,
00:51:16nous en parlerons plus tard.
00:51:18Pour moi, j'ai été,
00:51:20j'ai fait passer trois thèses sur l'astrologie.
00:51:22Trois thèses, oui. Une qui a été célèbre.
00:51:24Oui, celle d'Elisabeth Tessier.
00:51:26Qui pour moi, m'avait été envoyée
00:51:28par le recteur
00:51:30ou la rectrice, je ne sais pas comment on dit,
00:51:32qui m'a dit, vous êtes le seul pour voir
00:51:34accepter... Mais pour moi, c'était la thèse
00:51:36de Mme Anselman, puisque c'était son nom.
00:51:38Ah oui, oui.
00:51:40Comme je n'écoutais pas la télé ou la radio,
00:51:42je ne savais pas qui était...
00:51:44Mais voilà, ce pour dire, c'est ça le quotidien.
00:51:46C'est-à-dire... Mais c'est quoi le quotidien ?
00:51:48Vous dites, parce que c'est toutes les manifestations
00:51:50du quotidien, pratiquement ?
00:51:52Oui, pour moi, c'est ce qui constitue la banalité
00:51:54de la vie sociale.
00:51:56Mais je rappelle,
00:51:58puisque j'ai parlé de mon
00:52:00petit village, mais dans de nombreux villages français,
00:52:02il y a le four banal.
00:52:04Et le four banal, c'était le jour où le Seigneur
00:52:06rétrocédait le four à la communauté.
00:52:08C'était la fête...
00:52:10Le four banal ? Oui, le four banal. Dans beaucoup de villages français,
00:52:12il y a encore un four banal.
00:52:14Et c'était la fête du pain commun,
00:52:16si je puis dire. C'est-à-dire, c'est là où la
00:52:18communauté se structurait.
00:52:20Et maintenant, le mot banal ou banalité
00:52:22est devenu... Banal !
00:52:24Banal ! Une antiphrase,
00:52:26si je puis dire. Et moi, je considère que c'est
00:52:28justement dans la banalité que
00:52:30la communauté se structure.
00:52:32Comme c'était le cas pour le four banal.
00:52:34Donc, du coup, des sujets que, en effet,
00:52:36l'institution ne prenait pas
00:52:38en charge. Anodin.
00:52:40Alors, à l'époque, c'était pas chic.
00:52:42Les grands rassemblements
00:52:44techno. Moi, j'ai un de mes étudiants, Lionel
00:52:46Pourteau, pour ne pas le nommer, qui est le premier
00:52:48venu me proposer une thèse
00:52:50sur, justement, ces grands rassemblements.
00:52:52Voilà, sur les grands rassemblements musicaux dont il était un protagoniste
00:52:54de surcroît. Il en a fait
00:52:56une splendide thèse. Et j'ai eu 4 ou 5
00:52:58thèses, d'ailleurs, là-dessus. Maintenant,
00:53:00c'est un peu devenu chic de s'occuper de cela.
00:53:02J'ai eu, à l'époque,
00:53:04des thèses sur les boîtes
00:53:06de nuit.
00:53:08On venait vous les proposer, en fait.
00:53:10On venait me proposer. Deux de mes
00:53:12étudiants de Lyon,
00:53:14leurs professeurs, mes collègues
00:53:16de Lyon, avaient refusé ces thèses.
00:53:18Ils venaient chez moi. Et moi, bien sûr,
00:53:20je les acceptais, ces thèses.
00:53:22C'est intéressant, parce qu'ils trouvaient que c'était pas digne.
00:53:24En gros, c'était même
00:53:26peut-être infamant, des boîtes échangistes.
00:53:28À l'époque. Et c'est passé
00:53:30de 3 à 50 fois.
00:53:32C'est un miroir de notre temps.
00:53:34C'est là, un point. C'est tout.
00:53:36Michel Foucault,
00:53:38en 82, il meurt
00:53:40en 84. Il me recevait souvent.
00:53:42Il me dit maintenant, Michel, vous êtes professeur
00:53:44à la Sorbonne. Il n'y a rien sur l'homosexualité.
00:53:46C'était pas chic, à l'époque, l'homosexualité.
00:53:48Il n'y avait pas de thèse
00:53:50sur l'homosexualité.
00:53:52Il y a eu, moi, un groupe de recherche sur l'homosexualité.
00:53:54Deux ou trois grands collègues
00:53:56à la Sorbonne même, rassemblant
00:53:58des gens de divers partis d'Europe,
00:54:00etc. Mais là, on me dit, ma fée Zoli,
00:54:02vous faites rentrer l'homosexualité à la Sorbonne.
00:54:04Je dis, écoutez, arrêtez, on n'a pas besoin de moi
00:54:06de ce point de vue.
00:54:08Par après, quand j'ai fait soutenir les thèses
00:54:10sur l'astrologie, vous faites rentrer
00:54:12l'astrologie à la Sorbonne.
00:54:14Moi, j'étais un mécréant dans l'un et dans l'autre domaine.
00:54:16C'était pas mon domaine
00:54:18à moi, mais il n'en reste pas moins que
00:54:20c'était un domaine qui me paraissait être
00:54:22des études devant être faites, puisque
00:54:24il y avait une multiplicité de gens
00:54:26qui s'intéressaient à l'un et à l'autre. Voilà, c'est ça
00:54:28le quotidien, vous voyez ça.
00:54:30On ne s'interdit aucune dimension
00:54:32du quotidien, puisque ça fait partie.
00:54:36Je suis de formation weberienne,
00:54:38c'est-à-dire Max Weber
00:54:40et grâce à Julien Freund,
00:54:42il m'a dit, un fait social
00:54:44peut devenir un fait sociologique.
00:54:46Voilà la vieille règle
00:54:48weberienne. C'est-à-dire, c'est là,
00:54:50c'est à nous de l'analyser, etc.
00:54:52S'il est là, on ne peut pas dire,
00:54:54on fait comme s'il n'existait pas.
00:54:56Ma position, c'est
00:54:58ni judicatif,
00:55:00ni normatif. Je ne dis pas
00:55:02ce qu'il devait être, mais ce qu'il est.
00:55:04Nietzsche, qui m'a beaucoup formé
00:55:06la pensée nietzschéenne, considère
00:55:08que la logique du devoir être,
00:55:10ce que devrait être le monde, ce qu'on aimerait
00:55:12qu'il soit, ce qu'il pourrait être,
00:55:14contrevient à ce qu'il est,
00:55:16tout simplement. En fait, c'est s'occuper
00:55:18de ce qu'il est.
00:55:20C'est intéressant, parce que vous savez qu'une certaine,
00:55:22elle est toujours,
00:55:24je vous cite ça, un président
00:55:26de France Télévisions,
00:55:28Delphine Ernotte, dit, nous ne parlons pas
00:55:30de la France telle qu'elle est, mais telle
00:55:32qu'on voudrait qu'elle soit.
00:55:34Ça s'appelle la logique du devoir être.
00:55:36Et pour moi, c'est la pire des choses,
00:55:38c'est là le vrai décalage
00:55:40qui existe entre une intelligentsia déphasée,
00:55:42ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire,
00:55:44journalistes, politiques,
00:55:46experts, maintenant on ne dit plus intellectuels,
00:55:48on dit experts, de tous sortes,
00:55:50qui restent sur une conception idéosophique.
00:55:52Ça vient du haut.
00:55:54Alors que, vous avez compris, de mon point de vue,
00:55:56il faut que ça vienne du bas.
00:55:58Ce qui existe, tout simplement,
00:56:00à nous de le traiter, de maîtriser
00:56:02la subjectivité,
00:56:04et de voir comment on peut
00:56:06scientifiquement, ou en tout cas intellectuellement,
00:56:08traiter ces sujets qui étaient
00:56:10méprisés, ou méprisables pour certains.
00:56:12Donc, ce que vous dites, c'est que
00:56:14rien de ce qui...
00:56:16Le philosophe ne disait rien de ce qui est humain
00:56:18ne m'est étranger. Vous dites
00:56:20rien de ce qui est quotidien ne doit nous être
00:56:22étranger. Mais quotidien, ça veut dire humain,
00:56:24tout simplement. C'est tout simplement
00:56:26en quelque sorte, oui, la vie
00:56:28de tous les jours. Dans les
00:56:30grandes traditions qui
00:56:32furent la mienne, et vous en savez quelque chose,
00:56:34le lettrisme,
00:56:36ensuite les situationnistes,
00:56:38les surréalistes,
00:56:40Dadaï, surréaliste,
00:56:42lettrisme, situationniste,
00:56:44c'est justement les éléments du quotidien.
00:56:46La vie quotidienne vient de là,
00:56:48précisément. Et
00:56:50c'était quelque chose de qui
00:56:52je dirais qui mérite attention
00:56:54et pour ma part, je m'y suis employé.
00:56:56Vous voyez ça, vous vous soyez diablement
00:56:58employé par des... Vraiment
00:57:00d'énormément d'ouvrages
00:57:02et de réflexions, et
00:57:04on sait la place que vous occupez aujourd'hui,
00:57:06mais justement, tout en restant
00:57:08je dirais bien dans les sentiers
00:57:10de grandes randonnées.
00:57:12On ne va pas rejoindre la foule
00:57:14ou je dirais le troupeau,
00:57:16en tout cas, ça c'est clair pour vous,
00:57:18qu'on vous approuve ou qu'on vous
00:57:20dénigre, personne ne
00:57:22changera de cela. On se
00:57:24retrouve juste après ceci,
00:57:26Michel Maffesoli,
00:57:28pour parler justement aussi de l'imaginaire,
00:57:30parce qu'on a parlé du quotidien
00:57:32et c'est quoi l'imaginaire, et puis on va
00:57:34parler de beaucoup d'autres choses aussi.
00:57:42Sud Radio Bercoff, dans tous ses états,
00:57:44midi 14h, André Bercoff.
00:57:46Un livre cultivé,
00:57:48un livre jubilatoire,
00:57:50un livre rempli de références et de
00:57:52réflexions, surtout
00:57:54Apologie de Michel Maffesoli.
00:57:56Alors, soyons tout à fait
00:57:58clairs, il ne s'agit pas d'une Apologie
00:58:00de Michel Maffesoli par lui-même.
00:58:02Ce n'est pas un exercice d'autosatisfaction,
00:58:04mais c'est un exercice,
00:58:06je dirais, de creuser.
00:58:08Comme disait l'autre, creuse vieille taupe,
00:58:10non là, c'est vraiment
00:58:12la taupe intelligente et
00:58:14on parlait alors justement, vous avez
00:58:16défini le quotidien et ce que
00:58:18vous avez, enfin, on le dit
00:58:20rapidement, ce que vous avez dit du quotidien,
00:58:22mais vous parlez aussi de l'autre pôle
00:58:24de votre démarche, l'imaginaire.
00:58:26Alors, c'est quoi l'imaginaire ?
00:58:28En fait, dans votre
00:58:30définition, dans votre réflexion.
00:58:32Tout comme le quotidien, c'est quelque chose
00:58:34qui ne semblait pas sérieux,
00:58:36en tout cas, qui ne méritait pas d'être analysé,
00:58:38la tradition française
00:58:40est une vieille tradition de méfiance
00:58:42vis-à-vis de l'imagination et de l'imaginaire.
00:58:44Malebranche, Descartes,
00:58:46critiquant l'imagination
00:58:48parce que c'était la folle du logis.
00:58:50C'est-à-dire ce qui ne permet pas le bon
00:58:52fougement du cerveau. Et je rappelle dans mon livre,
00:58:54je l'ai souvent dit d'ailleurs, que
00:58:56les deux premiers livres de Jean-Paul Sartre,
00:58:581936 et 1938,
00:59:00sur l'imagination,
00:59:02ils reprennent tout simplement l'idée
00:59:04de Malebranche, la folle du logis.
00:59:06C'est pas bien.
00:59:08Imagination, c'est les nuées,
00:59:10c'est les délires, etc.
00:59:12Alors, c'est là où
00:59:14j'ai rencontré Gilbert Durand,
00:59:16mon maître, qui, en 1960,
00:59:18a écrit les structures
00:59:20anthropologiques de l'imaginaire.
00:59:22Et c'était sous la direction de Bachelard,
00:59:24de Gaston Bachelard,
00:59:26et c'était pas négligeable.
00:59:28Et il rend attentif au fait qu'on ne peut bien
00:59:30comprendre la vie que si on saisit
00:59:32les rêves, les fantasmes,
00:59:34les fantasmagories, les fantaisies,
00:59:36etc. Vous voyez, les mythes...
00:59:38Vous voulez dire que c'est l'autre réalité,
00:59:40mais qui est aussi importante que...
00:59:42Le réel est construit
00:59:44par l'irréel.
00:59:46Et cet irréel, c'est ce que je viens de dire,
00:59:48encore une fois. C'est pas simplement
00:59:50individuel, les rêves. Il y a des rêves collectifs.
00:59:52Mythes, fantasmes,
00:59:54je dis fantasmagories, peu importe.
00:59:56Toutes choses qui nous constituent.
00:59:58Et Durand avait une belle formule,
01:00:00il disait, dans le fond, l'imaginaire, c'est le climat,
01:00:02l'atmosphère dans laquelle on baigne.
01:00:04Et tout comme il y a des changements
01:00:06climatiques stricto sensu,
01:00:08admettons qu'il y ait des changements climatiques
01:00:10dans l'esprit. C'est ce qui est en train de se passer de nos jours.
01:00:12On en parlera sur la post-modernité.
01:00:14Mais donc, dans le fond, l'imaginaire,
01:00:16c'est la prise en compte de ces éléments
01:00:18que l'on méprisait.
01:00:20En tout cas, dans la tradition française en particulier.
01:00:22Où seuls valait...
01:00:24Pas simplement la raison,
01:00:26mais le rationalisme.
01:00:28Le rationalisme.
01:00:30Moi, pour ma part,
01:00:32j'ai écrit un demi-livre qui s'appelle
01:00:34Éloge de la raison sensible.
01:00:36Et dans ce livre, je montre
01:00:38qu'il ne faut pas nier la raison.
01:00:40Ça nous constitue. Mais en même temps,
01:00:42il y a les sens, il y a ceux dans lesquels on se situe.
01:00:44Voilà ce qu'est, de mon point de vue,
01:00:46l'imaginaire. Et à mon sens,
01:00:48c'est ce qui est en train de prendre une importance
01:00:50énorme, en particulier chez les jeunes générations.
01:00:52Alors justement, parlons.
01:00:54L'imaginaire, est-ce qu'il n'y a pas autant
01:00:56le quotidien ? Il a effectivement
01:00:58ses excès, ses gouffres.
01:01:00Et en même temps, ses bonheurs.
01:01:02Est-ce que l'imaginaire n'est pas
01:01:04la salle d'attente du délire ?
01:01:06Est-ce que ça ne part pas dans tous les...
01:01:08Justement, je voudrais que vous...
01:01:10Qu'on aille plus précisément sur
01:01:12cet imaginaire. C'est-à-dire, qu'est-ce que vous faites
01:01:14rentrer dans l'imaginaire, Michel Maffezoli ?
01:01:16Non mais, soyons clairs, on peut
01:01:18lui faire rentrer tout, puisque ça englobe,
01:01:20premièrement. J'ai bien dit.
01:01:22En même temps, soyons clairs, par rapport à ce que vous venez d'indiquer,
01:01:24pour le meilleur et pour le pire.
01:01:26Bien sûr. Il faut quand même le rappeler.
01:01:28Bien sûr, bien sûr. Et on voit
01:01:30sur les réseaux sociaux en particulier,
01:01:32puisque, personnellement, je valorise ces réseaux sociaux,
01:01:34le meilleur et le pire.
01:01:36C'est-à-dire les...
01:01:38les cinématisations
01:01:40à outrance, à bien des égards.
01:01:42Les fanatismes de divers ordres.
01:01:44Mais en même temps, la richesse des...
01:01:46Le verre à moitié plein, le verre à moitié vide.
01:01:48On a tendance à voir le verre à moitié vide.
01:01:50Moi, pour ma part, j'essaie de montrer
01:01:52qu'au-delà de la sinistrose ambiante,
01:01:54il y a un verre à moitié plein aussi.
01:01:56Alors voilà, c'est tout.
01:01:58C'est cette... En gros, tout...
01:02:00Comment dire cela ?
01:02:02C'est la part d'ombre qui nous travaille.
01:02:04Et un homme sans ombre n'existe pas.
01:02:06Une société sans ombre
01:02:08n'existe pas.
01:02:10Une bataille à la part maudite.
01:02:12Voilà, par exemple.
01:02:14De toute façon, il y a la lumière, il y a l'ombre.
01:02:16En gros, c'est tout. Je cite un roman
01:02:18qui m'a marqué dans ma jeunesse,
01:02:20un roman de Camiseau, c'est un auteur allemand
01:02:22du XIXe siècle,
01:02:24L'homme sans ombre.
01:02:26Et il ne peut plus vivre.
01:02:28Il a vendu son ombre au diable
01:02:30avec une poignée de...
01:02:32Pas de dollars en la matière, des pièces d'or.
01:02:34Et du coup, il n'existe plus.
01:02:36Il ne peut plus sortir puisqu'il a peur
01:02:38d'exister.
01:02:40C'est anecdotique, mais je montre que
01:02:42d'une certaine manière, on ne peut pas comprendre
01:02:44la société si on ne saisit pas cette ombre,
01:02:46l'instant obscur, la part maudite.
01:02:48Et je considère qu'il faut
01:02:50le développer. Voilà, c'est un des éléments de l'imaginaire.
01:02:52La part maudite dans
01:02:54un très beau livre de Georges Bataille
01:02:56qui s'appelait comme ça.
01:02:58Alors justement, je voudrais...
01:03:00On va continuer. Qu'est-ce qui a fait, quand même,
01:03:02est-ce que ce sont ces
01:03:04domaines auxquels vous êtes attaché
01:03:06qui a fait quand même que vous suscitez
01:03:08souvent lire
01:03:10L' de certains
01:03:12de vos confrères ou
01:03:14autres, ou de vos collègues
01:03:16en disant, oui, mais ma faisolie,
01:03:18mais c'est pas sérieux, oui,
01:03:20il s'attaque à des sujets, enfin,
01:03:22tout ça. Et puis d'autres,
01:03:24évidemment, qui vous aiment et qui vous admirent.
01:03:26C'est clair. Mais qu'est-ce qui
01:03:28fait ? C'est le choix
01:03:30des domaines que vous avez abordés.
01:03:32C'est par exemple, quand vous allez...
01:03:34Moi, je me rappelle
01:03:36le clan Campbell, vous avez parlé
01:03:38des clans. Vous avez...
01:03:40Le clan Campbell, c'était une formidable
01:03:42soirée, je me rappelle. Mais
01:03:44aussi, vous aviez été le théoricien
01:03:46de ces clans, etc. Est-ce qu'au fond,
01:03:48on considère que vous n'aborder
01:03:50pas ? Vous en avez parlé
01:03:52déjà au niveau de l'homosexualité, mais
01:03:54vous n'aborder pas les sujets sérieux.
01:03:56Ma faisolie, il prend des sujets
01:03:58qu'il n'a pas à prendre, c'est pas
01:04:00du niveau de l'université. Est-ce que c'était ça ?
01:04:02Oui, mais
01:04:04j'ai dit le mot tout à l'heure, je le répète.
01:04:06Moi, je prends acte de ce qui est.
01:04:08Pas de ce qu'on aimerait
01:04:10qu'il soit.
01:04:12Neutralité axiologique.
01:04:14Encore Weber.
01:04:16Encore une fois, je n'ai pas à juger, dire
01:04:18si c'est bien, si c'est mal. C'est ainsi.
01:04:20C'est ça, la part d'ombre.
01:04:22Ce qui nous constitue. Alors,
01:04:24c'est pas sérieux. Non, moi, pour ma part,
01:04:26je dis, la vie quotidienne est sérieuse.
01:04:28La vie ne vaut peut-être rien,
01:04:30mais rien ne vaut la vie. Et tout mon
01:04:32travail a été d'essayer
01:04:34d'analyser cela. Par exemple, je suis en train
01:04:36de réécrire la préface
01:04:38d'un de mes livres qui est paru en 1988,
01:04:40Le temps des tribus.
01:04:42Qui va reparaître en
01:04:44six ou septième édition.
01:04:46Et je fais une grande préface où je
01:04:48dis ce que je suis en train de vous dire.
01:04:50C'est-à-dire que j'essayais de montrer
01:04:52tout simplement que l'on n'était plus dans
01:04:54la république une et indivisible.
01:04:56L'idée du 19ème,
01:04:58un peu franc-maçonne, pour dire les choses comme elles sont.
01:05:00Mais qu'on avait une
01:05:02fragmentation de cette société qui était là.
01:05:04Une mosaïque.
01:05:06Et donc, c'était cette
01:05:08res publica, la chose publique, où il y avait
01:05:10ces petites tribus musicales,
01:05:12sexuelles, religieuses,
01:05:14sportives, etc.
01:05:16Et que dans les jungles de pierre que sont nos
01:05:18mégapoles, il y avait ces tribus.
01:05:20Vous voyez, c'était quotidien ça.
01:05:22C'est quelque chose qui existait.
01:05:24Alors que, dans le fond, le savoir officiel,
01:05:26gauche et droite confondus,
01:05:28restait sur une l'unité.
01:05:30La république
01:05:32une et indivisible. Moi j'essayais de montrer,
01:05:34je ne dis pas ce qui est mon
01:05:36sentiment personnel.
01:05:38Vous essayez de montrer le réel
01:05:40comme vous le voyez.
01:05:42Je joue même sur le mot.
01:05:44Je dis monstré.
01:05:46Ce qui peut être monstrueux, à bien des égards.
01:05:48Mais, voilà,
01:05:50ma démonstration, elle est là.
01:05:52Elle est tout simplement de constater,
01:05:54et c'est vrai qu'il y a un vrai décalage, il faudrait en dire un mot
01:05:56quand même. Il y a un vrai décalage
01:05:58entre l'intelligentsia,
01:06:00élite déphasée,
01:06:02avec une personne que je connais bien
01:06:04qui s'appelle Len Schroll. On a écrit un livre
01:06:06sur la faillite des élites.
01:06:08La faillite des élites, vous voyez, par exemple.
01:06:10Pour montrer comment il y a,
01:06:12elle était narque de surcroît,
01:06:14qu'il y a ce décalage qui existe, encore une fois,
01:06:16entre ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire
01:06:18et le peuple. Donc moi, mon propos,
01:06:20je suis d'un milieu populaire,
01:06:22de cette sagesse populaire, je décris
01:06:24cette sagesse populaire.
01:06:26Et d'ailleurs, comment vous expliquez cette sécession
01:06:28qui est presque devenue abyssale
01:06:30entre les élites, parce qu'il faut aussi des élites.
01:06:32Vous faites partie de l'élite,
01:06:34mais pas de cette élite-là qu'on connaît, bien sûr.
01:06:36Michel m'a fait zollimer.
01:06:38Qu'est-ce qui fait cette espèce
01:06:40de sécession qu'on voit de plus en plus grandissante ?
01:06:42Aujourd'hui, c'est devenu presque une,
01:06:44je dirais, une banalité de base,
01:06:46comme disait Raoul van Eyckhem,
01:06:48de dire que, oui, mais regardez,
01:06:50ils sont complètement détachés du réel,
01:06:52décollés du réel, c'est devenu cliché.
01:06:54Mais qu'est-ce qui fait que ça atteint ce stade ?
01:06:56Bon, écoutez, c'est très simple.
01:06:58Excusez-moi de le dire là, simplement.
01:07:00Vous avez compris que pour moi, on assiste à la fin
01:07:02d'une époque, fin de la modernité.
01:07:04Chaque société, soyons clairs,
01:07:06a besoin d'élite.
01:07:08On le voit dans toute société, etc.
01:07:10Et puis, peu à peu, si vous voulez,
01:07:12il y a cette espèce de déconnexion,
01:07:14de défasage. Je rappelle que,
01:07:16par exemple, la Révolution française n'est
01:07:18que la conséquence d'un défasage
01:07:20de ce qu'était la féodalité,
01:07:22le roi, les seigneurs, etc.
01:07:24Et de nos jours, c'est exactement ce qui est
01:07:26en train de se passer. C'est-à-dire que ceux qui étaient
01:07:28promoteurs,
01:07:30peu à peu, s'étafadient.
01:07:32Un de mes amis sociologues
01:07:34disait que l'énamourement
01:07:36devient la tétanie conjugale.
01:07:40Tétanie conjugale, je retiens.
01:07:42Guillaume Quinguem.
01:07:44Du Colmao au Rotary Club,
01:07:46par exemple.
01:07:48C'est pour dire que ceux qui étaient porteurs,
01:07:50tentent à s'affadir.
01:07:52Un grand sociologue qui n'est pas connu en France,
01:07:54qui s'appelle Vilfredo Pareto,
01:07:56économiste, sociologue,
01:07:58montre par la circulation
01:08:00des élites.
01:08:02Elles se perdent ?
01:08:04Elles décollent ?
01:08:06Elles se jivaroisent ?
01:08:08En la matière,
01:08:10pour ceux qui nous concernent, elles restent
01:08:12sur les grandes valeurs de la modernité.
01:08:14L'individualisme,
01:08:16le rationalisme, le progressisme.
01:08:18Alors que ce qui est en jeu,
01:08:20c'est le tribalisme. Alors que ce qui est en jeu,
01:08:22c'est l'émotionnel. Alors que ce qui est
01:08:24en jeu, c'est le retour à des dimensions
01:08:26traditionnelles. Alors que
01:08:28ceux qui ont le pouvoir de dire et d'agir,
01:08:30je dis bien, ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire,
01:08:32restent sur ces valeurs modernes.
01:08:34Et c'est là où, peu à peu,
01:08:36il y a un décalage très fort
01:08:38avec le peuple. D'ailleurs, ils ont peur du peuple.
01:08:40Ils parlent de populisme.
01:08:42Ils parlent de communautarisme.
01:08:44Ces démocrates sont très peu démophiles.
01:08:46Ils sont même parfois démophobes.
01:08:48Quand ça ne leur plaît pas,
01:08:50le peuple s'en mauvait.
01:08:52Je ne dirai pas
01:08:54ces expressions grossières que j'emploie souvent,
01:08:56mais de fait...
01:08:58Les gueux !
01:09:00Vous avez vu un député écologiste qui a dit
01:09:02qu'il faudrait établir
01:09:04un suffrage sans citer.
01:09:06C'est scandaleux. Peu importe. Mais de fait,
01:09:08c'est tout simplement l'expression
01:09:10de cette démophobie.
01:09:12On a peur
01:09:14du peuple. Or, le peuple est en train
01:09:16de prendre sa revanche, actuellement.
01:09:18On le voit aux Etats-Unis, on le voit en Argentine,
01:09:20on le voit en Autriche,
01:09:22on le voit en France aussi, on le voit en Hollande,
01:09:24etc., à bien des endroits. Pour moi,
01:09:26tout cela marque
01:09:28cette déconnexion qui entre
01:09:30régulièrement, chaque trois siècles.
01:09:32Alors justement,
01:09:34vous parlez de la modernité, vous dites que ces élites
01:09:36sont dans la modernité telle qu'on la définit.
01:09:38Et vous, vous dites, vous vous êtes fait
01:09:40d'ailleurs l'un des porte-parole, je dirais,
01:09:42même des théoriciens de la post-modernité.
01:09:44Alors, c'est quoi
01:09:46la post-modernité ? Parce que souvent,
01:09:48l'étant employé en disant, oui, c'est encore...
01:09:50Vous voyez, on dit, enfin, pour faire
01:09:52très schématique et très
01:09:54cliché aussi, post-modernité,
01:09:56oui, c'est toutes ces manifestations de
01:09:58woke, de LGBT, de cancel culture,
01:10:00etc. Alors, vous dites, c'est pas ça
01:10:02du tout, la post-modernité.
01:10:04Alors, c'est quoi ?
01:10:06Tout d'abord,
01:10:08ce qu'est la modernité,
01:10:10je rappelle que c'est Baudelaire qui, le premier,
01:10:12emploie, en 1848, le mot modernité.
01:10:14Avant, on disait
01:10:16post-médiévalité, c'est-à-dire
01:10:18une autre époque qui est en train de se créer.
01:10:20Et pour moi, c'est la même chose, c'est-à-dire que
01:10:22on ne peut pas nommer ce qui est
01:10:24en gestation,
01:10:26on se donne rendez-vous dans 100 ans, tous les deux,
01:10:28et on aura à ce moment-là ce qu'il y a.
01:10:30J'espère, allez, rendez-vous pris !
01:10:32Mais entre-temps, on dit post,
01:10:34c'est-à-dire ce qui vient après, tout simplement.
01:10:36Et actuellement,
01:10:38en France, on a peur, on dit hyper-modernité,
01:10:40modernité seconde,
01:10:42modernité avance, etc. Non, tout simplement,
01:10:44rendre attentive qu'on est dans un autre
01:10:46imaginaire, que la société officieuse
01:10:48de ces jeunes générations
01:10:50ne se reconnaisse pas dans la dimension officielle.
01:10:52Mais ça, c'est pas du tout wokiste.
01:10:54Au contraire,
01:10:56pour moi, le wokisme,
01:10:58je l'écris ici ou là, dans tel ou tel de mes livres,
01:11:00ce n'est que la forme achevée
01:11:02des lumières. D'ailleurs, ça veut dire ça,
01:11:04wok, éveillé.
01:11:06Donc, c'est une
01:11:08forme caricaturale, des droits.
01:11:10Alors que la post-modernité,
01:11:12je m'appuie ici sur cette grande
01:11:14philosophe qui est Simone Veil,
01:11:16la grande philosophe, qui parle de l'enracinement.
01:11:18Son grand livre, c'est l'enracinement.
01:11:20Et dans ce livre, elle montre bien que ce n'est pas
01:11:22les droits qui sont importants, c'est les devoirs.
01:11:24Les devoirs. Les obligations.
01:11:26Ce n'est pas seulement la liberté, très bien,
01:11:28mais la responsabilité aussi.
01:11:30C'est la dépendance de l'autre.
01:11:32Un ordo amoris, un ordre de l'amour.
01:11:34Et de fait, de mon point de vue,
01:11:36dans les tribus telles que je les analyse,
01:11:38il y a ce partat des sentiments,
01:11:40je dis affectuels.
01:11:42C'est ça la post-modernité.
01:11:44C'est-à-dire quelque chose qui n'est pas simplement
01:11:46individualiste, mais au contraire, on est toujours avec.
01:11:48Comme Heidegger le disait,
01:11:50on est en train de passer de l'ère du jeu à l'ère du nous.
01:11:52Et moi, j'ai essayé d'analyser
01:11:54ce nous.
01:11:56Et donc, vous l'analysez dans ces communautés,
01:11:58dans ces rave-parties,
01:12:00dans ces techno-parties, par exemple,
01:12:02puis dans les communautés sportives, ou autres.
01:12:04Encore une fois,
01:12:06une autre grande dame qui est Anna Arendt
01:12:08montre comment s'est élaboré l'idéal démocratique.
01:12:10Difficulté, recul,
01:12:12opposition, machin-chose,
01:12:14et puis on y arrive.
01:12:16D'ailleurs, une idée très simple,
01:12:18j'ai une représentation philosophique,
01:12:20j'arrive à vous convaincre, vous me donnez votre voix
01:12:22à représentation politique.
01:12:24Actuellement, ça ne marche plus. L'abstention,
01:12:26les non-inscrits sur l'extérieur.
01:12:28On est prêt à tout pour avoir notre voix.
01:12:30C'est plutôt du côté du trottoir qu'autre chose.
01:12:32Maintenant, je ne dis plus
01:12:34tribus, je dis idéal communautaire
01:12:36en gestation.
01:12:38Et comme il y a eu l'idéal démocratique,
01:12:40il y a cet idéal communautaire qui est,
01:12:42je dis bien, en gestation.
01:12:44– Mais pardon, Michel m'a fait zoli,
01:12:46parce que ce n'est pas à vous que j'apprendrai
01:12:48et que je dirai que les mots ont leur importance.
01:12:50Mais vous avez aussi
01:12:52le côté, justement, le meilleur et le pire
01:12:54de la communautarisation sur des critères
01:12:56intégristes, religieux et autres.
01:12:58– Bien sûr, j'ai bien dit, le meilleur et le pire.
01:13:00– Le meilleur et le pire, absolument.
01:13:02– Ce n'est pas parce qu'il y a du pire que je reconnais,
01:13:04ce n'est pas la peine.
01:13:06Les tribus actuellement sont là pour le pro,
01:13:08et je ne les nommerai pas, vous le savez.
01:13:10Mais ce n'est pas parce qu'il y a cela que je ne vois pas
01:13:12qu'il y a aussi cette espèce de construction
01:13:14d'une autre manière d'être ensemble.
01:13:16Vous voyez, j'ai employé le mot tribu,
01:13:18ça m'a été reproché parce que
01:13:20j'ai rapté ce mot, c'est une métaphore,
01:13:22je l'ai rapté aux ethnologues.
01:13:24Les ethnologues disaient justement que dans les tribus africaines,
01:13:26c'était pour lutter contre l'adversité
01:13:28animalière, végétale,
01:13:30d'autres groupes, etc.
01:13:32Pour moi, dans les jungles de pierre,
01:13:34actuellement, internet aidant,
01:13:36la tribu a la même fonction,
01:13:38solidarité, partage,
01:13:40entraide. Alors j'ai bien dit,
01:13:42tribus sexuelles, musicales, religieuses,
01:13:44sportives, tutti quanti, etc.
01:13:46Et donc du coup,
01:13:48c'est une nouvelle manière d'être ensemble
01:13:50qui est là. C'est ça que j'appelle maintenant
01:13:52l'idéal communautaire en gestation.
01:13:54C'est très intéressant parce qu'un
01:13:56grand théoricien des médias, disparu maintenant,
01:13:58Marshall McLuhan, vous savez, le Canadien,
01:14:00disait que dans le village global,
01:14:02c'est à Thompson le retour des tribus.
01:14:04C'est très bon ça, je ne savais pas.
01:14:06C'est très intéressant, il faut lire.
01:14:08C'est War and Peace in the Global Village.
01:14:10Guerre et paix dans le village global.
01:14:12Et il dit exactement...
01:14:14Pour moi, ces jungles de pierre,
01:14:16encore une fois, réseaux sociaux aidants,
01:14:18blogs, forums de discussion et tout à l'avenant.
01:14:20Je rappelle, moi, souvent dans
01:14:22mes conférences que quand on regarde
01:14:24internet, on voit qu'il y a la reprise
01:14:26de ces mots archaïques que je viens
01:14:28de dire. Arché, en grec, ça veut dire
01:14:30fondamental. Partage,
01:14:32échange, solidarité.
01:14:34Et on le voit, ça se développe, cela.
01:14:36Et du coup, on n'est plus dans une dimension
01:14:38quantitative, le matérialisme
01:14:40historique, l'économicisme,
01:14:42le pouvoir d'achat, etc.
01:14:44Mais au contraire, ces
01:14:46processus que je viens d'indiquer, c'est ça, l'idéal communautaire.
01:14:48Vous voyez, comment, d'une certaine manière,
01:14:50par la base, encore une fois,
01:14:52la vie quotidienne, d'une certaine manière,
01:14:54il y a cette autre manière de
01:14:56créer une solidarité organique.
01:14:58C'est intéressant. En fait, c'est la base
01:15:00qui remet un bonnet rouge au dictionnaire.
01:15:02Quelque part.
01:15:04On va continuer à parler avec Michel Maffesoli.
01:15:06C'est passionnant.
01:15:08Et de son livre, eh bien,
01:15:10Apologie, paru aux éditions sur SERP.
01:15:12On se retrouve. Et si vous avez
01:15:14envie d'intervenir,
01:15:16mode.
01:15:18Allez, 0 826 300 300 par téléphone.
01:15:20Sud Radio,
01:15:22votre attention est notre plus belle récompense.
01:15:24Vous êtes vraiment une radio exceptionnelle.
01:15:26Merci à vous de donner la parole
01:15:28aux auditeurs, puisqu'on en a vraiment,
01:15:30vraiment, vraiment besoin.
01:15:32Sud Radio, parlons vrai.
01:15:34Sud Radio,
01:15:36Bercoff, dans tous ses états, midi 14h.
01:15:38André Bercoff.
01:15:40Et toujours avec Michel Maffesoli,
01:15:42mais je crois, Maud, qu'il y a un autre Michel qui nous appelle.
01:15:44Oui, un autre Michel qui vient de
01:15:46Bretagne, lui. Bonjour Michel.
01:15:48Oui, bonjour André.
01:15:50Et bonjour au professeur Michel Maffesoli
01:15:52et aux abonnés de Sud Radio.
01:15:54Alors, très rapidement,
01:15:56revenir sur une notion
01:15:58dont Michel Maffesoli a parlé
01:16:00tout à l'heure, à savoir le chemin de
01:16:02traverse. Vous me corrigez si je me trompe.
01:16:04Et ça me faisait penser
01:16:06au fameux pas de côté,
01:16:08celui de l'exploration.
01:16:10Et là, il y a deux solutions
01:16:12qui se profilent. Soit
01:16:14on revient dans l'axe, après l'expérience
01:16:16d'exploration, qui
01:16:18peut correspondre, en fin de compte, à revenir
01:16:20dans la doxa. Ou bien
01:16:22on peut continuer dans la voie
01:16:24le pas de côté, mais là,
01:16:26le risque, c'est de partir sur
01:16:28une voie, la voie de la dérive,
01:16:30qui est une fausse voie. Alors, voilà.
01:16:32Je voulais avoir cette question.
01:16:34Alors, voie de la dérive,
01:16:36voie de retrouver les chemins...
01:16:38Non, mais pas de côté me paraît très
01:16:40beau, et de toute façon,
01:16:42la vie est toujours dangereuse.
01:16:44La vie est un métier à risque.
01:16:46Voilà, donc d'une certaine manière, on peut s'égarer aussi.
01:16:48Non, moi j'ai pris ce mot
01:16:50parce que je l'ai emprunté, je vais vous le dire
01:16:52d'où vient ma source, d'un mot allemand
01:16:54de Heidegger, qui est Holzweg,
01:16:56qu'on a traduit en français, chemin qui ne mène
01:16:58nulle part, le livre.
01:17:00Alors que Holzweg, Heidegger
01:17:02qui était un marcheur, montre
01:17:04que ce sont ces chemins de montagne,
01:17:06s'il vous plaît, qui ne sont pas bien balisés.
01:17:08Mais que le montagnard renifle, si je
01:17:10puis dire. Il se trouve que j'ai une maison
01:17:12en haute montagne et que j'ai beaucoup marché, maintenant
01:17:14j'ai plus l'âge de le faire, mais j'ai beaucoup marché
01:17:16dans la forêt, et je
01:17:18reniflais, là encore, vous voyez,
01:17:20qu'est-ce qui fait que, sans prendre un chemin
01:17:22balisé, on arrive à voir où il faut aller,
01:17:24ne pas monter trop.
01:17:26Et de fait,
01:17:28on arrive à retrouver véritablement
01:17:30un vrai sens, vous voyez.
01:17:32Et puisqu'on parle de Grèce-Sac et des montagnes,
01:17:34vous m'avez, hors antenne,
01:17:36dit une jolie phrase, que vous
01:17:38disiez votre grand-mère.
01:17:40Oui, c'est une
01:17:42femme sage, d'une certaine manière, très
01:17:44populaire, et quand j'étais nommé
01:17:46à l'université, elle m'a
01:17:48dit, attention, il n'y a que les cornichons qu'on met
01:17:50dans des bocaux. C'est-à-dire, d'une certaine
01:17:52manière, ne t'enferme pas
01:17:54dans quelque chose qui est partout rigide.
01:17:56Et par après, bien
01:17:58après, Gilbert Durand, mon maître
01:18:00que j'ai cité deux ou trois fois,
01:18:02a, lui, développé cette idée
01:18:04de bocalisation.
01:18:06Ça veut dire quoi, exactement ?
01:18:08Très précisément, en rappelant que ce qu'est notre vocation,
01:18:10c'est l'université, l'universitas.
01:18:12L'universel. L'universel, c'est-à-dire
01:18:14quelque chose qui est transversal, on va dire.
01:18:16Un peu comme les chemins de traverse, d'ailleurs. C'est transversal.
01:18:18Alors que, il y a eu une
01:18:20tendance, qui est le cas actuellement, et je pense
01:18:22d'ailleurs que l'université est en train de crever de cela,
01:18:24à se disciplinariser
01:18:26dans les deux mots du terme,
01:18:28c'est-à-dire des disciplines où on se donne la discipline
01:18:30en quelque sorte. Alors, il faut être
01:18:32sociologue. Moi, on m'a reproché
01:18:34de faire de la philo au sein de la
01:18:36sociologie.
01:18:38On a fonctionné sous des cloisons.
01:18:40C'est ça, le bocal.
01:18:42De fait, Durand, qui était
01:18:44agrégé de philo, avait
01:18:46une chaire d'anthropologie et de sociologie.
01:18:48C'est-à-dire en montrant comment, dans les domaines
01:18:50qui sont les nôtres, il y a
01:18:52cette interaction, dans le sens simple du
01:18:54terme. Mais qui est importante,
01:18:56qui est plutôt
01:18:58bienvenue, non ?
01:19:00Pour moi, c'est très important. Et figurez-vous que c'est
01:19:02en train d'être oublié. C'est peut-être là
01:19:04une des décadences de l'université. Par contre,
01:19:06les jeunes générations, il se trouve
01:19:08que régulièrement, je reçois pas
01:19:10mal de ces jeunes qui viennent boire et parler
01:19:12avec moi. Et qui retrouvent
01:19:14eux, cette bi-machin-chose,
01:19:16c'est-à-dire licence
01:19:18de philo et de linguistique,
01:19:20de la sociologie,
01:19:22de la psychologie, voilà, exactement.
01:19:24Quelque chose qui rejoue
01:19:26la vieille idée de l'universitas. Voilà, donc c'est ça.
01:19:28Moi, je considère, j'ai lutté contre
01:19:30la bocalisation. Dans mes livres,
01:19:32je peux citer Saint-Thomas d'Aquin,
01:19:34je peux citer
01:19:36Hölderlin, je peux citer
01:19:38un philosophe
01:19:40ou un anthropologue, dès le moment où
01:19:42je considère que cela peut enrichir
01:19:44le débat, la question.
01:19:46Il me paraît nécessaire
01:19:48de dépasser cet enfermement, pour dire
01:19:50vrai. Et prendre son
01:19:52bien où il le trouve.
01:19:54En gros, picorer. Dans le fond,
01:19:56ce qu'est cette vie quotidienne,
01:19:58on en a parlé, c'est tous ces éléments
01:20:00qui sont constitutifs. Moi, je disais
01:20:02à mes étudiants, les livres et les bistrots.
01:20:04Oui, absolument, c'est vrai.
01:20:06Oui, bien sûr, les livres,
01:20:08et puis en même temps, aller écouter la discussion du café
01:20:10et du commerce. C'est ce que je dis à mes amis
01:20:12auditeurs, lisez, lisez, mais
01:20:14de temps en temps, le café, le bistrot,
01:20:16le restaurant, la rencontre,
01:20:18c'est très important. Et moi, j'ai rappelé toujours
01:20:20à mes étudiants, la phrase était ça, les livres et les bistrots.
01:20:22Aller
01:20:24renifler, d'une certaine manière, écouter,
01:20:26entendre, participer, parler, tout
01:20:28à l'avenant. Et c'est comme cela que l'on s'enrichit.
01:20:30J'ai cité mon village,
01:20:32mon petit village slébénol.
01:20:34Là aussi, le café du commerce
01:20:36du coin, il est intéressant.
01:20:38Et le jeudi matin, j'y vais prendre mon café
01:20:40ou autre, peu importe, ou un verre de vin blanc.
01:20:42Mais disons, à partir de là,
01:20:44il y a une écoute qui se fait. Voilà ce que je veux dire.
01:20:46C'est ça, un peu. Non pas un enfermement.
01:20:48Une écoute, une réponse, etc.
01:20:50C'est à partir de là,
01:20:52peut-être, voyez-vous,
01:20:54qu'on arrive à la vraie pensée.
01:20:56La vraie pensée, c'est Aristote qui l'a proposée
01:20:58en disant, contre l'opinion,
01:21:00la doxa, c'est savoir poser
01:21:02des questions. En grec, c'était
01:21:04kalos apoyerestai, poser
01:21:06bellement des problèmes.
01:21:08C'est exactement le slogan
01:21:10de notre émission. Je dis toujours
01:21:12je me méfie de ceux qui ont réponse à tout.
01:21:14Et en revanche, avoir
01:21:16question à tout, c'est quand même une bonne chose.
01:21:18Exactement. C'est cette idée. Voyez, le mot
01:21:20en grec, c'est apoyerestai, c'est l'aporie.
01:21:22L'aporie, c'est quand il n'y a pas la solution.
01:21:24Et en grec,
01:21:26aporegne, ça veut dire ça,
01:21:28pas de solution. Et aporie, c'est en plus
01:21:30trivialement un col de haute montagne
01:21:32qui est difficile à passer,
01:21:34entre deux vallées.
01:21:36Et bien voilà, moi je dis, il faut savoir poser
01:21:38des questions alors que l'intelligentsia contemporaine
01:21:40a déjà la réponse.
01:21:42Il est en train de crever dessus.
01:21:44Et ils disent, j'ai les réponses, où sont
01:21:46vos questions ? C'est justement
01:21:48là. Je dirais que vraiment,
01:21:50j'espère que vous avez
01:21:52passé un bon temps, comme on l'a passé nous
01:21:54avec Michel Mlafézoli, mais surtout
01:21:56très bonne lecture en lisant son livre
01:21:58et ses livres d'ailleurs.
01:22:00Parce qu'au fond, vous avez une conception,
01:22:02je ne sais pas si elle est post-moderne,
01:22:04mais elle est jouissive.
01:22:06C'est important, non ?
01:22:08Mais je pense qu'il y a une liaison. C'est-à-dire que la post-modernité,
01:22:10c'est la raison sensible, j'ai dit.
01:22:12C'est-à-dire, d'une certaine manière,
01:22:14ne pas perdre cette capacité que nous avons
01:22:16de raisonner, et en même temps,
01:22:18savoir que cela se fait au travers du plaisir d'être.
01:22:20Permettez-moi de citer la phrase de
01:22:22Saint Thomas.
01:22:24Il n'y a rien dans l'intellect
01:22:28qui n'est d'abord été dans l'essence.
01:22:30Et j'essaie de rendre attentif
01:22:32à cette conjonction.
01:22:34Et c'est pour ça, Michel Mlafézoli,
01:22:36que je pourrais vous dire, vous êtes
01:22:38Saint Thomas Taquin.
01:22:40J'accepte l'idée.

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