À l'aune des visites du Roi et du Pape prévues à 24 heures d'intervalle en France, Amandine Bégot reçoit le chef du Service de la protection (SDLP), chargé notamment de garantir la sécurité des personnalités.
Regardez L'invité de RTL du 20 septembre 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin
00:11 Luc Presson patron du SDLP, le service de la protection.
00:14 Le SDLP ce sont ces hommes en noir équipés d'oreillettes qu'on a l'habitude de voir autour des personnalités qu'on surnomme parfois les gorilles de la
00:21 république. Je simplifie Luc Presson mais au moins les auditeurs visualisent bien tout ça. Entre la visite de Charles III donc aujourd'hui,
00:28 demain et après demain et celle du pape vendredi et samedi vous allez être en première ligne tous ces prochains jours.
00:33 J'imagine que ce sont des moments extrêmement stressants, vous n'avez pas le droit à l'erreur.
00:36 C'est sûr qu'on n'a pas le droit à l'erreur bien évidemment.
00:39 Stressant oui mais lorsqu'on est bien préparé on arrive à éliminer une grande partie du stress.
00:46 Notre objectif c'est véritablement d'arriver à protéger notre personnalité sans pour autant
00:54 gêner les déplacements, le protocole et rester extrêmement discret. Donc
00:59 effectivement
01:02 un roi comme le roi Charles d'Angleterre et le pape François
01:06 sur la même semaine et d'ailleurs le même jour sur le territoire national,
01:10 ça n'est jamais arrivé et ça multiplie évidemment les équipes et les dispositifs.
01:16 Il faut savoir également que le SDLP n'est qu'une petite partie des dispositifs.
01:21 Nous on s'occupe véritablement de la personnalité
01:24 à proximité de la personnalité, on est très proche. D'ailleurs sur chacun de ces événements on a ce qu'on appelle le siège.
01:30 C'est à dire qu'on est assis dans le véhicule de la personnalité sur la place avant droite,
01:34 ce qui nous permet d'avoir une proximité immédiate et de pouvoir intervenir.
01:37 Donc vous allez être dans le véhicule du roi ? On aura un effectif qui sera dans le véhicule du roi,
01:42 un effectif également dans le véhicule de la reine et dans celui du pape.
01:46 Et vous même, vous le chef, vous serez sur le terrain ? On pourrait croire que vous...
01:50 Non, non, je suis dans le cortège, je suis dans le cortège,
01:53 à chaque déplacement de façon à pouvoir éventuellement intervenir au besoin et puis
01:58 pour pouvoir suivre parce que
02:01 tout est toujours possible sur un événement.
02:03 Mais alors intervenir, ça veut dire qu'il y a forcément un danger, qu'il se passe quelque chose,
02:08 ou vous pouvez intervenir et on ne s'en rend même pas compte nous, spectateurs ?
02:12 On peut faire un changement de parcours sans que personne ne s'en rende compte,
02:15 simplement parce qu'il y a une obstruction particulière, une problématique,
02:18 et ça, personne ne s'en rend compte.
02:19 Mais tout ça, c'est préparé avec anticipation par mes effectifs et les effectifs locaux
02:23 parce qu'évidemment, on travaille énormément avec les effectifs qui sont présents sur le terrain,
02:30 la préfecture de Pauly, la préfecture de Bordeaux, la préfecture de Marseille,
02:33 pour préparer nos itinéraires, nos déplacements.
02:36 Pour le roi, j'imagine que vous avez aussi travaillé avec les services britanniques ?
02:40 Absolument.
02:40 Ils seront là ? Ou ce sont les services français qui pilotent ?
02:44 Alors, ce sont les services français qui assurent la protection directe de la personnalité,
02:48 mais évidemment, en accord et conjointement avec les services des pays étrangers.
02:53 C'est comme ça pour tous les déplacements, pas plus pour le roi ou pour le pape.
02:57 Ils ont leur service lors de la préparation, puisqu'on a beaucoup d'anticipation.
03:02 C'est un peu notre mission de bien préparer les choses pour qu'on soit dans l'excellence.
03:06 Notre objectif, c'est vraiment que les déplacements se passent le mieux possible.
03:10 On a une négociation avec eux et on travaille avec eux pour savoir qui prend quelle place.
03:16 Et nous, bien évidemment, nous sommes au plus près de la personnalité.
03:19 Parmi les temps forts du jour, il y aura la descente des Champs-Elysées.
03:21 C'est difficile ça à sécuriser ou pas ?
03:24 Les Champs-Elysées, c'est un lieu bien connu. On sait faire.
03:28 La préfecture de Pauly se mettra les dispositifs habituels.
03:32 Et puis, c'est le GSPR qui prend la main à ce moment-là,
03:35 puisque nous ferons la dépose du roi sur l'Arc de Triomphe.
03:39 Et à partir du moment où le président de la République sera présent...
03:43 Je vous laisse boire un peu.
03:45 En fait, ce sont les services de sécurité et de protection du président de la République
03:48 qui prennent le relais.
03:49 Parce que vous, on le répète, vous occupez des personnalités.
03:53 Ça peut être des personnalités anonymes aussi qui sont menacées.
03:56 Je pense notamment à des juges, des magistrats qui ont été menacés par le passé.
04:00 Ça peut être des ministres.
04:02 Et puis, les personnalités étrangères qui viennent sur notre territoire.
04:06 Est-ce qu'il y a des bandes foules de prévues ?
04:08 J'imagine que ça, c'est un peu le cauchemar pour vous, non ?
04:09 C'est toujours problématique, les bandes foules.
04:13 Là, il est prévu qu'il y ait au moins un bande foule.
04:17 Pour l'instant, on n'a pas plus d'informations.
04:20 Il est toujours probable, enfin possible en tout cas,
04:22 qu'une personnalité sorte un peu du dispositif pour aller saluer certaines personnes.
04:26 Mais on est toujours très présent autour de la personnalité.
04:33 Et on est soutenu par des équipes d'unités de soutien du service
04:37 qui s'appelle la CRS1, qui est une unité qui travaille de façon conjointe avec nous
04:42 et qui assure la protection périmétrique.
04:45 Donc, la personnalité n'est jamais toute seule et n'est jamais en danger.
04:49 On fait en sorte que tout se passe correctement.
04:51 Le bain de foule, il est prévu à Paris ou vous ne pouvez pas nous le dire ?
04:53 Je ne vous le dirai pas.
04:54 Et alors, pour qu'on visualise bien, on a la personnalité
04:58 et on a 3-4 personnes de votre service tout près ?
05:01 Ça dépend de la configuration, c'est difficile à dire.
05:03 Mais on a de façon permanente des personnels du SDLP autour de la personnalité
05:09 pour la protéger et éventuellement l'extraire.
05:11 Mais bon, ça ne se produit pas.
05:13 Ces personnalités, elles ont un nom de code entre vous ?
05:15 On sait que pour Emmanuel Macron, c'est Vega.
05:18 Pour le Roi, c'est quoi ? Vous ne pouvez pas nous le dire non plus ?
05:20 Non, parce qu'il n'en a pas.
05:22 Il n'en a pas ?
05:22 Il n'a pas d'appellation particulière.
05:24 Pour nous, c'est le VIP, en fait.
05:26 Donc, ils n'ont pas d'appellation particulière.
05:29 Il n'y a que les autorités françaises qui ont des appellations
05:34 de façon à ce qu'on puisse les suivre et surtout qu'on puisse communiquer
05:37 avec les autres services de police qui ont en charge le dispositif.
05:41 Il y aura, vous le disiez, certaines personnes de votre service
05:44 dans la voiture de Charles III, dans la voiture de la Reine également.
05:48 Ce sera le cas aussi dans la PAPA mobile, lors de la visite du Pape ?
05:51 Absolument. On sera au plus près de la personnalité à chaque fois.
05:54 C'est notre mission.
05:57 Nos officiers de sécurité sont formés, préparés pour ça.
06:00 On a d'ailleurs une unité un petit peu particulière qui est un groupe
06:03 d'appui et de protection qui est en charge justement
06:08 d'être au plus près de ces personnalités extrêmement sensibles
06:11 qui sont formées, préparées, équipées pour ça.
06:14 Donc, on a véritablement l'objectif d'être toujours au plus près de la personnalité.
06:19 L'ESDLP, cette année, c'est 10 ans.
06:22 Est-ce qu'il y a une mission qui vous a marquée plus que les autres ?
06:25 Est-ce que vous êtes déjà fait peur par exemple ?
06:28 Fait peur ? Non, parce que notre objectif, c'est la préparation,
06:32 l'anticipation avec des personnels qui ont une expérience considérable
06:36 parce que c'est vraiment un métier où il faut avoir beaucoup d'expérience.
06:40 Évidemment, on fait du recrutement, on fait de la formation,
06:43 on continue en formation continue, mais également l'expérience.
06:46 Et qu'est-ce qu'on fait d'ailleurs pour être membre chez vous ?
06:50 Il faut avoir été policier.
06:51 Il faut être policier.
06:52 On ouvre un certain nombre de postes.
06:54 Les gens candidatent.
06:56 On fait des sélections très particulières, à la fois sur le physique, à la fois sur le mental.
07:01 Et une fois qu'on les a recrutés, ils deviennent ou officiers de sécurité
07:05 ou conducteurs de sécurité et ils peuvent prendre des missions.
07:08 Et pendant toute leur carrière chez nous, ils acquirent des compétences supplémentaires
07:12 pour pouvoir prendre des personnalités de plus en plus sensibles, de plus en plus difficiles.
07:16 Je disais, vos équipes sont équipées.
07:18 On les voit d'oreillettes.
07:19 Il y a ceux qui ont une mallette, d'autres un parapluie.
07:22 Alors j'imagine qu'il y a beaucoup de fantasmes autour de ça.
07:24 Mais c'est un peu des James Bond ou j'y vais trop loin ?
07:27 James Bond, je ne sais pas.
07:28 Mais en tout cas, ils sont toujours dans une tenue de discrétion absolue
07:32 parce que notre objectif, c'est d'être transparent et de ne pas gêner les personnalités.
07:36 Mais on s'adapte complètement.
07:37 C'est-à-dire qu'on a dans le cadre de nos occupations habituelles,
07:42 c'est-à-dire les protections des personnalités françaises que l'on a tous les jours.
07:47 On s'adapte à la mission.
07:48 Si la personnalité va faire un jogging, on peut être en jogging.
07:51 On s'adapte véritablement.
07:53 Il n'y a pas de contraintes particulières.
07:56 Il faut toujours se fondre et être le plus discret possible.
07:59 Je crois que vous avez une anecdote sur la visite du président Zelensky.
08:02 Je vous parlais d'anticipation parce que justement,
08:06 c'est un peu comme cela qu'on travaille le mieux.
08:10 Il faut savoir qu'une préparation comme celle du roi,
08:13 on la prépare depuis des semaines.
08:15 Les visites de reconnaissance, on les fait régulièrement.
08:18 Donc c'est vraiment un travail d'anticipation, de préparation
08:21 puisque ce qu'on veut un niveau d'excellence,
08:23 il faut vraiment voir toutes les hypothèques possibles.
08:26 Et pour le cas du président Zelensky, lorsqu'il est venu,
08:29 on a appris qu'il arrivait deux heures avant.
08:30 Puisque ça a été un secret absolu, d'ailleurs qui peut se comprendre.
08:35 Mais on a aussi une très grande réactivité.
08:37 Donc il a fallu en deux heures préparer ce que vous auriez fait en plusieurs semaines.
08:40 Absolument.
08:41 On a mis des équipes sur place.
08:43 On a fait venir les véhicules blindés.
08:44 On a fait venir tout ce qu'il fallait pour pouvoir déplacer la personnalité
08:49 sur les différents sites.
08:50 Mais ça, on sait faire aussi.
08:51 On a une capacité de réactivité très grande.
08:55 Tout peut arriver. Donc il faut qu'on soit toujours réactif.
08:57 Merci beaucoup Luc Presson.
08:58 Et on souhaite bon courage à toutes vos équipes
09:01 qui seront sur le terrain dès tout à l'heure.
09:03 puisqu'un roi et un pape au même temps...
09:05 [SILENCE]