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Pour la première fois, le Pape se rend en Corse. Le Cardinal d'Ajaccio, qui a organisé cette visite, est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 13 décembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:03Avec Amandine Bégaud et Thomas Sotto
00:05Il est 8h17, l'interview d'Amandine Bégaud, ce sera l'événement d'actualité du week-end,
00:09la venue du Pape en Corse dimanche.
00:11François qui aura donc préféré l'île de beauté à la beauté de Notre-Dame,
00:15il sera l'homme clé de cette visite.
00:17On dit même qu'il est le chouchou du Pape, voire qu'il pourrait lui succéder un jour.
00:20Amandine, vous recevez ce matin le cardinal François Boustilloux.
00:24Bonjour Éminence.
00:25Bonjour.
00:26Et merci beaucoup de nous accorder quelques minutes ce matin sur RTL,
00:29à 48h maintenant donc de l'arrivée du Pape François en Corse.
00:33Est-ce que tout est prêt ?
00:34Tout est prêt.
00:35Voilà, depuis quelques semaines nous travaillons pour accueillir le Pape.
00:39L'événement est unique, historique,
00:42donc on s'est donné des moyens exceptionnels pour l'accueillir.
00:45Les Corses sont très heureux, très contents, très excités à l'idée de l'accueillir.
00:49Donc tout est prêt.
00:50Il y a de la vie, il y a de la vitalité, il y a de l'enthousiasme.
00:54Beaucoup d'enthousiasme.
00:55Etienne Baudu, qui est d'ailleurs à vos côtés ce matin,
00:58a pu le constater hier dans les rues d'Ajaccio.
01:00Je voulais vous faire entendre ses quelques témoignages.
01:02Écoutez.
01:03Que le Pape nous ait choisis, c'est extraordinaire.
01:05Pour une catholique profonde, c'est un des plus grands cadeaux de ma vie.
01:08J'ai envie d'en pleurer.
01:09D'ailleurs, j'ai pleuré quand on m'a dit que j'allais assister à la messe.
01:12J'ai pleuré.
01:13On a eu Napoléon, on a eu Ténor aussi, et on a l'honneur d'avoir le Pape.
01:16Comme Léon.
01:17Cardinal Boustillot, on sent une immense fierté de la part des Corses.
01:21Comment vous l'expliquez ?
01:22Nous vivons des temps difficiles et compliqués.
01:24Vous voyez, on a eu une année complexe d'un point de vue social, d'un point de vue politique en France.
01:29Et on arrive à la fin de l'année.
01:31On a eu la joie d'avoir l'inauguration de Notre-Dame, qui a été réparée.
01:35Et on a le Pape en Corse.
01:37Et je vois que la population ici en Corse, comme vous l'avez vu, vous l'avez entendu,
01:41ils sont très fiers, très heureux.
01:43Je crois qu'on a besoin dans la vie, surtout à la fin de l'année,
01:46de moments d'enthousiasme, de joie, d'espérance.
01:48On nous dit ce qui ne va pas, ce qui est sombre, ce qui est compliqué, difficile.
01:52Et quelque part on nous dit, écoutez, le Pape vient, il va rassembler, on va être unis,
01:57on va vivre dans la joie, dans l'espérance.
01:59Cela fait du bien.
02:00On n'est pas naïf, on n'est pas dans un conte genre Alice Payot des merveilles.
02:04Mais on a besoin de temps et de moments où il y a des bonnes nouvelles.
02:07Et vous, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
02:09Est-ce que vous êtes un peu stressé malgré tout quand même ?
02:11Alors stressé, ce n'est pas le terme.
02:13Il y a la fatigue de quelques semaines de travail, c'est normal.
02:16Mais on a signé pour donner la vie.
02:18On donne le temps, on donne l'énergie, on donne tout.
02:21Et en espérant que tout se passera bien et que nous vivrons un moment historique de mémoire
02:26et que ce moment, ce jour, reste à la mémoire de Corse.
02:30Et lui, il est heureux de venir.
02:32J'imagine que vous avez échangé ces derniers jours avec lui.
02:34Je l'ai vu il y a une semaine, non même pas, il y a six jours.
02:38Donc on a parlé et il m'a dit une phrase très belle qui m'a beaucoup encouragé.
02:42Il m'a dit, je suis très content de venir chez toi.
02:45Donc c'est encourageant.
02:47Et s'il est content lui, il va apporter l'enthousiasme, la force qu'il a pour que nous puissions grandir.
02:53Est-ce que vous savez quel message il vient porter à Ajaccio ?
02:56Alors il vient pour un motif précis.
02:58Vous le savez, c'est pour la conclusion d'un colloque sur la piété populaire.
03:02Donc il va nous parler de la place du sacré dans la voie publique.
03:06Vous savez, en Corse, il y a beaucoup de traditions, processions, confréries, etc.
03:11On a besoin d'une parole autre, venant d'ailleurs, pour nous dire,
03:15voilà, continuez à vivre d'une manière simple, d'une manière libre,
03:20d'une manière aussi visible, la dimension du sacré.
03:23On n'est pas là pour imposer, indoctriner ou moraliser la vie des autres,
03:27mais on est là aussi pour vivre avec une certaine joie, une certaine visibilité extérieure, notre foi.
03:32Ça fait écho, Cardinal Busquillo, à tout le débat qu'il y a régulièrement en France autour de la laïcité ?
03:39Oui, parce que finalement, dans notre pays, il y a beaucoup de combats autour de la laïcité.
03:44La laïcité en elle-même, elle est juste et il faut qu'elle soit vécue.
03:48Or, il faut que la laïcité ne soit pas une laïcité idéologisée, mais une laïcité dynamique et libre.
03:54Il faut qu'elle s'adapte, il faut respecter toujours la laïcité.
03:57Mais ici en Corse, vous le savez sans doute, ou en tout cas il y a des auditeurs qui le savent,
04:01quand on se promène dans les villes et les villages de Corse, surtout pendant l'été,
04:05il y a les processions, les gens mangent une pizza au restaurant
04:08et à côté tu as une procession qui passe avec Saint-Jean-Baptiste ou avec la Vierge-Marie.
04:13Mais ça n'a rien à voir avec ce qu'on peut voir sur le continent ?
04:15Absolument pas. Il y a des originalités insulaires qui sont assez extraordinaires.
04:21Moi, la première année que je suis arrivé ici, j'étais surpris de voir justement des gens qui étaient au restaurant
04:25et les confrères qui chantent, la procession qui passe avec la Vierge-Marie.
04:31Cela fait partie de l'originalité de la Corse et on voit qu'il n'y a pas de divorce entre le côté religieux et le côté civil.
04:37Est-ce que c'est ça qui a convaincu le Pape ? C'est vous qui l'avez convaincu de venir ?
04:42Moi, je pense que le Pape est sensible à tout ce qui est populaire, donc simple,
04:46parce que finalement en Occident, dans le milieu religieux, on s'est souvent adressé à la tête.
04:51On est très trop peut-être dans le concept, le côté intellectuel, le cerveau.
04:56Le Pape nous dit, n'oubliez pas, n'oubliez pas le cœur, n'oubliez pas le corps.
05:01Et quand on est en Corse, on marche, donc ce sont les pieds qui sont en mouvement.
05:05On voit l'image, on chante, donc on développe tous les sens pour que tout l'être, et pas seulement la tête,
05:11puisse participer avec enthousiasme à la vie sacrée et à la vie religieuse.
05:17Donc le Pape a été sensible, évidemment, à ce mouvement des Corses qui sortent dans la rue,
05:21qui chantent dans la rue, qui marchent dans la rue et qui sont heureux.
05:24Bon, mais il vient aussi pour vous, beaucoup disent que vous êtes son chouchou.
05:28On parle même, j'ai lu ça, de boustillomania, ça vous agace ça ?
05:32Non, non, je trouve ça rigolo parce qu'en fait, on ne se voit pas tous les jours.
05:36On se téléphone de temps en temps, on se voit de temps en temps, mais on a une certaine affinité, évidemment.
05:44Je suis cardinal, donc je veux le soutenir.
05:47Et on a une vision de l'Église, de la société qui est très proche.
05:50J'ai ma manière de faire, ma manière de vivre.
05:52Les Corses le voient et le savent.
05:54Ils me voient en action, donc il y a une forme, je dirais, de simplicité.
05:57Et pour moi, l'autorité, l'autorité de l'évêque, doit se passer dans la proximité.
06:02S'il n'y a pas de proximité, il n'y a pas d'autorité.
06:05Et l'autorité, c'est justement, vous connaissez la terminologie, augérer, augmenter.
06:09C'est à nous d'augmenter les capacités des personnes pour qu'elles donnent le meilleur d'elles-mêmes.
06:14Et ça, c'est passionnant.
06:16Emmanuel Macron doit s'entretenir avec le Pape François dimanche en fin de journée.
06:19Le Président, en revanche, n'assistera ni à la visite, ni à la messe.
06:22La rencontre, elle est prévue à l'aéroport, je crois, juste avant que le Pape ne reparte.
06:27Est-ce que vous ne nous regrettez pas un peu ça ?
06:29Est-ce que ce n'est pas un peu service minimum ?
06:31Sans vouloir faire de polémiques.
06:33Je vois que l'agenda du Président de la République, vous le voyez, c'est voici.
06:38Et ce matin, elle est assez chargée.
06:41La situation politique n'est pas évidente, n'est pas simple.
06:45Après, le Président de la République, comme le Pape, sont des hommes très libres.
06:50Donc, ils font leur choix en fonction de ce qu'ils vivent,
06:52en fonction des urgences, de ce qui est important pour la nation.
06:56Pour moi, ce qui est important, c'est que ces deux hommes, le Pape et le Président de la République,
07:01puissent se rencontrer, parler, échanger.
07:04Ils ont besoin d'avoir une vision bilatérale de la Méditerranée, de la France.
07:09Ce n'est pas une rancœur, après l'absence à Notre-Dame, pour être...
07:13Je ne pense pas, parce qu'on avait parlé.
07:16J'ai vu dans les médias qu'il y avait une forme de polémique,
07:20ou des tensions, ou des combats entre le Président et le Pape.
07:23Moi, je n'ai pas senti du tout, ni du côté du Pape, ni du côté du Président de la République.
07:27Nous avons des personnes responsables, et ils n'agissaient pas en fonction des émotions.
07:32Si vous deviez donner un mot, justement, pour définir leur relation,
07:35la relation entre le Pape et le Président de la République ?
07:38Reconnaissance et liberté.
07:39Tous les deux, ils m'ont parlé beaucoup de reconnaissance et beaucoup de liberté.
07:42Je trouve qu'il est intéressant que, dans la vie politique et dans la vie sociale,
07:46il y ait des autorités civiles et religieuses qui ne sont pas dans la concurrence,
07:51ou dans la méfiance, ou dans le mépris, comme on le voit souvent, hélas,
07:55mais ils sont dans une dynamique de confiance, de respect mutuel, et de liberté.
08:01Un tout dernier mot. Dans le message du Pape qui a été lu dimanche à Notre-Dame,
08:04on a clairement compris qu'il était plutôt contre l'idée de faire payer l'entrée à Notre-Dame.
08:09Je ne sais pas si vous avez vu, mais cette semaine, la ministre de la Culture, Rachida Dati,
08:12a fait savoir qu'elle y était malgré tout toujours favorable.
08:15Vous, à titre personnel, Cardinal Boustillau, qu'est-ce que vous en pensez ?
08:20Il y a plein d'églises dans le monde où on fait payer le droit d'entrée ?
08:23Oui, je crois qu'il est tout à fait légitime que chacun puisse avoir son opinion.
08:27Personnellement, pour moi, l'église n'est pas un musée.
08:30L'église est un lieu ouvert. L'église est un lieu pour tous.
08:34Donc, si on fait payer, il va y avoir une douane, et on va pénaliser certains fidèles.
08:40L'église doit être un lieu où on se retrouve... Vous savez, quand on regarde la société,
08:43il y a beaucoup de lieux de tension, de crispations.
08:46Quand on rentre dans une église, c'est un lieu sacré, calme, en principe, et pacifique.
08:52Je pense qu'on a besoin de retrouver le chemin vers l'église pour retrouver le calme, la paix.
08:57Si on fait payer, on va pénaliser certains fidèles.
09:00Je pense que l'église est toujours un lieu d'égalité et de facilité pour le contact avec Dieu
09:05et pour le contact avec soi-même.
09:07Merci beaucoup, Cardinal Bustillo, de nous avoir accordé ces quelques minutes.
09:11On vous laisse aller préparer encore tout ça.
09:15Et puis, on fait un petit coucou à tous les Corses qui sont très fiers, et ils ont bien raison.

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