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Au surlendemain du premier tour des élections législatives anticipées et de la percée historique du Rassemblement national, écoutez l'interview du président de la région Hauts-de-France.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 02 juillet 2024.

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Transcription
00:00RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez à Montaigne-Bégault.
00:06Vous recevez ce matin le président Les Républicains de la région Haute-France, Xavier Bertrand.
00:10Les Hautes-France, Xavier Bertrand, on le rappelle ce sont 5 départements, 50 circonscriptions,
00:1418 candidats RN y ont été élus dès dimanche dernier au premier tour, 23 autres sont arrivés en tête.
00:22Potentiellement le RN pourrait donc avec 41 députés être majoritaire dimanche prochain dans votre région, 41 sur 50.
00:29Est-ce que ce n'est pas d'abord un peu votre échec à vous, vous président de région ?
00:35Quand j'ai été candidat aux élections régionales, j'ai non seulement battu le RN, Mme Le Pen,
00:40battu le RN à deux reprises et nous les avons fait reculer avec mes amis de 17%.
00:45Pourquoi ? Parce que je ne cherche pas à faire barrage au RN, je cherche à m'attaquer aux causes du vote pour le RN.
00:53De comprendre la colère qui s'exprime, mais surtout de trouver des solutions et d'avoir des résultats.
01:00Là sur ces élections, qu'est-ce qui a été sanctionné ?
01:02La politique de M. Macron depuis 7 ans et aussi la façon de faire de la politique.
01:07Le fait d'oublier les Français, de ne pas les prendre en compte, de ne pas se mettre à leur place.
01:11Vous savez, que veulent nos concitoyens ? Vivre en sécurité, vivre de leur travail
01:16et garder ces facteurs de cohésion que sont les services publics, la santé, les transports, le logement, l'école.
01:22Tiens, la culture aussi. La culture qui est foncièrement menacée par le RN.
01:28Sur tous ces sujets, ce n'est pas compliqué d'entendre le message des Français.
01:32Comme ce n'était pas compliqué d'entendre, au moment de la crise des Gilets jaunes, ce qui se passait.
01:36Ce n'était pas compliqué d'entendre encore, voilà, quelques mois,
01:39qu'avec le prix du carburant, l'envolée du prix du carburant, c'était une bonne affaire pour l'État
01:44et qu'il fallait rendre cet argent aux Français. Ils n'entendent rien.
01:47Et c'est la raison pour laquelle aujourd'hui les Français disent, il faut que ça change, on en a marre.
01:50Mais faire barrage, ce n'est pas une politique, ce n'est pas un programme politique et encore moins pour un Président de la République.
01:56Faire barrage, ça n'est pas un programme, pas un projet ?
01:59Ça veut dire que vous soutenez la position EDLR, pas de désistement, pas de consigne de vote ?
02:04Non, attendez, le sujet n'est pas là.
02:06Vous avez aujourd'hui une centaine de candidats, les Républicains et indépendants,
02:11qui sont des hommes et des femmes vraiment implantés,
02:13qui sont connaisseurs de leur territoire, qui connaissent les gens dans leur circonscription
02:17et c'est la raison pour laquelle, contrairement à ce qu'on nous disait, on n'est pas en voie d'effacement.
02:21Nous aurons, j'en suis convaincu, un groupe important.
02:24Combien d'après vous ? Une quarantaine ? Une quarantaine ?
02:27C'est les électeurs qui décideront.
02:29Ce sont les électeurs qui décideront, certainement beaucoup plus qu'une quarantaine.
02:32Et encore une fois, notre disparition n'est pas à l'ordre du jour.
02:35Mais plus il y aura de voix pour nos candidats, les Républicains,
02:38plus vous aurez de députés, les Républicains, plus nous pourrons, à l'Assemblée nationale,
02:43en lien avec le Sénat où nous sommes majoritaires, nous pourrons changer le cours de l'histoire.
02:47Il n'y a pas de fatalité à voir le Rassemblement national obtenir la majorité absolue dimanche prochain.
02:53Il n'y a aucune fatalité si on se bat.
02:55Je sais qu'il y a des millions de Français qui sont dans leur colère, je le sais.
02:59Mais il y en a aussi beaucoup plus qui ne veulent pas de voir l'extrême droite,
03:04pour la première fois de l'histoire de France, diriger notre pays.
03:07Et à cela, je leur dis qu'il y a une solution.
03:09Mais vous comprenez, et on va revenir sur la solution dans un instant,
03:12mais est-ce que vous comprenez que ça en fasse bondir certains, à gauche notamment,
03:15de voir cette consigne, pas de consigne chez les LR, pas de retrait, par exemple ?
03:19Je pense à une circonscription, celle de François Hollande.
03:22Pourquoi le candidat LR, qui est arrivé troisième, ne se retire pas ?
03:26Sa présence, elle risque de faire gagner l'ERN.
03:29Je ne le pense vraiment pas.
03:30Et d'ailleurs, si là-bas, le Rassemblement national ne voulait pas l'élection de François Hollande,
03:34c'est à lui de se retirer.
03:35Parce que le tandem qui est candidat, qui est arrivé juste derrière, à touche-touche,
03:40Francis Dubois, Pascal Costes, ce sont des gens qui sont 100% républicains,
03:44une droite indépendante, ce sont les seuls qui pourraient battre François Hollande.
03:47Et certainement pas le candidat du Rassemblement.
03:49Mais vous avez bénéficié, vous, de retrait, à une époque, en 2015, pour les régionales.
03:54Si le Parti Socialiste, à l'époque, ne s'était pas retiré, vous n'auriez pas battu Marine Le Pen.
03:58C'est vrai, c'est vrai, et d'ailleurs, je le dis sans discussion...
04:01Donc ça ne marche que dans un sens, pardon.
04:02Non, non, attendez.
04:03Là, je vais vous dire une chose.
04:05Pour moi, les choses sont claires.
04:06Dans les circonscriptions où il y a les républicains ou les indépendants, on vote pour eux.
04:10Voilà.
04:11C'est le cas, notamment, dans ma circonscription, la deuxième circonscription de l'Aisne, avec Julien Dive.
04:15Pour le reste, moi, je dis, je ne veux ni de LFI, ni de Rassemblement National.
04:20Et dans ces cas-là, moi, je ne vais pas donner des consignes de vote,
04:22mais, en tant que président de région, je vais vous dire comment je vais faire.
04:25Je soutiens, au deuxième tour, tous les candidats qui ne sont pas les extrêmes
04:31et qui peuvent empêcher les extrêmes de l'emporter.
04:34LFI comme Rassemblement National.
04:35Je ne me cache pas derrière mon petit doigt.
04:37François Hollande, ce n'est pas LFI.
04:38Je dis très clairement, je dis très clairement, que dans ces circonscriptions-là,
04:42je veux que l'on empêche le candidat des extrêmes.
04:44LFI comme le Rassemblement National.
04:47Et après, c'est les électeurs qui décident.
04:49Ce n'est plus l'heure des consignes de vote.
04:50C'est insupportable.
04:51Les gens vous disent, t'es qui toi pour me donner une consigne de vote ?
04:53Tu n'habites pas dans ma circonscription.
04:55Et puis, vous, les politiques, déjà, faites mieux vos preuves et on en reparlera.
04:58Mais en revanche, moi, voilà comment je soutiens.
05:00C'est ce que je vais aller faire tout à l'heure dans les Hauts-de-France.
05:03Aller soutenir des candidats qui sont les mieux placés.
05:06Et je pense que le mieux placé, à la fois sur le projet comme pour le reste,
05:09c'est un candidat, les Républicains.
05:10Alors, venons-en à ce qu'il peut se passer très concrètement dimanche.
05:13Majorité absolue ou pas pour le RN, d'après vous ?
05:16Il y a une majorité de Français en colère.
05:19Il n'y a pas une majorité de Français qui veulent le Rassemblement National au pouvoir.
05:22Alors, d'ici dimanche, il faut se battre.
05:24Battre jusqu'au bout.
05:24Parce que si on veut d'un gouvernement qui prenne en compte les priorités
05:28que je vous disais tout à l'heure, vivre en sécurité, de son travail,
05:31garder ces facteurs de cohésion entre nous.
05:32Si on refuse d'avoir un gouvernement Rassemblement National
05:36qui va commencer à trier les Français avec la binationalité.
05:38Où chacun sait bien qu'en fonction de votre couleur de peau,
05:41votre religion ou votre prénom, vous serez stigmatisé ou non.
05:44Si on ne veut pas d'un gouvernement qui soit dirigé par un jeune homme de 28 ans,
05:48de 28 ans, quelles que soient les qualités qu'il n'a pas l'expérience.
05:52Au moment où le pays est dans une crise sans précédent,
05:54les fractures, la dette, la guerre aux frontières de l'Europe.
05:57Dans ces conditions-là, on va voter dimanche prochain pour les candidats qui sont en colère.
06:02Xavier Bertrand, pourquoi ne pas accepter cette idée d'une grande coalition du centre des Républicains ?
06:08Quand Gabriel Attal hier propose une assemblée plurielle, c'est ça ?
06:11C'est en gros rassembler toutes les forces ?
06:13Non, la vraie question c'est pourquoi faire ?
06:16Il faut se hisser à la hauteur de la situation.
06:18Le Président de la République nous a mis dans une situation complètement impensable.
06:23C'est lui le seul responsable de ce qui s'est passé.
06:25Et aujourd'hui, si on ne comprend pas qu'il faut changer les choses, changer de politique...
06:29Mais ça veut dire quoi concrètement ?
06:30Ça veut dire notamment avoir un gouvernement provisoire,
06:33jusqu'à la prochaine élection présidentielle au maximum,
06:36qui va permettre de prendre à bras le corps les problèmes que j'ai évoqués tout à l'heure,
06:40et qui va être aussi capable de sortir de l'impasse et de proposer un espoir.
06:45Un gouvernement provisoire, c'est ce qu'on a connu après-guerre.
06:48Concrètement, ça ressemble à quoi ? C'est composé avec qui ? Il faut l'annoncer avant, après ?
06:52Ça se dépendra de la composition de l'Assemblée Nationale,
06:54et c'est la raison pour laquelle je me bats, pour qu'on ait un maximum de députés Les Républicains.
06:59Et ensuite, avec quelques priorités, des mesures urgentes, des mesures de redressement,
07:03des mesures pour le pouvoir d'achat, la santé notamment, secteur prioritaire s'il en est.
07:08Nous avons cette possibilité-là.
07:10Ça offre un débouché plus que de dire, allez, faites barrage.
07:13Encore une fois, ce qu'il faut, c'est proposer une voie et un espoir aux Français.
07:18Chacun, ensuite, sera face à ses responsabilités et à la situation du moment.
07:23Et on va voir si on est capable de sortir des politiques aéries,
07:26ou si on est capable de jouer la carte de l'intérêt général.
07:29Ce n'est pas faire comme avant.
07:30Et d'ailleurs, moi, ce que je souhaiterais,
07:32c'est que le Président de la République ne reste pas le silencieux de l'Elysée.
07:35Vous souhaitez qu'il prenne la parole ?
07:36C'est qu'avant dimanche prochain,
07:38ils nous disent quelles conséquences ils tirent du premier tour des élections législatives.
07:42C'est lui et personne d'autre qui nous a mis dans cette situation catastrophique.
07:46C'est lui qui a déclenché le tremblement de terre
07:49dont nous avons eu la première secousse avec le vote de dimanche dernier.
07:52Je n'ai pas envie que cette secousse appelle des répliques,
07:54et qu'on soit avec une faille dans notre pays, et une faille entre les Français.
07:58Je n'ai pas envie de cela.
07:59Alors il doit dire qu'il a non seulement compris le message,
08:02mais surtout qu'il ne mettra pas de bâton dans les roues
08:05un gouvernement provisoire de la France
08:07qui permettra au moins de redresser le pays
08:10et de sortir les Français dans l'espace.
08:12Il faut un sursaut républicain.
08:14Mais donc, il doit prendre la parole en disant
08:16« je suis prêt dès lundi à composer un gouvernement... »
08:20Non, ce n'est pas lui qui compose.
08:21C'est l'Assemblée Nationale, c'est le Parlement.
08:23Ce sont des élections législatives.
08:24Mais qu'est-ce qu'il doit dire ?
08:25Parce qu'il a pris la parole des dizaines de fois et...
08:28Oh, c'est par des bruits, des rondis et tout ça...
08:30Un jour sur deux avant le premier tour, il prenait la parole et il disait
08:33« ça changera, ça ne sera plus comme avant, j'ai compris ».
08:36Il faut qu'il parle solennellement, et qu'il dise très clairement
08:40qu'aujourd'hui, quand il nous a mis dans cette situation catastrophique,
08:42il n'empêchera pas les hommes et les femmes de bonne volonté
08:45de sortir le pays de l'impasse dans laquelle il nous a mis
08:49et dont il est le seul responsable.
08:50Et très sincèrement, Xavier Bertrand,
08:52vous pensez qu'il peut tenir comme ça jusqu'en 2027 ?
08:55Ça va dépendre beaucoup de lui.
08:56S'il ne comprend pas que les Français veulent lui retirer son pouvoir,
08:59s'il ne comprend pas enfin la leçon de 2002,
09:02les Français ont voté pour lui à la présidentielle,
09:04ils ne lui ont pas donné de majorité à l'Assemblée Nationale.
09:07Il a fait comme si de rien n'était.
09:09Il a gouverné avec des 49-3.
09:11Ça ne peut pas durer.
09:12Et ça, il doit le comprendre.
09:13Enfin.
09:14Sinon, il faudra qu'il démissionne ?
09:15Non. Moi, je suis respectueux des institutions.
09:17Il a été élu pour cinq ans.
09:19Et vous êtes déjà, regardez aujourd'hui,
09:21dans une crise politique sans précédent.
09:23Il faut remonter à quoi ? 68-61 pour voir
09:26une situation aussi tragique.
09:28Il y a des Français en colère.
09:29Il y en a beaucoup qui ont peur.
09:30À tous ceux-là, je leur dis,
09:32allez voter.
09:32Faites comme vous voulez.
09:33Vous choisirez qui vous voulez en dehors des extrêmes.
09:35Allez voter dimanche prochain.
09:37Les jeux ne sont pas faits.
09:38Le Rassemblement National,
09:40il n'est pas écrit qu'il dirigera
09:41le gouvernement de la France dimanche prochain.
09:43Et il y a une autre possibilité,
09:45ce gouvernement provisoire.
09:46Et au Président, on l'a bien compris,
09:48vous dites ce matin,
09:48sortez du silence, prenez la parole.
09:51Merci beaucoup.

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