Nouvelle-Calédonie, dernière ligne droite avant les élections européennes : Gérard Larcher, président du Sénat, est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 23 mai 2024
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 23 mai 2024
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 *RTL matin*
00:02 *Musique*
00:04 RTL 7h43, Amandine Bigot vous recevez donc ce matin, le président du Sénat Gérard Larcher.
00:08 Gérard Larcher, il est actuellement 16h43 à Nouméa, cela fait un peu plus de 8h maintenant qu'Emmanuel Macron est arrivé sur place.
00:15 Pour l'instant, pas d'annonce réelle, en tout cas rien sur cette fameuse réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres.
00:20 Est-ce que sa seule présence peut suffire ?
00:22 Je ne sais pas si sa seule présence peut suffire, en tous les cas, aujourd'hui la priorité c'est le retour à l'ordre.
00:29 Et à la paix civile.
00:31 La seconde des priorités c'est la reprise du dialogue entre ceux qui sont très attachés à la République et ceux qui souhaitent l'indépendance.
00:42 Et ce dialogue, il a existé, il doit reprendre autour de définitions extrêmement simples, extrêmement simples mais difficiles à obtenir.
00:53 Quel corps électoral demain ? Quelle citoyenneté calédonienne ? Comment on rentre dans cette citoyenneté calédonienne par intégrante de la citoyenneté française ?
01:04 Ensuite, les enjeux électoraux, ce qui s'appelle le Congrès.
01:09 Et puis à quel moment on reconsulte pour un référendum d'autodétermination ?
01:15 Mais pour être très clair, il faudra reporter cette réforme aujourd'hui ?
01:18 Aujourd'hui, je ne vois pas le Président de la République pouvoir convoquer le Parlement en Congrès pour adopter un test,
01:27 qui a été adopté dans chacune des deux chambres, sans le préalable d'un accord général.
01:33 Donc il faut repousser ce Congrès, c'est ce que vous nous dites ce matin.
01:35 C'est ce que nous avons demandé la majorité sénatoriale la semaine dernière.
01:39 Je parle des deux présidents des groupes et le président de la commission des lois.
01:43 En même temps, il ne faut pas, j'allais dire, trahir la démocratie.
01:48 Mais est-ce que ce serait donner raison aux émeutiers ? C'est ce que dit Sarkozy.
01:51 La démocratie ne se négocie pas. Voilà pourquoi la question du corps électoral ne peut pas être écartée.
01:56 Voilà pourquoi les élections présidentes provinciales devront se tenir dans un délai compatible avec l'accord général.
02:04 Il ne s'agit pas de donner une prime aux émeutiers. Priorité retour à l'ordre et à la paix civile.
02:10 Reprise du dialogue. Et derrière cela, le Parlement engagera les réformes nécessaires.
02:19 Une partie pourrait être issue de l'accord général qui viendrait du dialogue repris.
02:24 Il faut prendre du temps, mais combien de temps ?
02:26 Parce que ce Congrès, il était censé, enfin il est censé toujours d'ailleurs, avoir lieu avant la fin du mois de juin.
02:32 Il faut attendre quoi ? Septembre ? Décembre ?
02:34 Je crois qu'il ne faut pas se fixer à délais ni trop loin, ni trop court.
02:38 Il faut vraiment faire confiance à la reprise des discussions et des négociations avec toutes les parties prenantes.
02:46 Et peut-être un élément que personne n'a souligné, il y a 33 communes.
02:51 33 communes en Nouvelle-Calédonie. On ne reconstruira pas ce qui a été détruit.
02:57 Et on ne rebâtira pas la cohésion si on ne s'impuie pas sur les 33 communes, sur les 33 maires.
03:04 Hier matin j'étais avec la maire de Nouméa au téléphone, c'est un élément extrêmement important.
03:09 Voilà pourquoi nous avons demandé qu'en même temps il y ait un plan financier, un plan social, un plan économique,
03:18 qui notamment traite de la question de la reconstruction, car les dégâts sont énormes.
03:22 On nous parle de plusieurs milliards, disent certains.
03:25 Les dégâts sont énormes, et de la question du nickel.
03:29 Parce qu'aujourd'hui tout a été construit depuis les accords de Matignon et de Nouméa autour du nickel.
03:37 Or le nickel traverse une très grave crise en Nouvelle-Calédonie.
03:41 Une crise de capacité industrielle, de compétitivité, et il faut donc qu'on ait ces réponses-là.
03:48 - Rétrospectivement Gérard Larcher, est-ce que vous diriez que cette réforme est un échec finalement ?
03:52 - Je pense que l'approche qui en a été faite a été, me semble, assez confuse avec une série d'interlocuteurs.
03:59 Au plan notamment de Paris, on est passé de Sébastien Lecornu, ensuite à Gérald Darmanin, on a évoqué le Premier ministre,
04:08 aujourd'hui c'est le Président de la République, voilà pourquoi il faut que la mission du Président de la République réussisse.
04:14 - C'est l'opération de la dernière chance en fait.
04:16 - Réussisse ! Et je souhaite vraiment, parce que je suis attaché à la Nouvelle-Calédonie dans la France,
04:23 dans la République française, avec ses spécificités, avec sa diversité de populations,
04:31 les cadavres qui ont naturellement toutes leurs places, mais je pense aussi, on en parle très peu en ce moment,
04:36 aux hallysiens, aux foutonniens, et bien sûr à ceux qui sont d'origine européenne.
04:42 - Mais vous y croyez ?
04:43 - Moi je ne désespère pas, parce que c'est peut-être ce qui m'a été transmis par ceux qui m'ont éclairé sur la Nouvelle-Calédonie
04:52 depuis longtemps, y compris l'ancien sénateur Pierre Frogier, qui me disait toujours que le temps était différent en Nouvelle-Calédonie
05:01 de celui que nous vivions à Paris.
05:03 - C'est dans ce contexte en tout cas...
05:05 - Je ne parle pas que de météo là.
05:06 - J'avais compris, c'est dans ce contexte Gérard Larcher qu'aura lieu ce soir le débat entre Gabriel Attal et Jordane Bardella,
05:11 un peu plus de 15 jours maintenant des européennes. Vous avez fait votre choix, vous, pour le 9 juin ?
05:16 - Bien sûr, je voterai François-Xavier Bellamy.
05:19 - La tête de l'Istre Républicain.
05:20 - Et je fais campagne, j'ai été mardi en réunion, samedi je fais des marchés avec des militants, et je poursuivrai.
05:27 Je fais campagne, c'est un garçon intelligent.
05:29 - Vous n'étiez pas convaincu, convaincu au départ ?
05:31 - Non, je ne sais pas, lui. J'ai eu un désaccord, mais pas que moi, sur la composition de la liste.
05:37 Elle a été adoptée, j'en ai pris acte, mais je soutiens sans réserve François-Xavier Bellamy.
05:44 Je souhaite que cette élection, d'abord on parle d'Europe, or, au fond, Bardella, c'est l'anti-Europe.
05:52 Je ne suis pas tout à fait certain que la majorité relative présidentielle, avec Valérie Haïr,
05:58 présente un vrai projet européen qui ne soit autre chose que le fédéralisme.
06:02 Eh bien, l'approche que nous en avons, c'est une Europe nécessaire, qui a conduit à beaucoup de choses positives,
06:08 économiques, et d'abord la paix, mais aussi au plan social, au plan de la libre circulation.
06:16 Mais en même temps, la dérive bureaucratique de cette Europe doit cesser.
06:21 - Marine Le Pen a appelé hier les électeurs à lancer un signal très clair à Emmanuel Macron,
06:25 il faut dit-elle qu'il subisse la pire défaite possible pour le ramener sur Terre. Vous êtes d'accord avec elle ?
06:31 - Oui, moi je pense qu'il faut que nous fassions nous la meilleure score possible.
06:37 Je suis un peu préoccupé, quand on voit y compris le débat de ce soir, de cette approche binaire.
06:43 Il n'y aurait donc aucune autre alternative à Emmanuel Macron que le Rassemblement National ?
06:49 - La liste LR aujourd'hui, elle est à 7,5% dans les sondages.
06:53 - Nous avons une responsabilité politique pour le futur derrière les européennes.
06:57 Nous aurons le rendez-vous des municipales, puis des présidentielles, et je dois dire que cette approche binaire,
07:04 qui est une technique qu'a fortement utilisé Emmanuel Macron, ne me satisfait pas du tout.
07:09 - C'est-à-dire qu'il est un peu responsable d'un R.N. à 30% aujourd'hui dans les sondages ?
07:13 - Il en porte la responsabilité. Qui gouverne depuis ces temps ? Voilà.
07:16 - Quand vous l'entendez dire "ramener Emmanuel Macron sur Terre", il y a quelques jours, vous vous disiez
07:20 "il y a un déni de réalité chez le chef de l'État". J'ai l'impression, disiez-vous dans le journal La Tribune,
07:27 qu'on ne perçoit pas le même pays, qu'on ne ressent pas la même France.
07:30 Quand on dit "déni de réalité, ramener Emmanuel Macron sur Terre", l'idée finalement c'est un peu la même.
07:34 Un président hors sol, déconnecté.
07:36 - Écoutez, il y a longtemps que je parle, et vous l'avez repris, de la France d'à côté.
07:41 D'une France qui n'a pas le sentiment d'être dans la République, ou qu'on ne prête pas attention à elle.
07:46 C'est la France des territoires. C'est pas que la France rurale.
07:50 C'est aussi parfois la France d'un certain nombre de quartiers.
07:53 Et je dois dire que, quand on regarde les résultats que le président de la République annonçait,
08:00 notamment dans une grande interview, j'avoue que ce n'est pas le même pays que je suis en train de voir.
08:05 Je sens un pays fracturé, divisé.
08:08 D'ailleurs, s'il n'était pas fracturé, divisé et inquiet,
08:11 est-ce que les intentions de vote ne donneraient pas entre 35 et 40% du RN à d'autres formations ?
08:19 C'est qu'il y a un vrai sujet, et ce vrai sujet doit nous interroger, nous qui croyons un certain nombre de valeurs.
08:25 Qui croyons que la démocratie est d'alternance, et qu'elle repose sur des valeurs qui n'aient pas le rejet,
08:32 ni de l'autre, ni aux extrêmes.
08:34 - Si le RN est à plus de 30% le 9 juin, il faudra que le président en tire des leçons ?
08:40 - Ecoutez, si on ne regarde pas les résultats des élections comme une mesure auxquelles il faut prêter attention,
08:47 alors qu'est-ce que signifie la démocratie ? En tous les cas, moi je serais...
08:50 - Mais quelles leçons ?
08:51 - Je serais... Attends, je viens de l'évoquer, ce pays fracturé, ce pays divisé,
08:55 ce pays qu'il faut retrouver, qu'il faut rassembler, à qui il faut redonner l'envie d'un destin collectif,
09:01 on le voit sur la valeur travail, par exemple.
09:04 Tout le monde parle de la valeur travail, mais aujourd'hui nous sommes un pays, par exemple,
09:09 on va beaucoup parler d'assurance chômage,
09:11 ah, même si le président de la République avait l'air content de lui-même quand il parlait du taux de chômage,
09:16 donc le taux de chômage reste très supérieur à la moyenne européenne,
09:21 et dans lequel les emplois non pourvus sont aussi la plaie.
09:25 Il va falloir qu'on résolve et qu'on redonne envie aux Français de participer à un destin collectif,
09:32 peut-être que les Jeux Olympiques vont nous permettre d'avoir un moment collectif,
09:35 moi je souhaite vraiment ce moment collectif.
09:37 - Vous êtes passé par un Gérard Larcher à Matignon, on a souvent donné votre nom,
09:41 non mais je pose sérieusement la question parce que ça revient toutes les semaines.
09:44 - J'ai de grands spécialistes qui portent mon nom,
09:48 moi, je ne suis candidat à rien.
09:52 - Mais si on vous demande, vous dites oui.
09:53 - Je ne suis candidat à rien, je pense que je suis aujourd'hui un président du Sénat
09:58 qui doit assumer avec la majorité sénatoriale, mais aussi l'opposition sénatoriale,
10:04 cette forme de stabilité dont notre pays a besoin.
10:08 Je ne suis candidat à rien, je le redis,
10:11 et pas plus que j'ai entendu qu'il y avait eu un rendez-vous secret
10:14 entre le président de la République et moi-même il y a quelques jours.
10:18 Je vous donne tout dans mon agenda, la dernière fois où nous nous avons échangé,
10:22 c'est normal institutionnellement, c'était le 7 mars dernier,
10:25 bien sûr nous nous sommes vus dans des cérémonies,
10:27 et donc je laisse à chacun supputer la météo,
10:30 mais je reste le maître de ma météo,
10:33 Et pour les institutions, c'est le président de la République qui décide.