Ecoutez l'interview du président du Sénat, sénateur LR des Yvelines.
Regardez L'invité de RTL du 06 décembre 2023 avec Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 06 décembre 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous ceux qui nous écoutent. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin le président du Sénat Gérard Larcher.
00:13 Gérard Larcher, l'auteur de l'attentat qui a eu lieu samedi soir à Paris tout près de la tour Eiffel et toujours en garde à vue ce
00:18 matin. Il doit être présenté à un juge aujourd'hui et sans doute
00:21 très probablement mis en examen individu fiché S je le rappelle déjà condamné pour un projet d'attentat et il était
00:28 depuis sa sortie de prison suivi d'abord
00:30 médicalement puis par les services de renseignement.
00:33 Gérald Darmanin a évoqué un ratage du suivi psychiatrique. Est-ce que c'est ça d'après vous le problème ?
00:40 D'abord c'est un acte terroriste
00:43 d'un islamiste radical. Il faut dire les choses et j'allais dire un de plus.
00:48 Nous avons en mémoire, j'étais dans le Pas-de-Calais au début de semaine, Arras par exemple.
00:56 Je dois dire que est-ce que c'est le suivi psychiatrique
00:59 qui est le sujet ? Est-ce que ça n'est pas le sujet ? C'est comment nous gérons
01:04 les personnes radicalisées qui sortent de prison et ça nous renvoie à la nécessité de réfléchir
01:12 à l'application de la loi, souvenez-vous, de 2008 qui à l'époque visait notamment les délinquants sexuels
01:19 et les auteurs de crimes extrêmement violents
01:22 jugés et condamnés à plus de 15 ans, leur suivi prison.
01:26 Et puis en 2020
01:29 les présidents des commissions des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat avaient débattu
01:35 et avaient échangé autour d'un texte de mesures de sûreté pour les terroristes.
01:41 Le conseil constitutionnel avait considéré que ces mesures de sûreté étaient
01:45 disproportionnées par rapport au respect de la vie
01:49 personnelle et privée. Nous voyons bien... - Mais si on en est là, donc c'est quoi ? De la faute du conseil constitutionnel ?
01:53 - Non, c'est pas la faute du conseil constitutionnel
01:55 parce que nous avons un trou dans la raquette. - Donc il faut changer la loi, il faut la durcir ? - Il faut donc qu'on travaille
02:00 aujourd'hui pour reprendre notamment à partir du texte de 2020
02:06 les mesures de sûreté qui sont indispensables. Il faut prendre en compte ce qu'a dit le conseil constitutionnel
02:12 mais je pense que
02:14 ce qui s'est passé depuis 2020 peut inciter à une évolution de la jurisprudence sur ces sujets. - Le président du RN, Jordan Bardella, dit
02:22 pourquoi pas enfermer à vie finalement les plus dangereux ? C'est possible et surtout est-ce que c'est souhaitable ?
02:27 - L'enfermement à vie, c'est aussi les conséquences que ça peut avoir. Il faut que nous protégions la société.
02:33 Il faut que nous protégions la société, notamment des agissements meurtriers
02:38 de radicalisation. - Mais Bruno Rotaillot dit hier "l'État ne parvient plus à protéger les Français".
02:43 - Oui c'est une vraie interrogation. - Donc c'est un échec de qui ? Du gouvernement ? - C'est un échec collectif.
02:49 C'est un échec collectif.
02:51 Naturellement d'exécutif mais aussi nous, parlement, il faut que nous apportions des réponses. Nous voulions apporter des réponses
02:57 ensemble, Assemblée nationale et Sénat, en 2020. Nous avons été empêchés en quelque sorte de le faire. Nous devons reprendre ce travail.
03:04 Vous savez, il y a ce qu'on appelle les MICAS. - Oui, alors les MICAS, ce sont des mesures individuelles de contrôle administratif
03:10 qui prévoient des obligations de pointage, des interdictions aussi de se déplacer. - Mais il faut la dimension judiciaire. - Et c'est un an seulement.
03:15 - Oui, il faut la dimension judiciaire pour que ça soit renouvelable et que ça soit dans la durée. - Cette question Gérard Larcher, elle va se poser
03:20 encore bien sûr dans les prochains mois.
03:23 486 détenus condamnés pour faits de terrorisme libérés depuis l'été 2018. Cette année, il y en aura 86,
03:28 36 autres l'année prochaine, puis 34. Donc il faut agir maintenant. C'est ce que vous dites aujourd'hui ? - Mais attention
03:34 au phénomène de la
03:37 restrictivité pour ceux qui vont sortir en termes de droits. Il faut en même temps que nos services
03:42 accompagnent. Voilà pourquoi le débat sur l'injonction de traitement...
03:47 - Il a eu raison Gérald Darmanin de dire qu'il faut qu'il préfère...
03:49 - On avait arrêté à la demande et avec l'accord du médecin psychiatrique...
03:56 - Il était là le ratage. - Une partie du ratage est sans doute là, mais
04:00 nous devons protéger la société. C'est le devoir
04:05 des parlementaires de réfléchir à la rétention de sûreté. Je pense qu'il faut qu'on sorte
04:11 la dimension psychiatrique comme un élément de la rétention de sûreté, mais la protection, la protection de la société,
04:18 comme une exigence.
04:20 - Gérard Larcher, c'est dans ce contexte que doit être débattu le projet de loi immigration. La semaine prochaine à l'Assemblée, ce texte on le rappelle,
04:26 il a été voté au Sénat, très largement détricoté
04:29 en commission par les députés. Qu'est-ce que vous dites ce matin aux députés LR ? Ne votez pas ce texte ?
04:34 - En l'état actuel, il n'est pas votable, bien évidemment. Je rappelle que le texte a été voté très largement au Sénat. C'est un texte
04:42 qui, dans le cadre de la loi ordinaire,
04:44 répond à une nécessité, la régulation des flux migratoires.
04:49 Régulation des flux migratoires, qui est d'ailleurs une condition
04:52 indispensable de la réussite de l'intégration.
04:55 Et cette réussite de l'intégration, c'est aussi un objectif que nous visons. En l'état actuel, le texte n'est pas
05:04 votable
05:05 au Sénat. Il sera modifié dans la lecture au Sénat. Et j'appelle le gouvernement à
05:11 prendre ses responsabilités.
05:14 Il faut pas que ce soit le 30e texte
05:17 en 40 ans, qui ne serve à rien.
05:20 - Gérald Darmanin dit "ceux qui ne votent pas ce texte
05:26 empêcheraient d'expulser des délinquants étrangers radicalisés".
05:29 Gérald Darmanin a dit que le texte du Sénat était très bon. Il vient de dire que le texte de l'Assemblée nationale était très bon.
05:35 En même temps, vous en avez
05:37 typiquement un exemple. Si le texte du Sénat était très bon, eh bien revenons au texte du Sénat.
05:42 - Bon, le risque c'est qu'il y ait un 49-3 sur ce texte, même si le gouvernement dit qu'il n'en veut pas.
05:46 - Le risque c'est que le gouvernement doit répondre à l'interrogation des Français sur ces sujets.
05:51 Il doit aussi méditer sur le fait que de ne pas répondre
05:55 à la nécessité de la régulation des flux migratoires, ça vous conduit au vote néerlandais il y a moins de 15 jours, avec des résultats que vous connaissez.
06:03 L'arrivée d'extrémistes, d'extrémistes
06:07 aux portes du pouvoir.
06:09 - En cas de 49-3, il faut que les députés LR déposent une motion de censure ?
06:11 - Ecoutez, c'est eux qui décideront.
06:12 - Mais vous avez un avis sur la question ?
06:15 - Mais je pense que si le texte était celui de l'Assemblée nationale,
06:18 il n'est pas acceptable, ni votable en l'état.
06:20 - Gérard Larcher, le Sénat a été secoué ces dernières semaines par une affaire qui nous a tous stupéfaits, l'affaire Joël Guerriot, du nom de ce sénateur
06:26 mis en examen pour avoir drogué une députée. Vous lui avez demandé de se mettre en retrait, est-ce que c'est le cas ?
06:31 - Oui.
06:32 - Il ne siège plus au Sénat ?
06:34 - Actuellement c'est le cas, mais je vous rappelle que le président du Sénat ne peut pas démettre un sénateur
06:39 de sa fonction de sénateur.
06:41 - Aujourd'hui il ne siège pas ? Il touche ses indemnités ?
06:43 - Je vous ai dit qu'il ne venait pas et qu'il ne siège pas.
06:46 - Il continue à toucher son indemnité ?
06:48 - Je peux expliquer aux auditeurs que le président du Sénat ne peut pas démissionner un sénateur seul.
06:54 Le Conseil constitutionnel peut mettre fin à des fonctions où il a été élu par le suffrage universel indirect.
07:03 Il va y avoir une procédure, cette procédure de justice, qui suivra l'enquête et il appartiendra.
07:10 Nous nous veillons à ce que...
07:12 - Là il est quoi, en arrêt maladie ou ?
07:14 - Écoutez, actuellement il est en arrêt...
07:18 - Il continue à toucher son indemnité ?
07:20 - Oui, c'est la loi, c'est le règlement.
07:23 Je lui ai demandé de ne plus siéger, on a pris ce que nous pouvions prendre comme décision,
07:28 notamment il a été démis de son rapport à la commission des affaires étrangères de la défense et les forces armées.
07:34 - Un mot sur le fond, il évoque une erreur de manipulation, il explique s'être procuré un sachet d'ecstasy auprès d'un membre du Sénat,
07:40 ça paraît quand même fou, il y a de la drogue qui circule au Sénat ?
07:43 - Écoutez, d'abord c'est sa parole contre d'autres paroles.
07:48 Je note que je n'ai pas été saisi...
07:50 - Mais vous n'avez pas mené votre petite enquête interne ?
07:52 - ... et au Sénat sur ce sujet, perquisition que naturellement j'accorderai si tel était le cas.
07:58 - Dernière question, elle concerne les récentes déclarations de Jean-Luc Mélenchon.
08:01 Vous avez comme de très nombreux politiques apporté votre soutien à Routel-Crièvres,
08:04 que Jean-Luc Mélenchon, on le rappelle, a violemment insulté sur les réseaux sociaux, manipulatrice, dit-il, fanatique.
08:09 Il est allé trop loin ?
08:11 - La vérité, bien évidemment, même pas trop loin, c'est irresponsable.
08:15 Quelqu'un qui a des millions d'abonnés sur X, et qui se comporte de cette manière,
08:21 qui en quelque sorte, par sa parole, crée un brasier, qui peut enflammer, diviser,
08:26 qui montre du doigt une de vos consoeurs, et on voit bien avec quelle allusion derrière,
08:32 eh bien je dois dire que c'est inacceptable.
08:35 Et c'est inacceptable, pour moi, Jean-Luc Mélenchon s'est mis en dehors de l'arc républicain.
08:40 - Vous lui dites quoi ce matin ? Tais-toi !
08:42 - Oui, ferme ta gueule !
08:44 - Merci beaucoup Gérard Larcher.
08:46 mais...
08:46 [SILENCE]