Ecoutez l'interview du député RN du Nord et vice-président de l'Assemblée nationale.
Regardez L'invité de RTL du 29 mars 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin Sébastien Chenu, député
00:13 Rassemblement national du Nord et vice-président de l'Assemblée nationale.
00:16 Et Sébastien Chenu, il y avait un peu moins de monde dans les rues hier,
00:20 740 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur, un peu plus d'un million la semaine dernière. La CGTL annonce le chiffre de 2 millions contre 3,
00:27 celle d'avant, la mobilisation toutefois reste forte et les syndicats d'ailleurs annoncent une nouvelle journée d'action, ce sera pour le
00:33 6 avril, dans dix jours. Ils ont raison de poursuivre ce mouvement, de maintenir la pression d'après vous ?
00:38 Bien sûr, les syndicats ont raison, les français ont raison de continuer à faire entendre leur voix et d'ailleurs ils ont tellement raison que
00:45 le gouvernement
00:46 se dit que finalement il va peut-être un moment recevoir les syndicats, ça veut dire que la pression
00:50 porte, que la pression populaire porte et que la stratégie de l'épuisement
00:55 qu'Emmanuel Macron essaye de mettre en place, c'est-à-dire épuiser les français,
00:59 la stratégie du pourrissement,
01:01 eh bien ne fonctionnera pas. Les français ne veulent pas de cette réforme des retraites,
01:05 il n'y a pas eu de vote sur cette réforme des retraites.
01:08 Le 49.3 ? Non, le 49.3 c'est pas sur le texte de la réforme des retraites. Le texte de la réforme des retraites
01:13 n'a jamais été soumis au vote de l'Assemblée Nationale.
01:17 Donc il n'y a pas eu de vote sur ce texte, il y a eu une motion de censure, c'est différent, il n'y a pas eu de vote sur
01:22 ce texte qui n'a donc pas de légitimité
01:24 politique. Sauf que la motion de censure, si elle avait été votée, le texte aurait été abandonné et le gouvernement...
01:28 Mais enfin, si on avait fait un vote sur la réforme des retraites, il n'y avait pas de majorité pour le voter. Et donc les français
01:33 ne comptent pas se faire imposer un texte qui ne recueille ni l'assentiment populaire, ni
01:38 le soutien d'une majorité de députés qui n'existent pas à l'Assemblée Nationale sur ce texte. Donc oui, ils ont raison.
01:45 Vous évoquiez à l'instant ce possible rendez-vous en début de semaine prochaine à Matignon.
01:50 Effectivement, Laurent Berger de la CVDT a annoncé hier
01:52 qu'Elisabeth Borne leur avait envoyé un courrier, qu'elle se proposait de recevoir les syndicats en début de semaine prochaine, lundi, mardi ou mercredi
01:59 prochain. Il était temps, c'est ce que vous dites ce matin ?
02:01 Oui, enfin après recevoir les syndicats pour leur dire quoi ? Madame Borne, moi, elle me donne le sentiment d'être évidemment complètement dépassée.
02:07 Elle est plus légitime, Elisabeth Borne ?
02:10 Elle est légitime parce qu'elle est nommée par le président de la République et que jusqu'à présent
02:13 il a fait le choix de la maintenir, mais elle n'a pas beaucoup de marge de manœuvre.
02:17 Et la réalité, c'est que son autorité est parfaitement entamée. Elle racontait n'importe quoi aux Français en disant qu'elle disposait d'une majorité à l'Assemblée
02:24 nationale qu'elle n'a pas été capable de trouver. Donc elle a enclenché un 49-3. Donc recevoir les syndicats, c'est toujours bien. Je pense qu'il faut toujours
02:31 ouvrir une porte. Mais pour dire quoi ? Pour dire qu'elle retire le texte ? Pour dire qu'elle l'amende ?
02:37 Si c'est ça, ça peut aller dans le bon sens, mais je n'ai pas le sentiment que, à l'autre bout de la chaîne, celui qui
02:43 tire les ficelles, le président de la République, ait une quelconque envie de bouger. Moi je crois que tout ça c'est un rideau de fumée
02:49 et que, évidemment, les syndicats pourraient se sentir humiliés s'ils n'étaient pas entendus
02:55 par Elisabeth Borne. C'est la stratégie du pourrissement.
02:59 - La médiation proposée hier par Laurent Berger ?
03:01 - Non mais en fait c'est la stratégie du pourrissement. C'est une sorte de stratégie d'épuisement.
03:05 On cherche, le gouvernement, le président de la République, Mme Borne,
03:09 cherche à gagner du temps pour aller peut-être jusque d'ailleurs au rendu du Conseil constitutionnel le 18 avril.
03:14 - Vous en attendez quelque chose justement ?
03:16 - Si nous avons déféré le texte devant le Conseil constitutionnel, c'est que nous en attendons quelque chose.
03:20 Nous considérons qu'il y a une partie qui est insincère budgétairement, que les outils qui ont été utilisés
03:25 n'étaient pas adaptés, qu'on a mis dans ce texte des dispositions qui n'avaient rien à voir. Je pense à l'index senior, etc.
03:31 Donc oui, on en attend quelque chose. On a le sentiment que le gouvernement cherche à gagner du temps.
03:35 Il se dit que plus on gagne du temps, plus les mouvements sociaux vont s'épuiser et plus les violences vont faire peur et vont faire reculer les manifestants.
03:43 Donc cette stratégie de l'épuisement, du pourrissement, on la connaît.
03:46 Je dis au président de la République que si il joue à ça, il se met le doigt dans l'oeil.
03:50 - Et pour bien comprendre, vous accusez le gouvernement d'instrumentaliser ces violences ?
03:53 - Non, je n'accuse pas le gouvernement d'instrumentaliser ces violences.
03:56 Je dis que ça ne le dérange pas d'apparaître dans le rôle du redresseur de tort,
04:00 de celui qui va ramener le calme lorsqu'il y a des incidents,
04:03 parce qu'il se donne le beau rôle.
04:05 Or, essayer de transformer le débat sur les retraites en un débat sur le maintien de l'ordre n'est pas le sujet.
04:12 S'il pense là encore qu'il va réussir à faire évoluer l'opinion publique en faisant bouger le curseur
04:18 et en oubliant le débat sur les retraites pour qu'on ne parle que du maintien de l'ordre et se donner le beau rôle,
04:22 là encore, il fait fausse route.
04:24 - Dans une interview qui a été réalisée, alors il faut le préciser, le 20 février,
04:29 mais qui est publiée aujourd'hui par le journal PIF, le chef de l'État a accordé,
04:34 et on l'apprend ce matin, une interview à des jeunes lecteurs, c'est pour les 75 ans du journal,
04:41 et il évoque son travail de président et il reconnaît que dans certaines circonstances,
04:47 la solution, c'est la dissolution. On y est ou pas ?
04:52 - Alors, moi je pense que d'abord il pourrait faire appel aux Français par un référendum.
04:56 Ce texte, vous l'avez vu, il a passionné les Français.
04:58 C'est un sujet qui passionne les Français parce que c'est fondamentalement un sujet de société.
05:01 Donc aller au référendum, ce serait plutôt une bonne idée.
05:04 Si le Conseil constitutionnel fait évoluer le texte, rejette certaines dispositions,
05:11 et bien je pense que ce serait la grandeur du président de la République de soumettre
05:14 un nouveau texte ou un texte modifié au référendum.
05:17 Et puis si la situation se bloque, et bien il a la possibilité d'aller sur des législatives anticipées,
05:22 à une dissolution, et les Français, je l'espère, donneront une nouvelle majorité,
05:27 une majorité rassemblement national à ce pays.
05:29 - Il se précise, il dit en cas d'énorme crise. On est dans une énorme crise ou pas ?
05:32 - Écoutez, lui qui voulait apaiser la France, puisque le grand danger c'était Marine Le Pen,
05:37 je rappelle que aux élections présidentielles, le grand danger de division des Français,
05:41 de chahut dans le pays, c'était Marine Le Pen.
05:43 Je pense qu'on est à un niveau de chahut, de désorganisation et de crise
05:48 qui a été rarement atteint dans notre pays. Chapeau l'artiste !
05:50 - La dissolution, ce serait pour le rassemblement national sans doute la meilleure des solutions.
05:54 Je dis ça parce que le RN profite très largement de cette crise.
05:57 On a publié hier un nouveau sondage BVA pour RTL, 38% des Français estiment que le RN est le parti
06:03 qui a l'attitude, la meilleure attitude à l'égard de cette réforme des retraites.
06:06 C'est +4 points en deux semaines. On a l'impression que plus on s'enfonce dans cette crise,
06:10 plus le RN monte dans les sondages.
06:12 Finalement Sébastien Chenu, est-ce que vous avez vraiment intérêt à ce que les choses s'arrangent ?
06:16 - Mais nous on est un pôle de stabilité. Donc nous, vous savez, je rappelle un des slogans de Marine Le Pen,
06:20 c'était une France apaisée, c'est remettre de l'ordre dans le pays.
06:25 Et on apparaît comme un pôle de stabilité face à ça.
06:27 - Sauf que ce matin vous dites "les manifestants auraient raison de descendre dans la rue"
06:30 et en même temps vous n'avez jamais appelé vos militants à descendre dans la rue et à manifester.
06:34 On a un peu l'impression que...
06:36 - Madame, nous on n'appelle jamais à manifester parce qu'on n'est pas une centrale syndicale.
06:39 Chacun prend ses responsabilités. On soutient le mouvement social parce qu'on est d'accord
06:43 avec le message qu'il envoie. A partir du moment où il est pacifique, on le soutient.
06:47 Mais on apparaît comme un pôle de stabilité parce que vous avez une majorité complètement perdue
06:52 et qui fait mal aux Français. C'est la majorité d'Emmanuel Macron qui maltraite le pays,
06:57 dont les résultats sont nullissimes. Sur toute la palette des sujets,
07:01 les résultats ne sont pas à la hauteur. Et nous avons de l'autre côté une alternative avec des dingues.
07:05 La France Insoumise, Les Verts, des gens complètement dingues
07:08 qui proposent à coups de boutoir de déconstruire le pays.
07:11 Eh bien nous apparaissons comme un pôle de stabilité et les Français ont raison.
07:14 - Mais quand vous voyez tout ça, Sébastien Chenu, vous vous frottez pas un peu les mains ?
07:18 - Je ne me frotterai jamais les mains de voir mon pays comme ça.
07:21 De voir les Français malheureux, de voir les Français confrontés au problème de l'inflation
07:25 auquel le gouvernement est totalement sourd. Contrairement à des gouvernements comme l'Espagne
07:28 ou le Portugal qui d'ailleurs, comme Marine Le Pen le propose, viennent de baisser la TVA
07:32 sur les produits de première nécessité. Je ne me résoudrai jamais à voir mon pays dans cet état-là.
07:37 Je pense qu'il faut être élu pour de bonnes raisons. Il faut être élu parce qu'on vous fait confiance.
07:42 Et je pense que oui, les Français peuvent nous faire confiance. Nous serons là.
07:45 - Dernière question. Marine Le Pen était à votre place la semaine dernière
07:48 et quand je lui ai demandé si elle était prête à aller à Matignon en cas de victoire du RNC,
07:53 bien sûr, dix solutions il y avait, elle m'a répondu non.
07:56 Et vous Sébastien Chenu, est-ce que vous seriez prêt à aller à Matignon et être Premier ministre ?
08:00 - Vous savez, il faut des qualités qu'on ne perçoit pas forcément soi-même.
08:04 C'est Albert Camus qui disait ça, la vérité est dans l'œil de l'autre.
08:06 C'est l'autre qui perçoive des qualités chez les uns et chez les autres.
08:10 Il y a beaucoup de gens dans notre mouvement qui ont probablement des qualités pour aller à Matignon.
08:14 Et je pense que ce n'est pas une histoire de notoriété. Les Français ont découvert Castex, Born,
08:18 ils les connaissaient assez peu, même Edouard Philippe à l'époque.
08:20 Donc il y a beaucoup de gens dans notre mouvement qui sont capables d'assumer ce type de responsabilité.
08:24 - Et peut-être vous ?
08:26 - Peut-être d'autres aussi.
08:27 - Merci beaucoup Sébastien. - Merci.
08:29 - La stratégie du gouvernement, c'est le pourrissement, vient de nous dire notamment Sébastien Chenu.
08:32 Sébastien Chenu, vous restez avec nous.
08:34 [SILENCE]