Ecoutez l'interview du ministre délégué chargé du Renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement.
Regardez L'invité de RTL du 04 décembre 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bigaud vous recevez ce matin le ministre délégué chargé du renouveau démocratique
00:12 et porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
00:15 Olivier Véran, l'auteur de l'attaque de samedi soir à Paris et toujours en garde à vue ce matin. Il s'agit, on le rappelle pour nos
00:21 auditeurs, d'un individu bien connu des services de police, fichier S, condamné en 2018 pour un projet d'attentat
00:27 libéré en 2020 après avoir fait quatre ans de prison ferme, soumis à un suivi psychiatrique.
00:31 Comment expliquez-vous qu'il ait pu passer à l'acte ?
00:35 D'abord évidemment mes premières pensées vont vers les victimes, les proches des victimes.
00:39 Mes pensées vont aussi vers les forces de police qui sont intervenues extrêmement vite et ça il faut le souligner c'est qu'on a une police qui est
00:44 extrêmement efficace et qui a sauvé bien d'autres vies
00:47 très probablement. Je comprends qu'il y ait beaucoup de questions qui se posent. Il y a une attaque terroriste qui a retenti dans Paris
00:53 commise par quelqu'un qui est connu, vous l'avez dit, par les services de police et sanitaire.
00:57 Les premiers éléments qui sont préliminaires de l'enquête dont on dispose montrent que le parcours médical,
01:03 administratif, pénal de cet individu est conforme à ce qui a été
01:08 prescrit et conforme à l'état du droit. A savoir que cette personne est diagnostiquée pour une pathologie psychiatrique
01:14 et qu'il a été mis en place un traitement,
01:17 une obligation de suivi qui a respecté ce que prévoit la loi, c'est à dire trois ans de suivi psychiatrique
01:23 et qu'il y avait toujours un lien qui était fait avec les services de médecine.
01:26 Les éléments montrent aussi que cette personne qui a été condamnée à quatre ans de prison parce qu'il avait projeté de partir
01:31 réaliser le djihad
01:33 à l'étranger, il a fait ses quatre ans de prison ferme, a ensuite été suivi évidemment étroitement par les services de renseignement.
01:39 Et pour autant cette personne a pu avec un couteau et un marteau
01:43 décider de commettre un attentat dans les rues de Paris. - Ça veut dire pas de défaillance d'un point de vue
01:49 médical si je vous comprends bien, pas de défaillance dans la surveillance, c'est ce que vous nous dites ce matin ? - Ça veut dire qu'à chaque fois
01:55 qu'un drame comme celui-ci
01:56 retentit, d'abord il faut savoir que énormément, enfin beaucoup de ces
02:00 actes sont prévenus par l'état du droit, par l'intervention de la santé et de la police, c'est à dire qu'il y a des projets d'attentat qui sont
02:07 interrompus, des projets de meurtre aussi
02:10 qui sont prévenus et fort heureusement, mais à chaque fois qu'un drame comme celui-ci survient, ça soulève à nouveau la question de l'adaptation
02:17 du droit et de nos services d'action
02:19 à l'état de la menace. Par exemple se pose, que dit le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin hier, se pose la question d'avoir une prolongation
02:25 de l'injonction de soins lorsqu'il s'agit de personnes qui cumulent à la fois la pathologie psychiatrique et la radicalisation, puisque cet individu était
02:32 radicalisé. - Sauf que l'injonction de soins, elle a eu lieu jusqu'en avril 2023, à l'issue de ça le rapport du médecin
02:39 expert dit qu'a priori cet individu n'est pas dangereux, en tout cas sur le plan psychiatrique.
02:45 Autoriser les préfets par exemple à prendre une injonction de soins, c'est ce que voudrait le ministre de l'Intérieur, c'est ce qu'il évoquait hier soir
02:51 chez nos confrères de TF1,
02:52 ça suppose aussi de faire appel à un médecin et là le psychiatre
02:55 aurait rendu sans doute la même décision. - Mais l'injonction de soins, elle est prévue par le code de santé publique.
03:00 Elle était limitée à trois ans, nous l'avons dans une loi en 2021, rehaussée à cinq ans, ce qui était le maximum de ce qui nous était
03:07 autorisé à faire par le conseil constit à l'époque. La question qui se pose, c'est dans des situations spécifiques
03:14 un individu à la fois radicalisé et souffrant de pathologies psychiatriques,
03:17 est-ce que cette prolongation, est-ce qu'on doit envisager une prolongation sous conditions et lesquelles
03:22 d'une injonction de soins ? Ensuite il nous faut encore des éléments, j'ai parlé d'éléments préliminaires.
03:27 Le médecin que je suis vous dit qu'on a besoin aussi de savoir ce qu'en pensent les médecins sur le profil
03:31 précis de cet individu. Est-ce que c'est quelqu'un, parce qu'il faisait montre d'une déradicalisation lorsqu'il s'adressait
03:38 aux forces de sécurité, il disait même qu'il voulait dénoncer des djihadistes et qu'il avait changé etc.
03:43 Est-ce qu'il masquait les choses ?
03:45 - Il avait une volonté d'essayer de dissimuler ou pas ?
03:47 - Quelle est la part de la maladie ? Quelle est la part de la radicalisation ? Encore une fois il y avait les deux facteurs.
03:51 Donc il nous faut encore davantage de réponses, mais je vous le dis à chaque fois que le niveau de menace évolue, nous faisons évoluer le niveau
03:58 d'intervention et de sécurité. - Mais juste pour qu'on comprenne bien, a priori
04:02 ce matin vous nous dites il n'y a pas eu de défaillance.
04:05 - Je vous dis que les éléments, c'est trop tôt pour faire une conclusion délicate, les éléments préliminaires montrent que les parcours, encore une fois, médical,
04:12 administratif et pénal pour cet individu ont été conformes à ce qui était
04:16 possible avec l'état du droit et toutes les décisions que ce soit justice ou médical, c'est-à-dire les quatre ans de prison,
04:22 l'obligation de suivi pendant trois ans, la surveillance au long cours,
04:25 ces obligations-là ont été remplies. Et pour autant il a pu tuer, donc cela pose la question de comment a-t-il pu tuer ?
04:32 Est-ce qu'il l'aurait pu ? Est-ce qu'il faudrait pouvoir renforcer le droit de manière à éviter que ce type de drame
04:39 ne réapparaisse ? - Jordan Mardela, le président du Rassemblement National, demande la réouverture du débat sur la rétention de sûreté, le fait de priver
04:46 de liberté quelqu'un après sa peine s'il présente une dangerosité.
04:49 Ce serait ça la solution ? - Mais encore une fois, le RN, l'extrême droite, a cette capacité à
04:54 analyser avant les faits. C'est facile pour eux, ils ont des réponses à toutes les questions qu'on se pose encore. - Mais est-ce qu'on peut enfermer quelqu'un parce qu'il est
05:01 potentiellement dangereux ? C'est la question que je vous pose. - Mais en théorie de toute façon c'est possible d'enfermer quelqu'un parce qu'il présente
05:08 la... l'individu dont on parle a fait quatre ans de prison parce qu'il prévoyait de partir
05:13 faire le djihad. Il n'était pas parti faire le djihad, mais la présomption de son départ
05:18 avait été un critère suffisant pour le maintenir en prison quatre ans. Et il l'a fait ces quatre ans.
05:22 Donc cela existe. La question qui se pose là, et vous l'avez dit vous-même, si le médecin vous dit que le patient s'y tentait...
05:29 Il me faut les éléments définitifs, mais si le médecin dit que le patient ne présentait plus de
05:33 dangerosité, qu'il ne présentait plus de signes de décompensation, et si l'individu lorsqu'il était surveillé ne montrait pas de symptômes
05:40 laissant à penser qu'il passerait à l'acte,
05:42 là-dessus, les libertés,
05:44 la sécurité, tout ça est mis en tension. - Donc c'est un faux débat ?
05:47 - Il n'y a pas de faux débat parce que quand un drame survient comme celui-ci. Et on n'a pas de tabou avec ces questions-là.
05:52 Et on l'a déjà montré parce qu'on a déjà plusieurs fois changé la loi et renforcé la loi. Notre objectif, de toute façon, il est très clair,
05:58 c'est de protéger la population. C'est pas protéger les individus comme lui, c'est protéger la population
06:03 des individus comme lui. - Concernant la surveillance, au mois d'octobre dernier, sa mère
06:06 s'est inquiétée de son comportement. Le procureur l'a dit hier et il indique, le procureur, par ailleurs, que sur son compte Twitter,
06:13 créé justement au mois d'octobre, il y a un certain nombre de publications de soutien au Hamas à Gaza.
06:18 Est-ce que ça, l'alerte de la maman plus le compte Twitter, ça n'aurait pas dû alerter les services ? - Mais ça a alerté les services.
06:24 Ça a alerté les services. Vous aurez, le procureur, eu l'occasion de communiquer hier. Je laisserai le procureur
06:30 continuer de communiquer sur le déroulé des faits et sur le niveau d'information... - Mais ce que vous nous dites, c'est qu'on peut pas mettre
06:34 un policier derrière chaque individu. - Mais c'est même pas ce que je vous dis. Je vous dis que l'individu était surveillé.
06:40 - Mais il a pu avoir un marteau et un couteau en plan Paris. - Malgré la surveillance, il a décidé, un soir, de week-end, de sortir dans Paris
06:47 et de s'en prendre à des passants. De la plus terrible des manières.
06:49 - Là, ce drame, il intervient un peu plus de sept mois, du coup, d'envoi des JO.
06:55 Est-ce qu'il faut revoir quelque chose, un plan B ? C'est ce que demandait
06:59 notamment Frédéric Peschnar, vice-président de la région Île-de-France ?
07:02 - La sécurité qui est mise en place pour les JO, comme la sécurité qui a été mise en place pour la Coupe du Monde de rugby,
07:08 est une sécurité qui fait en sorte que tous les événements susceptibles de rassembler des foules
07:12 soient des événements dans lesquels vous n'aurez pas de risque de tomber sur des individus comme lui.
07:15 - Il n'y aura pas d'attaque pendant ces JO ? C'est ce que vous... - Tout est mis, évidemment, en place pour éviter des attaques pendant les JO,
07:21 mais nous ne pensons pas en termes de JO, nous pensons en termes de vie quotidienne pour les Français.
07:25 Nous ne voulons pas d'attaque comme celle-ci. Et encore une fois,
07:28 une immense majorité de ces projets d'attaque sont interrompus par les services de sécurité avant qu'ils aient lieu.
07:34 - Une question encore, Olivier Véran, avec cette réaction de Jean-Luc Mélenchon, qui voit dans cet attentat, je le cite,
07:39 "les conséquences de l'effondrement du système psychiatrique",
07:41 tout en évoquant non pas un attentat ni une attaque, mais pour lui un meurtre et des blessures au motif
07:47 délirant de la religion. Il se trompe de combat, Jean-Luc Mélenchon ?
07:51 - Jean-Luc Mélenchon fait exactement la même chose désormais. Je le dis désormais, je le regrette, que l'extrême droite, ce que je disais tout à l'heure,
07:56 c'est-à-dire analyser avant les faits, ne plus attendre de chercher à comprendre, ne plus s'autoriser de permettre aux Français
08:03 de juger par eux-mêmes en fonction des éléments factuels, leur donner des réponses toutes faites,
08:08 préfabriquées, lapidaires. De toute façon, Jean-Luc Mélenchon, quand on disait qu'il était sorti du giron républicain, l'a encore montré hier soir en attaquant de la manière la plus
08:16 ignoble qu'il soit une journaliste.
08:19 - Routel Kriève, manipulatrice, dit-il, si on n'injurait pas les musulmans, cette fanatique s'indigne, quelle honte, écrit-il.
08:25 - Traité, Routel Kriève, qui est une très grande journaliste, à qui j'apporte tout mon soutien de fanatique,
08:29 c'est
08:30 extrêmement grave. Je vous le dis, ces derniers mois, de toute façon, Jean-Luc Mélenchon nous explique que les patrons sont des salauds, que les policiers tuent,
08:37 et que maintenant les journalistes sont des fanatiques. Je pense qu'à un moment donné,
08:41 il faut se poser la question de la place
08:44 qu'occupe Jean-Luc Mélenchon, qui doit occuper dans le débat public, en tout cas dans la vie des Français,
08:49 ce serait, pardon, de l'expression et de la métaphore, cet oncle très gênant qu'on a pu enviter, a pu envie d'inviter au repas de famille,
08:54 parce qu'il raconte strictement n'importe quoi.
08:56 - Merci beaucoup Olivier Véran.
08:59 dû été surveillé, faut-il renforcer le droit de l'application ?
09:01 de la France.
09:02 Merci à vous.
09:02 [SILENCE]