Ecoutez l'interview de la Procureure de la République de Paris.
Regardez L'invité de RTL du 17 novembre 2023 avec Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 17 novembre 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud, vous recevez ce matin Laure Bécuot,
00:11 procureure de la République de Paris.
00:13 Alors Bécuot, commençons d'abord si vous le voulez bien par cette affaire qui interpelle ce sénateur Joël Guerriot, sénateur de Loire-Atlantique,
00:19 soupçonné d'avoir drogué une députée à son insu, est-il toujours ce matin en garde à vue ?
00:25 Oui, la mise en cause est toujours en garde à vue, mais je ne vous en dirai pas plus,
00:30 les investigations étant en cours, voilà, mais je ne peux que vous confirmer
00:34 le suivi de cette affaire par le parquet de Paris, la garde à vue toujours en cours.
00:38 Peut-être que vous pouvez nous confirmer de quel type de drogue il s'agit, on dit que c'était en vue d'une agression sexuelle, c'est quoi,
00:44 de l'ecstasie, du GHB ?
00:45 A priori, les premiers éléments dont je dispose
00:48 tendraient à établir qu'il s'agirait d'ecstasie.
00:52 Et cette garde à vue, elle peut donc durer jusqu'à ce soir ?
00:55 Voilà, absolument, elle trouvera son terme aujourd'hui.
00:59 Venons-en à ces actes antisémites, c'est vous qui avez annoncé, Madame, l'ouverture d'une enquête le 31 octobre dernier, après la découverte d'une
01:06 soixantaine d'étoiles juives taguées sur plusieurs façades d'immeubles à Paris.
01:09 Un peu plus de quinze jours plus tard, où en est-on ? On sait qu'un couple de Moldaves avait été interpellés et expulsés.
01:16 Ils disent avoir agi sur commande, vous nous le confirmez ?
01:19 Absolument, ça a été
01:22 leur première déclaration, ils ont été expulsés. Ce qui a conduit à l'ouverture de l'information, c'est qu'en fait, après le traitement de cette première affaire,
01:29 et ce couple dont vous parlez ayant même tagué une seule étoile bleue, un deuxième couple a été interpellé et
01:37 n'a pas été interpellé, mais a été repéré en train de faire ces soixantaines d'étoiles bleues. Et donc, à ce moment-là, on a évidemment
01:46 fait une jonction de ces deux affaires, et les investigations doivent se poursuivre, puisque ce second couple que j'évoque a quitté le territoire
01:54 national. Et donc, il y a eu une ouverture d'information judiciaire, afin que les investigations se poursuivent également à l'international.
02:01 Donc, il y a un couple arrêté et un couple qui a quitté la France.
02:05 Est-ce qu'on sait qui est ce commanditaire ?
02:07 Alors, pour le moment, il y a des pistes, mais évidemment, là aussi, les investigations à l'international
02:14 confirmeront ou pas les pistes qu'ont pour le moment les services d'enquête.
02:17 Il y a un homme qui se présente comme le commanditaire, qui a été interrogé par plusieurs médias français. Il dit avoir voulu soutenir les juifs d'Europe.
02:24 Encore une fois, toutes les investigations...
02:27 Il n'est pas identifié ?
02:29 Absolument. C'est-à-dire qu'en l'état des investigations,
02:32 je ne peux pas vous confirmer que cette personne qui se revendique le commanditaire sera ou non le mis en cause dans ce dossier.
02:39 Et on a parlé d'une
02:41 déstabilisation, une tentative de déstabilisation venue de l'étranger, ça s'est confirmé en revanche.
02:45 Encore une fois, les investigations permettront, une fois qu'on progressera sur les profits de les intéressés,
02:51 et leurs objectifs, de savoir s'il y avait ou pas un caractère
02:56 antisémite dans leurs agissements, s'il y avait ou pas une volonté de déstabilisation,
03:00 en créant, je dirais, un émoi au sein de nos compatriotes, et bien une tentative de déstabilisation
03:07 de notre nation.
03:10 Autre affaire, ce sont ces chants antisémites dans le métro parisien.
03:13 Huit mineurs ont été arrêtés et présentés à la justice, qui interpellent... C'est leur âge, puisqu'ils sont très jeunes, entre 13 et
03:19 16 ans seulement. Est-ce que c'est nouveau ça ?
03:23 Alors évidemment, cette affaire a marqué, parce qu'à la fois on en a eu les images, le son,
03:28 et qu'on a été confrontés à titre direct par ces comportements antisémites
03:33 qui se sont développés depuis le 7 octobre, notamment sur la plaque parisienne.
03:38 Moi je souhaite vous donner quand même un chiffre, qui me semble-t-il sera très révélateur.
03:42 Depuis ce 7 octobre, le pôle national de lutte contre la haine en ligne, que je gère également,
03:49 a été saisi de 216 signalements,
03:52 depuis ce seul 7 octobre.
03:55 C'est beaucoup ou pas ? Parce que 216 signalements pour nos auditeurs... Une simple comparaison au titre de l'année 2022,
04:01 il en avait reçu 551.
04:05 C'est-à-dire qu'en cinq semaines, nous avons quasiment la moitié des signalements que nous avions reçus sur toute l'année
04:11 2022. Donc il y a eu effectivement
04:14 ces signalements, ces plaintes,
04:17 qui conduisent évidemment en fonction de cette politique pénale
04:21 et ses priorités. Et la priorité de cette politique pénale, c'est la lutte contre tous ces comportements
04:27 antisémites, racistes, discriminatoires.
04:31 C'est une lutte à laquelle vraiment tous les magistrats du parquet sont engagés, parce qu'on a tous une conviction. D'abord,
04:36 qu'il est totalement indigne que nos compatriotes, de quelle
04:40 confession qu'ils soient, puissent se sentir en danger sur notre territoire à cause de leur confession. Et puis parce qu'on a vraiment
04:47 la certitude, la conviction que ce sont des atteintes graves, ce qui constitue le socle de notre République. C'est-à-dire cette volonté
04:57 d'égalité, de fraternité. Et encore une fois, comme on l'a sans doute déjà dit sur votre antenne,
05:03 cette expression n'est pas une liberté d'expression, c'est pas une opinion, c'est une infraction.
05:08 Hier, Gérard Darmanin était à votre place, madame, et il nous disait ce qui est plus inquiétant aujourd'hui, c'est l'imam TikTok ou l'imam Twitter,
05:16 que ce qui se passe dans les mosquées, par exemple.
05:19 Alors, je ne peux ni confirmer ni affirmer ce qu'a dit monsieur le ministre de l'Intérieur. Moi, ce que je constate, c'est que par rapport aux
05:27 investitutions que l'on mène, on a des profits très différents, pas forcément
05:31 des mineurs, des majeurs, et des gens qui,
05:35 brutalement, ont un comportement débridé à l'égard de phénomènes racistes ou antisémites.
05:43 Mais ce que j'ai envie de dire à votre micro, au-delà de cet engagement
05:47 du Parquet de Paris, qui se concrétise par la saisine de services extrêmement spécialisés, nous saisissons les offices
05:56 nationaux, l'Office de lutte contre les crimes de haine,
05:59 nous saisissons le 36, pour dire les choses, la brigade criminelle, pour toutes ces faits, et bien
06:05 nous progressons. Nous progressons parce que nous déclinons toutes les moyens d'investigation
06:10 possibles pour identifier les auteurs. - Je reviens à ces jeunes, on les a retrouvés en quelques jours alors qu'on avait...
06:15 - Absolument, c'était la Surveillance Régionale des Transports et ça a été une enquête tout à fait formidable.
06:19 Et on a retrouvé ces jeunes-là,
06:22 le parquet n'en a pas été saisi parce que vous savez sans doute que certains
06:26 dépendaient du parquet de Nanterre, d'autres du parquet de Bobigny, donc fonction mineure partie ailleurs,
06:30 et traité par les parquets locaux de leur lieu de domicile. Mais ce que je veux dire aussi, c'est que nous avons déjà
06:36 identifié, sur ces plaintes dont je vous disais,
06:39 38 mises en cause. - Sur les 216 ? - Oui, 38 mises en cause en cinq semaines.
06:44 Et ce que je veux dire par là, 36 d'entre eux ont s'est désaisi en faveur du parquet de lieu de domicile,
06:50 qui vont avoir la même réactivité que le parquet de Paris. Et sur les deux auteurs parisiens, ils sont passés en comparution immédiate.
06:57 L'une d'entre elles, vous en avez beaucoup parlé, c'est cette TikTokueuse qui
07:02 avait besoin de faire de l'ironie sur les bébés dans les fours, notamment.
07:06 - Autre phénomène dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines, Laure Bécot, c'est ces home-jackings. Ils sont plus nombreux qu'avant ou pas ?
07:13 - Alors, là encore une fois, comme je n'ai pas les chiffres de la préfecture de police sur la plaque parisienne,
07:20 je ne saurais vous dire s'ils sont plus nombreux ou pas. Ce que je veux vous dire, c'est qu'ils sont pris
07:25 à très haut niveau d'importance, là encore, parce qu'on sait à quel point ce sont des faits qui créent des traumatismes
07:32 particulièrement importants.
07:35 Ces traumatismes ne sont pas seulement des traumatismes économiques, sur lesquels on revient, mais ce sont des traumatismes
07:41 psychologiques de haut niveau. - On rappelle, ce sont des gens qui rentrent
07:44 chez les personnes, qui les séquestrent, qui fouillent leur appartement, qui les menacent avec des armes parfois. - C'est ça, parce que
07:50 traumatismes à la fois des lésions physiques, qui arrivent quelques fois, mais traumatismes liés du fait que
07:55 l'endroit où on se sentait le plus en sécurité sans domicile devient l'endroit où on peut être agressé aussi.
08:01 Et donc, ce sont des faits de première importance, où on saisit, là, la police judiciaire,
08:05 les divisions de la police judiciaire qui enquêtent sur ces faits. - Et au-delà de ces faits, vous vouliez
08:10 alerter la population sur ces agressions dont sont victimes les personnes vulnérables.
08:17 - Oui, je pense qu'il faut tous avoir un regard
08:21 attentif, une main secourable, un regard éclairé, et qu'au niveau, nous, de notre
08:26 politique pénale, l'engagement des services de police et judiciaire,
08:30 d'être à l'appui de ces personnes
08:32 qui deviennent vulnérables en fonction de leur âge, et qui deviennent dès lors des cibles.
08:38 Et ces cibles sont faciles à repérer, on choisit selon les prénoms,
08:42 génies, audettes, et dès lors, on sonne à leur domicile, on se fait passer pour le plombier, le vendeur de calendriers,
08:48 on s'est trompé de...
08:51 - C'est pas nouveau, ça, madame la procureure ? - C'est pas nouveau, mais je veux
08:55 véritablement que les faits émergent, et je pense qu'on est au début du chemin qu'on a parcouru sur les violences conjugales.
09:01 Il faut faire émerger la révélation de ces faits, parce que ce qu'on appelle le chiffre noir de l'analyse, tous les plaintes qu'on ne reçoit pas,
09:09 j'ai la conviction qu'il est tout à fait considérable en la matière,
09:12 parce que ces personnes vulnérables ont la vulnérabilité du déplacement pour le dépôt de plaintes, et c'est pourquoi avec la mairie de Paris,
09:18 on a constitué... ils viennent être cherchés pour déposer plainte en commissariat,
09:22 c'est pourquoi les services de police se mobilisent, c'est pourquoi les associations de victimes se mobilisent, et c'est pourquoi on renvoie en comparution médiate
09:29 tous les auteurs qui sont ainsi identifiés. - Merci beaucoup, madame. - Madame la procureure de la République de Paris, vous restez avec nous ?
09:35 !