Regardez L'invité de RTL du 27 mars 2023 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin la députée France Insoumise Clémence Guettet.
00:13 Clémence Guettet, vous étiez samedi à Sainte-Sauline dans les Deux-Sèvres pour manifester contre ce projet de bassine entre 6000 et 30000
00:21 manifestants et des scènes d'une violence inouïe. Il y a notamment eu ces fourgons de gendarmerie qui ont été
00:26 incendiés. Est-ce que ce matin sur RTL vous condamnez ces violences à l'égard des forces de l'ordre ?
00:31 Bon déjà une première chose et je pense que vous me permettrez de le dire c'est
00:36 que j'ai une pensée pour la personne qui entre la vie et la mort en ce moment même,
00:40 un manifestant, une trentaine d'années donc à peu près mon âge et j'ai une pensée aussi pour
00:45 sa famille et ses amis parce que voilà il est juste allé à une manifestation
00:49 contre des méga bassines, contre voilà une sorte d'agriculture que nous rejetons.
00:56 Et donc ensuite vous dire qu'il était important pour nous d'y être en tant que parlementaires à cette
01:02 manifestation parce que la cause qui est défendue là-bas est juste
01:05 parce que c'est on se bat pour le droit à l'eau, on se bat contre le modèle agricole productif.
01:09 On va revenir sur les pourquoi vous y étiez.
01:11 Et c'est important de le dire parce qu'on n'était pas là au hasard.
01:13 C'est important de dire effectivement qu'il y a eu des manifestants blessés
01:16 et quelqu'un qui est toujours entre la vie et la mort. Une enquête d'ailleurs a été ouverte à la demande du parquet de New York
01:24 sur les circonstances de ça mais parmi les images qui ont surpris, choqué, il y a ces fourgons incendiés.
01:30 Vous condamnez ça ou pas ?
01:32 Oui ou non ?
01:32 Alors je ne suis pas là pour condamner, je ne suis pas procureur, il y aura la justice.
01:36 Il y a déjà plusieurs enquêtes qui ont été ouvertes notamment sur plainte des policiers.
01:39 Je déplore qu'il y ait des blessés.
01:41 Mais ne pas condamner c'est cautionner non ?
01:43 Non, je déplore qu'il y ait des blessés côté manifestants parce qu'ils étaient juste là pour manifester
01:47 et je déplore qu'il y ait des blessés côté force de l'ordre parce qu'ils ont juste obéi à un ordre
01:52 et notamment un ordre relativement absurde qui est de protéger un immense trou dans lequel il n'y a rien pour l'instant
01:58 et qui a été donné notamment jusqu'au plus haut niveau par le ministre de l'intérieur.
02:03 Et je déplore aussi la façon dont le maintien de l'ordre a été organisé.
02:06 Pendant des kilomètres de manifestation nous n'avons croisé personne.
02:09 Et ensuite nous sommes arrivés devant une méga bassine avec 3000 policiers qui gardaient cette bassine
02:15 et qui visiblement avaient ordre de le faire quoi qu'il en coûte.
02:18 Et ça évidemment je crois que c'est une erreur assez grave.
02:22 D'ailleurs avec mon gros parlementaire on va déposer aujourd'hui même une commission d'enquête
02:26 sur les choix qui ont été opérés en termes de maintien de l'ordre.
02:29 Commission d'enquête parlementaire ?
02:30 Évidemment. Et ensuite ce que je voulais dire c'est que moi j'étais, je n'étais pas devant,
02:34 j'étais avec tous les autres élus derrière.
02:36 On était à l'endroit où des blessés par dizaines ont été ramenés au fur et à mesure de la manifestation.
02:43 Sauf que Clémence Guité, cette manifestation elle était interdite.
02:46 On est d'accord ? Elle était interdite.
02:48 On a retrouvé des battes de baseball, des mortiers, des boules de pétanque, 62 couteaux, 67 boules de pétanque,
02:55 c'est ce qu'on saisit les forces de l'ordre, 7 mortiers d'artifice, 13 haches et machettes.
02:59 Franchement, on ne vient pas à une manifestation pour manifester pacifiquement
03:04 comme c'était sans doute d'ailleurs la volonté de milliers de personnes.
03:08 Mais on ne vient pas dans une manifestation manifester pacifiquement avec un tel arsenal non ?
03:14 Il y avait des gens qui voulaient casser et casser du flic.
03:17 D'accord, mais la doctrine de maintien de l'ordre elle a été faite et elle a mis en danger des milliers de personnes
03:21 qui elles sont venues pacifiquement.
03:23 Sauf que c'était aussi peut-être pour répondre à ça, à cet arsenal.
03:26 D'accord, mais donc parce que des gens viennent potentiellement avec des armes et du danger, on tire dans le tas ?
03:31 C'est ça la doctrine de maintien de l'ordre à la française maintenant ?
03:34 C'est absolument déraisonnable.
03:36 Il y a 4000 grenades qui ont été tirées, ça veut dire environ une par seconde.
03:41 Selon la préfecture, 6000 personnes. C'est une grenade pour deux personnes.
03:45 Je ne sais pas si vous imaginez ce que ça fait. On avait le sentiment d'être dans une scène de guerre, honnêtement.
03:50 Et avec les élus, on n'était pas en première ligne, on était derrière.
03:53 On essayait de protéger les blessés, on était sain de nos écharpes, donc extrêmement visibles.
03:58 Et on a vu débouler des gendarmes en quad qui, grosso modo, nous ont tiré dessus et des grenades et des gaz lacrymogènes.
04:05 Avec des blessés qui n'étaient pas transportables, qui ne pouvaient plus bouger.
04:09 Et en n'arrivant pas à libérer les choses, ils sont passés par derrière.
04:14 Et derrière qui est-ce qu'il y avait ? Il y avait des blessés qui ne pouvaient pas bouger.
04:19 Qu'est-ce qu'on faisait également en tant qu'élus ? Pourquoi on était à cette manifestation ?
04:22 Vous l'avez dit, qui était interdite. Je crois que notre rôle était important pour ça, symboliquement.
04:26 Et aussi parce que moi, par exemple, j'ai appelé la préfecture plusieurs fois, quatre fois,
04:31 avant qu'une pauvre ambulance arrive, alors qu'on était avec des dizaines de personnes qui ne pouvaient plus bouger.
04:36 - Elle voulait vous répondre qu'elle ne pouvait pas faire intervenir le SAMU dans ces circonstances ?
04:39 - C'était faux, c'était absolument calme. Et les observateurs de la LDH le disent.
04:42 C'était important parce qu'en ce moment, la France se fait condamner, symboliquement,
04:46 mais par l'ONU, par le Conseil de l'Europe, et là, par la LDH qui avait envoyé des observateurs
04:50 qui disent que la doctrine de maintien de l'ordre employé était absolument déraisonnable.
04:55 Quand ça met en danger des milliers de personnes, c'est que ce sont de mauvais choix qui sont faits.
04:59 On aurait pu arrêter les manifestants avant, essayer de les disperser avant.
05:03 Pourquoi on arrive à cet affrontement au niveau de cette base ?
05:07 - La manifestation était interdite, il ne fallait pas y aller, tout court, non ?
05:09 - D'accord, mais à partir de... - Non mais il ne fallait pas y aller !
05:11 - Non, je ne suis pas d'accord avec vous, on a le droit de manifester dans ce pays.
05:14 - Mais c'est une manifestation qui est interdite. - Ce n'est pas un délit de manifester
05:17 et de participer à une manifestation qui est interdite.
05:20 - Mais c'est publié par une contravention. - Vous pouvez le contester, chacun fait son choix.
05:23 Moi, je pense que la cause est juste, et je pense qu'interdire une manifestation dans trois communes,
05:27 faire un périmètre comme ça, ça n'est pas digne de notre pays.
05:30 - Clémence Guété, je voudrais vous faire écouter la réaction d'Yael Braune-Pivet,
05:33 la présidente de l'Assemblée nationale, elle était hier sur RTL, l'invité du Grand Jury.
05:37 - Cette manifestation était interdite par la préfecture, et cela me gêne, oui,
05:42 que des élus bravent la loi, l'enfreignent, comme si, parce qu'on était élus,
05:47 on était au-dessus des lois. On n'est pas au-dessus des lois.
05:50 - Vous êtes au-dessus des lois, Clémence Guété ?
05:52 - Non, évidemment que non. Je pense que Mme Braune-Pivet devrait vraiment
05:56 reconsidérer la façon dont elle opère son rôle de chef de l'Assemblée nationale.
06:02 Elle n'est pas là pour être la représentante, la pente avancée du macronisme,
06:07 qui sanctionne, qui dit quel est le bon ou le mauvais comportement.
06:11 - Les mauvaises pités, un député, ça vote les lois, ça doit les respecter aussi.
06:14 - Bien sûr, mais là, je pense en l'occurrence que toutes ces manifestations interdites
06:19 dans une telle période de contestation sociale, là c'est pour une cause écologique,
06:23 mais sinon, vous le savez très bien, on est dans la rue pour les retraites,
06:26 aussi pour des manifestations parfois spontanées.
06:28 On est aussi là pour protéger les gens, parce qu'il y a un réel souci
06:32 dans la façon dont c'est géré.
06:33 - Vous parliez à l'instant de la réforme des retraites, nouvelle journée de mobilisation demain.
06:36 Elisabeth Borne a annoncé hier soir qu'elle allait recevoir la semaine prochaine
06:40 les groupes parlementaires et les partis politiques, puis les syndicats.
06:43 Elle se donne trois semaines, dit-elle, pour apaiser le pays,
06:46 accélérer les réponses aux attentes des Français.
06:48 Est-ce que la France insoumise ira à Matignon ?
06:50 - Alors nous verrons, nous allons en discuter.
06:53 Bon, apaiser le pays, je pense qu'elle a du boulot,
06:55 et je pense que pour l'instant elle n'a pas su vraiment s'y prendre.
06:59 On a le sentiment qu'ils vont de provocation en provocation.
07:02 Évidemment l'interview du président aux 13h de TF1, mais quand...
07:07 - Mais là c'est une tentative d'apaisement, non ?
07:09 - Quand Mme Borne nous dit "je n'utiliserai plus le 49.3 hors des textes budgétaires",
07:14 c'est quand même le summum de la rigolade.
07:16 Elle n'a pas le droit de le faire plus d'une fois par session parlementaire,
07:18 c'est-à-dire par année.
07:19 Donc elle nous dit grosso modo "je vais respecter les règles à l'Assemblée Nationale désormais".
07:23 C'est vraiment se moquer du monde.
07:26 Quant aux autres, M. Véran nous dit qu'il y aura d'autres réformes brutales,
07:30 M. Dussopt nous dit lui que le 49.3 pourquoi pas,
07:33 ils mettent de l'huile sur le feu.
07:34 - Et vous n'en mettez pas, vous, de l'huile sur le feu ?
07:36 Les débordements au Parlement génèrent des débordements dans la rue,
07:39 ça c'est ce que disait Olivier Véran hier, le porte-parole du gouvernement dans le JDD.
07:43 Vous n'avez pas l'impression d'attiser un tout petit peu la colère ?
07:45 - Je pense qu'on est au niveau de la colère populaire.
07:47 Je pense vraiment que ces gens doivent aller faire un tour dans le pays
07:50 pour se rendre compte à quel point les gens n'en peuvent plus,
07:53 sont agacés et refusent cette réforme des retraites.
07:56 Le 49.3 c'était de trop.
07:57 - Dernière question, en 10 secondes, demain je le disais, nouvelle journée de manifestation,
08:01 est-ce que vous appelez au calme pour demain ?
08:03 - Évidemment, on appelle au calme, à la manifestation pacifique,
08:06 et on appelle surtout le gouvernement à se rendre compte
08:08 que quand des milliers de personnes vont dans la rue,
08:10 peut-être qu'à un moment, il faut s'aider,
08:13 il faut ne pas mettre tout son égo comme le fait M. Macron,
08:15 et il faut retirer cette réforme.
08:17 - Merci beaucoup Clémence Guettet.
08:18 - Merci.
08:19 qui annonce une commune.