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Regardez L'invité de RTL du 21 décembre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:11 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin le patron de Système U, Dominique Schelcher.
00:14 Dominique Schelcher, on est à trois jours du réveillon de Noël, peut-être l'occasion de faire un premier bilan déjà de ce Noël 2023.
00:22 Est-ce que ça s'annonce comme un bon cru dans vos magasins ?
00:24 Le cru sera bon parce que les clients sont présents en nombre, l'effervescence est là, les gens préparent leurs courses.
00:31 Mais comme ils l'ont fait tout au long de l'année 2023, ils achètent différemment.
00:36 Et donc les produits traditionnels de fête ont moins de succès que d'habitude.
00:40 On achète moins de foie gras et plus de terrines, moins de saumon fumé, plus de truite, moins de champagne et plus de créments.
00:48 Et bien sûr, beaucoup de créments d'Alsace.
00:50 Tout ça, c'est à cause de l'inflation. Les prix ont augmenté. J'ai repris les chiffres de notre panier RTL, panier de Noël qu'on a présenté ces derniers jours.
00:58 Plus 4% en un an et ce qui a augmenté le plus, c'est le saumon, plus 23%, le foie gras, plus 13%.
01:04 C'est le prix qui fait que les Français s'adaptent ?
01:07 C'est le prix qui change le comportement des Français. Je rappelle que cette inflation alimentaire est de 21% sur deux ans.
01:14 Et que même si elle ralentit, parce qu'elle ralentit actuellement et très fortement et on atteint une espèce de plateau,
01:20 le ressenti des Français reste évidemment extrêmement fort.
01:24 Et ils attendent les baisses de prix qu'on va chercher dans les prochaines négociations.
01:30 On va l'évoquer dans un tout petit instant, mais ce changement de comportement, vous ne l'aviez pas constaté à Noël dernier ?
01:36 Pas à ce point. Pas à ce point.
01:39 Mais en fait, les Français sont très résilients, sont adaptés tout au long de l'année.
01:44 Ils ont cherché de nouvelles solutions pour faire face à leur situation.
01:48 Et moi, il était clair pour moi qu'ils feraient de même pendant les fêtes. Et ils le font.
01:53 Ils s'adaptent ? Concrètement, comment ça se matérialise en magasin ?
01:57 Je vous donne un exemple qui est très emblématique, c'est celui des jouets de Noël.
02:01 On va en vendre bien moins cette année, chez nous et d'ailleurs je crois chez nos confrères magasins de jouets,
02:07 pour des raisons d'inflation, pour des raisons aussi de changement de comportement globaux.
02:12 Il y a plein de gens qui nous disent "mais finalement, acheter un jouet neuf, ça n'a plus de sens.
02:17 Quand l'enfant a 5 ans, moi j'achète un jouet d'occasion qui est en parfait état, ça me convient parfaitement".
02:22 Sans compter un peu une baisse d'ailleurs aussi de natalité.
02:25 Mais il y a plein d'autres exemples de ce changement qui est profond.
02:32 On perd certaines habitudes qu'on avait depuis des années et on en prend de nouvelles pour tenir compte de l'évolution de son pouvoir d'achat.
02:40 Donc ça veut dire que ça ne touche pas que Noël ?
02:42 Et ça ne touche absolument pas que Noël, c'est profond.
02:45 Et je pense que de cette période resteront des changements importants et durables.
02:51 On a une accélération, vous savez, toute période de crise, c'est une accélération des changements de comportement.
02:57 Et quand je parlais des jouets à l'instant, avec cette volonté d'aller plus dans l'occasion, c'est un changement de consommation en profondeur, accéléré par la crise.
03:05 Ça va supposer que vous vous adaptiez, vous, Grande Surface ?
03:08 Bien sûr, nous on doit s'adapter, on doit renouveler nos offres.
03:12 Dans les arbitrages, il y a beaucoup de succès pour la marque distributeur, la marque U par exemple chez nous, mais aussi les marques premier prix.
03:19 Donc on doit renforcer nos offres et l'attractivité de ces produits-là.
03:23 Et c'est ce qu'on a beaucoup fait tout au long de l'année pour que les gens trouvent leur compte,
03:28 sans compter évidemment l'attractivité des promotions et toutes nos actions à nous, les prix coûtants, etc.
03:33 On évoquait l'inflation, elle ralentit, vous nous le confirmez.
03:37 Est-ce que ça va se poursuivre en 2024 ?
03:40 Je rappelle pour nos auditeurs que c'est en ce moment que tout se joue, puisqu'il y a ces négociations entre d'un côté la grande distribution,
03:46 et de l'autre les industriels de l'agroalimentaire. Ça va durer jusqu'à mi-janvier pour les PME, jusqu'au 31 janvier pour les gros groupes type Coca-Cola.
03:55 Il y a des prix qui peuvent baisser, vous le dites ?
03:57 Oui, il y a des prix qui vont baisser. Et c'est notre objectif.
04:01 Nos acheteurs sont mobilisés pour chercher des baisses de prix pour les Français. Je vais vous donner deux exemples.
04:06 Le prix d'EHPAD va baisser.
04:08 De combien, le prix d'EHPAD ?
04:10 Tout dépend des marques, des produits. C'est très variable d'une marque à l'autre, mais ça pourrait être, selon certains produits, à deux chiffres.
04:17 Donc au moins 10% ?
04:19 Voilà. Le prix des chips va baisser.
04:23 Il y avait beaucoup augmenté les chips ?
04:24 Il y avait beaucoup augmenté, mais va baisser également. Pourquoi ? Parce qu'il y a un certain nombre de matières premières qui sont à la baisse,
04:29 et c'est ça qu'on essaie d'obtenir auprès de nos fournisseurs.
04:32 Mais pour l'instant, ces mêmes fournisseurs nous demandent encore, globalement, 5% de hausse.
04:37 Ce qui est plutôt moins que ce qu'ils vous demandaient il y a quelques semaines. On était plutôt autour de 10% de demande d'augmentation.
04:41 Voilà. La photo à date, c'est 5%. Et d'ailleurs, je salue l'effort des PME, parce que c'est plutôt 5% du côté des grandes entreprises,
04:48 mais c'est moins du côté des PME. Un point de moins du côté des PME.
04:52 Ça veut dire que les PME jouent plus le jeu ?
04:54 Je pense. Et surtout, ce qui me frappe dans cette période, je vais vous dire, il y a beaucoup de nos interlocuteurs qui ne parlent jamais du client, jamais du consommateur.
05:02 Et nous, notre boulot, c'est justement, constamment, de ramener nos discussions aussi, aux préoccupations des Français, de leurs attentes et de leurs besoins.
05:11 Et il y a plein d'entreprises, et ça, ça me frappe, qui ne parlent jamais du client, qui ne parlent que de leurs préoccupations à eux.
05:17 Mais qui ?
05:18 Surtout de certaines grandes entreprises. Le client n'est pas leur sujet. Ils défendent...
05:23 Mais c'est coquin, Unilever !
05:25 Par exemple, je ne vais pas citer de nom précis...
05:28 Mais pourquoi vous avez toujours tous, et ce n'est pas vous, Dominique Schellscher, mais une réticence à ne pas donner les noms de ceux qui ne jouent pas le jeu ?
05:36 Vos clients, ils achètent ces marques !
05:38 Mais je n'ai pas de nom précis ce matin, mais c'est une impression générale, parfois d'une certaine déconnexion, entre la réalité de ce que vivent les Français,
05:46 et nous, ce qu'on vit dans nos échanges avec eux.
05:49 Et donc, encore une fois, le travail de nos négociateurs, dans ces fameuses négociations, c'est de ramener à la réalité de la vie des Français.
05:56 Nous sommes en train de sortir de la crise, a dit Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, il y a quelques semaines. C'est vrai ?
06:02 Oui, parce que l'inflation ralentit fortement. Mais redisons aux Français, bien sûr, qu'on ne va pas revenir au prix d'avant la crise, bien évidemment.
06:12 Il y aura des baisses, mais il y a après des cours mondiaux de matières premières avec des baisses, mais aussi des hausses.
06:19 Le cacao est en forte tension, alors on a des espoirs de baisse.
06:22 Le sucre était très élevé cette année, il va commencer à baisser.
06:26 Et donc, nous, dans les prix de vente qui arrivent aux clients, on est obligé de tenir compte de ces variations-là.
06:32 Et les produits d'hygiène, qui avaient fortement augmenté aussi, là, il y a une baisse à envisager ou pas du tout ?
06:37 Alors, il y a une baisse, mais il y a sur les produits d'hygiène, un peu, une mauvaise nouvelle.
06:41 C'est que tout ce qui est emballage est en train de nouveau, notamment le plastique, en train de réaugmenter, en termes de matières premières.
06:48 Et donc, à terme, ça peut avoir un impact sur le prix des produits.
06:53 Donc voilà, il y a des baisses, mais il y aura malheureusement encore quelques hausses.
06:57 Ce qui veut dire que Montiquet de Caisse, fin janvier ou début février, le temps que, ou mars peut-être, le temps que tout ça se répercute ?
07:03 Il est en train de se stabiliser, il y aura des baisses, et nous, on va continuer à accompagner les Français,
07:09 notamment, et je vous l'annonce ce matin, on va continuer notre action qui était forte cette année.
07:14 150 produits à prix coûtant, 150 produits sur lesquels on ne prend absolument pas de marge.
07:20 C'est un investissement lourd pour le groupe, mais c'est 30% de croissance sur ces produits
07:24 qui sont vraiment des produits du quotidien les plus vendus de notre marque U.
07:28 Et ça, on continuera à le faire l'année prochaine.
07:30 Toute l'année prochaine, tout 2024 ?
07:32 Toute l'année prochaine, on s'engage, c'est une mobilisation forte.
07:34 Le panier anti-inflation s'est officiellement arrêté.
07:37 Nous, voilà, je vous le dis ce matin, le combat ne s'arrête pas, on continue et on le fera tout au long de l'année 2024.
07:43 Autre poste de dépense qui avait beaucoup augmenté, c'est bien sûr le carburant.
07:47 Beaucoup de Français vont prendre leur voiture ces prochains jours pour les fêtes.
07:51 Les prix ont beaucoup baissé ces dernières semaines.
07:53 Le sans-plomb 98 par exemple est même sous la barre des 1,90 €.
07:57 Ça n'était jamais arrivé depuis un an.
07:59 Ça veut dire, Dominique Tchelcherk, qu'il n'y aura pas d'opération spéciale cette année dans vos pompes ?
08:04 On est à au moins 20 centimes de moins que les prix à la rentrée qui avaient mis un peu de tension.
08:09 Donc, c'est une très bonne nouvelle.
08:11 Le prix du baril de pétrole est au plus bas depuis le mois de juin.
08:14 On pense que ça va plutôt, sauf événements qu'on ne connaît pas aujourd'hui, se maintenir.
08:19 Ça va durer ?
08:20 Ça fait partie des bonnes nouvelles de fin d'année.
08:22 Il faut en profiter.
08:23 Les voyages pour les vacances de Noël coûteront un peu moins cher en termes de carburant.
08:28 Dernière question, elle concerne l'enseigne Casino.
08:31 En grande difficulté, on le sait, on en a beaucoup parlé,
08:33 Auchan et Intermarché négocient en ce moment même le rachat des hyper et supermarchés.
08:37 Ça fait un acteur de moins dans la grande distribution, pour ce qui est des gros magasins en tout cas.
08:43 Est-ce que ça va avoir des répercussions sur tout le secteur ?
08:46 Écoutez, la première chose, pour moi, c'est toujours triste qu'une enseigne disparaisse.
08:50 Quand il y a un rachat par des confrères, ça veut dire que l'enseigne géant Casino ou Casino Supermarché va disparaître.
08:56 Donc ça, c'est toujours un moment quelque part émouvant dans notre métier.
08:59 Qui plus est, une enseigne comme ça qui fait aussi partie de l'histoire des Français.
09:02 Qui fait partie du patrimoine des Français. Donc absolument, ça c'est quelque chose d'important.
09:07 La deuxième chose, moi je pense à tous les collaborateurs.
09:09 J'imagine, c'est des gens qui parfois ont donné leur vie à cette enseigne et qui vont changer.
09:14 Donc il faut absolument évidemment qu'on préserve leur emploi.
09:17 Ils ont raison de s'inquiéter ?
09:19 Ils ont raison de s'inquiéter, mais j'espère que le projet qui est retenu permettra de maintenir tous ces emplois,
09:26 en tout cas le maximum de ces emplois. Et il faut le faire comme ça.
09:29 Et voilà, après bien sûr, c'est un bouleversement du métier.
09:32 Nous on suit ça de très près, on va être attentifs et combatifs aussi.
09:36 Parce que quand il y a des nouveaux intervenants qui arrivent et qui reprennent les magasins,
09:39 nous on fera le meilleur en face pour continuer à être bon dans nos magasins et à bien servir les Français.
09:45 C'est ça l'objectif.
09:47 Cette crise du pouvoir d'achat, elle pèse bien sûr sur les enseignes.
09:50 Est-ce qu'il peut y avoir d'autres morts parmi les distributeurs ?
09:53 Je pense que ce n'est pas fini. Je pense que ces évolutions ne sont pas au bout.
10:01 Mais vous savez, c'est l'histoire de notre métier.
10:03 En fait, d'autres enseignes ont disparu par le passé.
10:06 Ça vit. Il y a des enseignes qui se portent bien, parfois d'autres qui se portent moins bien
10:11 parce qu'il y a des histoires d'enseignes.
10:13 Ce qui compte pour nous, c'est de faire le meilleur travail chez eux, de bien servir nos clients.
10:19 Force est de constater que cette année, on a pris des nouveaux clients et on fait partie des gagnants de l'année.
10:25 C'est ça que chez eux, on veut continuer à faire pour ne jamais faire partie des enseignes qui disparaissent.
10:30 Merci beaucoup Dominique Schellscher.
10:32 chère qui annonce donc...

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